Hello !
Je suis de plus en plus certaine que si la réincarnation existe, je me réincarnerais en lapin blanc d'Alice au Pays des Merveilles, précisément lui, parce que je suis toujours "en retard, En Retard, EN RETARD, EN RETAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARD !".
Pour résumer, joyeux anniversaire Nalou, avec bien des mois de retard !
J'ai écrit cet OS en quasiment une seule fois, puis je l'ai laissé mariné pendant des mois avant de trouver le courage de m'y remettre il y a peu... sans en être toujours très satisfaite. Les personnages qui sont amoureux et tous mignons, c'est pas mon truc, je préfère vous prévenir, et c'est pourquoi ce texte est si peu abouti (et le restera, malheureusement, parce que je n'aurais jamais le courage de le reprendre une cinquante-et-unième fois...)
Ceci étant dit, je vous souhaite de passer un bon moment (en vrai un moment pas trop horrible, si possible) et merci de lire ! :)
II – Tu me métallises sans cesse
L'esprit d'Erik est familier et confortable, quoique bien souvent tranchant ou hérissé, tel un chat faisant le gros dos.
Charles a bien souvent de la réticence à s'avouer qu'il aime écouter les pensées de son amant, aime envahir son intimité la plus profonde. Mais pour sa défense, Erik est complexe, imprévisible, et cela, qu'importe le nombre de fois où Charles s'immerge dans son esprit, respire ses souvenirs et boit ses envies. Erik est un livre dont il connaît par coeur chaque page, et pourtant, bien souvent, il suffit d'une tournure de phrase, d'un simple mot pour lui faire remettre en perspective tout ce qu'il croit savoir.
Sentir Erik, effleurer sa psychée et ses humeurs instables, lui est d'un apaisement sans nom. Que ce soit dans leur lit, ou à l'autre bout du monde, au travers du Cérébro.
Habituellement, il ne lui est même pas nécessaire de lire ses pensées. Il lui suffit juste de sentir. Qu'Erik est là, qu'il existe, qu'ils sont deux.
C'est presque… lorsque Charles s'abstient trop longtemps d'envahir la conscience de son amant, c'est presque comme si sa vision du monde se faisait fade. Comme si les couleurs se délavaient pour ne plus devenir que de pâles et brefs éclats mourant et se délitant dans une grisaille moribonde.
Alors, sachant qu'il lui suffit d'étirer sa conscience jusqu'à celle d'Erik pour que le monde redevient chatoyant…
Ou peut-être que tout cela n'est qu'une pauvre excuse que se donne Charles pour être un voyeur sans vergogne.
Aussi, lorsqu'Erik le lui propose, il accepte immédiatement.
Ce jour-là, il est penché quelques copies de ses élèves, dans son bureau jadis si sombre et maussade, où de nombreuses heures s'y sont perdues, entre le whisky et le sérum.
Ce jour-là, en revanche, le soleil brille au-dehors, la pièce rayonne d'une douce quiétude et au loin résonnent dans les couloirs pas et pensées des nombreux pensionnaires de l'Institut.
Ce jour-là, il sent Erik conduire jusqu'au manoir, et les bribes de pensées qu'il ne parvient pas à ignorer – ou plutôt, qu'il n'a pas réellement envie d'ignorer – sont vives et joyeuses, presque bondissantes, en cette radieuse journée de mai.
Erik semble… satisfait de lui-même ? songe-t-il, soudain nerveux en se remémorant la dernière fois où Erik s'est senti ainsi et où Charles a dû consacrer à consoler un Hank furieux et désemparé.
Lorsque Erik s'arrête finalement sur le seuil, appuyant son corps contre le chambranle en une pose nonchalante, son visage impénétrable mais les yeux pétillant de malice, Charles daigne à peine lui jeter un regard, faisant semblant d'être totalement absorbé par l'argumentation peu soignée d'un de ses jeunes élèves.
Ignorer Erik lui est une tâche difficile. Sa seule présence rehausse les couleurs de la pièce de plusieurs tons et les murs vibrent de cette intensité si particulière et si propre à son amant.
Ils passent un moment ainsi, le silence seulement rompu par le griffonnement hasardeux de Charles sur la copie, troublé par le regard intense d'Erik qu'il sent caresser son corps. Il sait déjà qu'il devra sans doute se relire plus tard, afin de ne pas rendre la copie couverte de remarques vagues et bien peu pédagogiques, indigne d'un professeur digne de ce nom.
— Qu'y a-t-il ? finit-il par demander, levant ses yeux pour croiser ceux tendres et possessifs de son amant.
Erik fait quelques pas mesurés, jusqu'à être devant le bureau, pose ses mains à plat sur les copies pour mieux se pencher vers lui et mieux lui murmurer tendrement, presque comme un secret, le visage à seulement quelques centimètres du sien :
— J'ai un présent pour toi.
— Oh ? souffle Charles, ses lèvres rougies s'étirant lentement en un sourire séduisant, se rapprochant encore davantage, les faisant se retrouver presque nez à nez, sa main s'élançant pour tâter la rondeur ferme de l'épaule d'Erik, suivre du bout des doigts la courbe de sa nuque, pour finalement s'agripper aux cheveux courts à la base de son crâne, faisant ployer son échine pour cueillir sa bouche.
— Uhn uhn, fredonne Erik dans le baiser, et Charles se laisse distraire un moment alors que la langue de son amant pénètre ses lèvres, franchit la barrière de ses dents et vient effleurer gentiment son palais avant de s'enrouler, danser avec celle de Charles en des caresses irrésistibles qui les font tous deux frémir de longues minutes.
Charles revient à la réalité lorsque les mains d'Erik glissent sur ses joues râpeuses de barbe, cajolent son menton, puis survolent la peau tendre de sa gorge, le renflement de sa pomme d'Adam alors qu'il ne fait plus que picorer ses lèvres.
Puis, finalement, Erik finit par se détacher de sa bouche, presque à regret semble-t-il. Il extirpe lentement une boîte à bijoux d'une des poches de sa veste, et Charles sent son sang accélérer dans les veines, sa langue s'engourdir tandis qu'il fait de son mieux pour ne pas obéir à son instinct qui lui crie d'aller disséquer chaque pensée d'Erik, immédiatement.
— D'accord, avant que je ne dise quoique ce soit, calme-toi, Charles. On dirait que tu vas faire une crise d'apoplexie, commande Erik d'une voix ferme, malgré un accent de nervosité courant le long des mots, Je ne vais pas te demander en mariage, poursuit-il, donc respire.
Il ouvre la boîte et Charles respire, enfin, pour de bon, en voyant le bracelet qui y repose.
— J'ai pensé que tu pourrais le porter ? Il est en titane, en platine et en or blanc, et les métaux sont assemblés de sorte que je puisse les reconnaître en les sentant de loin ? Un peu comme tu peux sentir ma présence quand je suis au loin. Si tu le portes, je serai capable de te sentir aussi.
Charles sent les larmes monter à ses yeux, son nez le pique sous l'émotion, et il reste sans voix.
— Charles, allez, ne pleure pas. Dis-moi quelque chose ! Tu ne l'aimes pas c'est ça ? plaisante Erik, la bouche plissée en un sourire taquin, même si ses yeux sont quelque peu inquiets, J'aurais voulu qu'il soit en adamantium, pour qu'il soit aussi indestructible que notre amour, mais il aurait fallu que j'en pique un bout à Logan, et je ne suis pas absolument certain qu'il aurait vraiment apprécié.
Charles ne peut à présent plus retenir son rire, au fur et à mesure qu'Erik débite ses imbécilités, et les larmes qui débordent de ses paupières sont définitivement des larmes d'hilarité.
Les yeux d'Erik pétillent de nouveau, presque qu'aussi éblouissants qu'un flash d'appareil photo, alors qu'il chute sur un genou, aux pieds de Charles, saisissant la cheville droite de son amant pour lui soulever et poser le pied sur son genou qui n'est pas à terre. Charles laisse faire, et se contente de rejeter la tête en arrière, éclatant définitivement de rire en voyant Erik repousser sa chaussette pour mieux ajuster le bracelet sur sa peau, qui y est glacé.
— Merci, souffle Charles, sentant le métal se réchauffant lentement au contact de sa peau, sentant ses joues rosirent sous le regard flamboyant, ardant d'Erik.
— Le plaisir est le mien, sourit Erik, ravi du rougissement de son amant, faisant doucement tinter les maillons de bracelet entre eux, sans les toucher.
oOoOoOo
CrackBonus : Charles.
La boîte est petite, d'un noir feutré, un ruban d'argent courant sur le couvercle. Charles soupire en la voyant et la contemple un moment, alors qu'elle siège entre deux caleçons.
Ne pas se poser de questions, juste ouvrir la boîte, pense-t-il, tendant la main pour la saisir. Un post-it coloré volette dans les airs avant d'échouer sur le sol lorsqu'il soulève finalement le couvercle.
Il hausse un sourcil incrédule, la tige d'un magenta métallique étincelant agresse impitoyablement ses rétines, presque aveuglante sur l'intérieur en velours noir.
Au fil du temps, quelques temps après lui avoir offert le tout premier bracelet – que Charles porte toujours, par ailleurs – Erik a commencé à lui offrir d'autres présents tous aussi métalliques que le premier, mais un peu plus... pénétrants. Chevalières pour ses doigts, pendentifs pour son cou, bracelets pour ses poignets et chevilles, anneaux pour ses oreilles, piercings pour arcade sourcilière, pour lèvres, tétons, nombril...
Charles a d'ailleurs été obligé de s'acheter un coffre à bijoux à la contenance assez importante pour loger tout ce qu'il ne met pas quotidiennement. Il suspecte aussi parfois qu'Erik ne serait pas totalement contre lui greffer du métal sur les os, à la manière de Logan. Mais il pense aussi qu'une marque totalement irréversible ne plaira jamais réellement à Erik, tout comme les tatouages.
Erik redoute encore plus de posséder quelqu'un que d'appartenir de nouveau à un autre. La souffrance et la torture, il les connaît, il sait comment en renaître. Mais démonter et reconstruire quelqu'un de sa propre volonté le ferait trop ressembler à son ancien bourreau.
Toujours est-il que Charles demeure circonspect devant ce nouveau cadeau. Il se souvient encore de la douleur pour se faire percer le téton gauche et il a mis très longtemps à être convaincu de faire également le droit, après ça, malgré la fascination d'Erik devant celui orné d'un piercing rutilant. Erik adore d'ailleurs jouer avec depuis l'autre bout de la pièce ou même du manoir, donnant souvent ainsi une érection indésirable à son amant, alors qu'il se trouve parfois en train de donner un cours sur les principes philosophiques avancés et rien n'a jamais été plus pénible que dans ces moments-là.
Il se penche finalement pour ramasser la note, écarquillant les yeux de surprise et d'effroi devant l'écriture fine et déliée. Il passe une main sur son visage un instant, atterré, puis abandonne boîte et post-it froissé sur le dessus de la commode et sort de la chambre presqu'au pas de course, appelant son amant d'une voix courroucée.
"Pour ton gland." s'étale en noir d'encre sur le post-it rose flashy. Et, mêlées à l'encre, il y a même des paillettes magenta.
Malheureusement pour vous, l'histoire ne dit pas si Charles finit par porter le dernier présent d'Erik.
Mais vous pouvez toujours l'imaginer, si vous le souhaitez…