Bonjour à tous !

Enfin un nouveau chapitre, je m'excuse pour l'attente, j'ai du mal à me mettre à écrire mais une fois que j'y suis j'écris presque d'une traite ^^'

J'espère quand même que mon histoire vous intéresse toujours !

Un grand merci à toutes les reviews ! Ça fait vraiment plaisir !

Sur ce, bonne lecture !


Lorsque Bilbo revint le lendemain, il avait le teint rosé, l'air fatigué mais heureux. Le matin, Thorin l'avait réveillé de la plus douce des manières, à force de caresses tendres et de baisers aimants. La première chose qu'il avait vu en ouvrant les yeux était le discret, mais sincère, sourire de son futur époux. Le brun lui avait murmuré quelques mots pour le saluer avant de l'embrasser et la passion avait bien vite grimpée en eux, les menant vers de nouveaux ébats.

Cette petite incartade avait mis le roi en retard pour une réunion et le nain dû quitter en vitesse leur chambre après un toilettage bien sommaire. Bilbo avait donc pris son temps pour se laver avant d'aller chercher une collation en cuisine.

En parvenant aux archives, Bilbo finissait un pain à la farine de marron, fourré à la confiture de framboises. Il salua Balin plutôt joyeusement, le vieux nain souriant en se doutant de la raison de sa si bonne humeur. Le cambrioleur lui avait semblé morose ces derniers temps, il était donc satisfait de le voir si gai.

Il lissa sa longue barbe blanche en observant, le regard rieur, le petit hobbit disparaître entre les immenses étagères remplies de livres à la couverture colorée mais défraîchie.

Rapidement, il se remit à son travail, inventoriant et classant les ouvrages tout juste restaurés, cela était une tâche particulièrement minutieuse car il ne devait pas se tromper dans les références ni sur l'emplacement attribué à l'œuvre dans les archives.

Bilbo atteint enfin sa table de travail habituelle et rougit, n'osant s'assoir sur la chaise où lui et Thorin s'était abandonné la nuit dernière. Il se tint donc debout, relisant ses dernières notes sur le livre avant de remarquer son absence. Le hobbit fronça les sourcils et se pencha pour regarder sous la table s'il n'était pas tombé. Il sursauta en entendant une voix grave approcher en récitant un passage.

« …Ainsi, Mahal forgea, au cœur de son domaine de roches. Il fit fondre le métal, un alliage de minerais savamment choisis agrémentés d'un morceau de lune. Le feu de la montagne rugissait sous la cuve tandis qu'il observait d'un œil avisé la fusion des métaux. Parmi les nombreux moules qu'il eut fabriqués, il en choisit un. Lorsque le moment vint, il versa l'alliage fondu dans le moule. Le temps que le froid saisisse la forme dans le métal, il choisit deux splendides et brillants saphirs pour les offrir en guise d'yeux à sa création. Une fois le moule défait et les pierres incrustées, l'alliage se craquela pour ne laisser qu'un être à la peau souple mais résistante, doté d'une barbe hirsute et noire et de deux yeux d'un bleu envoutant. Mahal nomma son premier enfant Durin et s'empressa d'en créer d'autres avec son aide, lui apprenant l'art de la forge. »

Bilbo fixa Gravin qui refermait l'ouvrage avant de regarder la couverture d'un air amusé.

« Ce sont là des contes pour enfants, cher hobbit. N'avez-vous pas passé l'âge ? Et vous prétendez au titre de consort…

- Et vous, n'en avez-vous pas assez de me toiser sans cesse ? s'agaça Bilbo en reprenant le livre des mains du nain des monts de fer. »

Le nain sourit en s'approchant excessivement du blond, attrapant une de ses boucles miel pour la caresser, appréciant sa douceur.

« Vous et moi savons que vous n'êtes pas fait pour cette vie…vous n'avez pas le profil d'un roi…laissez donc cette place à l'une des princesses naines qui vont venir à Erebor…je saurais vous consoler et…combler le vide que laissera notre roi. Je suis assez riche pour vous assurer une vie fastueuse à vous et votre bâtard. »

Bilbo resta figé un instant, choqué des propos encore une fois si insultants envers lui. Retrouvant ses moyens, il s'appliqua à abattre lourdement le livre épais sur le visage du nain, sentant un bonheur malsain en entendant son nez craquer. Il en avait assez qu'il le poursuive de mots acerbes, de piques blessantes et de préjugés méprisants.

Gravin recula en tenant son nez ensanglanté, jurant en khûzdul. Malheureusement pour lui, Bilbo n'était pas le dernier des idiots et avait appris un peu la langue depuis un mois qu'il était à la montagne. Il leva son ouvrage, prêt à frapper de nouveau. Jusqu'à ce qu'une main retienne son bras.

Il leva les yeux pour rencontrer ceux de Fili, flanqué de Kili et des quatres ouargues. Le prince blond s'avança face au conseiller royal, lui suggérant fortement d'aller se faire soigner, ne pouvant retenir un sourire en coin. Après un regard empli de hargne, le vieux nain tourna les talons pour sortir des archives.

« Il l'avait bien mérité ! Bravo Tante Bilbo ! félicita Kili avec un sourire espiègle.

-Ne m'appelle pas ainsi ! bégaya le hobbit embarrassé. »

Fili observait l'échange en riant légèrement, amusé. Néanmoins, il avait la tête ailleurs, il avait vu l'attitude de Gravin et cela l'inquiétait. Flirtait-il uniquement pour éloigner Bilbo de son oncle ou était-il réellement intéressé par le hobbit ?

La seconde solution ne lui paraissait pas impossible. Après tout, la quasi-totalité des nains méprisaient Bilbo avant de faire plus ample connaissance avec lui. Ils se basaient tous sur ce qu'ils pensaient savoir de son espèce et les premières impressions qu'ils avaient en voyant le timide hobbit. Les nains aimaient les grandes gueules, l'expérience, les guerriers, les pilosités abondantes.

Certes, ce dernier point ne pouvait être corrigé. Mais pour tous les autres. Bilbo était discret mais savait se dresser quand il fallait. Il avait une vie moitié moins longue que celle d'un nain, mais ses nombreuses lectures en faisaient quelqu'un doté d'une conversation animée et plaisante. Il n'avait jamais appris à se battre, mais il était valeureux et même enceinte, il avait brandi Sting face à un marchand voulant vendre des esclaves à Erebor. Et bien que Thorin l'ait réprimandé pour sa prise de risque, le roi n'était pas moins fier de son fiancé.

Bilbo avait bien des qualités pour plaire à un nain, et cela, sans compter sur sa capacité à enfanter. La moitié des nains mâles ne trouveraient jamais de femelle pour s'accoupler, et parmi les mâles, très peu avaient reçu le don de porter leur progéniture. En réalité, la plupart était de la lignée de Durin plus ou moins lointaine. Autant dire une poignée de nains.

Cette pensée fit porter son regard sur son jeune frère. Il savait que Kili préférait les bras des nains les plus virils. En tant que neveu de Thorin, il avait eu des avances de quelques naines mais les avaient toutes gentiment éconduites. Par conséquent, il finirait sûrement par se trouver un mâle dont il portera les enfants.

Depuis un peu plus d'une semaine, il avait souvent cette vision. Celle de son petit frère, heureux dans les bras d'un autre que lui, le ventre rond du bébé de cet inconnu, entouré par deux enfants débordant d'énergie.

Et depuis une semaine, cette vision le mettait dans une rage folle, réveillant en lui une jalousie sans limite. Personne ne pouvait prendre le cœur de SON frère, et personne d'autre que lui ne pouvait lui apporter du bonheur !

Puis, il se souvenait qu'ils étaient liés par le sang et que lui était l'héritier du trône. Thorin avait assuré devant le conseil qu'il garderait sa place de prince même si l'enfant de Bilbo était un nain. Même si sa promesse datait d'une époque où il était persuadé de ne plus jamais s'engager sentimentalement, son oncle n'avait qu'une parole.

Malheureusement, le conseil ne démordait pas de convaincre Thorin d'épouser une naine avant de sceller son mariage avec le hobbit. Il les avait entendu monter des plans mais il avait refusé de les laisser faire. Il était intervenu, et leur avait promis de prendre une princesse pour épouse parmi celles qui se présenteraient lors du mariage de son oncle. Ils avaient accepté.

Il n'en avait parlé à personne. Au début, il s'était dit que sa promesse ne lui coûterait rien, il trouverait très certainement une naine à son goût. Mais ses visions avaient commencé et il devait se rendre à l'évidence. Ses sentiments pour Kili étaient moins fraternels qu'il ne le pensait.

Dorénavant, il se trouvait sale. Comment pouvait-il songer à lui de cette façon ? Il devait le protéger, pas le convoiter. Il n'osait même plus lui offrir un câlin tant ses pensées étaient devenues impures depuis sa révélation. Il s'interdisait de le regarder trop longtemps et se privait même de son parfum tant chéri.

Finalement, cette promesse secrète qu'il avait fait au Conseil lui permettrait de ne pas céder à ses envies déplacées. Il ne dirait rien à personne et ses sentiments passeront. Désormais, il priait presque Aulë de lui donner le coup de foudre lors de l'union de Bilbo et Thorin.

Il baissa les yeux en sentant la jambe de son pantalon être légèrement tirée. Apercevant Sabba, la petite louve couleur sable, il sourit. Ce chiot s'était immédiatement attaché à lui et l'inverse était vrai. La louve dormait toutes les nuits dans son lit et elle était la seule à se séparer du reste du groupe qui restait avec Kili.

En réalité, il lui en avait parlé à elle. Mais c'était plus facile vu qu'elle ne le comprenait pas, ne cherchait pas à lui faire changer d'avis, ne le jugeait pas et ne le répèterait à personne. Elle se contentait de lui faire des léchouilles en sentant sa détresse émotionnelle.

Il se pencha pour la prendre dans ses bras, la portant contre son torse. Il lui prodigua quelques caresses sur la tête avant de lever les yeux. Captant une demie seconde le regard attristé de son frère. Il voyait bien que son éloignement le blessait, mais il faisait son devoir d'aîné…il le protégeait.

L'archer chahutait Bilbo mais avait la tête ailleurs. La culpabilité l'étouffait. Fili prenait ses distances avec lui et il était persuadé qu'il avait fini par comprendre. Il n'avait pas su être discret sur ses honteux émois après son grand frère et maintenant il le fuyait. Si seulement il pouvait lui dire qu'il ne voulait qu'être près de celui qu'il admire tant.

Fili était la chose la plus importante dans sa vie, il ne pouvait s'imaginer son absence. Il devait lui parler, tenter de s'expliquer avant que cela ne soit trop tard.

Mais il devait trouver le moment propice. Pour que le blond accepte de l'écouter. Peut-être qu'il devrait lui proposer une journée de chasse. Il emmènerait de la bière et un bon repas pour le midi et profiterait de cet instant.

Le châtain ferma douloureusement les yeux pour se retenir de verser une larme. Il ne désirait qu'une seule chose, ne pas le perdre. Ô Mahal, par pitié, vous nous avez fait survivre à la bataille des cinq armées, ne me l'enlevez pas ainsi.

Un peu plus loin dans le palais, le roi écoutait patiemment les doléances des trois principaux marchands de fourrure du royaume, inquiets des récentes techniques de traitements de la laine qui pourraient leur faire une importante concurrence. En effet, les tissus de laine étaient bien moins chers que les fourrures, ainsi, les plus pauvres n'en achèteraient plus du tout et les riches les moins préoccupés par le paraître aussi.

Thorin refusa d'interdire le commerce de laine sur le territoire d'Erebor mais promis de racheter la viande consommable des proies à un prix très avantageux pour couvrir la différence ainsi que leur offrir une place mieux exposée dans le marché de la Montagne. Les trois trappeurs s'inclinèrent respectueusement en remerciant Thorin et quittèrent la salle.

Le brun rassembla les parchemins, mettant de côté la consigne aux cuisines royales, puis les roula et glissa dans un tube de bois. Sa réunion s'était terminé plus tôt que prévue malgré son retard. Il s'approcha de l'âtre pour se réchauffer les mains, pensif.

Il avait été surchargé de travail lors de la reconstruction d'Erebor, le rythme se ralentissait un peu désormais, ses neveux avaient bien géré le royaume durant ses deux mois d'absence. Il sourit en songeant qu'il avait fait le bon choix en les gardant comme héritiers.

Rapidement, il se remémora son programme de l'après-midi. Il devait recevoir le tailleur pour les tenues de mariage, Bilbo serait donc avec lui et sûrement que ses neveux viendront y assister, ne supportant pas d'attendre le jour de son union pour les voir. Peut-être en profitera-t-il pour demander au tailleur de leur confectionner quelque chose pour l'occasion aussi. Cela occupera facilement tout le reste de sa journée et il ne pouvait rien avancer durant son petit temps libre.

Sa dernière dispute avec son fiancé lui revint en tête. Faire de Dale une ville indépendante, sous la protection d'Erebor, Esgaroth et Mirkwood. Faire alliance avec un elfe, surtout Thranduil, lui demandait de mettre toute sa fierté de côté. Bard était un homme droit et bon, un tel accord avec lui ne lui posait pas de problème. Mais le roi des elfes.

Un soupire lui échappa. Bilbo avait raison, il était roi sous la Montagne désormais. Il devait assurer la paix et le bien-être de ses sujets. Montrer l'exemple. Et le partage de Dale était sans nul doute, un moyen d'assurer une prospérité saine à son peuple.

Les précieuses attitudes elfiques agaçaient les nains, mais personne ne pouvait nier leur immense savoir dû à leur longévité. Ils étaient pacifiques mais valeureux, ils s'étaient battus à leurs côtés contre l'armée des orques. Leur médecine les avait tant aidés.

Il était de son devoir d'enterrer la hache de guerre, il espérait juste que Thranduil serait de bonne foi.

Il se rassit et saisit sa plume et un parchemin vierge, commençant sa lettre très officielle. Invitant l'elfe à venir à son mariage avec sa suite, évoquant une discussion au sujet de Dale, il veilla à ce que son ton reste neutre et le plus ouvert possible. Par la suite, il rédigea un courrier similaire à Bard.

Seulement après plusieurs relectures, il scella les parchemins. En sortant de la salle de réunion, le roi enfila son manteau de fourrure et se rendit à la volière. Il envoya deux oiseaux pour missionner ses plis et rejoignit sa famille pour le déjeuner.

La bonne humeur anima leur repas, Kili racontant le magnifique geste de Bilbo contre Gravin, riant de l'air gêné du hobbit. Thorin se laissa aller à sourire, s'étant même attaché aux louveteaux venant réclamer de la nourriture sous la table.

Le roi d'Erebor se sentait heureux et entouré, bien ignorant des yeux emplis de venin du nain des Ered Mithrin.


Et voilà pour cette fois ! N'hésitez pas à laisser des commentaires, je les lis et y réponds !

A bientôt !