Bonjour les puppies!

On se retrouve pour une nouvelle fic qui devait être un OS et qui s'est avérée trop grande donc je vais devoir la découper en chapitre.

Je remercie mes bêtas Calliope et Amalko sans oublier Zephire qui m'a beaucoup aidé à garder un Scott dans les clous malgré l'UA.

Bonne lecture!


Chapitre 1

Plume de papier, encre de cœur


Stiles remuait son cocktail fluorescent, la mine sombre. Le night-club underground dans lequel il avait atterri ne le poussait pas à se détendre. Les strip-teaseuses remuaient leur corps lascivement contre les barres, sous les projecteurs violets, bleus et verts, donnant un aspect encore plus surréel à l'endroit. La musique grave et ronronnante lui éclatait les oreilles au point qu'il n'arrivait plus à s'entendre penser et c'est tout ce qu'il voulait pour le moment. Ironiquement, il se crispait à chaque fois qu'une femme – une serveuse – collait un peu trop son corps dénudé contre le sien pour récupérer les commandes que le barman leur confiait. Et l'alcool ne délassait absolument pas ses muscles. Il avala d'une traite le contenu étrange de sa boisson, laissa négligemment un billet sur le comptoir, mais avant qu'il ne pose les deux pieds sur le sol, le mixologue fit glisser un autre verre à sa place, un sourire charmeur accroché aux lèvres, faisant bouger son crâne de façon à ce que ses cheveux roses se meuvent de façon mystérieuse le long de ses yeux. Stiles roula des yeux et se pencha contre la surface laquée le séparant de l'homme.

_ JE N'AI RIEN COMMANDÉ DE PLUS ! hurla Stiles pour se faire entendre à travers les basses qui grondaient dans toute la boîte.

Le barman tourna la tête et fit un mouvement sec du menton pour lui indiquer que cette commande venait de quelqu'un d'autre. Stiles suivit du regard l'endroit que lui indiquait « cheveux roses ». Un homme. Magnifique, au demeurant, le regard sombre, avec des yeux verts qui le dévisageaient comme s'il allait faire de lui son prochain repas. Malheureusement pour lui, cette assurance affichée, comme si Stiles lui appartenait déjà, agaça le jeune homme qui le fusilla du regard en faisant un « non » sec de la tête.

Stiles se tourna de nouveau vers « cheveux roses » pour lui remettre la consommation. Pourtant, le barman commença dans un premier temps à faire la sourde d'oreille jusqu'à ce que Stiles prenne le verre avec l'intention évidente de le lui jeter au visage. Il fut cependant interrompu dans son élan quand une main chaude et calleuse se referma sur la sienne, ramenant son bras doucement contre le comptoir alors qu'un grand corps massif se collait à lui.

_ Ne faites rien de regrettable, il finirait par appeler la sécurité, expliqua une voix mélodieuse et complètement addictive à ses oreilles et un frisson lui remonta le long de l'échine, électrisée.

Stiles tourna la tête pour rencontrer les yeux couleur tempête qui l'avaient tant énervé deux minutes auparavant. De plus près, il n'arrivait pas à se détacher de sa contemplation. L'homme sentait bon, ce qui était probablement un luxe dans ce lieu lugubre. Sa barbe taillée au millimètre près et ses cheveux parfaitement coupés contrastaient avec sa tenue décontractée, bien que la veste en cuir qu'il arborait lui donnât un petit côté rebelle qui fit s'assécher les lèvres de Stiles.

_ Toujours pas intéressé ? demanda doucement son interlocuteur au creux de son oreille.

Il n'avait pas besoin de crier pour recouvrir les sons parasites tout autour d'eux. Stiles l'entendait plus distinctement que tout le reste. Pourtant, il resta là, le regard fixement ancré sur cette bouche qui venait de lui parler. Il commença à dodeliner la tête de haut en bas avant de s'interrompre pour faire un mouvement de gauche à droite, pour finalement tout stopper, la tête ankylosée par l'alcool. Il avait conscience, comme spectateur de ses propres actes, d'avoir fait bouger son crâne dans tous les sens, se donnant des airs d'écervelé superficiel. Il fronça les sourcils et regarda le comptoir, où le même cocktail traître que le précédent le narguait encore. Il fut cependant happé par le rire rauque de son interlocuteur.

Ce dernier le saisit par les hanches et l'emmena dans un coin reculé. Il le poussa contre un mur où il commença à lui embrasser le cou tout en se frottant contre lui. Stiles lâcha un long gémissement en s'accrochant aux cheveux de jais, incapable de réfléchir correctement.

_ Est-ce que ça veut dire oui ? insista son assaillant, prêt à l'embrasser.

Stiles roula des yeux et passa ses mains derrière la nuque de l'homme pour l'attirer contre lui. Il mordit directement les lèvres de ce bel inconnu. Ils jouèrent là, sans vraiment approfondir le baiser. Juste à se mordre, s'attraper les lèvres et se les lécher. Le brun avait passé l'une de ses mains sous le haut de Stiles tandis que l'autre le soutenait contre le mur.

_ Viens avec moi, supplia l'homme contre son oreille.

_ Je ne pars pas d'ici, rétorqua Stiles, tout de même sur ses gardes, malgré l'alcool courant encore dans ses veines jusqu'à ses connexions nerveuses.

Le brun se recula un peu, toisant sa proie et finit par lui saisir la manche pour l'entraîner jusqu'aux toilettes glauques de la boîte. Stiles arqua un sourcil en voyant la cabine défoncée dans laquelle il l'emmenait. À bien y réfléchir, elle était parfaite. La cuvette était partie en séjour prolongé, ne laissant qu'un maigre trou au fond des quatre murs en bois mélaminé. Son amant d'un soir le plaqua contre une des parois, le maintenant prisonnier tout en continuant de l'embrasser. Il finit par le retourner sans douceur, passant ses mains sur les plis de son aine pour atteindre l'ouverture de son jean. Il lui faisait des baisers papillon contre sa nuque, et Stiles pouvait sentir ses cheveux se dresser sur sa tête à chaque contact. Il avait chaud. Cet homme lui donnait chaud. Et c'est dans un état second qu'il comprit qu'il était en train de se faire pénétrer dans un lieu qu'il aurait oublié le lendemain, par une beauté endiablée qui avait eu la présence d'esprit d'enfiler un préservatif. Le jeune homme pouvait le sentir à cause de la sensation du silicone et de lubrifiant industriel. Il était le genre de personne à être particulièrement sensible. Même avec un gramme cinq d'alcool dans le sang, il avait encore une conscience aiguë de son corps. Heureusement pour lui, il était dans un état second tel, qu'il aurait pu prendre n'importe quoi dans le fondement avec une aisance déconcertante. Son partenaire lui, ne faisait pas grand cas de ses états d'âme, il avait déjà commencé un va-et-vient lent et profond, plaquant un peu plus Stiles contre la paroi froide. Ce dernier laissa échapper un soupir, la sensation n'était pas excellente, mais c'était bon. Bon de s'oublier dans les bras d'un autre et oublier l'espace d'un instant, tout ce qui faisait qu'il ruminait devant un verre d'alcool. C'était exactement ce qu'il voulait. Une musique lui claquant la tête, des substances bâillonnant son esprit et un inconnu pour museler son corps.


OoO


Il travaillait dans un petit magasin de comics depuis une semaine et demie maintenant. Ça ne payait pas beaucoup, mais il aimait vraiment son boulot. Il pouvait parler avec d'autres passionnés et passer ses heures perdues à se plonger dans de vieux numéros de petits nanars. Son patron était un type de trente-trois ans à peine, un peu dans la lune, franchement gentil et pas très au fait de son propre commerce. Stiles avait fini par lui faire cracher le morceau, il avait récupéré cette boutique qui appartenait à son frère décédé. Le jeune homme avait eu envie de se fracasser la tête contre un mur, car de toute évidence, la petite boutique qui prospérait jusqu'à maintenant risquait la fermeture si son patron continuait de prendre les choses avec autant d'insouciance. La veille, Stiles avait mis le nez dans sa compta, trop catastrophé de voir que des types « marchandaient » avec lui pour des éditions rares. Avec un peu de chance, s'occuper de remettre sur pied ce petit commerce lui permettrait de ne plus dormir dans ce petit hôtel miteux sur Alpine Street.

Il remonta ses lunettes sur son nez, le dos claqué par sa position et les yeux rougis d'avoir passé autant de temps à potasser les chiffres des deux dernières années. Stiles s'étira longuement, le dos ramassé contre le dossier de la chaise de bureau. Il finit par se frotter les yeux, fatigué.

_ Stiles, arrête-toi pour aujourd'hui. Va te prendre un café au Starbucks.

_ J'ai presque fini, Jordan. Mais il va falloir que tu sois plus sérieux. Je ne vais pas pouvoir suivre sin...

Ils furent interrompus par le son distinctif de la clochette d'entrée.

_ JORDAN ?

Stiles fusilla du regard son patron et lui souffla un « pas de négociation ». Le grand blond avait un sourire qui atteignait ses yeux verts, il quittait la pièce, rieur, sans perdre des yeux son employé. Il lui fit une salutation militaire qui exaspéra Stiles autant qu'elle l'amusa. Il se rapprocha du bureau en bois, prêt à finir le bilan de l'année précédente alors qu'il entendait vaguement son patron discuter avec son client. Stiles espérait sincèrement qu'il allait se tenir à ce qu'il lui avait demandé et arrêter de faire des fleurs au premier connard venu.

_ STILES ?

Le jeune homme sursauta, faisant claquer la vieille souris contre la surface de chêne massif. Il ronchonna en se redressant, mais, en toute honnêteté, il préférait que Jordan l'appelle à la rescousse pour ne pas faire une énième bourde. Il sortit de l'arrière-boutique, pas très sûr du comportement qu'il aurait à adopter face au client dont s'occupait son patron. Le type avait tout du gars gentil, mais Stiles avait appris à se méfier. Il ne voulait pas faire de généralisation, mais Watts n'était pas si loin que ça, bon peut-être un peu, mais quand même. L'hispanique face à lui avait dû avoir un accident ou quelque chose de moche parce que sa mâchoire déconnait quelque part. Une dissymétrie dans son visage qui fit oublier à Stiles toutes ses intentions désagréables. Il se trouva proche de Jordan, attendant que ce dernier ouvre la bouche, incapable de détourner son regard de l'homme face à lui. Ses yeux rieurs l'invitaient à se détendre et Stiles se maudit d'être tombé si rapidement sous son charme original.

_ C'est lui, indiqua Jordan en attrapant Stiles par une épaule pour le coller contre lui et le secouer gentiment.

Le jeune homme était totalement perdu. Il passait de l'inconnu à son patron, des questions plein la bouche et débordant jusque dans ses yeux. L'hispanique eut l'air immédiatement ravi. Sa bouche s'ouvrit, un sourire encore trop marqué sur son visage, la voix figée dans sa gorge alors qu'il se penchait vers Stiles pour lui saisir les épaules à son tour.

_ C'est génial, mec ! Jordan avait vraiment besoin de quelqu'un comme toi pour lui secouer les puces. Il a vraiment de la chance de t'avoir trouvé.

_ Stiles, je te présente Scott McCall...

_ Le dessinateur de « Oxomoco » un putain de trésor à avoir dans sa bibliothèque primer il y a maintenant cinq, alors qu'il venait à peine d'avoir vingt-huit ans, faisant de lui l'un des plus jeunes récompensé de cette année là, je sais, le coupa Stiles.

Le jeune homme se tut, fier d'avoir pu en boucher – encore – un coin à son patron totalement néophyte, jusqu'à ce qu'il réalise ce que Jordan venait de lui dire. Il écarquilla les yeux en regardant l'homme face à lui qui n'avait toujours pas effacé ce sourire trop rayonnant de son visage.

_ Oh. Mon. Dieu. Scott McCall. Oh mon dieu. Oh mon Dieu.

Scott partit dans un grand éclat de rire, ce qui coupa net Stiles dans son délire.

_ Il est excellent, celui-là, Jordan. Ne le lâche pas. Ravi de t'avoir rencontré Stiles, souffla-t-il, prêt à mettre les voiles.

Le patron de Stiles fit un clin d'oeil à son ami, et le salua avec un grand sourire ravi.

_ Tout le plaisir était pour moi, marmonna Stiles, complètement mou et assommé par la nouvelle.

Une fois que Scott eut disparu de la rue, Stiles se retourna d'un bloc dans un mouvement sec et soudain vers son patron et s'approcha en deux grandes enjambées.

_ SCOTT MCCALL ? Scott Putain de McCall ! Tu connais Scott McCall, toi ? J'y crois pas ! Je suis en train de rêver. C'est certain. Je me suis endormi devant ton pc pendant la compta et j'ai fait le rêve le plus incroyable de ma vie.

Jordan rit à l'enthousiasme effaré de son employé.

_ Et pourtant...On était dans le même lycée. Il a travaillé pour mon frère pendant plusieurs étés et c'est ici qu'il a commencé à dessiner les premières planches d'Oxomoco, dans l'arrière-boutique, sur ce vieux bureau où se trouve ce pc que tu hais tant.

_ Ce bureau est à moi maintenant, Parrish. Je crache dessus s'il le faut, rien à foutre.

Ils se toisèrent quelques secondes, Stiles les sourcils froncés et le poing encore en l'air, Jordan le visage rouge, des larmes aux coins des yeux et une envie de rire mal contenue. Fatalement, il laissa libre cours à son hilarité devant son employé totalement décontenancé.


OoO


Stiles faisait pianoter ses doigts sur le bureau, concentré sur les comptes du mois. Presque un mois et demi qu'il travaillait là et il avait l'impression d'être le petit frère adorable de Jordan. Il était en train d'enregistrer son travail quand quelqu'un entra dans la boutique. Il s'étira un peu avant de sortir de l'arrière-boutique, Jordan était parti acheter leur déjeuner, il gardait donc le fort en son absence. Il se stoppa net en arrivant dans la boutique quand il vit Scott en face de lui. Ce dernier lui offrit un magnifique sourire en le voyant, ce qui fit instantanément rougir le jeune homme.

_ Stiles...

_ Mr McCall, le salua-t-il en retour, gêné.

_ Mr McCall ? Oh Merde. Pas de ça, s'il te plaît. Appelle-moi Scott. Mr McCall était mon père et je t'assure que ce n'était pas un homme fréquentable, répondit l'hispanique légèrement désappointé.

_ Oh ! Euh, je... Je m'excuse Mr... S, Scott, je... vous avez besoin de quelque chose ?

_ Mmh oui, Jordan m'a appelé parce qu'il a réussi à mettre la main sur un des derniers Detective Comics n°27 de 1939.

Malgré la demande de son client, Stiles resta obstinément planté en plein milieu des étals de comics, perdu dans ses rêves alors que Scott attendait patiemment qu'il réagisse, le couvant de son regard bienveillant.

_ Stiles ?

L'interpellé sembla se rappeler qu'il n'était pas dans son lit en train de se prélasser et sursauta en voyant que Scott attendait toujours qu'il revienne avec lui, dans cette petite boutique de Melrose Avenue.

_ Je. Euh... Oui. Pardon. Je...

Stiles montra le comptoir-caisse de Jordan et se dirigea d'un pas raide vers ce dernier. Il se pencha pour regarder les box pleins à craquer de petites éditions perdues et inclassables mélangées aux quelques commandes que Jordan avait reçues dans la semaine.

_ Il doit... Il doit l'avoir rangé par là, c'est ici qu'il met les commandes des clients, je...

Il réussit à le retrouver, les mains tremblantes et le palpitant à mille à l'heure. Il avait envie de hurler, de se frapper pour être un tel abruti. Il se comportait comme une groupie. Scott McCall ne s'intéresserait jamais à lui de près ou de loin. Juste une vague et gentille politesse de convenance parce qu'il était l'employé un peu fou de son ami d'enfance. Il se redressa d'un bond. Bien décidé à rester professionnel et ne rien laisser paraître de ce béguin totalement idiot.

_ Voilà ! s'exclama-t-il en lui tendant précautionneusement le blister dans lequel se trouvait l'édition rare. Stiles se pencha sur le petit écran du vieil ordinateur industriel sur lequel le logiciel commerçant restait constamment en veille.

_ Cela vous fera... Stiles faisait une recherche rapide pour trouver le prix enregistré par son patron.

_ Quatre cent mille dollars, répondit Scott alors que Stiles cliquait sur le prix de mille cinq cents dollars affiché sur l'écran.

_ Mille... Quoi ? Mais...

Il reprit sa souris et regarda les informations enregistrées par Jordan.

_ Non, non, non, il a déjà été sorti de son blister et quelques pages sont abîmées, ce qui réduit drastiquement sa valeur, rétorqua Stiles, pour une fois d'accord avec son patron.

_ Vous êtes touchants tous les deux, commença Scott en sortant à son tour le comics de sa protection de plastique.

_ Écoutez, Jordan prend peut-être les choses un peu trop à la légère, mais ce serait de l'escroquerie de vous demander une telle somme.

_ Toi, écoute-moi. C'est un comics d'avant-guerre. Toutes les éditions encore existantes ont été possédées par des enfants ou des bouquinistes ambulants sur les squares. Tu penses réellement que ces livres peuvent rester intacts malgré tout ? Et puis... Quel est l'intérêt de posséder un livre s'il perd de sa valeur lorsqu'on le lit, c'est totalement ridicule. Je connais sa valeur et je ne prendrais pas pour moins que ça.

_ Mais...

_ De toute façon, je vais faire faire un virement directement par ma banque. Fin de l'histoire.

_ Attendez, attendez, on parle de quatre cent mille dollars là, c'est... C'est pas rien comme somme, vous... vous voulez pas investir dans un petit appart, une voiture ou...

Stiles se tut, le regard de son interlocuteur le désarma totalement.

_ Tu me plais vraiment, Stiles.

Stiles resta là, statufié alors que Scott partait, son tout nouveau bien en main et le sourire aux lèvres. Encore. Le jeune homme finit par se secouer les puces et voulut se remettre les idées en place, mais force était de constater qu'il n'arrivait plus à se concentrer. Quatre cent mille dollars, quoi...


OoO


Autant dire qu'une rentrée de presque un demi-million de dollars avait changé beaucoup de ... Trois semaines ne révolutionnaient pas non plus un monde. Stiles bataillait toujours avec Jordan pour tenir correctement la compta et ne pas faire trop de gentillesse avec les rapaces ambulants qui lui servaient de clients, mais... il avait un putain de meilleur salaire. Pas de quoi devenir Crésus, mais suffisamment pour justifier son attention totalement absorbée par les petites annonces d'appartements dans le journal, assis sur une chaise en inox à la terrasse d'un petit café branché d'Oakwood. Le soleil brillait tellement que les parasols blancs s'étendaient sur tout l'espace et Stiles se maudissait un peu d'être parti en débardeur-bermuda alors que sa peau fragile craignait les expositions au soleil.

_ Est-ce que je peux m'asseoir là ?

Stiles redressa la tête sur Scott, toujours son sourire charmant plaqué au visage.

_ Oh, oui ,oui ! Je vire mes affaires ! s'exclama Stiles, tout enthousiaste.

Il observa avec quelle aisance et quel charisme l'hispanique interpella un serveur pour un double expresso. Il n'y avait rien de méprisant dans sa manière d'être ou de faire les choses et parfois Stiles se demandait s'il n'imaginait pas l'aura que dégageait cet homme. Il se pinça la cuisse pour arrêter de le déshabiller du regard de cette façon si niaise et puérile.

_ Ça tombe bien que tu sois là. Après vérification, on a constaté que tu nous avais payé seize mille six cents dollars de trop et Jordan n'arrive pas à te joindre depuis. Il était déjà furieux quand il a su que tu insistais pour le payer cette somme si exorbitante, mais là...

Scott se pencha un peu plus sur la table, son regard perçant, focalisé sur la gazette délaissé juste devant le jeune homme. Il tenta de le prendre entre ses mains quand le jeune homme claqua le journal d'un geste sec de la main contre la petite table en résine.

_ Ne fais pas comme si tu ne m'entendais pas. Jordan doit te rembourser.

_ Je t'ai très bien entendu. Il n'y a pas à discuter sur ce sujet, je ne laisserai pas Jordan me rembourser. C'est l'inflation, la valeur de nos biens ne cesse d'augmenter de jour en jour.

_ Très bien, si tu le prends comme ça...

Stiles se rencogna au fond de sa chaise, vexé et boudeur, les bras croisés contre son torse, laissant Scott, prendre à loisir le journal encore délaissé sur la table. Le serveur choisit ce moment pour apporter son café au dessinateur qui consultait maintenant les petites annonces que Stiles avait commencé à entourer.

_ Tu cherches un logement ? l'interrogea Scott sans vraiment attendre de réponse car cette dernière semblait évidente, c'était plus une phrase jetée comme une constatation, ce qui tomba fort bien car Stiles était tout décidé à l'ignorer royalement.

Scott, lui sortit son téléphone, pianota dessus avant de le porter à son oreille et d'attendre.

_ Qu'est-ce que…?

Scott lui sourit et lui souffla un « fais-moi confiance »

_ Erica ? Oui... Est-ce que c'est toujours toi qui t'occupes de Wilshire Center ? 412 South Berendo Street ?... Oui... T'es un ange. Il s'appelle... Stiles, Mmh non, je n'ai pas son nom de famille sous les yeux. Non, c'est... Tu comprendras quand tu le verras. Non... Dans deux semaines. Oui je sais. Je t'embrasse Erica. Oui, je le lui dirai. Bye.

Stiles le regardait. Choqué. Les yeux emplis d'horreur et la bouche grande ouverte.

_ Mais...

_ Ne t'énerve pas. Il fait partie des annonces que tu viens d'entourer et il se trouve que... bref, j'ai juste donné un petit coup de pouce pour que ton dossier soit accepté. Echo Park n'est pas un quartier recommandable pour un garçon comme toi et...

Stiles écarquilla les yeux,vexé et Scott bafouilla encore plus avec ses propres explications.

_ Un... Un garçon... comme moi, répéta Stiles comme si les mots lui écorchaient la bouche.

_ Non. Non. Ne le prends pas comme ça. J'ai... Je t'aime bien Stiles, vraiment. Je ne te fais pas la charité, je... je t'aide juste, à, à, à, à ne plus te retrouver dans la précarité, Jordan m'a dit pour l'hôtel, et crois-moi, il sera le premier à approuver ce que je viens de faire. Il s'inquiète. On s'inquiète tous.

La colère de Stiles s'évanouit comme neige au soleil devant la mine déconfite et pleine de culpabilité de son aîné.

_ Je. Jeeeee, je consens à passer l'éponge si tu viens à la boutique te faire créditer de la somme que Jordan te doit, tenta Stiles assez fier de lui.

_ Quoi ? Non.

_ Mais pourquoi ?

_ Parce que, le comics et ton appartement sont deux choses complètement différentes. Je m'excuse de m'être immiscé dans tes affaires sans ta permission, mais je ne suis pas vraiment, si désolé que ça. Pas si je te sais plus en sécurité, répondit en toute sincérité le dessinateur en laissant un gros billet sur la table, prêt à partir.

_ Ne fuis pas ! Qu'est-ce que tu es venu faire là, pour commencer ? s'agaça Stiles, frustré par la tournure des événements.

_ Moi ? Mais juste prendre un café Stiles... Juste un café... Prépare-toi. Je t'appelle pour la visite.

_ Vous êtes particulièrement agaçant, Mr McCall.

Scott grimaça au patronyme qu'il détestait et s'éloigna, doucement, le sourire aux lèvres. À cet instant , Stiles avait envie de le lui arracher.

_ C'est de bonne guerre, gamin.


OoO


Ses doigts se crispaient contre le téléphone qu'il tenait en mains alors qu'il faisait les cent pas devant la petite boutique de comics. Son autre main se perdait dans ses cheveux, ses sourcils se fronçaient, sa jambe droite tremblait et il se mordait la lèvre inférieure avec insistance. Deux mois qu'il avait fuit Beacon Hill pour venir se perdre dans la grande cité des anges. Il s'attendait à quoi ?

_ N'insiste pas, Lydia. Non. Je ne reviendrai pas.

Il regarda Jordan, qui le toisait, inquiet. Il lui fit un petit signe qui se voulait rassurant, mais quelque chose lui disait qu'il n'avait rien d'avenant en ce moment même.

_ NON ! En quelle langue je vais devoir te le dire ? Et ne me fais pas de psychanalyse à deux balles, je t'en prie. On dirait ta mère...

Il n'avait même pas vu Scott rentrer dans la boutique. Ce n'est que quand il vit son patron plaquer une feuille sur laquelle était inscrit quelque chose qu'il s'aperçut de la présence du dessinateur à ses côtés. Merde. Depuis combien de temps se donnait-il en spectacle de cette façon ?

_ Va te faire foutre, Lydia ! Tu comprends ça ? Tu comprendras jamais rien. Tu ne peux pas comprendre parce que tu n'es pas à ma place et n'espère même pas que je vienne vous voir, ta mère ou toi dans votre cabinet de merde pour que vous puissiez tenter de me rappeler à « la raison » ! Je gère comme je l'entends et tu n'as pas le droit de me juger pour ça !

Il regarda ses pieds pour tenter de respirer profondément. Il avait envie de lancer son téléphone loin sur la route pour que ce dernier meure écrasé, ployant sous les roues d'un quelconque quatre-quatre. Il avait envie de partir en courant, fuir encore. Il avait envie de se recroqueviller sur lui-même et pleurer parce que c'était trop dur et que son amie d'enfance ne voulait rien comprendre. Il n'écoutait même plus ce qu'elle lui disait, il regarda son écran et coupa la conversation avant de jeter son téléphone pour de bon avec toute la rage dont il était capable. Il regardait la route, comme hanté et remarqua que son corps s'agitait à grand renfort de larges respirations seulement lorsque quelqu'un posa une main sur son épaule. Crise de panique ? Il se tourna vers Scott, les larmes perlant aux coins des yeux et la lèvre inférieure tremblante.

_ Viens avec moi.

_ Mais... Jordan...

_ T'es clairement pas en état, et si tu avais lu ce qu'il tentait de te dire tout à l'heure, tu saurais qu'il te demandais de prendre ta journée, lui expliqua Scott avec ces yeux qui faisaient totalement craquer et ployer Stiles à chacune de ses demandes.

Stiles se laissa traîner dehors, désormais incapable de retenir ses larmes plus longtemps. Il mit du temps à comprendre que Scott venait de s'arrêter et qu'il lui tendait désormais un casque de moto. Il le mit mollement, sous le regard inquiet de l'hispanique et enjamba le bolide dans un état second. Il ne remarqua que tardivement qu'ils ne se dirigeaient pas vers Wilshire Center, mais qu'ils s'enfonçaient dans une zone pavillonnaire des nouveaux riches de L.A., probablement Los Feliz, dont il avait entendu Jordan parler une fois. Il savait que Scott habitait dans ce quartier, mais il n'avait jamais osé s'aventurer si loin dans cette immense ville. L'hispanique conduisait à travers les hautes collines du quartier quand il finit par ralentir dans une haute allée pour atteindre une maison cachée dans un renfoncement. Il gara sa Horex VR6 Roadster dans le garage bordé de lierre, coupa le contact et entraîna le jeune homme à travers un dédale de pièces et de couloirs qu'il ne remarqua même pas. Il le posa sur son canapé, alluma la télé et lui souffla quelque chose que Stiles ne comprit pas. Il ne regardait même pas l'écran, totalement désintéressé par la vie dans le monde.

Stiles sursauta quand le dessinateur revint avec un café bien noir qu'il posa délicatement sur la table basse, face à lui. Stiles tourna lentement sa tête vers lui et son corps agit plus vite que sa tête. Il fondit sur la bouche de son aîné pour un baiser désespéré. Il ne savait pas pourquoi il faisait ça mais il en avait besoin. Scott le repoussa un peu dans le canapé et le jeune homme crut un instant que son geste avait été déplacé, mais Scott lui attrapa la nuque pour lui soumettre un autre baiser. Scott, s'écarta un peu, scrutant le visage de Stiles. Sa main restait fermement autour de la nuque du jeune homme alors que l'autre balayait quelques-unes des mèches qui passaient devant ses yeux. Il l'interrogeait du regard. L'hispanique était pourtant si proche que leurs souffles se mélangeaient encore et Stiles ne résista pas à l'envie d'attraper ses lèvres entre les siennes.

Encore.

Timidement, dans un premier temps, puis il ne parvint plus à se concentrer sur autre chose que cette langue qui le grisait complètement. Les échanges devenaient de plus en plus désordonnés, les caresses, plus pressantes et plus orientées. Scott se rapprocha, plus près encore, le tenant avec une douceur féroce, collant son corps au sien, plaquant leurs deux corps échauffés, tendus. Après quelques minutes, il repoussa complètement Stiles contre la surface en cuir, le laissant haletant alors qu'il commençait à déboucler la ceinture du jeune homme, les mains tremblantes. Les gestes étaient un peu précipités, et souvent Scott revenait pour embrasser Stiles, comme pour le conforter dans l'idée que tout allait bien, qu'il était d'accord avec ça. L'hyperactif voulut se redresser pour soustraire le dessinateur de son haut, mais ce dernier le repoussa encore. Il se pencha sur le corps désormais dénudé de Stiles pour le caresser avec lenteur, prenant son temps, appréciant le grain sous ses doigts. Les larmes de Stiles redoublèrent alors même qu'il avait l'impression d'être l'objet d'une adoration qu'il ne méritait pas.

_ Ssshht, souffla Scott en passant ses pouces sur les yeux humides et clos avant d'embrasser l'une des joues de Stiles et de redescendre lentement. Trop lentement au goût du jeune homme. Mais Scott ne lui laissait aucune possibilité d'agir ou de se mouvoir.

_ Apprécie juste, murmura le dessinateur.

Stiles laissa retomber sa tête lourdement contre le coussin de cuir moelleux et hoqueta de surprise quand Scott lui saisit la verge pour lui imprimer quelques mouvements avant de la prendre en bouche. Stiles sentait avec exactitude suffocante la langue de Scott passer le long de sa fente pour descendre le long de sa couronne en quelques gestes circulaires. Il joua un moment avec le frein et décida de le prendre complètement en bouche, arrachant, cette fois, un cri à Stiles qui se transforma bien vite en une série de gémissements qu'il tenta de refréner. Comme pour le punir, Scott l'aspira plus durement, exerçant une pression sur sa queue qui lui vrilla totalement les synapses. Le plaisir était devenu bien trop intense. Stiles avait juste l'impression que Scott voulait lui arracher son orgasme par la force, ce qui, fonctionna de façon fulgurante. Alors même qu'il laissait enfin libre cours à son plaisir, ses gémissements s'élevant avec force dans la pièce, il ne fallut pas plus d'une poignée d'allers-retours pour que Stiles sente sa jouissance toute proche. Il tenta d'éloigner Scott de lui, de marmonner un semblant de phrase inintelligible, mais ce dernier resta sourd à ses avertissements. Stiles, vint, ravagé et honteux, dans la bouche de son aîné, qui lui, semblait ravi par la tournure des événements.

_ Je... Je suis désolé, balbutia Stiles, la respiration encore hachée, le rouge aux joues et le regard fuyant.

_ De quoi es-tu désolé ? demanda le dessinateur en se léchant les lèvres avec une lenteur qui hypnotisa le jeune homme.

_ Je euuh...pour... euh... j'ai...

Scott sourit en se penchant sur le visage de Stiles. Il déposa un léger baiser sur ses lèvres, puis sa joue droite avant de se redresser d'un mouvement leste.

_ Mais...

_ Mais quoi, Stiles ? demanda doucement le dessinateur, dont les yeux débordaient d'une candeur qui fit chavirer le cœur de Stiles instantanément.

_ Et toi ? le questionna Stiles d'une voix tremblante

_ Ne t'occupe pas de moi, pense à toi. Allez, bois ton café et viens m'aider. J'ai encore un tas de choses à faire.

_ Oh euh, je vais, je vais partir, je voulais pas... C'est... Je suis...

_ Détends-toi Stiles. Si je t'ai amené ici c'est que j'en avais envie. Ce sera juste plus simple de faire du tri dans mes vieux cartons de comics avec deux mains en plus. On va s'amuser, je te le promets.


OoO


Il s'était installé une sorte de routine entre les deux hommes. Plus d'un mois maintenant que Scott venait le chercher à la fin de sa journée de travail, il l'emmenait jusqu'au 2661 Aberdeen Avenue, dans sa jolie petite maison atypique et le ramenait sur Wilshire Center à la tombée de la nuit. Et aujourd'hui ne faisait pas exception. Il avait mit du temps à se sentir à l'aise dans cette grande maison. Avec cet homme si extraordinairement incroyable. Mais Scott avait su y faire. Maintenant, il était allongé sur le parquet vieilli du grenier en train de rire aux explications caricaturales et mimées de Scott. Quelques cartons avaient été éventrés et pour certains, ils vomissaient encore leur contenu sur le sol, jetant pêle-mêle des revues aux couvertures glacées, sur celles déjà amoncelées un peu partout.

_ Scott ? Tu es où ?

_ Dans le grenier, prunelle de mon cœur, amour de ma vie, répondit l'interpellé, le rire dans la voix et les yeux pétillants de malice.

L'hilarité de Stiles redoubla de plus belle, alors que des pas dans le petit escalier escamotable se faisaient entendre. L'entrée du grenier laissa apparaître un homme, magnifique au demeurant, les yeux couleur tempête et la barbe taillé au millimètre près, le corps cintré dans une veste en cuir qui lui donnait un petit air rebelle. Le rire de Stiles mourut instantanément dans sa gorge, estomaqué. Et c'est avec la sensation d'être en plein délire qu'il vit l'homme s'approcher de Scott pour l'embrasser amoureusement, comme une salutation bien rodée.

_ Tu me pré...oh !

Derek s'était interrompu, surpris de trouver le jeune homme qu'il avait voulu ramener chez lui quatre mois auparavant et avec qui il avait fini par coucher dans des toilettes insalubres.

_ Oh ? Que se passe-t-il ? l'interrogea Scott, curieux alors qu'il lui caressait le bras doucement et tendrement.

Stiles lui, pour la première fois depuis trois mois et deux semaines et quatre jours exactement, regardait la main gauche de Scott, son annulaire précisément, celui-là même qui arborait une magnifique alliance qui devait valoir une fortune. Ses yeux migrèrent vers celle du bel inconnu du bar, où le même anneau trônait fièrement. Il les regarda tour à tour plusieurs fois, ses yeux s'agitant dans un sens puis l'autre à mesure que son visage perdait toutes couleurs humaines, devenant aussi pâle et verdâtre qu'un légume douteux.

_ Stiles ? s'inquiéta Scott.

_ Je...

Il était incapable de parler, la bouche sèche et le corps cimenté sur place. Il sentait la crise de panique pointer le bout de son nez.

_ C'est le gars avec qui j'ai couché il y a quatre mois dans le Milliways, celui que je voulais ramener ici, expliqua platement Derek.

_ Non... C'était Stiles ? Incroyable ! s'exclama Scott impressionné en regardant Stiles comme s'il était le dernier ovni déclaré.

_ Tu as...

_ Sexe oral, éluda Scott sans quitter Stiles des yeux, qui, lui, ne comprenait plus rien. Je n'arrive pas à croire que c'était lui que tu voulais ramener, tu ne ramènes jamais personne, s'émerveilla un peu plus Scott.

_ Et pourtant. C'est bien lui, pas de doute là-dessus.

_ C'est... C'est notre premier coup de cœur commun, Derek !

_ Mmf, ce n'est pas comme si on les exhibait à chaque fois.

_ C'est vrai. Mais cette fois, c'est un signe... Stiles ?

La respiration ample et trop rapide, le visage pâle et la tête qui bourdonnait, Stiles n'entendait plus que vaguement la conversation, trop concentré sur son souffle qui commençait à devenir saccadé, sans qu'il ne puisse rien faire pour l'apaiser. Il se sentit soulevé pour être appuyé contre un corps ferme. Il sentit vaguement être reposé puis allongé au sol, avec un petit sac en papier sur ses voies respiratoires.

_ Respire... respire... doucement, ça va aller. Tout va bien.

Plus tard, il se réveilla dans un lit, un peu las et perdu. Pendant quelques secondes, il ne se rappelait plus où il se trouvait, mais Scott choisit l'instant où il se redressa en position assise pour s'installer sur le bord du lit. Il se pencha sur lui, la mine inquiète, une main vite posée sur son front.

_ Tu te sens mieux ? l'interrogea-t-il, soucieux, en se mordillant la lèvre inférieure.

Au loin, Stiles pouvait voir Derek adossé au chambranle de la porte, les bras croisés. Il avait cette expression qui ne permettait pas à Stiles de savoir ce qu'il pensait. Son regard se reporta de nouveau sur Scott dont la main chaude était maintenant posée sur sa joue et Stiles se rappela que ces deux-là étaient mariés. Deux hommes mariés avec qui il avait couché.

_ Je... J'en sais rien, souffla-t-il en réfléchissant deux fois plus.

Scott tourna sa tête vers Derek, qui haussa les épaules, sûrement peu au fait de la démarche à suivre. Stiles se frotta les tempes, son cerveau moulinait dans la semoule. Il n'arrivait pas bien à cerner ce qu'il faisait là et maintenant, il avait plus envie que jamais de partir, de ne plus penser à Scott ou Derek, s'enfermer dans son appartement à double tour, manger de la crème glacée devant Battlestar Galactica à en exploser, ignorer les probables appels de la terre entière... Ah non, il n'avait plus de téléphone. C'est de cette façon qu'il réalisa à quel point il se retrouvait isolé, seul, telle une proie facile pour un couple en mal de sensations fortes. La colère monta si brusquement dans son corps qu'il en sursauta, bondissant du lit tel un diable monté sur ressort. Il voulut sortir de la chambre, mais Derek s'interposa, barrant le passage de son corps massif. Scott lui, s'était levé avec l'intention de le calmer, mais maintenant Stiles ne ressemblait plus qu'à un animal traqué, rabattu contre un mur par deux hommes dont il ignorait tout ou presque. D'ailleurs, le jeune homme voulut frapper l'un d'eux pour pouvoir fuir, mais Derek lui saisit le poignet.

_ Calme-toi, lui ordonna-t-il en resserrant sa prise autour de son poignet.

_ Derek, ne fais pas ça... Lâche-le, le supplia Scott en posant une main douce sur celle de son mari.

_ Il vient de s'évanouir, c'est...

_ Je sais, mais tu lui fais encore plus peur de cette façon.

Derek relâcha la pression qu'il exerçait sur Stiles, l'air confus. Stiles exhumait encore sa rage, ce qui rendit son assaillant encore plus misérable. Scott caressa sa main gentiment pour le rassurer et Derek finit par souffler des excuses au jeune homme.

_ Stiles... Je, je te jure qu'on ne te veut pas de mal c'est...

_ Reste, le coupa Derek.

_ Quoi ?! cracha Stiles complètement ulcéré.

_ Ok ! Ok ! Stop ! Stiles, veux-tu bien venir t'asseoir avec moi s'il te plaît ? lui demanda Scott, le visage décomposé par le désespoir avec ce regard si suppliant que même cette tête de mule de Stiles ne pouvait que craquer. Ce dernier hocha la tête pour opiner en se mordant l'intérieur de la joue. Fâché d'être si faible face au dessinateur.

_ Derek, est-ce que tu pourrais appeler un traiteur pour ce soir ? Qu'est-ce que tu veux manger, Stiles ?

_ Je ne reste pas pour manger, claqua Stiles.

_ S'il te plaît... reste, insista Scott avec ce même regard...encore.

Stiles détourna le regard de Scott. Confus. Il soupira longuement et se laissa retomber sur le lit lourdement. Il était une telle loque. Il détestait la façon si adorable avec laquelle Scott arrivait à tout obtenir de lui.

_ D'accord, souffla-t-il.

_ Qu'est-ce qui te ferait plaisir ?

_ J'en sais rien Scott, je... ce qui vous inspire, là, j'ai juste...

_ C'est la première fois, on... on ne joue pas avec toi, tu sais. C'est... Putain ! C'est compliqué. Je t'aime... beaucoup. Et Derek, malgré le fait qu'il soit...

_ Brutal ? Autoritaire ?

_ Oui... Scott se racla la gorge, rougissant un peu. Tu... l'intrigues, il... euh...

_ Vous êtes, un genre d'union libre ?

_ C'est compliqué.

_ Ça m'aide pas vraiment, tu sais ? De juste. Savoir que c'est compliqué. Qu'est-ce que vous attendez de moi ?

_ Rien. Enfin... Non, on... tu es, différent.

_ Scott. Qu'est-ce que vous voulez ? demanda Stiles de façon autoritaire, coupant court à la façon ridicule dont il tournait autour du pot.

_ Toi. On te veut toi, lâcha Derek en revenant dans la pièce et Scott en retint sa respiration.

Stiles se redressa en position assise et plongea son regard dans celui de Derek. Il était soulagé que Derek soit une personne aussi franche, de toute évidence, le bafouillage incompréhensible de Scott aurait fini par le rendre fou.

_ Merci.

_ Il m'a rendu fou plus d'une fois de cette façon, répondit Derek sur un ton entendu.


Et voilà mes chats!

Un merci à tous ceux qui lisent, les fidèles comme les discrets.

Je ne sais pas exactement si j'aurais la possibilité de poster toutes les semaines donc je préfère tabler sur quinze jours pour le moment, on verra par la suite

J'espère que cette fic vous plait

N'hésitez pas à me laisser une review pour me dire ce que vous en pensez, c'est la rémunération du cœur, pour les auteurs ;p

A bientôt