La journée était encore calme et tranquille dans ce petit coin de Junkertown. La matinée était presque finie mais le paysage et ses habitants semblaient encore endormis. N'importe qui étranger au lieu aurait pu prendre cet endroit pour une simple petite bourgade légèrement craignos, mais Junkertown se réveillait toujours brusquement et brutalement.

Le quartier nord de la ville était relativement paisible mais Junkertown restait Junkertown malgré tout. Les parages étaient vides d'habitations mais remplis de bars, de motels poussiéreux et de supérettes aux activités douteuses, à croire que les Junkers préféraient toujours vagabonder plutôt que d'essayer de se poser quelque part. Le trafic d'alcool et de cigarettes avait accru de façon spectaculaire depuis la crise des omniacs et l'abandon des Junkers par le gouvernement, si bien que c'était maintenant l'économie principale de la région. Bessy avait déjà vu plusieurs fois des costards faire une descente à Junkertown pour se ravitailler en gnôle et clopes avant de se tirer rapidement une fois leurs courses finies. Putain de costards. L'existence de ce trou les intéresse que quand ça les arrange pensa amèrement Bessy. Les Junkers n'appréciaient pas beaucoup les costards et la seule pensée de ces derniers donnaient envie à Bessy de littéralement cracher sa rage. Mais non. Pas ici. Pas dans son bar.

« Oi Bessy » de lourdes bottes vinrent faire trembler le plancher fragile. Ceux qui ne dormaient pas encore se retournèrent pour regarder l'intrus.

« Salut Joffrey. » On ne se faisait pas beaucoup d'amis dans l'Outback et Bessy était bien heureuse d'avoir eu la chance de rencontrer Joffrey. C'était un petit gaillard tout en os qui affectionnait particulièrement tous ces films ringards américains de far-west sortis durant un temps lointain où tout allait sûrement mieux dans le monde. Sa dégaine stéréotypée de cow-boy lui donnait un air sympathique et c'était sûrement le seul Junker à faire attention à lui. Ses cheveux étaient coiffés du mieux qu'il le pouvait et il était légèrement moins sale que les autres, mais il avait surtout une paire de bottes visiblement trop grande pour lui qu'il cirait tous les jours et qu'il aimait faire claquer contre le sol et les murs pour signaler sa présence.

« T'as quelque chose pour moi ma Bessy ?

- Oui. » la femme sortit de sa poche une petite broche en forme d'étoile. Le troc était devenu de plus en plus populaire dans l'Outback, et il n'était pas rare que les clients proposent de payer avec leurs biens plutôt qu'avec de l'argent.

Joffrey sortit un petit cri aigu. Il vouait une véritable obsession pour les broches, il les gardait toujours sur lui dans un sac lorsqu'il voyageait alors Bessy lui en vendait régulièrement lorsqu'un client lui en donnait une. « Qu'est-ce qu'elle est belle, regarde ! On pourrait dire une étoile de sherif. Bon, pas vraiment, mais ça reste une étoile. » il l'accrocha maladroitement à sa veste avant de fouiller profondément dans ses poches à la recherche de quelques pièces. Bessy savait pertinemment qu'il n'aurait sûrement pas assez pour payer son prix réel mais elle était plus que contente de pouvoir faire plaisir à un ami.

Quelqu'un d'autre entra dans le bar. Beaucoup plus discret que Joffrey, il parut tout de même suspicieux à Bessy. Cet homme n'était sûrement pas un Junker, on pouvait le deviner à la première seconde. Il avait une face bien propre, des habits non déchirés et surtout il ne semblait pas avoir un membre ou un œil en moins, ce qui était plutôt soupçonneux à Junkertown. Joffrey faisait de son mieux pour avoir une bonne hygiène et il ressemblait quand même à un gamin crasseux la saleté de l'Outback était toujours plus tenace que n'importe quelle autre.

Tout le bar sembla surveiller l'homme du coin de l'œil et Bessy le regarda s'installer à quelques places près de Joffrey. Cela ne présageait rien de bon et malheureusement pour Bessy son instinct la trahissait rarement.

« Bess, tu m'écoutes ? » l'interpellée regarda son ami sans savoir quoi dire. L'homme avait mobilisé toute son attention. Joffrey prit la mine d'un gamin vexé. « Y a une rumeur comme quoi y aurait quelqu'un dans l'Outback qui a découvert un truc sur les omniacs dans une grotte ou quoi. Du coup il se fait poursuivre, pourrait y avoir de l'argent à se faire là-dessus. Tu le revends aux costards. Ça doit pas être si compliqué que ça de choper quelqu'un tout seul dans l'Outback.

- Et moi j'ai dit que c'est que des rumeurs et du mensonge, intervint un autre homme étranger à Bessy.

- Tais-toi toi on t'a pas demandé ! Moi je dis que c'est plus que crédible, ça m'étonnerait pas que les omniacs ils en ont pas fini avec nous et qu'ils cachent encore des trucs qu'il serait pas joyeux que le peuple apprenne.

- Tu crois que les costards attendraient de se le faire livrer sur un plateau d'argent par des branleurs de Junkertown ? Ils sont bien plus équipés que nous, ils ratissent la zone une journée ici et ils te le trouvent, ton homme.

- Non, c'est vrai, s'écria une autre femme, j'ai vu une bande qu'est partie pour l'attraper et ils nous ont raconté qu'il a bien faillit tous les tuer alors qu'ils étaient trois contre un. Y en a un qui s'est fait manger le pied par un piège à ours – un piège à ours ! Et les deux autres ont prit une mine dans la gueule. Maintenant il est super recherché, y a des clans qui font des chasses à l'homme juste pour lui, c'est vrai.

- Évidemment, c'est un gamin de l'Outback. Je sais pas ce qu'il fout encore dans ce pays il devrait fuir. Mais oui, c'est un des nôtres.

- N'importe quoi, c'est pas du tout un Junker, il a découvert un dossier confidentiel à King's Row sur les omniacs et maintenant il est venu ici pour faire du chantage aux costards. C'est tout. »

Tout le bar semblait s'être réveillé et Bessy ne savait plus qui écouter. Mais ce n'était pas nécessaire. Depuis une semaine déjà la rumeur d'un Junker qui aurait découvert quelque chose de confidentiel sur les omniacs était devenu le sujet de conversation principal dans son établissement. Elle avait déjà entendu toutes les versions et vu plusieurs gars qui prétendaient l'avoir attrapés et rendus aux costards contre une prime, mais aux dernières nouvelles aucune tête n'avait été mise à prix pour ce genre de cas. L'information avait beaucoup de mal à circuler au cœur de l'Outback et il n'était pas impossible que ce ne fusse qu'un mensonge inventé par un Junker d'abord anodin qui s'est ensuite propagé dans toute la région. Honnêtement, Bessy n'en avait pas grand chose à faire mais elle aimait l'animation que cela provoquait dans son bar.

Le mystérieux intru était le seul à ne pas participer à la conversation. Il ne faisait que fixer la table de bar d'un air sérieux. Bessy profita du désordre environnant pour l'observer d'un peu plus près.

Il avait le visage à peine parsemé de barbe et mise à part quelques cicatrices et un nez de traviole qui était sûrement le souvenir d'un nez cassé, il avait l'air plutôt en bonne forme et en bonne santé. Il avait aussi un bon poids, ce qui était rare dans ces coins-là. La plupart des personne tendait à être en sous-poids ou en sur-poids mais jamais personne n'arrivait à atteindre le poids idéal. Alors que Bessy s'attardait sur sa ceinture pour voir s'il n'avait pas potentiellement quelque chose de valeur sur lui – réflexe de Junker – elle put apercevoir assez visiblement une arme à petit calibre. Ce n'était définitivement pas rare de voir quelqu'un armé dans l'Outback mais la plupart avait des flingues rouillés ou des espèces d'épaves fabriquées par eux-mêmes mais là le pistolet était beau et brillant et on pouvait même apercevoir la marque du fabriquant gravé sur le manche et le numéro de série qui n'avait pas été limé. C'était un signe majeur que l'homme était un costard.

Bessy commença à paniquer. Ce n'était peut-être pas la meilleure des idées de parler de ce genre de rumeurs devant un costard. Qui sait s'il n'était pas là pour pêcher des informations. Calme-toi Bessy. Les radiations t'ont rendue parano ma pauvre.

« On s'en fout de qui ça peut être de toute façon, le plus important vraiment c'est de savoir c'est quoi le secret, renchérit Joffrey

- Dieu sait ce que les omniacs cachent encore ! Quelque chose à voir avec les bastions peut-être. Vous savez, ils peuvent en reconstruire.

- Non un Junker pourrait pas laisser Outback de nouveau dans les mains des bastions

- Bien sûr que si si y avait assez d'argent au bout.

- Ou une société secrète ? Y en a eu plein, toujours, pourquoi pas une société secrète d'omniacs ? Pour qu'ils reprennent le pouvoir encore.

- Non j'ai entendu que ça avait un rapport avec les costards.

- Ça a toujours un rapport avec les costards.

- Et si y avait le FLA derrière ? Y en a plein qui ont vendu leur cul après s'être fait choper, et y en a encore plus qui travaillent pour des costards maintenant alors que c'est à cause d'eux qu'on est dans cette merde. »

Tout le monde acquiesça silencieusement de la tête. L'ambiance semblait soudainement s'être calmée mais Bessy ne put s'empêcher de tiquer à cette déclaration. Ils sont bien trop jeunes pour pouvoir comprendre le FLA pensa-t-elle.

Tous les clients retournèrent à leur place se plonger dans le fond de leurs bouteilles. Joffrey semblait gêné de l'attention qu'il avait attirée alors qu'il avait simplement voulu discuter avec Bessy. Il murmura quelque chose d'intelligible avant de commander une bouteille et de partir en promettant qu'il la paierait quand il en aura les moyens. Le bar était redevenu ennuyeux. La seule chose qui bougeait était le type louche se levant pour aller vers la porte. Bessy le regarda partir avec un étrange sentiment de légèreté.

Flynt sortit du bar encore plus déçu que jamais. On lui avait donné l'ordre de retrouver un homme le plus vite possible mais sans réellement lui expliquer les raisons. Il savait juste que le Junker détenait quelque chose qui pouvait porter beaucoup de préjudice si elle se répandait. Flynt avait d'abord été curieux qu'est-ce qui aurait bien pu mettre ces costards et ses patrons dans tous ces états pour un simple gamin de l'Outback ? Il savait qu'il n'avait pas été le seul à avoir été mis sur le coup, plusieurs autres de ces « collègues » avaient été envoyés en mission dans d'autres régions de l'Outback pour le même but, et d'autres hommes de main plus haut placés que lui se démenaient tout autant pour retrouver le Junker.

Bah, je ne suis qu'un mercenaire après tout, se dit-il. Connaître ce secret ne changera rien pour moi. Pas mes oignons. Aucun avis de recherche n'avait encore été publiquement lancé. Le gouvernement voulait garder la situation sous silence le plus longtemps possible, et tourner cela en chasse à l'homme nationale n'aurait rien présagé de bon. L'Outback était assez animé comme ça, pas la peine d'avoir encore une autre raison pour que ses habitants se fassent la guerre. Mais, d'une façon ou d'une autre, la nouvelle s'était propagé dans toute la région. Et très vite, en plus de cela. Les Junkers ont le flair pour dégotter les affaires qui rapportent gros.

Flynt balayait les lieux depuis seulement une semaine et il avait déjà entendu des dizaines d'histoires différentes sur cet homme recherché. Ce dernier était déjà connu des services de police australiens, majoritairement pour des braquages et quelques petits « accidents » explosifs. Pour une fois, Flynt ne partait pas à la poursuite d'un fantôme. Jamison Fawkes. Grand, maigre, blond et fou. L'homme de main avait déjà entendu plusieurs personnes le décrire parfaitement, preuve qu'il était bien dans les parages et que certains témoignages n'étaient pas que de simples tissus de mensonge pour attirer l'attention. Ce taré n'a pas idée de tout le bordel qu'il a foutu chez les costards. Soit il est inconscient, soit il est complètement stupide pour pas déjà avoir quitté le pays. Il était sûrement un peu des deux pour rester au sein de l'Outback alors que tout le monde était à sa poursuite.

Flynt soupira d'exaspération. Une semaine qu'il était là à racler tous les endroits miteux de ce trou, et il n'avait rien apprit de nouveau. Toutes ces rumeurs lui avaient embrouillé les pistes, même, et il commençait à prendre du retard. Il commençait à croire que ce Jamison Fawkes tenait plus du génie criminel que de l'idiot niais pour réussir à échapper à autant de poursuivants en restant pourtant toujours au même endroit. Incroyable.

Abattu, il traîna des pieds jusqu'à une station de gaz pour se refaire des provisions.

Arrivé à la station, l'homme se dirigea machinalement aux rayons frais. Il mourrait d'envie d'une crème glacée par ces temps ardents, mais c'est sans surprise qu'il vit les rayons complètement vides. Les magasins ne vendaient maintenant plus que des boîtes de conserve, parfois un peu de viande ou des légumes si vous aviez de la chance et que vous étiez près d'une ferme. Flynt attrapa les premières boîtes de conserve qui lui tombèrent sous la main. Il se dirigeait vers la caisse lorsqu'il surprit une conversation.

« Y a encore l'autre qui s'est posé à la décharge, il laisse personne s'y approcher.

- Le gamin ?

- Ouais, lui. Y en a qui ont essayé de l'y délogé mais il est têtu. Y dit qu'il partira quand il aura fini, mais il veut pas laisser les autres s'approcher de lui. Il farfouille dans toute la ferraille, il va tout prendre.

- C'est pas compliqué de faire fuir un mec tout seul quand t'es plusieurs.

- Il a bien piégé tous les alentours, des potes ont voulu le virer mais y en a qui se sont retrouvés avec des pièges dans les pattes et des bombes dans le cul. C'est qu'il a un bout coup de lance-patate, en plus.

- Pauvre gars. »

Flynt tressaillit à ces derniers mots. Lance-patate. Pièges. Il savait que ces deux éléments étaient les armes de prédilection du criminel. Sa réputation le suivait bien depuis quelques années. C'est lui. Je peux pas laisser encore passer une occasion de le choper. Il se dit qu'il y avait trop de coïncidences pour que ce ne soit pas Jamison Fawkes, mais Flynt avait déjà eu des faux espoirs en suivant des pistes qui étaient pourtant prometteuses. Mais cette fois, c'était différent. Cette fois, il le sentait dans ses entrailles.

Le cœur battant d'excitation, il en oublia ses boîtes de conserve et courut jusqu'à la sortie à toute vitesse, oubliant de les payer. Il se fit insulter par un type qu'il renversa sans faire exprès et il pouvait entendre au loin les menaces du caissier qui s'évaporaient au fur et à mesure qu'il s'éloignait. Il n'avait pas le temps pour ça, il fallait absolument qu'il arrive à la décharge avant que Fawkes ne se tire ou que d'autres Junkers l'aient attrapé avant lui. Il pourra toujours revenir payer plus tard de toute façon.

L'homme arriva à la décharge seulement quelques minutes plus tard, essoufflé. Il se reposa un instant pour reprendre son souffle il devait être prêt s'il devait en arriver aux armes.

La décharge n'était plus comme Flynt avait pu la connaître, elle était beaucoup moins grande à cause de tous les Junkers qui se disputaient la ferraille. Il n'y avait plus que des tas d'ordure et d'objets cassés et inutilisables. Le lieu semblait s'être transformé en une espèce de lieu de rencontre de Junkers car l'on pouvait voir des restes de feu de camps à plusieurs endroits, Flynt remarqua même des cadavres de matelas et des restes de tentes déchirés. Comment peut-on vivre dans un endroit pareil... pensa Flynt avec dégoût. Rien que le fait de devoir rester une soirée à chasser Fawkes en restant tapis sur des ordures le répugnaient au plus haut point, alors il n'imaginait même pas pouvoir dormir volontairement une nuit entière dans un endroit pareil.

Pressé de quitter la décharge mais toujours soucieux de rester discret, Flynt commença à ratisser tout le coin le ventre moitié à terre. La nuit commençait à tomber de plus en plus et l'homme craignait de ne tomber dans un des pièges à ours il savait à quel point Fawkes adorait ce genre de coup vicieux, il en avait d'ailleurs déjà repéré quelques uns un peu partout dans la décharge. Pourvu qu'il n'y eut pas de mines. Mieux valait ne pas y penser.

Cela faisait maintenant plusieurs heures que Flynt essayait d'appréhender le Junker. Le ciel était complètement noir maintenant et faire un seul pas dans cette obscurité était devenu beaucoup trop dangereux. Il était plus que probable que Fawkes soit parti, Flynt aurait dû voir un feu si le criminel était resté et il avait déjà cherché dans la plus grande partie de la décharge sans rien trouver c'était plus que désespéré.

Flynt soupira, déçu. Il commençait à faire demi-tour en faisant attention à ses pieds quand il entendit une voix aigu se lever dans le ciel : « Une souris verte, qui courrait dans l'herbe. Je l'attrape par la queue, je la montre à ces messieurs. Ces messieurs me disent : trempez-la dans l'huile, trempez-la dans l'eau et ça fera un, euh... kaboom ! »

Flynt se sentit comme un chasseur ayant repéré sa proie. Il s'aplatit à terre et avança doucement vers la voix jusqu'à ce qu'elle devienne de plus en plus forte. Finalement, il aperçut une silhouette se dessiner dans le noir et après quelques secondes à s'habituer à l'obscurité il put voir distinctement le Junker. Fawkes était assis les jambes croisées et le dos voûté mais même dans cette posture on pouvait deviner sa taille exceptionnelle. Il bricolait avec un tournevis sa jambe mécanique détachée de son moignon il s'arrêtait parfois pour la caresser comme un petit animal et lui chuchoter des choses que Flynt ne pouvait pas entendre. À côté de lui reposait son cher lance-grenade, et un peu partout des petit tas de ferrailles à différents stades de rouille.

Doucement, Flynt commença à se lever et s'armer pour se préparer à attaquer. Il pensait sa couverture parfaite mais il marcha malencontreusement sur une boîte de conserve trop bien tapie dans le noir, révélant immédiatement sa position.

Il vit le Junker sursauter et sauter immédiatement sur sa jambe valide. Il scruta les parages avant de remettre son membre mécanique. Avec un peu de chance, Flynt avait eu assez de temps pour se cacher de nouveau. « Oi ! » entendit-il crier. Le junker restait planté là.

Soudain il entendit un bruit machinal caractéristique du rechargement d'un canon. Il eut à peine le temps de s'en rendre compte qu'une grenade peinte d'un sourire narquois vint se planter devant lui et le fixa d'un air satisfait.

Flynt lui décrocha par réflexe un coup de talon et essaya de fuir avant que la grenade n'explose mais il fut tout de même déstabilisé par la détonation. « Le chasseur pose son piège. » entendit-il suivi d'un rire de hyène. C'est pas bon signe. Il décida tout de même de foncer. Il n'avait plus de temps à perdre et Fawkes était en cavale depuis bien trop longtemps. Il fallait l'attraper à tout prix.

Flynt se mit à tirer tout en poursuivant le Junker pressé de s'enfuir. Il essaya de viser proprement mais la poussière levée par la grenade et l'agitation lui rendait la tâche difficile. Les lignes des balles zébraient les nuages poussiéreux alors qu'il pouvait voir Fawkes zigzaguer dans tous les sens, ce qui lui compliquait encore plus la chose. Il court vite pour un infirme, l'enfoiré.

D'autres grenades commencèrent à tomber du ciel. L'homme pouvait entendre le Junker tirer et recharger frénétiquement, sans vraiment faire attention où ses munitions pouvaient tomber. Il riait de plus en plus fort à mesure qu'il bombardait la zone.

Flynt esquiva du mieux qu'il pouvait tout ce qui lui tombait sur la tête attrapant même une grenade en plein vol pour la relancer sur le Junker. Elles semblaient être de plus en plus nombreuses, et la vitesse à laquelle ces choses lui pleuvaient dessus le désemparait complètement. Il comprenait maintenant comment Fawkes avait pu fuir de tous ces hommes qui l'avaient chassé. « Tu le rateras pas celui-là ! » entendit-il crier.

Il s'écrasa brutalement sur le sol en trébuchant sur un tas de déchets. Les grenades semblaient moins pleuvoir, Flynt en profita pour se relever rapidement et localiser le Junker mais quelque chose le mordit violemment à la cheville alors qu'il reprenait son équilibre. Il se ramassa de tout son corps contre la terre poussiéreuse en lâchant un cri d'animal blessé. Le Junker répondit en hurlant de rire et se retourna pour tirer grossièrement la langue comme un enfant à son poursuivant.

Aveuglé et assourdi par la douleur, Flynt tenta tant bien que mal de reprendre ses esprits. Il avait une dernière arme dans son arsenal.

Toujours allongé, il dégaina le petit pistolet qu'il gardait dans sa ceinture. On lui avait donné des cartouches de tranquillisant au cas où sa cible serait trop dur à attraper c'était toujours plus simple d'appréhender quelqu'un quand il ne pouvait plus bouger. Le Junker s'était arrêté de courir, trop occupé à narguer Flynt. Ce dernier essaya de se concentrer tout en tachant de rester discret, mais il doutait que Fawkes aurait soupçonné quelque chose même s'il avait eut le pistolet pointé sur la tempe.

Flynt stabilisa sa vision un instant maintenant que la poussière s'était dissipée il était plus simple de viser. Il tendit soudainement le bras et tira. La cartouche toucha le Junker en plein dans le mollet. Le flux de parole de Fawkes s'arrêta brusquement. Il jeta un œil à sa jambe avant de relever la tête vers Flynt et de le fixer. Pendant un moment, ce dernier eut peur que la dose n'était pas assez forte un homme comme Jamison Fawkes nécessitait sûrement quelque chose de plus violent qu'un humain normal.

Puis il commença à vaciller, d'abord doucement sur ses deux pieds jusqu'à s'effondrer complètement avec un bruit sourd comme l'avait fait Flynt. L'homme de main retint sa respiration quelques secondes sans lâcher le Junker des yeux, de peur qu'il se soulève soudainement mais il resta bien face contre terre comme s'il s'était soudainement endormi.

Flynt put enfin se détendre. Il expira un grande coup et colla sa joue contre le sol poussiéreux. Il avait attrapé Jamison Fawkes.