Bonjour/Bonsoir !

Je vous remercie toujours autant de lire ces OS, ça fait plaisir. :) Voici le dernier OS de ce recueil, c'est donc la fin, merci d'avoir suivi jusqu'ici !

Comme d'habitude je remercie Westyversionfrench pour ses relectures efficaces ! :3

Sur ce, bonne lecture.


Le Masque OS n°3

Draco Malfoy s'énervait contre les cartons, les ouvrant un par un à la recherche de ses cravates. Cela faisait à peine une semaine qu'il était de retour en Angleterre et plus précisément à Loutry Ste Chaspoule avec Ron, mais la maison restait particulièrement encombrée. Un carton atterrit sans douceur sur le lit et l'homme soupira de soulagement en apercevant sa collection, il remercia son amant qui s'activait de l'autre côté de la chambre pour ordonner la pièce.

« La vieille McGo est toujours directrice, tu crois ? » Demanda Ronald, la tête dans l'armoire.

« Oui, elle nous enterrera tous. » Marmonna-t-il devant le miroir en effectuant le nœud de sa cravate, « Pourvu qu'elle m'accueille bien…

- Elle a beau faire peur, elle ne te mordra pas. Je suis sûr que tu vas réussir l'entretien.

- Quelle idée j'ai eu sérieusement… Des marmots à longueur de journée… Tu parles d'une reconversion. »

Le Gryffondor pouffa et alla rejoindre l'homme visiblement stressé pour son rendez-vous à venir. Il l'enlaça et vint déposer un léger baiser contre son cou.

« Allez, je suis certain que tu seras sexy en professeur de potions.

- Ha ? Parce que tu as déjà fantasmé sur Snape ? » Répliqua sournoisement le Serpentard en disciplinant ses cheveux qu'il avait laissé pousser aux épaules.

L'autre s'écarta aussitôt dans un son écœuré sous le regard amusé de l'homme qui avait fini de parfaire sa tenue. Il embrassa tout de même Ron avant de se diriger vers le salon et de prendre la poudre de cheminette.

Le Gryffondor croisait les doigts pour que Draco séduise l'ancien professeur de Métamorphose, bien qu'avec un CV comme le sien il y avait de fortes chances qu'il soit pris pour la rentrée à venir. Ron aussi s'était finalement reconverti en retournant sur sa terre natale, il allait devenir chef de production d'une chaîne de balais de Quidditch, c'était sans surprise qu'il avait sauté sur l'opportunité.

C'était une nouvelle vie que commençait le couple, et l'achat de cette maison avait posé de bonnes bases. Cette logis sans doute trop vaste pour deux personnes, abritait de multiples chambres reconverties en bibliothèque, laboratoire, bureau bien qu'à l'heure actuelle il n'était pas évident de s'y retrouver parmi les cartons.

Personne n'était au courant de leur retour en Angleterre alors qu'ils étaient à Loutry Ste Chaspoule, soit à quelques centaines de mètres du Terrier. Cependant, il était certain que l'apparition de Malfoy à Poudlard allait rapidement se propager. Ron allait bien devoir rendre visite à ses parents. Néanmoins il préférait ordonner la maison pour repousser les retrouvailles.

Ainsi, durant deux heures, il entreprit de vider les cartons. Il s'interrompit lorsqu'il ouvrit celui qui contenait les cadres photo. Plusieurs années se présentaient sous ses yeux. Il en accrocha plusieurs au-dessus de la cheminée. Draco et lui devant la Tour Eiffel bras dessus-dessous, une autre issue d'un séjour aux Etats-Unis et une dernière, celle que préférait Ron qui n'avait pas résisté à l'envie de la faire agrandir au format A2. Elle immortalisait la soirée d'anniversaire des trente-cinq ans de Draco dans un bar Islandais avec des collègues. Tous deux étaient assis sur une banquette, verre à la main et quelque peu éméchés ils étaient tout proche, le visage de profil et front contre front, les deux hommes étaient au bord de l'hilarité. La photographie sorcière finissait d'ailleurs par montrer leurs éclats de rires. Il s'agissait indéniablement de la photo préférée du roux, même Draco l'affectionnait particulièrement. Ils étaient beaux, libres et malgré les années, le Serpentard restait mal à l'aise devant l'appareil photo. Ron n'était pas dupe, si cette photo avait été agrandie c'était en partie parce que Malfoy présentait son bon profil.

Lorsque le salon fut présentable, Ronald s'obligea à rendre visite à ses parents, non sans sentir ses entrailles se serrer sous l'appréhension. Qui ne serait pas anxieux après douze ans ? Il laissa un mot à destination de Draco et partit acheter un bouquet de fleurs. Non loin, le Terrier se dressait, toujours aussi bancal mais encore impressionnant au fil des années. Il toqua fermement, les scénarii défilaient dans son esprit jusqu'au moment où la porte s'ouvrit sur une femme rousse. Il y eut un moment de flottement.

« Bonjour sœurette… » Souffla-t-il d'une voix douce.

Ginny ne fit aucun mouvement, comme figée, seuls ses yeux le scrutaient de la tête aux pieds. Elle finit par enlacer fortement son frère qui lui rendit tout aussi fermement l'étreinte.

« Ca fait une éternité !

- Tu m'as manquée. »

Ils se séparèrent et s'examinèrent une nouvelle fois, tous deux incrédules par les années qui avaient marqués leurs visages. Il suivit sa sœur jusqu'au salon où plusieurs personnes y étaient installées. Il y eut aussitôt un silence avant que la matriarche ne s'exclame et bondisse de son siège en se précipitant vers son fils. Tapotant ses épaules comme pour vérifier s'il était bien réel, elle le câlina une longue minute, vite suivie de son père. Il se rendit alors compte de la présence de Dean Thomas qu'il salua chaleureusement tant il était rassuré par l'accueil qu'on lui avait réservé. Sur le canapé, deux jeunes métis le regardaient avec étonnement.

« Je vous présente votre oncle Ron, voici Theo et Elliot. Ça fait longtemps que vous vous êtes vus. »

Les deux adolescents avaient environ seize ans et la dernière fois que Ron avait vu les jumeaux, ils avaient trois ou quatre ans.

« Tu étais passé où ? » Demanda Ginny, avide d'informations.

« Un peu partout, l'Australie bien sûr, Hong-kong, l'Islande, l'Afrique du sud, l'Italie… »

La femme fit un sifflement impressionné.

« Mais tu reviens pour de bon ?

- Oui maman... J'ai emménagé la semaine dernière tout près d'ici.

- Et tu viens seulement maintenant ? » Rouspéta Molly en lui servant une part de gâteau qui avait manqué au Gryffondor.

« Désolé… J'en avais vraiment besoin même si ça ne justifie pas mon absence. J'ai hâte de revoir tout le monde et… Je me demande comment se porte Harry. »

Il avait hésité à poser la question, il n'avait plus eu le moindre contact de sa part et ses lettres étaient restées sans réponse. Les seules nouvelles qu'il avait eues se faisaient par l'intermédiaire du journal. Ce fut Ginny qui lui répondit :

« Il va bien… J'imagine que tu as eu vent de son mariage ? »

Il hocha lentement la tête, son remariage avec Dubois quelques années auparavant avait fait parlé.

« Ça se passe très bien, il est heureux et il a trois enfants maintenant.

- Je suis content de l'entendre. »

Et il l'était réellement.

« D'ailleurs son fils aîné va faire sa rentrée à Poudlard. Harry, lui, a été promu Chef des Aurors. Il y aura une réception la semaine prochaine pour célébrer ça. Tu pourrais venir ?

- Je ne sais pas…

- Vous pourriez discuter.

- Tu lui manques. » Intervint son père.

Merlin savait combien Ron voulait revoir son meilleur ami, et même s'il savait que leur relation avait été définitivement brisée, il ne pouvait réprimer son désir de le revoir. La bouche sèche, il finit par avouer ce qu'il redoutait :

« Lui aussi me manque, énormément. Mais je suis toujours avec Draco. »

Ses parents et sa sœur restèrent interdits. Personne ne s'imaginait un seul instant que Ron puisse être encore avec Malfoy. Tous pensaient que le Serpentard avait disparu on ne savait où et que la relation n'avait été qu'une passade irréfléchie.

« Comment…

- On habite ensemble.

- Toutes ces années ?

- Oui.

- Surprenant… »

Ron détourna la discussion sur le reste de la famille, ne voulant nourrir d'avantage l'étonnement général ainsi que son irritation. Il quitta le Terrier en fin d'après-midi et retourna chez lui où Draco l'attendait. À peine fut-il rentré que le Serpentard le questionna, soucieux :

« Ça s'est bien passé ?

- Étonnement bien, à voir avec le reste. Mais toi ?

- Je suis condamné à cinq ans fermes minimum. » Se désola-t-il avec fatalité.

Ron sourit largement et vint l'embrasser malgré sa mauvaise humeur factice.

« Donc on ne va rien fêter ce soir si je comprends bien ? » Demanda-t-il innocemment tout contre ses lèvres.

« Au contraire, j'ai besoin d'un remontant. »

Aussitôt Draco l'embrassa et se dirigea vers la chambre où il comptait bien fêter leur nouvelle vie.

X

Quelques heures plus tard alors qu'ils étaient tous deux nus dans le lit, Draco affalé contre son amant lâcha de but en blanc :

« Je n'arrive pas à croire qu'on connaît peut être notre dernière année de sexe sauvage… »

Incrédule, Ron explosa de rire.

« Tu fais ta crise de la quarantaine ? Je compte bien continuer aussi longtemps que possible ! T'imagines faire abstinence pour les quatre-vingt prochaines années ?

- On vieillit.

- Oh, donc on ne peut plus baiser toute la nuit ? Seulement avoir quelques rapports sexuels ?»

Pour appuyer sa question, il glissa paresseusement sa main le long de son torse, récoltant au passage un frisson.

« Je trouve qu'on est plutôt bien foutu pour notre grand âge… » Se moqua-t-il en venant lui mordiller le lobe de l'oreille, « Toutes ces années de sport, ça conserve plutôt bien, non ? »

Le Gryffondor retourna brusquement son amant sur le ventre avant de venir se plaquer de tout son long contre lui, mordillant son épaule par la même occasion.

« Brute !

- Tout doux papy ou tu vas te faire un tour de rein. » Plaisanta-t-il alors que ses doigts venaient se perdre entre ses fesses.

Draco l'insulta copieusement mais abdiqua rapidement. Peut-être qu'il pouvait repousser ses préoccupations pour dans dix ans.

X

Comment décrire l'angoisse que ressentait le couple à l'approche de la réception de Potter et Dubois ? L'un craignait de revoir son meilleur ami qu'il avait plus ou moins trahi l'autre redoutait de faire face à son ex-mari, le tout après douze ans d'absence. A cela s'ajoutait l'officialisation muette de leur couple. Qui pouvait s'imaginer qu'ils étaient réellement ensemble alors que dans leur esprit Harry et Draco restaient l'histoire d'amour la plus fameuse ? Le fait était qu'à leur arrivée, ils avaient attiré le regard des invités.

Ils furent accueillis par Hermione qui eut la décence de ne pas les assassiner à coup de remarques acerbes malgré le malaise visible qu'elle éprouvait. Les deux hommes restèrent un temps auprès d'elle, ignorant les regards qu'on leur lançait sans la moindre discrétion. Ils avaient fait la rencontre de ses enfants, tandis qu'Harry se trouvait de l'autre côté du jardin entouré d'amis et de collègues.

« Comment ça s'est fait avec Dubois ? Et les enfants ? » Avait demandé Draco qui sentait son cœur se serrer à la vue de son premier amour.

Hermione sembla hésiter.

« Après le divorce et surtout après sa visite en Australie, il a frôlé la dépression. » Commença-t-elle sur un ton de reproche avant de se reprendre, « Un an après il a eu seul James qui va faire sa rentrée à Poudlard et un an et demi plus tard Albus. L'année suivante Lily a fait son arrivée et à ce moment-là Harry a revu Olivier par hasard. Il a été très présent et il a aidé Harry dans son rôle de père célibataire. Puis de fil en aiguille… » Acheva-t-elle d'un mouvement de la main.

Ron avait froncé les sourcils, tout comme le Serpentard. Il y avait un détail qu'ils ne comprenaient pas. Draco fut le premier à mettre des mots sur leur incompréhension :

« Harry a changé les prénoms des enfants en les adoptant ? La coïncidence me parait énorme. »

La femme se pinça les lèvres sous l'embarras.

« Il n'a pas adopté, il a fait appel à une mère porteuse. »

Ron s'exclama tandis que son amant perdait ses couleurs, brusquement nauséeux.

« Ce n'est pas possible, il n'a pas pu faire ça… Pas une mère porteuse, Merlin. Il est orphelin, il a toujours dit qu'il voulait adopter pour offrir un foyer aux enfants dans le besoin. Offrir la vie qu'ils n'avaient pas !

- Je sais bien, mais il a changé d'avis…

- C'est de ma faute. » Murmura Draco d'une voix blanche.

Hermione aurait voulu dire le contraire, pourtant la séparation avait perturbé à un tel point Harry qu'il avait eu un désir urgent de famille. La Gryffondor avait été contre ce projet, surtout qu'à l'époque le Survivant était seul… Le roux serra la main de Draco mais à vrai dire il était tout aussi perturbé par la révélation.

« Les enfants sont là-bas. » Indiqua-t-elle du menton.

À leur vision il n'y avait aucun doute sur le fait qu'il s'agissait des enfants biologiques d'Harry. Cela renforça le mal être du blond.

« Weasley ? Malfoy ? »

Ils se retournèrent et eurent du mal à reconnaître l'ancien capitaine de Quidditch, toutefois ils ne l'avaient pas revu depuis Poudlard pour leur défense. Olivier Dubois avait tout de l'allure du père de famille outrageusement bienveillant.

« Olivier, si on m'avait dit que j'allais te revoir après trente ans !

- Ne dis pas ça, ça nous donne un coup de vieux. Quoique, on n'est pas tous égaux devant les ravages du temps. »

Draco tiqua mais se força à garder son sourire crispé.

« J'ai appris récemment que tu allais rentrer dans la firme de Quidditch, Ron. Félicitations, on va être collègues. »

Si le ton avait été chaleureux et le sourire accueillant, la poigne ferme sur son épaule lui fit comprendre qu'il allait vite le regretter. Il déplora d'ailleurs le départ d'Hermione qui s'était éclipsée à l'appel de son fils, un peu plus loin. Aussitôt l'expression de l'homme se mua.

« À quoi jouez-vous ? Vous osez réellement vous pointer ici après tout le merdier que vous avez provoqué ?

- Nous sommes les premiers à avoir conscience du mal que nous avons fait. Si nous sommes revenus, ce n'est certainement pas pour le tourmenter. Nous voulions seulement retourner chez nous, crois-moi Olivier. Je suis heureux de voir qu'Harry a la famille qu'il a toujours voulue et un mariage heureux de ce que j'ai entendu. » S'expliqua calmement le Gryffondor.

« Effectivement, tu as prouvé à quel point tu pouvais ne pas mettre ton nez dans les mariages heureux.

- Olivier, je t'en prie…

- J'ai du mal à croire à cette pseudo relation, si mal assortis, à moins que ce qu'a dit Harry soit vrai. Tu cherches peut-être qu'à te faire enculer Malfoy. Il suffit d'une queue dans ton cul pour te faire oublier tes engagements ?

- Connard…

- Tu dois être étonnamment un bon coup Ron. »

Ron dut saisir fermement son amant pour que celui-ci ne lui saute pas à la gorge alors qu'il avait lui-même du mal à résister contre l'envie de frapper Olivier. Draco se retrouvait comme un lion en cage. Il se sentait certes insulté mais ce n'était pas comparable face à l'idée qu'Harry ait pu dire de telles choses sur lui.

« Draco ? »

Le souffle de l'interpellé se coupa alors que ses yeux se posaient pour la première fois sur son ex-mari. Si son regard traduisait un mélange de colère et de tristesse, celui du brun montrait la surprise. Il y eut un flottement où les trois hommes s'observèrent, Harry fut le premier à se reprendre lorsqu'il fut saisi par la taille par son mari.

« Regardez-moi ce bâtard. » Pensa amèrement le Serpentard à l'adresse de Dubois qui affichait un sourire méprisant.

« Harry. » Salua-t-il plus froidement qu'il ne l'avait voulu, « Félicitations pour ta nomination.

- Merci… J'ai appris par Neville que tu avais décroché le poste d'enseignant de potions.

- Hm, j'avais oublié qu'il était prof. » Marmonna-t-il, il ne décolérait pas.

Voyant l'instabilité de la situation, Ron décida de prendre la parole en abordant un sujet qu'il espérait détendre l'atmosphère :

« Ton fils fait sa rentrée apparemment, futur Gryffondor comme son père ? »

Harry sembla dérouté par le naturel courtois du roux, tandis que son compagnon continuait à afficher un sourire insupportable.

« Ha oui… James a hâte de découvrir l'école et puis il sera entouré d'amis, mais oui il est bien parti pour être à Gryffondor. Qu'est-ce que vous devenez, vous ?

- Toujours défiguré et avec Ron. » Devança le blond, implacable.

La remarque eut l'effet de jeter un froid, Ronald ne s'attendait pas à ce que son amant parle de leur relation. Toutefois, il se doutait qu'il voulait avant tout contredire Dubois.

Le Survivant et Olivier réalisèrent alors que Draco était avec Ron depuis maintenant douze ans contre dix avec Harry. Cette constatation faisait quelque part mal au brun. Le Serpentard aimait-il plus Ron qu'il ne l'avait aimé lui ? S'il était heureux aux côtés d'Olivier et qu'il l'aimait véritablement, il ne parvenait pas à écarter une vague de jalousie envers son ancien meilleur ami.

Peut-être parce que tout le monde s'était accordé à dire qu'Harry et Draco étaient une évidence. Comment Ronald avait pu chambouler à ce point les certitudes ?

Le couple écourta au mieux la soirée malgré les nombreuses personnes qui venaient s'agglutiner autour d'eux.

« Qu'ils aillent tous se faire foutre ! » S'écria Malfoy une fois arrivé chez eux.

Ron bouillonnait tout autant mais le cachait mieux que son amant. Il s'était bien attendu à recevoir des remarques désobligeantes mais certainement pas à connaître un lynchage public après toutes ces années.

« Et l'autre enculé de Dubois, j'hallucine ! Comment Harry supporte son égo surdimensionné ? »

Le Gryffondor se retint bien de dire que son égo était tout aussi important mais il devait l'avouer : Olivier était un enfoiré de première.

« On doit s'enculer en public pour faire comprendre qu'on est ensemble comme ce pré-pubère de Dubois qui a passé sa soirée à fourrer sa langue dans le gosier d'Harry ? Comment il a pu se marier avec lui ?

- Dois-je comprendre que tu es jaloux de Dubois ? » Finit par demander Ron qui devenait de plus en plus irrité.

En effet, il avait l'impression que son amant retrouvait ses sentiments pour Harry et cela le terrifiait malgré les années passées ensemble. Harry resterait le premier amour, la première passion, et l'unique mariage de Draco. Avaient-ils fait une erreur en retournant en Angleterre ? Malgré leurs sentiments respectifs, Ron craignait à présent de voir l'homme se détourner de lui. Le roux se débarrassa de ses chaussures à la hâte et alla dans la salle de bain sans attendre la réponse.

Il soupira face au miroir, lassé par ses éternelles craintes de voir Draco partir. Malgré les années, il gardait son sentiment d'infériorité et il s'en voulait pour ça. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il ne pourrait jamais dépasser Harry.

« T'es con ma parole. »

Il grogna en entendant Draco, ce dernier reprit, toujours aussi énervé :

« Personne ne remet en doute le mariage d'Harry alors que Dubois est avec un connard imbu pourquoi personne ne pourrait croire qu'on est bien ensemble ? »

Le Gryffondor eut un sourire fatigué qui fit froncer les sourcils de Draco. Il se rapprocha de l'homme avant de s'asseoir à moitié contre le meuble bas, les bras croisés.

« Qu'est-ce qui se passe ?

- Rien.

- Pitié, tu ne sais pas mentir, tu fais ta tête de chiot.

- Je ne sais pas… Le fait que tu risques de revoir régulièrement Harry, ça me fait peur. Je ne suis pas lui.

- Et tu ne le seras jamais. » Confirma-t-il avec sérieux, « Même s'il gardera toujours une place particulière dans ma vie, j'ai tourné la page.

- On n'oublie pas son premier amour, surtout le vôtre. »

Draco attira le roux contre lui, l'étreinte silencieuse dura plusieurs minutes.

X

Draco Malfoy circulait à travers les allées, jetant des regards de chaque côté, une moue écœurée ne quittait pas ses lèvres. Par Serpentard, il devenait une parfaite réplique de Severus Snape.

« Diminuez votre feu Monsieur Londubat, j'aimerais autant éviter que votre père interrompe un cours parce que vous êtes à l'infirmerie. »

Lewis Londubat rougit fortement et s'exécuta aussitôt. Si le dernier des quatre enfants Londubat n'avait pas une grande ressemblance physique avec son père son caractère et ses talents en potions étaient similaires. Cela faisait deux semaines que la rentrée avait débuté, il s'en sortait relativement bien parmi la multitude d'enfants de ses anciennes fréquentations. En deux semaines Malfoy avait aussi récolté une mauvaise réputation à cause de sa marque qui allait le poursuivre jusque dans sa tombe et son visage qui terrorisait les plus jeunes.

Une demi-heure plus tard, il congédia les élèves pour débuter son cours avec les dernières années Gryffondor et Serdaigle. La théorie se passa relativement calmement, Malfoy appréciait particulièrement les Serdaigle pour leur silence.

« Elliot Thomas ne coupez pas si grossièrement les racines de Mandragore. Samuel Londubat, ne mettez certainement pas les yeux de scarabées maintenant, votre potion doit être orangée pour les incorporer. Pas avant. Décidément il vous manque le gène des potions dans votre famille. »

Il continua son chemin bien qu'il entendît clairement les deux adolescents marmonner des grossièretés à son égard. L'ancien Serpentard retourna à son bureau et prit des notes durant plusieurs minutes, satisfait de voir la classe plongée dans leurs potions.

Cependant, un sifflement persistant finit par attirer son attention, il parcourut des yeux la pièce à la recherche du chaudron avant de se fixer sur celui d'Elliot et de Samuel. La potion ne devait certainement pas siffler à cette température. Il vit alors l'adolescent y mettre négligemment les yeux de scarabées.

« Imbécile ! » Cria l'enseignant en bondissant de son siège si bien qu'il fit sursauter la majorité des élèves, baguette à la main, il reprit hâtivement, « Evanesco ! »

Le binôme prit un air ennuyé face au chaudron subitement vide.

« Qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans ce que je vous dis ?!

- Ca va, hein. On avait presque fini, juste parce qu'on est à Gryffondor… » Marmonna avec insolence Londubat alors que son voisin lui donnait un coup pour le faire taire.

« Aucun rapport, vous êtes juste trop bornés et immatures pour écouter votre enseignant.

- De toute manière, vous n'avez rien à foutre ici. Ma mère dit qu'un ancien Mangemort n'a aucun droit, vous êtes l'homme le moins fiable qui soit selon elle.

- Je me fous bien ce que pense Habbot de ma personne. Regardez-moi bien dans les yeux, voici ce que fait une potion qui vous explose en pleine face, ce que menaçait de faire la vôtre. » Siffla d'une voix glaciale l'homme si bien que l'adolescent perdit son air satisfait, « Je retire cinquante points à Gryffondor et vous donne une semaine de colle. »

Il défia du regard l'assemblée, même les élèves les plus éloignés frémir face au visage défiguré.

L'altercation avait plongé la salle dans un silence oppressant jusqu'à la fin de l'heure. Il toucherait deux mots au professeur de botanique.

X

Le vendredi soir, alors que Draco s'affalait sur le fauteuil après une semaine pénible, son téléphone portable sonna. Depuis des années il avait adopté avec Ron l'appareil moldu, c'était d'ailleurs sans surprise qu'il entendit son amant à l'autre bout du fil.

« Tu rentres bientôt ?

- Je ne sais pas. » Marmonna le Gryffondor, « Dubois m'emmerde avec un dossier, je dois lui fournir les références avant de rentrer…

- Connard, il t'a fait le coup toute la semaine, ce n'est pas ton supérieur en plus !

- M'en parle pas, il est infect… Je voulais savoir si tu pouvais me retrouver le dossier en question dans le bureau et me transmettre les infos dont j'ai besoin.

- Ouais, je te fais ça. »

L'homme se leva difficilement, toute sa mauvaise humeur se dirigeait à présent contre Dubois et son petit jeu qui durait depuis des jours.

« Pire qu'un morpion putain… » Baragouina-t-il en montant les escaliers, « J'espère que tu termineras vite. C'est quoi ton dossier ?

- Le n°2811, il est dans le tiroir du milieu, colonne de droite du secrétaire. J'ai juste besoin du numéro de commande. Je suis claqué.

- Dommage, j'avais plein de projets pour ce soir, mais si tu es si fatigué…

- Hm, tout dépend des projets en question, ils impliquent quoi ? »

Draco rentra dans le bureau et se dirigea vers le meuble.

- Une potion d'endurance et un sex-toy qui inclut tes fesses bien écartées. » Répondit avec sérieux le blond qui ne pouvait s'empêcher de sourire.

« Tu sais me parler. » Rigola Ron avant de reprendre, intéressé, « Tu sors ça d'où ?

- Un sex shop qui a ouvert à Pré-au-Lard, ça fait scandale mais j'ai repéré plein… »

Mais la voix du Serpentard mourut subitement alors qu'il refermait précipitamment le tiroir qu'il avait ouvert par erreur.

« Il y a tant de choses si intéressantes ? » Demanda Ron qui ignorait le malaise de l'autre.

Draco se reprit et ouvrit le bon tiroir et y sortit le dossier en question.

« Tu n'imagines même pas, il y a de quoi s'amuser. Bon alors ce dossier, t'as de quoi noter ? »

À la fin de la communication, Draco resta accroupi devant le bureau. Incertain, il rouvrit le premier tiroir où un objet l'avait interpellé. C'était idiot mais il retenait sa respiration alors qu'il sortait une boite. Il hésita de longues secondes avant de l'ouvrir et découvrir ce qu'il devinait d'avance. Une bague en argent qui reposait dans son écrin de velours. La vision de cette alliance laissait le Sepentard interdit car il n'y avait aucun doute sur le fait qu'il s'agissait d'une alliance. Le cœur battant, il délogea un papier sur lequel se trouvait le nom de la boutique, un certificat d'authenticité et une date. La boutique en question se trouvait à Paris où ils avaient passé leurs vacances trois ans auparavant.

Il rangea brusquement la boite et ferma le tiroir, en proie à des sentiments contradictoires, tout d'abord à cause du choc que cela lui avait provoqué. Cette découverte montrait surtout que cela faisait trois ans que Ron l'avait achetée. Trois ans qu'il prévoyait donc de faire sa demande sans pourtant la faire. Cette constatation le perturbait au plus haut point. Jamais Draco n'avait songé au mariage et jamais il n'aurait cru que Ron le faisait.

Draco retourna au rez-de-chaussée pour se servir un verre de vin. Se voyait-il marié à Ronald pour commencer ? Il but une gorgée. Oui, peut-être. Sans doute s'il ne se voilait pas la face, cela faisait douze ans qu'ils vivaient ensemble. Il y avait eu des hauts et des bas comme dans n'importe quelle relation mais rien de bien grave. Pourquoi Ron ne faisait-il rien ? Hésitait-il ? Il n'avait pas dû acheter l'alliance sur un coup de tête, ce genre de décision était réfléchi. Avait-il peur ? Ses doigts se resserrèrent autour du verre, il ne voulait pas envisager cette possibilité car cela signifierait qu'il faisait peur à Ron, qu'il avait peur qu'il lui dise non.

Au fond de lui il se doutait que le problème se résumait en une personne : Harry. Ron avait sans cesse entendu qu'Harry et lui étaient des « âmes-sœurs ». Terme qu'il exécrait. Comment ne pas succomber à la pression ?

La cheminette crépita si bien qu'il sortit de ses pensées. Tout sourire, Ron s'approcha et se courba au-dessus de lui, les deux mains posées sur les accoudoirs du fauteuil.

« J'ai bien cru qu'il allait me séquestrer toute la soirée… » Se lamenta le Gryffondor avant de l'embrasser légèrement, « Alors comme ça, on fait des cachotteries en allant acheter des surprises ? »

Et toi donc, voulut dire Draco.

« Je te donne deux minutes pour te déshabiller et me présenter ton cul Ronald. » Ordonna-t-il fermement en portant son verre à ses lèvres, le regard brillant.

Ron arqua un sourcil avant de s'exécuter.

« Rappelle-moi qui disait qu'on était trop vieux pour le sexe ?

- Je me le demande bien. »

Il ne fit aucune réflexion sur la découverte de la bague.

X

Plusieurs semaines étaient passées depuis la découverte de Draco qui n'avait cessé de réfléchir sur le blocage de Ron sans rien laissé paraître de ses préoccupations. À Poudlard, il avait connu plusieurs heurts avec des élèves et des parents mécontents tandis que le Gryffondor subissait toujours les manigances de Dubois. Le roux s'était vivement opposé mais il se rendit rapidement compte que la majorité de ses collègues était du côté de l'ancien capitaine de Quidditch. Une situation qui mettait le Serpentard hors de lui, si bien qu'un samedi, il transplana directement devant la résidence du couple. Tendu, il toqua à la porte, bien décidé à recadrer l'homme.

« Qu'est-ce que tu fais là ?

- Ton mari est là ? » Cracha presque Draco à Harry qui fronçait les sourcils.

« Il est sorti avec les enfants, un problème ?

- Oui, lui. Tu diras à Dubois d'arrêter ses conneries en bloquant Ron au bureau en dehors de ses heures et de ses jours de travail.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ?

- Non Harry, qu'est-ce que tu as raconté toutes ces années pour que Dubois se déchaîne sur mon… Sur Ron ? »

Malfoy s'était rattrapé de justesse, qu'est-ce qu'il aurait pu dire ? Mon petit-ami ? Merlin, il n'avait plus vingt ans. Mon mari ? Cela lui faisait une belle jambe cette affaire de bague !

« Je ne vois pas pourquoi Olivier ferait quoi que ce soit à Ron pour le nuire.

- Donc je suppose que tu étais parfaitement courtois lorsque tu as dit, je ne sais quand, que je t'avais quitté pour une de bite dans mon cul ? »

Le brun fut un instant déstabilisé, cependant Draco ne manqua pas sa brève moue agacée.

« Tu t'entends parler sérieusement ? »

À sa surprise, il s'écarta pour le faire entrer. La tension était palpable et le Serpentard examina à peine l'intérieur malgré sa curiosité naturelle qui l'aurait poussé habituellement à scruter le moindre détail de la nouvelle vie du brun. Il fut néanmoins forcé d'apercevoir quelques photos de famille une fois installé dans l'un des fauteuils du salon. En face de lui, le Gryffondor se mit à l'observer sans un mot.

« Alors ? Qu'as-tu pu raconter durant toutes ces années ?

- Penses-tu que j'allais laisser le temps passer sans émettre la moindre critique à ton égard ?

- Evidement que non, tu avais de quoi me jeter la pierre. »

Harry ricana.

« Comment voulais-tu que je réagisse ? Mon mari me trompait avec mon meilleur ami. Molly et Arthur t'avaient accepté dans la famille et subitement tu pars avec l'un de leurs fils. Il n'y a pas plus embarrassant pour eux.

- Ce n'est pas Ron qui nous a séparés.

- Ha, parce que tu n'as pas couché avec lui avant l'Australie peut-être ? »

Le ton de l'homme était accusateur mais le lointain des événements donnait une intonation distraite.

« Une seule fois dans des circonstances bien particulières, cela arrive à de nombreux couples. » Expliqua-t-il bien que l'argument était quelque peu facile.

« Quand bien même, j'étais pourtant bien présent pour te soutenir. Cette situation n'avait aucun sens.

- C'était une suite d'accumulations : l'accident, l'adoption, la pression des médias… Qu'importe, en étant honnête nous savons que si tu avais abandonné l'idée de l'adoption, tu aurais fini par me quitter. Dans le cas inverse, j'aurais été un père médiocre et tu aurais fini par me haïr et me quitter. Ai-je raison ? »

Harry ne répondit pas immédiatement, mais tous deux savaient que le Serpentard avait mis le doigt sur le problème majeur de leur relation. Après toutes ces années, ils avaient gagné en clairvoyance, et cette discussion les libérait d'un poids immense. Et ce fut avec un calme étonnant qu'ils continuèrent à échanger.

« Tout le monde a été surpris d'apprendre que vous étiez toujours ensemble… Moi le premier. On pensait que vous faisiez votre vie chacun de votre côté. » Avoua le Gryffondor au bout d'un certain temps.

« Et voilà que ça recommence… Qu'est-ce qui est le plus surprenant ? Qu'il soit avec moi ou que je sois avec lui ? À croire que vous ne l'avez jamais connu. Tu sais comment il est.

- Oui justement.

- Justement, quoi ? » S'irrita le blond, « Même sa famille n'en revient pas, comment vous voyez Ron pour que ce soit si improbable ? C'est un gamin immature, capricieux, borné, fermé d'esprit et jaloux, c'est ça ? Ai-je oublié quelque chose dans la liste ?

- Non, ce n'est pas ça !

- C'est totalement ça, cela ne prendrait pas de telles proportions sinon. Tu sais ce que cela fait de passer des années à culpabiliser ? Culpabiliser tellement qu'on tire un trait sur notre vie, notre pays, notre entourage ? Non. Tu t'es reconstruit, tu mènes la vie que tu rêves et tout le monde l'approuve. Tu sais quoi ? Tant mieux, avec Ron on ne souhaitait que ça.

- Pour enfin déculpabiliser… » Acheva le brun.

Le Serpentard rit, un rire désabusé qui menaçait de se transformer en une hilarité folle.

« Vous ne comprenez pas, c'est atterrant… Même aujourd'hui nous culpabilisons, nous hésitions tellement à revenir ici. Toutes ces années, tu n'imagines pas le poids et pourtant j'ai toujours pris ta défense. Mais j'apprends finalement que tu as détruit mon image auprès tout le monde. Je ne pensais pas que tu allais tomber dans une telle haine… »

Durant des années, et davantage durant la première année de relation avec Ron, il n'avait cessé de rejeter l'échec de son mariage sur lui-même. Son auto-flagellation été allée jusqu'à oublier les tords du Survivant, il avait tant défendu son ex-mari. Il avait pris conscience de son aveuglement. Cela avait été terrible à vivre pour le roux.

« Peux-tu imaginer Ron ? Ce que ça fait de passer après toi et avoir l'impression de ne pas être à la hauteur ? Avant je pouvais le rassurer, mais depuis qu'on est revenu il doute stupidement. Il a peur qu'on se remette ensemble, merde.

- Merlin, j'aime Olivier et j'ai mes gamins…

- Va lui dire ça !

- Il est… amoureux de toi ?

- Pitié, ne me dis pas que la connerie de Dubois déteint sur toi, tu es plus perspicace que ça. Bien sûr que oui, tout comme moi je le suis. » Grogna Draco qui bouillait à un point tel qu'il ne cherchait pas à cacher ses sentiments à la plus grande surprise du Gryffondor.

« Tu l'aimes plus que moi ? » Demanda-t-il après plusieurs secondes de silence.

La curiosité était tellement forte.

« C'est tellement malsain comme question Harry.

- Je sais.

- Oui je l'aime davantage que je t'ai aimé. »

X

La résolution d'un problème provoquait l'apparition d'un autre. Inévitablement. Par miracle Ron avait retrouvé des horaires décents. La nouvelle ombre au tableau était étonnement Ginny et ses idées saugrenues. Celle-ci avait insisté pour que Ron et Draco organisent le repas de Noël. Avec toute la famille. L'idée de la rousse aurait pu passer pour une mauvaise blague si elle n'avait pas été véritablement bienveillante. Ginny avait voulu bien faire, apaiser les tensions en impliquant le couple dans les fêtes. Le Serpentard n'avait pas caché sa surprise, de tous, c'était la cadette Weasley qui s'était montrée la plus avenante à leur égard.

La relation entre la Gryffondor et l'héritier Malfoy avait pourtant commencé de manière catastrophique à cause des sentiments amoureux de la femme envers le Survivant. Ginny avait fini par tolérer le blond et, aujourd'hui, elle faisait preuve d'une maturité déconcertante en soutenant la relation de son frère. Elle était loin la lionne qui jetait des maléfices de chauve-furie.

« Tu ne préfères pas qu'on mette Ginny et Dean en face de nous ? » Demanda Draco qui miniaturisait les cadeaux tandis que Ron disposait les étiquettes sur l'immense table qui traversait d'un bout à l'autre le salon.

« Toujours mettre les parents de l'hôte en face de lui, non ?

- A côté de Molly il y a Harry et l'enculé sera à sa droite…

- Je sais… Merlin, Ginny veut ma mort. » Grogna le roux.

L'homme s'énervait autour de la table, perdu parmi les étiquettes et les noms de ses multiples neveux et nièces. Ils allaient être un peu moins d'une trentaine. L'angoisse. La présence du brun n'aidait pas, toujours considéré comme le fils de cœur de Molly, il était impensable qu'il ne soit pas présent au repas.

« Les cadeaux… le traiteur… le gâteau… la table… » Enuméra Ron avec ses doigts.

« Les bouteilles, on n'a pas choisi les bouteilles.

- Avec la cave que tu as constitué, ça ne doit pas être bien compliqué.

- Il est hors de question de gaspiller mes meilleures bouteilles.

- Et il est hors de question de proposer des vins de table dégueulasses alors qu'on ne fait pas la cuisine.

- Tu veux que je te rappelle le prix du traiteur ? » Marmonna le blond qui avait senti la note passer, sans oublier les cadeaux. « Je vais voir ce que je peux trouver… »

Le Serpentard quitta la pièce, laissant son amant achever la présentation de la table. Les invités devaient arriver dans un peu moins d'une heure. Cela leur laissait le temps de s'habiller et de se préparer psychologiquement. Il était terrorisé malgré tout ce que pouvait dire sa sœur pour le rassurer. Revoir l'intégralité de sa famille après tout ce temps lui paraissait insurmontable. Tout devait alors être parfait afin d'éviter la moindre remarque.

Après une dernière vérification, il monta à l'étage afin de se préparer, il fut rapidement retrouvé par Draco qui l'informa de ses choix de bouteilles. Malgré sa mauvaise humeur, le Serpentard avait sélectionné quatre bouteilles de bons crus. Mais, alors que chacun se demandait ce qu'il allait porter - davantage Draco que Ron –ils entendirent du bruit au rez-de-chaussée.

« C'est quoi ce bordel ? Ce n'est pas l'heure… » Marmonna le roux en se dépêchant de glisser sa chemise dans son pantalon.

Il se dépêcha vers le salon où des éclats de voix s'élevaient. Avec surprise, il découvrit Harry et Olivier mais aussi leurs trois enfants. Harry était visiblement soucieux.

« Et bien, vous êtes en avance…

- Je t'avais dit que ce n'était pas l'heure. » Sermonna le brun en jetant un regard ennuyé à son mari qui adopta une expression faussement étonnée.

« Effectivement, mais prenez vos aises. » Invita Ron en désignant le canapé alors qu'il priait pour que sa sœur arrive vite.

Il vit le couple marquer un temps d'arrêt devant les photos accrochées au-dessus de la cheminée. Rapidement, Draco arriva et salua les invités plus froidement qu'il aurait dû en tant qu'hôte. Il se dérida néanmoins en voyant le pauvre James embarrassé. Il était à peu près certain que l'ensemble de ses élèves allait faire profil bas en sa présence.

Peu de temps après, ce furent Molly et Arthur qui arrivèrent allégeant l'ambiance de ses sujets de conversation jusqu'à présent impersonnels. Il était particulièrement difficile de ne pas rentrer dans le jeu de Dubois qui lançait régulièrement des piques à l'encontre du couple.

Heureusement ou non, les invités commencèrent à affluer et les discussions remplirent peu à peu le salon. Ron pouvait remercier Ginny qui s'était montrée joviale dès la première minute Bénis était-elle, elle et son caractère encore légèrement enfantin. La présence d'une quinzaine d'enfants et d'adolescents aidait à construire une atmosphère chaleureuse. Pourtant, les hôtes se sentaient exclus dans leur propre réception. Le couple servait les apéritifs, échangeant quelques mots avec chaque invité mais chaque fois que Ron ou Draco s'approchaient, une gêne palpable se faisait ressentir. Si bien qu'ils s'effacèrent, s'échangeant de temps à autre des regards ennuyés. Eux qui avaient participé des années auparavant aux repas familiaux, ils étaient comme des étrangers.

« Vous faites une tête d'enterrement, c'est Noël ! »

Le roux soupira et passa un bras autour des épaules de sa sœur.

« A moins de bourrer chaque personne présente, je ne vois pas comment faire…

- Allez, une fois le ventre rempli ça ira mieux. » Tenta de rassurer la cadette.

Suivant le conseil de la Weasley, ils placèrent les invités autour de la table et débutèrent le repas qui sembla les séduire. Ron pouvait d'ailleurs sentir les mauvaises ondes de Draco lorsque celui-ci servait le vin, sans doute désespérait-il de voir disparaître ses précieuses bouteilles… Ils discutèrent principalement avec le couple Weasley et Ginny jusqu'au désert. Tout le monde s'était éparpillé dans le salon, créant des petits groupes. Les échanges de cadeaux n'allaient plus tarder.

« Albus n'est plus là ! » S'exclama sa petite sœur d'un air mécontent, l'enfant trépignait d'impatience depuis le début du repas.

Certains le cherchèrent du regard mais impossible de retrouver le petit brun parmi la marée principalement rousse. Soupirant, Draco entreprit de vérifier à l'étage, il espérait sincèrement que l'enfant n'avait pas eu l'idée saugrenue d'explorer le reste de la maison. Mais à peine il mit un pied dans les escaliers qu'il vit une silhouette assise en haut des marches.

« Mini Potter ? »

La silhouette sursauta.

« Ho professeur Malfoy, veuillez m'excuser !

- Je ne suis pas encore ton professeur, par contre qu'est-ce que tu fais ici ?

- Je… Réfléchissais. Je n'aime pas quand il y a trop de bruit, trop de monde, enfin j'imagine…

- Etonnant vu la famille… » Marmonna l'homme avant de reprendre, « Il va pourtant falloir faire acte de présence pour les cadeaux, tu pourras te cacher après.

- Hm. J'espère avoir mon livre de potions…

- Merlin, un Potter intéressé par les potions, incroyable. Allez, bouge de là. »

L'enfant se leva et descendit les marches. Arrivé à la hauteur de l'homme celui-ci le vit rougir.

« Tes pères ne t'ont pas appris qu'il ne fallait pas fixer les gens ?

- Olivier n'est pas mon père ! » Contra-t-il, « C'est juste que vous êtes impressionnant… J'ai lu beaucoup de choses sur vous…

- Me voilà ravi gamin. » Répliqua le blond d'une voix morne.

L'enfant rougit davantage, s'apprêta à dire quelque chose mais se contenta de retourner dans le salon tandis que le Serpentard se demandait quelle mouche l'avait piqué. Oubliant l'étrangeté du mini Potter, il participa à l'échange des cadeaux. Certains souriaient hypocritement en lui tendant un présent, d'autres ne cachaient pas leur animosité à son égard. De même pour Ron. En majorité ils avaient reçu de la nourriture, le cadeau impersonnel par excellence.

Alors que les accolades et embrassades se multipliaient, Draco s'approcha de son amant et lui tendit un coffret noir et élégant dissimulé derrière un emballage minutieux dont seul le Serpentard avait le secret. Le roux fit un large sourire en découvrant un flacon de parfum dont il reconnut tout de suite la parfumerie.

« L'Artisan parfumeur ? Aurais-tu envie de retourner à Paris ?

- J'ai abandonné l'idée de t'initier à la grande couture, mais au moins je t'ai appris à apprécier les bons parfums. »

Alors que le roux sortait le flacon du coffret, il lâcha un léger rire et aussitôt Draco en sut la raison.

« Méchant loup ? Vraiment ? » Lut-il, il avait compris le nom malgré qu'il soit écrit en français.

Il porta le parfum à son nez, fronçant légèrement les sourcils durant son analyse.

« Les boisés sont mes préférés. Réglisse, miel et… Hm… J'ai un doute.

- Mets-en. » L'incita-t-il.

Soulevant sa manche, il en mit sur l'intérieur de son poignet avant de le frotter contre sa gorge pour diffuser le parfum.

« Bois de noisetier ?

- Bonne réponse.

- Excellent choix, merci. »

Les deux hommes se regardèrent dans les yeux sans pourtant oser s'approcher, embarrassés par le regard des invités, n'osant s'embrasser alors qu'Harry était à deux mètres d'eux. Ce fut à ce moment-là que Draco réalisa qu'ils s'étaient comportés tout au long de la soirée comme deux amis, deux colocataires parmi les nombreux couples. Spontanément, ils s'étaient imposé une distance. Cherchaient-ils à se cacher ? Le ridicule de la situation sauta aux yeux du Serpentard. Épuisé par ce constat, il le saisit par la nuque et l'attira dans un baiser. Le roux fut un premier temps surpris avant d'y participer.

« De rien. » Dit le Serpentard, satisfait.

Et pour cause, les invités les regardaient avec effarement comme si les voir si proches rendait réelle leur relation qu'ils refusaient de croire possible.

« Merlin enfin, je croyais que ça n'arriverait jamais ! » cria presque Ginny, tout sourire, son verre à la main.

Cela eut le mérite de détendre légèrement l'atmosphère alors que la femme s'approchait de son frère pour sentir le parfum contre sa gorge.

« Bon choix Draco.

- Ginny, tu veux bien arrêter cette mascarade ? » Demanda las, Bill.

Bill qui avait toujours considéré Harry comme son petit-frère, avait du mal à tolérer la présence de Malfoy. Le fait de voir sa sœur agir si naturellement l'agaçait particulièrement.

« Nous n'avons pas vu Ron depuis des années et Harry a refait sa vie, faut-il continuer à en faire tout un drame ?

- Tu étais la première à en vouloir à Malfoy.

- Certes mais pouvons-nous juste nous accorder sur le fait que Draco fait toujours partie de la famille et que Ron est dans une relation stable ? »

Le Gryffondor resta stupéfié par le discours de sa sœur, ils avaient souvent été en compétition dans leur jeunesse, la voir si posée et déterminée lui allait en plein cœur.

« Cela reste à prouver la relation stable, avec la gueule qu'il traîne… » Se fit entendre le ton moqueur de Dubois.

« Pardon ? »

Un silence embarrassé envahit la pièce. Harry était particulièrement perturbé par le comportement irrespectueux de son mari.

« Papa, on peut tester le balai de James ? S'il te plait ! » S'exclama subitement Albus qui n'avait pas dit un mot depuis le début de la soirée.

« Quoi mais tu détestes le Quidditch…

- Ce serait cool ! » Affirma alors Lily.

« Je… Je suppose que oui… » Émit finalement Harry, déconcerté.

« Cool, tous dehors ! »

Aussitôt la petite rousse se leva et le reste de ses cousins, cousines la suivirent dans le jardin pour fuir la mauvaise ambiance. Draco eut l'étrange impression qu'Albus avait volontairement brisé le silence. Il se jura de lui offrir un manuel de potions avant son départ.

« Dubois, tu me feras le plaisir de quitter immédiatement les lieux. » Exigea calmement le Gryffondor mais dont la colère était palpable.

« Alors que les enfants viennent juste de sortir s'amuser ?

- Harry peut rester s'il le souhaite mais il est hors de question que tu restes ici. »

Les hommes se jaugèrent avant que Dubois ne se détourne et ne se dirige vers la cheminée tandis qu'Harry lui avait fait silencieusement comprendre qu'il restait. Après son départ, Ginny ne cacha pas satisfaction alors qu'Harry s'excusait. Il avait rarement connu son mari aussi exécrable.

Une chose était certaine, la soirée avait été éprouvante pour les hôtes qui se retrouvèrent seuls sur les coups des deux heures du matin. Le couple avait rangé sommairement la maison, trop épuisé mentalement pour faire le grand ménage. Assis négligemment contre le canapé ils observaient la pagaille.

« On a frôlé le massacre…

- Seulement frôlé ? » Répéta Draco en attrapant la bouteille de Champagne qui se trouvait sur la table basse afin de vérifier s'il n'en restait pas. Il n'y avait plus une goutte. « Huit bouteilles pour ça… Ça m'achève. »

Il vit à côté Ron en train de gigoter avant qu'il ne sorte quelque chose de sa poche qu'il lança. Draco réussit de justesse à réceptionner une petite boite rectangulaire.

« On a été interrompus mais joyeux Noël ! »

L'esprit légèrement brouillé par la demi-bouteille qu'il avait bu tout au long de la soirée, Draco pensa un instant avoir autre chose entre les mains si bien qu'il resta quelque peu surpris en découvrant une paire de boutons de manchettes en argent. Il se reprit rapidement.

« Elles sont magnifiques, finalement tu as retenu mes leçons. » Dit-il en se redressant difficilement pour venir l'embrasser.

« Tout n'est pas perdu. » Souffla Ron contre ses lèvres avant d'attirer le Serpentard contre lui, « Je t'aime.

- Et moi donc. »

Profitant des senteurs du parfum qu'il lui avait offert, Draco se dit que finalement, cette histoire de mariage n'était pas le plus important tant qu'ils restaient ensemble. Ron était vraisemblablement devenu l'homme de sa vie dans le sens où il se voyait définitivement vieillir avec lui.

X

Il fallut attendre qu'ils aient cinquante ans pour que Ronald fasse sa demande, le tout au détour d'une phrase alors qu'ils étaient frigorifiés au fin fond du Canada lors de leurs vacances. Bien loin des portraits romantiques, la situation les avait fait rire, davantage encore lorsque Draco avoua connaître les attentions de son compagnon depuis des années.


Fin du recueil ! J'espère que vous avez aimé les aventures de Ron et Draco.

Je tiens à préciser que le bashing d'Olivier n'est pas voulu, il faut se dire qu'on ne connaît pas grand chose de sa relation avec Harry durant ses années de déprime. Olivier ne peut juste pas supporter Draco dans cette histoire mais j'apprécie réellement ce personnage.

A bientôt sur d'autres projets.