La lumière est la première chose que je vois quand j'ouvre les yeux, une lumière si forte qu'elle m'aveugle complètement et me force à les refermer immédiatement dans un grognement. Je veux continuer à gronder, mais un bruit à ma droite m'interpelle, et j'essaie de tourner la tête vers ce son mystérieux. Je ne comprends pas ce qu'il se dit, mais je sais que c'est quelqu'un qui parle, et je reconnaitrais cette voix entre mille …
« Katie ? » je murmure du mieux que je peux.
« Ron oh mon dieu ! » me parvient tout de suite la réponse de ma copine, ainsi qu'une multitude d'autres sons que je n'arrive pas à différencier.
Je parviens à entrouvrir mes yeux, malgré la lumière blanche et aperçois la forme de Katie penchée au-dessus de moi, ce qui me fait sourire immédiatement.
« Hey … » je murmure encore, et des tas de cris me répondent.
Apparemment, il y a d'autres personnes dans la pièce, mais ma vision est encore trop floue pour distinguer qui, et de toute façon je ne suis concentré que sur ma petite amie, qui guette la moindre de mes réactions avec attention.
« Katie … » je murmure dans un souffle.
Katie me lance un regard plein de larmes avant de se pencher pour m'embrasser – je souris tout de suite mais ma lèvre doit être coupée parcequ'elle me fait drôlement mal.
« Aie » je marmonne alors qu'elle se retire, pour le simple plaisir de ronchonner.
« Oh je suis désolée mon ange » s'excuse tout de suite Katie en passant le dos de sa main contre ma joue.
Je profite que ma vision soit complètement rétablie pour mieux la dévisager, et comme à chaque fois que mes yeux se posent sur elle, mon cœur s'emballe. Des larmes dévalent ses joues, et des grandes cernes bleues cerclent ses yeux, mais elle est magnifique, encore plus que dans mon souvenir, et je suis tellement contente qu'elle soit là avec moi, peu importe où je me trouve.
« T'es belle … » je ne peux pas m'empêcher de soupirer, alors que les joues de ma copine s'empourprent.
« Même dans son lit d'hôpital il ne peut pas s'empêcher de la draguer ! » lance une voix derrière elle, tout de suite suivi de rires et d'exclamations.
« Harry ? »
La tête de mon meilleur ami apparaît derrière celle de Katie.
« Hey Ronnie »
Ses yeux sont cerclés aussi, ses cheveux plus en pétard que jamais et j'ai la curieuse impression qu'il n'a pas dormi depuis une semaine.
« Et nous alors ? Pas de bonjour larmoyant ? » me lance une autre voix familière, alors que deux autres têtes apparaissent derrière.
Hermione a visiblement pleuré, à voir ses yeux rouges et gonflés, et malgré le sourire de ma petite sœur, je peux voir l'inquiétude qui marque son visage.
« Salut, grand frère » sourit Ginny en se penchant pour m'embrasser sur le front. Je souris, et Katie se rassoit à mes côtés, prenant ma main dans la sienne.
« Tu nous as fait une sacrée frayeur » me soupire Hermione en m'embrassant sur le front, au même endroit que sa femme, tiens.
" Où … est-ce que je suis ? " je demande.
J'ai un peu de mal à parler, ma langue est toute pâteuse et ma gorge toute sèche, comme si j'avais avalé un grand verre de sable.
" A Sainte-Mangouste, mon ange " dit Katie.
Mon crâne me fait un mal de chien, et j'ai la curieuse impression que mon épaule est enveloppée. J'essaie de pencher ma tête de l'autre côté pour voir si d'autres encore sont là, mais Hermione a anticipé mon geste.
« Ils n'autorisent pas plus de quatre visiteurs par chambres, mais ne t'inquiètes pas, beaucoup de personnes attendent dehors »
« Beaucoup ? » je demande d'une drôle de voix déraillée que je ne reconnais pas.
Katie glousse doucement avant de me répondre « Un peu, oui. Tes frères, tes parents, quelques collègues, ton stagiaire, ton patron … »
« Une vingtaine de personnes » rajoute Harry
« Pour … moi ? »
« Oui, pour toi » sourit Katie « Tu es un héros tu sais. Encore plus aujourd'hui qu'hier »
Je fronce les sourcils, pas sûr de tout comprendre.
« Un héro ? »
Katie fait une drôle de tête et tourne la tête vers Harry et les filles, comme pour chercher du soutien.
« Tu te rappelles ce qui est arrivé ? » demande calmement Harry, qui a déposé une main sur l'épaule de ma copine.
J'essaye de me concentrer, mais mon cerveau ressemble à ce drôle de fromage français tout troué que m'a fait goûter Fleur une fois et il me faut un bout de temps avant d'aller puiser dans ma mémoire ce pour quoi je me retrouve dans un lit à Sainte-Mangouste.
« Andrea … » je grogne « Où est-ce que … »
« Elle est en train de croupir dans une geôle d'Azkhaban en attendant son procès, et sous bonne sécurité ne t'inquiètes pas » enchaîne tout de suite mon meilleur ami
« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » je demande en me redressant dans mon lit
« Ça serait plutôt à toi de nous raconter » sourit légèrement Hermione « Parcequ'on a pas réuni toutes les pièces du puzzle »
« Du puzzle ? » demande-on Ginny et moi en même temps, ce qui fait rire les trois autres.
« Il nous manque des éléments pour comprendre tout ce qu'il s'est passé » traduit Harry « Il va falloir que tu nous expliques tout »
« Depuis le début » rajoute Hermione
« Bois ça avant, tu vas en avoir besoin » dit Katie en me tendant un verre d'eau.
J'avale lentement le contenu du gobelet – ma gorge me semble encore en feu même après – et je commence lentement à leur raconter tout ce que j'ai découvert. Je parle longtemps de l'affaire Bevans et de ce qui reliait Andrea et Grace, et seuls Harry et Hermione m'interrompent de temps en temps pour poser une question, mais Ginny et Katie n'ont pas l'air de tout comprendre - ce qui n'est pas très étonnant en soit - et ma copine resserre fortement ma main quand j'en arrive au récit de ma capture dans l'espèce de cave de mon ancienne collègue, et ce qu'elle m'y a fait subir.
Quand je parle des Crucio et des coups de poignard, je vois Harry et Ginny tous les deux regarder subtilement la réaction d'Hermione, qui garde son air concentré et attentif, et ma petite sœur passe tout de même un bras protecteur autour de la taille de sa femme. Je finis vite mon récit en expliquant que je me rappelle d'une grande explosion, et que tout le reste est un grand trou noir.
« Attends » dit Ginny, en interrompant d'un coup le silence qui s'était déposé dans la pièce et alors que Katie me tendait à nouveau le verre d'eau « Si j'ai bien suivi, la mère de famille qui a été retrouvée chez elle et sur laquelle tu enquêtais faisait partie du service de délation magique avec ta collègue Andrea, qui elle cherchait à venger sa sœur, qui elle-même a été assassinée par Ombrage pendant la guerre, et pour faire ça t'a fait croire pendant des semaines que c'était un autre de tes collègues l'assassin avant de trafiquer ta cheminée pour t'envoyer chez elle et essayer de te tuer à petit feu ? »
Je cligne des yeux plusieurs fois, pour essayer de digérer ce que vient de me réciter ma petite sœur à toute vitesse, et finit par sourire.
« C'est à peu près ça, oui »
« Complètement dingue » grogne Ginny, et le coup de coude que lui lance Hermione n'est pas assez discret pour que je l'évite.
« Quoi ? » demande Ginny à voix basse à sa femme, ce qui me fait encore plus sourire, surtout quand ma meilleure amie se met à rouler les yeux plus fort que jamais. Alors que les deux Granger sont visiblement en train d'avoir un débat à travers le regard -que Ginny est visiblement en train de perdre - Katie se retourne vers Harry et lui pose une question que je me pose depuis que je me suis rappelé la manière dont j'étais arrivé ici.
« Ça n'explique pas comment toi et Hermione avez réussi à faire le lien entre Andrea et toute cette affaire horrible, et comment vous avez retrouvé Ron ? »
« Toute une histoire aussi » sourit Harry « Là où on a surtout eu de la chance, c'est que le match de Ginny s'est fini plus tôt que prévu et - »
« Tu l'as gagné ? » j'interromps tout de suite en direction de ma sœur, qui n'a toujours pas fini de se faire engueuler silencieusement. Ginny est ravie de la distraction – Hermione beaucoup moins à entendre le petit « cette famille et le quidditch, je te jure » qu'elle jure à l'intention d'Harry, mais ma sœur n'en prend pas compte et se rapproche tout de suite de mon lit en sursautant gaiement.
« Bien sûr ! » sourit-elle de toutes ses dents « 240 à 50. Geri a attrapé le vif au bout de même pas deux heures »
« Génial » je souris aussi.
Je veux poser d'autres questions sur le match, mais je peux lire dans les yeux d'Hermione que ce n'est pas trop le moment, et me racle un peu la gorge avant de demander à un Harry goguenard de poursuivre.
« Bref, après avoir reçu ton patronus au stade, on pensait te retrouver au Terrier, mais tu n'y es jamais arrivé. Hermione a pensé à aller vérifier chez toi, et tu n'y étais pas non plus »
« On allait partir pour ton bureau » enchaîne Hermione « Et puis pile quand Harry venait de mettre un pied dans la cheminée, Canon a commencé à aboyer comme un dingue, et à courir dans tous les sens »
« Canon ? » je m'étonne
« Et oui » sourit Harry « On a jamais trop su si il voulait nous prévenir d'un quelquonque danger, ou qu'il voulait juste qu'on lui donne quelque chose à manger, mais en essayant de le calmer, il nous a échappé et a foncé droit vers ta chambre »
« Et c'est là qu'on a découvert les dossiers de la salle des Archives sur ta table de nuit »
« Wow … tout ça grâce à Canon » je souffle
« Pour une fois qu'il se rend utile, ce gros tas de saindoux » dit Ginny en roulant des yeux
« En tous cas on a lu les feuilles que t'avais laissé, et même si on a pas vraiment tout compris, on s'est dit qu'il fallait aller vérifier chez Andrea ce qu'il s'y passait, parceque tout cela nous paraissait louche » explique Harry
« On a perdu beaucoup de temps après » dit Hermione d'une petite voix, et je la connais assez bien pour y détecter du remords « L'adresse qu'il y avait marqué sur la feuille que tu as récupéré au ministère était une fausse … Ça nous a mené dans un espèce de cul-de-sac entre deux immeubles en ruine qui ne pouvait pas être chez elle, et on a re-trasnplané chez toi en se demandant comment on allait récupérer sa vraie adresse »
« On a pensé à utiliser ton Déluminateur, mais on avait aucune idée d'où tu l'avais mis cette fois-ci » dit Harry
« Il doit être dans mon bureau » je réfléchis en me frottant le menton « Avec toutes mes autres affaires de mission … je l'utilise rarement en dehors du terrain, de nos jours »
« Bien sûr » approuve tout de suite Hermione « De toute façon ton Patronus s'était évaporé depuis longtemps et je ne sais pas si on aurait réussi à s'en servir … Toujours est-il que tu étais toujours introuvable, et que cette fausse adresse nous inquiétait sérieusement »
« Et là, Hermione a eu un éclair de génie ! » dit Harry avec fougue, et ma belle-sœur tente de cacher le rouge qui lui monte aux joues en baissant la tête.
« Ce n'était pas très difficile vraiment » se justifie-elle « Tous les hiboux et les chouettes, en plus de leur utilisation du champ magnétique terrestre, ont une mémoire olfactive qui leur permettent de se repérer, et d'arriver à bonne destination, même si ils ne sont jamais allés dans le lieu où on les envoie avant. Il suffisait d'envoyer une lettre en l'adressant à Andrea, et de le suivre »
« Je ne sais vraiment pas comment on y est pas pensé avant … » dit Harry
« Parceque t'es pas un génie, toi » se moque Ginny, et Harry ne se préoccupe même pas de la grossière interruption de ma sœur pour continuer
« On est retourné au Terrier chercher Archimède, et on a vite écrit trois mots sur un papier pour lui dire d'aller le porter chez Andrea. J'ai pris Hermione sur mon balai et sous la cape, et on l'a suivi à travers la ville dans plein d'endroits miteux avant d'arriver devant sa vraie maison, qui était bien plus en périphérie de la ville que ce qu'on pensait. Peut-être qu'elle avait vraiment pensé qu'on ne la retrouverait jamais ici, parcequ'elle n'avait placé aucun Fidelius sur sa maison, ou sorts de protection … »
« Elle a pêché par orgueil » dit Hermione en haussant des épaules « Elle était tellement préoccupée par toi et ce qu'elle voulait te faire subir qu'elle ne nous a même pas entendu entrer dans la maison, et savoir où vous étiez n'a pas pris beaucoup de temps. Il y avait tellement de bruit au sous-sol qu'on s'est précipité en bas »
« Je pense que l'elfe de maison a eu peur et a essayé de s'enfuir quand on a fait voler la porte de la cave » continue Harry « Elle paraissait un peu paumée et a lancé des sorts dans tous les sens. On s'en est sortis sans appeler de renforts, mais tout juste. Oh, elle s'est pas rendue facilement, c'est sûr, mais elle aurait pu nous faire bien plus de dégâts »
« Quand on a enfin réussi à la maîtriser, on a tout de suite foncé vers toi, mais tu étais déjà inconscient. L'ambulance est venue vite heureusement … » dit Hermione dans un souffle
« Plus de peur que de mal en soit ! » je ris joyeusement, mais personne ne me suit et un drôle de silence tombe dans la salle. « Pourquoi vous faites ces têtes d'enterrement ? On dirait que j'ai failli mourir ! »
Hermione et Harry se jettent un regard, Ginny grimace et pose sa tête sur l'épaule de sa femme, et Katie resserre ma main. Ils se concertent tous silencieusement pour savoir qui va parler, et c'est Hermione qui se décide, après que les trois autres lui jettent des regards désespérés.
« Tu … tu es mort Ron »
« Quoi ? »
Ils me regardent tous avec des têtes désolées, et je ne comprends plus rien.
Katie reprend « Quand Harry et Hermione sont arrivés, tu respirais à peine. Quand les médicomages sont arrivés, tu … tu n'avais plus de pouls. Ils ont réussi à te faire revenir mais pendant l'espace de deux minutes … tu étais mort »
« Mais … je … » je bégaie.
Je ne sais plus ce que je veux dire, alors je ferme la bouche et me contente de serrer la main de ma copine dans la mienne. Des larmes dévalent ses joues, et je sens monter en moi une boule de colère contre Andrea, pas pour ce qu'elle m'a fait à moi mais ce qu'elle a imposé à ma famille. Ginny devine sûrement ce que je pense et se détache d'Hermione pour aller s'asseoir de l'autre côté de mon lit et poser sa tête contre la mienne.
« T'es là avec nous maintenant, c'est ce qui compte » me dit-elle « Et elle est à Azkaban et va y rester un bout de temps. »
« Combien de temps elle va prendre ? » je demande d'une petite voix
« Elle risque l'emprisonnement à vie » répond Harry « C'est Robards qui va représenter ton parti au Magenmagot, et c'est ce qu'il va requérir, il t'en parlera lui-même »
« Et Britty ? Son elfe ? » je demande
« Elle doit va avoir son procès aussi, mais elle sera jugée innocente, je te le promets » rebondit tout de suite Hermione « Je ferai tout pour »
« J'en suis sûr » je souris « Dobby serait fier »
« On va pouvoir ressortir les badges de la SPEW » enchaîne tout de suite Harry, qui va taper sa main dans la mienne alors que Katie et Ginny ricanent discrètement et Hermione roule des yeux.
« Moquez-vous » gronde elle « Cette elfe a été utilisé pour maquiller des preuves de crime pendant des années, ça ne va vraiment pas être facile de la défendre … »
« Je suis sûr que t'y arriveras très bien, mon cœur » répond tout de suite Ginny d'un ton mielleux, alors qu'Harry en face d'elle tire la langue et fait mine de vomir « Je t'ai vu, Potter ! »
Je rigole doucement face à la tête de faux innocent que prend tout de suite Harry, une main sur le cœur et les sourcils les plus relevés possibles. Dire que je ne pensais pas pouvoir revivre des moments comme ça avec mes meilleurs amis un jour il y a encore quelques heures … Harry et Ginny continuent à se chamailler sous le regard attendri d'Hermione, et la main de Katie se glisse dans mes cheveux, sans doute pour recoiffer le nid qui s'y est formé pendant mon sommeil forcé.
Pour la première fois depuis longtemps, je me sens bien, en paix.
Peut-être que c'est cette tranquillité sereine qu'il me faut au final, et non pas l'adrénaline violente que donne le Bureau des Aurors. Je voudrai profiter du moment, l'étirer le plus possible dans le temps, mais il y a encore quelque chose que je n'ai pas dit à Harry et Hermione, et qui les concerne du premier abord.
« Et c'est pas tout … » je lance, et tout le monde arrête ce qu'il fait pour se tourner vers moi « Andrea était le corbeau »
Un tas de questions fusent suite à ma révélation.
« C'est pas vrai ! »
« C'est pas possible ! »
« Le quoi ? »
« Un corbeau ? »
Ginny et Katie froncent les sourcils dans un mouvement coordonné, et quand elles remarquent qu'elles sont les seules à ne pas comprendre de quoi je parle, se retournent toutes les deux vers leurs conjoints respectifs – Hermione et moi – pour nous jeter des regards d'incompréhension extrême.
« Qu'est-ce que c'est que cette histoire de corbeau ? » me demande Katie.
Hermione me lance un regard de détresse que je lui renvoie, ni moi ni elle n'ayons envie d'avouer à nos moitiés que l'on a reçu plusieurs lettres de menace anonymes sans leur dire, et c'est Harry, tout héros qu'il est, qui se dévoue pour leur raconter une version drôlement édulcorée de la vérité.
Autant dire que le récit ne leur plait pas, mais alors pas du tout, surtout à Ginny, qui fulmine positivement dans un coin, et je peux voir qu'Hermione est dans un sacré pétrin pour se faire pardonner tout à l'heure de ne pas l'avoir tenu au courant.
Katie, elle, parait plus inquiète qu'énervée, mais c'est peut-être aussi dû au fait que je suis dans un lit d'hôpital, et qu'on n'engueule pas un homme à terre.
« C'est fini maintenant, on aura plus à s'en soucier » je lance à ma petite sœur, dans l'espoir de la calmer un peu
« Vous auriez quand même pu nous le dire » gronde Ginny « Comme d'habitude, vous préférez pour sacrifier pour le bien de l'univers plutôt que de partager ce qu'il se passe avec quelqu'un d'autre que le trio d'or ! »
« On voulait juste vous protéger » dit Hermione d'une petite voix désolée, en se rapprochant prudemment de sa femme. Ginny essaye de faire semblant de rester fâchée, avec ses bras croisés et sa moue boudeuse, mais Hermione l'embrasse sur la joue et lui murmure des trucs à l'oreille que je n'ai pas envie d'entendre, et qui la font sourire peu à peu.
« Ces deux-là ne peuvent pas rester plus de trois minutes fâchées l'une contre l'autre, c'est écœurant » sourit Harry en s'asseyant à l'extrémité de mon lit « Tu te rappelles la fois où Hermione était soi-disant énervée contre Ginny mais lui a quand même écrit tout son essai d'Histoire de la Magie, parceque la pauvre n'y serait jamais arrivée toute seule ? »
« Hey ! » disent en même temps Ginny et Hermione
« Ou la fois où Gin faisait la gueule, mais a fait quand même toutes les boutiques du Chemin de Traverse pour trouver la plume et le parchemin parfait pour écrire une lettre d'excuse parfaite »
« J'ai jamais fait ça ! » proteste Ginny avec véhémence, mais le rouge qui lui monte aux joues la trahit, et tout le monde rigole de son infortune.
On reste ainsi tous les cinq à discuter un bon moment, à rire et à se rappeler plein de bons souvenirs, jusqu'à ce qu'Hermione suggère qu'elle, Ginny et Harry laissent la place à d'autres qui attendent dehors depuis un bon moment de savoir si je suis réveillé, et qu'il saurait peut-être temps de les rassurer.
Harry est le premier à se rapprocher de mon lit pour me serrer dans ses bras, et me glisse à l'oreille qu'il est quand même bien content de m'avoir récupéré en un seul morceau. Je resserre son épaule, mais ne me moque pas de lui cette fois-ci – je suis bien content d'être là aussi et de pouvoir parler avec mon meilleur ami. Hermione vient à son tour, et après m'avoir embrassé, se relève et me mets une claque contre l'épaule, ce qui m'étonne drôlement.
« Aie ! » je lance « Pourquoi ? »
« Ron, je t'adore, mais ne nous refais jamais ça ! »
« Drôle de manière de montrer ton amour » je grogne en me frottant le bras, alors que Ginny se penche à mon tour vers moi pour m'embrasser aussi, et décoiffer d'un coup de main mes cheveux, que Katie a pris soin de peigner avant.
« Roh, qu'est-ce que tu voudrais comme preuve en plus ? » rit ma petite sœur « Qu'on dresse une statue à ton effigie dans notre salon ? »
« Non, mais vous pourriez me promettre qu'un de vos enfants portera mon nom, par exemple ? »
« Ronald ? Jamais de la vie, c'est beaucoup trop laid » répond tout de suite Ginny du tac-au-tac « Ton deuxième prénom, peut-être … qu'est-ce que t'en penses chérie ? »
« J'aime bien Bilius, je retiens … » sourit Hermione en ouvrant la porte de me chambre.
Elle m'envoie un petit clin d'œil et sort de la chambre, suivit de près par Harry qui proteste que James est bien plus beau que Harry comme prénom, et Ginny qui suit le mouvement en rigolant à pleine voix. Je reste seul avec Katie, et repose lourdement ma tête contre l'oreiller en soupirant.
« Comment tu te sens, mon chéri ? » demande-elle doucement
« Honnêtement ? Je ne sais pas … » je plonge mes yeux dans les siens, et lorsque je vois son petit hochement de tête d'encouragement, je poursuis plus doucement « Je suis fatigué Katie, tellement fatigué … pas seulement à cause du terrain, mais à cause de tout ce qu'il y a autour »
« Tu veux la pression du métier ? »
« Oui … mais pas que … » je secoue la tête « Evidemment il y a le besoin de trouver les coupables le plus vite possible, de résoudre les enquêtes … mais derrière tout ça, il y a aussi les familles qui ne seront jamais reconstruites et des gamins comme Emma qui grandiront sans leurs parents, à cause d'un fou qui a décidé de leur en priver »
La main de Katie contre ma joue me pousse à continuer malgré les larmes qui menacent de déborder de mes yeux, et je sais que j'ai besoin de lui parler, j'ai trop gardé de choses pour moi pendant trop longtemps.
" Je ne sais pas si j'aurai la force de me replonger dans les affaires quand je sortirai d'ici. Après ce qui s'est passé je … je ne crois pas que je veux continuer. Je n'y arriverai pas "
« Oh, Ron … »
Elle se rapproche de moi, et je plonge ma tête dans son cou, y respirant l'odeur familière de son parfum. Plus que n'importe quel discours futile, elle sait que j'ai besoin de sa présence pour me rassurer et me calmer, et presse doucement ses lèvres contre le sommet de mon crâne, sans rien rajouter. Je sais qu'il ne me reste que quelques moments avant que la grosse cavalerie de mes autres frères et mes parents n'arrive, mais je profite du plus possible de ce moment.
Peut-être que je me suis trompé depuis toutes ces années, au final. Peut-être qu'être Auror n'est pas ce qui est fait pour moi.
Les bras de la femme que j'aime s'encerclent autour de moi, et je sais que j'y suis en sécurité, dans le confort douillet de son amour. Et c'est la seule sécurité dont j'ai besoin en ce moment.