Cinq heures trente-deux du matin, indiquait le réveil dans un flash orangé insupportable.
La lumière électronique se mêlait aux rayons du soleil qui semblait ne jamais se coucher. La chambre était baignée de cette lueur endormie qu'apporte le matin, mais son occupant ne dormait plus depuis longtemps.
Il n'y arrivait pas, à vrai dire, même si le décalage horaire n'était plus d'actualité.
Tony se passa une main fatiguée sur le visage. Il fallait que ça cesse, qu'il se rendorme. Sa fatigue était toujours là, elle lui collait à la peau comme une sangsue impardonnable, ne s'en allait jamais vraiment. Les tasses de café qu'il se faisait régulièrement l'aidait à rester debout, mais il avait besoin de sommeil, c'était certain.
Sauf que celui-ci ne venait pas. Et Tony n'en pouvait plus, de ces insomnies.
Il frappa son oreiller du revers de la main pour lui redonner une forme confortable, et se cala dedans, rabattant la couverture fine sur lui par la même occasion. Il tenta de penser à un souvenir heureux, quelque chose qui l'apaiserait et le mènerait tranquillement dans les bras de Morphée. Mais rien ne vint, et l'état de nerfs dans lequel il était ne voulait pas partir.
Soupirant pour la troisième fois en un quart d'heure, il se mit sur le dos, les yeux grand ouvert. N'ayant rien d'autre à faire que d'attendre que le temps passe de lui-même, il observa le plafond, se prit à compter les traits de lumière que formaient les quelques rayons de soleil épars qui entraient dans la pièce.
Dix-neuf. Vingt. Vingt-et-un...
Une voiture passa, brisant l'uniformité des reflets au plafond de ses phares allumés.
Il ferma de nouveau les yeux, se laissant porter par les bruits de la ville qui se réveillait doucement. Il entendait les marchands qui ouvraient les stores de leurs boutiques, des vendeurs de rue commencer à clamer le nom de leurs marchandises.
Bientôt, les marchés seraient remplis de monde, de couples se tenant par la main, d'enfants jouant au ballon sur le trottoir. Et les étrangers comme lui vaqueraient à leurs occupations, travaillant ou se promenant dans les rues.
Une ville coréenne en plein éveil.
Que pouvait-il faire pour se rendormir, non de non ?
Décidant soudain que la plaisanterie avait assez duré, il se leva et enfila rapidement son peignoir. Prenant son téléphone qui était resté dans la poche de son manteau quand il était allé chercher Loki la veille et un paquet de clopes, il vint ouvrir la fenêtre de son balcon pour s'accouder à la rambarde.
Tony respira l'air légèrement pollué de son quartier, profitant du calme qui n'allait pas tarder à être brisé. Il ouvrit son paquet et en tira une mince cigarette qu'il plaça entre ses lèvres dans un geste rassuré. Ça l'avait toujours calmé, de fumer, c'était une sorte d'échappatoire dans lequel il se plongeait volontiers.
Après plusieurs secondes où il faillit s'énerver en constatant que le froid matinal empêchait le feu de se déclencher, il finit par se détendre en voyant le bout rougeoyer.
La fumée s'éleva bientôt dans les airs tandis qu'il promenait son regard sur les échoppes qui commençaient à s'agiter en contre-bas.
Toutes ces formes sous lui, ces personnes inconnues qui passaient en faisant leur vie. C'était étrange, de se dire qu'on croisait tous ces gens, qu'on les dévisageait même un instant, avant qu'elles ne soient arrachées de notre vie à jamais. On ne les revoyait plus. Elles disparaissaient. C'était comme des voyageurs égarés qui posaient le pied à un endroit pour ensuite ne jamais y revenir.
Il continua son inspection nonchalante des rues désormais animées de Seoul, un air un peu blasé sur le visage. En tant que habitué des voyages, il en avait souvent eu l'occasion, de rencontrer des gens qu'il ne verrait plus jamais ensuite. Un peu comme Loki, se prit-il à penser.
En se remémorant le visage jovial du jeune homme aux cheveux noirs, il ressentit une pique inexplicable au coeur. L'impression d'avoir raté quelque chose. D'être en train de rater quelque chose.
Mais la sensation étrange s'effaça bien vite pour laisser place à une stupeur sans nom. Car là, parmi les touristes et les locaux qui se bousculaient sur le trottoir, se faufilaient dans la foule pour se rendre à leur destination, il venait d'apercevoir un visage qu'il aurait reconnu entre mille.
Le souffle coupé, Tony se pencha dangereusement sur la rambarde, laissant tomber sa cigarette qui finit sa vie dans une flaque d'eau (NDA : le souci du détail). Il fixa la jeune femme qui discutait tranquillement avec un commerçant, lui demandant son avis entre deux sortes de fruits asiatiques. Il observa ses mains, ses gestes familiers. Il entendit son rire cristallin à l'autre bout de la rue.
Et soudain, quand elle se retourna pour partir dans la direction opposée, il en fut sûr. Ces traits si fins, ces cheveux bruns, cette posture un peu masculine.
C'était sa femme.
Il se précipita dans la chambre, ne prit même pas la peine d'enfiler un pantalon, se contenta de mettre ses pantoufles et courut vers la porte qu'il claqua derrière lui, le coeur battant à tout rompre. Il descendit les escaliers en bousculant les touristes qu'il rencontra, amenant des protestations peu émues de leur part. Il reconnut les hollandais qu'il avait croisé à ce restaurant où il s'était réfugié après n'avoir pas trouvé Loki.
Puis soudain, il se retrouva dehors, et la lumière l'aveugla.
Il tenta de reprendre ses esprits, de voir où elle était partie, où elle était allée. Il fallait qu'il la retrouve, qu'il lui parle, qu'il l'embrasse, qu'il lui dise que... que...
Pendant une seconde affolante où il tourna sur lui-même, assailli par les gens qui venaient de tous côtés, Tony crut qu'il l'avait perdue.
Quand tout à coup, il reconnut la chevelure brune familière de la femme qui s'engageait dans une ruelle en face, son chignon mal coiffé. Elle ne prenait jamais le temps de s'occuper d'elle, mais c'était comme ça, il l'aimait malgré tout. Pour ce qu'elle était.
Il courut à travers la rue, manquant de se faire écraser par une voiture qui arrivait de plein fouet. Un coup de klaxon retentit, et il leva les mains en signe d'excuse, ne ralentissant même pas lorsque le feu passa au rouge. Il tourna la tête vers la jeune femme, et ce qu'il vit lui glaça le sang.
Elle était en train de monter dans un taxi, et semblait parler au chauffeur. Tony ne la voyait que de dos, mais il savait que c'était elle. Il n'était plus qu'à quelques mètres, elle ne pouvait pas lui échapper. Il allait la revoir, enfin, enfin... Il fallait qu'il la rattrape, à tout prix !
Elle esquissa un mouvement pour refermer la portière, et Tony se remit à courir, parcourant la distance qui les séparait en un temps record. Il gardait les yeux fixés sur la main gantée qui tenait la poignée métallique. La voiture n'avait pas encore démarré, il était encore temps, il devait-
Darcy...
Il tendit désespérément la main pour l'arrêter, et réussit finalement à saisir son bras.
La jeune femme se retourna dans un cri surpris, et s'arracha à son étreinte pour le fusiller du regard.
- Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous voulez ?
Tony voulut répondre, mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge. Il était muet. Muet de stupeur, d'effarement, peut-être aussi de joie.
Car devant lui s'offrait le portrait craché de sa femme. Les mêmes yeux verts rieurs, les mêmes boucles brunes, les mêmes lèvres minces qui semblaient si délicieuses, le même sourire amusé.
Mais ce n'était pas elle. La voix ne correspondait pas. Celle de la femme était haut perché, dans un aigu insupportable.
Sauf que là, la jeune femme avait plus l'air énervée que sur le point d'éclater de rire.
- Répondez-moi ! Qu'est-ce que vous faites ?
- Je, je suis... C'est moi, Tony, tenta-t-il quand même. Tu ne me reconnais pas ?
Il était juste incapable de cesser de la contempler. Elle lui ressemblait tellement. C'en était fou.
- Qui ça ? Je ne comprends rien à ce que vous dites, écoutez, vous devez partir, lâcha-t-elle froidement dans un accent anglais qu'il ne reconnut de toute façon pas.
Elle ferma finalement la portière et se retourna pour indiquer une adresse au chauffeur. Celui-ci démarra en trombe, et il observa la voiture qui partait, le regard vide.
Tony Stark, loque humaine de son état, en pantoufles sur la chaussée sale, se demanda bêtement pourquoi il continuait de courir après les fantômes.
-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-
Tony se dirigea d'un pas traînant vers la salle de réunion où l'attendaient Steve et les autres Avengers. A l'instant où il poussa la porte de verre, il entendit Fury lui reprocher son retard tandis que le regard gentil que lui offrit Natasha - et c'était rare - lui redonna un peu de courage.
- J'en connais un qui a fait durer la fête un peu trop longtemps, hier soir, ironisa Banner avant de tapoter le siège à côté de lui pour montrer qu'il pouvait s'y asseoir.
En tant que potes de sciences - et quelques fois de beuverie -, Bruce ne ratait jamais une occasion de lui faire remarquer son goût un peu trop prononcé pour les soirées nocturnes.
Mais ce jour-là, il n'eut droit qu'à un demi-sourire crispé de son ami. Banner fronça les sourcils devant son mutisme, mais préféra se taire - il tenait à sa vie.
Alerte rouge. Le vert a flairé un truc pas net, lui souffla la conscience de Tony. Il se contenta de soupirer avant de prendre place sur son fauteuil attribué.
- Bien, fit Nick. Donc, pour les retardataires - il fusilla Tony de l'oeil -, je venais de signaler que deux de mes agents - Clint leva triomphalement la main tandis que Natasha roulait des yeux, les bras croisés - ont retrouvé hier un cadavre dans une planque secrète en plein centre-ville. Il s'agirait, selon les analyses ADN que j'ai pu intercepter, d'un dénommé Obadiah Stane, un complice d'Odin Odinson, que nous recherchions déjà pour tentative de meurtre.
Tony fronça les sourcils, perdu. Pourquoi est-ce que Fury s'immisçait dans cette affaire ? Ce n'était pas au rôle de la police, d'identifier les cadavres ?
- J'ai négocié plus ou moins légalement avec la police coréenne, poursuivit-il comme pour répondre aux interrogations de Tony, pour qu'elle nous laisse le droit de nous occuper partiellement de cette affaire. En effet, je ne sais pas si vous vous souvenez, mais Odin est celui qui nous a causé tant d'ennuis il y a quelques années. Vous vous rappelez sans doute qu'Alfrand's Entreprise a été créé au même moment où Odinson a disparu de la circulation deux ans auparavant ? Et bien, il y a tout lieu de penser que c'est lui qui gèrerait la compagnie. Voyez-vous, j'ai remarqué de nombreuses similitudes dans les manières d'agir, les contrats et les décisions d'Alfrand's et d'Odin, quelques années avant sa création.
Il fit une pause pour promener son regard sur ses agents, qui le regardait sans trop comprendre où il voulait en venir.
- Je suis pratiquement persuadé que c'est Odin qui tire les ficelles de l'entreprise, continua-t-il, l'air grave. Si on y réfléchit bien, on n'a jamais réellement vu le propriétaire d'Alfrand depuis tout ce temps. Il a toujours fait appel à un intermédiaire pour régler nos rendez-vous, nos contrats, et j'en passe. Vous voyez le topo ? Et si ce Odin reste caché, ce n'est sans doute pas pour rien. Maintenant, il y a autre chose que je dois vous révéler.
Nouvelle pause. Tony était à présent captivé par chacun de ses mots, et il vit du coin de l'oeil Steve aborder une expression de concentration intense qu'il lui avait rarement vu autre part qu'en réunion.
- Odin avait, enfin a, deux fils. L'aîné, qui est en prison depuis plusieurs années suite à sa participation à un trafic de drogue, est hors d'état de nuire pour encore un moment, à priori. Mais le cadet, qui s'est enfui de chez lui au moment de la création d'Alfrand's Entreprise, pourrait nous poser des problèmes. C'est lui qui avait les plans du missile, deux ans auparavant, n'est-ce pas Coulson ?
L'agent acquiesça en silence, se rappelant du jeune homme qui lui avait donné rendez-vous pour les lui remettre mais qui n'était jamais venu.
- Je pense qu'Odin cherche à le retrouver, et j'ai bien peur qu'il ne veuille s'en servir pour prendre part à l'entreprise familiale. Et puis, il faut absolument qu'on récupère les plans du missile. Ça va faire trop longtemps qu'ils nous ont filé entre les doigts, et si Odin finit par les récupérer, ce sera la catastrophe. Voyez-vous, Odin se fait vieux. Il aura besoin de quelqu'un pour diriger son entreprise à sa place, et je pense qu'il va chercher à reprendre contact avec son cadet. Il ne faudrait surtout pas qu'Odin se serve de son fils comme appât pour nous donner encore plus de fil à retordre.
Fury prit une dernière inspiration, un peu essoufflé, avant de terminer son petit discours.
- Il faut que nous retrouvions le cadet avant son père. Peut-être en saura-t-il plus que nous et nous aidera à les faire tomber ?
Un silence retomba sur l'assemblée, dont les membres semblaient tous perdus dans leurs pensées. Une voix autoritaire finit par le troubler :
- Mais ça n'a aucun sens, lâcha Natasha d'une voix froide. Pourquoi est-ce que ça serait à nous de retrouver ce fils ? Et s'il s'est déjà enfui, il n'y a aucune raison qu'il revienne chez lui, alors pourquoi est-ce que voulez à tout prix le retrouver ? Pardonnez-moi, Fury, mais ne serait-ce pas plutôt vous qui vous faites vieux ?
Heureusement que Natasha était le sosie de Fury question force de caractère et assurance, parce que Tony n'était pas sûr que leur directeur l'aurait aussi bien pris si c'était lui qui lui avait dit ça.
- Tout simplement parce qu'il finira par revenir. De gré ou de force, ajouta-t-il devant l'air incrédule de Natasha. Son père pourrait tout à fait le retrouver grâce à ses contacts et je ne pense pas qu'il lui laissera le choix de vivre une petite vie tranquille alors que son autre fils est en prison. Nous n'avons pas non plus le choix, il faut le retrouver.
Natasha se tut, mais Tony voyait bien qu'elle n'était pas entièrement d'accord avec les paroles de Fury.
- Et Alfrand dans tout ça, osa Banner, est-ce qu'on sait qui Odin a engagé pour régler toutes les affaires à sa place ?
Devant les visages surpris des autres, il précisa :
- C'est vous-même qui avait indiqué qu'il vieillissait. Vous ne pensez pas qu'il aurait pu engager quelqu'un pour diriger l'entreprise en lui donnant tous les ordres ?
Fury hocha lentement la tête, comme s'il n'avait pas prévu cette éventualité mais qu'il reconnaissait que ça avait du sens.
- Il faudrait lancer un avis de recherche, fit Steve, les sourcils toujours froncés, mais leur directeur secoua la tête.
- Non, c'est trop risqué. Odin pourrait s'en servir en nous espionnant pour ramener le fils chez lui. Non, nous devons trouver une autre solution. Coulson, vous n'avez plus le numéro du fils je suppose ?
- Il m'avait appelé depuis une cabine téléphonique, malheureusement, nia Phil d'une voix éteinte.
Nick soupira une nouvelle fois devant leur échec. En voyant les têtes défaites de ses agents, il finit par se décider :
- Bon, nous allons arrêter là la réunion, et nous verrons tout ça la prochaine fois. Mais j'ai une dernière chose à vous montrer, avant que vous ne partiez.
Il saisit une petite télécommande qui était resté sur la grande table et la pointa vers le vidéo-projecteur au-dessus de leurs têtes. Une lumière verte commença à clignoter sur l'appareil, tandis que Fury poursuivait :
- Je vais vous montrer le visage du fils, et ses coordonnées, que j'ai réussi à trouver un jour dans un dossier visiblement peu protégé d'Alfrand's Entreprise. Il faut que vous sachiez à quoi il ressemble, si nous voulons le retrouver avant son père.
Il attendit un instant que l'écran se mette en marche, avant que l'image d'un jeune homme d'environ vingt ans aux cheveux noirs n'apparaisse sur l'écran.
- Voici Loki Laufeyson, vingt-un ans, né à Stuttgart. Il a fui de chez lui deux ans auparavant, et n'est probablement pas resté longtemps aux endroits où il a mis les pieds. Et voilà une carte approximative des villes où il s'est rendu.
Une map-monde vint s'afficher sur l'écran, faisant halluciner Natasha et Steve en même temps. Ce gamin avait voyagé pratiquement partout, passant par le Brésil, la Chine, presque toute l'Europe et les Etats-Unis. Il ne devait pas être resté plus de quatre mois dans tous ces lieux. C'était carrément dingue. On reconnaissait là un vrai champion de la fuite.
Banner se fit la réflexion que c'était étonnant qu'il ne soit toujours pas fait prendre par son père.
L'agitation qui animait à présent la salle était à son comble, chaque agent poussant une exclamation de surprise en parcourant la carte qui s'offrait à eux. Ils avaient tous les yeux rivés sur l'écran, mais un seul les gardait fixés sur la photo d'identité du jeune homme.
Tony regardait, ne voulant pas y croire, le visage aux traits fins et les cheveux plaqués en arrière de Loki. Il sentit une boule lui serrer la gorge, et serra les poings de colère.
De toutes les personnes du monde, il avait fallu qu'il rencontre le fils cadet de celui qui voulait foutre en l'air leur industrie ? Il avait fallu qu'il s'amourache du gamin de celui qui avait pris part au meurtre de sa femme ?
Il ferma les yeux, ne voulant plus regarder une seule seconde ce visage grave qui lui faisait face, et se leva en silence, ignorant le coup d'oeil surpris de Natasha et l'exclamation de protestation de Fury. Il sortit bien vite de la salle et s'adossa au mur, refermant la porte de verre derrière lui.
Pourquoi, mais pourquoi... Le sort ne s'était-il pas déjà assez acharné contre lui ?
Fury avait délibérément oublié de mentionner qu'Odin avait, avant de disparaître, pris sa vengeance sur le SHIELD et tous les désagréments qu'il lui avait fait subir. Il n'avait pas parlé de ce que le propriétaire d'Alfrand's Entreprise avait fait deux ans auparavant. Sûrement pour lui éviter de faire ressurgir des souvenirs douloureux.
Mais Tony n'avait pas oublié, n'était toujours pas prêt d'oublier.
Sa femme, Darcy, qui, alors qu'elle était enceinte de leur premier enfant, s'était faite assassinée par une balle en pleine tête dans la rue. Des passants avaient clairement signalé avoir vu une voiture noire passer en éclair devant elle avant qu'elle ne tombe raide morte sur la chaussée.
Et voilà qu'il venait de rencontrer le fils de ces ordures, deux ans plus tard. Le karma avait un goût de meurtre, et c'était de sa faute. S'il avait été là le jour-même, il aurait pu empêcher ça. Il aurait pu voir naître sa fille, et vivre une vie heureuse avec sa femme.
Sauf qu'Odin Odinson en avait décidé autrement. Et Tony ne pouvait pas laisser faire ça.
Il fallait qu'il retrouve Loki, à tout prix. Combien de fois s'était-il empêché de se lancer à la poursuite d'Odin pour l'étrangler comme le misérable lâche qu'il était, combien de fois Fury avait-il du le retenir de faire une connerie impliquant sa main et une arme ?
Le passé ressurgissait toujours dans les moments où l'on s'y attendait le moins, qu'ils disaient. Fallait croire que c'était vrai.
Tony se laissa tomber sur le sol, le dos toujours appuyé férocement au mur. Il sentit plus qu'il ne le vit deux mains rassurantes se poser sur ses épaules, avant d'enfouir sa tête dans le cou de l'inconnu(e) pour y pleurer silencieusement.
Il pleurait très rarement, n'étant franchement pas un adepte des émotions, mais là, c'était trop. Ça faisait trop mal pour simplement oublier. Il fallait qu'il se laisse aller.
Plus tard, il se vengerait. Il s'en faisait la promesse. Il allait retrouver ce Loki et le faire payer pour les horreurs que son paternel avait commis. Peu importait si ce n'était pas de sa faute.
- Shht, ça va aller Tony, ça va aller, murmurait une voix douce tandis que ses larmes continuaient de couler dans le col de l'autre personne. Il reconnut vaguement le ton réconfortant de Natasha avant qu'elle ne l'aide à se remettre debout.
Elle l'observa un instant, plantant ses yeux inquiets dans les siens rougis par le chagrin, avant de l'étreindre dans ses bras, un peu gênée par leur proximité, mais estimant qu'il en avait besoin. Elle finit par se détacher de lui et lui fit un petit sourire tendu.
- C'est à propos de Darcy, n'est-ce pas ? chuchota-t-elle.
En voyant que ses larmes redoublaient d'intensité, elle lui passa une main sur le bras dans un geste ultime de réconfort.
- Ça va aller Tony, ça va aller, répétait-elle inlassablement, et il fut véritablement soulagé qu'elle soit là pour l'aider à surmonter tout ça. Si tu veux, on peut dîner ensemble ce soir, si ça peut te changer les idées.
Elle remarqua son air méfiant, et éclata de rire en comprenant ce qu'il pensait.
- Ne t'inquiète pas, je ne vais pas te sauter dessus bon sang ! Mais tu mérites un peu d'attention amicale, et je crois qu'une soirée au resto te ferait du bien. Ça te dit ?
Il hocha lentement la tête, renifla encore une ou deux fois, et finit par lui sourire gentiment. Natasha lui rendit dans une grimace un peu moins constipée que celle qu'il venait de lui faire, et s'éloigna pour lui laisser un peu d'espace.
Tony s'essuya les yeux tandis que les autres sortaient de la salle de réunion, et Banner se précipita aussitôt à ses côtés pour lui proposer une partie de poker. Il était au courant pour la perte de Darcy, et était devenu l'un de ses plus proches amis depuis sa mort. "Rien de tel pour remonter le moral", ajouta-t-il dans un clin d'oeil amusé.
Un peu revigoré, Tony finit par le suivre en souriant, sachant d'avance qu'il allait gagner.
-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-
La montre de Tony indiquait dix heures trente-six du soir, et il était déjà un peu torché en sortant du placard une nouvelle bouteille d'alcool.
Ils venaient de passer un moment très agréable dans un restaurant indien assez classe, malgré la sauce épicée qui avait arraché la langue de Tony. Natasha lui avait paru magnifique en arrivant, vêtue d'une robe rouge très élégante. Elle était de bonne compagnie, le faisait souvent rire, et il avait réussi pendant ces quelques heures à oublier le passé.
A présent, ils étaient de retour à l'hôtel du brun, et tous les deux profitaient du calme de la soirée pour se reposer un peu l'esprit.
Il se servit un nouveau verre, baissant les yeux pour se concentrer uniquement sur le plan de travail. Face à lui mais lui tournant le dos, la jeune femme à la chevelure rousse remontée en un chignon élégant restait immobile.
La robe échancrée de Natasha descendait dans son dos, révélant ses omoplates fines sans que ce soit vulgaire. Les yeux de Tony remontèrent sur ses mains dont les doigts tapotaient nerveusement le verre de vin rouge qu'elle tenait.
Elle était belle, il fallait le reconnaître. La Veuve Noire, avec sa chevelure rousse et ses yeux noisette, était une femme très attirante.
Tony prit une inspiration pour se donner contenance, avant d'avaler d'un trait le fond de son verre. De whisky, le sien. S'il voulait que cette soirée se passe bien, il avait intérêt à être au moins un peu éméché.
Les bruits de la ville venaient couvrir le silence un peu épais qui s'était refermé sur eux aussitôt qu'ils étaient entrés dans la chambre. Natasha était assise sur le rebord de la fenêtre, et paraissait observer les arbres nus de Central Park, que l'on pouvait apercevoir au loin depuis l'hôtel. La nuit venait tout juste de tomber, et le bleu opaque caractéristique de la saison empêchait de distinguer clairement les formes du dehors, mais la jeune femme ne semblait pas s'en soucier.
- Tony, commença-t-elle lentement, brisant la bulle de confort dans laquelle ils étaient plongés depuis quelques minutes, tu crois que... Tu crois que je serais toujours belle, même quand j'aurais vieilli ?
Le brun haussa un sourcil pour le moins surpris.
- Y avait quelque chose, dans ton vin ?
Elle laissa échapper un petit rire, avant de se tourner vers lui pour le dévisager.
- Je suis sérieuse, Stark. Tu ne t'es jamais demandé ce que tu ferais, quand on sera tous à la retraite ? Est-ce qu'on continuera de se voir ? Toi, Steve, Clint, même... Fury. Quand tout ça sera fini, est-ce que ça sera toujours pareil pour les Avengers ? Est-ce que je serais toujours... ce que j'ai été ?
Natasha baissa la tête vers son verre avant de reporter son regard vers l'extérieur.
Tony était stupéfait. Depuis quand est-ce que la Veuve Noire, la femme la plus forte qu'il connaissait et estimant si peu les pleurnicheries, doutait d'elle-même ?
Il se rapprocha d'elle, posa une main réconfortante sur son bras, bien que légèrement mal à l'aise. Qu'est-ce qu'il pouvait lui dire sans craindre de s'en prendre une bien placée ?
- Ben... On fera comme si, en tout cas. Et puis, c'est le cours de la vie, non ? On finit bien par vieillir un jour.
Elle soupira, les yeux toujours concentrés sur les espaces verts désormais baignés dans l'obscurité du parc en face d'elle. Elle suivit des yeux un couple qui se promenait main dans la main, souriant imperceptiblement quand l'homme sortit un parapluie en constatant qu'il commençait à pleuvoir.
- Je sais bien. J'aimerai pouvoir me reposer, avoir une retraite calme et ne pas subir les constantes foudres de Fury - Tony eut un rictus amusé -, mais en même temps, je ne veux pas que cette vie soit derrière moi. Tu comprends ?
Il y eut un temps de flottement. Tony se remémora un dossier en retard qu'il avait du rendre à Fury après l'avoir fini à la hâte à quatre heures du matin. Il avait sué sang et eau sur ces pages imprimées, et Nick lui avait tellement hurlé dessus après ça.
Il se rappelait le goût de la fatigue le lendemain quand il s'était présenté à la réunion, le ton agressif de chacun qui défendait ses opinions sur tel ou tel cas. Sa fébrilité lors de sa première mission à l'étranger. Et son sourire de triomphe en entendant la sentence d'un procès qu'ils avaient eu particulièrement de mal à remporter, un jour.
Alors oui, leur travail était encombrant. Difficile. Éreintant même. Mais jamais ils ne pouvaient oser dire qu'ils s'ennuyaient.
- Ouais, je vois ce que tu veux dire, finit-il par répondre.
Elle eut un demi-sourire, comme pour montrer qu'elle avait compris, avant de finalement se décoller de la fenêtre, se relevant prestement en secouant sa robe. Déjà qu'elle avait horreur d'en mettre, elle faisait un véritable effort pour lui, là.
- Bon, on ne va pas rester sur cette note déprimante toute la soirée. Viens-là, Stark, lança-t-elle avant de l'attraper par la main pour l'emmener sur le canapé.
Ils discutèrent de tout et de rien pendant plusieurs heures, heureux de pouvoir passer un bon moment en compagnie de l'autre, se resservant de temps en temps des verres. Du vin rouge pour la Veuve Noire, du whisky pur malt pour Tony.
Les joues de Natasha commençaient à devenir aussi rouges que ses cheveux, et Tony rentrait dans cet état de babillage incessant sur la technologie - mais bon, c'était habituel, en fait.
Il était en plein dans un discours entrainant depuis quelques minutes sur le débat qu'il y avait entre scientifiques sur la question de s'il fallait ou non laisser les souris en liberté dans les laboratoires quand il se souvint d'une histoire très marrante qu'il lui était arrivé. Il commença à la raconter à son amie, tout fier de son effet quand il la voyait froncer les sourcils ou mimer un blobfish étonné.
Un éclat de rire résonna soudainement dans la chambre, et Natasha faillit tomber du canapé, se retenant dangereusement à la table basse en verre.
- Tu veux dire que, hoqueta-t-elle, l'alcool aidant, tu as flashé sur un vendeur de merdes en tout genre dans une rue et qu't'as pas voulu lui donner ton numéro quand il t'l'a demandé ?
Il hocha la tête, le regard légèrement vitreux.
- Et que quand t'as voulu le r'trouver, continua-t-elle en enfonçant bien le clou, il était plus là ?
Nouveau hochement de tête, un peu douloureux cette fois. Aussi ivre mort qu'il pouvait l'être, ça lui faisait véritablement mal, cette histoire-là. S'il s'en était rendu compte plus tôt...
Et désormais, Loki pouvait être n'importe où. Il ne le retrouverait jamais, c'était sûr. A moins de tomber sur lui par hasard, mais il y avait clairement peu de chances, dans une ville aussi grande. Même JARVIS, l'éternel optimiste - en même temps quand t'es un robot tu te poses pas beaucoup de questions -, le lui avait dit.
Elle redevint brusquement sérieuse, se redressant de toute sa hauteur, le fixant durement. Il ne lui avait bien sûr pas dit que le vendeur en question était Loki, le gamin d'Odin qu'ils recherchaient, mais elle lui faisait quand même un peu peur, là. Tony se dit dans un brouillard vague qu'elle faisait très digne comme ça, lui rappelant presque McGonagall. Il manquait plus que le chapeau, et... Les poils de chat ?
- Mais Tony... commença-t-elle les yeux écarquillés, comme si elle allait lui révéler la prophétie du siècle. C'est très grave, ça.
Et elle explosa de rire, se rasseyant tant bien que mal sur le canapé tandis que Tony clignait des yeux pour mieux s'imprégner de ses paroles.
- C'est très vrai, ce qu'-qu'elle dit, bafouilla-t-il dans un murmure, un peu perdu.
Natasha finissait de rire, le corps toujours agité de tressautements, avant de finir par se radosser (NDA : ce mot n'existe pas, c'est vrai) au canapé, un peu plus calme. Ses yeux affichaient désormais une mine un peu triste, étrangement nostalgique, que Tony ne comprit pas.
Elle soupira avant de détourner la tête, semblant plongée dans des souvenirs qu'elle seul pouvait comprendre.
- Tu sais, Tony... Je vais te confier un truc que j'ai jamais dit à personne. Avant d'arriver dans les Avengers, j'étais rien. J'étais personne, et à part mes entraînements réguliers, il y avait peu de monde autour de moi. Jusqu'à ce que je rencontre Clint.
Elle fit une pause, fermant les yeux pour se remémorer son ancienne vie. Toute trace d'alcool semblait avoir disparu en elle, et Tony se demandait si elle n'avait pas joué la comédie quelques minutes auparavant.
- Il m'a sauvé la vie, tu sais. C'est grâce à lui que je suis devenue quelqu'un. Et grâce à lui que je suis toujours là, à te parler. Mais c'est aussi à cause de mes... sentiments - elle grimaça, détestant parler de ses faiblesses en temps normal, mais il fallait croire que le vin y était quand même un peu pour quelque chose - pour cet idiot que je me suis mise si souvent en danger.
- C'est pour ça que tu aimes tant cette ville ?
Un instant, il eut peur d'avoir brisé son petit monologue, sa question paraissant totalement décousue, mais elle lui sourit gentiment.
- En partie, oui. Bref, tout ça pour dire que tu ne devrais pas t'attacher à quelqu'un inutilement, Tony. Surtout que, sans vouloir te vexer, il y a peu de chances que tu le retrouves, ricana-t-elle, mais le ton était doux, presque protecteur. En fait, si tu veux... Je pourrais te le faire oublier, ce petit vendeur.
Il fronça les sourcils, vaguement embrouillé par tout ce whisky.
- Comment ça ?
Natasha prit une longue inspiration avant de se rapprocher de lui lentement, puis le contourna pour poser ses mains sur les épaules du brun. Il émit une faible protestation en voyant enfin où elle voulait en venir avant de se laisser faire.
Elle commença doucement à le masser, dénouant les muscles tendus avec une délicatesse qu'il n'aurait pas soupçonné. Ses mains étaient douces sur sa peau, les phalanges décontractaient petit à petit la fatigue accumulée, et il était bien là, avec son amie. Au chaud dans un hôtel, sans se prendre la tête - bien qu'il savait déjà que le lendemain serait dur.
Les doigts fins remontèrent jusqu'à sa nuque, déliant les nerfs tendus, tandis qu'il soupirait silencieusement. C'était agréable, il n'y avait pas à dire. Il se laissa doucement aller, fermant les yeux pour savourer la froideur de sa peau sur son cou. Le contact lui procurait des frissons jusque dans le dos.
Le massage dura plusieurs minutes avant qu'il ne soupire de nouveau en sentant des mains glisser sur ses joues. Elle lui tourna délicatement la tête, puisqu'il gardait les yeux fermés, et il sentit soudain des lèvres douces se poser sur les siennes, venir le réchauffer, l'apaiser sensiblement. Tony saisit à son tour la nuque de la jeune femme et approfondit le baiser, désirant connaître la Veuve Noire mieux que les autres.
De ses dents, il mordilla la lèvre inférieure de la jeune femme, ne se rendant même pas compte que son intention de départ fonctionnait à merveille. Un bout de langue rose vint le narguer à l'entrée de sa bouche, et il l'entrouvrit pour l'accueillir, en profitant pour respirer le parfum délicat de la rousse.
Une main vint glisser sur son torse alors que l'autre partait en exploration dans les cheveux bruns. Se séparant brièvement l'un de l'autre, Natasha reposa son verre de vin sur la table basse et ramena Tony contre elle, l'allongeant sur le canapé pour se placer au-dessus de lui. Elle lui lança un regard narquois avant de saisir le col de son t-shirt pour lui enlever, et il l'aida sans poser de questions, visiblement aussi pressé qu'elle.
Elle roula sur le côté et Tony se pencha de nouveau sur les lèvres chaudes, désireux du contact délicieux que lui procurait cette langue. Elle se détacha de lui un court instant et entreprit de défaire la fermeture éclair de sa robe, mais celle-ci se prit dans ses cheveux.
Le brun passa son bras le long de sa hanche avant de s'arrêter sur la fermeture coincée qu'il remit en place d'un geste sec. Il fit ensuite glisser le tissu sur la taille de la Veuve Noire, tandis qu'elle se replaçait au-dessus de lui.
Se collant de nouveau l'un à l'autre, il sentit des mains désormais chaudes courir sur son torse, venir pincer son ventre un peu trop gras à son goût (NDA : tellement romantique) avant de s'arrêter sur la ceinture de son pantalon. Elle ouvrit la boucle et la défit à la hâte, retirant sa ceinture à Tony. Il leva les hanches pour l'aider tandis qu'elle baissait son pantalon sur ses jambes puis le jetait loin d'eux, à travers la pièce.
Ils repartirent à l'assaut de la bouche qui leur faisait face, dans un long baiser. Tony jouait avec des mèches rousses de son amie, les entortillant entre ses doigts, tandis qu'elle faisait courir ses doigts sur son torse. Au bout d'un court instant, le brun sentit soudain une main malicieuse se glisser sur son caleçon, qu'il arrêta soudainement.
- Non, haleta-t-il contre ses lèvres, attends...
Natasha grogna une réponse indistincte à son tour sans prendre compte à son avertissement avant de reprendre ses gestes, repartant à l'assaut, tandis qu'il tentait de se laisser faire. Son coeur s'accéléra, le visage de Loki lui revenant tout à coup à l'esprit.
Chut, Tony, c'est Natasha, fais-lui confiance.
Elle fit passer une main dans ses cheveux bruns, lui caressant une joue au passage.
Il entrouvrit un oeil, hésitant. Loki.
Fais-lui confiance.
Elle glissa le long de son corps, se collant à son torse tandis qu'il empêchait les souvenirs de cheveux noirs et d'une voix rieuse de le submerger.
Elle est là pour t'aider.
Loki.
Natasha enfouit sa tête dans son cou, et il referma les yeux au contact de sa peau douce, si douce...
LOKI, criait sa conscience, hurlait tout en lui.
Allez Tony merde, laisse-toi aller !
Elle voulut lui enlever son caleçon, mais il saisit brusquement son poignet de la main, n'en pouvant plus.
- Arrête, je- désolé... Loki, expliqua-il, le souffle court.
Ils se redressèrent d'un geste commun. La Veuve Noire le regardait droit dans les yeux, un peu surprise de son changement d'attitude, mais l'éclat qui y brillait avait une lueur de compréhension. Tony comprit qu'elle s'était attendue à ce qu'il craque ainsi. Elle fit un geste vague de la main, comme pour montrer que ça ne faisait rien, avant de commencer à se rhabiller.
Il l'aida à remettre sa robe, en gardant cependant ses distances, et renfila son t-shirt et son pantalon par la même occasion. Il l'observa silencieusement quand elle vint s'accouder de nouveau à la fenêtre, son verre de vin de retour dans ses mains, les cheveux légèrement ébouriffés pour témoigner de ce qui avait failli arriver.
- Écoute, je... commença-t-il, ne sachant pas trop quoi dire.
Était-elle très en colère ? On ne savait jamais vraiment, avec elle.
Ses peurs s'envolèrent quand elle se tourna vers lui pour lui offrir un sourire narquois.
- Aucune importance. C'était plus un test qu'une réelle volonté de m'envoyer en l'air avec toi, s'esclaffa-t-elle doucement. J'ai Clint, je te rappelle. Et puis, même à moitié dans les vapes, j'ai vu comment tu parlais de lui. Tu te rappelles ce que je t'ai dit tout à l'heure ?
Il acquiesça lentement en se souvenant de ses recommandations, à savoir ne pas chercher à le retrouver.
- Ben oublie. Démerde-toi mais retrouve ce vendeur. Après un moment, elle ajouta d'une voix gênée, en détournant la tête : Tu le mérites, Tony.
Pour le coup, ça le fit sourire. Que Natasha Romanoff soit mal à l'aise, c'était difficile à voir dans une vie.
Il s'installa à ses côtés, observa lui aussi l'obscurité du dehors, discernant difficilement quelques silhouettes de bâtiments autour d'eux. Quelques flocons tombaient, saupoudrant les rues d'une neige qui ne tiendrait que quelques heures. Des gouttes de pluie se collaient également à la vitre, laissant voir l'extérieur dans un brouillard flouté.
Après quelques secondes de silence, il finit par reprendre la parole, les yeux toujours concentrés sur un lampadaire en bas de l'immeuble.
- Merci, au fait.
Elle sourit, amusée.
- Pour t'avoir fait fuir devant mon corps disgracieux ?
Il leva les yeux au ciel, comprenant bien qu'elle le taquinait.
- Pour tout. Merci d'être là, 'Tasha.
Même pour lui, c'était gênant. Alors elle hocha simplement la tête, comprenant qu'il ne voulait pas trop s'attarder sur la conversation. Les sentiments, à eux deux, c'était pas trop leur truc.
Et pourtant, Dieu sait qu'ils en avaient besoin.
-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-
Le silence.
Une mer de boue dans laquelle il s'enfonçait toujours plus profond, toujours plus bas. Il sombrait dans les eaux tumultueuses, chutait vers les abysses, s'engluait dans le venin. Il ne voit rien, sinon un rideau noir.
Des algues vinrent s'agripper à ses bras, il suffoquait. N'avait plus d'air. Ses poumons étaient vides. Brûlants.
Les végétaux s'enroulaient autour de ses membres, l'entrainaient toujours plus profond, plus bas.
Viens avec nous, qu'ils disent.
Il allait toucher le fond, il se rapprochait. Il n'en pouvait plus, il devait respirer, il devait respi-
Longue gorgée d'eau. Le poison se répandit partout dans ses membres, et sa course lente continuait.
Quelque chose le heurta. Du corail, peut-être ?
Des bruits fusèrent.
Des bruits épars, des éclats de voix.
Puis une injonction, un truc qui se brise. Quelqu'un qui cogne sur sa tête, autour, partout. Des trucs qui se cognent les uns contre les autres.
Des formes vagues, des silhouettes qui se penchaient vers lui. Un univers flou qui l'enveloppait comme une couverture soyeuse, une vague douceâtre, un cocon agréable. Douillet. Réconfortant.
Il était dans un nid. C'était chaud, agréable.
Du bruit. Toujours, encore, plus fort, plus fort.
Le rideau noir, il s'en va. Les couleurs reviennent. Elles reviennent.
Un contour se forme, se dessine, et c'est qui, c'est quoi ça ?
Une silhouette. Un corps.
Et soudain, la lumière se fait.
Il secoue la tête, l'air perdu, et il lui faut un moment avant que ses yeux ne s'adaptent à la luminosité de la pièce. Elle est beaucoup trop éclairée, ça lui brûle la rétine, mais son interlocuteur ne semble pas le savoir. Sa tête lui fait mal, tellement mal. Qu'est-ce qu'il lui est arrivé, bordel ?
Il y a quelque chose qui le lance, une douleur vive dans le corps. Il se demande ce que ça peut bien être.
Les contours sont toujours flous, il ne voit pratiquement rien. Il ferme les yeux, attend un moment en respirant calmement, et les rouvre après un temps. La silhouette est parfaitement claire, à présent.
Une tête blonde aux traits soucieux se dégageait du brouillard dans lequel Loki était encore plongé. Il sourit, reconnaissant la silhouette familière, avant de se laisser emporter une nouvelle fois par la marée sombre.
Ahem. Etant un peu bête - et malade donc pardonnez-moi -, j'ai oublié d'intégrer les RAR anonymes donc je reposte ce chapitre avec la correction.
Guest : Haha, c'est sadique hein ? Je suis désolée de cette fin, j'espère que la suite te plaira ;)
Nana : Merci ! Et oui, je n'y ai même pas fait gaffe mais ça m'a plu de nommer le chapitre comme ça x) Dans les prochains chapitres (bon là pas trop mais après oui), Fandral va changer de comportement donc ne t'inquiète pas, il ne va pas rester cette espèce de deuxième Hulk qui est juste bon à taper. Merci pour tes compliments et j'espère que la suite te plaira aussi :)
Je sais je sais, je suis impardonnable. Non seulement je vous sers un chapitre-transition pas terrible où Tony est assailli par les sentiments et avec un presque lemon (je déteste en écrire) qui n'aboutit pas, mais en plus la fin tant attendue ne nous explique fichtrement rien. Conclusion, pas géniale la Operc' x)
Bref, j'espère que vous ne m'en voudrez pas trop de ne pas avoir placé Loki dans le chapitre (enfin, presque pas), et que ça vous plaira quand même... un peu ?
Ce chapitre là est arrivé vite mais le prochain devrait prendre plus de temps, vu que je reprends l'école dans deux jours.
En tout cas je vous aime, merci pour vos reviews (en vrai c'est ma première fic alors je suis un peu émue, comprenez) et bonne fin de semaine à tous !