Epilogue

« Et comment vous vous appelez ? » Je demande aux deux Aurors chargés de m'emmener jusqu'à ma cellule à Azkaban.

L'un d'eux à au moins la politesse de tourner la tête vers moi pour me dévisager, alors que l'autre referme un peu plus sa prise sur mon bras et accélère le pas.

« Vous êtes vraiment aimables comme des portes de prisons. »

Je les regarde tout les deux en souriant.

« Oh, un peu d'humour ! C'est les Détraqueurs qui vous rendent comme ça ? »

J'entends le plus renfrogné grommeler quelque chose dans sa barbe qui ne m'a pas l'air aimable, l'autre s'abstient de tout commentaire, mais je sais que ma blague lui a plu.

Nous entrons dans le bâtiment, de lourdes portes se referment derrière nous, me faisant sursauter, alors que l'atmosphère se fait plus froide et tendue. J'ai un haut-le-cœur, mais me change rapidement les idées lorsque nous passons devant la cellule de Bartemius Croupton Jr. Je m'arrête brusquement et lui fait signe.

« Hey, Barty !Tu te plais ici ? Les Détraqueurs ne sont pas trop méchants ? » Je lui lance en retrouvant le sourire.

Les Aurors me tirent par les bras, tellement fort que j'ai l'impression qu'ils veulent les décrocher de mon corps et en faire des petites matraques.

Sur mon chemin, je revois quelques vieux amis, des camarades mangemorts, il y a même de la famille par-ci par-là, disséminée aux quatre vents. De là à dire que tous les sang-purs sont de la même famille, il n'y a qu'un pas.

Je monte des escaliers, en pierre, loin de ceux qu'il y avait chez moi, mais mes pas qui résonnent me font remonter quelques souvenirs familiers.

Au troisième étage il fait très froid, un froid qui me fait frissonner et grimacer, je reprends rapidement contenance, oubliant par la même occasion que la raison pour laquelle je suis ici est celle qui devrait me faire frissonner. Je me suis rendue pour une raison bien précise, pas parce que je suis folle, pas parce que je n'ai plus envie de me battre, ni même parce que je n'ai plus rien qui compte dans ma vie, non, même si toutes ces raisons me paraissent très bonnes et qu'il est véridique que ma vie a prit une tournure épouvantable, je ne me serai pas rendu si je ne voulais pas payer pour mes actes.

En fait, c'est peut-être pire que ce que j'imaginais.

Mon attention est captée par du mouvement à ma gauche et à ma droite, les frères Lestrange ont l'air d'avoir besoin d'un peu plus de visite.

« Greengrass, quelle bonne surprise ! » résonne la voix de l'ainé.

Sans réussir à me détacher de l'emprise des deux pantins à mes côtés, je le salue à ma façon, comme un vieil ami.

« Je suis également enchantée à l'idée d'avoir ma cellule juste à coté de la tienne, Rodolphus. »

Les Aurors ouvrent la porte de ma cellule et me jettent à l'intérieur, alors que j'ai à peine le temps de jeter un œil à Rabastan.

Je regarde la cellule en face de la mienne, alors que les deux gardes s'en vont, une Bellatrix Lestrange étrangement calme s'y tient, mais lorsqu'elle lève son regard vers moi, je me rends compte qu'au contraire, elle n'a jamais été aussi hystérique.

J'hésite à lui faire coucou de la main, mais me ravise rapidement, à la place je me laisse tomber sur le sol de mon nouveau chez moi. Je ne remarque qu'à peine les traces de sang séché à coté de moi.

« Oh, Rabastan, je suis tellement heureuse de te voir ! » Je m'exclame d'une voix enjouée, qui n'attend pas vraiment de réponse. « Enfin, de savoir que je pourrais te voir si je pouvais faire quelques pas à l'extérieur. Je savais bien que le jour où on se reverrait, je serai derrière les barreaux. Toi non plus tu n'y as pas échappé, c'est assez amusant, n'est-ce pas ? A vrai dire je dois t'avouer que voir ta vieille tête me manquait presque. »

Je me contente d'un silence morne comme réponse et me tais. Je sais que je n'aurais pas l'occasion de recommencer à faire entendre le son de ma douce voix avant un bon moment, j'espère que ce ne sera pas pour crier. J'imagine que je saurais m'y habituer, après tout, une éternité à Azkaban, ce ne sera pas la pire expérience de ma vie.