Disclaimer : Je ne suis pas J.K Rowling, non pas que je ne l'aurais pas voulu mais heureusement pour elle Harry Potter et son univers ne m'appartiennent pas. Au moins dans tout ça, je peux écrire des fanfictions et vous les faire partager.
-L'univers et les personnages de Bram Stoker ne m'appartiennent pas.
-L'univers et les personnages d'Anne Rice ne m'appartiennent pas.
Note de l'auteure : On ne se refait pas. :p Je n'ai pas pu m'empêcher de poster cette histoire depuis que je me suis remise à la lecture de romans vampiriques. J'ai redécouvert cet univers et comme toujours, une idée m'est trottée dans la tête. Je suis comme ça donc va falloir faire avec. C'est un de mes défauts mais bon…
Comme vous l'aurez compris dans le disclaimer, je compte mélanger l'univers d'Harry Potter à ceux de Stoker et Rice et peut-être bien d'autres mais pour l'instant, nous allons nous arrêter là. J'espère que vous allez aimer cette petite mise en bouche et qu'elle vous donnera envie de découvrir la suite.
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Milovan Tepes
Magicien du sang
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Chapitre 1
La renaissance
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Pourquoi ?
Il n'avait que des pourquoi à n'en plus finir. Il se posait toujours et encore la même question depuis un long moment déjà.
Il était assis sur une balançoire, se poussant légèrement d'avant et d'arrière, sentant le vent souffler dans son dos. Il était seul et comme toujours, la solitude était insupportable. Mais que pouvait-il y changer ? Personne ne souhaitait l'approcher car on le traitait de bon à rien et d'enfant ingrat.
À Privet Drive, il était connu comme étant l'enfant recueilli aimablement par les Dursley. Un enfant d'alcooliques et de fainéants.
La tante Marge disait toujours que lorsqu'une chienne avait une tare, elle la transmettait à son petit donc il était normal pour elle qu'Harry soit un bon à rien tout comme l'étaient ses parents. Il s'était offusqué face à ce manque de respect mais avait reçu en retour quelques claques qui avaient vite fait taire ses maigres indignations.
Le petit garçon à peine âgé de cinq ans souffla, un air triste peignant les fins traits de son visage. Il repoussa ses larmes et évita de penser à ses parents. Il avait toujours mal quand il pensait à eux et ne pouvait s'empêcher de les haïr pour l'avoir abandonné.
S'ils n'avaient pas eu ce stupide accident de voiture, il ne se serait jamais retrouvé chez les Dursley. Il n'aurait peut-être pas eu une belle vie puisque ses parents étaient alcooliques mais elle aurait été nettement meilleure en leur présence parce que c'était ses parents et qu'il était leur fils.
Il considérait la vie nettement plus belle loin des Dursley.
Pour eux, il n'était qu'un nuisible, une gêne dans leur quotidien de petits gens bien rangés. Il n'était rien d'autre qu'une honte à leurs yeux. Celui qu'il fallait enfermer dans un placard pour ne plus le voir quand ils recevaient des invités.
Il n'était rien d'autre qu'un garçon à tout faire qui devait faire le ménage dans toute la maison sans aucune aide, ne se nourrissant d'eau et de pain que si le travail effectué était aux goûts de ses tuteurs. Sans quoi, ils le privaient de manger pendant une semaine et il se verrait consigné dans son placard pour une durée indéterminée.
Il n'avait jamais fait partie de la famille des Dursley et n'en ferait jamais partie car il n'était pas comme eux, il était "anormal" selon leurs dires. Un monstre tout comme ses parents. Des parents dont il ne connaissait pratiquement rien, même pas leurs prénoms. Il savait juste que sa mère était la sœur cadette de sa tante sinon rien de plus à part les circonstances tragiques de la mort de ses parents. Il avait plusieurs fois souhaité être mort avec eux dans cet accident. Il n'avait jamais voulu leur survivre si c'était pour finir malheureux et esclave toute sa vie. Parce que c'était ce qu'il était chez les Dursley, un esclave au service de sa famille, un peu comme le conte pour enfant nommé Cendrillon. Mais contrairement au conte, il n'était pas une fille et ne sera donc jamais sauvé par un quelconque prince ou princesse.
Il avait toujours été seul et resterait toujours seul car personne ne voulait être à ses côtés. Il n'avait jamais été désiré et les autres adultes fermaient les yeux face à sa souffrance et ses conditions de vie chez les Dursley. Ils ne voyaient que ce qu'ils voulaient voir et n'entendaient pratiquement rien, se fiant toujours aux dires des Dursley sans même lui laisser la chance de pouvoir s'exprimer, d'être capable de raconter sa version des faits. Pour eux, il serait toujours le fautif et les Dursley seraient pris en pitié pour devoir gérer un garçon comme lui.
Pourquoi l'avait-on abandonné ?
Ses parents étaient-ils aussi seuls que lui qu'il n'y avait personne d'autre pour prendre soin de lui ? N'avaient-ils pas d'amis ou d'autres parents qui auraient pu s'occuper de lui ?
Pourquoi les Dursley l'avaient-ils recueilli alors qu'il était clair qu'ils ne le désiraient pas chez eux ?
Ils auraient très bien pu l'abandonner dans un orphelinat et à bien y réfléchir, il aurait souhaité y être déposé. Peut-être aurait-il eu la chance d'être adopté par une famille qui désirait avoir un enfant et qui n'aurait pas considéré Harry comme un garçon de ménage.
Oui, il aurait été mieux à l'orphelinat. Même s'il n'aurait pas pu se faire adopter, au moins, n'aurait-il pas été seul. Il se serait retrouvé entouré d'enfants tout aussi orphelins que lui. Il se serait fait des amis et pourquoi pas des frères ou des sœurs ?
Il laissa couler une larme.
Pourquoi souffrait-il autant ?
Il était un enfant comme un autre. Un peu différent parce qu'il pouvait faire des choses lorsqu'il était en colère ou quand il se sentait menacé mais il était un enfant tout de même. Alors pourquoi les adultes le traitaient-ils différemment des autres enfants ?
Pourquoi était-il celui que l'on mettait toujours à l'écart dans un coin ? Celui qu'on ne voyait presque jamais ?
Pourquoi personne ne l'aimait ?
Il essuya ses larmes, sachant avec pertinence qu'il était inutile de se poser une telle question. Il n'était pas aimé tout simplement parce qu'il était un monstre, un être anormal, un enfant non désiré. Peu importait combien il se démenait pour se faire accepter par sa famille, il ne deviendra jamais un Dursley. Il ne sera jamais accepté par son oncle et sa tante et il devrait commencer à vivre avec.
Il haïssait sa vie et souhaitait quitter cet endroit de malheur mais à part les Dursley, il n'avait personne d'autre. Il était coincé avec eux pour un bon moment encore.
Il sauta de la balançoire et commença à se mettre en route pour la maison des Dursley. Il devait faire la cuisine avant le retour de l'oncle Vernon qui n'apprécierait pas de ne pas trouver la table déjà faite à son arrivée.
Il avait déjà été privé de repas depuis deux jours pour n'avoir pas bien tondu la pelouse du jardin. Il ne voulait pas être puni une nouvelle fois. Aussi, il se mit à accélérer le pas. Il était sur le point de quitter le square pour rentrer lorsque son chemin fut barré par son imposant cousin qui faisait deux fois sa taille et vingt fois son poids malgré le fait qu'ils aient le même âge. Son cousin comme d'habitude était accompagné de ses trois meilleurs amis.
— Le bigleux, fit Dudley de sa voix grave.
— Pousse-toi Dud, tu bloques le passage avec ton énorme poids.
Dudley n'apprécia pas du tout sa répartie et rougit de colère en le fusillant du regard avant de se tourner vers ses amis en souriant d'un air goguenard. Dudley libéra le passage, faisant signe à son cousin de passer.
Harry n'était pas dupe et savait d'instinct que Dudley préparait un mauvais coup.
— Les gars, ça vous dirait de jouer à un nouveau jeu ? proposa son cousin.
— On t'écoute, dit Piers, l'un des garçons de la bande. Quelles sont les règles ?
— C'est simple et le jeu s'appelle la Chasse au Harry. Le but étant d'attraper mon cousin et de le tabasser, expliqua Dudley.
Harry blêmit tout à coup et se mit à courir en avisant la lueur dans le regard des garçons de la bande. Il entendit des bruits de basket et savait qu'ils étaient à sa poursuite. Il courait aussi vite que possible, souhaitant mettre le maximum de distance entre Dudley et sa bande mais très bientôt, il se sentit vaciller et eut le vertige. Le manque de nourriture dans son corps se fit grandement ressentir et il tomba, se faisant ainsi rattraper.
Il eut le souffle coupé lorsque le premier coup fut donné, le séchant sur place. Il reçut par la suite une pluie de coups de pieds qui l'amochèrent sérieusement.
Il put à nouveau respirer un quart d'heure plus tard lorsque son cousin s'éloigna avec ses amis, le laissant derrière eux avec quelques côtes cassées, un œil gonflé et à moitié fermé, plusieurs hématomes un peu partout sur le corps, une lèvre inférieure fendue ainsi que des lunettes rafistolées brisées.
Harry avait mal partout et ne s'était jamais senti aussi malheureux de toute sa vie. Il vit du coin de l'œil des adultes qui passaient près de l'entrée du square et qui lui jetèrent de simples regards à des regards méprisants avant de continuer leur route sans lui venir en aide.
Il sanglota et n'essaya même pas de cacher sa peine. C'était douloureux, ça faisait mal. Et le plus terrible dans tout ça, c'était qu'il savait que son oncle et sa tante ne l'enverraient pas chez le docteur et qu'ils l'enfermeraient dans son placard, croyant comme toujours que tout était de sa faute.
Dudley était un ange pour eux et lui, il n'était qu'un monstre à qui ils donnaient la grâce de vivre sous leur toit.
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Elena était une jeune femme à la beauté froide. On aurait dit qu'elle avait été sculptée dans de la glace et qu'on aurait donné vie à sa sculpture. C'était une femme aux cheveux aussi blancs que la neige et au regard marmoréen d'un vert forêt, entouré d'un liquide carmin.
La jeune femme sortit de l'ombre dans laquelle elle s'était dissimulée depuis quelques heures et ne sursauta guère lorsqu'un homme de la même tranche d'âge qu'elle, apparut à ses côtés.
L'homme était différent d'elle. Il semblait émaner de sa personne une chaleur bienveillante. Il avait de longs cheveux bruns qui étaient attachés par un catogan et des yeux d'un gris clair qui brillaient d'une lueur douce.
Elena s'éloigna à grandes enjambées de son compagnon et se hâta auprès du garçon aux cheveux noirs de jais en bataille qu'elle avait pris le temps d'observer toute la journée avant de prendre une décision. Elle s'agenouilla près du gamin et n'afficha aucune émotion sur son visage fait de marbre, au contraire de son compagnon qui grimaça en voyant l'état dans lequel se trouvait le petit garçon.
Elena fit apparaître ses longues canines luisantes d'un venin toxique et prit le bras droit du garçon qui était à moitié inconscient.
— Elena !
La jeune femme se tourna vers son compagnon, le regard encore plus froid que tout à l'heure.
— Mon sang me réclame de le prendre comme mien.
— Mais je suis déjà ton calice ! s'indigna l'homme d'un ton blessé.
Elena leva les yeux au ciel et pria tous ses ancêtres pour conserver son calme face à l'idiotie plus qu'évidente de son calice. Elle se demandait quelque fois si un de ses aïeuls ne fut pas un dieu pour qu'elle soit aussi patiente envers son compagnon.
— Réfléchis donc un peu, idiot. N'as-tu donc rien appris sur les vampires depuis que j'ai fait de toi mon calice ?
Elena était clairement exaspérée par le manque de connaissances de son calice. Malgré le fait qu'il vive avec elle depuis longtemps, il avait beau cherché, il ne voyait pas de quoi elle voulait parler.
La vampire fusilla son calice de son regard vert forêt, mécontente. Elle allait devoir refaire son éducation, une fois de plus.
— Mon sang me réclame de le marquer comme mon enfant, le nôtre, expliqua-t-elle. Le sang de cet enfant me parle et demande à l'aide. Il a besoin d'amour, de famille. C'est son sang qui m'a guidé vers lui comme j'ai été guidé vers toi. Votre sang me parle mais pas de la même manière. Comprends-tu maintenant ?
Le brun hocha la tête et sentit une rougeur au niveau de ses joues. Encore une fois, il venait de se ridiculiser face à sa compagne et avait douté un instant de son attachement envers lui.
Il détourna le regard de la vampire et le posa sur le jeune garçon qu'ils avaient observé toute la journée.
— Il est le survivant, Elena. Ton acte sera considéré comme un enlèvement et même si il est clair que cet enfant soit maltraité par sa famille moldue, nous ne pouvons l'emmener avec nous et encore moins le transformer en vampire ! C'est aux sorciers de s'occuper de son cas.
— Tu devrais assez me connaître pour savoir que je suis au-dessus des histoires de ces sorciers qui se croient meilleurs que toutes les autres espèces, répliqua froidement Elena. Cet enfant, qu'importe son statut dans le monde sorcier, est et reste un enfant qui a besoin d'aide et je ne vais certainement pas me gêner pour l'enlever et en faire un vampire. Tu sais qui je suis et sorcier ou pas, j'en ferais notre héritier.
Le jeune homme était sur le point de dire quelque chose lorsqu'il fut interrompu par un gémissement de douleur.
L'enfant était en train de souffrir des coups qu'il avait reçus de son cousin et de sa bande d'amis. Il vit des larmes couler sur le visage fin du gamin et pour la première fois depuis qu'il connaissait la vampire, il la vit retirer son masque de froideur et ses traits gravés dans la glace se firent beaucoup plus doux.
— Enfant ? fit-elle doucement pour ne pas effrayer le petit garçon.
— Qui...qui…êtes-vous ?
— Je suis une personne qui veut t'aider, enfant. Je peux soigner tes blessures et t'offrir la vie que mérite un garçon de ton âge. Tu n'as qu'une seule chose à faire, enfant. Juste de me dire "oui" et je te promets que plus personne ne te fera de mal.
Harry avait quelque peu de mal à saisir les paroles de la dame et était en train de se demander s'il n'hallucinait pas. Cette femme voulait-elle vraiment prendre soin de lui ? Pourquoi ? Elle ne le connaissait même pas et il pouvait en dire autant d'elle.
— Tu seras mieux traité avec moi qu'avec ces infâmes humains qui devraient s'occuper de toi, dit-elle. Tu n'as qu'à dire oui, enfant et je prendrais soin de toi.
— Pourquoi ? demanda-il dans un râle de douleur.
— Parce que je veux prendre soin de toi. Je veux le faire, enfant. Accorde-moi une chance. Juste une seule.
Harry hocha la tête au bout de quelques minutes de réflexion. Il n'avait rien à perdre. S'il pouvait avoir la chance de vivre loin des Dursley, alors il saisirait cette occasion. Rien ne pouvait être pire que de vivre avec sa famille qui le considérait comme un monstre.
— Ça va faire mal, le prévint Elena d'une voix désolée.
Il se mit aussitôt à paniquer lorsqu'il remarqua les longues canines de la jeune femme. Il voulut s'éloigner d'elle mais il était bien trop faible pour faire le moindre geste.
Elena le souleva avec facilité et l'emprisonna dans une étreinte pour qu'il ne puisse pas s'échapper. Elle tira en douceur son poignet vers sa bouche et Harry tenta désespérément de se débattre. Il ne voulait pas mourir. Pas comme ça.
Il pleura lorsque des crocs se plantèrent dans la chair tendre de son poignet et il se mit à suffoquer lorsqu'il sentit une larve en fusion parcourir ses veines, brûlant tout son être de l'intérieur. Puis la seconde d'après, un poignet se pressa contre sa bouche et un liquide chaud au goût métallique se mit à couler dans sa gorge. Du sang, pensa-t-il avant de pousser un cri inhumain.
Son sang était en train de bouillir dans ses veines et il sentit son cœur ralentir brusquement ses battements cardiaques. Il était en train de mourir et il ne pouvait rien faire pour empêcher cela.
— Tout va bien, enfant. C'est bientôt fini. N'aie crainte, ça ira mieux à ton réveil. Tu peux dormir. Je veille sur toi.
Il lutta contre les ténèbres qui étaient en train de l'envahir mais c'était bien trop tard et il sombra en peu de temps dans les bras de Morphée. Ses blessures disparurent les unes après les autres et sa peau autrefois laiteuse était devenue aussi pâle que les premières neiges d'hiver.
— Que faisons-nous maintenant ? l'interrogea le brun qui avait les yeux fixés sur la silhouette endormie dans les bras de la vampire.
— Nous devons rentrer immédiatement en Transylvanie pour achever sa transformation et le présenter au clan en tant que notre enfant, répondit Elena.
Elle retira sa cape de velours noir et enveloppa l'enfant avant de se relever avec son fardeau et de sortir un portoloin. Son calice poussa un profond soupir avant de poser sa main sur la branche de bois et de sentir comme une contraction au niveau de son estomac, comme s'il était aspiré à partir de son nombril.
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Ils atterrirent dans un lieu isolé où autrefois avait existé un village.
L'après-midi touchait à sa fin ; le crépuscule tombait déjà. L'éclatante lumière du jour éteinte, il faisait de plus en plus froid et les nuages qui s'amoncelaient dans le ciel devenaient de plus en plus menaçants, accompagnés d'un grondement lointain, duquel surgissait de temps à autre un cri mystérieux que l'on pouvait aisément confondre avec celui d'un loup.
Ils se mirent en marche, Harry fermement calé dans les bras d'Elena. Ils arrivèrent dans une vaste plaine entourée de collines aux flancs complètement boisés. Du regard, ils suivirent la sinueuse route de campagne : elle disparaissait à un tournant, derrière un épais bouquet d'arbres qui s'élevaient au pied d'une des collines.
Ils étaient encore à contempler ce tableau, quand, soudain, un vent glacé souffla et la neige se mit à tomber. Le ciel s'assombrissait de minute en minute, les flocons de neige tombaient plus serrés et avec une rapidité vertigineuse, si bien qu'il ne fallut pas longtemps pour que la terre, devant eux, autour d'eux, devînt un tapis d'une blancheur scintillante dont il était difficile de distinguer l'extrémité perdue dans une sorte de brouillard.
Le vent soufflait avec violence, le froid devenait piquant, si bien que le brun se couvrit avec sa cape et cacha son visage sous sa capuche.
L'obscurité qu'avait créée l'orage fut engloutie par l'obscurité définitive de la nuit… Puis la tempête parut s'éloigner : il n'y avait plus, par moments, que des rafales d'une violence extrême et, chaque fois, on avait l'impression que ce cri mystérieux, presque surnaturel, du loup était répété par un écho multiple. Entre les énormes nuages noirs apparaissait parfois un rayon de lune qui éclairait tout le paysage.
Ils longèrent la lisière de bois et poursuivirent leur chemin jusqu'à une forêt de cyprès qui s'ouvrait en deux rangées parallèles pour former une allée. Ils s'arrêtèrent là et attendirent pendant un long quart d'heure lorsqu'une calèche attelée de quatre chevaux arriva et s'arrêta à côté d'eux.
À la lueur de la lune, les chevaux étaient splendides, d'un noir charbon. Celui qui les conduisait était un homme de haute taille, doté d'une longue barbe brune, et coiffé d'un large chapeau noir qui cachait son visage. L'homme inclina légèrement la tête et la releva avant de faire face à Elena.
Dans la clarté de la lune, les yeux si brillants du cocher semblaient rouges.
— Tu es en retard, fit remarquer Elena d'un ton sec.
— Je vous prie de m'excuser, princesse, mais lorsque l'on m'envoya vous récupérer, je venais à peine de revenir au château et votre portoloin s'était activé depuis un bon quart d'heure.
Lorsque le cocher parlait, on voyait ses lèvres très rouges, ses dents pointues, blanches comme de l'ivoire. Il était à n'en pas douter, un vampire comme Elena.
Le cocher descendit de la voiture et s'inclina respectueusement devant Elena avant de se redresser.
— Comme il est bon de vous revoir, ma princesse.
Elena leva un sourcil d'un air indifférent avant de monter dans la calèche, très vite suivi par son calice qui n'avait pas dit un seul mot depuis qu'ils avaient posé le pied en Transylvanie.
Sans un mot, le cocher tira sur les rênes, les chevaux firent demi-tour, et ils roulèrent à nouveau et à toute vitesse dans le col de Borgo.
Elena prit un manteau qui était installé sur le siège près d'elle et le remit à son calice.
— Je ne tiens pas à ce que tu tombes malade. Je ne suis pas infirmière, dit-elle. La prochaine fois, n'oublie pas de traîner un manteau avec toi.
Le brun lui tira la langue, incapable de résister à l'envie de taquiner un tout petit peu la vampire. Elena roula simplement des yeux et recouvrit le corps du petit garçon endormi dans ses bras d'une couverture de voyage.
La calèche, elle roulait de plus en plus vite, tout droit ; soudain, elle tourna brusquement, prit une autre route, de nouveau toute droite.
Un chien se mit à hurler au bas de la route sans doute dans une cour de ferme ; on eût dit un hurlement de peur, qui se prolongeait… Il fut repris par un autre chien, puis un autre et encore un autre jusqu'à ce que, portés par le vent qui maintenant gémissait à travers le col, ces cris sauvages et sinistres parussent venir de tous les coins du pays. Ils montaient dans la nuit, d'aussi loin que l'imagination pouvait le concevoir… Aussitôt les chevaux se cabrèrent, mais le cocher les rassura en leur parlant doucement; ils se calmèrent, mais ils tremblaient et suaient comme s'ils avaient fait une longue course au galop. Ce fut alors que des montagnes les plus éloignées l'on put entendre des hurlements plus impressionnants encore, plus aigus et plus forts en même temps : des loups.
Les chevaux se cabraient et ruaient à nouveau ; le cocher n'eut pas trop de toute sa force pour les empêcher de s'emballer et de descendre de la calèche pour les rassurer en murmurant des mots apaisants qui finirent par les apaiser et ils purent reprendre la route sans encombres.
Ils finirent par arriver au bout de deux heures de trajet dans un petit village entouré de montagnes. Ils parcoururent des ruelles de pavées en pierre, bordées de maisons traditionnelle de couleur blanche. On pouvait apercevoir une église en hauteur sur la place du village où se déroulaient chaque week-end quelques animations. Plus au loin dans la campagne, un immense édifice ancien datant de plusieurs siècles entouré d'un grand parc.
Les lourdes grilles en fer du château s'ouvrirent lentement dans un léger grincement et la calèche put pénétrer à l'intérieur du domaine, se stoppant près des marches d'escaliers. Le cocher descendit de la calèche et alla ouvrir la portière à Elena qui lui lança simplement un regard agacé.
— Peux-tu donc cesser avec cette comédie, père, et me faire le plaisir d'ôter cette maudite capuche de ta tête ? grogna-t-elle.
L'homme ricana en réponse et retira la capuche qui dissimulait son visage aux traits nobles. Il fit un sourire narquois à sa fille et révéla ainsi ses dents parfaitement alignés d'une blancheur presque insupportable pour l'œil humain.
— Toujours de mauvaise humeur, commenta-t-il en aidant la jeune femme à descendre de la calèche, veillant à ne pas sortir son précieux fardeau de son sommeil paisible.
Le calice d'Elena descendit à sa suite et s'inclina respectueusement vers le père de sa compagne.
— Votre altesse sérénissime, fit-il avec déférence.
— Combien de fois vais-je devoir te dire de m'appeler, Dracula ou Vlad, mon garçon ?
— Encore un long moment, je le crains.
Dracula détourna son regard de son gendre pour le poser sur l'enfant que tenait fermement sa fille dans ses bras. Pendant tout le voyage, il s'était abstenu de garder le silence et de conduire. Sa fille avait été absente pendant une longue période sans prévenir de son absence ni de l'endroit où elle se rendait. Il fut près d'envoyer tous ses serviteurs à sa recherche mais ne le fit pas car son calice l'en avait dissuadé, assurant qu'Elena ne craignait absolument rien et qu'elle reviendrait lorsqu'elle finirait ce pourquoi elle avait quitté le château en pleine nuit avec son compagnon.
Avec le temps, il devenait de plus en plus faible face aux arguments de son calice et commençait presque à devenir un être sensible, que le diable le préserve d'une telle malédiction. Il ne manquerait plus qu'il devienne un amoureux transi.
Il sortit de ses pensées et se concentra sur son environnement actuel.
— Encore une âme en peine que tu as eu la bonté de secourir, je suppose, dit-il à sa fille.
— Je ne suis pas bonne, père, et vous mieux que quiconque devriez le savoir ! siffla-t-elle, énervée.
— Tu devrais revoir ta définition du mot « bonté » ma chère princesse, répliqua-t-il d'un ton taquin. Alors, qui est donc ce jeune garçon que tu… protèges avec tant d'ardeur ?
Dracula aimait taquiner sa fille et ne se gênait pas de le faire lorsque l'occasion se présentait à lui. Il était toujours si bon de la voir perdre son masque d'impassibilité face à lui et de rougir de colère que c'en était presque jouissif.
Ah la jeunesse ! pensa-t-il.
— Il vous est difficile de critiquer ma bonté lorsque la vôtre apparaît à tout moment lorsque Jonathan se trouve dans les parages, répliqua froidement Elena.
Dracula perdit aussitôt son sourire et fusilla sa fille du regard. Il avait parfois envie de prendre un pieu et de l'enfoncer dans le cœur qui ne battait plus de sa fille, comme à l'instant. Ce qu'elle pouvait être énervante comme gamine !
— Qui est donc cet enfant ? redemanda-t-il entre ses dents.
— Un nouveau membre de la famille, répondit Elena. Tu feras ample connaissance avec lui un peu plus tard. Pour l'instant, je dois achever sa transformation.
Elena pénétra dans le château et traversa un grand hall en tournant à gauche avant d'atteindre de lourdes portes qui s'ouvrirent seules et dévoilèrent une grande salle au milieu de laquelle était dessinée un cercle aux inscriptions anciennes roumaines et runiques. Elle déposa Harry au centre du cercle et quitta la pièce pour se trouver dans un couloir.
— Je demande tout le monde dans la salle sacrée, dit-elle d'une voix à peine élevée.
Quelques secondes plus tard, une centaine de personnes apparurent à quelques mètres d'elle et s'inclinèrent avec respect. Elle riva son regard au milieu de la foule et vit son père s'avancer en compagnie d'un jeune homme un peu plus âgé qu'elle aux cheveux noirs assez courts et aux yeux d'un marron chocolat. Il sourit à la jeune femme et elle lui rendit son sourire avec tendresse.
— Jonathan, fit-elle, heureuse de revoir le calice de son père.
— Quelle mystère entoure donc cette convocation dans la salle sacrée ? la questionna-t-il, curieux.
— Tu le sauras bien assez tôt, répondit-elle.
Elena chercha son calice et finit par le repérer auprès d'un de ses meilleurs amis. Elle lui fit signe d'approcher et prit sa main lorsqu'il fut près d'elle.
— Bonsoir à tous ! commença-t-elle. Je suis désolée de vous interrompre dans vos loisirs ou tâches mais j'ai une annonce importante à faire.
Dracula avait comme une impression de déjà-vu et la réponse donnée tout à l'heure par sa fille n'avait rien d'encourageant. Il n'aimait pas du tout l'idée qui commença à germer dans son esprit.
— Mon calice et moi avons décidé d'adopter un petit garçon. C'est un jeune sorcier anglais du nom d'Harry Potter. Dans son monde, il est surnommé le survivant mais ici, en Transylvanie, il sera notre enfant, votre fils, votre frère, votre neveu, votre cousin, votre ami mais surtout il sera votre famille. Je l'ai déjà transformé en vampire et pour achever sa transformation en tant que nouvel individu, mon calice et moi aurons besoin d'effectuer le rituel d'adoption par le sang pour qu'il soit reconnu comme descendant des Tepes.
Dracula se demanda ce qu'il avait bien pu faire au diable pour être puni de la sorte. Pourquoi sa fille se sentait-elle obligée de venir en aide à toute l'humanité entière ? Son calice n'était pas suffisant comme acte de bonté ? Il fallait en plus qu'elle vienne au secours d'un gamin et elle souhaitait le reconnaître comme étant un Tepes ! Un Tepes ! Rien que ça !
— J'accepte l'adoption, dit Jonathan à ses côtés.
Une autre voix dans son dos énonça les mêmes mots et s'en suivit un autre et encore une autre jusqu'à ce que tout le monde ait donné son approbation quant à l'adoption sauf lui qui restait toujours silencieux.
Il croisa le regard vert de sa fille et sut qu'elle ne flancherait pas face à lui tout comme elle l'avait fait il y a de cela quelques années avec son calice. Lorsque sa princesse décidait de faire quelque chose, rien ni personne ne pouvait l'en empêcher, même pas lui pour son plus grand malheur.
— Je n'accepterais pas d'autres petits-enfants, la prévint-il.
Une façon à lui de dire qu'il acceptait l'adoption. Elena hocha la tête, lui lançant un regard plein de reconnaissance puis elle s'adressa à l'un des membres de leur clan.
— Katerina, tu es l'une des seules sorcières du clan. Veux-tu bien pratiquer la cérémonie ?
Une jeune femme aux cheveux blonds miel se tint face à Elena et accepta l'honneur d'être celle qui dirigerait la cérémonie d'adoption.
Tout le monde entra dans la salle sacrée et Katerina fit signe à Elena et son calice de se placer chacun aux côtés du petit garçon à l'intérieur du cercle. La blonde se dirigea ensuite vers l'autel de la pièce et récupéra une dague qui reposait dans un coffret ancien. Elle s'agenouilla à l'extérieur du cercle face au petit garçon et commença à psalmodier dans un langage slave inutilisé depuis de très nombreux siècles. Elle stoppa son incantation et remit la dague à Elena qui se coupa le poignet avant de la remettre à son calice qui en fit de même. Ils levèrent leurs poignets au-dessus de l'enfant, faisant ainsi couler leur sang sur lui.
Katerina reprit l'incantation mais cette fois-ci à un rythme beaucoup plus rapide que tout à l'heure. Elle ferma ses paupières et continua de psalmodier tout en changeant brusquement de langue, passant à un langage désagréable à entendre.
Elle donna un ordre en roumain et Elena enfonça la dague en plein cœur dans la poitrine de l'enfant qui se redressa en sursaut, écarquillant les paupières, haletant de douleur.
Katerina poursuivit et aussitôt le corps du petit garçon s'éleva dans les airs, entouré d'un halo de lumière rougeâtre. L'image presque fantomatique d'un dragon rugit du halo et l'espace de quelques minutes, il fut impossible de voir l'enfant tellement la lumière qui semblait irradier du dragon était aveuglante.
De longues minutes défilèrent avant que le dragon ne s'élève dans les airs, emportant avec lui la lumière rougeâtre et de disparaître. Le corps du gamin redescendit tout doucement et tout le monde s'approcha pour voir à quoi ressemblait le nouveau membre de leur clan.
La chevelure autrefois noire de jais et ébouriffée du gamin s'était allongée et quelques mèches blanches parsemaient ici et là sa tête. Il avait pris quelques centimètres en plus et ses traits fins étaient devenus plus nobles, plus aristocratiques mais surtout beaucoup plus durs. Sa peau, autrefois hâlée, était désormais d'une pâleur presque inquiétante. Mais ce qui fut le plus frappant était la couleur de ses yeux lorsqu'il rouvrit enfin ses paupières. Un regard émeraude sombre entouré d'un liquide carmin pailleté d'or.
Elena sourit en admirant la transformation de son enfant.
— Bienvenue parmi nous, Milovan Dracula Tepes.
Note de fin d'auteure : Je suppose que beaucoup parmi vous ne se doute pas de l'identité du calice d'Elena n'est-ce pas ? Enfin, c'est facile à trouver vu tous les indices que j'ai mis sur votre chemin.
Je tenais à vous prévenir, notre petit Ryry est mort et ce petit Milovan n'aura rien d'un gentil et encore moins d'un bisounours. Attendez-vous à voir un Milovan vraiment sombre et parfois cruel surtout dans le deuxième chapitre.
Bisous à vous les loulous.