La saga Harry Potter, son univers et ses personnages, appartiennent à J.K. Rowling.

Iron Man appartient à Stan Lee, et l'adaptation cinématographique à Marvel.

Bonne lecture à toutes et à tous.


CHAPITRE 1

Mars 2006

Ce n'était pas la première fois et certainement pas la dernière que Tony Stark se prêtait à ce petit jeu. Profitant d'un instant de silence, il s'avança sur scène. Il portait un superbe costume anthracite sur une chemise rouge, une cravate rayée d'or et de gris soigneusement nouée autour de son cou. Il se positionna derrière le pupitre, retirant ses lunettes aux verres teintés. L'amphithéâtre était bondé comme à chacune de ses conférences. Les places assises devaient être occupées depuis au moins une heure et les gens s'entassaient maintenant dans les allées, impatients. Ils étaient vraiment nombreux, trop nombreux pour appartenir aux seuls départements de l'école d'ingénierie de la noble Institut de Technologie du Massachusetts. Des étudiants d'autres départements s'étaient glissés dans les rangs. Il y avait sûrement de futurs architectes dans la masse, des artistes aussi peut-être. Ses apparitions attiraient les foules, et le M.I.T. invitait volontiers les étudiants à diversifier leurs cours.

- Bonsoir, tout le monde. Je suis Tony Stark !

Évidemment, sa petite introduction fut suivie d'une salve d'applaudissements. Pour beaucoup de ces jeunes, il était un modèle. Entré au M.I.T à 15 ans, il en était sorti major de sa promotion, diplômé avec les honneurs à 17 ans seulement.

- Je sais ! dit-il, envoyant un clin d'œil à la jolie blonde au premier rang. Inutile de perdre du temps, vous serez gentils ! Je pense surtout à moi, bien sûr ! Vous êtes des étudiants, vous n'avez que ça, du temps à perdre ! Et c'est très bien, ajouta-t-il en entendant quelques coups de sifflet, profitez-en tant que vous le pouvez. On n'a pas tous les jours 20 ans… ou ma vie. Donc ! Je suis ici pour vous parler de…

L'inventeur de génie marqua un temps d'arrêt, réfléchissant sérieusement, avant de se tourner vers son assistante, une belle rousse à l'allure très professionnelle. Il haussa les épaules, un air indécis sur le visage.

- Les circuits intégrés, souffla-t-elle, un petit sourire crispé au coin des lèvres.

- Les circuits intégrés ! reprit Tony, hochant la tête d'un air entendu. Bien sûr !

Certains étudiants gloussèrent, dont la ravissante blonde au premier rang. D'un large geste du bras, Tony présenta sa collaboratrice :

- Chers étudiants du M.I.T, mon assistante, Pepper Potts !

Quelques applaudissements discrets se firent entendre. Tony soupira en dodelinant de la tête.

- Non, je suis sérieux, je ne saurais pas nouer mes lacets sans elle, mettez-y plus d'énergie !

Finalement, les applaudissements redoublèrent. Satisfait cette fois, Tony pianota énergiquement sur son ordinateur. Des graphiques et courbes, des formules mathématiques et autres plans en 3D apparurent autour de lui.

- Ça suffit ! On l'aura compris, je suis un très mauvais patron. Et un très mauvais conférencier. Bien qu'à mon avis, vous ayez déjà de la chance que je sois sobre pour cette conférence ! D'un autre côté, je ne suis pas sûr que cela rende mon énoncé plus clair. Tant pis pour vous, vous êtes à moi maintenant…

Sans plus de cérémonie, il commença à parler de sa théorie et de son utilisation pratique des circuits intégrés dans la robotique.

*.*.*

Cela faisait près de 45 minutes qu'il discourait. Tony regarda discrètement sa montre, il avait promis une intervention d'une heure au doyen. Mais il avait tellement hâte d'en finir. Il voulait plus que tout rentrer chez lui, à Malibu, pour se replonger dans son dernier projet d'armement.

Soudain, alors qu'il projetait des vues explosées de différents prototypes robotiques, le regard de Tony se posa sur un groupe de jeunes gens. Ils écoutaient avec un enthousiasme évident, se donnant des coups de coude en échangeant de grands sourires. Ils étaient là pour le show et ils en prenaient visiblement plein les yeux, ravis. Ils ressemblaient à tous les autres étudiants présents dans l'amphithéâtre et pourtant... l'un d'entre eux dénotait.

Il y avait quelque chose de différent chez le jeune homme aux cheveux d'un noir intense. Plus petit que ses camarades, il se tenait devant. Un bloc-notes à spirales en appui sur son avant-bras gauche, il griffonnait avec frénésie. Il ne semblait pas à sa place, très loin de l'euphorie collective. Comme parcouru d'un frisson, le garçon redressa la tête. Peut-être avait-il senti le regard de Tony sur lui ? Peut-être avait-il simplement fini de prendre des notes ? Qu'importait la raison, Tony pouvait enfin distinguer son visage. Deux yeux d'un vert incroyable, presque surnaturel, rencontrèrent les siens. Troublé, il buta sur ses mots, ce qui n'échappa pas à son auditoire. Prenant le parti d'en rire, le playboy milliardaire attrapa la bouteille à sa droite et avala une gorgée d'eau avant de reprendre la conférence. Le jeune homme le regardait franchement à présent. Il paraissait… étonné. Avec un sourire un rien moqueur, il replongea le nez dans son calepin, noircissant des pages et des pages.

La conférence s'acheva enfin et les étudiants se dispersèrent par petits groupes dans un joyeux brouhaha. Le génie de la robotique avait légèrement dépassé le temps qui lui était imparti, mais aucun membre du corps enseignant ne le lui reprocha. Au contraire, le directeur de l'école d'ingénierie le congratula, agréablement surpris. Tony, lui, n'en revenait pas. Il s'était senti habité par le besoin de parler, parler sans cesse, tentant vainement d'exorciser le souvenir de magnifiques yeux verts. Même la jolie blonde du premier rang n'était pas parvenue à le distraire.

- Allez chercher la voiture, Hogan ! souffla-t-il à l'oreille de son chauffeur.

Il subissait le babillage des enseignants du M.I.T depuis trop longtemps. Il avait été plus que patient, répondant aux questions des uns et des autres. Mais à présent, les allées de l'amphithéâtre étaient vides. Il était temps de se carapater.

- Oui, oui, ces jeunes me semblent très prometteurs, répondit-il distraitement à un professeur qui lui récitait la liste de ses étudiants émérites. C'était vraiment sympa, ajouta-t-il en donnant une claque dans le dos de l'homme. On se revoit en juin pour la remise des diplômes.

Il descendit précipitamment de l'estrade. Derrière lui, Pepper tentait d'excuser son manque de considération, prétextant un planning extrêmement chargé à respecter. Il n'était que 20h. Il pouvait bien s'accorder un moment de liberté avant de se rendre à l'aéroport pour prendre l'avion qui le ramènerait à Malibu. Il poussa la porte de l'amphithéâtre… pour se retrouver cerné. Une cohorte d'étudiants l'attendaient dans l'espoir d'avoir son autographe, de lui serrer la main aussi. Ils voulaient l'aduler ? Soit ! Qui était-il pour refuser pareille ovation ? La belle blonde se colla à lui pendant que son amie prenait une photo d'eux deux avec son téléphone. Il était quasiment sûr de trouver plus tard son numéro sur le papier qu'elle venait de glisser dans la poche de son pantalon. Quelques téméraires tentèrent bien de lui refourguer des idées, de nouveaux designs très originaux d'après eux. Fort heureusement, il savait éconduire les personnes envahissantes. Il n'était pas le P.D.G de Stark Industries que pour son physique avantageux et son génie intellectuel.

Tony quitta enfin le bâtiment. Il faisait nuit, mais des réverbères éclairaient le campus. Sans attendre Pepper, il se dirigea tranquillement vers la sortie. Il stoppa net lorsqu'il remarqua un groupe de jeunes dans les jardins devant le Grand dôme. Composée de 3 garçons et 2 filles, la bande semblait se saluer avant de se séparer. Il était là ! L'étudiant aux yeux verts ! Ils s'embrassèrent tous les cinq. Les jeunes femmes agitèrent la main en s'éloignant, tandis que les deux amis masculins du gamin le serraient brièvement dans leurs bras avant de l'abandonner là, prenant la direction opposée à celle de leurs pendants féminins.

Le jeune homme n'était qu'à quelques mètres de lui, lui tournant le dos. Une légère brise vint jouer dans ses cheveux. Ils partaient déjà assez dans tous les sens de l'avis de Tony. D'une main, le garçon essaya de remettre de l'ordre sur le sommet de son crâne, mais laissa finalement tomber devant l'ampleur du désastre. Il se retourna, sursautant légèrement en voyant le playboy milliardaire si proche. Il portait des lunettes rondes à monture noire, mais elles ne diminuaient en rien l'effet envoûtant de ses yeux. Décidant de mettre un nom sur ce visage, Tony s'avança, faussement décontracté.

- Bonsoir, lança-t-il en souriant.

Le jeune homme inclina aussitôt la tête dans un salut silencieux. Ce n'était pas la réaction que Tony attendait. D'ordinaire, il suscitait la curiosité, il déchaînait les passions. Les gens lui parlaient, pour le complimenter, pour l'insulter aussi parfois – d'accord ! – souvent, en fait. Mais, on restait rarement muet devant lui. Alors que le garçon réajustait la lanière de son sac à dos, il remarqua un étrange bijou en pâte polymère accroché à la fermeture éclair. Cela ressemblait vaguement à un rapace, mais avec des pattes d'équidé.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il en désignant l'ornement.

- Un hippogriffe, répondit le garçon avec un fort accent.

- Doux Jésus ! Un Anglais !

Le jeune homme battit des paupières, perplexes.

- C'est un problème ? Vous n'aimez pas les Anglais ? demanda-t-il, amusé malgré lui.

- Si je n'aime pas les… Sache que les anglais comptent parmi mes clients les plus difficiles. Votre reine a d'excellents conseillers qui m'extorquent une quantité impressionnante d'armes à chaque fois. Ils ont le don étrange de faire baisser le montant de la facture au moment de régler. Et de manière conséquente, en plus.

Le garçon rit doucement. Cela faisait pétiller ses incroyables yeux verts. Il est vraiment petit, songea Tony, et svelte avec ça. Il était mignon par contre et semblait d'un naturel abordable, quoique réservé. Mais ce dernier point était peut-être propre aux Anglais.

- C'est embêtant, en effet, acquiesça le gamin, compatissant.

- Un hippogriffe, hein ? C'est une espèce d'animal fantastique ?

- C'est ça. (Il attrapa le bijou qu'il caressa du bout des doigts.) Une amie l'a fait pour moi. Un cadeau de départ. (Il sourit avec nostalgie.) C'est toujours mieux qu'un radis rose. (Devant l'air confus de Tony, il pouffa.) C'est Buck, conclut-il en haussant les épaules.

Le silence s'installa à nouveau. Tony décida de parer au plus simple.

- La conférence t'a plu ?

- C'était… intéressant, répondit-il, un sourire timide sur les lèvres.

Tony fronça les sourcils, essayant de percer l'énigme qu'était ce garçon.

- Tu n'es pas ingénieur, ni mathématicien… ni scientifique. Tu n'étais pas non plus dans cet amphithéâtre pour m'entendre parler de circuits intégrés. Je peux me tromper, mais…

- Non, c'est vrai. Ce sont mes amis qui tenaient absolument à assister à votre conférence. Je crois qu'ils voulaient avant tout vous voir. Vous ! Notre célébrité, ici, au M.I.T ! Ils m'ont convaincu de les accompagner. (Le jeune homme croisa les bras sur sa poitrine sur la défensive.) En fait, je suis un autre genre de scientifique, reprit-il. Du département des sciences humaines. J'étudie les hommes, pas les machines. Mais c'était vraiment intéressant, M. Stark. De vous regarder évoluer sur l'estrade, surtout.

- C'était donc ça, toutes ces notes que tu prenais ! Tu me passais au crible ?!

- Vous avez remarquez, dit-il dans un souffle, fourrageant dans ses cheveux, l'air gêné ou feignant de l'être.

Tony retint son souffle. Il allait dire une bêtise, il le savait, mais c'était plus fort que lui.

- Oui, je t'ai remarqué. Et tu en es tout à fait conscient.

Le gamin sourit encore, une lueur moqueuse aux fonds des yeux.

- Enchanté, M. Stark. Je suis Harry Potter.

– A suivre –