Cette fiction a été écrite des suites d'une requête de l'une de mes lectrices pour me faire pardonner d'avoir "tuer" son couple favori dans Holding A Heart. Je l'avais en tête depuis un moment déjà et ses reviews m'ont motivé à l'écrire et la publier !

Les personnages appartiennent toujours à JKR mais comme elle refuse d'écrire sur eux ...

Les citations que j'utilise viennent d'un livre Flipped de Wendelin Van Draanen.

BONNE LECTURE !

- CHAPITRE 1 -

"Some of us get dipped in flat, some in satin, some in gloss; but every once in a while, you find someone who's iridescent, and once you do, nothing will ever compare."

Marlène McKinnon n'aimait pas son époque.

Elle aurait voulu naître dans un monde où "être une femme" était un avantage et non un poids. Un monde où on l'aurait jugé sur ses compétences plutôt que sur ce qu'elle avait entre les jambes. Ou plutôt ce qu'elle n'avait pas. Dans cette réalité alternative, son père la considérerait comme digne de reprendre l'affaire familiale. C'est elle qu'il présenterai à ses actionnaires et non son fiancé. À quoi bon être diplômé en Relations Magiques Internationale et être titulaire d'un doctorat en Commerce et Gestion Magique si tout ce qu'on attendait d'elle à terme, était de jouer les parfaites épouses à des Garden Party onéreuses et surtout ennuyeuses à souhait ?

Malheureusement elle était née dans les années soixante, avait grandi dans les années soixante dix, et devait se faire une place dans les années quatre-vingts. Elle aurait cent fois préféré que son père lui dise qu'elle était encore "trop jeune" pour prendre la tête du conseil d'administration plutôt qu'il lui dise que les femmes "ne sont pas faîtes" pour ce genre de postes à responsabilités. Elle finirait par ne plus avoir vingt et un an mais elle ne cesserait jamais d'être une femme. L'un était un contre temps, l'autre était irréversible.

C'est ainsi qu'elle s'était retrouvée fiancé à Rabastan Lestrange. Aussi beau que stupide. Il n'était qu'un pion pour parvenir à ses fins. Sa mère avait été extatique lorsqu'elle lui avait annoncé qu'elle fréquentait l'héritier de la famille Lestrange. Et son père qui avait toujours rêvé d'un fils voyait ses souhaits réalisés. Quand à elle, et bien, elle serait une marionnettiste de l'ombre. Il serait le visage de la compagnie tandis qu'elle tirerait les ficelles en coulisses.

Elle descendit sa coupe de champagne d'une traite avant de rejoindre le reste des invités. Tout l'agaçait, de l'elfe de maison qui lui proposait pour la énième fois des petits fours à ses talons qui n'avait de cesse de s'enfoncer dans l'herbe fraichement et parfaitement tondue. Apparence et faux semblant, voilà ce qui fonctionnait dans ce monde. Elle aurait pu mettre une robe moins serrée et engloutir la totalité du buffet mais cela n'aurait pas été convenable.

Elle observa son reflet dans les gigantesques baies vitrées du manoir de leur hôtes, les Malfoy. Trop petite, affublée de tâche de rousseur alors qu'elle arborait une chevelure d'un blond solaire. Elle était néanmoins considérée comme une beauté par ses pairs. Sa peau d'un blanc nacrée paraissait encore plus pâle que de coutume en raison de sa robe aux couleurs d'une nuit sans étoiles. Le bleu était sans nul doute sa couleur. Elle mettait ses yeux d'un azur océan en valeur. Ses lèvres d'un rose gourmand s'étiraient de temps à autres en un sourire envoutant comme une invitation muette à l'indécence. Ses formes généreuses et harmonieuses étaient un véritable plaisir pour les yeux de ces messieurs. Fine et menue, elle possédait ce qu'il fallait où il fallait. Et que demander de plus ? "Sois belle et tais toi.", telle était la devise de ce monde sous l'égide du genre supérieur masculin.

Un bruit de verre brisé la tira de la contemplation de son reflet infidèle et superficiel. La curiosité l'emporta sur son envie de se démarquer et de ne pas rejoindre le cercle de spectateurs qui s'était formé autour des responsables. Deux frères d'après les murmures autours d'elle. Merlin, elle détestait être aussi petite, elle ne parvenait pas à voir quoi que ce soit.

- Tu n'as rien à faire ici Sirius, lâcha la première voix, aux accents bas et menaçants.

- Vraiment ? Moi qui croyais que mon invitation s'était perdue en route, répondit la seconde, amusée, presque moqueuse.

- Tu te donnes en spectacle. Encore et toujours. Ne grandira-tu jamais ?

- Quelle est ta définition de grandir Regulus ? Obéir aveuglément à Mère ? Demanda celui que l'autre avait appelé Sirius.

- Qu'est ce que tu veux à la fin ? Soupira celui qui répondait au nom de Regulus.

- Que vous arrêtiez d'essayer de me contrôler ! Je ne vous demande rien ! Je veux que vous me laissiez faire ma vie !

- Tu es l'héritier de la famille Black ! Tu ne peux pas juste claquer la porte et partir !

- Bien sût que je peux et je l'ai fait ! Libre à toi de jouer au parfait petit sang pur toute la sainte journée mais je ne ferais pas parti de cette mascarade ! Dis à Mère qu'elle peut bruler mon visage sur cette ignoble tapisserie, je suis parti et vos ridicules tentatives pour me faire revenir n'y feront rien !

- Sirius ! Cria Regulus.

Le craquement familier du transplanage retenti et le calme revint aussi brusquement qu'il fut interrompu. C'était d'un ridicule. Tous le monde n'eut plus que le nom des Black à la bouche pour le reste de l'après midi. Ces gens s'ennuyaient tant et si bien qu'ils se repaissaient de cette histoire telles des rapaces attirées par une carcasse décharnée. Le malheur des uns faisait le bonheur des autres. Quelle délectation ça devait être pour le beau monde d'assister à l'une des célèbres rixtes de la famille Black. Nul n'ignorait les conflits qui remuaient depuis de nombreuses années la plus puissante et influente famille de sorcier du monde magique. Le fils ainé, Sirius Black, n'était, d'après la Gazette, qu'un perturbateur notoire aux moeurs légères. Elle n'avait pas eu le plaisir de le côtoyer bien que scolarisé pendant cinq ans à Poudlard avec lui. De deux ans sa cadette, elle ne faisait pas partie de ses conquêtes. Trop jeune, trop sang pur, trop Serpentarde pour le célèbre et séduisant Gryffondor.

Mais le voir rejeter ce qu'elle désirait si ardemment la plongea dans un colère froide et irrationnelle. Typique des hommes. On leurs servait sur un plateau le monde et ils se permettaient de le bouder. Nul doute qu'il était fier de sa petite performance. Elle voyait déjà les gros titres de demain. "L'héritier Black rejette fortune et pouvoir au nom de la liberté". Elle ne put retenir un petit rire méprisant. Dans quelques mois il reviendrait la queue entre les jambes. L'argent ne faisait peut être pas le bonheur mais il y contribuait sans nul doute.

La petite réception en extérieur s'éternisa peu, et ce fut avec soulagement qu'elle parvint à s'extraire de sa robe de cocktail aussi belle qu'inconfortable, enfilant un jean et un ravissant chemisier du même bleu que cette dernière. Sa mère se désolait de la voir favoriser sans cesse cette couleur mais elle ne l'en affectionnait que davantage. Elle releva ses cheveux en une queue de cheval haute et échangea son discret maquillage d'innocente jeune fille contre celui qui reflétait d'avantage sa personnalité, plus tapageur et rock n'roll sans pour autant basculer dans le vulgaire. Le miroir de sa coiffeuse lui renvoya l'image d'une femme sûr d'elle et moderne.

Mais une fois de plus ce n'était qu'une façade. Elle n'était ni l'une ni l'autre. Ni la poupée de cire parfaite et sage de cet après midi, ni la sexy et confiante vamp de cette nuit. Elle ne se sentait à sa place ni dans le monde qu'elle laissait dernière elle ni dans celui qu'elle s'apprêtait à rejoindre. Mais c'était son petit talent de parvenir à faire croire à ceux qui l'entoure qu'elle l'était. À sa place. Après avoir berné la totalité des familles sang pures, elle s'apprêtait à faire de même avec les invités de Lily.

Lily Evans était son exception. Un rayon de soleil dans le ciel nuageux de son monde. Elle s'était lié d'amitié avec cette dernière à Poudlard. Plus âgée qu'elle, Lily était préfète en chef alors qu'elle même accédait tout juste au titre de préfète. La différence d'âge n'avait pas été un obstacle à leur amitié. Tout comme leur maisons respectives. Ou encore leur statut de sang. Peut-être était-ce même ce qui les avait rapproché. Elles devaient toutes deux se faire une place dans un monde qui ne voulait pas d'elles. Et Lily y était brillamment parvenue. Célèbre avocate à la Cour de Justice Magique, elle était la preuve vivante qu'une née moldue pouvait réussir. Indépendante et influente. Elle avait fait rimer femme avec pouvoir dans ce monde machiste.

Et c'était son anniversaire. Elle ne pouvait y couper cette fois. Marlène s'arrangeait toujours pour voir Lily loin de ses bruyants amis de Gryffondor mais Lily avait insisté pour qu'elle soit présente et il était inutile d'essayer d'argumenter. Il était peu probable que la jeune femme n'ait remporté tous ses procès uniquement grâce à ses beaux yeux. Et c'est pour cette raison qu'elle se trouvait dans le petit mais chaleureux appartement de sa meilleure et probablement seule véritable amie entourée de ceux que son père qualifiait de "vermine". Sang mêlés et nés moldus. Ils semblaient tous se complaire dans le mirage d'une société égalitaire. La réalité était tout autre. Ici comme chez les sang purs, tous se cantonnait à leur rôle. Les critères étaient différents mais le jugement était toujours omniprésent. Ici on jouait à qui était le plus cool, le plus amusant, le plus avant gardiste.

L'un des invités semblait exceller à cela et il venait de faire son entrée entouré de sa petite bande. Sa veste en cuir, négligemment jeté sur son épaule, un t-shirt d'un blanc immaculé moulant à souhait et dessinant à la perfection ses abdos. Son jean tout aussi moulant lui allait à ravir et mettait en valeur son petit cul de rêve. Pour parfaire sa panoplie du parfait petit rebelle, il avait un casque de moto coincé sous son bras.

Et pour la seconde fois de la journée, un nom était sur toutes les lèvres.

Sirius Black.