Réponses aux reviews : Merci !

C'est un plaisir de vous retrouver à mon retour, un plaisir de lire vos reviews ! Guest, Nom-aléatoire (Sérieux, j'adore ton pseudo), Nomie, Yoshirifi, Lou, Isabella-57, tout le monde. Merci à vous, de me suivre, de lire, d'être géniaux.

Je bats des records, soit je ne publie rien pendant un an, soit je publie plus vite que mon ombre ! Ah ! Voilà le chapitre 26, tout beau, tout propre, et je n'ai pas eu le temps de corriger en profondeur (ou juste eu la flemme – se sauve, loin, loin, très loin).

Bonne lecture !


Tuer donne le plein pouvoir. Il brise le conditionnement, il transforme votre essence. Celui qui tue change son paradigme. Il se libère de ses chaînes. La mort pour la renaissance, le cycle du ninja. Un cycle, parce qu'il tue, encore et encore, des corps tombent, mais rien ne change. Alors, il recommence.


Pour pallier les crampes, Sakura changea de position, et entoura ses genoux de ses bras. En temps normal, rester immobile ne lui posait aucun problème, mais c'était avant de choisir comme perchoir (et de pseudo-lit) un amas de caisses en bois. Cela dit, l'endroit s'était révélé être un parfait lieu d'observation la nuit. En plein milieu du camp, ses oreilles attrapaient chaque son égaré, aussi minuscule soit-il. De toute façon, elle n'avait rien d'autre à faire, puisque de l'avis de l'ANBU, moins elle saurait, mieux ce serait.

« Joli tatouage. »

Elle baissa les yeux vers le sol.

« Yûgao ? Je pensais que vous aviez quitté l'ANBU. » *

La femme aux cheveux mauves haussa les épaules, énigmatique. « Vous savez ce que c'est. Avec toutes ces morts, le travail se libère. La section est en plein recrutement, » Elle marqua une pause le temps de la rejoindre sur la plus haute caisse, et s'accroupit derrière elle. « Et je dois dire que leurs choix sont plutôt…intéressants. »

Sakura effleura le faux tatouage qui lui couvrait le biceps. Elles s'étaient rencontrées deux ans auparavant. A l'époque, Sakura enquêtait déjà sur Itachi, et ses recherches l'avaient conduite au QG de l'ANBU. Leurs membres n'avaient rien voulu entendre, mais Yûgao… Eh bien, elle s'apprêtait à démissionner. La discrétion.

« J'ai toujours cru que les ANBU avaient la fâcheuse tendance à garder leurs opinions pour eux. »

« Venez donc nous rendre visite un jour, cela pourrait allégrement altérer votre vision. Vous y apprendrez bien des choses. »

Sakura émit un petit rire. « J'ai eu mon lot d'aventure en ce qui concerne les groupes fermés, mais j'y penserais, merci. »

« Votre mission d'infiltration a été classée comme étant un succès. Vous feriez un bon élément, Sakura. ».

Sakura lui jeta un regard moqueur à travers son masque. Pendant un an, elle avait lutté pour que Tsunade fasse restreindre les possibilités d'actions des équipes déployées en mission après que l'une d'elles ait failli déraper, elle était alors médecin remplaçant. Face à son acharnement, la hiérarchie ANBU était intervenue, et elle n'avait plus jamais été sollicitée pour une de leurs missions. « Combien vous ont-ils payés pour me dire ça ? »

« D'après vous, combien vaux le cadavre de votre ami ? » Demanda la femme de façon neutre.

« Il n'a pas de prix. »

Yûgao resta silencieuse un moment, observant le ciel obscur d'où tombait une fine pluie. « Vous avez changé en grandissant. Je le sais, on m'a assignée à votre sécurité lors de votre période probatoire. »

Sakura se félicita d'avoir un masque pour masquer sa gêne. Elle n'avait jamais vraiment réfléchi à ce que l'équipe ANBU avait pu découvrir d'elle lors de leur surveillance. « Je ne faisais pas attention. A ce moment-là, j'étais un peu perdue. »

En fait, elle ne se souvenait pas de grand-chose des premiers jours. La mort d'Itachi puis les informations accumulées l'avaient comme anesthésiée du reste, elle n'avait été que colère et rumination.

« Vous disiez suivre le chemin que vous montrait votre cœur. » Lui rappela Yûgao.

« Il ne m'a pas mené bien loin. » Murmura-t-elle en repensant aux mots qu'elle avait à cette époque employés pour lui parler de Sasuke, ses sentiments lui paraissaient confus maintenant. Elle se moquait parfaitement de l'avis des gens, ce qu'elle ressentait pour Itachi ne regardait qu'elle. « Comment c'était cette fois ? » S'enquit-elle quand même. Malgré tout, elle avait toujours été d'un grand secours à la section lorsqu'il s'agissait de sauver leurs membres blessés, même s'il fallait parfois qu'elle se lève en pleine nuit pour traverser tout le village, et signe une clause de confidentialité.

« Je vous mentirais si je disais que vous n'avez pas perdu l'estime de beaucoup d'entre nous. Nous étions nombreux, cette nuit-là, à sortir les cadavres du Quartier Uchiha. Certaines missions sont plus pénibles que d'autres. »

« Je ne leur dois rien. » Sakura tourna la tête vers la femme. « Et vous, Yûgao ? Croyez-vous toujours en moi ? Vous qui réclamiez justice après la mort de votre bien-aimé malgré les dires de vos frères d'armes. Ai-je perdu votre estime aussi ?

Yûgao plongea ses yeux noisette dans les siens, voilés par une ancienne tristesse. « Votre vie vous appartient, Sakura, mais si cela peut alléger votre fardeau, alors je prierai pour vous. » Elle reporta son attention sur la nuit, comme perdue dans ses pensées. « Après votre jugement, j'ai repensé à ce que vous m'avez dit, et je me suis souvenue du petit garçon que j'avais amené à l'unité d'urgence. Son regard. » Elle secoua la tête. « Personne ne devrait avoir à faire ça, même pour le plus grand bien. »

Sakura accusa le coup. « C'est vous qui avez trouvé Sasuke cette nuit-là ? Pourquoi ne me l'avez-vous pas dit ? »

« Ce n'était qu'un détail, je vous considérais encore comme une enfant, et si je vous l'avais dit, vous auriez dès lors posé des questions auxquelles je n'aurai pu répondre. »

« Pourquoi ? »

« Pour les mêmes raisons qui ont poussé nos supérieurs à étouffer cette affaire. »

Sakura fronça les sourcils, perplexe. « Voulez-vous dire qu'ils se doutaient alors qu'il y avait…autre chose qui se cachait là-dessous ? » Elle avait hésité, n'étant pas sûre des informations dont disposait l'ANBU aujourd'hui.

« Non, mais pour ceux qui l'ont connu, Uchiha Itachi était à la solde de Shimura Danzô, alors qu'il n'était pas recensé comme étant de la Racine. Nos deux branches ont toujours été en désaccord, et déjà à ce moment-là, il était considéré comme un traître. Sa corruption et cette nuit n'ont fait que renforcer cette idée. »

« Personne n'a douté ? »

« Bien sûr que si, ses équipiers, mais ce qu'il a laissé derrière lui a empêché tout déni. »

« Je crois savoir que vous-même faisiez partie de ses équipiers, Yûgao. » Rétorqua Sakura en se souvenant du dossier jauni qu'elle avait laissé au Mont Myoboku. « Vous l'avez connu. »

« Je sais ce que vous désirez entendre, Sakura, mais c'est non. Je n'ai jamais eu confiance en Uchiha, ni avant, ni maintenant. Il était trop mystérieux, trop sûr de lui. A l'ANBU, on nous apprend à contrôler notre orgueil sans pour autant devenir modeste. Si l'on tombe pour l'un ou pour l'autre, on devient soit inutile, soit dangereux. »

« C'est drôle, c'est le genre de chose qu'il me dirait. »

« Alors considérez qu'il n'a pas totalement perdu la raison. »

« Il a fait beaucoup pour moi. Je ne permettrai pas qu'on attente à sa vie, Yûgao. » Lui dit doucement Sakura, révélant toutefois une certaine menace voilée.

La femme se releva en soupirant. « Votre compassion est un don, Sakura, je vous l'assure, mais s'il vous plaît, ne tombez pas dans la complaisance. Si vous l'idéalisez trop, vous lui pardonneriez alors sa propre arrogance, son propre aveuglement, et vous vous désintéressez par-là même du sort de ses victimes, jusqu'à peut-être vous perdre vous-même. »

Sakura baissa la tête, trouvant du réconfort dans l'observation de ses mains. Elle n'avait pas totalement tort, elle avait même mis exactement l'accent sur le problème.

Yûgao posa une main réconfortante sur son épaule, avant de partir. « Je vous ai toujours appréciée, Sakura. J'ai même voulu vous parler avant votre départ précipité du village. Vous êtes une femme intelligente. Ne tombez pas pour le mauvais homme si vous savez que ça vous détruira. Certaines portes ne méritent pas qu'on les ouvre, non pas par fierté, mais tout simplement parce qu'elles ne mènent nulle part. »


Ils n'eurent pas besoin de s'annoncer. La barrière sensorielle avait été placée sur un périmètre conséquent, et les deux hommes firent mine d'ignorer les arcs qu'ils savaient braqués sur eux depuis le camp. A quelques mètres, Saï hocha sèchement la tête vers un point invisible, et eut à peine le temps d'apercevoir l'ombre de la sentinelle qu'elle disparût. Quand ils franchirent la ligne, il s'arrêta net. Il baissa calmement les yeux sur le bras qui lui barrait la route, appartenant à une tierce personne à sa droite, puis jeta un œil à l'Uchiha dont la main était prête à broyer le poignet de la seconde sentinelle. Celle-ci gronda, et tenta de se dégager.

Saï vit du coin de l'œil l'ANBU levait lentement le bras pour attraper son katana, mais un sifflement dans l'air accompagné d'un kunaï subitement planté à ses pieds stoppa son mouvement. L'autre, en revanche tira derechef sur son bras, mais Itachi resserra sa prise, la faisant gémir. Ce fut l'arrivée d'un autre ANBU qui « détendit » l'atmosphère.

« Laissez-les passer, ou allez au camp Sud, ce n'est pas l'action qui manque là-bas. » Itachi posa son regard sur l'arrivante – une femme d'après sa voix, encore une. Il renifla d'un air mauvais en relâchant l'autre.

« Fils de– » Siffla la sentinelle tandis que son coéquipier la retenait.

« Désolée pour ça. » Dit l'ANBU après leur départ. « Nous sommes restreints en nombre, et il faut bien donner quelque chose à faire aux recrus. »

Ils la suivirent jusqu'au fond du camp, jusqu'à une tente d'où l'on pouvait entendre une multitude de voix, la femme ouvrit un pan pour les laisser entrer, et refermant derrière eux. Saï balaya la pièce du regard, il y avait six hommes debout autour d'une simple table en bois sur laquelle se trouvait une carte qui avait connu des jours meilleurs. Ils avaient tous retirés leur masque, mais il était aisé de deviner qu'ils avaient affaire aux Commandants ANBU respectifs des villages. L'ambiance semblait tendue, si bien que leur arrivée passa inaperçue. Silencieux, Itachi et Saï patientèrent en assistant à la séance.

« Avez-vous une idée de ce que cela signifie ?! Des milliers de personnes condamnées à affronter leurs propres frères, leurs camarades ! » Ikari, de l'ANBU d'Iwa, abattit son poing sur la table pour accompagner ses mots.

« Nous sommes tous conscients des enjeux. Votre colère est justifiée, mais nous avons besoin d'être calme pour raisonner. S'emporter ne résoudra rien. »

« Tout le monde n'a pas la passivité exemplaire des ninjas de Konoha. » Grinça-t-il en direction du Général de la section spéciale.

Celui-ci ignora sa remarque, inclina son visage vers son second. « Capitaine ? »

« La Racine a raison, cette fois. » répondit-il d'une voix bourrue en désignant l'homme face à lui, Kido. « Une telle entreprise peut s'avérer dangereuse, mais en allant au de-là de l'aspect psychologique, il faut des ninjas capables de réagir de la bonne façon. Si ce sont des proches, alors leurs techniques ne leur seront pas inconnus. »

« Et si ce n'est pas la bonne façon ? Ce sont justement leurs sentiments qui seront mis à l'épreuve, il n'y a aucune garantie qu'ils agissent selon vos dires. Ce sont les nôtres qui sont les plus qualifiés pour affronter ce genre d'ennemis ! Nos ninjas sont entraînés à ces situations ! »

« Oh, nous savons parfaitement comment vous les entraînez, merci ! Si vous croyez que… »

« Ça suffit. Reformez la cohésion. »

« Balivernes ! Ce type a le cul entre deux chaises ! »

« Parle, chien. Ton pays lèche les bottes d'Akatsuki depuis des lustres. »

« J'ai dit ça suffit. » Répéta le Général en tapotant la carte. « Notre objectif est de renforcer les défenses pour éviter tout épanchement. Les divisions principales ont été déployées stratégiquement pour d'éventuelles frappes de soutien. Toutes nos forces sont concentrées à la frontière. Deux de nos bataillons sont en route pour escorter les civils évacués, et une autre se prépare pour Yuga. Kido, vous dîtes que vos hommes sont entraînés à prendre des décisions drastiques si la situation l'exige, j'ai besoin d'une unité postée sur la plage au Nord en tant que tête de pont, est-ce que cela vous conviendrait ? »

Kido bondit sur ses pieds, soudain furieux. « A la frontière du Son ? Pourquoi diable voulez-vous envoyez mes hommes là-bas ? C'est à l'opposé du front ! Vous ne pensez tout de même pas... »

« Qu'il y ait un risque de débordement ? Nous attendons toujours le rapport de l'unité d'espionnage. Jusqu'à ce que Kabuto soit localisé, nous devons nous attendre à ce que l'ennemi renforce sa position. »

Saï intercepta un regard courroucé de la part de Kido, son ancien partenaire quand il faisait partie de la Racine. Il fronça les sourcils, enregistrant ces nouvelles informations. Effectivement, maintenant que la Guerre était déclarée, l'intervention des pays frontaliers était à prévoir. D'après le Général, l'unique solution réaliste consistait à la faire avorter par une attaque surprise afin de l'enrayer avant sa manifestation.

Cependant, il semblait y avoir conflit entre ceux qui voulaient concentrer toutes les forces sur l'offensive principale, soit Kido et Ikari, et ceux qui savaient qu'il faudrait se protéger d'une menace potentielle qui les prendrait de court. Pour régler la question, un vote fut lancé. Saï se demanda s'il devait participer, mais la passivité d'Itachi l'en dissuada. Ils n'étaient pas décisionnaires.

La prudence fut finalement décidée par la majorité, consciente de l'idée que cette attaque, en soi stratégique, serait peut-être inutile, mais non moins nécessaire ; et même, après le vote, Kido continua à soutenir que cette décision était une erreur et que concentrer leurs forces ailleurs qu'au front était une perte considérable.

« Ne sous-estimez pas ces petits villages, ils sont bien plus aptes à participer au conflit dès le moment où ils ont la crainte d'être détruits. Ame a déjà signé un traité, mais aucun autre ne serait prêt à accepter un embargo. »

« Et une négociation ? »

« Inutile d'envisager la diplomatie, je doute qu'elle ait l'effet escompté et nous n'aurons qu'un laps court de temps pour des résultats décisifs, et soyons honnêtes, ce ne serait qu'un stratagème de plus. »

Kido eut un sourire narquois. « J'entendais par là une…requête auprès du daimyô. Je suis prêt à placer mon équipe autour d'Oto pour mater les décisionnaires. Si vous voulez éviter un réel débordement, immobilisez le village sans tarder, ça nous éviterait des combats et des pertes inutiles. »

« Le Général a dit pas de négociation. » Trancha le Capitaine de Kumo d'un ton froid. « Un prisonnier de guerre d'une telle importance serait une réelle complication, et une annexion n'est pas envisageable sinon déclencher une autre zone de conflit. Une pareil entreprise serait sans objet et entraînerait des difficultés extrêmes à la fois dans nos plans et dans nos ressources limitées. »

« Aller au-delà demanderait un effort considérable compte tenu de nos moyens, et cela signifierait courir le risque grave de compromettre notre position pour des avantages dont nous pouvons nous passer. » Renchérit le Général avec patience. « Je veux de la dissuasion, mais si vous y tenez tant, considérez suffisante, mais en extrême recourt, une offensive paralysante. Cela dit, vous n'aurez aucun soutien, nous n'avons pas assez d'équipes disponibles, ça sera seulement vos hommes et vous. »

« Ça ne nous facilite pas la tâche ! » Explosa Kido, conscient qu'on les larguait au loin sans leur laisser une réelle marge de manœuvre.

« Parce qu'une guerre est facile, selon vous ? » Demanda le Général en levant les yeux vers lui.

Ravalant une réplique acerbe, le Capitaine de la Racine leva les mains en signe de défaite, et annonça qu'il allait préparer son équipe. En se dirigeant vers la sortie, il offrit un nouveau regard mauvais à Saï, comme s'il le considérait responsable de la déchéance de leur section, et un autre plus mystérieux à l'Uchiha. Le silence qui accompagna son départ finit de convaincre Itachi que la Racine n'avait toujours pas la confiance des autres, même après leur cirage de pompe. Elle ne l'aurait probablement jamais, pas tant que l'homme de main de Danzô serait à sa tête.

« La moitié de la division de Mifune s'occupe déjà à sécuriser la frontière ouest, » Reprit le Général une fois Kido parti. « Tagiro nettoie la zone des marécages, et l'unité 6 attend le signal pour l'attaque aérienne. »

Dix minutes plus tard, les Capitaines d'Iwa et de Suna sortaient avec leurs nouveaux ordres d'une démarche de conquérants, se jetant des regards noirs toutes les cinq secondes, nauséeux à l'idée de travailler ensemble. Cela ne leur plaisait pas, mais la nuit dernière avait été chaotique pour l'Alliance. Il avait fallu qu'ils répudient les fondements de toute leur stratégie en élaborant rapidement un plan.

Ils devaient pour cela mettre de côté leur idée d'indépendance militaire, et coopérer avec les autres sections en adoptant un plan de guerre commun. Cela ne facilitait pas les choses que ce soit le Capitaine ANBU de Konoha qui avait été nommé Général de leur unité, considérant que ce choix était pour le seul bénéfice de leur allié, allié pour lequel ils éprouvaient tous de la méfiance depuis quelques mois.

Outre ce détail, le plus grand problème de leur section résidait dans la coordination à réaliser entre l'Edo Tensei dont les divisions ne savaient rien, et leur propre opération contre les Zetsu à l'autre bout de la zone, près de trente mille ennemis contre leurs petites unités. La seconde, majeure, était destinée à décharger les divisions le plus rapidement possible, afin de ne pas laisser isoler celles postées sur les mers, zone chaude de conflits. Avec la Racine prête à intervenir à l'Ouest, ils créaient un front côtier beaucoup plus solide.

L'attaque surprise des Zetsu avait autant d'importance que celle menée sur les plages. Ce fut aux Capitaines d'Iwa et de Suna qu'on la confiât. Sans attendre l'issue de l'opération d'embuscade, le Général en parlerait avec le Stratège Nara, ils lanceraient simultanément les deux attaques.

« Voilà. » Le bras droit du Général lui présenta un dossier de fine épaisseur, marqué par une croix rouge. « Ce sont toutes les informations transmises par le QG concernant le passif d'Edo Tensei, et des observations faites par le Tsuchikage. »

Le Général leva la tête, et parut enfin remarquer les deux hommes dans la pièce. « Fais-en une copie, et prépare un rapport pour transmission. » D'un mouvement sec de la tête, il les pria d'avancer. « Pile au bon moment, avez-vous une vue globale de la situation ? »

« Le QG nous a briefé en route. » Acquiesça Saï en retirant son masque.

« Parfait, l'aube ne va pas tarder à se lever, et la moitié de nos équipes sont encore confinées dans le camp. Les grandes décisions sont majoritairement prises sur l'instant, mais la priorité de cette nuit est d'éliminer tout danger potentiel, et de limiter l'accès de l'ennemi à d'éventuels alliés. Le Zetsu sont suffisant nombreux comme ça. »

Il se passa une main dans les cheveux. Ni Itachi, ni Saï n'avait un jour pu voir son visage. D'après les rides qui creusaient sa peau, il devait avoir une quarantaine d'années, et avait sans doute mené une existante épuisante. Sur son crâne, des mèches grises parsemaient les autres, brunes.

« Avez-vous pu en capturer un autre ? »

« Difficile à dompter, mais…oui. J'espérais votre arrivée imminente, on n'a rien pu en tirer, comme l'autre, mais je mettrai ma main à couper qu'il en a plus dans la caboche que son prédécesseur. Quoiqu'il en soit, ils ne ressentent pas la douleur, les techniques lambdas d'interrogatoire sont inutiles, et en envoyer un au QG pour une lecture d'esprit est trop dangereux. Dans certains cas, les méthodes non conventionnelles peuvent s'avérer utiles. »

Il eut un sourire ironique, et Itachi décida à ce moment-là de retirer son masque à son tour. Son visage révélé, il dévisagea le dernier homme présent dans la tente avec eux, comme s'il anticipait une mauvaise réaction. Il avait l'air jeune, des cheveux noirs hérissés de la même couleur que ses yeux bien que ces derniers soient baissés, et pas vraiment très à l'aise, mais il n'eut aucun mouvement de recul.

« Je sais que vous venez d'arriver, mais depuis que Kabuto a révélé sa carte, on nous réquisitionne des effectifs pour soutenir l'unité d'embuscade. J'ai préféré laisser Kido se charger de son équipe seul, un peu d'autonomie ne peut pas leur faire de mal, personne ne leur fait vraiment confiance. C'est dommage, ce gamin a du potentiel, s'il n'était pas aussi arrogant. » Il secoua la tête. « Le frère du Kazekage aura besoin soutien, et en vue de vos compétences, je vous envoie là-bas. Voici Kiri, je le place sous votre aile le temps de votre mission. »

L'interpellé rougit légèrement, et s'inclina plus bas que nécessaire face à eux. « J'espère faire du bon travail à vos côtés ! »

« Une unité d'embuscade ? » Murmura Itachi.

« Tout juste créée. Nous ignorons encore le potentiel de l'Edo Tensei, et combien d'ennemis nous avons à affronter, mais on peut déjà s'attendre à ce que les membres de l'Akatsuki soient concernés. »

« Ce n'est déjà pas négligeable. »

« Vos connaissances seront les bienvenues. »

D'après ce qu'il savait, Itachi leur lista les noms des derniers membres de l'organisation toujours en vie, soit Kisame qui avait déjà fait parler de lui, Sasori qui ne tarderait sûrement pas, et bien-sûr Zetsu. Il ignorait honnêtement si Konan était morte ou non, mais si Madara s'était effectivement rendu à Ame, alors il était certain qu'il ne l'aurait pas épargnée. Il était ironique qu'autant de morts agace l'Alliance, puisqu'affronter l'Akatsuki était une chose, mais affronter l'organisation alors qu'elle était sous l'Edo Tensei en était une autre.

Kakuzu et Hidan avaient déjà été tués par le jeune Nara, Nagato battu par Naruto, et Deidara par Sasuke, si ce n'était par sa propre stupidité. A condition de choisir les bonnes personnes, ils n'étaient pas invincibles. De plus, Edo Tensei leur donnait peut-être un chakra considérable et leur retirait toute sensation physique, mais leurs capacités de malaxation et de mobilité restaient les mêmes. En exploitant cette faiblesse, ils pouvaient les battre. Quant à Sasori et Kisame, le premier relevait des connaissances de Sakura, et l'autre était plutôt fort.

« C'est peu, mais nous ferons avec. Il y a également un autre problèmes majeur. Le Capitaine Yamato. Ce n'est pas un hasard si Anko et Yamato ont été les seuls à être enlevés, quand les autres ont été laissés pour morts. Ils sont tous deux rescapés des expériences d'Orochimaru, il ne fait aucun doute que Kabuto a plus derrière la tête. En tout cas, plus que quelques membres de l'Akatsuki. » Il se tut un moment, les dévisageant avec hésitation.

« Avez-vous eu connaissance de l'enquête menée par Godaime sur une affaire d'enlèvements de ninjas médecins issus des cinq grandes nations, tous retrouvés morts peu de temps après ? »

« Oui. »

« Notre coéquipière a été infiltrée pour cette raison. » Précisa Saï en lui jetant un coup d'œil.

L'homme les regarda tour à tour, pressentant leur malaise.

« En fait, j'espérais que vous auriez plus d'infos à me donner. » Avoua-t-il finalement.

Ils n'avaient rien de plus à dire, en fait. Tsunade s'était bien gardée d'en parler à qui qui ce soit, même pas à Sakura pourtant concernée. Ils savaient juste que c'étaient probablement l'œuvre de Kabuto, et que si Sakura était en vie, c'était grâce à la présence d'Itachi qui dissuadait n'importe qui.

« Je n'ai rien d'autre, mais c'est certainement lié à Sasori. »

« Lié comment ? » Insista son ancien supérieur, mais il n'obtenu aucune réponse. « Vous avez ma confiance, Itachi, je ne vous confierais pas mes hommes si- »

« Allez droit au but. » L'interrompit l'Uchiha, calme face à l'irritation de l'homme.

« Si vous y tenez. Haruno en savait plus que ce qu'elle a bien voulu livrer aux dirigeants, elle pourrait se faire arrêter pour ça. »

« Tout comme nous. » Intervint Saï.

Ils eurent droit au regard bleu perçant du Général, l'envie lui démangeait de rentrer dans leur cercle pour en savoir plus. « Kiri, allez demander au Capitaine en second d'amener le prisonnier dans la tente C8. »

« Tout de suite. » Cingla Kiri en s'inclinant rapidement, ravi de quitter la tente et ces personnalités intimidantes. Il n'était pas ANBU, bon sang.

« Godaime aimerait que cette affaire se règle rapidement, et s'ébruite le moins possible. » Lâcha le Général sur un nouveau ton, beaucoup plus formel. Adieu le léchage de bottes, remarqua Saï. « J'ai dit que nous étions toujours en attente du rapport de l'unité d'espionnage, mais c'est faux. Les informations sont arrivées cette nuit, et j'y ai laissé trois de mes équipes. Ce n'est pas seulement l'Akatsuki, mais des ninjas de toutes les nations qui ont été ramenés à la vie, de puissants ninjas. »

Il leur dressa quelques noms, de simples noms, mais qui donneraient froid dans le dos à beaucoup de personnes. La plupart semblait avoir été ramenés à la vie en raison de leurs capacités uniques, connues comme dévastatrices par le passé. C'étaient le genre de ninjas qu'un village et ses oinins devaient s'assurer qu'on les scelle, puis les fasse disparaître pour éviter toute tentative, quelle qu'elle soit. En d'autres termes, Kabuto n'aurait jamais dû obtenir ces renseignements.

« Nos Kekkai Genkai sont tous classifiés, mais vous savez pertinemment qu'une poignée de personnes ont accès à ces informations. »

En réalité, Itachi n'avait jamais réellement pris Sakura au sérieux quand il s'agissait de ce genre de choses. Pour lui, elle n'était que Sakura, sa coéquipière insolente qui se mêlait de ce qui ne la regardait pas. Il était inconcevable qu'elle puisse se révéler dangereuse pour qui que ce soit, mais il comprenait ce que le Général voulait dire. Les ninjas médecins en savaient toujours plus que n'importe qui.

« Si le premier Zetsu a dit vrai, et si Haruno est un agent dormant… »

« C'est impossible. »

« Vous aviez un œil sur elle depuis son infiltration, mais la connaissiez-vous seulement avant ? » Répliqua-t-il. « Le bordel politique au village après son expatriation n'était pas seulement dû au fait qu'elle soit proche du Jinrûchiki, ou de votre cadet. Godaime est trop laxiste en ce qui concerne son apprentie, elle lui a donné un total accès à la sécurité, aux archives, et même au budget. Son grade lui permet d'avoir une vue sur chaque dossier médical, et ses relations ont amené les clans à lui confier personnellement leurs progénitures. Pourquoi croyez-vous que Godaime ait tant tenu à passer cette infiltration sous silence ? »

« Sakura est loyal. » Protesta Saï.

« Garçon, » Soupira l'homme. « Ma femme n'est même pas foutu de me regarder en face depuis qu'elle se tape mon frère dans mon dos, alors quand on me dit qu'une gamine de dix-neuf ans a accepté une telle mission suicide, je sais où situer la loyauté. » Il soupira en se pinçant l'arête du nez. « Les ninjas-médecins ont longtemps été négligés par le passé, et beaucoup de pays sont encore dans cette optique. Nous avons eu la chance de voir naître une nouvel ère depuis l'arrivée de Godaime au pouvoir, notre section médicale est la meilleure des Cinq Nations, et je ne vous parle même pas du reste. »

Peut-être était-ce parce qu'il avait été médecin lui-même, mais Kabuto avait dès lors su quelles faiblesses étaient bonnes à exploiter. Non seulement les ninjas médecins n'étaient pas encore reconnus pour ce qu'ils étaient, mais ils étaient une cible de choix pour n'importe quel ennemi souhaitant obtenir des informations sur tout un village.

Saï remua, ayant eu la même pensée. « Vous pensez que ces…ces enlèvements étaient simplement un prétexte pour obtenir des informations sur les fichiers de chaque nation, dans le but de constituer une armée ? »

« Ça serait bien possible. En tant que ninjas de Konoha, nous avons prêté serment à notre village. Pain a rasé notre territoire, mettant notre économie au plus bas, et nous obligeant à mobiliser énormément de ressources. Votre amie est la seule survivante de cette opération, et les manigances de Danzô ne jouent pas en sa faveur. Imaginez. Si une telle accusation venait à être faite. Godaime la protégerait, les clans, et tous les autres. Il ne resterait rien, et nous serions obligés de payé un tribu. »

C'était beaucoup plus qu'une simple vengeance, c'était sadique. D'un côté, c'était Madara qui avait fait en sorte que Kabuto n'atteigne pas Sakura, et son retour au village sans que l'Uchiha ne tente rien prenait tout son sens. Même Suna avait été informé. Madara voulait que la rumeur se répande. Il s'était servi des expérimentations de Kabuto pour mener sa propre croisade, et faire perdre toute crédibilité à Konoha si une guerre venait à être déclarée. Il avait toujours eu un coup d'avance.

« Comprenez-vous, maintenant ? » Reprit le Général ANBU. « Il est vital que ces informations restent secrètes. N'impliquez personne, c'est une mission pour l'ANBU de Konoha. »

« La récolte d'informations auprès des Edo Tensei devrait permettre de remonter jusqu'à Kabuto. » Acquiesça Itachi.

« Trouvez-le, et je vous donnerai carte blanche, Capitaine. Trouvez-le, et tuez cet enfoiré. »

Itachi remit son masque.


« Combien de putain d'Uchiha allons-nous devoir affronter ? »

« Et combien de putain de fois vais-je devoir vous le répéter ? » Gronda Tsunade avec un visage terrifiant. « Itachi Uchiha n'est pas notre ennemi. »

« Mais il peut le devenir. » Intervint Mizukage qui limait tranquillement ses ongles pendant que le Raikage faisait les cent pas autour de leur table, ou plutôt de ce qu'il en restait. Si on demandait aux témoins, il aurait été difficile de nommer un véritable coupable. Disons qu'ils avaient tous les quatre pris part à la triste destruction du meuble, à défaut de s'entretuer, ce qui s'avérait être le mieux.

« Peut-être, mais seulement si on s'attaque personnellement à lui. » Répliqua Godaime, songeant à ce qu'il adviendrait de la beauté du Mizukage si elle décidait de lui retirait deux ou trois dents.

« Son frère est allié avec Madara, nous combattons Madara. Voyez-vous autre chose de plus personnel ? »

Tsunade croisa ses chevilles sous sa chaise miraculeusement restée intacte. Elle avait conscience de la position dans laquelle elle s'était mise. Jusque-là, Konoha avait toujours eu la première place sur la scène internationale, on leur avait conféré d'immenses possibilités d'action en termes d'essence relationnelle ou militaire, et ce, uniquement grâce au démantèlement progressif de l'Akatsuki au cours des dernières années. Les daimyôs avaient vite entendu Jiraya, et l'organisation était devenue la principe menace mondiale. Par ses victoires, le village de la Feuille avait vu son budget doubler en trois ans, et ce n'était seulement pas dû au fait que leur daimyô était un imbécile.

Lorsqu'elle avait participé au Sommet, Tsunade avait souligné l'évidence que Konoha soit alors décisionnaire au même titre que Kumo qui allouait ses terres pour la Guerre, si ce n'était même plus. Elle avait réussi à faire de son bras droit le stratège principal, sa conseillère avait été mise à la tête de l'unité médicale, et son capitaine de section devenait celui de tous les autres. Même leurs voies de communication passaient par ses propres ninjas. Discrètement, elle était parvenue à sécuriser leurs arrières avant de lâcher la bombe.

« Ce n'était pas un mensonge, nous pensions qu'il était mort. » Assura Tsunade quand le Raikage l'accusa d'avoir répandu une fausse rumeur uniquement dans le but d'extraire son espion de l'organisation sans que leur village ne s'inquiète des crimes qu'ils lui avaient permis de faire.

« Penser n'est pas votre fort, Hokage. » Cracha-t-il en baissant les yeux sur ses seins à moitié exposés. « Laissez une femme au pouvoir, et regardez ce qu'il se passe. »

« Ne devenez pas insultant, A. » Le menaça Mizukage avec un regard de tueuse. « Asseyez-vous, et reprenons calmement. »

« Laissons une chance à l'Hokage de s'expliquer. »

« Vous n'êtes qu'un hypocrite, Onoki. Vous avez toujours fait appel à l'Akatsuki. »

« Et le service a toujours été efficace. » S'amusa le Tsuchikage avec un sourire narquois, ce qui finit d'énerver le Kage face à eux. Les trois soupirèrent tandis qu'il recommençait à proférer des insultes à leur encontre – surtout à Tsunade – et menacer Inoichi qui n'y était pour rien, mais qui avait la charge d'informer tout le monde qu'il y avait un nouvel ennemi à traquer, et BORDEL JE SUlS LE COMMANDANT C'EST A MOI QUE VOUS OBEISSEZ !

Finalement, il finit par se calmer après l'intervention de Shikaku, pour qui il semblait avoir développer un faible (ou peut-être était-ce simplement dû au fait qu'il était certain de perdre s'il décidait de déclarer la guerre à la Feuille, ce type était un génie). D'après le Nara, en agissant ainsi, ils seraient forcés – Vous connaissez l'art de la Guerre mieux que personne, Raikage, n'est-ce-pas ? – de dévoiler prématurément une partie de leur stratégie et donc de compromettre l'effet de surprise sur lequel ils comptaient pour compenser l'infériorité relative de leurs forces face à Madara. Bien-sûr, tout ceci avait déjà été prévu d'avance, mentit le stratège avec aisance.

« Donnez l'occasion au garçon de vous prouver de sa bonne foi. » Renchérit Godaime en profitant de l'hésitation de son confrère. « La majorité des informations que nous avons obtenu sur l'Akatsuki viennent de lui. »

A semblait moins agressif, mais avait toujours un air mauvais. « Je vous ai écouté lorsque vous m'avez assuré que votre apprentie n'avait rien à voir avec l'attaque de Bee. »

« Et c'était vrai. »

« Vous êtes une championne quant il s'agit de manigances, Hokage. »

« Avez-vous pu, oui ou non, mettre Bee à l'abris lorsque vous avez reçu notre alerte, Raikage ? » S'impatienta Tsunade, mais il ne lui fournit aucune réponse. Il l'avait fait, évidemment.

« Itachi Uchiha est un ninja exceptionnel. » Lâcha Ônoki en rassemblant mentalement les informations qu'il avait eu de l'homme, celles qu'il connaissait, et celles qu'il venait d'assimiler.

« Il fera tout son possible pour combattre Madara, et protéger Naruto et Bee. N'en doutez pas. »

« Et votre fille, Tsunade ? » Demanda alors Mei d'un ton absent.

Tsunade cligna des yeux. « Je vous l'ai dit, n'attaquez pas personnellement Itachi, et il restera loyal. » Mizukage leva les yeux vers elle en stoppant sa manucure, elle étira les lèvres avec amusement, et l'Hokage comprit alors son erreur.

« Je voulais surtout savoir si Sakura – c'est bien ça ? méritait qu'on discute de son affiliation à Akatsuki. Je ne voudrais pas que Kiri soit accusé s'il y a un malentendu. » Elle soupira théâtralement en prenant une moue déçue.

« Tant pis pour les malentendus, nos ninjas se font tués. » Renifla A en consentant à s'asseoir. « Elle aurait dû être conduite ici. Nous en avions convenu ainsi. »

« Ne privons pas nos hommes des meilleurs soins à disposition, ce serait du gâchis. » Raisonna sagement Ônoki en prenant la défense de l'Hokage qu'il sentait prête à mordre.

Meï haussa les épaules, comme si ça l'indifférait. Elle n'aimait pas les conflits, et tuer l'apprentie de l'Hokage pour conquérir un homme en était un gros. « Si c'est réglé, je pars pour la cachette des vieux fous » Annonça-t-elle en se levant. Son regard s'assombrit. « Qui sait quel genre de marché seraient-ils prêts à passer s'ils étaient découverts. »

« Votre vote, Mizukage ? »

« Essayons comme l'Hokage l'a dit. » Elle balaya l'air de sa main sans se retourner, décidant que ça n'avait aucune importance.

« Foutues femmes ! » Rugit A, en minorité. « Ces Uchiha sont des monstres ! »

Meï lui sourit gentiment. « Oui, mais celui-ci est plutôt beau, vous comprenez ? »

Konoha 1, Kumo 0.


Le soleil s'était levé, annonçant la reprise des combats. Il n'y avait plus personne dans les environs, les ANBU étaient occupés à patrouiller et seuls quelques médecins allaient et venaient dans le camp, les autres étant occupés à autoriser ou non les blessés à retourner au front. Sakura en avait déjà vu quelques-uns quitter le camp, certains allaient d'abord se recueillir auprès de leurs compagnons morts, momifiés avant d'être scellés puis déplacés dans une des tentes à l'écart des autres. Elle pouvait entendre leur halètement, l'étranglement dans leur voix quand ils sanglotaient. Ça lui brisait le cœur.

« Ne prenez pas cette habitude. » Entendit-elle à son oreille. Se raidissant, Sakura se retourna brusquement, mais à son plus grand désarroi, il n'y avait pas un chat. Elle faillit avoir une crise cardiaque quand, en faisant volte-face, elle trouva un ANBU devant elle. Elle le fusilla du regard à travers son propre masque, mais l'homme ne fit qu'incliner la tête avec amusement.

« Quelle habitude ? » Maugréa-t-elle.

« Vous vous apitoyez. Ne le faîtes plus. »

C'était qui, celui-là ? De tous les Black Ops qu'elle avait rencontré, il avait le masque le plus comique avec un bec d'oiseau et une flamme rouge sur la tempe gauche, même son tatouage était différent. Ses cheveux longs mi-brun mi-argenté étaient noués sur le côté gauche, deux mèches encadrait son masque.

« Comment pouvez-vous dire que je m'apitoie ? » Se moqua Sakura.

« Je le vois. Comme je vois que vous n'êtes pas véritablement ANBU. » Précisa l'homme de sa voix grave en désignant son tatouage noir.

« Ce n'est pas compliqué de deviner mon Henge. » Marmonna-t-elle. « Vous m'observez ? »

« Je le fais. »

« Pourquoi ? »

« Parce que je le peux. »

Sakura aperçut ses yeux à travers les deux fentes de son masque, d'un vert plus foncé que les siens. Ils étaient juste écarquillés, presqu'à la manière de Yamato quand il décidait d'effrayer Naruto.

« Vous êtes flippant. »

« Mes excuses. » Répondit-il aussitôt sans changer de ton, ce qui la fit rire.

« C'est bien la première fois qu'un ANBU s'excuse de me surveiller. »

« Je ne vous surveille pas. Je vous observe. »

Elle haussa un sourcil moqueur. « Y-a-t-il une différence ? »

« Toujours. »

Intriguée, Sakura s'appuya sur sa jambe gauche et croisa les bras avec une posture qu'elle voulait nonchalante. Pas question de montrer qu'elle était déstabilisée. Dans le camp, tous les membres de la section la prenaient haut, ils l'ignoraient ou la regardaient comme si elle était un insecte répugnant quand elle tentait de leur parler. Soit, ils savaient tous qui elle était, et dans ce cas sa réputation était définitivement fichue, soit ils tenaient à garder leur secte bien fermée.

« Pourquoi êtes-vous là ? Tous les autres m'ignorent depuis mon arrivée, ils font comme si je n'existais pas. »

« Personne ne vous ignore, Madame. »

Elle eut un genre de soubresaut, suivi d'un léger rougissement. On l'appelait rarement Madame, avec l'ANBU, c'était toujours Haruno, Médic, voir Fille. Mademoiselle était utilisée par certains patients, et les marchands. Il n'y avait que Shikamaru qui l'appelait souvent Femme, mais Madame sonnait plus mature, plus respectueux.

« Nous avons des ordres. » Poursuivit l'ANBU. « Nous n'avons pas le droit de nous montrer distraits. »

« Ne vous distrais-je pas en ce moment-même dans votre travail ? »

L'ANBU pencha à nouveau sa tête, et elle entendit son rire étouffé. « Même nous avons des pauses parfois. »

Il était agréable, plus enclin à la conversation que les autres. C'était sympa de parler à quelqu'un, décida Sakura en acquiesçant. Peut-être pourrait-il l'informer de la situation au front, et dans les autres camps si elle poussait un peu.

« De quel village venez-vous ? » Demanda Sakura alors qu'un ninja sortait de la tente mortuaire en se frottant les yeux. Il s'arrêta en les voyant, s'inclina respectueusement et reprit son chemin avec le regard le plus triste du monde.

« Un village, hein ? En ces temps, nous n'avons pas de village. »

« Je suis de Konoha. » Affirma Sakura avec fierté.

L'ANBU sembla la fixer pendant quelques secondes avant de poser son menton contre son poing, le bras soutenu par l'autre. « Vous l'êtes ? »

« Pas vous ? »

« Peut-être. »

« Vous vous moquez de moi. »

« Un peu. »

Il n'était pas hostile, il n'avait pas l'air d'être une menace non plus, ce qui – en soi, n'était pas une information. En fait, Sakura se demanda ce qu'il cherchait à tirer de cette conversation loufoque qui ne menait à rien, bien qu'elle l'amusât un peu.

« Y-a-t-il quelque chose ? » S'enquit Sakura avec un ton plus froid qu'elle ne l'aurait voulu. « Pourquoi me parlez-vous ? »

« Mes excuses. » Il répéta. « Je vous dérange. »

« Ce n'est pas ce que j'ai dit. »

« Je sais. Vous m'avez demandé pourquoi je vous parlais. »

« Allez-vous répondre ? »

L'ANBU resta silencieux un moment, comme s'il réfléchissait, puis laissa retomber ses bras. « Je vous observe. » Dit-il en acquiesçant, et Sakura résista à l'envie de s'arracher les cheveux. C'était paradoxal, mais c'était un fait. Lorsque les gens cachent quelque chose, cela donne forcément envie de le voir.

Elle allait répliquer lorsqu'elle entendit un cri provenant du camp. Automatiquement, les sens à l'affût, elle tendit l'oreille en dirigeant son regard vers sa provenance. Il y eut une sorte de remue-ménage dans une des tentes, le bruit d'une bagarre, et des jurons étouffés. Après quelques secondes, elle comprit qu'il ne s'agissait que d'un patient désorienté, et elle reconnut la voix de Shizune qui ordonnait à l'équipe de le remettre au lit, et de l'attacher. En soupirant, Sakura revint à elle, et se figea. Elle regard autour d'elle avec stupéfaction.

L'ANBU n'était plus là.


Sakura posa la question à Yûgao quand la femme vint déjeuner avec elle. Yûgao parut intriguée par la description que Sakura lui fit, car cela ne lui disait rien. D'après elle, les membres de la section étaient tous mélangés, et ils ne se connaissaient pas tous. La seule chose qui pouvait réellement les différencier était leur tenue, tous ayant décidé de porter un masque pour rendre moins évidentes leurs origines. Sakura tenta de se souvenir de celle de l'homme, un peu différente de la sienne, mais néanmoins proche.

« Alors ce n'était pas un ANBU, mais un Racine. » Répondit simplement Yûgao.

« Un Racine ? » Répéta faiblement Sakura, désarçonnée.

Le nom simple lui glaçait le sang. Elle souvenait du frisson sur son échine quand elle avait fait face à Danzô. Cet homme était donc de sa garde ? Je vous observe lui avait-il dit. Sur le moment, elle avait pensé qu'elle l'avait simplement intrigué par son comportement, mais si c'était un Racine, ne voulait-il plutôt pas lui faire passer un message ? Sakura baissa les yeux sur ses baguettes qui tremblaient de colère dans sa main. Une menace ? Dire qu'elle l'avait trouvé sympa.


« Pensez-vous que nous devons informer Sakura de ce dernier développement ? » Demanda Saï quand ils eurent quitté le camp, s'engageant à travers une forêt épaisse. Il jeta un bref regard au ninja médecin qui les accompagnait, mais Kiri n'avait pas l'air d'écouter leur conversation, trop occupé à observer son environnement.

« Ce n'est pas nécessaire. Nous n'avons aucune inquiétude à avoir. » Prétendit Itachi, mais Saï nota qu'il avait sauté plus haut que nécessaire. Il hocha la tête, lui non plus n'appréciait pas qu'on joue avec sa camarade comme on jouerait avec un ludion, lui offrant la première place avant de la redescendre. Si elle l'apprenait, Sakura atteindrait un paroxysme de colère, et de honte.

De son côté, Itachi restait dubitatif. D'après le Général, il ne connaissait peut-être pas assez Sakura pour donner un avis personnel. Cette réalité le perturbait un peu. Durant ces mois, il avait passé son temps à l'observer, la juger, il avait même sondé ses pensées. Rien ne l'avait jamais vraiment étonné venant d'elle. Il pensait en avoir suffisamment appris, mais aujourd'hui, il réalisait que finalement, il ne savait pas grand-chose. D'un côté, savait-il seulement ce qu'était vraiment connaître quelqu'un ?

D'abord, il l'avait vue effrayée à son entrée à l'Akatsuki, plus par instinct que par autre chose, puis il avait encaissé son mépris, sa haine envers lui. Il l'avait déjà vue rire à de nombreuses reprises, pour des petits choses parfois. Elle avait eu l'air heureuse à certains moments, comme à Rôkoku. Il savait reconnaître son expression quand elle réfléchissait à quelque chose qui l'ennuyait, celui quand elle était concentrée sur ce qu'elle faisait. A Konoha, il l'avait observée douter de tout le monde alors qu'elle ne faisait que douter d'elle-même finalement. Il l'avait vue pleurer chaque nuit quand elle était certaine que son amie dormait, et ne lui poserait pas de questions.

Il l'avait regardée se mettre en colère quand elle pensait avoir perdu son travail, la seule chose qui lui permettait de rester saine d'esprit, et qui lui faisait du bien. Il avait constaté sa détresse quand elle avait bu en pensant se donner du courage, mais lui faisait surtout perdre pied. Il avait assisté à sa lutte pour conserver son sang-froid durant l'attaque de Pein alors qu'elle savait ses proches morts, mais d'autres avaient besoin d'elle. Il avait vu dès le début la compassion qu'elle avait Kina, l'instinct maternel qu'elle avait probablement développé auprès de ses coéquipiers orphelins.

Il avait conscience de sa douleur quand on évoquait Sasuke, dans un premier temps parce qu'il lui manquait, et dans un second parce que ses actions lui faisaient du mal de sa fébrilité après qu'elle ait déversé sa rage sur Zetsu avant de s'effondrer dans ses bras, se calmant progressivement à mesure qu'il caressait distraitement ses reins avec son pouce. Enfin, il n'avait aucun doute quant à la terreur qu'elle avait de ne pas connaître son identité, uniquement parce qu'elle préférait mourir que faire du mal à se amis. C'était un fait, il savait toujours ce qu'elle ressentait.

Quant à ses goûts, il savait qu'elle était indifférente aux sucreries, elle pouvait passer toute une vie sans que ça ne la dérangerait pas, sauf s'il s'agissait d'anmitsu dont elle raffolait, mais elle retirait toujours les morceaux d'ananas avant de manger. Elle n'aimait pas spécialement les fruits de mer, plus à cause d'une ancienne manifestation cutanée que par leur goût. Elle n'avait aucune préférence en matière de boissons chaudes, bien qu'elle ait un penchant pour le thé, et quand c'était le cas, elle l'accompagnait de deux sucres. Elle buvait rarement d'alcool, sauf quand elle avait envie d'oublier sa souffrance, et généralement, ça se finissait mal pour elle.

Il savait qu'elle appréciait particulièrement cette saison de l'année, d'abord parce qu'elle y était associée, mais aussi parce qu'elle avait un attrait pour le Hanami, mais elle semblait aimer l'été et ses festivités de la même façon. Il avait noté qu'elle était moins du matin que lui, mais elle n'avait aucun problème à se lever tôt. Cependant, elle préférait nettement voyager de nuit, car dormir le jour diminuait sensiblement ses cauchemars. Elle n'aimait pas la pluie, mais appréciait le prétichor. Il ne fallait pas qu'il fasse trop chaud ou trop froid, entre les deux était bien pour elle. Passer des jours dehors ne la dérangeait pas, mais elle n'émettait pas d'objection au confort d'une auberge, surtout si celle-ci préférait les baignoires aux douches. Cela dit, elle n'était pas difficile.

Alors, peut-être ne la connaissait-il pas aussi bien que ses proches, mais son instinct ne lui mentait pas, cette femme n'avait rien d'une criminelle. Si elle avait commis un acte répressible avant leur rencontre, ce n'était sûrement pas de son plein gré. Seulement, à leur époque et dans leur monde, les choses n'étaient pas aussi simples, et ce détail n'avait aucune importance aux yeux des dirigeants.

« Comment était-elle au village ? »

Saï mit un instant avant de saisir de quoi il retournait. « Vous voulez dire…est-ce qu'elle m'a semblé différente ? » Il y réfléchit en même temps, passant ses souvenirs au peigne fin. « Non, pas spécialement. Sakura a toujours été une bonne personne, je pense que quelqu'un l'aurait immédiatement remarqué, si elle s'était mise à agir différemment. »

Il savait par expérience que Sakura avait beaucoup de relations dans le village. Lorsqu'il venait la chercher après son quart de travail, ils traversaient souvent la place du marché. Elle connaissait le nom de chaque marchand, et celui de pratiquement chaque civil de son secteur, et celui d'Ino. Même les divisions spéciales la connaissaient personnellement. Itachi soupira. La section d'interrogatoire et de torture. Il n'y avait vraiment qu'elle pour se lier d'amitié avec leurs ninjas.

« Cela dit, Mocheté travaille toujours jusqu'à épuisement. Elle semble n'aimer rien d'autre. Si j'en crois les autres, il peut se passer des jours sans qu'on ne la voie. »

« Je vois. »

« Ce n'était pas vraiment votre question, n'est-ce pas ? » Saï sentit sa langue meurtrie s'engourdir, une douleur psychogène qu'avait laissé la disparition de son sceau. Itachi le regarda simplement, presque comme s'il ne s'attendait pas à une réponse. « Je ne suis plus tenu au silence. Le juinjutsu a cessé de fonctionner à la mort de Danzô. » Avoua Saï. « Je suis en quelques sortes libre. »

Tout en disant ça, Saï savait qu'il n'en était pas sûr. Il n'avait jamais connu autre chose que la Racine. Pour lui, la liberté était une notion ambigüe.

« J'ai rencontré Naruto et Sakura lorsque Danzô m'a chargé de porter un message à Orochimaru dans le but de créer une alliance contre le village. J'ai fait la connaissance de Sasuke par la même occasion. Personne n'ignorait mon affiliation à la Racine. Naruto était le seul à s'en moquer, mais il a toujours eu l'air…un peu idiot. Kakashi et Sakura étaient plus réservés, ils n'étaient jamais mentionnés dans mes rapports. Danzô n'a demandé des informations sur elle qu'après votre rencontre avec nos membres à Kusa. »

« De quel type ? »

« Des données de base. » Répondit Saï en haussant les épaules. « Qui elle était, qui étaient ses parents, ce qu'elle faisait de son temps libre, ses relations, ses compétences… »

« Ce qu'elle savait sur les Uchiha. »

Saï acquiesça en jetant un nouveau coup d'œil à Kiri derrière, totalement sous contrôle. « Seulement si elle vous avait déjà mentionné auparavant. »

« L'a-t-elle fait ? »

« J'ai noté une véritable obsession chez Mocheté pour vous, Capitaine. » Dit Saï comme si c'était normal. Pour l'avoir parfois suivi avec curiosité pour la connaître d'avantage, elle se rendait régulièrement aux archives de l'ANBU, et la bibliothèque et s'enfermait ensuite dans son laboratoire, ou dans l'appartement qu'occupait Sasuke. Elle avait même fait un stage avec Ibiki. « Je suis d'ailleurs étonné, j'aurais juré qu'elle vous aurait égorgé en pleine nuit. J'ai lu quelque part que le sexe était mieux qu'un assassinat, je suppose que Mocheté y a trouvé son compte. » Conclut-t-il calmement.

Itachi faillit louper une branche. Se renfrognant plutôt, il serra les dents, conscient que beaucoup trop de personnes les croyaient impliqués dans quelque chose de…Eh bien, de condamnable. Nul doute qu'une telle insinuation aurait pu atteindre les oreilles de Danzo, ce qui expliquerait peut-être pourquoi il ait tant cherché à la faire disparaître. Saï lui confirma que son escorte à Kumo n'aurait été qu'un stratagème pour qu'un membre de la Racine l'assassine en route, ainsi que l'équipe pour faire croire à une coïncidence.

« Je me répète, le vouvoiement n'est pas nécessaire. » Dit ensuite Itachi.

« Vous êtes mon Capitaine. »

« Mais pas indéfiniment. »

Saï acquiesça, avant de sourire. « Qui aurait cru que Mocheté, de toutes les personnes, soit capable de déclencher une guerre. »

« Un tel surnom. »

« Oh ? J'ai lu quelque part qu'il fallait en donner aux gens pour être plus proche d'eux. J'admets que Mocheté n'a jamais semblé apprécié que je l'appelle Mocheté. » Admit Saï, songeur. « J'ai essayé Dindon, mais elle s'est montrée plutôt violente à mon sens. Mocheté m'a paru raisonnable. »

Itachi parvint à contenir son rire avec difficulté.


Sakura choisit de ne pas demander d'explication lorsque, après avoir reçu confirmation qu'Itachi avait également obtenu l'immunité, Inoichi lui dit, très gêné, que c'était parce qu'il était beau. Chassant cette information grotesque de son cortex auditif, elle lui demanda gaiement de remercier les Kage, et assura qu'elle ferait du bon travail au camp médical. Inoichi la rassura en disant qu'il n'en doutait pas, omettant de préciser que ce n'était pas le cas de A qui hurlait dans ses oreilles que coucher avec les Uchiha ne la sauverait pas au grand damne de l'Hokage qui se tapait le front contre le mur.

« Dîtes à Shishou que je pense à elle. » Poursuivit mentalement Sakura qui, heureusement, n'en avait pas conscience. « Et que je ne lui ferais pas défaut. »

« Je lui dirai, Sakura. S'il te plaît, prends soin de toi. Inoichi, terminé. »

Retrouvant son aplomb, Sakura se laissa glisser au sol en s'époussetant les mains. Elle avait observé les ANBU durant des jours sans qu'aucun n'accepte qu'elle participe aux activités qui, en elles-mêmes, n'étaient pas si intéressantes. Le but étant de faire quelque chose plutôt que de fusionner avec le bois des caisses. Bonne nouvelle ou non, le QG faisait transférer l'un des prisonniers Zetsu du camp ANBU jusqu'au leur pour une autopsie. Elle assisterait Shizune durant la procédure, ce qui l'enchantait. Rien de tel que de zigouiller une autre de ces pourritures pour égayer sa journée.

« Je suis à vous dans une minute. » Marmonna Shizune quand elle entra dans la tente.

Sakura l'observa connecter l'appareil de séquence génétique qui leur servirait durant l'autopsie. Elle regarda autour d'elle, ne trouvant qu'une table recouverte d'un linge, et une rangée d'appareils médicaux soigneusement alignés dessus. « Que voulez-vous ? » Reprit Shizune sans se retourner, visiblement concentrée.

« Je cherche le corps de Madara Uchiha pour scellement. »

Shizune se retourna, et un sourire fendit son visage. Elle posa les mains sur ses hanches en balayant la tente du regard. « Eh bien, eh bien, il doit être quelque part. »

Sakura se mit à rire. « On devrait pouvoir s'arranger pour que ça se passe comme ça. »

« Tu es en avance. » Reprit Shizune après une accolade. « Le corps n'arrive que ce soir. »

« Pourquoi mettre autant de temps ? On en a pour des heures, nous aussi. »

« Je crois savoir qu'ils attendent le départ d'un convoi de marchandises en provenance d'Ame. S'en charger eux-mêmes rendrait évident le fait qu'il se passe quelque chose. Le convoi va mettre le cap au Nord, puis à la frontière jusqu'à ici. »

« Ce n'est pas comme ça qu'on brouille les pistes. J'imagine qu'ils veulent juste tendre un piège. » raisonna Sakura avec logique. Ame, hein ? Konan, merci. « Tu as des nouvelles des autres camps ? »

« Je sais que la Quatrième Division a pris possession des plages Nord ce matin, » Répondit Shizune en hochant la tête quand Sakura brandit le poing en lâchant un Yeah ! « Mais nous avons perdu tout le territoire s'étendant des plaines rocheuses jusqu'à la côte Sud. »

« Quoi ? Quand ? » S'épouvanta Sakura, la Guerre venait tout juste de débuter qu'ils avaient perdus pratiquement le tiers du territoire ? « Et les camps d'arrêt ? »

« Nous sommes le cinquième encore debout. » Shizune secoua la tête pour avoir les idées claires. « Il y a quelque chose avec ces créatures. Elles sont différentes de celles qu'on a ramassées durant le Sommet. Plus fortes. »

« Shizune, je- »

Avant qu'elle n'ait eu le temps de lui parler de Zetsu, et des questions qui la tracassaient, la tente s'ouvrit sur un médecin, arrivé au pas de courses. Il s'inclina plus bas que son souffle ne le lui permettait. « Mademoiselle Katô, les réfugiés viennent d'arriver. »

Shizune se tourna vers Sakura. « Il va y avoir beaucoup de travail ici, est-ce que tu penses que tu peux te rendre utile en attendant le convoi ? »

« Oui, oui bien sûr. » Accepta immédiatement Sakura, plus que reconnaissante.

Dehors, le camp grouillait de vie là où, quelques minutes plus tôt, il n'y avait pas un chat. De nouvelles tentes étaient déjà prêtes à être installées sur le peu de mètres qu'ils étaient autorisés à occupés. Il y avait de tout âge, des familles entières les femmes s'accrochaient à leurs hommes tandis que les ANBU tentaient avec peine de les mettre en file. C'était un bourdonnement assourdissant, un assortiment de voix et de pleurs d'enfants.

Des civils, comprit tristement Sakura en suivant Shizune à la trace. On les avait probablement évacués des villages mineurs avant que la Guerre ne les atteigne si ce n'était pas déjà fait.

« Reste tranquille. »

« Je veux ma maman… »

« C'est impossible, petite. » Lui dit froidement un ANBU au masque de chat. « Retourne t'asseoir avec les autres. »

« Je veux ma maman ! »

« Bon sang, ces enfants sont morts de faim. » Lui fit remarquer Shizune qui constatait l'état des gamins, leur visage sali et leurs vêtements terreux, tous assis au sol et s'agitant comme des petits vers. Leurs minuscules yeux effrayés regardaient partout, et les masques des ANBU apparus pour maintenir l'ordre empirait la crise. « Ils sont sur les routes depuis des jours, s'il vous plaît, laissez-les au moins reprendre des forces. »

« Il n'y aucune exception. On les vérifie d'abord, pas question de faire entrer la vermine dans le camp. »

« Ce sont des civils, un type sensoriel suffirait à les identifier. Aucun ninja n'est capable de retransformer son chakra en un stade aussi basique ! »

« Aucune exception. »

Pendant que Shizune se disputait avec l'ANBU qui n'en était pas un, Sakura en profita s'agenouiller devant la fillette. Elle était la plus jeune, et ne devait pas avoir plus de cinq ans, ses long cheveux blonds étaient tout emmêlés autour de son minois qu'elle cachait derrière une espèce d'ourson-zombie qui avait sans doute connu la Guerre.

« Salut. Comment tu t'appelles ? » Tenta amicalement Sakura, mais la fillette ne répondit pas, préférant marmonner contre la peluche qu'elle voulait voir sa mère. Toutefois, ses yeux parcouraient son visage, et Sakura se rendit compte qu'elle portait toujours son masque aux motifs ovales. Elle n'avait pas le droit de le retirer, Shikaku le lui avait interdit. Personne ne devait apercevoir son visage, personne ne devait savoir qu'elle était ici. Elle commettrait une erreur en agissant ainsi. Regardant la foule derrière elle, sa gorge se serra.

« Où est mon mari ? Où est-il ? »

« Ma femme, est-ce qu'elle va bien ? E-elle est brune, avec une tunique grise, vous l'avez vue ? Elle est arrivée avant moi… »

« Reculez, Monsieur. »

« Shizune ! On a besoin d'une paire de mains par ici ! »

« Ma sœur, Kaneko, elle est enceinte... »

« Une tunique grise, s'il vous plaît, ma femme… »

« Bordel, mais reculez ! »

Dégoûtée, Sakura reporta son attention sur la fillette, et lui frictionna gentiment les bras. « Tu retrouveras bientôt ta maman, ne t'inquiètes pas. »

« Hé. » La releva le Racine en lui saisissant le coude, et en la relevant de force. « Vous êtes sourde ? Ne les approchez pas tant qu'ils n'ont pas été vérifiés ! »

« Ne me touchez pas ! » Cracha Sakura en se dégageant.

« Sinon quoi ? » Son ton moqueur s'évapora quand il remarqua son Henge. « Attendez, qui êtes-vous ? De quel section dépendez-vous ? »

Il la détailla des pieds jusqu'à la tête, et avança d'un pas malveillant.

« Allez au diable ! » S'exclama Sakura avec rage. « Touchez-moi encore une fois, et je vous jure que je vous– » Elle se figea en sentant une paire de mains se poser sur ses épaules nues.

« C'est bon, Hinoe. » Dit une voix aux inflexions sophistiquées qui lui était familière. « Elle est sous ma responsabilité. »

« … » Hinoe remua sous son masque de chat. « Bien, Capitaine. »

En temps normal, Sakura aurait fait ce qu'elle savait faire le mieux, c'est-à-dire se donner en spectacle. Entre Akatsuki et Itachi, elle avait appris au moins une vérité absolue – assez rare, ces temps-ci ; si on laissait à quelqu'un la possibilité de nous malmener, il s'en saisirait justement pour nous malmener. Néanmoins.

« Ta vérité absolue perd de son sens, si tu l'annules. » L'interrompra alors Itachi durant son récit. « Ni absolue. Ni relative. »

« Je croyais que ce qui n'était pas absolu était effectivement relatif. »

« Ce n'est qu'une première option. » Et son regard lui indiqua qu'elle n'avait plutôt pas intérêt à demander quelle était la seconde.

Il fallait toujours qu'il se chamaille. Alors, Néanmoins, (injuste était de constater que lorsque c'était Itachi qui définissait les choses, il s'accordait toujours une belle marge de manœuvre ) certaines situations nécessitaient à la place du bon sens, et de l'empirisme. Ce genre de situation en autres. Elle était entourée de deux assassins personnels de Danzô, alors question de « bon sens » devenait plutôt question de « survie ». Elle analysa, et évalua ses chances, puis choisit la solution qu'elle jugeait la plus rentable en le laissant l'entraîner à l'écart.

Il utilisa le déplacement instantané, comme pour lui éviter la honte d'être trainée dans tout le camp devant une foule de gens curieux. Ça ne pouvait pas être pire que d'avoir été découverte par la Racine, de toute manière. Une fois loin d'Hinoe et de son regard qu'elle sentait inquisiteur, Sakura repoussa les mains qui la guidaient comme on le ferait avec un panier de courses, et fit volte-face en enfonçant son index dans la protection thoracique de son grand et svelte « sauveur ».

« De quoi je me mêle ?! »

Ils avaient atterri entre deux tentes, et l'air semblait plus respirable ici, loin du cirque qu'était devenu l'entrée du camp. Bec-d'oiseau repoussa son index en tapant dessus comme s'il chassait une mouche. « On dit merci. »

« Merci ? Mais d'où vous sortez, vous ? » S'étonna Sakura en regardant de haut en bas le Racine. « Et où étiez-vous passé ? »

« Des choses à faire. » Répondit-il en haussant les épaules. « La solitude ? »

« Certainement pas ! » Pour qui se prenait-il, celui-là ? « Je n'aime pas qu'on me fasse faux bond en pleine discussion, c'est tout. »

« C'est ce que nous faisions ? Nous…discutions ? »

Levant les yeux au ciel – il n'y avait aucun moyen qu'un Racine flirte avec elle, ou même avec qui que ce soit – Sakura s'impatienta, et agita l'index à nouveau. « Finis les manigances ! » Susurra-t-elle victorieusement en même temps qu'il attrapait son doigt pour le ramener contre sa paume avec un Rangez ça, femme. « Qu'est-ce que la Racine me veut ?! »

« La Racine ? » Répéta l'homme en la relâchant, mi- étonné, mi- amusé. « Vous, vous savez vous passer de préambule. »

« Ne vous foutez pas de moi ! » S'énerva Sakura, elle avait bien l'intention de lui extorquer la vérité. Il ne lui faisait pas peur, après avoir vu la tête immonde de Danzô en personne, ses sbires étaient de la rigolade à côté. « J'ai demandé à Yûgao qui vous étiez, et votre tenue lui a immédiatement fait penser à votre saleté de secte ! »

Il inclina sa tête une fois de plus, un éclair de lucidité traversa ses yeux beaucoup trop ronds, puis il se mit soudain à rire. Sakura le regarda faire avec stupeur, mal à l'aise. C'était le Racine le plus bizarre qu'elle n'ait jamais vu. Bon, certes, à part Saï et les deux gigolos à Kusa, elle n'en avait jamais rencontré mais dans son esprit, ils ne ressemblaient sérieusement pas à ça. D'après Kakashi et Itachi, ils étaient un peu comme l'ANBU, mais définitivement plus sadiques. Celui-là était probablement le clown de la bande. Cela dit, elle s'était fait la même réflexion à propos de Tobi.

« Mes excuses. » Articula-t-il après s'être calmé, achevant de faire croire à Sakura qu'il avait sûrement reçu un coup sur la tête.

Elle renifla inélégamment. « Acceptées, à condition que vous me dîtes pourquoi vous me suivez. »

« Je ne vous suis pas, Madame. »

« Vous m'observez, c'est ça ? » Ironisa Sakura en tapant du pied quand il acquiesça. Elle se doutait qu'il faisait ça uniquement pour la mettre en rogne, mais il ne pouvait pas atteindre le record qu'avait obtenu Itachi ces derniers mois en ce qui concernait ses nerfs. « Qui. Etes. Vous ? »

Elle patienta quelques secondes supplémentaires, envisageant toutes les solutions pour l'amener à parler, mais vit son interlocuteur reculer d'un pas puis, avec une lenteur exagérée, l'homme porta sa main à son visage. Elle comprit après une brève hésitation qu'il ne voulait juste pas qu'elle croit à un mauvais geste, et ne l'attaque. C'était vraiment bizarre.

« Il n'est pas nécessaire de retirer votre masque pour décliner votre identité. » Lui fit-elle remarquer. La première chose qu'elle vit, ce fut son menton fin, suivi de ses lèvres minces étirées en un sourire, puis son nez légèrement incliné, et ses yeux noirs plus ronds que la normale. Méfiante, elle le dévisagea en espérant trouver un détail suspect, autre que la cicatrice qui lui barrait la tempe.

« Voulez-vous que je tire la langue ? » S'enquit-il d'un ton amusé. Il la lui dévoila, rose, sans l'espèce de brûlure sur les bords qu'elle savait que le sceau avait laissé sur celle de Saï. S'empourprant, Sakura lui fit signe que c'était bon, et il camoufla à nouveau son visage.

« D'accord, j'ai vu votre visage, et après ? Si vous n'êtes pas de la Racine, alors qui êtes-vous ? »

« Et vous ? »

« Vous savez très bien qui je suis. Ne me faites pas perdre mon temps. »

En fait, il était plutôt beau garçon, enfin, si on aimait le genre flippant. Il n'était pas très vieux, l'âge de Kakashi probablement. L'autre l'avait appelé Capitaine, et depuis le traître Itachi, personne n'avait l'autorisation d'obtenir ce grade avant la majorité. D'ailleurs, elle ne se souvenait pas d'un tel visage, et c'était pourtant elle qui s'occupait des bilans médicaux des capitaines ANBU.

« Towa. »

« Towa ? » Répéta Sakura. « C'est votre nom ? »**

Il acquiesça.

« Eh bien, on avance. Alors, Towa, que me voulez-vous, et pourquoi m'observez-vous ? »

« Cela vous dérange-t-il, que je vous observe, Sakura ? »

« Je ne vous ai pas autorisé à m'appeler par mon prénom. » Se braqua Sakura d'un ton menaçant. Si quelqu'un l'entendait…

Nouvel acquiescement « C'est de bonne guerre. »

Ne pouvant trouver la situation plus ridicule, elle ne put s'empêcher de pouffer. « Vous êtes culotté, quand même. »

Il ne dit rien, mais pointa du doigt quelque chose derrière elle. Uniquement parce qu'elle était et resterait stupide, Sakura laissa sa curiosité l'emporter sur sa raison – on ne tournait jamais le dos à un inconnu, et se retourna. Une personne les observait depuis le toit d'une tente, une femme, une ANBU. « Qui est-ce ? Est-ce que ce sont bien des senbons dans ses cheveux ? »

« Komachi. Ma partenaire. »

« Votre…vous êtes vraiment ANBU. » Comprit Sakura en le regardant à nouveau.

« On dirait que vous êtes déçue. »

« Avouez que vous êtes plutôt hors-norme pour un de leurs membres. »

« Le genre élitiste ? »

« Absolument pas. Généralement, les ANBU font ce qu'ils ont à faire sans demander leur reste. Ils ne s'embarrassent pas de telles inepties. »

« On dit la même chose d'Akatsuki. » Il dit de façon éloquente, avant de rajouter un peu théâtralement : « De vous. »

Sakura battit des cils, un peu déstabilisée. « Vous ne savez pas de quoi parlez. » Se reprit-elle bien vite. « On ne dit rien sur moi. On suppose. C'est tout. »

« D'où viennent les vérités vraies ? Des suppositions. »

« Essayez de parvenir à une vérité qui en soit une. Essayez seulement. » Le défia Sakura en citant mot pour mot ce qu'Itachi lui avait dit l'autre soir, à Rôkoku. Rien n'était jamais ni blanc, ni noir avec lui. Un jour il était ainsi, un autre il ne l'était plus. Entre les deux, entre la coercitachion et l'ignorance totale, il y avait elle, et il y avait ses pensées. Tu es un livre ouvert, avait-il soupiré pendant leur cession. La seconde d'après, elle avait eu la joue plaquée contre un arbre, un bras sous sa gorge et la pointe d'un kunai planté dans le dos.

« Tu veux mon avis, n'est-ce pas ? » Avait dit Itachi de sa voix grave. « Tu es un boulet. »

Salaud.

« N'utilise. Pas. Ça. Contre. Moi. » S'était-elle battue contre lui, mais il n'avait fait que resserrer son emprise sur sa gorge. Il ne lui aurait pas fait de mal, elle le savait. Ce n'était qu'une illusion. Mais il pouvait la mettre en colère. Reste en dehors de ma tête !

« Tes doutes sont ta faiblesse. Ils n'ont pas leurs places ici. C'est juste l'ennemi, et toi. Et je resterai en dehors de ta tête quand tu feras la même chose. »

Elle avait arqué le dos, le kunaï pénétrant sa chair, et brisant l'illusion. Itachi était à deux pas d'elle, le regard dur. « Il y a des vérités dont on ne parle pas, jamais, parce qu'elles nous brident. Elles nous empêchant d'avancer, de révéler notre vrai potentiel. »

« Comment veux-tu que j'avance, si je ne sais même pas qui je suis ?! »

« Il y a des choses qui méritent d'être ignorées, car on ne peut les définir sans contraste. Essaie de parvenir à une vérité qui en soit une. Essaie seulement. » Puis son ton s'était adouci, ses yeux rouges aussi. « Tu sais déjà qui tu es, et je le sais. C'est suffisant, ça devrait l'être. Ne t'égare pas en allant chercher plus loin. »

C'était une heure avant leur départ du village, et il avait disparu sur ces mots. En voilà une, de vérité vraie de toutes les choses, Itachi ne lui en interdisait qu'une seule. De toute façon, elle n'avait pas spécialement envie de retourner contre lui ses démons – ceux-là, elle les préférait bien enchaînés, et enfouis au plus profond de son être. Elle était peut-être un livre ouvert, mais Itachi était son propre tome. Il s'inquiétait pour elle, et il le lui disait à sa manière.

« Je vous ai froissée. » Constata Towa, imperturbable.

« Qu'est-ce que vous voulez ? » Aboya Sakura.

Towa ne répondit pas, mais Sakura perçut qu'il faisait signe à sa partenaire. Elle chercha la femme des yeux, elle n'avait pas bougé. Sakura fronça les sourcils, et reporta son attention devant elle, mais se prit une rafale de vent en plein visage. Il avait encore disparu, et – elle chercha derrière elle – sa partenaire également.

« Bon sang, mais qui sont ces gens ? »

Ce n'était pas le genre de l'ANBU d'agir ainsi. Au moins elle avait des noms, elle pourrait toujours retenter sa chance auprès de Yûgao.

Towa, hein ? Joli nom pour un joli garçon.

Sakura cligna des yeux, oubliant sa colère à la vitesse de l'éclair. Une idée avait germé dans son esprit après le départ d'Itachi (qu'il le veuille ou non, elle devait savoir) la chose n'avait jamais semblé apprécié le fait qu'elle ignore ses remarques après son enrôlement auprès de Tsunade C'était d'ailleurs pour ça qu'elle avait fini par disparaître. Dès lors, elle avait fait la sourde oreille à chaque tentative de son invitée qui se montrait plutôt bavarde depuis son arrivée au camp. Feignant l'indifférence, elle reprit son chemin, à l'opposé de la tente où elle aurait dû rejoindre Shizune.

Hé, tu m'écoutes, dis ?

« Va-t'en. » Lâcha Sakura sans tergiverser.

Certainement pas. Je n'aime pas ce camp. Retrouve l'ANBU sexy, ou retournes auprès d'Itachi. Tu sais, ce petit vaurien que nous aimons tant ?

« Il n'y a pas de nous. Tu ne me connais pas. »

Dans sa tête, elle pouvait entendre le soupir qu'elle poussa, c'était une drôle d'impression, pourquoi n'avait-elle jamais pensé combien c'était étrange ? Mentalement, Sakura tenta d'imaginer toutes sortes de moyens qui lui permettrait de se débarrasser de cette indésirable, ce qui ne sembla pas plaire à la concernée. Son esprit s'agita.

Tu n'y arriveras pas.

« C'est ce qu'on verra. »

Hors de question qu'elle finisse comme son – elle grimaça – frère, une marionnette ambulante au service d'un fou. Elle attendrait Itachi, et lorsqu'elle ferait face à Kabuto, elle le forcerait à révéler ce qu'il savait. Elle fouillerait chaque recoin, chaque repère s'il le fallait. Elle trouverait, et prouverait son innocence, Zetsu avait tort. Ils avaient tous tort.

Il est grand temps de parler, toutes les deux, tu ne penses pas ?

« Tu ne fais plus l'autruche ? »

S'il te plaît.


C'était dans ces moments-là que Sakura savait qu'elle ne regretterait jamais que Mebuki et Kizashi l'aient choisie, car ils auraient pu ne pas le faire. Elle aurait alors grandi dans un orphelinat, ou elle serait juste morte. Elle essayait de ne pas y penser. Ils avaient été de bons parents, ils lui avaient inculqué de bonnes valeur, et lui avait indiqué la voie du droit chemin. Elle ne l'avait pas tout le temps emprunté, mais elle savait qu'il était là, et – malgré ses erreurs – qu'elle pourrait toujours y revenir à un moment ou à un autre.

« Qu'es-tu ? » Commença Sakura sans détour.

Elle s'était isolée dans la tente qui servirait à l'autopsie, là où elle savait que personne d'autre que Shizune n'était autorisé à entrer. Tout le monde était occupé ou avec les civils, ou avec les blessés. Même si quelqu'un entrait, il ne verrait qu'elle, et penserait simplement qu'elle était folle à lier. Sakura prit donc place sur le table, prête à se battre avec sa conscience.

Qu'es-tu ? La bonne question est toujours celle que tu ne poses pas.

« Parce qu'il y a une bonne question ? Tu vis en moi ! Je pourrai te faire disparaître. Je l'ai déjà fait, je peux très bien recommencer. »

Tu es drôle. Tu crois que tu me contrôles, c'est moi qui le fais. Tu es née pour moi.

Sakura sentit ses poils s'hérisser en entendant la satisfaction vibrer dans sa voix, comme si elle se moquait d'elle après l'avoir regardée s'enterrer jusqu'au cou. Tu es née pour nous, avait dit Zetsu. Ne pouvait-elle pas juste être née pour elle-même ?

« Alors c'est là ton vrai visage ? Tu as attendu le bon moment pour pouvoir mener à bien ta mission… »

Quelle mission ? Je suis toi, et tu es moi. Nous ne faisons qu'une. As-tu oublié ? Notre enfance, notre vie, nos rêves… J'étais là quand tu étais seule, rejetée de tous. Je t'ai rendu plus forte…

« J'étais immature, naïve… Je n'avais rien d'un ninja, j'étais faible. Tu ne m'as pas rendu plus forte. Tsunade l'a fait. »

En retour, elle reçut une rafale d'images dans la tête, de vieux souvenirs qui surgissaient dans son esprit. Chaque moment où elle avait laissé son for intérieur disputer ses batailles à sa place, chaque fois où elle lui demandé de lui insuffler du courage, celui-là même qui l'avait conduite jusqu'au bureau de Godaime sept ans auparavant. Ses pensées se succédaient rapidement, ne lui laissant pas le temps de les diriger, rythmée par la colère qu'elle lui provoquait.

Tu as toujours pris ce que je t'offrais. Je me suis tue à ta demande, parce que ça te rendait plus heureuse. Je t'ai laissée vivre ta vie à ta guise, faire tes choix seule. Je ne suis pas le mal, Sakura. Et quand bien même je le serais, tu le serais toi aussi.

« Je n'ai rien à voir avec toi. »

Ah non ?

« Des gens t'ont mis à l'intérieur de moi, dans l'espoir de nuire à leurs ennemis. Comme une marionnette. »

Tu me considères comme une maladie qu'on t'aurait inoculé. C'est faux. Je suis une part de toi, la vraie. Aucun mensonge.

« Si ce que tu dis est vrai, » Reprit Sakura en secouant la tête pour chasser les images. « Dis-moi qui nous a réunies. Tu le sais, n'est-ce-pas ? Tu ne m'as jamais rien dit de mes…capacités, ou de mes origines. Tu me dois au moins ça. »

Elle se tut un long moment, comme si elle réfléchissait. Sakura se contentait d'alterner entre fixer le sol poussiéreux, et serrer fortement les paupières, le tout avec la sensation d'avoir de la gélatine à la place de salive. Son ventre était si noué qu'elle en avait la nausée, et son cœur tambourinait dans sa poitrine, si fort qu'il lui faisait mal. Maintenant qu'elle y était, elle ne savait même plus si elle voulait vraiment savoir. Je t'avais prévenue. Tu avais le choix, lui fera remarquer Itachi plus tard. Tu aurais pu dire non, ce à quoi elle répondrait qu'elle s'était peut-être trop habituée à ce que les gens décident de tout à sa place.

Chiyo. Finit par lâcher son intérieur.

Sakura sentit qu'on lui transperçait la poitrine. « C-Chiyo ? »


« Kiri, Iwa, Konoha, Kumo, Suna...Comme dirait Karin, ça fait une belle brochette. »

Ils étaient une équipe. Suigetsu retournait les corps à l'aide de son pied pour voir leur visage, et les poussait à nouveau. Il ignorait Jûgo qui passait derrière lui en fermant les paupières des morts, et grimaçait quand Sasuke achevait ceux qui ne l'étaient pas encore. Ce n'était même pas leur combat, il ne voyait pas pourquoi il s'en donnait la peine. Ce n'était pas loyal, mais avec Sasuke, rien ne l'était jamais.

« En parlant de Karin… Tu es sûr qu'on ne devrait vraiment pas aller la sortir du pétrin dans lequel elle s'est fourrée ? »

« Karin m'a désobéi. Je ne perdrais pas mon temps avec elle, alors ne m'ennuie plus avec ça. »

« C'est toi le boss. » Marmonna Suigetsu en échangeant un regard avec Jûgo.

« On dirait que les villages alliés sont submergés. »

« Baah ! C'est qu'une bataille, il y en a eu sûrement d'autres. Dommage qu'on ait raté ça. »

Il remarqua que Sasuke s'était beaucoup trop éloigné d'eux. Ce n'était pas un réel problème en fait. Ce qui en était un, c'était surtout sa nouvelle condition, parce qu'il n'avait plus besoin d'eux. Il n'avait plus besoin de personne, il avait le Mangekyô Eternel. Et il avait Amaterasu les flammes noires léchaient férocement leurs cibles, elles les dévoraient. Quand elles avaient terminé, il ne rien, pas même de la cendre – en admettant qu'elles épargnaient effectivement la cendre, ce qui n'était pas le cas.

« Dis, Sasuke ! » Se rapprocha Suigetsu en traînant son épée. « Est-ce qu'on va s'en mêler, nous aussi ? »

« Ce n'est pas notre Guerre. Je me fiche bien des villages alliés. » Son visage s'assombrit alors qu'il distinguait quelque chose. « Je veux Naruto. »

« Ouais, mais si on s'en prend à ton pote, on s'en prend à tout le monde. Je ne dis pas ça comme une menace, c'est réel. Moi, ça ne me dérange pas de foncer dans le tas, vraiment pas. Seulement, cinq villages, ça fait un peu beaucoup… »

« Madara fait le ménage. »

« Tu fais confiance à Madara, Sasuke ? » S'enquit Jûgo, inquiet. « On ne sait toujours pas ce qu'il- »

« Ne te transforme pas Jûgo. » Lui intima sèchement Sasuke.

Le concerné baissa les yeux sur son bras métamorphosé sans qu'il ne s'en aperçoive, et son visage parut chagriné. « Désolé, Sasuke. »

« Allez vous battre si vous voulez. » Déclara l'Uchiha en empoignant un Zetsu qui tentait de fuir en rampant. « Je peux me débrouiller seul. »

Ils virent les yeux de la créature se révulser, et son corps caoutchouteux fut soudain prit de convulsions avant qu'il ne s'affaisse. De mauvaise humeur, Sasuke le déchiqueta et fit brûler chaque petit morceau qui tentait de ramper hors d'atteinte. C'était dégoûtant, les amas de chairs gesticulaient telles des vers qu'on sectionnait, ravagées par les flammes éternelles. Sasuke ne mettait pas de gants, il ne prenait pas la peine de les éteindre. Volontairement. Comme une signature.

« Tu ne m'apprends rien. » Lâcha-t-il froidement en enjambant le feu pour poursuivre son chemin vers le Sud.

« Non. » Suigetsu empêcha Jûgo d'avancer en lui saisissant l'épaule. « Tu l'as entendu. Sasuke n'a pas besoin de nous. »

« Tu le penses vraiment, Suigetsu ? »

Il haussa les épaules. « Sérieusement, il me tape sur le système. Il m'a promis une chose, et je l'attends toujours. On l'a aidé pour sa croisade, il a tué Itachi. On est libres. Point final. »

« Mais, le sceau… »

« T'en fais pas, mon pote » Le rassura Suigetsu. « Rien que je ne peux pas gérer. Allez viens, allons chercher la grosse vache. »

« Je croyais que tu détestais Karin, que lorsque tu la voyais, tu avais une drôle d'envie de lui trancher la tête. »

Suigetsu tiqua. Bon, il avait peut-être dit ça une ou deux fois. Voir trois. Ou quatre.

« Zetsu a dit que la Guerre était toujours en cours. On aura besoin d'elle si on tombe sur des patrouilles. »

Jûgo hésita, mais un seul coup d'œil en direction de Sasuke lui apprit qu'il ne faisait pas attention à eux. Il était pire qu'avant, plus dangereux, plus imprévisible. Même eux n'y survivraient pas.

« D'accord. Je te suis. » Décida Jûgo en acquiesça.

« Eh bah voilà ! Ça c'est une bonne décision ! »

Sasuke prit note de la direction vers laquelle ils partaient, opposée à la sienne. Il s'en moquait. Il n'avait pas besoin d'eux. Il n'avait besoin de personne.


C'était pendant la guerre. Soupira Sakura Intérieure tandis que deux nouvelles images prenaient sa tête d'assaut. Elles semblaient plus floues, plus lointaines. Elle ne venait pas de son propre esprit. Ta mère n'aurait jamais dû se trouver sur le champ de bataille.

Refusant de s'émouvoir, Sakura ferma les yeux pour mieux voir cette femme aux cheveux bruns qu'elle n'avait vue qu'une fois. Elle portait une tenue de Jônin, mais elle avait l'air de se déplacer avec difficulté sur le terrain, à l'étroit dans son gilet.

Tout le monde ignorait sa condition, elle s'en remettait à Chiyo pour beaucoup de choses. C'était une erreur. Konoha gagnait du terrain, leurs équipes étaient redoutables et Suna allait devoir battre en retraite. Quelle humiliation ! Quel déshonneur !

Des batailles se succédèrent, si violentes que ses jambes se mirent à vriller, prises de tremblements. Elle voyait sa mère, elle voyait Chiyo. Leurs ennemis qui portaient le bandeau de la Feuille, les yeux enflammés par la détermination à tuer. Le sang. Est-ce que c'étaient les souvenirs de sa mère ?

Ton père est mort la dernière semaine de Janvier. Chiyo n'a pas pu supporter de perdre son fils unique, alors elle a imaginé un moyen. Ta mère aurait servi de leurre, une femme enceinte…Qui aurait pu l'abattre ? Elle serait devenue une marionnette, la première en chair et en os.

« Je croyais que c'était Sasori qui… » Commença Sakura.

Sasori n'a fait qu'une partie du travail. L'imbécile. Il a dû trouver le rouleau interdit, mais a fui avant d'avoir pu en découvrir tous les secrets.

« Alors c'était dans le but de changer un humain en marionnette ? Avec une conscience ? »

Une conscience comme si elle se résumait à soi ? Non, c'était plus malin que ça.

« Kabuto contrôle Sasori, mais il lutte contre ça. »

Ta mère aurait détruit l'ennemi de l'intérieur. Elle aurait été un sacrifice nécessaire. Chiyo n'avait certainement pas prévu qu'elle se suicide avant.

Non, c'était impossible. Elle connaissait Chiyo, c'était une brave femme. Jamais elle n'aurait fait ce genre de choses. Elle aimait profondément Sasori, jamais elle n'aurait fait du mal à un de ses parents.

« Et tu crois réellement que je vais te faire confiance après ce que tu viens de me dire ? »

Ce que je t'ai dit avant était vrai. Si je le voulais, j'aurais pu te forcer à agir contre ta volonté. Je ne l'ai pas fait. Chiyo m'a créé avant de m'insérer dans le corps de ta mère. J'ai vécu sa vie, je la ressentais… Je savais ce que je devais faire. Mais tout s'est arrêté. Et tu étais toujours là. Si petite, si pure… si loin du bien et du mal. Je suis entrée en toi juste à temps. C'était ma renaissance ! Nous sommes nées, et j'ai veillée sur toi jusqu'alors. Je ne suis pas ton ennemie.

« Mais tu es comme une bombe à retardement, je ne peux pas tolérer cela ! » S'exclama Sakura en se levant précipitamment. « Madara détient le rouleau, il s'est dorénavant comment la technique fonctionne. Il pourrait t'utiliser et réveiller ta nature première. »

Ma nature première, c'est toi qui me l'as transmise. Ta compassion, ta naïveté, tes désirs… Reproche-moi mon franc-parler si ça t'amuse, il n'est que le reflet de tes véritables sentiments. Ceux que tu dissimules tout au fond de toi, dans cet endroit caché où tu refuses de te rendre tant que tu ne t'y sens pas contrainte. Comment crois-tu que l'empreinte d'Itachi se soit retrouvée en toi ?

Sakura hoqueta, les larmes lui montaient aux yeux sous la rage. Dehors, le calme qui s'était soudainement installé fut interrompu par un méli-mélo de voix en approche, sans doute lié au son typique de la pluie qui s'abattait sur la tente au-dessus d'elle.

Je l'ai fait pour toi.

« C'est peut-être ce que je te reproche, justement. D'avoir la possibilité de choisir à ma place, et de t'en servir. »

Nouveau soupir.

Cite-moi un seul choix qui n'a pas été le tien, et qui t'aurait pourtant porté préjudice ? Je t'ai donné des défenses contre les autres, je les ai empêchés de pénétrer ton esprit !

« Itachi ? » Choisit Sakura avec mauvaise humeur. Elle se souvenait de la facilité avec laquelle il avait brisé chacune de ses barrières avec ses pupilles, la poussant à se mettre à nue, l'humiliant totalement, elle et ses dures années d'entraînement. Sakura sentit la joie de son invitée, et une chaleur agréable s'installa dans son ventre tandis qu'elle parlait avec ravissement.

Il était différent. Il n'essayait pas de te blesser comme l'ont fait les autres. Il a su voir au travers. Quelle joie de rencontrer un autre esprit ! Il avait la capacité de détruire les barrières, et pourtant, il n'a fait que demander la permission…

« Génial. » Maugréa Sakura en comprenant que cette folle se languissait de l'Uchiha. « Alors tout le monde est libre d'entrer dans ma tête du moment qu'ils te montrent de la sympathie ? »

Crois-tu vraiment qu'il t'aurait permis de vivre, s'il avait jugé que j'étais dangereuse ?

« Ne le mêle pas à cela. » Elle serra les dents, mais elle savait que c'était en partie vrai. Les voix se faisaient plus proches, une femme, et deux hommes. Elle pouvait distinctement les entendre évoquer une pénurie de lits et de matériaux, un éventuel déversement dans les autres camps, avant que les mots main-d'œuvre ne se fasse entendre. Ils voulaient se servir des civils ?

Fais comme bon te semble. Peu importe ce qu'il adviendra de nous, jamais je ne plierai devant Madara ou Kabuto. Ce que tu aimes, je l'aime. Je le répète, nous ne sommes qu'une.

C'était plus facile d'ignorer la vérité que de la concevoir de cette façon. Jusque-là, les questions concernant son identité lui avaient donné des insomnies, et en obtenant des réponses discutables auprès de cette conscience, Sakura admit que qui elle était n'était pas un grand problème contrairement à ça. Le plus alarmant était en fait la possibilité qu'elle finisse bien comme Sasori, il suffirait que Kabuto ou Madara se serve du rouleau. Qui es-tu, Sakura ? Qui suis-je ? C'est simple, un pion capable de changer de camp à tout moment.

Elle aurait aimé qu'Itachi soit là. Il savait toujours quoi lui dire quand elle commençait à douter de tout ; de manière ironique, elle comprenait maintenant pourquoi il insistait toujours sur le fait de juger les gens d'après leurs actes, et non d'après les croyances.

« Tu n'aurais jamais dû naître. » Murmura Sakura en quittant la tente.


« Sors-toi cette idée de la tête. » Komachi secoua la tête. « Cette fille est timbrée. »

Depuis leur point d'observation, ils pouvaient la voir hurler sur trois ANBU, imitant à s'y méprendre la Princesse Limace. Seulement, ces trois-là venaient d'Iwa, et se demandaient juste pour qui elle se prenait. C'est à ce moment-là qu'elle choisit d'envoyer son poing.

« C'est un cas particulier, je l'admets. » S'amusa son coéquipier tandis que : POUR L'AMOUR DU CIEL, CE SONT DES CIVILS ! AVEC QUOI VOULEZ-VOUS QU'ILS SE BATTENT ? DES CASSEROLES ?

« Tu vas nous attirer des ennuis, Towa. »

« Alors, reste en dehors. »

« Je ne peux pas, et tu le sais. »

Il lui prêta attention, le regard infiniment doux. « Ensemble. » Murmura-t-il en lui attrapant les doigts.

Elle hocha la tête. « Toujours. »


« Tu as été incroyable, Chôji. Incroyable. » Disait Ino en le serrant contre elle.

Elle tendit le bras pour effleurer le bras de Shikamaru, mais il ne bougeait pas, amer face à cette victoire. La plage était à eux, ils avaient tenu les deux jours prévus à cet effet. Autour d'eux, le sol était jonché de cadavres de Zetsu blanc, et les survivants extirpaient ceux de leurs alliés. Shikamaru savait qu'il n'avait pas de vérifier la côte, le corps à l'apparence d'Asuma avait déjà disparu, comme les autres. Il ne souhaitait pas y penser, et ignora le message de soutien mental que son père lui envoya.

« Tu aurais pu mourir, c'est un miracle. »

« Je sais. »

« Ça va aller. »

« Je sais. »

Accroupi, Izumo observait avec impuissance Tenten qui bandait le moignon sanguinolant de Kotetsu. C'était une épreuve que de contenir ses larmes, mais son partenaire aurait mal pris sa compassion, alors il se contentait de le soutenir, une boule dans la gorge. Il n'était pas nécessaire de lui rappeler ce que cela signifiait. Avec l'aide de Tenten, ils parvinrent à le mettre debout sans lui faire trop mal, et tous trois prirent la direction de la section médicale, les gémissements de Kotetsu les accompagnant tout le long du chemin.

Le nombre de blessés était plutôt rassurant compte tenu de l'implosion qu'ils venaient de vivre et si les portions des autres divisions ne les avaient pas rejoints, qui sait combien de morts y aurait-il eu. Les batailles avaient débuté simultanément, si bien que les renforts étaient déjà repartis pour se rendre utiles ailleurs. Le problème de Zetsu n'était toujours pas réglé, et il était bien possible que beaucoup d'ennemis ait pu passer en travers des filets en usurpant l'identité de leurs alliés. Ils n'avaient cependant pas le choix, ils ne pouvaient pas se permettre de perdre plus, et les Edo Tensei leur donnaient trop de fil à retordre.

« Cette chose…» Commença Shikamaru alors qu'il rejoignait Jiraya, et Darui sur la crête.

« Temari de Suna, dans son rapport de données, elle- » Ajouta Darui, à court de mots.

Le Sannin confirma sombrement.« Le Gedô Mazô. » Il n'avait jamais rien vu de si terrifiant, et de si impressionnant à la fois. « Il fallait s'attendre à ce que Madara en profite pour se montrer. Kitsuchi a déjà prévenu le QG. »

« Je suis désolé. » Dit Darui, . « C'est ma faute. »

« Non, c'est celle de Madara. Si seulement on s'en était rendu compte plus tôt… »

Shikamaru serra les poings, il ne l'avouerait pas, mais le regard de Madara l'avait gelé sur place. Ce type l'avait regardé dans les yeux, mais par chance, Chôji avait plus rapide, et l'avait secouru avant qu'il ne meure broyé par la monstruosité mangeuse de chakra. « Il va sceller le chakra de Kyûbi que possédait Ginkaku et Kinkaku dans le Gedô Mazô, mais ça ne suffira pas, n'est-ce pas ? »

« Rien ne suffit jamais, avec Madara. » Soupira Jiraya en balayant la plage du regard. « Il s'est chargé lui-même de venir ici pour prendre les armes ninjas. C'est inquiétant. »

« C'est bien lui qui nous a déclaré la guerre, non ? »

Jiraya haussa les épaules, et répondit à Darui. « Seuls les bijûs l'intéressent. Il aurait pu en finir avec les frères d'argent lui-même plutôt que d'attendre que nous les vainquions ç'a aurait été moins risqué aussi. »

« Il souhaitait peut-être profiter du combat pour multiplier les pertes. On a perdu la moitié de nos effectifs, et c'est la même chose pour eux. »

Jiraya conserva un silence songeur. Il y avait une raison à l'apparition soudaine de Madara sur le champ de bataille, et il allait la trouver. Des heures perdues alors qu'il aurait pu profiter de ce temps pour sceller le chakra de Kyûbi absorbé par les frères. Il n'aspirait qu'à ça, alors que cherchait-il à faire ?

« Et pour Kabuto ? » S'enquit brusquement Shikamaru. « Où en est l'unité d'embuscade ? »

« Ils sont sortis du champ de la barrière. »

« Pourquoi s'embêter à se cacher si loin ? » Demanda Shikamaru en fronçant les sourcils.

« Pour qu'on le cherche. » Emit Jiraya à la manière d'un axiome. Il lui tapota l'épaule en le contournant. « Tu t'es bien battu. Va te reposer, mon garçon. »

« Plus tard, le repos. » Marmonna Shikamaru en prêtant attention à son équipe. Ino s'accrochait toujours à Chôji comme s'il allait disparaître d'une minute à l'autre. Elle lui avait fait promettre de ne pas user des pilules, mais durant son absence, Chôji avait fait part de ses doutes à Shikamaru, et il ne souhaitait pas la décevoir. Ino s'inquiétait déjà assez, inutile de lui dire que Saï avait disparu de leurs radars.

« Hé, toi ! » S'égosilla une voix de femme en s'approchant d'eux. « Toi, l'espèce de papillon humain ! »

Ino déplaça ses bras qui enlaçait le cou de Chôji pour mieux voir. Karui marchait d'un pas décidé vers eux, et pila net quand elle fut face à son coéquipier. Elle le dévisagea avec un air effrayant, pliant et dépliant ses doigts comme s'ils la démangeaient.

« Tu m'as sauvé la vie tout à l'heure ! » S'exclama Karui sur un ton qui sonnait le reproche.

« Euh… »

« Et t'as foutu une sacré beigne à ce truc humanoïde ! » Poursuivit-elle en le regardant de haut en bas. Chôji parut gêné, il n'avait pas encore eu le temps d'assimiler sa honteuse défaite contre la monstruosité apparue durant la bataille. Intimidé par la kunoichi qui s'était vantée d'avoir passé à tabac Naruto, Chôji ne trouva rien de mieux qu'acquiescer lentement. « Ouais, t'en as autant dans le froc que dans le bide, pas vrai ? »

Shikamaru se figea en même temps qu'Ino, tous deux prêts à voir leur ami réagir de la façon dont ils savaient qu'il réagissait quand on faisait allusion à son poids. Ils déjantèrent bien vite, puisque Chôji n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche, Karui éjectait déjà Ino et l'attrapa par le col avant d'écraser ses lèvres sur les siennes. Sous leurs yeux exorbités, la femme se mit à l'embrasser avec fougue.

Aux côtés de Darui qui se pinçait l'arête du nez, Shikamaru croisa le regard mi- incrédule, mi- amusé d'Ino, et il éclata de rire quand Karui lâcha enfin Chôji en s'éloignant d'une démarche de conquérante. Chôza, derrière, abattit sa main dans le dos de son fils, rayonnant de fierté.

Darui soupira fatalement. « Elle l'a fait. Elle est insupportable. »

« Ino… » Souffla faiblement Chôji à son amie qui ricanait. « Je crois que j'ai la tête qui tourne… » Avant de s'effondrer.

Son rire s'étrangla dans sa gorge, et inquiet, Shikamaru sauta rapidement de rocher en rocher jusqu'à eux, et rejoignit Ino pour vérifier son état.

« Chôji ?! »

« Il va bien. » Découvrit Ino en vérifiant ses constances. « L'épuisement. »

« Il a juste besoin de manger. » Assura Chôza avec un sourire rassurant. « Il s'est battu comme un chef de clan le ferait. »

Ressentant les premiers signes de légèreté de la journée, Shikamaru posa ses mains sur ses hanches, et se pencha avec un grand sourire.

« Eh bien. C'est ce qu'on appelle tomber à la renverse ! »


« Cinq minutes. Toujours aucun mouvement. » Annonça Hoheto Hyûga d'une voix tendue.

Réfugiée dans les tranchées, l'équipe tentait de conserver leur immobilité, les membres engourdis par le froid glacial qui s'abattait sur eux à mesure que la nuit tombait. Kankurô hocha sèchement la tête pour montrer qu'il avait entendu. Ses yeux parcourraient les arbres dans l'obscurité, à l'affût du moindre changement qui échapperait au dôjutsu de son équipier. Contrairement à Omoï qui comptait sur sa sucette pour le tenir éveillé, et Ittan qui dormait clairement, Kankurô ne ressentait aucune fatigue.

En face de lui, l'ennemi avait établi un camp à quelques centaines de mètres. Traduction : leurs adversaires avaient détecté leur présence, mais gardaient leurs distances afin d'établir leur propre stratégie. Cela faisait des heures que les deux équipes conservaient leurs positions, s'observant et se jaugeant sans la moindre discrétion. Ils avaient tous conscience des actes des autres, mais aucun n'avait encore osé quelque chose. Kankurô était le chef de cette unité, mais il devait reconnaître que cet Uchiha avait raison.

« L'Edo Tensei employé sur un si grand nombre demande une trop grande concentration. Kabuto favorise les calculs plutôt que les effets réels. » Avait raisonné Itachi. « En agissant ainsi, il amène inconsciemment ses effectifs à opérer d'une manière différente. »

« Le tournent de la bataille n'est pas dans son intérêt. » Renchérit Saï. « Il voudra avant tout exploiter chaque possibilité. »

Kankurô avait pris quelques instants pour y réfléchir, à moitié méfiant, mais il avait admis que ce n'était pas entièrement faux. « Kabuto est pressé de dévoiler tout ce qu'il peut faire. Si on l'amène à utiliser chacune de ses possibilités, son analyse sera moins subtile. Avec de l'anticipation, on saura dans quel ordre il procédera. »

L'Uchiha avait acquiescé en plongeant inoffensivement ses Sharingan dans le regard du marionnettiste. « C'est pourquoi ce sera précisément celui qui frappera en premier qui perdra. »

Ils en étaient là, repliés dans les tranchées creusées par Ittan, en attente du prochain mouvement de l'ennemi. Celui-là même qu'avait servi le cerveau de cette stratégie. Kankurô haïssait plus que tout l'Akatsuki, et cet homme était Akatsuki. Kiri avait soutenu qu'Itachi n'avait pas hésité à neutraliser tous leurs ennemis en route. Cela ne suffisait pas à Kankurô, il ne croyait pas en la rédemption – seul Gaara avait mérité son pardon, et ils avaient tous les deux faillis mourir à cause de cette organisation.

S'il se forçait à le faire, c'était uniquement parce que le Kazekage le lui avait ordonné, et il était certain que Gaara n'aurait jamais demandé une telle chose s'il savait que cela mettrait son frère en danger. Nom de nom, y-a-t-il seulement quelqu'un parmi tous ceux prétendus morts qui le soit vraiment ? avait-il hurlé mentalement avec toute la frustration du monde.

« De toute façon, tu as une dette envers Sakura. » Lui avait rappelé sans tact Saï. « Elle te tuera si tu t'en prends à lui. Dans le genre sadique, elle est assez inventive. »

Kankurô avait serré les dents, mais n'avait pas objecté. Depuis, il maudissait cette femme pour qui il avait développé un faible depuis qu'elle lui avait sauvé la vie. Les dettes des ninjas étaient sacrées.

« Bon retour chez toi. Je ne te remercierai jamais assez. » Kankurô s'inclina jusqu'à ce que son nez touche presque ses pieds.

« Allons, allons. » Sourit Sakura en agitant nerveusement les mains. « Ce n'est pas nécessaire, c'était un plaisir ! » Elle rougit en voyant Temari lever un sourcil. « Enfin, pas un plaisir, mais je n'ai fait que mon devoir. »

« Accepte un déjeuner. » Proposa Kankurô en se redressant. « Pour te remercier. »

« Eh bien…Je te l'ai dit, ce n'est pas nécessaire, mais je serai ravie de déjeuner avec toi, Kankurô. » Accepta Sakura sans se douter de rien. « Prends soin de toi, s'il te plaît. »

« Je le ferai. J'aurais toujours une dette envers toi, et ton village. N'hésite jamais. »

Sans se départir de son sourire, Sakura commença à s'éloigner pour rejoindre son équipe. « J'en ferais bon usage, c'est promis ! »

Il avait effectivement obtenu son déjeuner, mais il n'avait pas songé au fait que tous ses coéquipiers masculins se sentiraient contraints d'assister à ce tête à tête. Son flirt lui était rapidement passé, mais il avait toujours admiré cette femme à qui il devait beaucoup. D'ailleurs, il avait passé un long moment avec sa sœur pour ôter les doutes qu'elle entretenait à propos de Sakura et Akatsuki. Bon usage, mon œil !

« Capitaine ! » Siffla soudainement Hoheto en ramenant Kankurô à la réalité – il n'avait pas senti que son esprit vagabondait. « Un autre Edo Tensei ! »

« Encore un ?! » Se figea Kankurô en se rapprochant du Hyûga.

« Qu'estcequisepasse ? » Se réveilla en sursaut Ittan.

« Un autre ennemi repéré. » Lui répondit Tango dans un chuchotement qu'il espérait qu'il masquerait sa peur. « A ce rythme-là, nous allons nous retrouver en sous-nombre ! »

« Reprends-toi. » Lui ordonna fermement Kankurô en réfléchissant rapidement.

Zaji s'agita en percevant des chakras venant dans leur direction, mais il se détendit en reconnaissant leurs alliés.

« C'est Sasori. » Leur dit Saï en retirant son masque alors qu'ils se réfugiaient dans les tranchées avec eux. « Seul. »

« La nuit va tomber. » Constata Itachi en sondant le ciel. « Le repli n'était probablement qu'une diversion pour qu'ils attaquent les camps. »

« Transmets aux autres antennes relais ! » Ordonna Kankurô à Tango, mais Omoï lui barra le chemin.

« C'est inutile, ils savent qu'on les a détectés, ils ne prendront pas le risque d'être attendus. »

« Transmets. » Répéta le frère du Kazekage avec lui jetant regard noir. S'ils perdaient ce combat, ils devaient s'assurer que d'autres reprennent le flambeau pour endiguer cette menace. Son équipe était déjà assez tendue pour qu'il le leur rappelle, mais le message était clair. « Je peux m'occuper de Sasori. » Poursuivit-il. « J'en sais suffisamment pour le vaincre, et je l'ai déjà affronté par le passé, ça ne peut que le distraire. »

Itachi plissa les yeux sous son masque, mais ne dit rien. Il avait déjà prévu d'échanger quelques coups avec Sasori, il voulait le combattre suffisamment longtemps pour obtenir quelques informations. Il savait qu'il prenait un risque en se dévoilant à Kabuto, mais il n'avait pas d'autres alternatives. Se terrer en arrière rendait minime son efficacité, et il préférait adopter sa propre stratégie même si elle semblait un peu aventurée. C'était sa seule chance de trouver Kabuto avant l'équipe.

« Tu te sens d'affronter tes copains, ou t'as besoin d'une pause ? » Poursuivit Kankurô, s'adressant à Itachi, et insistant bien sur le mot copains. L'Uchiha conserva le silence, amenant l'homme à sérieusement douter de leurs chances de réussite. Si le Sharingan les trahissait…

« Naruto n'a pas arrêté de parler de Deidara après qu'il ait su que c'était lui avait enlevé Sakura. » Intervint Saï pour aider son coéquipier. « Je connais donc ses capacités dans les grandes lignes. »

« T'en fais pas. » Lui dit Omoï en tapotant la garde de son katana. « Je sais me battre quand c'est nécessaire. »

« Entendu. » Fit mine de se réjouir Saï, et c'est sans doute à ce moment-là qu'Itachi reconnut d'où venait le faux-sourire qu'affichait toujours Sakura avec les membres d'Akatsuki, et qui les avait trompés.

Saï lui accordait sa confiance, prêt à distraite l'équipe pendant qu'il se chargeait de récolter les informations conformément au plan qu'ils avaient concocté dans la forêt. L'équipe adversaire devait être éliminée, mais ils avaient leur propre mission qui concernait et leur village, et leur coéquipière.

Itachi analysa chacun de ses alliés. Kiri était leur ninja médecin, il ne serait pas un problème puisque retranché à l'arrière. Omoï serait occupé avec Saï en combattant Deidara, et il y avait assez d'ennemis supplémentaires pour distraire le reste de leurs ninjas. Il devrait se montrer subtil s'il voulait manipuler cette bataille.

« Hé, attendez ! » Parla à nouveau Hoheto. « J'en vois un qui se retire ! »

« Hein ? Mais on n'a même pas commencé ! » Bredouilla Omoï.

« C'est pas bon. »

« Ils vont sûrement chercher de l'aide, il faut qu'on agisse avant. » Décida le Capitaine, les dents serrées.

« Erreur. »

« Hé ! » S'emporta Kankurô. « Ecoute moi bien, espèce de sociopathe, il s'agit de mon unité ! Tes grands airs et toi, vous ne me faites pas peur ! Je me fiche bien des ordres, on est assez nombreux pour te tuer, alors tu ferais mieux de la fermer. »

« Euh, Capitaine… » Balbutia Omoï en se massant la nuque, anxieux. « Deux membres de l'Akatsuki, ça fait déjà beaucoup. Un autre, et je vends mon âme. Perso, je tiens pas particulièrement à me frotter aux Uchiha tout de suite… voir jamais, si possible. »

« On peux se débrouiller sans toi. »

« J'ai lu que l'arrogance était le défaut des bons chefs. » Dit Saï en se tenant le menton, toujours content d'apprendre.

« N'en rajoute pas, Saï. » Maugréa Tango.

« ENNEMI AU SUD EN APPROCHE ! » Hurla Hoheto en se retournant.

Oubliant leur querelle, ils bondirent sur leurs pieds, et formèrent instinctivement un cercle où Kankurô se retrouva dos à l'Uchiha, à qui il jeta un regard noir par-dessus son épaule. Sortant leurs armes, et leur chakra bouillonnant dans leurs veines, ils étaient prêts à combattre.

« Quinze secondes ! »

« Pourquoi te battrais-tu pour l'Alliance ? » S'enquit Kankurô qui avait noté la posture automatiquement défensive de l'Uchiha, tourné vers lui.

« Dix ! »

« Peu importe. Tu restes mon ennemi. »

« Je peux l'accepter. »

« Cinq ! »

Kankurô consentit à regarder les yeux rouges dans son dos, incapable de dire s'il prenait la meilleure ou la pire décision de sa vie. « Tu couvres mes arrières ? » Demanda-t-il plutôt en proposant ce qui ressemblait à une trêve, mais qui lui apparaissait comme quelque chose d'improbable. Itachi hocha la tête une fois.

« ENNEMI EN VUE ! »

Ils fixèrent l'orée des arbres avec attention, jusqu'à distinguer une silhouette qui entra dans leur clairière. Tendue l'équipe fit face à leur adversaire, un seul, et il ne ressemblait ni à Deidara, ni à Sasori, ni à aucun des autres.

« Pour une unité d'embuscade, la discrétion n'est pas votre fort. »

Itachi se détendit.

« Konan. »


Précisions :

* Yûgao Uzuki est aperçue dans le manga, et l'anime. On apprend qu'elle a effectivement quitté l'ANBU après la mort de son amant, Hayate. Elle aurait (hors manga) aussi fait partie de l'équipe Ro, dirigée par Kakashi quand il était encore ANBU.

** Towa (comme Komachi) est un personnage exclusif de jeu vidéo, notamment Naruto: Clash of Ninja Revolution 2. Il est ANBU, et durant une mission du jeu, sa route va croiser celle de Kakashi, et de Sakura. Voilà pour le background de ce nouveau personnage. Vous trouverez plus d'infos sur les fandoms.

Eh bien, eh bien. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai drôlement aimé écrire ce chapitre. J'ai redouté l'arc de la Guerre, mais j'étais vraiment à fond. J'aime bien mettre un peu le zouc, c'est marrant. Je crois qu'en fait, j'ai juste tellement trouvé l'Alliance Shinobi beaucoup trop badass à mon goût qu'il fallait que je mette le bazar, avec des trahisons, des bagarres, tout un bordel politique… C'est plus réaliste à mon goût.

Première chose, j'envisage de renommer cette fic. Honnêtement, le titre m'enquiquine. Il ne va pas. Et vous savez combien je suis maniaque sur les détails. Pas d'étonnement si ça arrive d'ici quelques jours.

J'ai réellement survolé tout le monde je crois, je conserve les méchants et Naruto dans le prochain chap. J'ai officiellement posé les bases de ce qui va être un enfer pour moi. Va falloir démêler tout ça, et même moi je me perds dans mes intrigues xD Quand je relis, je me dis « Ah mais nan, mais c'est incohérent avec ce que j'ai écrit dans ce chap là ! » ou « C'était quoi déjà la résolution de cette intrigue-là ? » Omg, je me fatigue moi-même.

En parlant d'intrigue, on va peut-être citer Sakura. De base, l'explication n'avait juste rien à voir. Seulement, les premiers chaps de cette fic datent d'i ans, et j'ai eu la mauvaise idée de ne pas changer certains détails en les publiant. J'ai toujours regretté d'avoir choisi Sasori comme étant son frère, je trouve ça un peu facile, et trop rejoué. Je me débrouille pour rendre ça crédible, mais j'ai un peu l'impression de m'enfoncer d'avantage x)

Quoiqu'il en soit, c'est une première esquisse de la naissance de Sakura Intérieure. Simple, comme prévu. Ma Sakura, elle énerve, elle fait souffler, et j'adore la faire tourner en bourrique avant de faire d'elle une vraie guerrière. Ça nécessite une histoire autre qu'une amourette qui vole en éclat.

Deuxième galère, essayer de faire rentrer Itachi dans les rangs. Quand on connaît le personnage, on sait qu'il ne peut justement pas rentrer dans les rangs, alors j'essaie d'être subtile. J'aime Saï, j'aime Shikamaru. C'est ce genre de tableau que je vois.

J'attends vos impressions, et en espérant que ça vous ait plu !

Des bisous, Shanna

Merci d'avoir lu ! ~