Chapitre 1 :
Un silence pesant régnait dans la salle de cours. Impossible de dire si la chape de plomb qui venait de s'abattre était due à la surprise ou à la panique mais tous les élèves semblaient pétrifiés et fixaient le maître des potions d'un œil inquiet.
- Professeur Rogue… vous allez bien ? lança d'une voix tremblante une jeune fille au premier rang.
Severus, les genoux à terre, dos à ses élèves, se tenait la poitrine, la mâchoire serrée et les yeux injectés de sang. Les mots de son élève lui firent reprendre ses esprits et il se releva immédiatement. D'un mouvement rapide et autoritaire il se retourna, faisant voler sa longue cape noire et fixa les jeunes magiciens d'un regard méprisant. Il aurait voulu les maudire, maudire la terre entière s'il le pouvait. Comment le monde pouvait-il continuer de tourner ? Comment les gens pouvaient-ils encore continuer de sourire, de rire, de respirer de vivre après ça ? Comment pourrait-il se le pardonner ?
-Le spectacle est terminé, siffla Rogue le regard noir, cessez de me fixer comme des imbéciles, rangez vos affaires et remontez dans vos salles communes !
Le professeur fixa la jeune élève qui l'avait interpelé, le sortant de son état de choc et la toisa du regard, les lèvres pincées de haine à la vue de l'écusson des Gryffondor. Il les regarda sortir un par un de la pièce et lorsque le dernier eut franchi le seuil de la classe, il se précipita pour fermer la porte d'un coup de baguette rapide et salvateur, avant de s'écrouler sur son bureau.
Cela faisait maintenant une semaine que Lily avait été assassiné par Voldemort. Son visage, le poids de son corps sans vie dans ses bras, l'odeur de sa peau et la douceur de ses cheveux, tous ces souvenirs, ces sensations si réelles venaient amplifier cette peine immense, sans limite. Puis la culpabilité venait finir de détruire son esprit, le corps vidé de toute envie de vivre. Épuisé par des nuits sans sommeil, Severus se demandait comment continuer de vivre en supportant une telle douleur. La peine était trop forte, sa respiration devenait de plus en plus difficile, Il déboutonna son col qui lui serrait la gorge mais se sentit perdre connaissance.
-Severus, est-ce que tout va bien ?
Les mots de soutien de Dumbledore étaient bien la dernière chose qu'il avait envie d'entendre. Le son de sa voix lui fit reprendre immédiatement ses esprits portés par une haine viscérale.
- La jeune Alice m'a expliqué ta chute, enchaîna le vieil homme en le regardant par-dessus ses lunettes en demi-lune, tu sembles à bout de force mon ami…
Albus tendit sa main pour lui saisir l'épaule mais Severus se recula brusquement en le foudroyant du regard. Son ami… ? Comment pouvait-il encore oser l'appeler son ami ? Si Lily avait perdu la vie en grande partie à cause du rapport que Severus avait fait au seigneur des ténèbres sur la prophétie, Dumbledore avait également une responsabilité énorme dans cette tragédie. Il était au courant de ce qui allait se passer, il était revenu lui expliquer que Voldemort allait s'en prendre à la famille Potter, alors pourquoi n'avait-il rien fait pour les protéger ? Pourquoi avait-il préféré ne pas le croire ?
-Ne me touchez pas Albus ! S'exclama Rogue le visage transpirant d'une haine glaciale, et ne m'appelez pas votre …ami, siffla -t-il en s'éloignant vers le tableau.
Dumbledore s'avança prudemment, Rogue était déjà assez difficile à appréhender en temps normal mais là, la situation semblait grave. Il ne pouvait pas le laisser se morfondre et pire s'en faire un ennemi. Le maître des potions sentant s'approcher de lui Albus, se retourna en le toisant d'un regard menaçant et repéra immédiatement l'étincelle dans les yeux du directeur, trahissant son intrusion mentale. Il préparait quelque chose, son regard empli de malice était une provocation de plus pour Severus.
- Inutile de sonder mon esprit, posez-moi vos questions, je ne suis pas d'humeur à cacher des choses, grogna Rogue en reboutonnant son col, défiant Dumbledore du regard.
-Tu me tiens responsable de la mort de Lily ? Ton raisonnement n'en est pas un et tes conclusions bien hâtives, répondit Albus le regard sévère.
Plus méfiant que jamais, le Directeur canalisa sa colère. Il sentit un Severus prêt à tout et il fallait la jouer fine. Même si Rogue semblait considérablement affaiblit, il restait Rogue et donc difficilement manipulable, imprévisible et dangereux.
-Tes pensées sont bien sombres, j'imagine bien ta peine et ce sentiment de culpabilité qui te ronge, enchaina Albus en tournant la tête le regard vide. Moi-même je suis passé par cette épreuve il y a longtemps, dit-il la voix légèrement tremblante et le visage fermé.
-Vous l'avez laissée mourir…vous saviez et vous n'avez rien fait ! Ragea Rogue les dents serrées. Et il faut encore que vous rameniez tout à vous et à votre histoire ! Enchaina Severus cherchant le regard du directeur.
-Tu peux m'en vouloir si cela te soulage, répondit Dumbledore en passant sa main dans sa longue barbe blanche. Tu peux me tenir responsable et crois-moi je partage ce fardeau. Un débat ne mènera nulle part et nous connaissons chacun nos responsabilités respectives dans ce drame. Mais une partie de Lily est encore parmi nous et aura besoin de toi et de ton soutien, Severus, continua Dumbledore en le fixant par-dessus ses lunettes, le regard rempli d'une compassion qui fit frissonner Rogue de dégout.
-Effectivement vous êtes responsable et il n'y aura aucun débat, répondit Severus le regard noir. Quant au fils de Lily il est également le fils de James, son sort ne m'intéresse pas, continua Rogue en se dirigeant vers la sortie d'un pas rapide et militaire.
- Le temps fera son travail Severus, tout n'est qu'une question de temps ! Lança Dumbledore, en haussant la voix, comme un encouragement, faisant grogner de colère le professeur qui venait de quitter la salle de classe.
Il ne pouvait pas avoir cette discussion avec Dumbledore, pas aujourd'hui, ni jamais d'ailleurs. La vie avait pris un tournant dramatique et inattendu, ça ne pouvait pas continuer ainsi, tout à présent lui semblait faux, comme s'il n'appartenait plus à ce monde, à cette réalité. A quoi bon argumenter ? A quoi bon expliquer, se raisonner ? La colère avait pris place à la peine et la rancœur venait faire son travail de sabotage.
Severus se laissa porter par ses jambes sans avoir de destination précise. Il devait juste s'éloigner le plus possible de ce vieux traître manipulateur mais se sentait suivi, épié. Les tableaux… il devait les éviter, les murs, pour le coup, avaient des oreilles. Plongé dans ses pensées, il ne s'arrêta que lorsque ses bottes touchèrent l'eau du Lac. Sa colère s'était transformée petit à petit en haine, perdant au passage toute notion de temps.
Il fixa le Lac sans le voir, leva les yeux au ciel sans en apprécier sa beauté, ferma les yeux pour tenter de sentir le frémissement de l'air mais sa peau n'eut aucune réaction. Il se concentra alors sur le bruit de l'eau, les clapotis contre les galets mais les sons ne faisaient que le traverser sans se matérialiser. Ses sens ne lui permettaient plus de ressentir le monde qui l'entourait, comme s'il n'était plus rien, vide et prisonnier d'une réalité dont il n'était que spectateur, et bientôt l'angoisse vint dérober le sol sous ses pieds.
Genoux à terre et les mains dans l'eau, il scruta son reflet déformé par les ondulations. Il vit l'image d'un homme aux traits rongés par la tristesse, la culpabilité et la colère. Le visage qu'il fixait lui donna des hauts le cœur, celui d'un traitre, d'un lâche et d'un meurtrier. D'un coup de poing rageur il frappa la surface de l'eau en hurlant à s'en rompre les cordes vocales, des larmes coulant le long de ses joues.
« Ce n'est qu'une question de temps Severus … » Les mots de Dumbledore résonnaient dans sa tête, alimentant sa colère qui ne cessait de croitre. Comment le temps pourrait-il changer le fait que la seule femme qu'il n'ait jamais aimée, soit morte par sa faute ? Comment le temps pourrait-il faire disparaitre cette douleur et cette culpabilité ?
Soudain ses pensées se figèrent. Les bruits disparurent et les odeurs s'estompèrent comme si l'instant était suspendu à une idée qui venait de se frayer un chemin dans son esprit. « Ce n'est qu'une question de temps… »
Si laisser le cours du temps faire son travail ne ramènerait pas Lily, changer le passé en revanche pouvait tout arranger…
Restait à trouver un moyen de repartir une semaine en arrière pour la sauver. Un retourneur de temps ne suffirait pas, au-delà de cinq heures, cela devenait dangereux pour l'utilisateur. De plus les voyages dans le temps sont extrêmement surveillés et trouver un moyen de parvenir à changer le cours de l'histoire, allait lui couter le prix fort, il le savait, mais la raison avait définitivement capitulé face au désespoir.
Les idées se bousculèrent dans sa tête, chacune cherchant à prouver qu'elle était la meilleure, comme s'il n'avait aucune maitrise de ses pensées. Durant un bref instant, le poids immense qui l'accablait disparu, cédant la place à une euphorie éphémère. Sans être réellement un déluge de propositions, une rétrospective de tous les sorts connus pouvant exercer un pouvoir sur l'espace et le temps défilait dans son esprit. Il y avait forcément un moyen de changer les choses. Il devait se concentrer, réfléchir, mettre à plats ses idées et élaborer un sort qui rendrait possible un véritable saut dans le passé. Quitte à y laisser sa vie.
Porté par l'élan d'un nouvel espoir, il remonta jusqu'au château et fonça directement dans la réserve de la bibliothèque. Si un sort permettait de pouvoir vraiment faire un bond dans le temps il serait forcément dans la section interdite.
Après s'y être enfermé pendant plus de cinq heures, Severus ressortit avec une idée aussi folle que précise sur ce qui allait pouvoir le faire repartir dans le passé. Il allait devoir combiner le transplannage, la pensine et la magie du retourneur de temps. Le plus compliqué dans ce plan serait la création d'une potion combinant la magie de la pensine et celle du retourneur de temps, transplaner étant le point final du sortilège. Un frisson lui parcouru soudain le dos, lorsque l'emplacement du réceptacle de pierre lui revient en mémoire. Comment allait-il pouvoir concocter sa potion dans le bureau du directeur ?! De retour dans ses appartements, Rogue pesta en faisant les cents pas. Dumbledore ne le laisserait jamais utiliser la pensine sans qu'il n'ait à justifier chacun de ses mouvements. Il n'aurait donc droit qu'à un seul essai, il lui fallait un plan infaillible pour éloigner le vieux magicien de ses appartements. Après plusieurs heures de réflexion intense, exténué, Severus s'écroula sur ses livres et plongea dans un sommeil profond et réparateur, rendu possible par la lueur d'espoir que lui avait donné cette idée.
A son réveil, son plan d'action était parfaitement établi, il n'avait plus qu'à s'assurer de la marche à suivre pour créer la potion et à quel moment transplaner. La fusion de la magie de la pensine et du retourneur de temps était extrêmement délicate, toute une question de dosage de timing mais surtout d'état d'esprit. Autant à la création, qu'à l'exécution de chaque étape, Severus se devait d'être dans un état d'osmose complète entre sa volonté, sa concentration et la visualisation de la destination et du moment précis d'arrivée. Il allait transplaner dans un souvenir. Le niveau de magie et de maitrise de soi nécessaire à un tel exploit semblait complétement impossible pour n'importe quel magicien, aussi doué soit-il. Mais Rogue avait quelque chose de plus : une volonté infinie, galvanisée par une peine et une culpabilité lui ayant complétement inhibé toute émotion parasite telle que la peur ou l'angoisse. L'hésitation ne faisait plus partie de l'équation.
Il circula dans les couloirs de l'école de son pas martial, et entra dans la salle de cours de potions dans un fracas qui fit sursauter tous les élèves de la classe.
-Ouvrez vos livres page trois cent quatre-vingt-deux ! Lança-t-il d'une voix forte, aujourd'hui nous allons voir comment concocter un filtre de Cocatrix, ce qui – au vue de la paralysie faciale de vos visage – me conforte dans l'idée que je me fais de l'étendue de vos connaissances, ajouta-t-il en les dévisageant.
-Qui peut me dire ce qu'est une Cocatrix ? demanda le professeur dans un râle de lassitude. Personne évidement. Enseigner à des racines de mandragore donnerait surement le même résultat …et encore leurs cris seraient surement plus supportables que la vue de vos visages. Je crois qu'aujourd'hui le cours sera particulièrement ennuyeux, rajouta-t-il le visage fermé.
Il se dirigea vers le tableau et tapota trois fois du bout de sa baguette sur sa surface et un immense dragon a tête de coq apparu.
-Une Cocatix donc, dit-il en parcourant la salle du regard. Vous allez chercher par groupe de deux dans la bibliothèque derrière moi, tout ce qui se rapporte de près ou de loin à cet animal légendaire et vous me ferez un compte rendu écrit de minimum trente lignes sur ses capacités magiques, continua Rogue en se dirigeant vers la sortie de la classe.
-Je dois m'absenter quelques minutes mais je ne serais pas loin. Si jamais j'entends autre chose que des pages se tourner ou des plumes gratter les parchemins, je ne chercherais pas à savoir à qui la faute et la classe entière en subira les conséquences, leur lança Rogue la voix sévère en se retournant et en les toisant d'un regard noir, et au vu de mon humeur aujourd'hui je vous déconseille de tenter votre chance. Ajouta-t-il d'une voix menaçante avant de claquer la porte.
Une fois dans le couloir il se dirigea vers le bureau du directeur d'un pas rapide, sa longue cape noire se balançant frénétiquement derrière lui. Dumbledore se trouvait avec le professeur McGonagall pour un petit moment, suite à une requête anonyme lui demandant expressément de la rejoindre ce matin-là.
Il arriva devant la gargouille et prononça le mot de passe pour accéder au bureau de Dumbledore : « Fondant du chaudron ». Cette dernière pivota sur elle-même pour laisser apparaitre l'escalier en colimaçon menant aux appartements du Directeur. Rogue se précipita vers le réceptacle de pierre tout en se saisissant de son retourneur de temps. Il brandi sa baguette, posa l'extrémité sur sa tempe et d'un geste lent extirpa un voile argenté de sa tête. Il fixa quelques seconde les ondulations brumeuses et les voiles de souvenirs circulant et caressant la surface du liquide bleu cobalt de la pensine. Dans un état de concentration total, il ne remarqua pas l'agitation derrière lui. Tous les tableaux s'exclamaient et braillaient dans une cacophonie sourde aux oreilles de Rogue.
Il se saisi du retourneur de temps, brisa le petit sablier et rempli une petite fiole de cristal de son contenu en y mélangeant un peu du liquide de la pensine. Il plongea ensuite l'extrémité de sa baguette dans le réceptacle en pierre et un souvenir commença à se former à la surface. Des ombres tout d'abord puis progressivement le visage de Lily se dessina, sans vie. Rogue senti sa gorge se serrer et une décharge partant du ventre venir lui bloquer la respiration dans une douleur terrible. Devoir revivre ce moment- le pire de sa vie- lui était insoutenable mais il n'avait pas d'autre option. Il but le contenu de la petite fiole, puis il prit une grande respiration avant de laisser tomber son visage dans le liquide.
Au moment où il allait toucher la surface, une larme perla le long de sa joue et tomba dans la pensine. Un immense flash de lumière illumina tout le bureau, puis dans un silence total, Rogue disparu.
Une douce chaleur vient lui caresser la peau. Au loin lui parvenaient des rires d'adolescents et une odeur d'herbe fraiche lui chatouilla les narines. Il lui fallut plusieurs secondes avant de pouvoir ouvrir les yeux, la lumière extérieure lui brulant la rétine. Prit de vertiges, il tituba jusqu'à un arbre et s'agrippa à ce dernier. Il scruta les environs pour tenter de comprendre où il avait bien pu atterrir et très vite une autre question lui vint à l'esprit, lui glaçant le sang. A quelle époque se trouvait-il ? Il entendit alors une voix qu'il connaissait bien.
-Qui veut me voir déshabiller Servilus ? Dit la voix derrière lui.
- James ? S'exclama Rogue en se retournant d'un bond.
Il surveilla de loin la scène qu'il avait vécu quinze années auparavant, les lèvres pincées de haine en voyant ce prétentieux de James Potter jouer avec lui. Ce dernier pointait sa baguette sur un jeune et frêle Serverus suspendu la tête en bas, ses cheveux noir et gras tombant sur son visage au teint cireux, agitant ses bras en marmonnant des obscénités.
-Arrête ! cria une voix provenant d'un groupe à proximité, laisse le tranquille James ! Il ne t'a rien fait, laisse le tranquille je te dis ! Insista une jeune fille qui s'approcha à vive allure de James.
Le cœur de rogue se serra à la vue des longues boucles rousses et du visage angélique de la jeune Lily Evans, il senti cette chaleur incroyable l'envelopper, cet amour immense qu'il avait appris à canaliser venait de ressurgir de toute sa force. Ses jambes ne le tenaient plus. Toujours appuyé contre l'arbre, il tenta de saisir sa baguette dans la poche de sa robe, mais elle lui échappa des mains, ses gestes rendu confus par ce sentiment de vulnérabilité terrifiant qui suivait la puissante euphorie de l'instant.
Il devait se ressaisir vite, il connaissait la suite mais pourquoi avait-il atterri ici , à ce moment-précis de sa vie ? La réponse lui vint très rapidement en se remémorant la suite. Quelques minutes plus tard il allait s'en prendre à James et Sirius et une nouvelle fois se faire sauver la mise par Lily. Dans un excès d'orgueil mal placé, il allait l'insulter de « sale sang de bourbe » et rompre à jamais les liens d'amitié qui les liaient. Sa courte marge de manœuvre ne l'aiderait pas mais il devait empêcher cette situation de se passer coute que coute et changer l'histoire. Si James et Lily ne mettaient pas au monde l'enfant de la prophétie alors elle peut-être ne perdrait-elle pas la vie ?
Perdu dans ses pensées, Rogue ne se rendit pas compte que le jeune Serverus venait de passer devant lui, prêt à se venger de l'humiliation que venait de lui faire subir James. Sans réfléchir, toujours appuyé contre l'arbre et incapable de reprendre ses forces, il pointa sa baguette sur son jeune double téméraire et d'un mouvement rapide de la main l'attira vers lui et le saisi par le col.
-QU'EST-CE QUE ?! ….Commença à crier le jeune Severus avant de se figer, le regard plongé dans celui du professeur Rogue .
-Tu as compris qui j'étais n'est-ce -pas ? Lui dit-il en esquissant un léger sourire, ça ne m'étonne pas de moi, ajouta-t-il fièrement.
Son jeune double le dévisagea de longues secondes, bizarrement, il n'était pas surpris mais plutôt curieux et admiratif.
-Comment avez-vous...comment est-ce-que j'ai … ?
- Je n'ai, ni le temps, ni l'envie de t'expliquer, le coupa Rogue le visage grave et le regard noir, j'ai besoin que tu comprennes l'importance de ce que je m'apprête à te dire car cela changera nos vies. Est-ce que j'ai toute ton attention ?
D'un simple mouvement de la tête, sans dire un mot, le jeune Serverus, acquiesça laissant Rogue commencer ses explications :
-Tu t'apprêtes à te venger de James Potter et je ne peux que comprendre et saluer ton courage mais tu vas perdre. Sirius Black va venir s'en mêler et Lily va te sauver la mise une nouvelle fois. J'ai toujours été trop orgueilleux mais cette fois cela va sceller le destin de celle que tu aimes le plus au monde. En la traitant de « sale sang de bourbe » tu briseras à jamais vos liens d'amitié et elle finira sa vie avec James et mourra par ta faute.
Rogue tomba à genoux toujours appuyé contre l'arbre, ses forces le quittant plus vite qu'il ne l'avait prévu. Plus que ses forces, son corps tout entier semblait commencer à disparaitre, comme si l'histoire venait déjà de changer et que son existence même devenait obsolète.
-Je ne comprends pas ...commença le jeune Severus abasourdi par ce qu'il venait d'apprendre
-Je n'ai plus de temps, prend cette petite fiole tout y est expliqué ! Le coupa Rogue avec le peu de force qui lui restait en lui tendant une petite bouteille remplie d'un liquide argenté. Tu dois empêcher l'union de James et Lily, elle t'aime mais ne se l'ai pas encore avoué et toi tu dois trouver le courage et la confiance en toi pour lui déclarer tes sentiments. Tu peux lui sauver la vie, tu es le prince de sang-mêlé ! S'exclama le professeur en serrant le visage de son jeune double de ses deux mains.
Dans un dernier regard empli d'espoir et de confiance, arborant un large sourire Rogue disparu, laissant un jeune Severus assommé.
Les tableaux des anciens directeurs somnolaient et la douce lumière de l'aurore caressait le visage de Rogue, allongé sur le sol du bureau du directeur. Il ouvrit lentement les yeux et scruta la pièce quelques secondes sans la reconnaitre. Il se releva difficilement et s'assit sur les marche de l'escalier, faisant face au réceptacle de pierre de la pensine. L'esprit complètement embrumé, il reconnut péniblement le bureau de Dumbledore. Il essaya de se remémorer ce qu'il y faisait et pourquoi il s'était réveillé allongé sur le sol mais un mal de crâne terrible le saisi au moment où il fouilla sa mémoire. Elle semblait saturée de souvenirs, dont certains complétement contradictoires et il lui fut impossible de faire de l'ordre, ni même de comprendre ce qu'il se passait dans sa tête. Il se releva, tituba jusqu'à la porte du bureau et descendit d'un pas peu assuré, les quelques marches de l'escalier en colimaçon menant au couloir. Le premier souvenir dont il put accéder facilement fut la localisation de ses appartements. Il se dirigea donc d'un pas confient vers l'aile des Serpentards en se laissant guider par sa mémoire capricieuse. Epuisé il se laissa tombé dans son lit et tomba dans un profond sommeil.
La nuit n'eut pas vraiment l'effet escompté, sa mémoire toujours complétement embrouillée dans un méandre de souvenirs qu'il n'arrivait pas à s'approprier. Le seul souvenir précis qu'il lui restait était sa tentative de transplannage dans la pensine. Y était-il arrivé ? Pourquoi vouloir transplanner dans un souvenir ? Où avait-il pu aller ?
Toutes ces questions restaient sans réponses. Du moins les réponses restaient inaccessibles. Il décida alors d'utiliser la légilimencie sur lui, afin de les trouver. Il ferma les yeux et se concentra, respirant profondément, et canalisant au mieux le flux de ses pensées. Après plusieurs minutes d'efforts, il comprit que sa mémoire avait été profondément altérée et que ce serait probablement irréversible. Il se concentra donc sur sa présence dans le bureau de Dumbledore et son utilisation de la pensine. Dans une série de flash il put voir la mort de Lily, son saut dans le passé pour tenter de se prévenir, plus jeune, des conséquences de ses prochains actes. Il ressentit ensuite cet amour infini qu'il éprouvait pour cette Lily Evans et la douleur indescriptible de la peine accentuée par une culpabilité dévorante.
Il ouvrit les yeux et une angoisse terrible lui noua le ventre. Qu'avait-il fait ? S'il était là aujourd'hui, est-ce-que cela voulait dire qu'il avait échoué ? Il se traina jusqu'à la salle de bain, groggy par les efforts qu'il venait d'accomplir pour avoir des réponses qui le terrorisaient. Il se lava et s'habilla machinalement, toujours dans un brouillard nauséeux. Ses forces en revanche lui étaient revenues et il se dirigea vers sa salle de classe de son pas rapide. D'une humeur massacrante, le cours allait être une véritable torture, pour lui comme pour ses élèves. Il s'arrêta alors devant la porte de la classe de potions et hésita quelques secondes, les mains sur les poignets. Il était venu ici naturellement et avait le vague souvenir d'avoir enseigné la préparation de potions mais il n'était sûr de rien. Il poussa la double porte et entra sans plus réfléchir, il pourrait de toute manière improviser le moment venu. Les élèves se retournèrent tous, l'air ébahi, ils se levèrent tous ensemble.
-BONJOUR MONSIEUR LE DIRECTEUR ! Crièrent tous les élèves à l'unisson.
- Severus ! Où étais tu passé ?! S'écria une superbe femme aux longues boucles rousses en se précipitant sur lui. Tu es directeur que depuis une semaine et tu disparais toute une journée en me laissant seul avec les filles !