Elle tourne, elle vire. Elle a l'impression d'errer dans sa maison comme un zombi. Elle a surtout la supputation de perdre du temps. Hermione, cela fait une semaine maintenant qu'elle n'a plus de nouvelles de Fleur. Une fois dans cette semaine elle l'a appelée, lui laissant un court message mais elle n'a eu aucune réaction de Fleur. Sur ce message, elle s'excuse, elle dit qu'elle n'aurait pas dû mais que pourtant, il est trop tard pour revenir en arrière. Elle lui a juste demandé de la pardonner pour qu'elle ait la conscience tranquille. Mais rien, à croire qu'elle veut qu'elle s'en veuille.

Ce matin, sa hanche lui fait mal quand elle se tourne dans son grand lit froid. Elle plonge sa tête dans son oreiller pour ne pas voir le jour qui se lève car elle n'a pas le courage de passer une nouvelle journée seule. Elle pensait aller mieux, Fleur lui rendait la vie plus facile, du moins, elle avait l'impression d'avoir trouvé un nouveau but, la retrouver le soir, retrouver Logan, passer la soirée tous les trois comme pourrait le faire une vraie famille. Oui, elle avait eu envie qu'ils deviennent une famille. Elle reste comme ça pendant plusieurs minutes, elle repense à Fleur, à son corps. A cet instant, elle a envie de la retrouver contre elle. Elle a envie à nouveau de sentir ses lèvres contre son corps. Elle se rend compte à quel point elle aime le contact que lui offrait Fleur. Elle aimerait que Fleur soit à côté d'elle, qu'elle se penche au dessus de son visage, qu'elle passe sa main dans ses cheveux, qu'elle l'embrasse sur le front comme souvent elle le fait quand Hermione dort encore quand elle se réveille. Même, elle veut sa bouche contre la sienne, elle veut des baisers, des baisers qu'elle n'aura plus jamais car elle a fait la pire connerie de sa vie. Peut-être pas la pire mas l'une des pires. On dirait que pour elle, rien ne va, qu'elle n'ira jamais mieux, que quand elle voit la fin de son calvaire, quelque chose lui tombe dessus pour qu'elle aille mal.

Une semaine, ça fait une semaine que Fleur n'a pas vu Hermione même si elle ne passe pas une seconde sans y penser. Quand elle a reçu l'appel de Hermione, elle est restée de longues minutes devant son téléphone à se demander si elle doit la rappeler ou non. Elle a fini par conclure qu'elle lui fait la gueule et même si ça lui a déchiré le cœur elle ne l'a jamais rappelée, même pas un message. Pourtant, avant d'être sûre de ne pas devoir lui répondre, elle a écrit un long message qu'elle a failli lui envoyer, un message où elle lui disait qu'elle lui manque, qu'elle a besoin d'elle à ses côtés, qu'elle n'a qu'à aller voir Logan, s'excuser auprès de lui en espérant qu'il lui pardonne pour qu'elles puissent se retrouver. Alors qu'elle allait l'envoyer, elle a tout effacé pour oublier. Ce soir, elle se sent à nouveau seule, son lit est bien vide sans la présence de Hermione elle adore l'avoir à côté d'elle, elle adore l'entendre lui parler, respirer ou juste rêver. Ca lui pèse. Elle sent que sa fierté ne devrait pas les mener jusque là. Elle attrape son téléphone, couché sur son lit, elle l'échappe et le fait tomber sur son visage. Elle souffle et se redresse pour choisir son contact. Elle est prête à appeler Julien pour lui demander des conseils ou pour savoir ce qu'elle fait de mal pour que rien ne se passe comme elle le souhaite. Mais non, elle ne l'appellera pas ce soir. Elle calcule l'heure, elle se rend compte qu'il dort sûrement dans sa maison ou qu'il doit avoir Héloïse dans ses bras. Elle se demande si lorsqu'elle avait Hermione contre elle, elle aurait aimé qu'on la dérange, non, ou elle aurait ignoré l'appel. Elle pense qu'il va ignorer l'appel et ça va la blesser. Elle préfère laisser tomber avec lui et se rabattre sur quelqu'un d'autre. Mais qui ? Elle a besoin de parler, de crier son mal-être régulier. Sans vraiment se poser la question, elle appuie sur le profil de sa mère. Elle laisse sonner, elle ne décroche pas. Elle abandonne, elle lance son téléphone sur le lit et tant pis pour elle, elle n'a qu'à chercher le sommeil. Son portable sonne, elle roule pour l'attraper et le porte à son oreille.

— Chérie !

— Maman. Je ne te dérange pas ?

— Jamais. Quelque chose ne va pas ?

— Si ça va bien. Je voulais juste entendre ta voix.

— Fleur Delacour ne me sort pas des jolies phrases, je ne veux pas sortir avec toi.

Derrière son téléphone, à nouveau couchée sur le dos, Fleur rit. Ça lui fait du bien, cela fait longtemps qu'elle n'a pas ri sans se forcer. Sa mère a ce pouvoir magique de toujours la faire aller mieux.

— Maman. Qu'est ce qu'il ne va pas chez moi ?

— Beaucoup trop de choses.

— Merci.

— Je rigole, tu es parfaite. Qu'est ce qu'il se passe ? Tu sais que tu peux tout me dire.

— Je n'ai pas fait attention à elle, j'ai lui ai fait encore plus de mal.

A Paris, sa mère a le cœur qui saigne en entendant les propos de sa fille et en entendant la voix qu'elle prend, une voix remplie de tristesse, de remords.

— Ne dis pas de bêtise.

— Je lui ai demandé de quitter l'appartement. Elle me manque maman. J'ai merdé, je l'ai frappée.

— Alors retourne la voir et excuse toi.

— Je ne peux pas.

— Oh ravale ta fierté Fleur !

Un silence, Fleur ne sait pas quoi répondre à sa mère. Sa mère, elle coupe ce silence car elle déteste ça, surtout avec sa fille.

— Tu veux que je vienne chérie ?

— Non, je ne suis plus une adolescente.

— J'en suis sûre que tu ressembles à une ado qui vient de se faire larguer par son copain avec qui elle sortait depuis deux jours ! Je paris que tu as un pot de glace à côté de toi.

— Pas du tout.

Fleur tourne la tête vers le pot de glace qu'elle a sorti plus tôt. En ce moment, elle a une grosse consommation de glace pour essayer d'oublier et de penser à autre chose qu'à sa situation.

— Je viens.

— Maman, non.

— Tu n'as rien à dire, je serais là demain, accueille ta vieille mère comme il se doit !

— Ma..

Sa mère raccroche. Fleur repose son téléphone sur le lit et crie d'énervement. Elle ne veut pas que sa mère débarque chez elle, elle ne veut pas qu'elle la voit dans cet état. Elle voulait juste qu'elle lui dise les bons mots pour la rassurer, pour lui dire que rien n'est perdu, que tout va bien se passer. Elle en arrive à penser qu'elle aurait préféré que Julien ignore son appel. Elle se redresse, allume la télévision pour regarder un programme. Il n'y a rien qui lui dit alors elle s'arrête sur une chaîne de musique qui passe des classiques. Elle reprend son pot de glace, elle est surprise que sa mère la connaisse aussi bien. Elle attrape sa cuillère, rouvre le couvercle et la plante dedans pour pouvoir la manger. Dans le courant de la soirée, un clip de Queen passe à l'écran. Elle ne peut pas s'empêcher de chanter. Elle a des larmes qui coulent sur ses joues, de la glace dans la bouche et elle chante les paroles de la chanson. Il serait impossible à une personne extérieure de savoir de quelle chanson il s'agit mais elle s'en fiche, elle chante pour elle. Quand elle finit sa bouche, elle se met à chanter plus fort, ne réfléchissant pas que ça peut réveiller son fils, au pire, il la rejoindra. Depuis son plus jeune âge, il baigne dans ce genre de musique, il doit aussi bien connaître les paroles qu'elle. Pendant sa grossesse, pendant les week-ends où elle retrouvait son homme, elle lui disait que leur enfant, même dans le ventre, devait commencer à écouter de la musique. Il était partagé entre le rock de sa mère et le rap français de son père. Ils se disputaient souvent à propos de la musique à écouter, depuis le début de leur relation mais c'était des disputes superficielles, le genre qui font du bien et qui après nous font rire.

Un nouveau jour s'ouvre à Hermione. Elle compte le nombre de jours où elle n'a pas vu Fleur. Elle sait que ça lui fait plus de mal qu'elle avance mais elle a besoin de faire ça, elle le faisait au début de la mort de son mari. Elle aimait savoir depuis combien de jours elle survivait sur terre. Elle voulait se montrer à quel point elle pouvait être fière d'être toujours vivante après trois semaines dans sa solitude. Aujourd'hui, elle ne restera pas dans son lit à se remémorer ce qu'elle a pu vivre avant, non, elle a décidé de bouger de chez elle. Elle doit aller chez son médecin. Elle a beaucoup réfléchi, elle veut en savoir plus sur cette opération pour sa hanche, elle a besoin d'être sûre de ne pas vouloir la faire. Peut-être qu'au contraire, après ce rendez-vous elle voudra la faire car après tout, elle n'a plus d'attaches, personne ne souffrirait si quelque chose se passe mal. Elle se prépare, met des vêtements amples, facile pour elle de les enlever sans qu'elle se fasse mal à la hanche, elle sait que son médecin va lui demander d'enlever son haut pour regarder de l'extérieur si on voit quelque chose d'anormal à sa hanche. Elle est obligée de prendre les transports en commun, sa hanche lui fait mal alors elle n'arrivera pas à marcher jusqu'à l'hôpital. Il est assez loin de sa maison. Elle n'aime pas forcément les bus car elle n'aime pas la proximité que l'on a avec des gens inconnus. De plus, les transports en commun c'est une nouveauté pour elle depuis trois ans. On pourrait croire qu'elle aurait pu s'habituer mais non, elle ne sortait pas souvent avant. L'arrêt de bus se trouve devant l'hôpital, rien de mieux à ses yeux.

Une longue attente dans la salle, elle était encore la plus jeune. Elle n'avait pas de réel rendez-vous, elle s'est incrustée entre deux personnes. Le rendez-vous avec son médecin a duré un quart d'heure. Elle en sait plus sur l'opération. Il y en aura qu'une, une seule qui pourrait vraiment l'aider à aller mieux. Elle aura mal au début puis la douleur passera, ce sera le temps que son corps accepte la prothèse. Elle sort de l'hôpital, passe devant l'arrêt de bus mais ne s'arrête pas. Même si sa hanche lui fera mal au milieu du parcours, elle a besoin de marcher, ça l'aide à réfléchir. Mais elle a aussi besoin de la voir, elle, Fleur alors elle va passer devant la boutique, lever la tête et regarder si elle est là. C'est ce qu'elle a fait sauf que dans son plan, elle devait continuer de marcher, juste se faire une nouvelle image de Fleur et partir mais en réalité, elle est restée bloquée devant celle qu'elle aime, elle n'a pas réussi à réavancer. C'est lorsque Fleur a tourné la tête vers l'extérieur qu'elle a baissé la sienne et a continué à marcher. Son cœur bat plus vite que la normale, elle a un sourire aux lèvres. Elle marche dans la ville, sa hanche lui fait des misères, elle doit prendre le bus pour faire les derniers mètres qui la séparent de chez elle. Elle prend soin d'attendre à un arrêt loin de la boutique de Fleur, elle ne veut pas qu'elle sorte faire sa pause cigarette et qu'elles se voient, elles ne sauraient pas quoi se dire.

— Hermione ?

Elle sursaute, elle était dans ses pensées. Elle lève la tête vers la voix et c'est une femme qu'elle ne connaît pas.

— Fleur m'a montrée une photo de vous.

Elle connaît Fleur. Elle prend le temps de l'analyser, même yeux que Fleur, presque la même voix.

— Oh merde.

Hermione se lève quand elle voit le bus arriver, elle veut partir mais cette dame la retient.

— C'est élégant de parler comme ça à sa belle-mère. Je dois vous parler.

— Je n'ai rien à vous dire et vous êtes loin d'être ma belle-mère.

Elle lui fait signe de la suivre. Elle se sent obligée de le faire alors elle la suit. Elles s'installent à une terrasse de café. Elle sent qu'elle va rester ici pendant plusieurs minutes et elle n'en a pas envie.

— Fleur m'a tout dit.

— Super.

— Oh Hermione mettez-y du vôtre !

— Vous me cherchiez ?

— Non, je suis tombée sur vous par hasard et c'est la stricte vérité. Quand je vous ai vue je me suis dit pourquoi ne pas aller la voir et arranger les choses.

— On ne peut pas arranger les choses, ni vous, ni Fleur, ni moi. Ce qui est fait est fait.

— On peut toujours arranger les choses quand on y croit.

Un serveur arrive et les coupe dans leur conversation, elle prend un verre de bière, Hermione ne prend rien. La mère de Fleur rappelle le serveur et lui demande une deuxième bière. Hermione souffle et s'enfonce dans son siège.

— On m'a toujours dit qu'elles sont bonnes les bières anglaises.

Hermione lève les yeux au ciel. Elle ne pensait jamais parler bière avec la mère de Fleur.

— Bref ! Reprend la femme en face d'elle, vous pouvez arranger les choses. Vous vous êtes vue ? Vous êtes folles l'une de l'autre. Et sachez que je prends sur moi en ce moment même, je n'ai jamais aimé les lesbiennes mais ma fille a besoin de vous.

— Si vous n'aimez pas les lesbiennes, ce serait mieux pour vous qu'on ne soit pas ensemble.

— Ne racontez pas de bêtises ! J'ai dit que vous je vous accepte.

— Elle ne me pardonnera jamais de toute façon, dit Hermione avec désespoir avant de le plonger dans son verre de bière.

En face, elle hausse les épaules. Hermione ne se sent pas à l'aise face à elle, à son attitude. Pour elle, c'est comme si elle avait raison pour tout ce qu'elle dit mais qu'elle ne veut pas la croire.

— J'ai frappé son fils ! Avoue Hermione levant les bras au ciel.

— Vous avez mis une baffe à son fils, ce n'est pas frapper.

— Deux.

— Ben deux, on s'en fiche. Vous ne l'avez pas martyrisé ce petit ! Deux baffes c'est rien. Vous savez, Fleur elle s'en est pris beaucoup plus dans son adolescence et ça l'a remis dans le droit chemin. En soit, ce n'est rien.

Son père voulait qu'elle réussisse, il voulait qu'elle ait les meilleures notes à l'école. Il voulait qu'elle ait un avenir plus prometteur que lui même. Il offrait une vie à sa femme qui n'était pas glorieuse alors il voulait que sa fille puisse avoir une vie de rêve, ne pas à avoir à se priver. Alors, quand elle ramenait une mauvaise note, son père lui mettait une baffe, souvent elle pleurait mais sa mère la réconfortait. Ils se sont disputés à propos de cette manière de faire. Mais, Fleur s'améliorait ne voulant plus en recevoir donc au final, ça marchait.

— Au pire, si ça ce n'est rien. Ce qui est pire, c'est le fait qu'elle m'ait fait confiance et que je ne lui ai pas rendu ça. J'ai tout gâché.

— Vous avez bu, c'est ça ?

Pour seule réponse, Hermione balance la tête de haut en bas.

— Il y a sûrement une raison à ça. Je m'en fiche de la connaître, je ne suis pas celle qui doit la connaître. Mais c'est la vérité et il faut la dire à Fleur, elle attend une réaction de Hermione qui ne vient pas alors elle reprend. Vous revenez d'où ?

— Du médecin.

— Est-elle au courant du pourquoi vous allez chez le médecin ?

— Non.

— Alors dîtes lui. Expliquez-lui la vérité, toute la vérité. Ca vous fera du bien à vous. Je ne peux pas vous promettre que ça arrangera les choses entre vous mais après, elle saura tout, ce sera elle qui aura les cartes entre ses mains.

Les yeux de Hermione s'ouvrent un peu plus grand. Elle ne trouve pas l'idée idiote. Il y a trop de secrets entre elles et ça la torture. Un jour, il faudra qu'elle lui dise et autant qu'elle ne fasse là que rien ne va. Si elle attend, si elles se remettent ensemble ça risquera de tout gâcher, si elle ne lui dit jamais elle se demandera toujours si elle n'aurait pas dû parler. Si elle lui dit maintenant, si elle n'accepte pas ses mots, alors elle la laissera mais elle sera déjà habituée à être seule. Il faut qu'elle trouve le courage de mettre cartes sur table mais elle sait qu'elle y arrivera, car elle aime Fleur. Elle sourit à la mère.

— J'aime ce sourire Hermione.

Elle veut partir, elle sort son porte-monnaie pour payer mais elle lui dit qu'elle peut y aller, qu'elle paiera pour les deux. Elle la remercie même si elle se sent mal de la laisser payer mais elle insiste.

Elle a préparé ce qu'elle a à dire durant tout l'après-midi. Elle sait qu'arriver devant Fleur rien de tout ce qu'elle a appris ne sortira de sa bouche comme ça aurait dû mais ce n'est pas grave, ça la motive et elle sait à peu près ce qu'elle a à dire. Elle n'aime pas l'improvisation orale. Elle haïssait ses professeurs qui l'obligeaient à faire ce genre d'exercice devant toute la classe. Hermione est le genre de personne qu'on ne pourrait pas amener à l'autre bout du monde sur un coup de tête, elle a besoin d'avoir tout préparer dans sa tête pour ne pas être prise au dépourvu. Même pour aller voir Fleur elle ne veut pas être prise au dépourvu même si elle ignore complètement comment elle va réagir. Pendant qu'elle marche, elle continue de penser mais cela s'arrête quand elle arrive devant la porte de l'immeuble. Problème, elle voit qu'il faut un pass pour rentrer ou il faut appeler un appartement pour pouvoir rentrer, elle maudit ce genre de système de sécurité, c'est impossible de faire une surprise à quelqu'un. Elle ne veut pas appeler Fleur, elle sait qu'elle ne la laissera pas monter. Elle appelle l'appartement du dessus. Elle aurait pu appeler n'importe lequel. Une voix d'homme retentit.

— Excusez-moi, j'aimerais qu'on m'ouvre la porte de l'immeuble. J'aimerais faire une surprise à quelqu'un sauf que cette personne n'est pas là pour m'ouvrir, c'est une surprise normale. C'est tombé sur vous, ça aurait pu tomber sur... monsieur et madame... Brock. Vous pouvez m'ouvrir ?

Un grisonnement se fait entendre, elle peut ouvrir la porte. Elle dit merci à l'interlocuteur mais la personne est déjà partie. Elle monte les escaliers pour rejoindre l'appartement de Fleur. Devant la porte, elle prend sa respiration et frappe. A travers la porte elle entend la voix de la mère à Fleur lui dire que c'est pour elle. Elle entend ses pas aller vers la porte, elle voit la poignée se baisser et Fleur ouvrir. Dès qu'elle la voit, elle veut fermer la porte sauf que Hermione la bloque avec son bras.

— Laisse moi trente secondes, après je pars.

Fleur se retourne, ne force pas pour fermer la porte alors Hermione rentre.

— Je suis désolée pour ce qu'il s'est passé la dernière fois. Je ne voulais pas que ça arrive.

Elle fait une pause ce qui fait qu'elle a l'attention de Fleur qui lève le regard vers elle.

— Non, ce n'était pas ça que je devais te dire. Enfin si, je suis désolée. Mais aujourd'hui, quelqu'un m'a dit que pour tenter de tout arranger entre nous, il faut que je te dise toute la vérité, tout ce que tu ne sais pas. Ça va être long je te préviens mais ne me coupe pas s'il te plaît.

Elle attend une réaction de Fleur, elle acquiesce juste de la tête.

— Pour commencer, je t'aime. Mais je n'ai pas aimé que toi. Il s'appelait Jeremy, ça tu le sais. Il est mort il y a trois ans. Par ma faute. On venait de rentrer de notre lune de miel, Venise comme je t'avais dit. On était fous amoureux de l'autre, on aurait pu tout faire pour que l'on soit heureux. On voulait en enfant, on espérait concevoir notre enfant à Venise, on s'était dit que c'était une belle histoire à lui raconter plus tard. Je ne suis jamais tombée enceinte et je n'ai plus jamais eu la chance d'essayer de l'être. On était proches, il aimait poser ses mains sur mes jambes quand je conduisais. On riait, on espérait un bel avenir. Je roulais un peu trop vite, je n'avais pas fait attention à la vitesse. En tout cas, j'ai vu le feu rouge mais je n'ai pas eu le temps de freiner. J'ai cru qu'on allait passer, j'ai calculé dans ma tête, on avait le temps de passer sauf que non. De la gauche est venue une voiture. C'est lui qui a pris le choc. Il a été tué sur le coup, sa tête a heurté la fenêtre de la voiture. Moi, l'airbag m'a sauvée d'après les médecins. Mais je m'en fiche, je sais juste que c'est moi qui l'ai tué. J'ai sa mort sur ma conscience. J'aurais dû piler quitte à ce qu'on se fasse rentrer dedans par l'arrière, au moins il n'aurait pas été mort. Il aurait dû être encore là mais non, à cause de moi.

— Si il était encore là, moi je ne t'aurais pas.

— De toute façon, tu ne veux plus de moi maintenant, car j'ai bu. Il est mort, j'ai eu du mal à m'en remettre, il était l'amour de ma vie. Personne ne m'a aidée. On m'a juste dit « je suis désolé pour toi, sois forte. » Comment on fait pour être forte quand une partie de nous n'est plus là par notre faute ? Sa famille ne m'a jamais reparlé, ils ont appuyés sur le fait que c'était de ma faute. J'ai juste trouvé une issue dans l'alcool. La première fois, j'ai bu son alcool préféré, j'avais l'impression d'être encore avec lui, de sentir à nouveau ses lèvres contre les miennes. Puis j'ai compris que quand j'étais ivre, j'oubliais son absence. Alors j'ai continué, à chaque fois que je venais à penser qu'il n'était plus là. Depuis que tu as essayé de m'aider, boire, c'était quand je n'avais rien à faire, quand je n'avais rien pour m'occuper et Logan était dans sa chambre, il travaillait, je ne voulais pas l'embêter alors j'ai bu un verre. Ça aurait dû être qu'un seul verre sauf que je n'ai pas pu m'empêcher d'en prendre un autre et ainsi de suite. C'est pareil que la cigarette et toi sauf que je tue mon foie et toi tes poumons.

Fleur sourit à la dernière phrase de Hermione. Elle a les larmes aux yeux à cause de cette vérité qu'elle découvre.

— Et mon mal de hanche, je ne l'ai pas inventé pour que nos bouches se retrouvent proches et pour que tu m'embrasses. L'accident m'a fait ça. J'ai un problème, elle me fait mal très rapidement et régulièrement.

Fleur s'avance vers Hermione et l'embrasse. Elle ne pouvait plus tenir, elle ne pouvait pas écouter une nouvelle vérité sans lui apporter son soutien. Depuis qu'elle l'a vue elle voulait l'embrasser, l'avoir contre elle mais elle était en colère. Là, la colère s'est dissipée et elle ne veut que le bonheur de Hermione. Après un long baiser, elle colle son front à celui de Hermione. La brune ferme les yeux alors que Fleur lui parle.

— Je suis tellement désolée. Ne l'oublie jamais, s'il te plait. Apprend juste à vivre avec moi. Mais moi je t'aime, je n'ai pas à juger de savoir si tu mérites d'être avec nous. C'est auprès de Logan que tu dois t'excuser.

Hermione lâche Fleur et va vers la chambre de Logan. Elle frappe à la porte et entre. La mère de Fleur se lève du lit, passe à côté d'elle. A sa hauteur, elle pose son pouce sur sa lèvre supérieure et fait un geste pour essuyer du rouge à lèvre de Fleur qui était resté après leur baiser. Puis elle part et ferme la porte. Hermione vient s'asseoir à côté de Logan qui fixe le sol. Elle pose sa main à côté de sa jambe, ne voulant pas le toucher pour pas qu'il ait de gestes violents envers elle.

— Je suis désolée. Je n'aurais pas dû. J'étais sur les nerfs, un rien m'a fait mal réagir. Sans parler de ma hanche.

— C'est moi qui suis désolé, je n'aurais pas dû te poser des questions, je ne suis qu'un enfant. Et désolé pour ta hanche, je ne voulais pas te faire de mal.

— Je sais bien que tu ne voulais pas. Tu me pardonnes ?

Il hausse les épaules, elle a l'impression de voir Fleur avec la tête qu'il fait. D'un coup il se retourne vers Hermione pour la prendre dans ses bras. Elle pose les siens dans son dos et le garde comme ça pendant plusieurs minutes.

— Merci Logan.

— Merci pour maman, je n'aurais jamais dû vous séparer.

— C'est fini maintenant, on oublie tout ça.