7x08
Comme prévu, voici mon ultime chapitre pour cette petite fic.
Maintenant que la 7B a débuté, j'ignore, comme à chaque fois vous allez me dire, si je dois continuer…
ou pas.
Vous me dites après ?
Cela fait plusieurs minutes qu'elle est assise là, recroquevillée dans son fauteuil sentant la poussière, les jambes et les pieds nus, enlacés d'un de ses membres, la tête vide et perdue. Le bras douloureux d'avoir frappé.
Dans un soupir, Emma se décide à se lever, lentement, douloureusement, les entrailles meurtries des attaques intimes de Negan, comme des siennes, auto-infligées.
Elle ramasse ses sandales et ses linges abandonnés près du plan de travail de la cuisine, dont elle se revêt rapidement, honteusement même.
Elle va pour sortir par la porte d'entrée de la maison inoccupée, mais elle aperçoit le dos d'une femme aux cheveux crépus, passant juste devant, dans la rue. Dans un réflexe instinctif dont elle ignore vraiment la raison, Emma préfère reculer, passer par derrière et rester discrète. Elle n'a pas envie de parler à qui que ce soit et surtout pas à un des sbires du grand homme.
A l'arrière de la maison, elle parvient à se faufiler à travers un des thuyas morts de la haie qui coupe ce jardin du sien. Elle trottine sans bruit jusqu'à l'intérieur de sa maison, fermant la porte vitrée derrière elle, dans un soupir de soulagement, comme si elle craint de se faire gronder par un adulte.
Fidèle à son habitude inconsciente, elle écoute encore une seconde le silence, pour se rassurer, pour être convaincue de la sécurité que lui offre toujours son cocon, fidèle à lui-même.
Elle soulève alors son maillot par dessus sa tête, se sachant seule, en se dirigeant d'un pas trop pressé vers sa salle de bain.
Sale. Elle se sent si sale. Sale à la démangeaison.
Etrangère. Etrangère de son propre corps. Etrangère à Alexandria.
Assassine. Assassine du monstre qu'elle sait avoir en elle. Assassine du géniteur.
Infidèle. Infidèle à ses pensées et à ses valeurs. Infidèle à Daryl et à son groupe tout entier.
Ses doigts rapides et habiles terminent une des nombreuses tresses fines qu'elle noue dans ses cheveux humides, fixant la mèche qu'elle a coupé trop courte et qui lui barre dorénavant le front jusqu'à la lèvre, en une anglaise souple et large, à la fois trop longue et trop courte pour se caler gentiment derrière un de ses oreilles. Mais elle ne se voit pas davantage dans le miroir devant elle. Elle lutte intérieurement pour ne pas se laisser envahir par l'inquiétude qui la guette depuis plusieurs minutes, avide.
Daryl n'est plus là. Ni dans le jardin, ni dans l'escalier, ni même là, contre le chambranle de la porte à lui baragouiner ses conseils à deux balles avec sa bouille de gamin éternellement renfrogné.
Elle a peur de se formuler que s'il n'est plus là, c'est qu'il est…
Des éclats de voix la font sursauter et jeter un oeil inquiet à la fenêtre derrière elle.
Un attroupement s'est formé devant la 101, et elle est déjà à dévaler les escaliers, finissant d'attacher les boutons de son jean.
Elle ouvre sans plus de discrétion la porte d'entrée et s'avance jusqu'au bord de son perron, réalisant qu'elle est restée pieds nus sur le bois tiède et lisse.
Elle découvre tout le monde, assistant comme à un spectacle de rue, une table de billard est installée sur la voie goudronnée, une partie semble même avoir débutée, sur-réaliste. Negan tourne autour, bavard, démonstratif, mais visiblement contrarié. Toujours impérial. Et il y a une masse là bas, par terre, au pied de la table.
N'est-ce pas la chemise de Spencer ?
Elle n'a rien vu des évènements, mais elle imagine facilement la dangerosité des mots que Spencer a pu débiter, connaissant l'idiotie impulsive et parfois irréfléchie du plus jeune, vis à vis de l'homme en noir.
Puis Negan invite qui veut à continuer la partie visiblement interrompue. Mais personne ne semble oser broncher. Elle l'observe une seconde de plus. Qu'est ce qu'il a fait ? Quelque chose à changé dans sa physionomie. Sa joue est maculée d'une giclée de sang clair. Et puis quoi ? Il s'est rasé ?! Il sait et s'amuse à terroriser le monde qui l'entoure mais il prend encore le temps de se raser au moment où ça lui chante ? Emma lâche un rire sarcastique et cynique. Cet homme devait être un bonheur de surprise avant qu'il ne vire le psychopathe amoral et meurtrier qu'elle connaît.
Toutes à ses pensées, elle ne perçoit pas tout de suite le geste de Rosita.
Le coup de feu explose.
Tout va trop vite.
Rosita est mise à terre.
Negan hurle en exposant Lucille, outré, le visage déformé par la rage.
Emma reste figée, spectatrice de ce film qui défile trop vite sous ses yeux, auquel elle ne comprend rien. Les mots, les gestes, tout va trop vite. Elle sait pourtant que si un coup de feu part, il sera bien réel… mais ses pieds nus restent sur le perron, ancrés, immuables.
Elle serre le pilier de bois du perron sans en avoir conscience.
Un autre coup de feu retentit. Elle n'a pu voir qu'Arat qui, sous l'ordre glacial de son chef, a pivoté sur elle-même, au hasard, fixant la 101, et visant Carl. C'est tout ce que le cerveau choqué d'Emma a pu comprendre, tandis que ses ongles s'enfoncent de toutes leurs forces dans le bois du pilier sous ses doigts.
Olivia et Carl tombent et restent invisibles, là-bas, derrière la balustrade de la 101.
Puis, avec un semblant de soulagement, Emma aperçoit enfin Rick, même s'il a l'air totalement défait.
Mais qui est serein face à Negan ? Pas ses propres hommes, même pas ses lieutenants, ni même Dwight.
Alors elle subit, comme eux tous. Ils subissent encore Negan et sa présence écrasante. Ils subissent l'exposé rapide que l'homme en noir fait au chef d'Alexandria, médusé.
Aux mots emportés de Negan, Rick se retourne à son tour vers sa maison d'où se redresse Carl timidement, blanc comme un linge, en larmes.
Emma porte ses mains à sa bouche, étouffant un cri paradoxal, quand elle voit surgir lentement Carl, envahie par le chagrin de la perte de son amie Olivia et le soulagement encore plus grand de la survie du garçon ; avant de s'effondrer sur elle-même.
Le cerveau en saturation, la jeune femme n'entend plus ni cris, ni protestations, ne comprend même pas le départ forcé d'Eugene.
Elle n'entend que le rire grave, en ricochet, de son cauchemar bien vivant.
.
.
Gabriel tourne la tête en entendant les pas sur l'échelle de bois, avant de voir le visage de la jeune femme surgir et venir vers lui sur le guet.
"Tu n'es finalement pas partie avec Rick ?
- Aaron a besoin de moi… Judith a besoin de moi aussi… regardant le bois qui s'étire à leurs pieds.
- Il y a encore des mamans et des papas de substitution pour la petite dure à cuire, tu sais… souriant doucement. J'en fais d'ailleurs partie. Cette enfant est une bénédiction. Chaque jour.
- Elle nous donne bien plus à tous qu'elle ne reçoit... hochant la tête. Je suis bien d'accord avec ça...
- Quant à Aaron, c'est un grand garçon et Éric est là…
- Il a aussi été là pour moi… alors pour l'instant….
- Emma… je voulais m'excuser pour… l'autre fois… commence l'homme de foi, prudent. Pour ne pas t'avoir défendue…. baissant la tête.
Tu m'as couverte, tu en as descendus quelques uns qui étaient vraiment sur le point de me mordre, Gabriel… tu ne te rends pas compte de l'importance de ton poste ici… lui souriant gentiment.
- Non… je ne parle pas de l'autre jour… je parle de… Negan…
- Ho… prenant le temps d'une respiration. C'était mon choix tu sais… regardant à nouveau le ciel. C'est sûr que j'avais plutôt espéré une riposte...souriante. Mais on n'a pas tout ce qu'on veut dans la vie, n'est-ce pas ?… le regardant encore de son regard doux. Je ne t'en veux pas du tout Gabriel. Il n'y a rien à pardonner, vraiment.
L'homme noir lui rend un sourire plein de reconnaissance et de culpabilité mêlées, en lui serrant doucement l'avant bras de gratitude.
"Maintenant, ce n'est que mon avis, mais je me dois de te le dire. Tu n'es pas une simple habitante d'Alexandria. Tu ne l'as jamais été… Tu es une combattante. Tu fais partie du groupe de Rick, et ce, depuis le début… marquant un pause, le temps d'une inspiration profonde attrapant le regard orange de sa voisine. Tu dois le rejoindre à la Colline, Emmanuelle."
.
.
Rick a pris sa décision. Face à son groupe, il leur demande une dernière fois :
"Vous êtes avec moi ?"
Il trouve les réponses dans les regards face à lui, tous déterminés : Carl, Michonne, Tara, Rosita. Toutes positives.
Sauf Emma qui regarde ses pieds, le visage pâle, fermé, barré de tresses fines et de boucles plus courtes.
Intrigué, Rick s'approche d'elle lentement, suffisamment pour venir faire entrer la pointe de ses bottes poussiéreuses dans son champ de vision rivé au sol.
"Emma ?" demande-t-il doucement, comme pour la faire revenir parmi eux.
L'échine pliée au dessus de la petite femme, il suit d'abord son regard et dans le prolongement, il réalise qu'elle a les pieds nus. Alors, davantage inquiet soudain, il l'attrape souplement par le bras et avance sur elle, la faisant reculer à petits pas précipités pour l'emmener un peu à l'écart, levant son bras libre comme pour déclarer un temps mort aux autres membres du groupe, derrière eux.
Il fait encore quelques pas contre elle, réalisant qu'il la traite lui aussi comme une créature dominée ; chose qu'il ne ferait sûrement avec aucune autre femme de sa famille. Et il s'en veut instantanément.
Mais Emma ne va pas bien.
Ses pieds nus l'attestent.
Et il se doit d'en avoir le coeur net avant d'aller plus avant avec elle.
"Emma… Qu'est ce qu'il y a ? Tu ne veux pas venir à la Colline avec nous ? dit il de sa voix la plus douce.
Elle se contente de secouer la tête sans décrocher son regard du sol.
"Tu as travaillé si dur, tu es prête maintenant…l'encourage-t-il. Tu n'es plus une fermière. Tu es un soldat.
- Judith… Olivia n'est plus là pour Judith… souffle-t-elle enfin, obligeant l'homme à se courber encore pour venir poser sa tempe contre le crâne rasé plus bas, afin de pouvoir entendre le murmure des mots timides.
- Francine va s'en occuper, Gabriel va s'en charger… posant sa main gauche sous son oreille droite dans un geste rassurant, se surprenant lui-même à vouloir la protéger, la rassurer, à son tour, pour la première fois.
- Il était avec les enfants. Et j'ai voulu l'éloigner d'eux…
- Qu'est ce que tu dis ?... se raidissant en n'osant comprendre les mots.
- Il avait Judith dans les bras, alors je me suis approchée. Je ne savais pas qu'il était à Alexandria. Je revenais de la parcelle que j'ai désherbée au nord, j'allais demander des graines à Oliv…s'interrompant à l'évocation du prénom de son amie perdue. Et il était là, sur ton perron, avec Carl... et Judith sur ses genoux, riant fort et plaisantant tout seul…secouée d'un subit frisson. Il m'a vue et je n'ai voulu que lui enlever Judith des mains. Carl était vraiment terrorisé quand je lui ai rendu sa soeur.
- Il a fait quoi aux enfants ? glacial.
- Rien. Rien du tout. Je pense. Rien à Judith, en tous cas… Je voulais juste l'en éloigner, l'en distraire…
- Et vous avez fait quoi ? redoutant déjà la réponse.
- Je l'ai emmené dans une des maisons inoccupées. Je ne pouvais pas le faire rentrer chez moi… avec Daryl à l'intérieur… poussant un soupir. Et il a pris ce qu'il me prend... d'habitude…
Rick réalise que les doigts de sa main droite se sont refermés à la racine des cheveux d'Emma, derrière son oreille, crispés, solides, bloqués.
Ses yeux se reportent encore au sol mais il découvre qu'Emma a un de ses poings contre son bas ventre, recouvert de son autre main, ouverte, camouflant son lent mouvement d'enfoncement sous son nombril. Il ne commente pas et ne tente pas d'arrêter son geste alors qu'un frisson remonte le long de son échine. Il ne comprend pas vraiment le sens de ce geste, n'y voyant qu'une profonde névrose qu'il n'a pas le temps d'analyser là, maintenant. Mais il ressent pourtant une profonde tristesse pour la femme, seule et perturbée, contre lui.
"Je lui ai dit que je ne te ferai aucun mal… continue Emma. Je lui ai fait promettre de libérer Daryl, de me libérer de toi, et de ne pas s'en prendre à Olivia ni à aucune femme d'Alexandria, récite-t-elle encore. En échange de… même s'il va me dire qu'il n'y est pour rien pour Olivia, lâchant un rire sarcastique et triste.
- En échange de quoi Em' ?! restant concentré.
- … on dirait que je lui plais vraiment... beaucoup… le ton surpris quant à ce fait, comme le réalisant en le formulant à vox haute. Et comme il prend très au sérieux l'engagement du mariage… relevant enfin son regard délavé sur le flic qui la fixe, pantois.
- Tu as fait… quoi ?!... secouant la tête dans un refus total. Je vais chercher Daryl, Em' d'accord ?! J'te ramène Daryl, déclare-t-il alarmé et catégorique.
Rick se convainc que son ami est la seule solution à l'annulation de cette situation qui ne peut pas être à ses yeux.
"Il n'est plus là. ..
- Qui n'est plus là ? perdu, encore, par les propos un peu décousus de la femme près de lui.
- Daryl… il n'est plus dans le jardin, plus dans la maison.. ça veut dire que…
- Il n'est pas mort, Emma… secouant la tête, exprimant davantage tout haut son déni de cette perte éventuelle.
- Peut être… elle-même moins convaincue. Il ne veut en tout cas plus de moi après ce que je viens de faire…Je le comprendrai...se parlant à elle-même, en haussant les épaules faiblement, regardant ailleurs.
- Vous verrez ça tout les deux… soudain gêné de la tournure plus intime de leur conversation, voulant y couper court.
Se recentrant mentalement, Rick prend une dernière fois le visage de la jeune femme dans ses mains, délicatement, pour l'obliger à le regarder une seconde en face, plongeant son regard d'eau dans l'automne du sien.
"Reste ici un ou deux jours, si tu veux. Mais si tu changes d'avis, rejoins nous à la Colline. Tu sauras venir toute seule, oui ? La laissant hocher la tête toujours entre ses mains. Change d'avis, je t'en prie... Daryl a besoin de toi, ta famille a besoin de toi. J'ai besoin de toi Em', tu sais ça, hein ?"
Voila voila… j'espère que vous n'êtes pas trop déçu(e)s ?
Vous, vous ne m'avez pas déçue... merci d'avoir lu jusque là, merci merci merci... même si je ne vous ai pas entendu, je vous ai vu...
Merci pour toutes vos reviews qui comptent, qui m'aident tant. Merci merci merci d'être là, de partir et revenir...
Alors... A bientôt ?