Chapitre 1 – Félicitations
Le lieutenant Lev Dorany ne pouvait s'empêcher de se demander commet il en était arrivé là, au boulot qui était très probablement le moins convoité de toute la galaxie. C'était une chose qu'il se demandait la plupart des matins, mais aujourd'hui, c'était particulièrement déprimant.
Quand il s'était en engagé dans la Flotte Impériale comme jeune cadet enthousiaste, il y avait de cela sept ans, il rêvait de passer ses journées à voir toutes les merveilles et à saisir toutes les opportunités que la galaxie avait à offrir. Conformément à ce que promettaient les affiches de recrutements.
On ne lui avait pas dit qu'il existait une faible probabilité qu'il ait à gérer quotidiennement un Seigneur Sith lunatique. Ils n'avaient pas non plus mentionner que la proximité d'un Seigneur Sith rendait votre attestation d'assurance vie nulle et non avenue. Quelques mois plus tôt, il avait découvert qu'il n'était plus retenu pour le programme de retraite de l'armée. Apparemment, selon la lettre courtoise qu'il avait reçue du département des affaires internes, ce serait du gâchis de se séparer d'un agent tel que lui.
Toujours bon à savoir.
Enfin, il devait regarder le bon coté des choses. Après avoir perdu sa place dans les petits papiers de ses supérieurs et avoir été muté à ce poste, ils avaient été ravi de lui expliquer qu'il n'allait pas durer deux mois. Et pourtant, le voilà, un an plus tard et toujours en vie.
Seulement trois autres assistants personnels avaient véritablement été étranglés à mort depuis son arrivée – et pas un par semaine, comme le suggéraient les rumeurs. Et en fait, le Seigneur Vador pouvait se révéler assez courtois à l'occasion. Un de ces jours, il pourrait même finir par retenir son nom.
Lev fit une halte devant la salle de conférence et ajusta son uniforme déjà immaculé. Il avait un message à transmettre. Personne d'autre n'avait été assez courageux pour s'y risquer, et il s'était bêtement prêté volontaire. Le dernier assistant qui avait essayé de parler au Seigneur Vador s'était vu expliquer en des termes très clairs qu'il devait être laissé seul. Mais les conséquences de ne pas transmettre immédiatement un message important pouvaient être pires que celles résultant de déranger un Seigneur Sith désireux de rester seul.
Les portes s'ouvrir en coulissant avec un sifflement soudain et sonore et Vador en sortit majestueusement.
-Mon Seigneur ? Tenta Lev
Vador se tourna pour lui faire face. C'était bon signe, au moins. Il n'avait pas passé son chemin sans lui prêter la moindre attention, ou pire, essayé de l'étrangler.
-Qu'y a-t-il ?
Lev s'éclaircit la gorge.
-L'un des assistants du Sénateur Lerrod est passé ce matin. Il a laissé ceci.
Lev leva une speeder T-16 miniature et un sac effiloché rempli de vêtements.
Au grand étonnement de Lev, Vador se précipita immédiatement pour se saisir du jouet. Il commença à le tourner et le retourner dans ses mains gantées, l'examinant.
-Je ne sais pas si cela aura un sens pour vous, monsieur, poursuivit Lev, mais il a dit qu'il s'agissait des possessions d'un garçon dénommé Luke. Il a également dit que le Sénateur avait essayé de les emmener à l'hôpital mais que les gardes que vous avez postés là-bas lui ont refusé le passage.
Vador continuait d'étudier la figurine, sans réagir. Cela intrigua Lev. Le Seigneur Noir avait été d'étrange humeur depuis son retour de la soirée du Sénateur Lerrod, il y avait de cela deux jours. Il avait annulé tous ses rendez-vous et s'était terré dans ses appartements privés, sans communiquer avec quiconque pendant des heures. Lev soupçonna qu'il était la première personne à parler à Vador depuis cette nuit-là. Quoi qu'il ce fut passé, cela avait profondément affecté le Seigneur Noir.
Vador leva les yeux, semblant s'apercevoir de la présence de Lev comme s'il l'avait oubliée.
-Très bien. Envoyez un message au sénateur Lerrod.
Vador s'interrompit puis poursuivit.
-Dites lui que s'il s'approche à nouveau du garçon, je le taillerais en pièces et accrocherais ses restes à son tableau de campagne devant le sénat.
Lev déglutit.
-Oui, mon Seigneur.
Lev se détourna pour partir, avant de se souvenir d'une dernière chose.
-Oh, et nous avons reçu des appels incessants de la directrice du département des Services Familiaux Impériaux. Elle veut vous rencontrer immédiatement. Nous lui avons répété que vous ne receviez personne en ce moment mais elle se montre très insistante, monsieur.
-Que veut-elle ?
-Elle dit que c'est une affaire privée, monsieur, dit prudemment Lev.
Il suspectait que cela avait un lien avec le garçon en question, mais c'était les affaires de Vador et il n'avait pas à spéculer.
-Si il y a un créneau de libre dans mon agenda la semaine prochaine, arranger une rencontre alors.
-Oui, mon Seigneur, dit Lev. Que dois-je faire de ce sac de... ?
Vador tendit simplement la main, et Lev le lui remit avec reconnaissance. Qui que soit le garçon, il avait vraiment besoin de nouveaux vêtements.
Vador jeta les affaires de Luke dans un coin alors qu'il pénétrait dans sa chambre de méditation. Son travail s'amassait, mais il était inutile d''essayer ou de faire quoi que ce soit alors que les mots continuaient de résonner dans son esprit. Il est ton fils... il est ton fils... il est...
Tant de questions. Comment était-ce possible ? Quand avait eu lieu la naissance ? Où avait été le garçon pendant ces douze dernières années, et quel rôle Obi Wan avait-il joué dans ce puzzle ? Il est ton fils...
Il ne s'était jamais senti aussi idiot de sa vie qu'au moment où Obi Wan avait prononcé ces mots. Le garçon avait été sous son nez depuis des semaines à présent, et il ne s'était même pas donné la peine de demander son nom. C'est tout ce qu'il aurait fallu, une simple question, et il aurait su. Ou même plus simple – il aurait pris le temps d'observer le garçon correctement. Il arborait une ressemblance troublante avec lui. Mais il avait été trop fier, trop accaparé par ses propres soucis pour en prendre la peine.
Pourtant, même s'il avait négligé ces tâches simples, l'imposante présence du garçon dans la Force aurait du déclencher une sorte d'alarme dans sa tête. Ou peut-être que cela avait été le cas, mais il avait refusé de ne serait-ce que de considérer l'idée. C'était compréhensible. La dernière fois qu'une perspective de paternité était apparue, il avait été une toute autre personne. Une personne qui avait été submergée de joie à l'idée de devenir père.
Des souvenirs indésirables vinrent se former dans son esprit. Le visage souriant de Padmé, souriant alors qu'il sentait le bébé donner un coup...
Le visage de Padmé, tordu de douleur alors qu'elle étouffait sous sa vague de colère...
Cela n'avait pas aucune importance. Rien de tout cela n'importait. D'une manière ou d'une autre, le garçon avait survécu. Il était là à présent.
Et il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il allait faire à ce sujet. Il y avait deux nuits de cela, il avait conduit le garçon au centre médical et s'était arrangé pour qu'il soit gardé, jour et nuit. La seule personne qui avait une petite idée de ce qui se tramait était le docteur auquel il avait demandé d'arranger un test ADN. Il ne l'avait même pas encore dit à l'Empereur. Seule la Force savait ce que son maître aurait à dire à ce sujet.
Son comlink commença à sonner, et Vador soupira de frustration. Il était certain de l'avoir éteint depuis un moment. Mais une inspection plus attentive lui révéla qu'il s'agissait d'une fréquence à haute priorité.
Il décrocha d'un mouvement rapide et il reconnut l'image du docteur Leeson.
-Avez-vous les résultats du test ? S'enquit Vador
-Oui, en effet. Voulez-vous passer à mon...
-Dites-moi
-Très bien
Le docteur pressa un bouton, et l'écran derrière le comlink s'alluma et une image graphique de deux brin d'ADN en rotation apparut. Vador remorqua un peu de texte surligné sous le diagramme. Résultat positif.
-Félicitations, dit le docteur. C'est un garçon.
Ce n'était pas une surprise. Il savait déjà qu'Obi Wan avait dit la vérité – la Force était plus précise que la science la plus avancée pouvait l'être. Mais pour une certaine raison, voir la data en face de lui rendait la réalité encore plus choquante. Il était père.
-Quel âge a-t-il ? Demanda finalement Vador
Le docteur consulta le datapad dans sa main.
-Luke a récemment eu douze ans.
Cela correspondait. En fait, ça correspondait parfaitement.
-Monsieur, je réalise que vous êtes très occupé, poursuivit le docteur. Je comprends que cela doit être un moment difficile pour vous, et je n'ai aucune intention de m'immiscer dans votre vie privée. Mais, en tant que médecin de votre fils, je dois vous demander ce que vous avez l'intention de faire à l'avenir. En ce moment, il est secoué et confus... il ne cesse de demander s'il va retourner au centre d'hébergement du SFI. Je veux le rassurer, mais je ne veux pas remplir sa tête de faux espoirs.
-Êtes-vous en train d'insinuer que j'abandonnerais mon propre enfant? demanda Vador, contrarié
-Mes excuses, monsieur, mais ce ne serait pas la première fois que j'aurais à gérer cette situation.
Vador n'avait aucun mal à imaginer bon nombre de l'élite de l'Empire se débarrassant secrètement de leur enfant pour éviter l'embarras. Il n'était pas une de ces personnes.
-Je passerai et l'examinerai cet après-midi, dit Vador. Est-il prêt à quitter le centre médical ?
-Je voudrais le garder sous observation un peu plus longtemps, monsieur. Mais il fait de bons progrès.
-Bien, dit Vador, contactez-moi s'il devait y avoir le moindre problème.
Vador mit fin à l'appel, et s'enfonça au fond de son fauteuil. Il sentait qu'il pouvait faire confiance au docteur, ce qui était une bonne chose. Un homme d'une moindre valeur se serait déjà précipité chez les médias, et l'hôpital aurait été assiégé par les journalistes de la presse à scandale. Le garçon devait être protégé de cela à tout prix.
Il était étrange qu'il ait déjà cet instinct protecteur. Il connaissait à peine le garçon, après tout. Il devait y aller et discuter avec lui cet après-midi, et il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il allait dire. Il n'était même pas certain de la manière dont il devait s'adresser à lui. « Luke » semblait trop familier, mais « Skywaker » était trop formel.
Un bip soudain émis par l'ordinateur indiqua qu'un nouveau message venait d'arriver. Vador se pencha pour l'ouvrir, appréciant la distraction. Rester assis ici à réfléchir à la tournure des événements était inutile.
Le message se présentait sous la forme d'un texte. Il ne lui fallut pas longtemps pour l'identifier comme une convocation de l'Empereur. Il semblait qu'il ait trop repoussé le moment de la confrontation. Recevoir une requête d'une manière aussi impersonnelle était le signe que son maître était mécontent de lui.
Après cet entretien, parler à un garçon de douze ans ne devrait pas être compliqué du tout.
L'univers en avait après lui. Luke en était certain. A chaque fois qu'il se plaignait qu'un endroit était ennuyeux, il finissait dans un lieu qui rendait sa dernière localisation semblable à un parc de jeux en comparaison. Il avait décrit Tatooine comme « la planète la plus ennuyeuse de la galaxie » à plus d'une occasion, au plus grand agacement d'oncle Owen. Puis, il avait atterri au SFI. Il avait qualifié cet endroit de prison, peu avant d'être emmené chez le Sénateur Lerrod et son fils humain qui s'était révélé monstrueux, Chilee. Depuis qu'il avait quitté cet endroit, il dormait dans la même salle du centre médical, avec des gardes devant la porte, depuis deux jours sans interruption.
Pour être juste, c''était bien mieux que la maison du sénateur. Mais c'était ennuyeux. Il n'avait personne à qui parler, à l'exception du docteur qui passait trois fois par jour. Les droïdes étaient tous monotones, avec peu de personnalité. Ils prétendaient être capables de lui fournir tout ce qu'il voulait, mais le docteur les avait programmés pour ne lui apporter que de la nourriture relevant d'un régime approuvé. En d'autres termes, de la nourriture saine et dégoûtante.
Regarder le HoloNet était amusant, mais il s'ennuyait après l'avoir regardé trop longtemps. Mais c'était mieux que de rester allongé à fixer le plafond. Quand il commençait à faire ça, il se mettait à réfléchir à l'avenir. S'inquiéter à propos de l'avenir était plus exact.
Des voix à l'extérieur de la salle le poussèrent à sauter hors du lit, et à se faufiler vers l'interstice de la porte. Il reconnaissait la voix du docteur... se disputant avec quelqu'un. Ça semblait assez houleux.
La curiosité eut finalement raison de lui, et il appuya sur le bouton pour ouvrir les portes. Même si les gardes les refermaient aussitôt, au moins, il aurait un coup d'œil à celui qui se disputait avec le médecin. Il fut ravi de l'avoir fait.
-LJ !? Cria Luke, sa bouche s'ouvrant de surprise.
Il se précipita en dehors de la pièce, esquivant les gardes alors qu'ils essayaient de l'attraper pour l'arrêter.
-LJ !
Il fonça sur le trooper et encercla son armure de ses bras, sans se soucier de ce que les autres allaient en penser.
-Tu te souviens de moi ?
LJ posa ses mains sur les épaules de Luke, raffermissant sa prise.
-Salut, mon pote. Bien sûr que je me souviens de toi.
Luke sentit les gardes l'attraper et le tirer en arrière, et il lutta contre leur poigne.
-Non !
-C'est bon, dit le docteur, faisant signe aux garde de reculer. Personne n'est en danger. Tu connais ce trooper, Luke ?
-C'est mon ami, dit Luke. Des Services Familiaux. LJ, tu as reçu mes lettres ?
-Je les ai reçues, et je les ai transmises à tes amis. Ils m'ont chargé de te dire que tu leur manques. Les choses sont devenues ennuyeuses sans toi.
-Mais ça veut dire plus de temps pour t'entraîner à améliorer ton humour quotidien, pas vrai ? Suggéra Luke. Tu ne devineras jamais toutes les choses qui me sont arrivées. Tu sais, je suis allé au Palais Impérial et...
Luke s'interrompit, réalisant soudainement quelque chose. LJ se serait pas venu jusqu'ici pour lui rendre visite. Il ne pouvait rien faire sans en avoir reçu l'ordre. Un sentiment de crainte s'installa, et Luke fronça les sourcils alors qu'il levait les yeux.
-Tu n'es pas venu pour me reprendre, si ? Demanda Luke.
-Ce sont mes ordres, confirma LJ
Luke regarda le docteur, inquiet. Il avait demandé au docteur s'il allait retourner au SFI auparavant, et il avait toujours refusé de répondre.
L'un des gardes prit la parole.
-Nous tenons nos ordres du Seigneur Vador lui-même, qui a décrété que le garçon devait rester ici.
-C'est exact, dit le docteur. Et je pense que nous sommes tous d'accord que ses ordres surpassent ceux de la directrice des SFI.
-Très bien, dit LJ, se redressant. Je vais faire un rapport à mon supérieur.
-Est-ce que tu dois partir tout de suite ? Supplia Luke. Je n'ai personne à qui parler ici. Bon sang, j'écouterai même tes blagues.
-Il semble avoir un effet positif sur ta santé, dit le docteur, dissimulant un sourire.
LJ baissa les yeux sur Luke, semblant aussi affligé qu'un stormtrooper portant un masque pouvait l'être.
-J'aurais adoré, mon pote, dit-il finalement, mais j'ai mes ordres.
Luke hocha la tête avec réluctance.
-Dis bonjour à mes amis pour moi.
-Je le ferai
Il ébouriffa les cheveux de Luke une dernière fois, avant de marcher vers la sortie. Luke le suivit du regard, triste.
-Viens, Luke, dit le docteur, posant une main sur son épaule. Tu es censé être au lit.
Il commença à le guider de nouveau dans la chambre, et Luke n'opposa pas de résistance.
-En plus, le Seigneur Vador va venir te voir cet après-midi. Il ne voudrait pas te surprendre en train de courir à travers les couloirs.
Luke leva les yeux de surprise.
-Vraiment ? Il vient ici ?
-Oui
-Je ne comprends pas, dit Luke, grimpant pour retourner sur son lit. Pourquoi est-ce qu'il est si intéressé qu'il m'a amené ici et placé des gardes devant ? Je suis... je suis juste Luke, et il est l'une des personnes les plus puissantes de la galaxie. Pourquoi est-ce qu'il s'en soucie ?
-Et bien, dit le docteur, s'asseyant sur le bord du lit, du coté opposé, peut-être que tu pourras lui demander quand il viendra te voir.
-Je ne peux pas, dit Luke. Il m'a déjà dit que je n'ai pas le droit de lui parler sans sa permission.
-Je pense que tu pourrais découvrir qu'il a changé d'avis.
-En plus, il est effrayant. Ce bruit de respiration qu'il fait... et je me fais mal au cou à essayer de regarder assez haut pour le voir correctement.
Le docteur rit.
-Ce n'est pas drôle, dit Luke. Je suis sérieux ! Et il est toujours de mauvaise humeur.
-Tu sais, Luke, dit le docteur avec sérieux. J'étais effrayé par mon voisin d'à coté quand j'étais enfant. Il avait des crocs comme un Nexu, et des yeux rouges étincelants. Si quelqu'un respirait de son côté de la clôture, on pouvait s'estimer heureux s'il n'appelait pas les autorités locales. Puis, un jour, je l'ai entendu gémir de douleur, et je l'ai trouvé avec une jambe cassée suite à une chute d'échelle. Nous vivions sur une île déserte sur Novisia, alors, ça a pris un bon moment pour qu'un vaisseau ambulance puisse nous rejoindre. Entre-temps, je lui ai parlé pour le distraire de la douleur. Je n'ai plus eu peur de lui après ça, parce que je savais que, malgré sa personnalité effrayante, à l'intérieur, c'était une forme de vie vulnérable et fragile, comme le reste d'entre nous.
Luke cligna des yeux en regardant le docteur.
-Est-ce que vous avez vu le Seigneur Vador ?
-Oui, assez curieusement.
-Je ne pense pas qu'il soit possible de ne pas avoir peur de lui.
-Tu devrais te reposer, dit le docteur en se levant
Il avait un air sur le visage, comme s'il savait quelque chose que Luke ignorait, mais Luke ne l'interrogea pas. Les adultes avaient l'habitude de s'agacer quand il posait trop de questions.
-Vous ne vous êtes pas pressé pour faire votre rapport, Seigneur Vador, dit calmement l'Empereur. J'étais heureux que vous preniez tout le temps dont vous aviez besoin.
Il paraissait totalement sincère, ce qui était toujours un signe dangereux. Vador aurait préféré qu'il soit en colère ou sarcastique. Au moins, dans ce cas, il savait qu'il était sincère.
-J'étais en train de... réfléchir à certains événements, mon maître, dit Vador.
L'Empereur était silencieux, s'attendant clairement à plus.
-Je méditais sur ce qui était survenu, afin de voir les ramifications plus profondes.
-Bien sûr. Votre diligence est louable. Mais je suis déjà au courant de ce que l'avenir nous réserve, Seigneur Vador. J'avais prévu que vous tueriez Obi Wan il y a des mois de cela.
Vador envisagea de mentionner qu'il n'avait pas réellement tué son ancien maître – c'était à l'autre Jedi qu'en revenait le mérite – mais il décida de ne pas le faire. Il en aurait déjà assez à défendre quand la conversation en arriverait à son fils. Il n'y avait aucun intérêt à ajouter de l'huile sur le feu.
L'Empereur répliqua.
-La mort de tout Jedi est un motif de célébration, n'est-ce pas ?
-Oui, mon maître.
-Pourtant, vous semblez triste. Distrait.
-J'ai été distrait par d'autres événements, Maître.
-D'autres événements ? Quel événement récent pourrait possiblement être plus important que la mort de deux Jedi ?
Il aurait fini par le savoir, au final. Il ne pouvait pas s'attendre à voir le garçon habiter chez lui et ne pas le mentionner à l'Empereur.
-J'ai découvert que les Jedi ne travaillaient pas ensemble. Obi Wan essayait de protéger un enfant sensible à la Force de l'autre, qui cherchait à le tuer.
-Ah, le garçon. A-t-il réussi ?
-Non, Maître. J'ai placé le garçon sous bonne garde.
-A-t-il le potentiel d'un grand pouvoir avec la Force ?
-Sans le moindre doute.
-Très bien. Dès que vous partirez d'ici, assurez-vous immédiatement qu'il soit tué. Après, vous devrez veiller à gérer la révolte mineure qui s'est dressée dans la communauté de Jadis. Le Général Kanzati prépare déjà son armée pour pacifier la population, mais je sens que cela enverrait un message plus fort si vous alliez personnellement avec la flotte. A moins, bien sûr, que vous préféreriez plutôt rester sur Coruscant à réfléchir un peu plus longtemps.
Vador regardait droit devant lui, en direction du trône, le regard vide. C'était un avantage du masque, que l'Empereur ne puisse pas voir son expression. Il secoua légèrement la tête, essayant de contenir ses émotions.
-Vous souhaitez que je tue le garçon, Maître ? Répéta-t-il
-Essayez et réussissez, Seigneur Vador. Y a-t-il un problème ?
C'était un ton très dangereux. C'était compréhensible. Toute suggestion de l'entraîner en tant que son apprenti pourrait être perçue comme un défi.
-Il y a autre chose à son sujet, Maître.
-Qu'est-ce que cela pourrait bien être ? Il est clairement une menace pour nous, déclara l'Empereur, d'un ton sans appel.
-Ce n'est qu'un enfant.
-Les enfants ont tendance à grandir. Plutôt rapidement.
-Mon Maître, je...
Vador hésita un instant. Il hésitait rarement, mais prononcer ces mots rendrait la situation encore plus réelle.
-Je suis son père.
L'Empereur ne cligna même pas.
-Ce qui fait de lui une menace encore plus importante. Il est dangereux. Vous devez certainement le voir.
Vador réfléchit rapidement. L'Empereur perdait patience, il devait présenter une solution, ou le destin de Luke était scellé.
-Je veillerai à ce qu'il ne soit pas formé, mon maître.
-Que proposez-vous exactement ?
-Que j'ai la chance de l'éduquer pour qu'il vous soit fidèle.
A cet instant, l'Empereur montra de la surprise.
-Vous souhaitez devenir le tuteur du garçon ?
-Il est mon fils,...
-Votre fils. Il est le fils de Skywalker, le coupa l'Empereur. Skywalker est mort. Vous êtes Dark Vador. Un Seigneur Noir des Sith n'a pas besoin d'une famille.
Vador fronça les sourcils de confusion. Son maître avait raison. En reconnaissant le garçon comme son fils, il autorisait son ancienne vie à avoir une emprise sur lui. Il ne l'avait pas envisagé.
-Votre proposition est irrationnelle, poursuivit-il. Quel avantage pourriez-vous possiblement tirer à laisser le garçon devenir un fardeau pour vous ? Que avantage cela pourrait-il possiblement m'apporter ?
Vador était silencieux, incapable de penser à une réponse. Il n'avait rien considéré de cela.
L'Empereur se pencha en avant et le regarda comme si il pouvait voir à travers lui.
-Si vous n'avez pas accordé la moindre pensée aux bénéfices potentiels, alors qu'est-ce qui peut bien motiver votre désir d'élever le garçon ?
Vador savait qu'il aurait du dire quelque chose. N'importe quoi, vraiment, mais il ne le fit pas.
Son maître parla d'un ton calme et accusateur.
-Auriez-vous des sentiments pour la mère de l'enfant ? Même après que vous...
-Cette vie ne signifie rien pour moi, l'interrompit Vador, percevant la colère de son ton mais s'en moquant - Son maître savait que c'était un sujet tabou. - Je suis un Sith.
L'Empereur commença à glousser.
-A ce propos, qu'est-ce qui vous fait penser que ce garçon voudrait vivre avec vous en premier lieu ? Il ne lui faudra qu'un regard sur vous, et il conviendra qu'il préférerait tomber raide mort.
Cela fit son effet. Sa confusion s'évapora, balayée par une vague de sentiments qu'il était difficile à décrire. Était-ce de la contrariété ? Était-ce de l'entêtement ? Obi Wan l'aurait qualifié d'arrogance. Quoi que ce soit, il savait qu'il quitterait cette pièce mort plutôt que sans l'autorisation d'élever son fils.
-Je vous promets que je veillerai à ce que le garçon ne développe pas son potentiel dans la Force, dit Vador. Je l'élèverai afin qu'il devienne un sujet loyal à l'Empire. Si vous m'accordez la chance de guider le garçon jusqu'à ce qu'il soit en âge, je vous montrerais qu'il peut vous être utile.
L'Empereur croisa son regard, percevant clairement sa résolution. Il sembla y réfléchir pendant un moment, puis agita la main en geste de congédiement.
-Vous me décevez, Seigneur Vador. Je suspecte que vous êtes toujours, après toutes ces années, retenu par un aspect mineur de votre ancienne personnalité. Mais si vous insistez, vous pouvez prendre le garçon.
-Merci, mon Maître, dit Vador, s'inclinant.
-Toutefois, je le surveillerai de très près. S'il montre le montre signe de développement de ses capacités avec la Force, il en sera fini de lui. Immédiatement.
C'était une bonne chose qu'il ait à faire un détour par ses quartiers pour récupérer les affaires de Luke avant de prendre le chemin du centre médical. Il avait besoin de temps pour se calmer. Même à présent, alors qu'il pénétrait dans le hall de l'hôpital, la conversation avec son maître résonnait encore dans sa tête.
Il ne réalisait que maintenant à quel point il n'était pas passer loin de perdre le garçon, à peine un jour après l'avoir trouvé. Mais désormais, il allait être père. Pas juste un père, mais un parent doté de compétences si supérieures que l'Empereur serait forcé d'admettre qu'il avait pris une bonne décision en autorisant Luke à vivre. Il s'en moquait s'il était au loin pendant des mois – le garçon serait assez indépendant et discipliné pour veiller sur lui-même.
Comme il l'avait préalablement exigé, le centre médical avait été vidé de ses visiteurs et patients à court terme. Il ne voulait pas que les rumeurs et les potins se répandent parmi les politiciens avant qu'il n'ait ramené le garçon chez lui. Le docteur vint à sa rencontre peu après son arrivée.
-Docteur Leeson, dit Vador, en guise de salutation. Comment se porte le garçon ?
-Bien mieux, en fait. Il est très résistant.
Vador était ravi d'entendre cela.
-Peut-être devrions-nous parler un moment dans mon bureau, dit le docteur, montrant le chemin.
Vador était impatient d'en finir, il n'avait pas toute la journée après tout, et l'idée d'avoir à parler au garçon le rendait nerveux. Mais le docteur semblait avoir quelque chose en tête, et il décida d'obtempérer.
Le docteur désigna les objets que Vador portait alors qu'ils passaient les portes.
-Je vois que vous avez apporté ses affaires. Ça devrait le réconforter un peu, après l'incident de ce matin. Il y a eu un peu d'agitation.
-Que s'est-il passé ? Demanda Vador, se tournant, surpris. Une attaque ?
-Non, non, dit le docteur, levant ses mains en un geste rassurant. Un stormtrooper est venu pour Luke. La directrice des SFI l'a envoyé.
-Quelle était sa mission? Demanda Vador, sans prendre la peine de s'asseoir.
Les portes derrière lui se refermèrent en coulissant, leur donnant un peu d'intimité.
-Il avait reçu l'ordre de ramener Luke. Il est rapidement parti quand je lui ai expliqué la situation, cependant.
-C'est une bonne chose, dit Vador, pour son bien.
-J'ai réussi à me procurer d'anciens dossiers médicaux de Luke, poursuivit le médecin. Je vous enverrai une copie des fichiers. Il n'a pas d'antécédents médicaux, et sa vue et son ouïe sont en bon état. Ses vaccins sont tous à jour.
-Il est en parfaite santé, alors.
-Il a une bonne condition physique, dit le docteur, prudemment. Toutefois, il montre des signes d'anciens troubles psychologiques. Les bouleversements récents dans son environnement ont du les exacerber. Ce dont il a besoin en ce moment, c'est d'un environnement stable, où il pourra commencer à construire sa propre identité. Il a besoin d'encouragements et d'attention. J'ai apporté un livre, que j'ai pensé que vous aimeriez lire – le docteur saisit un datapad sur son bureau – J'ai survécu aux années d'adolescence de trois de mes enfants jusque là, et j'ai trouvé les conseils de cet ouvrage très pratique et...
Vador leva une main, cherchant à y mettre un terme avant que cela n'aille plus loin.
-Je peux vous assurer, docteur, que je n'ai pas besoin d'aide en ce qui concerne le garçon. J'ai des armées entières sous mes ordres. Je pense que je peux gérer un seul enfant.
-Je ne voulais pas me montrer irrespectueux, dit le docteur, reposa la datapad sur le bureau. Je ne met pas en cause votre capacité à prendre soit de votre propre fils. Mais Luke est un cas à part. S'il n'est pas suivi, il pourrait avoir de sérieux problèmes comportementaux...
-Y a-t-il autre chose dont vous voudriez me parler ? Demanda Vdaor d'un ton dangereusement tranchant.
Il n'avait aucune envie d'entendre son intelligence insultée par des théories académiques bancales sur la psychologie des enfants. De la discipline et une routine rigoureuse constituaient tout ce dont le garçon avait besoin. C'était ainsi qu'il avait été élevé pendant ses années d'adolescence, et il s'en était bien sorti.
-Une dernière chose, dit le docteur, se révélant plus courageux que certains hauts gradés que Vador avait côtoyés.
-Soyez rapide, dit Vador avec réluctance
-Luke s'en sort bien, expliqua le docteur, mais il est encore en convalescence. Quand vous lui annoncerez la nouvelle, vous pourriez le faire en douceur.
-Quelle nouvelle ? Demanda Vador, curieux.
-Que vous êtes son père.
-Il l'ignore ?! Vador échappa presque le T-16 miniature de surprise. Il ne s'était pas attendu à cela. Pourquoi ne pas lui avoir dit ?
-Je pensais que vous préféreriez le faire vous-même, dit le docteur, s'appuyant sur le bord de son bureau. Il aura de nombreuses questions sur pourquoi vous n'avez pas été présent dans sa vie jusque là, auxquelles vous seul pouvez apporter une réponse.
Vador sentit son régulateur rater quelques respirations en réponse à son stress. Des questions sur son passé... comme si la référence de l'Empereur à la mère du garçon n'avait pas été suffisant. Cette journée empirait de minute en minute.
-Très bien, dit Vador, se détournant pour partir. Il ne pouvait pas laisser le docteur percevoir le moindre soupçon de sa peur. Il avait une certaine réputation à entretenir.
-Je serais juste là si vous avez le moindre problème., dit le docteur derrière lui.
Vador ne prit pas la peine de répondre. Il ne pouvait qu'imaginer à quel genre de « problèmes » le docteur faisait référence. Peut-être pensait-il que le garçon s'évanouirait quand il apprendrait la vérité. Cela ne dérangerait pas Vador, ça lui épargnerait d'avoir à répondre à ses questions.
Les gardes devant la porte se redressèrent à son approche. Il hésita avant d'entrer, soudainement assez incertain. Et si l'Empereur avait raison ? Si Luke rejetait toute cette idée ? Il ne lui avait donné aucune raison de lui faire confiance. Si le garçon ne voulait pas vivre avec lui, que ferait-il alors ?
Soudain, les portes s'ouvrirent, déclenchées par son attente. Il ne pouvait plus s'enfuir. Il était temps de rassembler sa moral et de faire face à cela. Il était un Seigneur Noir des Sith. Il avait affronté des ennemis mortels et des monstres voraces. Il avait vu la galaxie traverser une révolution cataclysmique. Son propre enfant, c'était du gâteau.
Il avança à travers les portes et s'immobilisa de l'autre coté quand elles se refermèrent en coulissant derrière lui. Luke était sur le lit contre le mur opposé. Il tourna la tête et le fixa, les yeux écarquillés et sans ciller.
Il a peur de toi, réalisa Vador. Ton propre fils a peur de toi.
Ce n'aurait pas du être une surprise. Il était un Seigneur Sith, comme il avait pris plaisir à se le rappeler quelques instants plus tôt. Les gens étaient censés avoir peur de lui. Et rester planté là à fixer le garçon n'allait pas arranger la situation.
Vador s'approcha lentement du lit, et vient se poster à son pied. A présent qu'il était plus proche, il pouvait voir les progrès dans l'état de Luke. Les coupures et les ecchymoses étaient presque toutes parties, sans doute grâce au traitement au bacta. Une légère cicatrice demeurait au-dessus de son œil, mais à part cela, son état s'était bien améliorer depuis la nuit où Vador l'avait conduit ici. Les médecins avaient fait un excellent travail.
Luke ne dit rien, mais continua de le fixer, les yeux écarquillés d'effroi. Finalement, il détourna le regard, apparemment assez mal à l'aide. Vador savait comme il se sentait.
-Je crois que ceci est à toi, dit Vador, posant la figurine T-16 sur la couverture du lit.
Il posa le sac de vêtements sur le sol.
Le visage de Luke s'illumina à la vue de sa figurine, et il s'étira jusqu'à s'avancer assez loin sur le lit pour pouvoir l'attraper. Il le manipula avec soin.
Un silence s'installa. Vador était en train de considérer comment introduire le sujet des relations génétiques, quand Luke prit soudainement la parole.
-J'économisais pour en acheter un vrai. Moi et mon ami Biggs avions l'habitude de parler de voler à travers l'Aiguille de Pierre.
Vador devint instantanément curieux. Voler ? Il n'avait pas envisagé que Luke puisse avoir hérité de lui plus que son apparence.
-Tu es un pilot ? Demanda-t-il
-Je peux piloter n'importe quoi, affirma Luke, s'asseyant avec souplesse. Il s'interrompit un instant, puis ajouta. Ou du moins, je le pourrais si mon oncle me laissait faire.
Un très vieux souvenir vibrait dans l'esprit de Vador. L'Aiguille de Pierre...
-L'Aiguille de Pierre, prononça Vador à voix haute. Dans le canyon du Mendiant ?
-Oui, Luke leva les yeux, bouche bée. Vous avez entendu parler de Tatooine ?! Je suis là depuis des mois maintenant, et parmi toutes les personnes que j'ai rencontrées, personne n'a jamais entendu parler de Tatooine.
-J'ai... vécu là-bas. Il y a très longtemps.
-J'y ai grandi, dit Luke, avec ma tante Beru et mon oncle Owen.
Vador grimaça intérieurement à ces noms de son passé. Tout commençait à s'expliquer. Obi Wan avait emmené le garçon pour qu'il vive avec sa famille... sur une planète que son père ne visiterait jamais. En y repensant, il se souvenait avoir vu des images d'Owen et Beru dans l'esprit du Jedi. Il les avait tués, faisant de Luke un orphelin. C'était ainsi que le garçon était devenu pupille de l'Empire. Il avait du être transféré à Coruscant, et à présent... le voici. La Force était à l'œuvre ici, il n'y avait aucune autre explication.
-Je vois, dit-il distrait.
-Est-ce que je parle trop ? Demanda Luke, semblant nerveux, comme s'il venait juste de réaliser à qui il déversait son passé. Je sais que vous n'aimez pas quand je parle trop. Désolé.
Vador échappa un petit soupir, se réprimandant d'avoir été si dur avec le garçon par le passé. Ce serait bien plus facile de lui apprendre la nouvelle si c'était la première fois qu'ils se rencontraient. Maintenant, il allait devoir gérer les premières impressions de ses précédentes conversations avec le garçon.
-Tu peux parler autant que tu le souhaites, dit Vador. Je suis intéressé de tout entendre sur ton passé. Tu as dit que tu avais été élevé par ta tante et ton oncle, que t'ont-ils dit à propos de tes parents ?
Luke parla tristement.
-Ils sont morts, quand j'étais bébé.
-T'ont-ils dit qui était tes parents ? Leurs noms, par exemple ?
-Oh, bien sûr, dit Luke. Le nom de ma mère était Padmé. Tante Beru m'a dit qu'elle ne connaissait que son prénom. Elle a aussi dit que c'est ma mère qui a choisi de m'appeler Luke.
Vador se détourna à ces mots et fixa le mur le regard vide. Si c'était vrai... il était encore moins probable que sa femme soit morte de sa main.
-Mon père s'appelait Anakin Skywalker, poursuivit Luke. Tante Beru m'a dit ça aussi. Oncle Owen ne voulait jamais me parler de mon père. Mais je n'arrêtais pas de le harceler pour avoir des informations, alors il a fini par me dire qu'il était navigateur dans un cargo d'épices.
Un navigateur ? Vador ne savait pas s'il devait être amusé ou énervé d'un mensonge aussi flagrant. Il semblait qu'Owen ne voulait pas que son choix de carrière ait une influence sur le garçon.
Luke secoua la tête, baissant les yeux sur les draps de son lit.
-Monsieur, je me demandais pourquoi il y avait des gardes dehors. Je ne comprends pas ce qui se passe. Et-ce que j'habite toujours chez le Sénateur Lerrod ? Parce que je ne pense pas qu'il me voudra à nouveau après que j'ai laissé ce Wookie s'échapper à sa fête.
-Non, dit Vador, se retournant vers lui. Tu n'auras plus jamais à le revoir.
-Alors je retourne aux SFI ?
-Bien sûr que non. Il y a quelque chose que je dois te dire, dit Vador, décidant d'aller droit au but. Toi et moi avons un lien. Je suis ton...
Il s'interrompit au son étouffé de personnes en train de se disputer. Vador se tourna vers la porte avec agacement. De tous les instants...
-Reste au lit, ordonna-t-il, marchant à grands pas vers les portes. Je reviens dans un instant.
Quelle qu'elle soit, la personne responsable de cette agitation allait être réduite au silence. Définitivement.
Dès que Vador eu quitté la chambre, Luke repoussa les couvertures et se laissa glisser au sol. Il était curieux de découvrir qui était là dehors. Peut-être que la directrice avait renvoyé LJ. Elle était assez têtue quand cela touchait à la discipline et aux règles.
Luke s'accroupit et pressa son oreille contre la porte. La première chose qu'il entendit le fit tressaillir alors qu'il reconnaissait de qui il s'agissait.
-Je ne peux pas faire d'exception, monsieur, pas même pour vous. L'enfant revient à la garde de mon département et, selon la loi impériale, il doit être gardé au centre d'hébergement.
C'était la directrice ! Elle était venue en personne cette fois ! Cela ne pouvait être qu'annonciateur d'ennuis. Luke regarda par dessus son épaule, se demandant s'il pouvait s'échapper par une fenêtre. Pas de chance, il n'y avait pas de fenêtre en vu dans ce secteur de haute sécurité.
Il pressa davantage la tête, percevant la voix grave de Vador.
-Je n'ai ni le temps ni la patience pour vos obsessions bureaucratiques. Ce garçon est désormais sous mon autorité.
-Et bien, cela ne me surprend pas que ce garçon soit un criminel, dit-elle.
Luke sursauta. Qu'est-ce que c'était que ça ? Il était prisonnier ici ? Est-ce qu'il allait être envoyé en prison pour avoir libéré son ami Wookie ?
-Il causait toujours des problèmes, continua-t-elle. Si vous le placez en état d'arrestation, je clôturerais le dossier.
-Il n'est pas question de cela.
Luke fut soulagé à ces mots, mais Vador paraissait en colère. Enfin, plus en colère que d'habitude, du moins.
-A partir de maintenant, il sera sous ma protection, et il n'est plus...
Luke glapit bruyamment et trébucha contre la porte qui s'ouvrit immédiatement, le laissant s'affaler de tout son long sur le sol du couloir. Il se retrouva à fixer les regards surpris des deux gardes.
Il se remit hâtivement sur ses pieds et se tourna pour faire face à la directrice, qui racontait quelque chose à propos de formulaires à remplir.
-Je ne vais pas avec vous ! Cria Luke, estimant qu'à présent qu'il était là, il pouvait donner son opinion.
Il jeta un coup d'œil à Vador et découvrit qu'il le regardait avec un air clairement agacé. Luke fit un pas en arrière, silencieux. Peut-être devrait-il simplement le laisser régler la situation. Il était certainement de taille à affronter la directrice.
Il y eut un moment de silence, puis Vador se retourna vers elle.
-Vous transmettrez tous vos problèmes à mes délégués juridiques, dit-il. Maintenant, partez, ou je ne répondrais plus de mes actes.
Les gardes s'avancèrent immédiatement, désireux de donner plus de poids à l'ordre de Vador. Ils n'en avaient pas besoin cependant. La directrice saisit le sous-entendu et s'en alla, vexée.
-Woua, marmonna Luke à voix basse. Je n'ai jamais vu quiconque gagner une dispute avec elle auparavant. Du moins, pas sans lui avoir donné des milliers de crédits.
Vador se tourna et le fixa un moment, puis leva une main vêtue d'un gant noir qu'il pointa en direction de la chambre. Luke comprit rapidement le sous-entendu.
Vador le suivit.
-Je t'avais dit de rester ici, dit-il, semblant frustré alors que les porte se refermaient derrière lui.
-Désolé.
Luke fixait ses genoux alors qu'il se rasseyait sur le bord du lit. Ça semblait être un bon moment pour changer de sujet. Il leva les yeux, souhaitant que sa tête arrête de bourdonner.
-Est-ce que je vais vraiment rester avec vous ?
-Oui, comme j'étais en train de le dire...
-Vraiment ?
Vador le fixa simplement en silence et Luke détourna les yeux, intimidé. Peut-être n'aurait-il pas du l'interrompre ainsi. Mais il avait juste tellement de questions... son imagination fourmillait d'idées d'endroits fantastiques où quelqu'un comme Vador pouvait habiter. Peut-être sur un énorme vaisseau spatial. Ce devait être génial de vivre dans l'espace !
-Où vous habitez ? Demanda Luke, prenant le risque de jeter un coup d'œil vers le haut.
-Je suis en déplacement la plupart du temps, mais j'ai une base d'opérations au palais impérial. Tu resteras là-bas.
-Oh. - Il aurait préféré un vaisseau spatial, mais au moins ce n'était pas les SFI. - Qu'est-ce que j'aurai à faire ? Demanda Luke.
-A faire ?
-En échange. Je devais aider le Sénateur Lerrod avec sa campagne quelque chose... heu... je devais être vu avec lui quand les médias étaient aux alentours et en échange je vivais chez lui. Qu'est-ce que vous voulez que je fasse pour vous ?
Vador fit une vague bruit de frustration, qui fut étrangement déformé à travers son masque. Luke se demanda s'il l'avait à nouveau énervé. Il semblait très doué dans ce domaine. Quand Vador reprit finalement la parole, il semblait s'efforcer de garder son calme.
-Tu resteras avec moi, non pour me servir, mais sous ma garde. Ton oncle avait tort à propos de ton père. Il n'est pas mort, et il n'était pas navigateur.
Luke glapit de surprise. Mais ce n'était rien en comparaison de la surprise qu'il ressentit aux prochains mots de Vador, qu'il n'aurait jamais imaginé dans ses rêves les plus fous.
-Je suis ton père.
Luke le fixa, complètement figé. Son quoi ?
-Désolé, dit-il enfin, est-ce que vous venez de dire... ?
Il regarda autour de lui, s'attendant à moitié à ce que quelqu'un jaillisse de nulle part et lui révèle que ce n'était qu'une vaste plaisanterie.
Son regard se reporta sur le masque de Vador, et il se frotta la tête d'incrédulité. Son père ? Son père... comme, l'homme qu'il avait rêvé toute sa vie de rencontrer ?
-Vous êtes mon père ? Répéta-t-il finalement
-Ce fut une surprise pour moi aussi.
Luke pouvait sentir son cœur tambouriner. Était-ce vrai ? Est-ce que son père était en vie et... et une des personnes les plus puissantes de toute la galaxie ? C'était insensé !
-Vous ne pouvez pas être mon père, dit-il rapidement.
-Pourquoi pas ?
-Mon père est mort !
-Un mensonge, propagé par mes ennemis personnels, dont l'un était, je crois, celui qui t'a emmené sur Tatooine en premier lieu. C'est tout à fait son style de convaincre ta tante et ton oncle que j'étais mort.
Vador fit une pause et le rythme de sa respiration fut le seul bruit pendant un bref instant.
-Quand tu es né, j'étais en train de me remettre de blessures qui m'ont laissé incapable de respirer sans un système de survie, expliqua-t-il. En reprenant conscience, j'ai appris la mort de ta mère. J'en ai conclu que tu étais mort avec elle. De toue évidence, j'avais tort.
Luke fixait le sol sans le voir pendant cette explication. Puis, il jeta un nouveau coup d'œil à Vador et pour le première fois, il ne le vit pas comme le terrifiant commandant impérial, mais comme une personne. Il se trouva à se demander ce à quoi cet homme ressemblait derrière ce masque. S'il était son père... est-ce que cela voulait dire qu'il lui ressemblait ? Cette pensée était trop à gérer pour Luke, et il se remit à fixer le sol.
-Mais... mais tante Beru a dit que le nom de mon père était...
-J'ai pris un nouveau nom et une nouvelle identité, expliqua Vador. C'est la tradition qu'un Sith le fasse.
-Alors, votre nom c'est vraiment...
-Ne le prononce pas, dit Vador avec fermeté. Je ne souhaite pas qu'on me le rappelle. Ce nom est rattaché à des souvenirs que je ne veux plus garder.
Luke se redressa, prenant mentalement note de ne plus jamais mentionner ce nom. Ce serait assez difficile, considérant qu'il en partageait la moitié, mais il n'allait pas commencer à argumenter sur ce point.
-Cette règles s'applique également aux questions sur la vie que je menais alors que je portais ce nom, poursuivit Vador. Tu n'en parleras pas. Rien a propos de cette vie ne te concerne.
Il fut silencieux pendant un moment, et Luke était consumé par la curiosité. Quels secrets ne voulait-il pas qu'il sache ?
Comme s'il sentait son mécontentement, Vador reprit.
-J'ai vécu avec ma mère sur Tatooine jusqu'à mes dix ans, puis j'ai été emmené loin de ce monde et suis devenu un membre de l'Ordre Jedi. C'est tout ce que tu as besoin de savoir.
-Vous étiez un Chevalier Jedi ?
Luke se demanda si il allait arrêter d'aller de surprise en surprise.
-Oui, jusqu'à ce que tu naisses, quand je suis devenu un Sith. L'Ordre Jedi avait été irrémédiablement corrompu. L'Empereur m'a aidé à le voir tel qu'il était. Trop tard, apparemment, puisque dans un dernier acte de corruption, ils t'ont volé à moi. Cette situation a désormais été rectifiée.
-Je suis vraiment votre fils ? Vous êtes sûr ?
-Oui
Luké détourna le regard, se débattant avec les émotions contradictoires. Son père avait toujours laissé un vide dans sa vie, aussi loin qu'il s'en souvienne. Vador était-il vraiment celui qui le remplirait ? Il était à l'opposé du père qu'il s'était imaginé. Tout ce qu'il connaissait de l'homme jusque là, c'était son humeur lunatique et son apparence effrayante. Et pourtant... Luke ne pouvait pas nier qu'il y avait une connexion entre eux. Il l'avait sentie à l'instant même où ils s'étaient rencontrés. Il voulait mieux le connaître.
-Tu es autorisé à poser des questions, si tu en ressens le besoin, lui proposa Vador.
Luke était si confus par toute cette situation qu'il ne savait pas par où commencer.
-Heu... Qui était ma... ?
-Sauf à propos de ta mère, l'interrompit Vador. Elle est morte. Il n'y a aucun intérêt à ressasser le passé.
Luke envisagea de faire remarquer qu'on lui avait aussi raconté que son père était mort, mais il ne voulait pas agacer Vador. Pas déjà.
-Alors, je peux poser des questions sur la nuit de la fête du sénateur ? Demanda Luke.
-Tu le peux.
-Et bien, je vous ai vu vous battre avec cette personne en manteau noir. C'était lui qui a tué ma tante et mon oncle, dit Luke, ses yeux devenant humides à ce souvenir. Je me demandais si vous saviez pourquoi ? Ils n'ont jamais fait de mal à personne.
Vador demeura silencieux pendant plusieurs respirations mécaniques.
-Il a essayé de te tuer parce qu'il avait découvert que tu étais mon fils, expliqua Vador. Il me l'a dit, avant sa mort.
Luke se sentit vide à ces mots, sentant davantage de larmes se former dans ses yeux. Il était la véritable cible. Sa tante et son oncle n'auraient jamais du mourir ! Il aurait du conduire le tueur loin d'eux...
Vador continua, semblant inconscient de sa détresse.
-Les Jedi ont toujours été les ennemis des Sith. Tu n'auras plus besoin de te soucier d'eux à l'avenir. Tu seras sen sécurité sous ma protection.
Cela ne lui apporta que peu de réconfort. Quel était l'intérêt d'être en sécurité alors que sa tante et son oncle était morts à cause de lui ? Une larme roula sur sa joue, et il s'empressa de l'essuyer, embarrassé à l'idée d'être vu en train de pleurer. Cependant, Vador ne s'était aperçu de rien.
-Je réalise que la situation en difficile pour toi, dit-il. Peut-être qu'il vaudrait mieux que je te laisse seul le temps d'accepter ce dont nous venons de parler.
-Ce n'est pas ça, dit Luke, cherchant un mouchoir en papier. C'est juste...
Il s'interrompit, soudainement incertain. Vador allait penser qu'il était lâche s'il lui racontait la nuit où le meurtre avait eu lieu. Comment prendrait-il le fait d'avoir un fils lâche ? Il aurait honte. Luke ne pouvait pas imaginer que Vador puisse un jour être effrayé par quoi que ce soit.
Luke dissimula son interruption en se mouchant le nez, puis essaya de changer de sujet.
-C'est quoi ces pouvoirs que vous avez? Je vous ai vu bouger des objets sans les toucher.
-Tu veux parler de la Force ?
-C'est quoi ça ?
Cette question ne rencontra qu'un silence agacé. Luke ignorait comment il savait que Vador était en colère, considérant qu'il portant un masque, mais il le savait indubitablement. Oh oh, pensa Luke, se remettant en place sur le lit, je l'ai énervé... encore.
-Personne ne t'a jamais parlé de la Force ?
-Heu... Luke gigota. Je ne... je ne pense pas. Peut-être qu'ils l'ont mentionnée à l'école et que j'étais en train de rêvasser. Je fais ça souvent.
Vador se leva et secoua la tête.
-Je te l'expliquerai correctement quand j'aurai le temps nécessaire pour aborder un tel sujet. C'est ça... Si tu acceptes la proposition que je viens de te faire. Es-tu satisfait à l'idée de devenir ma responsabilité ?
Luke cligna de surprise. Il n'avait même pas envisagé de dire qu'il ne voulait pas vivre avec lui... et si ce n'était pas une raison suffisante, où d'autre pourrait-il aller ?
-Oui... Je... D'accord, j'admets que je suis... je suis un peu confus maintenant. Mais si tu es mon père, alors... alors, ça veut dire qu'on est une famille, dit Luke, comprenant soudain. Ça veut dire qu'on doit être ensemble.
Vador resta silencieux, mais cette fois, il ne semblait pas énervé.
-Pas vrai ? Souffla Luke rapidement
Vador sortit de sa transe et détourna le regard.
-J'ai beaucoup de devoirs qui m'attendent. Je dois partir. Je reviendrai demain. D'ici là, fais exactement ce que dit le docteur.
Puis, il passa la porte, sa cape flottant derrière lui.
Coucou ! Me revoilà avec la suite des aventures de Luke. Je ne vous ai pas fait trop attendre j'espère.
Pour ceux qui prendraient l'histoire en cours de route, je signale qu'il y a une première partie à cette fic que je vous invite à lire.
Il me faut également rappeler que je ne suis qu'une traductrice et que le véritable auteur de la saga Force Bond est KittandChpis, qui a un compte sur ce site à www. fanfiction u/56197/ KittandChips (enlever les espaces) ou alors, vous pouvez aussi taper son pseudo dans la barre de recherche de google, vous la trouverez sans problème.
Voilà, Vador et Luke se rencontrent enfin en toute connaissance de cause, ce qui cause quelques surprises aux deux parties. L'avantage de ce chapitre est qu'il montre bien les émotions de notre Seigneur Noir des Sith préféré, bien que je trouve que l'Empereur cède un peu facilement à sa requête, quand même. Et vous, qu'en pensez-vous?
NH
Réponse à Libra-no-ninja9 et Pims10: Désolé pour Obi Wan... mais qui sait, quelque chose me dit qu'on ne se débarrasse pas d'une telle légende aussi facilement! Quant à Anakin, oui, il reste des traces de lui en Vador (et heureusement, sinon, Luke n'aurait pas fait long feu) mais ça ne veut pas dire que tout va être simple dans leur relation filiale.
Réponse à Kana-chan01: à bah là, tu vas être servi, on va voir ce que ça va donner. C'est d'ailleurs en cherchant une fic où Vador aurait élevé Luke que je suis tombée sur celle-ci et je l'ai aimée précisément car les réactions des personnages collaient à ce qu'on pouvait attendre d'eux. Ne compte donc pas voir Vador se transformer en marshmallow dégoulinant de bonnes intentions du jour au lendemain.