Bonjour bonjour =)
J'ai l'impression de m'incruster, c'est très étrange comme sentiment x)
A vrai dire, je ne sais pas vraiment quoi dire sur cette première histoire... Je vous laisse donc mes deux petits Haru et Fuu, et... Nnnneeeee les malmenez pas autant que j'ai pu le faire ! TuT
Ce n'était pas les ordres… Ce n'était pas les ordres…
Cette phrase résonnait dans sa tête. Il fixait le plafond. En ne trouvant pas le sommeil.
Tout avait commencé le jour où on lui avait jeté au visage qu'une égalité comptait comme une défaite. Tout s'était fendillé, avait commencé à éclater, s'était décomposé. Et la blessure s'était d'autant plus creusée lorsque Gaïa fut sacrée Genesis. Il étrangla davantage son oreiller. Il s'était promis d'essayer de ne pas prendre sa revanche, par simple fierté. Malgré tout, cette vengeance s'était présentée sur un plateau, lorsque l'autre idiot lui avait proposé une alliance. Il avait saisi sa chance. Envers et contre tout, ensemble, ils étaient imbattables. Indomptables. Il le savait. Il l'avait vu de ses propres yeux sur le terrain. Ils auraient gagné. Ils allaient gagner. Il retint un grognement. Ils allaient lui rendre la monnaie de sa pièce. Ils allaient lui montrer, ainsi qu'à tous, qu'ils étaient les plus forts. Que leur Père n'aurait pas dû les mettre de côté. Mais Gran était intervenu. Toujours aussi supérieur. Hautain. Avec son sourire méprisant. Il grinça des dents tellement fort… En espérant que la douleur abaisserait sa colère. En vain. Il les avait traînés jusqu'à l'académie, sans leur dire un mot. En écoutant à peine leur protestation. Et devant les autres équipes, il leur avait simplement dit, toujours avec son affreux sourire orgueilleux…
Je suis juste les ordres. Et votre numéro n'en faisait pas partie.
Burn avait injurié, en criant, hurlant. Mais Gran avait gardé son rictus.
Ce ne sont pas les ordres, point.
L'autre imbécile s'était précipité dans sa direction, sans doute pour défouler sa colère sur l'objet de toutes leurs plaies. De tous leurs tourments. Gran. Il l'avait retenu. Ils s'étaient déjà assez donnés en spectacle pour finir avec le chouchou, massacré, sur la conscience. Burn s'était débattu et était finalement sorti de la salle, rageur. Gran avait d'autant plus souri.
Je te croyais différent Gazel.
Il ne croisa pas son regard. Il demanda juste aux membres de Prominence et Diamond Dust de le suivre. Gran n'en fut que plus satisfait. Il sentit son égo emplir la pièce. Il ne lui adressa aucune réponse. Rien.
L'autre imbécile au tempérament fulminant était introuvable. Il avait dû affronter leur Père, seul. Qui avait gardé son air calme, presque doux. Mais sa voix, si délicate, fut tranchante.
La prochaine fois j'aimerais que mes enfants suivent mes ordres. Au risque de profondément me décevoir.
Son cœur s'était serré.
Va Gazel. Retrouve ton équipe, ainsi que celle de Burn, et dites-leur que je ne vous en tiens pas rigueur. Mais que les ordres, sont les ordres mon garçon. Gran est arrivé à temps.
Et l'homme avait souri. Le jeune garçon prit congé, une insupportable douleur dans la poitrine. Douleur qui l'avait suivi lorsqu'il dut transmettre le message à ses amis et ceux de Burn, en lacérant les mauvaises paroles. Ce n'était pas de leur faute. Ils avaient juste suivi leur capitaine. Gazel ne pouvait, en plus de ses propres maux, permettre et subir ceux de ses amis et coéquipiers. Par leurs idées stupides. Par leur faute. Eux qui avaient toujours su le soutenir. Et le mal était toujours là, au creu du cœur, alors qu'il voulait juste en finir avec cette terrible journée. Il n'avait pas revu Burn depuis l'altercation de cette après-midi. Il avait endossé la responsabilité de leurs actes, seul. En y réfléchissant, était-ce ceci, le plus douloureux ? De voir cet imbécile disparaitre ? Alors que c'était son idée ? Et qu'ils l'avaient fait ensemble ? Était-ce de voir leurs coéquipiers payer également l'erreur de leurs actions ? Par leur stupide délire commun ? Gazel se redressa. Ou était-ce de concevoir, une nouvelle fois, qu'ils avaient perdu ? Que Gran méritait une nouvelle fois le titre suprême ? Que tous leurs espoirs avaient-été, encore, anéantis par ce type ? Que leur vie s'écroulait pour de bon ? Qu'ils n'avaient plus rien, désormais ? Et que Burn demeurait introuvable, seul, sûrement dans le même état, aussi abattu et haineux, que lui ? Depuis maintenant plus de douze heures ? Gazel se mordit la lèvre en pestant. Il fallait qu'il ait une conversation avec son rival. Qu'il mette la main sur lui. Pour savoir. Comprendre. Voir dans quelle situation il se trouvait. Pour lui poser toutes ces questions, incessantes. De plus, il aurait été celui chargé de le retrouver, tôt ou tard. Il ne pouvait pas être bien loin. Gazel enfila un survêtement et sortit de sa chambre. Il grelotta. Effectivement, les couloirs de son équipe étaient glacials. Particulièrement la nuit. Il s'immobilisa. Le plus idiot des deux, c'était réellement lui. Que l'autre ait disparu… C'était Burn après tout. Mais lui, il était censé le chercher où ? À l'intérieur ? À l'extérieur ? Gazel frémit. Si par mégarde cet abruti avait croisé Gran… Ou un quelconque autre joueur lui faisant une remarque… L'albinos soupira. Il se dirigea vers les quartiers de Prominence. C'était sans doute l'endroit le plus logique pour commencer. Il espérait uniquement qu'il parviendrait à attraper l'imbécile de service et le raisonner, au plus vite. Et qu'il ne lui était rien arrivé en son absence. Le jeune garçon sourcilla. Il… Il s'inquiétait ? Non. Impossible. Par pour cet idiot. Il voulait juste s'expliquer avec le carmin. C'était leur égarement. À eux deux. Malgré tout… Ce n'était pas la première fois qu'il se sentait aussi mis à l'écart dans cet "orphelinat". Et qu'il se percevait si… Affaibli. Cependant, il n'avait jamais été aussi seul. Ils n'avaient jamais été aussi séparés. Surtout suite à l'éboulement de tout ce en quoi ils croyaient. Le mal n'était pas encore plus puissant sans… Sans Burn ? Depuis la chute de la pierre et la construction de l'Aliea Gakuen, ils n'avaient jamais été aussi étrangers l'un à l'autre. Gazel avait toujours été collé à Burn. Et vice-versa. Malgré leurs différences. Malgré leurs différends. Malgré l'animosité qui régnait entre les deux. Malgré leur adorable rivalité. Aux antipodes l'un de l'autre. Ils se complétaient. N'était-ce pas ce que l'améthyste avait le plus fracturé ? Leur amitié. Leur lien. Indétectable. Tant le gouffre entre les deux était profond. Et justement, si fusionnel. La colère qu'ils ressentaient… Ne devrait-il pas la porter sur ce caillou ? Qui avait été l'aube de leur… Descente aux Enfers ? Cette rage ? Ne devaient-ils pas la supporter… Ensemble ? Le jeune garçon n'eut pas le temps de se pencher davantage sur cette théorie car un bruit attira son attention. Il releva la tête. Et se stoppa. Il était parvenu jusqu'aux couloirs de la Gemini Strom. Et voilà, qu'au beau milieu de la nuit, il croisait Gran, sortant de la chambre de… Reize ? Gazel crut un instant qu'il allait vomir. Et s'écrouler d'une colère monstre. Pourquoi… Pourquoi eux leur… Leur étrange affection d'enfant n'avait-elle pas été réduite à néant ? Gran se tourna en sa direction. Au travers de ses mèches de cheveux, que Gazel laissa délibérément dissimuler ses yeux, il vit l'autre sourire… Grandement.
- Tiens… Gazel.
Il ne répondit pas. Il avait pour habitude de se murer dans le silence. Et ne voulait aucunement donner raison et contentement à la personne qui lui était dorénavant plus qu'étrangère.
- Vous avez eu de la chance que Père vous épargne d'une quelconque sanction.
Gazel serra les poings, en gardant son sang aussi froid qu'il le devait. Que ce pour quoi il était… Gazel. Pourtant, étant petit, il ne haïssait pas autant… Hiroto ? Le Fuusuke et le Haruya de cinq, six, sept ans… S'entendaient bien avec le Hiroto, que Père avait pris comme favori. Ils lui en avaient toujours un peu voulu d'être le préféré, mais n'en avait jamais tenu rigueur à Père. Hiroto était le portrait de son fils, défunt. Ce n'était pas vraiment de sa faute. Il se revit, ainsi qu'Haruya et Hiroto, et peut-être même Ryuuji, jouant au football au Sun Garden, sous le regard tendre de leur Père et d'Hitomiko. Hiroto paraissait beaucoup plus modeste. Il le discerna presque comme étant un gamin mignon. Gentil. Serviable. Affable. Il s'amusait avec lui et Haruya, enfants. C'était juste le privilégié. Mais pas une raison valable pour se défouler sur lui. Le concernant. Cependant, être en face de Gran, lui donner une irrésistible envie de… De lui en coller une ? Avec son affreux sourire de rejeton supérieur. Rejeton supérieur qui s'approcha d'ailleurs, en riant toujours plus.
- Je suppose que tu cherches Burn.
L'albinos tiqua.
- Je l'ai cherché aussi.
Le sang de Gazel se pétrifia. Il déglutit.
- Et je l'ai même trouvé. Dans la forêt.
Il se mordit la lèvre.
- Qu'est-ce que tu es allé trafiquer dans la forêt, au juste ?
Fort-heureusement, sa voix resta tranchante et froide, et il laissa sa figure obscurcie, dans l'optique que l'autre ne croise pas son regard. Il l'aperçut d'autant plus sourire et Gran se pencha à son oreille.
- Je te l'ai dit. Je le cherchais.
Gazel refoula un spasme. Il n'avait jamais eu autant de mal à contenir ses émotions. Son cœur s'embrasait d'une haine, trop longtemps écartée.
- D'ailleurs… C'est intéressant de voir à quel point les personnes déchues semblent si désemparées, faibles et mal en point, lorsqu'on leur refuse quelque chose…
Gazel serra la mâchoire et ne put retenir un maigre grognement.
- Enfin…
Gran commença à s'éloigner
- Burn nous a prouvé plus d'une fois qu'il était faible. Je pensais que tu n'étais pas de la même… Pour ainsi dire, lignée Gazel.
Ce dernier sentit un reflux de sang entre ses dents.
- Bonne recherche mon cher Gazel, finit par déclarer Gran, en disparaissant dans la pénombre des couloirs, dans le dos de l'albinos.
Une fois qu'il n'entendit plus les pas de l'autre, Gazel se laissa tomber contre le mur. Il n'avait jamais autant grincé des dents. Il passa l'envers de sa main sur ses lèvres. Le résultat fut le même qu'après l'avoir porté à ses narines. L'effort de contenance avait été surhumain. Il ressentait la même électricité arracher ses muscles, le même sang s'échapper de sa bouche et de son nez, les mêmes tremblements lui causer des vertiges nauséabonds, les mêmes maux lui déchirer le crâne et l'estomac… Mais cette fois ce n'était pas les premières utilisations de la pierre qui les lui causaient. C'était la colère. La rage. La haine. Il n'avait plus qu'une idée en tête. Retrouver Burn. Puis donner à Gran l'ampleur de ce qu'il méritait. Et à Père. Désormais il se fichait de n'importe quel risque qu'il pouvait encourir. La rancune lui lacérant le cœur et les entrailles. Lui empoignant le sang et l'existence. On lui avait ôté la vie qu'il chérissait et tous ceux qu'il estimait. Ses coéquipiers. Osamu. Ryuuji. Hiroto. Haruya. Fuusuke. Il en ferait donc de même avec ces démons, destructeurs. Une fois Burn en lieu sûr. Il était sans doute le dernier qui accepterait encore Gazel. Et vu les dires de Gran, ça n'allait pas pour lui. Gazel le fleura. Il le savait. Il se précipita dans le couloir. Et courut. Courut. Courut. Tant pis s'il en réveillait certains. La douleur serait moindre en retrouvant son rival. Son coéquipier. Son ami. Son meilleur ami. Son… frère. Il dévala les quartiers de Prominence, Epsilon… En ne s'arrêtant pas une fois pour reprendre sa respiration. Il vit la porte de sortie. Et un surveillant. Somnolent. Il le bouscula, ce qui valut une chute à l'adulte, qui alerta ceux, postés à l'extérieur. Dehors, Gazel pensa que le temps matérialisait ce qu'il ressentait. D'énormes nuages noirs régnaient mais les lumières entourant l'académie, rendaient toute vision encore possible. Le vent soufflait à tout rompre. Les arbres au loin dansaient, valsaient, se pliaient, aux règles des cieux, dévastateurs en cette nuit. Et ils pleuraient, pour lui. La pluie torrentielle lui tranchait les joues. Mais qu'importe. Il n'était pas complet, sans Burn. Encore davantage dorénavant. Et il savait parfaitement où il se trouvait. Il bénit le football, qui lui permit, tels des dribbles, d'éviter magnifiquement la quasi-totalité des gardes. Il n'en restait plus que deux, qui lui empoignèrent les épaules. Il se débattit et, un grondement et des éclairs éventrant le ciel, lui valurent la liberté, les deux benêts trébuchant par la surprise. Gazel manqua de s'effondrer en dégringolant la pente. Il parvint rapidement à la forêt. La pluie était désormais retenue par le feuillage des épineux, en totale anarchie. Il sacra une nouvelle fois son sport de prédilection, qui lui donna la pleine capacité d'éviter les branchages, acérés. Ce fut à cet instant que son cœur sembla se rasséréner une seconde. Il se rendit compte qu'il ne jouait pas seulement pour la guerre. Pour devenir un super-soldat. Il pratiquait le foot parce qu'il en avait envie, parce qu'il était baigné dedans depuis sa naissance, parce qu'il était doué, parce qu'il lui avait permis de rencontrer Haruya, parce qu'il… Il aimait ça. Tirer. Tacler. Dribbler. Utiliser ses techniques. Rencontrer de nouveaux adversaires. Être avec son équipe. Être avec son rival. Il aimait… Tout simplement le foot. Il aimait jouer. Pour jouer. Pour gagner, certes. Mais surtout pour le plaisir… De jouer. Car il aimait le foot. Il adorait le foot. Sa vie tournait autour du foot. Depuis toujours. Ce songe lui engendra une violente chute. Il ne vit pas une branche et celle-ci rencontra son ventre. Il fut projeté en avant et roula. Roula. Roula. Sans pouvoir s'arrêter. Dans la terre. À travers le bois, affilé. Sur les feuillées, humides. Il se maudit. Se maudit d'avoir eu une belle pensée. Ça ne pouvait pas durer. Sa tête frappa alors lentement un tronc et il s'immobilisa enfin. Il gisait là, de tout son long dans le sol bourbeux. Dans les feuilles mortes, imprégnées d'eau dans les rameaux incérés dans la terre à l'odeur et au toucher écœurant. En fixant le sombre ciel. Où le vide s'offrait à lui. Gazel comprima sa mâchoire et renifla. Du sang s'échappait toujours. Il ferma les yeux et serra les poings. Il fit un dernier effort pour échanger sa souffrance par de la colère. La pluie se frayant à nouveau un chemin, les gouttes mordantes remplaceraient ses larmes. Son écroulement n'avait pas été douloureux. Son corps tombant en lambeaux bien avant son agressive descente. Par le simple fait de ses martyres. Il tenta de se redresser mais son abdomen avait plus enduré qu'il le pensait. Il retint un juron. Il s'effondra une seconde fois. Et ne remarqua qu'à cet instant que son oxygène avait cessé d'exister. L'air se frictionnait dans sa gorge. Il ne voulait pas pleurer. Il n'en avait pas spécialement l'envie. Ce n'était pas les larmes qui l'empêchaient de respirer. Ce n'était pas non plus la chute. Il en était persuadé. Alors quoi ? Il tenta de bouger ses bras mais ils restèrent pétrifiés au sol. Et le simple fait de contracter ses muscles lui donnait envie de hurler. Hurler. Hurler. Gazel cria. Cria. Cria de toutes ses forces. Il cria sa douleur. Sa souffrance. Sa colère. Longtemps. Très longtemps. Qu'à la fin il toussa. Toussa. Et toussa encore. En étant parvenu à s'asseoir. Dans sa main, il y vit du sang. De la salive. Et du sang. Il essuya nonchalamment ses lèvres et le dessous de son nez plusieurs fois. En oscillant. Grandement. Il souleva son pull. Ses muscles tremblaient. Se crispaient. Il avait un bleu. Un grand bleu. Violet. Il osa y passer son doigt. Mais se ravisa à la seconde où son index toucha sa peau endolorie. Il lui sembla qu'une larme dévala sa joue et s'écrasa sur cet hématome. S'en suivirent plusieurs gouttes de sang. Gazel soupira. Il effleura son front. Ses doigts étaient devenus humides, d'un liquide écarlate. Un mince filet refroidit sa tempe, jusqu'à son menton. Cette fois, l'insulte passa ses lèvres. Avec tant d'autres. Il abattit son poing sur le sol et essaya de se relever. Il y parvint. En titubant. En se rattrapant à l'arbre qui l'avait stoppé. Mais il était debout. Il était couvert de terre. D'éraflures plus ou moins profondes. Néanmoins, ce n'était toujours pas proportionnel à l'affliction qu'il ressentait. Il desserra les dents et prit une grande inspiration. Il était en vie. Sa peau sectionnée. Son ventre, ayant radicalement changé de couleur, l'endroit le plus douloureux lorsqu'il y pensait. Son nez et sa bouche en sang. Son front légèrement fractionné. L'écarlate liquide humide glissant sur son visage, disparaissant aussitôt avec la pluie. Sa vision trouble. Ses nausées assassines de nouveau présentes. Mais il était en vie. Du moins son enveloppe charnelle. Sa raison, sa conscience, son esprit, ne seraient réanimés que lorsqu'il mettrait la main sur Burn. La colère s'échappant peu à peu avec le sang, dégringolant sur ses joues, son nez, ses lèvres, se mélangeant avec l'eau de l'anxiété. La haine se mêlait à l'inquiétude. Gazel releva les yeux. Il voyait le ciel. L'oxygène traversa enfin ses poumons. Les cieux semblaient s'être calmés : les nuages noirs s'étaient dissipés, le vent n'était plus qu'un souffle presque doux l'orage était passé. La pluie n'était plus que la seule devanture de leurs mots. Elle n'était plus tranchante, piquante, similaire à des coups de couteau. Elle était seulement aussi désarçonnée que son seul ami, aux cheveux argentés. Elle chutait, comme les pleurs d'un enfant trahi. Doucement. Délicatement. Avec un son délassant. Gazel mit un pied devant l'autre. Encore. Et encore. En écoutant les gouttes tomber au sol. Il marcha dans une flaque. Il scruta le reflet qu'elle lui présentait. En passant outre ses blessures, il regarda plus haut. La Lune régnait dans le ciel. Apportant avec elle son éclat bleuté. Cependant elle pleurait. Pleurait. Pleurait. Pleurait tellement. Qu'elle assurait subtilement les sanglots de Gazel, trop soucieux. Trop meurtri. Mais elle était là. Assurant une présence robuste à son seul ami. À la recherche du sien. Ils avaient l'habitude de se retrouver ici, parfois. Le milieu de la forêt. Où il n'y avait plus d'arbres. Pour jouer justement. Ou se disputer. Avec un ballon aux pieds. Il continua d'avancer. Prudemment. La forêt se renfermant de plus en plus autour de lui. Il s'immobilisa. Soudain, l'espoir lui perça davantage le corps. À travers les arbres de nouveau présents, il y vit… Un ballon noir… Et rouge.
- Burn. Burn !
Il se mit à courir. Difficilement. Le plus promptement qu'il put. En chancelant. Mais il y arriva. Et retrouva sa respiration. En haletant. Il était là. Assis contre l'écorce. Les genoux repliés contre sa poitrine. La tête enfouie de ses bras. Mais cette chevelure vermeille le trahit. Après avoir soupiré plus d'une fois, Gazel se laissa tomber au sol, adossé à l'arbre, aux côtés de celui qu'il ne pensait plus jamais revoir. Il étendit sa jambe gauche devant lui. Il n'aurait peut-être pas dû sortir en short ses articulations inopinément pourpres. Il posa sa tête contre le bois, inlassablement essoufflé, et ferma les yeux. Sa vision voilée et imprécise lui donnant plus de répulsions qu'il n'en avait déjà. L'idée d'avoir été violemment mis de côté pour les prochains matchs lui parut d'autant moins rageante, et plus clairvoyante. Vu l'état pitoyable dans lequel il se trouvait. Il lui sembla même qu'il s'en fichait. Peu lui importait. Il n'était pas chu dans la terre, il se s'était pas fracassé le front, il n'avait pas laissé filer tout ce sang, il n'avait pas mis une agitation telle auprès des surveillants, il ne s'était pas retrouvé aussi haineux et brisé pour faire un point sur son existence. Tout ça lui était égal désormais… Son corps, sa conscience, son cœur, son esprit. Morcelés.
Il voulait juste recouvrer Burn.
- C'est fini, hein…
Gazel crut tomber. Pour de bon. Dans un incontestable vertige. Fatal. La connexion se nichant dans un temps, infini à ses yeux. C'était bien la voix de Burn. Réellement. Mais pas vraiment en même temps. Elle était faible, presque inaudible. Et elle semblait venir du fin fond d'un précipice. Déroutée. Indigente. Similaire à un dernier soupir. Gazel posa ses yeux sur son ami. Il se concentra, de toutes les maigres forces qu'il lui restait, pour correctement discerner ses traits. Et dut puiser dans ces dernières ressources pour se retourner complètement, afin de se mettre à genoux à la gauche du carmin.
- Hein, Gazel, c'est fini.
Après hésitation, il posa ses mains sur l'épaule et le bras de Burn et fit soudain appel à sa voix la plus suave. Malgré toute sa fierté. Malgré tout son égo. Malgré toute la supériorité et l'indifférence dont il pouvait faire preuve. Malgré l'image que tous lui donnaient. Malgré l'étiquette de celui qu'on nommait le capitaine de Diamond Dust. Il balaya tout du dos de la main. Tout ça lui était égal. De plus, il n'avait pas le véritable Burn en face de lui, pour paraître aussi brisé. Accablé. Abattu. Gazel parla d'une voix douce. En étant tout aussi délicat.
- Je sais Burn. Mais on peut encore s'en sortir. Je…
- Gran est venu.
Gazel se mordit la lèvre. Serra les dents. En contenant le sang. Et la colère.
- Il m'a dit qu'on avait de la chance que Père veuille encore de nous.
- Il m'a dit la même chose mais…
- J'ai rien pu faire Gazel, rien.
Gazel étreignit davantage le bras de l'autre, doucement.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? Burn de quoi…
- Il était là. Devant moi. À rire. Et j'ai rien fait. Je n'ai pas réussi à bouger.
- C'est sans doute mieux ainsi mais…
- Je lui ai donné la pire image de moi-même. Mais y a pas que ça, Gazel. Tu le sais autant que moi.
Gazel fut bien plus ébranlé qu'il ne l'aurait voulu. Son cœur se serrait de plus en plus et la Lune ne garantirait plus leur chagrin commun pour longtemps.
- Burn…
- Je n'ai pas réussi à le battre. Je n'ai pas réussi à le vaincre. Je n'ai pas réussi en tant que capitaine de Prominence. Et encore moins avec Chaos.
- Burn ! Qu'est-ce que tu racon…
- Je devais assurer la victoire de Chaos. La mener où je n'avais pas pu aller. Te mener là où on n'avait pas pu aller.
- Arrête avec tes sottises ! Tu divagues complè…
- Battre Gran. Enfin le lui prouver. La lui fermer. Et montrer à Père qu'on était les plus forts... Ou… Ou... Juste qu'on valait autant que lui.
Sous sa main, il sentit le corps du carmin remuer, trembler. Tels des soubresauts.
- On était à deux doigts de lui montrer… À deux doigts d'enfin y parvenir. Se remettre debout. S'entraîner. Grimper les échelons. Et parvenir à ce pour quoi on se bat depuis tant de temps. Et je n'ai même pas été capable de réussir ça. Même pas capable de mener Chaos à la victoire. De nous mener à la victoire. Et juste… De lui montrer.
La rancune, presque inexistante, qu'il avait fleurée du fait de l'absence du carmin lorsqu'il dut affronter leur père et leurs coéquipiers, fut tuée, dilapidée, dissoute. Gazel, aussi ahuri devenait-il, sentit de nouveau, d'étranges fluides s'unir sur son visage. Des fluides brûlants.
- Burn ! Tu te trompes sur toute la ligne.
- Si ça n'avait tenu qu'à Gran, on ne serait même plus ici à l'heure qu'il est. Père a eu raison de le choisir. Il n'a même pas laissé un second essai à Diamond Dust, à cause de cette putain de règle d'égalité. Ni l'opportunité à Prominence d'affronter Raimon. À cause de moi. Et… Même si Chaos était notre derrière chance… Je n'ai même pas su tenir ce qui devait être mon ultime promesse. À cause de ça, on n'a pas su lui montrer Gazel. Tout est parti en poussière. Tout. Encore.
Gazel resta pétrifié, la bouche entrouverte, ne trouvant plus ses mots. Sa raison, esprit, conscience, ayant définitivement explosés. Les paroles de Burn repassaient, telle une boucle sans fin, inlassablement dans son ouïe, sans daigner s'arrêter. Il secoua la tête. De plus en plus fort. En étranglant de plus en plus le bras de l'autre. Cela commença par un murmure inaudible. Cela finit en un hurlement. Non.
- Non ! Non Burn ! Non !
Il se traîna en face de son ami et le prit par les épaules.
- Tu m'entends ! Tu te trompes !
Il le secoua.
- J'ai également ma part de responsabilité dans cette histoire. Même si c'est toi qui portais ce brassard. Même si l'idée était venue de toi. J'y suis aussi pour quelque chose. Au même titre que toi.
Burn ne bougea pas d'un millimètre. Gazel se sentit démuni et accablé. En colère. En colère envers lui-même. Oui. Contre lui. Seulement lui. Lui et lui seul. De voir son ami dans cet état. Et de ne rien pouvoir faire.
- Ha… Haruya !
Cela lui fuit. Il n'y eut toujours aucune réaction. Gazel laissa échapper un grognement.
- Je t'en prie… Haru… On…
Une larme s'effondra sur sa joue. Puis deux.
- On a été arrêté. Stoppé. Utilisé depuis le début.
Qu'il ne retint pas.
- On n'a rien demandé, tu comprends. On…
Il cahota une nouvelle fois délicatement son ami.
- On a suivi les ordres jusqu'au bout. La pierre, les aliens… Tout. On s'est plié aux règles de cette… Alia Gakuen. De Père. Depuis le début. Mais pourquoi ? Pour Père ? Père qui devait savoir depuis l'aube de son projet qu'il choisirait Gran comme capitaine de Genesis. Qui ne rêvait que d'une chose, que l'équipe la plus forte du Japon rencontre son chouchou. Il ne voulait que ça.
Gazel essaya de reprendre son souffle, en vain.
- Et sans doute, justement parce que son idée déviait de la route qu'il avait l'optique de tracer, que Genesis ne serait peut-être pas l'équipe la plus puissante, il nous a arrêtés. Mais tu… Tu ne crois pas que c'est mieux ainsi ?
Gazel essuya le sang qui dévalait jusqu'à ses lèvres et toussa rapidement celui qu'il avait dans la bouche.
- Si Père a ordonné de nous arrêter, c'est peut-être parce que… Parce qu'il s'est rendu compte de notre force, à nous aussi ?
Un énième flot salé s'abattit sur son visage. Cependant Gazel sourit. Vraiment. D'un réel sourire.
- Et quand bien même… Haru… Tu… Tu ne crois pas que… Qu'on est libre maintenant ? Libre de toutes ces manigances ? On a plus à assumer ce rôle d'extra-terrestres dégénérés. On peut peu à peu retrouver Haruya et Fuusuke, les deux épris de foot. Les deux gamins qui ne pouvaient s'empêcher de se disputer. De se lancer des mots, censés être des insultes, dénuées de profondeurs, de logiques et d'une quelconque méchanceté si on y réfléchit bien ? Glaçon. Tulipe. Et pourtant, incapables de se séparer.
Gazel soupira.
- Oui, c'est fini. On a perdu. On n'est peut-être pas les plus forts. Mais on est encore en vie. Il nous reste… Tant de temps devant nous. Tant de choses qu'on pourra faire. Découvrir. On aura peut-être d'autres opportunités de montrer notre talent, j'en suis sûr. En venant ici, j'ai compris ce que je me tuais à ne pas vouloir comprendre. Par simple protection. J'aime le football. J'adore le foot. Et ce ballon juste à côté de moi, me prouve que toi aussi. J'ai même réalisé que ce que je préférais, c'était jouer avec toi. On aura une seconde chance. Haru… Je… Je te le promets.
Le jeune garçon renifla, en écho, il eut l'impression, de Burn.
- Plus de pierre. D'entrainements éreintants. De matchs obligatoires. De football lorsqu'on n'en a pas envie. Juste… La Liberté. Incessamment sous peu. J'en suis persuadé. Plus de Reize. De Desarm… De… Gazel le prétentieux et supérieur capitaine ayant fait une horrible égalité. Et de Burn, le fulminant capitaine de feu, qui proposa une des idées les plus brillantes de l'Aliea Gakuen. Et de Gran… Oui, plus de Gran. Cet abruti manipulateur. Il se fera battre par Raimon. Et ressentira ce que les autres équipes avaient ressenti avant lui. Et ce à quoi on ne pensera même plus.
Il entendit un petit rire. Affaibli. Mais il ne l'avait pas rêvé. Il semblait même s'être intensifié depuis quelques minutes.
- Haru…
Gazel déglutit.
- On a peut-être été battu cette fois. Encore peut-être. On est tombé. Tombé. Tombé. Mais on ne pourra tomber plus bas, parce que tant qu'on est ensemble, rien ne pourra nous vaincre. Depuis toujours. Même avant Aliea.
Gazel posa un genou au sol.
- C'est ce que j'ai compris ce soir. Même si nos équipes respectives n'étaient pas à la hauteur. Même si Chaos a été déchue. Elle nous aura au moins prouvé que l'un avec l'autre, on est plus fort que n'importe quoi. C'est… C'est ce pourquoi je crois que la création de cette équipe fut l'idée la plus brillante du projet Aliea Gakuen…
Le jeune garçon baissa la tête. Et le silence revint. Quelques instants.
- Tu parles comme si l'Aliea Gakuen était elle aussi tombée.
Sa respiration, déjà saccadée, se bloqua d'autant plus. Il releva les yeux. Burn souriait. Des larmes plein les yeux. Yeux gonflés et injectés de sang. Le visage suintant. Les joues en feu. Mais il souriait. Le souffle de Gazel revint, mais perdura à être irrégulier. Si irrégulier. Comme s'il retenait des sanglots. De nombreux sanglots. Sanglots qui franchirent enfin ses lèvres, étirées en un léger sourire. Lorsqu'il rencontra les bras de Burn. Et qu'il l'enlaça. Il sentit des larmes dans son cou, qu'il ne put s'empêcher de combler par les siennes. Ils resserraient l'étreinte, au rythme de leur souffle refoulé, de leur figure humide. De leur chagrin, explosant enfin. À mesure que la Lune déclinait. Que le Soleil se levait timidement. Que la pluie s'asséchait. Que le vent devenait chaud. Que la nuit laissait place à l'anxieuse lumière. Qui barra bientôt l'horizon. D'un simple trait. D'un éclat écarlate. Immense. Craintif. Délicat. Lorsque la fatigue revint pointer lentement sa douloureuse présence, ils se séparèrent, en riant bêtement. Fuusuke s'assit en face de Haruya. Le carmin passa plusieurs fois son nez sur son coude, en attrapant quelques larmes au passage. Fuusuke s'essuya les yeux plusieurs fois, en étalant les écarlates tâches brunies son visage. Leurs rires timides cessèrent. Haruya se remit dans sa position initiale, en gardant la tête relevée cette fois. Il avisa Fuusuke, ce dernier toujours souriant. Haruya se sentit soudain mal. Bien que les yeux de son ami étaient aussi rouges et enflés que les siens. Qu'ils semblaient, eux aussi, toujours embués. Qu'il avait également les joues rosies par les torrents salés. Les cheveux aussi décoiffés et trempés que lui. Il était néanmoins couvert de terre. Tout comme ses bras, ses jambes, sa figure. Et les griffures, les éraflures, les déchirures qu'il avait partout sur le corps. La boue avait trouvé refuge absolument partout. Haruya fut d'autant plus inquiété en voyant un filet de sang caillé sur sa tempe gauche et les quelques mèches barrant son visage, étrangement pourpres et collantes. Haruya se pencha. Et poussa délicatement les cheveux imbibés de sang sur le coté. Il était blessé. Plus que des écorchures, il avait une plaie bien plus profonde. Sur le front. Et visiblement le constat ne s'arrêta pas là, puisque quand il s'approcha davantage, il entendit un léger gémissement. Haruya tourna les yeux vers Fuusuke, qui se trahit lui-même, en fixant son flanc droit. Le carmin souleva alors le gilet de son ami. Une marque ovale. Violette. Affreusement foncée. Il releva ses yeux ambrés et se posta en tailleur devant Fuusuke.
- Fuu…
- Ça va.
- Mais…
- C'est rien.
Fuusuke lui sourit. Haruya ne put s'empêcher de le prendre dans ses bras. Il répondit bien évidemment à l'étreinte, les deux fermant les yeux dans le cou de l'autre.
Haruya avait bien vu le faux sourire, les puissantes douleurs électrisantes, la respiration et les battements de cœur réguliers demeurant toujours aussi inexistants, les indénombrables vertiges continus lui saisissant les sens, le sang décampant encore ici et là, partout ; l'état déplorable du corps, endolori, meurtri jusqu'aux os, de Fuusuke. Et Fuusuke sentait toujours les larmes s'écraser, la profonde tristesse, le déroutement, l'éboulement de toutes les notions qu'il s'était forgées et croyait savoir et connaître; l'esprit, l'exaltation, la joie de vivre, l'assurance, la confiance, l'espoir, en plein trépas et anéantissement, de Haruya.
Ils allaient leur faire payer.
Voili voilou...
J'espère que cela ne vous a pas causé trop de mal de tête... Pour être franche, je dois vous avouer que j'ai laissé échapper quelques larmes en écrivant ça... Bon ok, j'ai carrément pleurer, chialer, et tout ce qui s'en suit x)... Sensibilité sort de ce corps !
Sincèrement, je ne sais pas ce qui a été le plus dur... Mettre Haruya et Fuusuke en pleine souffrance... Ou faire passer Hiroto pour un véritable salo'... A méditer.
Petit blabla futile : Le fait que je ne les appelle plus Gazel, ni Burn, à la fin est un choix =3. On peut dire qu'ils sont redevenus eux-mêmes, vous ne pensez pas ? D'ailleurs, je suis désolée s'ils peuvent paraître un peu OOC... En fait, je me suis demandée, comme souvent, comment les personnages réagissent (c'est assez bizarre dis comme-ça), ce qu'ils font, dans ce genre de zones d'ombre ; ce qu'on ne voit pas et les moments qui pourraient paraître difficile à surmonter. Comme ici, ou après la défaite d'un match, ou même durant les trois mois écoulés entre la saison 2 et 3... Du coup, on peut avoir notre propre imagination et vision des choses ! Et comme j'aime bien me faire du mal... Je fais souffrir ces pauvres personnages TuT. Promis, j'essaierai de faire plus soft la prochaine fois (essayer, hein...)...
Je m'excuse encore du possible OOC et du style d'écriture que je trouve... Mmh... Particulier. Et surtout de la piteuse mise en page... Pppaaarrdddooonn...
Sur-ce, au week-end prochain, je l'espère ! (Avec une possible suite ?... Un jour... Peut-être...) =3