/!\ POUR UN PUBLIC AVERTI /!\

SCÈNES POUVANT CHOQUER LES TROP JEUNES LECTEURS

Jeux Interdits

Depuis combien de temps Harry n'avait-il pas adressé la parole à Tom ? Somme toute assez longtemps pour que ses blessures guérissent. Toutes. Et ne laissent aucune trace. Mais probablement les potions que le grand homme en noir lui transmettait via la jeune fille étrange avaient-elles grandement réduit le temps nécessaire à cela. Harry appréciait Luna. Elle était une amie précieuse. La seule personne à qui il pouvait tout dire, en l'absence de Mystère. Contrairement à Tom, qui lui avait tout raconté de sa vie, le jeune fille ne disait rien d'elle. Elle se contentait de l'écouter, silencieuse, les yeux dans le vague. Harry ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour elle. Elle lui avait semblé si souriante, lors de leur rencontre... Mais depuis, il ne voyait qu'un visage fatigué, un corps épuisé. Il ne savait ce qui la mettait dans cet état, et avait trop peur de l'homme en noir pour lui en parler. Pourtant, il savait que les deux étaient très proches.

Harry se glissa dans son bain brûlant plein de mousse. Tom ne lui manquait pas. Pas vraiment. Il aurait cru être plus attaché à lui et il en était déçu. Il aurait voulu ressentir un poids à se tenir tant éloigné de lui. Il aurait voulu connaître une culpabilité croissante de l'avoir abandonné. Mais rien de tel ne s'était produit. Il en venait même à douter qu'il l'aimait. Harry commença à se laver, lentement, ignorant qu'un regard rubis était posé sur lui. Et tous ces Ron, toutes ces Hermione ! Ils étaient tous trop heureux de le revoir parmi eux ! Ne comprenaient-ils donc pas qu'il se moquait bien de leur présence ? Ne comprenaient-ils donc pas que s'il passait plus de temps dans les couloirs, et parfois même en cours, ce n'était pas dû à un quelconque retour de souvenirs mais à un événement personnel ?

Alors Harry se recroquevilla et dit tout bas :

-Non... C'est moi qui ne comprends plus. Je deviens un Ron. Je me mens et me mets à penser comme un monstre. Mais c'est parce que Tom me manque. Ou non ? J'aimerais que Mystère soit là. Luna est gentille mais ne m'explique rien. Mystère saurait quoi dire, quoi faire. Mystère saurait me guider. Suis-je donc seul ?

Un sifflement lui parvint. Il sursauta et tourna la tête. Il vit alors un serpent de plusieurs mètres de longs s'approcher lentement. Ses yeux gorgés de sang inspirèrent à Harry une peur mêlée de fascination. Tandis qu'une partie de lui, criait, hurlait, pleurait, le suppliant de fuir, une autre, plus forte, lui fit tendre le bras vers l'animal qui l'utilisa comme échelle. La bête remonta doucement puis se laissa tomber dans le bain à son tour. Conservant la tête hors de l'eau, le serpent fixa ses yeux dans ceux du sorcier, s'enroulant autour du corps à genoux dans l'eau. Harry semblait très calme, il ne tremblait ni ne disait mot, glissant simplement ses doigts sur le corps reptilien.

-Tu es immense, remarqua-t-il.

« Mais qui sont ces serpents qui sifflent dans nos têtes ? »

-Viens-tu pour me dévorer ?

« Mais pourquoi ce silence sinistre si souvent ? »

-J'en suis désolé... Je crains qu'on m'ait déjà mangé.

« Mais que savent les sages quand saigne l'innocent ? »

-Je n'ai plus rien à moi, viens-tu prendre ma vie ?

« Mais que valent les sens s'il n'y a de jouissance ? Ils jouent les troubles-fête. »

Pour toute réponse le serpent vint enserrer le cou dénudé. Sans se quitter l'un l'autre du regard, le reptile continua de serrer, serrer, serrer encore, et Harry continua de ne rien laisser paraître. Il ne lutta pas contre l'étranglement, attendant patiemment que vienne le point de non retour. Sa vision se brouilla. Il n'avait pas peur. Il larme glissa de son œil droit. Il n'avait pas mal. Un mot s'enfuit de sa bouche. Il ne lui manquait pas.

-Tom...

Son corps s'arqua brutalement. Il saisit les rebords de la baignoire de toutes ses maigres forces. Des vaisseaux dans ses yeux éclatèrent. Sa respiration se fit sifflante. Ses poumons se mirent à le brûler. Ses lèvres bleuirent. Des lèvres sur lesquelles un sourire naquit.

« Si seulement tu savais ce que pour nous je souhaite. »

Le regard d'émeraude se ternit tout à coup. Les bras d'Harry retombèrent mollement dans l'eau. Le serpent relâcha sa prise et le corps tout entier s'écroula dans le bain. La bête attendit. Un peu. Beaucoup. Le sorcier ne remontait pas. Le reptile prit forme humaine et attrapa Harry, le sortit de l'eau et s'écroula à côté de la baignoire, le serrant contre lui. La tête du garçon aux yeux verts pendait en arrière, son cou portant les marques du meurtre, ses yeux grands ouverts sur un monde différent et un sourire à jamais figé sur ses lèvres sans vie.

Alors Tom hurla. De toutes ses forces et de toute son âme il fit résonner sa détresse. Des larmes se mirent à couler de ses yeux écarquillés. Il maintenait leurs deux corps nus serrés l'un contre l'autre avec une détermination désespérée, espérant que sa propre chaleur se déporterait vers le cadavre qui se refroidissait, en vain. Bientôt, il se mit à se balancer d'avant en arrière, toujours hurlant, et toujours pleurant.

« Mais qui sont ces serpents qui sifflent dans nos têtes... »

[... ... ...]

Les autres hiboux, les autres chouettes, la regardèrent d'un mauvais œil. Heureusement pour elle, c'est à Hedwige que Luna venait confier sa lettre. Tenant à peine debout, l'air d'une morte-vivante au visage, elle confia le courrier l'oiseau blanc et le regarda s'envoler.

-Tu es mon dernier espoir..., souffla-t-elle, autant à l'animal qu'au destinataire.

[... ... ...]

Mystère,

A l'heure où je t'écris je ne sais rien de toi, sinon qu'Harry te porte en son cœur. Je ne sais où tu es ni ce que tu y fais : j'espère avec ferveur qu'Hedwige sera allée vers toi. Je suis Luna Lovegood, Serdaigle à l'école de Poudlard, et je ne sais vraiment ce qui me permet de supplier ton aide. Harry est mort. Tué par son amant. J'ai tout vu mais ai été incapable de bouger. J'étais tétanisée. C'est égoïstement, et pleine d'arrières-pensées que je t'envoie cette lettre. Un serment me tien et je ne peux agir contre ce meurtrier, pourtant il doit mourir. Chaque nuit mon corps s'épuise un peu plus dans des étreintes que je ne désire pas. J'ai peur d'un nouvel ordre abominable. Quelqu'un doit agir, mais je ne vois que toi. Pardonne-moi. Mais Harry est mort. Harry est mort. Harry est mort. Et son assassin refuse de rendre son corps.

Larmes et souffrance,

Luna.

William entra dans la chambre de Draco, faisant presque sortir la porte de ses gonds.

-Eh, Dray ! Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas dit que c'était ton anniversaire aujourd'hui ?! Que-... Dray ? DRACO !

Le dresseur eut tout juste le temps de traverser la chambre pour rattraper le Mangemort qui s'affaissait, laissant tomber la lettre qui glissa sous le lit.

[... ... ...]

Draco se revit plus jeune, sur les genoux de sa mère. Il avait demandé pourquoi lui avoir donné le nom de « Draco ».

-Draco, grand serpent, dragon en latin, fit-elle d'une voix douce.

-Draco, l'un des chiens de chasse d'Acteon qui tuèrent leur propre maître, ajouta son père avec une fierté étrange.

-Le « Dragon » est la constellation contenant Thuban, l'ancienne étoile égyptienne indiquant le pôle nord, reprit la femme.

-Mais les dragons ne sont plus rien aujourd'hui ; tout le monde va se moquer de moi ! S'indigna-t-il.

Sa mère avait souri et, le soir venu, au moment de dormir, elle vint lui murmurer quelques mots à l'oreille.

-Draco dormiens nunquam titillandus. Un jour, mon fils, à trop souffrir tu t'éveilleras. Alors tu seras un guide... Et puis tu seras roi.

Ce soir là, il lui avait paru que sa mère en savait plus qu'elle en voulait bien dire, mais il s'endormit et oublia. Le lendemain, son père s'était mué en le monstre qui devait le mener sur le chemin de la haine et sur les traces de Voldemort, et sa mère était devenue la femme odieuse mais prête à tout pour son fils qu'il côtoyait depuis lors. Et malgré qu'il les suivit dans leur croisade au nom de la pureté du sang, jamais il ne détourna son regard du futur au souffle de feu et au ciel traversé de titanesques reptiles.

Maintenant, baignant dans la sueur et étouffant de chaleur, Draco se souvenait de ce soir qui avait changé sa vie. Il avait sept ans quand ses parents lui avaient prédit un grand destin, et là, dix ans plus tard, et de nouveau le jour de son anniversaire, on le bouleversait encore.

« Harry est mort. »

MORT-EPREUVE-DESESPOIR-MALAISE-BROUILLARD-OBSCURITE-PLEURS

« A trop souffrir tu t'éveilleras. »

MALHEUR-GÉMISSEMENT-DOULEUR-MARQUE-CRI-LARMES-PLAINTE

« Quelqu'un doit agir, mais je ne vois que toi. »

SOUFFRANCE-HURLEMENT-FOLIE-BLESSURE-SANGLOTS-MEURTRIER-SANG

« Qui tuèrent leur propre maître. »

SOUFFLE-FROID-PEUR-TOURMENT-PRIÈRE-TORTURE-SUPPLIQUE

« Que c'était ton anniversaire aujourd'hui ?! »

TUMULTE-GRIFFURE-GRONDEMENT-BRULURE-RAGE-RUGISSEMENT-CHAOS

« L'héritage des Vélas se déclare en général vers quinze ou seize ans. »

SILENCE

[... ... ...]

Draco se réveilla en pleine nuit. Il était allongé sur un lit dans une infirmerie. A côté de lui, William dormait, la tête dans la paume de la main. Sans un bruit, le Mangemort se leva et quitta la pièce. Tel une ombre, il traversa couloirs et bâtiment jusqu'à atteindre l'extérieur. Il rejoignit les écuries sur le toit desquelles il trouva Force, Courage et Sagesse. Les trois dragonnettes, qui n'avaient pas grandi depuis leur éclosion, vinrent se poser près de lui. Elles le regardèrent, leurs yeux inquiets brillant dans le noir. Draco leur sourit, paisible.

-Je sais ce qu'il vous faut pour que votre croissance se déclenche.

Et il tendit son poignet droit à Force.

-Allez, bon appétit ma grande.

La dragonnette hésita puis approcha la gueule de la chair offerte, et mordit un grand coup dedans. L'odeur du sang saisit aussitôt Courage et Sagesse dont les écailles se hérissèrent d'impatience. Pendant de longues minutes, les trois reptiles se relayèrent pour se désaltérer à la blessure mordant de nouveau dedans lorsque le sang commençait à ne plus vouloir couler, jusqu'à ce que, soudainement, cela semble leur faire horreur. Draco les vit s'écarter, puis s'envoler vers la forêt. Il ramena à lui son poignet aux chairs sanguinolentes et sourit piteusement.

-Pourvu que cela suffise...

[... ... ...]

-il... il... Will...

William finit par ouvrir les yeux et vit Draco penché sur lui qui lui secouait doucement l'épaule d'une main. Il se leva d'un bond et alors qu'il allait l'interroger, le Mangemort déposa un chaste baiser sur ses lèvres.

-S'il te plaît ne pose pas de questions. J'ai mal.

Et sur ces mots il présenta son poignet déchiqueté au dresseur dont les yeux s'écarquillèrent. Il ouvrit la bouche, voulant parler, mais se ravisa et se contenta d'aller chercher de quoi soigner la blessure. Tandis qu'il prodiguait les soins nécessaires, Draco, de sa main libre, lui caressait les cheveux.

-Quand tu auras terminé, je retournerai à ma chambre. J'aimerais que tu ne me suives pas. Sous aucun prétexte. C'est pour ton bien que je dis ça.

William se crispa.

-Pour mon bien ?

-Oui. Je n'ai pas envie de te faire du mal. Tu as tant fait pour moi.

-Alors pourquoi me ferais-tu souffrir ?

Draco sourit tristement quand, ayant terminé son bandage, William releva les yeux et que leurs regards se croisèrent.

-Parce que l'odeur de la trahison est partout sur toi. Je ne sais ce que tu as fait, mais tu m'as trahis. Et je ne saurais jamais le pardonner, car les dragons ne pardonnent pas.

-Je ne sais pas de quoi tu parles, dit l'aîné sombrement.

Le Mangemort glissa fébrilement ses mains sur le visage de William et fit, la voix semblable à un souffle :

-Tu sais parfaitement de quoi je parle, William. Mais dis-moi... Dis moi qu'as-tu fait pour faire tienne l'odeur de la traîtrise ? Dis-moi... QU'AS-TU FAIT, WILL ?! Enragea subitement Draco, faisant pâlit de terreur de le dresseur, avant de retrouver son calme. Je dois vraiment partir, maintenant. Mais il faut me promettre de ne pas entrer dans ma chambre. Quoi qu'il s'y passe, d'accord ?

Le dresseur acquiesça et Draco s'en fut. Resté seul, William, poussa un soupir de soulagement : il avait vraiment cru, l'espace d'un instant, qu'il allait se faire tuer. Puis il décida qu'il ferait bien d'aller se coucher, histoire de récupérer un peu, et le lendemain il irait voir son père pour lui dire que d'une manière ou d'une autre, le Mangemort en avait trop su.

[... ... ...]

Charlie ne parvenait pas à fermer l'œil ; il repensait à ce qui s'était passé durant le jour. La matinée avait été tout ce qu'il y a de plus normale : chacun avait fait ses corvées, puis s'était rendu au réfectoire. Draco, s'était mis à une table, seul. Et lui s'était assis non loin pour le surveiller. Même si cela faisait près de trois mois que le Mangemort était à la réserve et n'avait pas causé de réel problème, le Weasley ne lui faisait toujours pas confiance. William l'avait alors rejoint, et ils avaient mangé tous les deux, l'un en silence, l'autre en caquetant sans arrêt. En soit tout avait été d'une extrême banalité.

Puis Draco s'en était allé à sa chambre et les deux dresseurs étaient restés à discuter. Sans qu'il ne se rappelle comment, ils en étaient venus à parler anniversaire, jusqu'à ce qu'il évoque que celui de Draco était le cinq juin, soit le jour même. William s'était alors levé d'un bond pour rejoindre le Mangemort. Charlie, lui, était resté de marbre, mais s'était tout de même posé la question de comment il pouvait savoir une chose pareille. Puis il avait haussé les épaules ; il s'en fichait bien. C'est alors que William avait débarqué dans le réfectoire, paniqué. Il venait d'emmener en catastrophe Draco à l'infirmerie.

Charlie avait donc suivi son ami et avait découvert un Draco délirant sous l'effet d'une fièvre ne répondant à aucun remède. Il parlait dans des langues incompréhensibles, telles que le Fourchelang et d'autres dont on ne savait d'où elles venaient. Tantôt ses yeux étaient clos et il poussait des gémissements pitoyables, tantôt ils étaient écarquillés, presque exorbités et il criait, poussait des hurlements de souffrance à s'en arracher la gorge. Sa respiration variait de la maigre et sifflante à la profonde et erratique en quelques secondes. Et c'en fut ainsi jusqu'à tard dans la soirée, environ vers vingt-deux heure, où le silence tomba comme une chape de plomb sur le bâtiment. William préféra rester dormir à l'infirmerie, au cas ou Draco se réveillerait et lui préféra retourner à sa chambre, déjà qu'il ne savait même pas pourquoi il était resté jusque là.

Mais voilà, il était deux heures du matin et le sommeil ne le gagnait toujours pas. Ce n'était pas qu'il était inquiet pour le Mangemort, c'était plutôt qu'il se demandait ce qui avait bien pu le mettre dans cet état et si cela risquait de toucher d'autres personnes. Le dresseur se tourna et se retourna dans son lit, espérant se sortir de la tête toutes ces idées noires, se disant qu'il aurait toute la journée pour mener son enquête, mais ses craintes finirent par l'emporter sur la fatigue pourtant croissante et il se leva. Il devait se rendre là où cela avait commencé : dans la chambre de Draco. William avait dit n'y avoir rien compris, que tout était allé trop vite, et Charlie était convaincu qu'il avait raté quelque chose.

Cependant, il n'eut pas le temps d'y réfléchir, quand, entrant dans la pièce, il y trouva Draco. Le Mangemort était à genoux sur le sol et, bras croisés, se tenait les épaules. Son front touchait presque le sol et son dos, arc bouté, prenait des formes étranges. Plus effrayant encore, il pleurait. Le Weasley s'avança et ferma la porte. Prudemment, il s'approcha de Draco. Si prudemment qu'il avait d'instinct sorti sa baguette et la pointait vers le Mangemort. Ce dernier, alors qu'il n'était plus qu'à un mètre de lui, tourna la tête et le fixa d'un regard aux pupilles bien trop allongées.

Charlie ne put contenir un mouvement de recul. Les formes sur le dos de Draco ; des bosses à hauteur des omoplates, grossissaient puis rapetissaient à vue d'œil, lui donnant des haut-le-cœur. Il devinait que sous la chemise, la peau s'étirait dans un tiraillement insupportable pour revenir à sa place au rythme des changements qui s'effectuaient sous elle.

-J'ai... mal..., gémit Draco. J'ai-... arg... !

Une croissance plus importante et plus brutale que les autres coupa Draco qui se mordit la lèvre inférieure jusqu'au sang pour étouffer un hurlement. La souffrance était telle que Charlie pouvait la lire dans ses pupilles à l'ovale de plus en plus fin, mais il était bien incapable de bouger d'un millimètre. Le Mangemort lutta contre la douleur afin de contraindre son corps à se redresser. Il parvint à se mettre à genoux et planta son regard fiévreux dans celui du dresseur.

-A l'aide..., implora-t-il. J'ai chaud. J'ai si chaud...

Le Weasley ne réagit pas, horrifié par le corps se déformant devant lui : il ne parvenait plus à penser clairement, sa raison refusant de croire en ses yeux.

-Charlie... Je t'en prie..., l'appela Draco.

Cela ramena le dresseur à lui avec une efficacité foudroyante ; c'était la première fois que le Mangemort utilisait son prénom, et même plus, son surnom. Il jeta presque sa baguette sur le côté, avec l'intime conviction qu'elle ne lui serait d'aucune aide, et se mit lui aussi à genoux, entreprenant les mains tremblantes de déboutonner la chemise du cadet. Mais à peine en eut-il fini avec le premier bouton qu'il dut continuer à l'aveugle : Draco s'était accroché à lui, plongeant la tête dans son cou, laissant ainsi au dresseur une vue imprenable vers le dos victime d'il ne savait quel maléfice.

Alors tandis que, les yeux fermés pour échapper à l'horreur, Charlie s'efforçait de défaire le vêtement, il sentit glisser dans son cou les larmes du Mangemort et les ongles de ce dernier lui rentrer dans la peau malgré les habits qu'il portait. Finalement, Charlie parvint à défaire tous les boutons et repoussa Draco pour lui retirer entièrement sa chemise. Il put alors voir les côtes du Mangemort se faire de plus en plus visibles, comme s'il brûlait calorie sur calorie, perdant ainsi du poids à une vitesse alarmante. Le dresseur reporta son regard vers le visage de Draco duquel il repoussa des mèches de cheveux collées par la sueur. C'est par ce fait qu'il remarqua que la peau au bord des yeux se faisait écailleuse tout comme il put constater, lors d'un rictus de souffrance, que les crocs de chiens du Mangemort se faisaient de plus en plus aiguisés.

De nouveau, Draco se serra contre lui, suffoquant de chaleur et de douleur.

-Personne ne doit m'entendre, dit-il. Tu dois me faire taire. Ne me laisse pas crier. Promets-le moi... Promets-moi que l'on ne m'entendra pas... Promets, promets, prom-... aaah-... !

Charlie eut tout juste le temps, comme ils étaient près du lit, d'éloigner Draco et de lui plonger la tête dans la couverture, étouffant le cri qui allait surgir. Quand l'instant fut passé, le dresseur relâcha la pression, laissant le Mangemort reprendre un peu d'air. Et une heure, deux heures, trois heures passèrent ainsi. A chaque cri, Charlie, au risque de le faire étouffer, maintenait le visage de Draco enfoncé dans la couverture pour qu'elle et le matelas étouffent le son.

Mais plus le temps passait, plus les croissances se faisaient féroces et rapprochées, jusqu'à ce que l'inéluctable arrive. Alors que le dresseur les avait fait monter sur le lit pour donner un semblant de confort à Draco, tandis que la quatrième heure de cauchemar était entamée depuis une vingtaine de minutes, les croissances, contrairement aux fois précédentes, ne rapetissèrent pas après leur tentative de percée. Elles continuèrent, forcèrent le passage, poussant la peau, et Charlie, alors que des deux mains il appuyait de toutes ses forces sur Draco dont le hurlement n'en transperçait pas moins les coussins et le matelas, vit, épouvanté, la chair être tirée vers le haut en deux colonnes immondes jusqu'à, d'un seul coup, être transpercée.

Deux pics noirs jaillirent dans un geyser de sang qui aspergea le dresseur et trempa le lit, le corps étendu du Mangemort et une partie du sol dans un bain carmin. Le flot se tari dans les secondes qui suivirent et les pics se déplièrent et déployèrent une membrane noire. Et la seule chose que put penser Charlie à ce moment précis fut qu'il s'agissait là des ailes les plus affreusement laides qu'il ait jamais vu. Puis les ailes se replièrent doucement dans des craquements osseux et le dresseur, abandonnant le corps baigné de rouge, sauta du lit et fuit la pièce, ne prenant même pas la peine de fermer la porte.

Il se précipita sous les douches tout habillé et actionna le mécanisme qu'il tourna jusqu'à avoir le jet le plus puissant, puis il se laissa glisser le long du mur tandis que l'eau le rinçait de tout ce sang qui le recouvrait et qu'il avait jusque dans la bouche. Il toussa. S'essuya la bouche avec ses mains. Réalisa qu'elles étaient encore pleines de sang. Et finit par se pencher et tousser jusqu'à en vomir.

Lorsqu'il quitta les douches, le dresseur, encore tremblant de ce qu'il venait de vivre, jeta un œil à la pendule. 6H03. A cette heure-ci, le directeur de la réserve devait être à son bureau, et le Weasley décida d'aller le voir ; ce qui était arrivé au Mangemort ne pouvait rester sous silence. Alors, rapidement, il sortit du bâtiment des dortoirs pour se rendre à celui, proche, de l'administration. Il n'y avait pas grand monde dans les couloirs à une heure pareille, les corvées d'aubes elles-même ne commençant qu'à 6h30, c'est pourquoi il fut surpris d'entendre des éclats de voix en provenance de la pièce. Quelqu'un semblait déjà en grande discussion avec le directeur. Charlie se rapprocha discrètement, car la dispute couvrait le bruit de ses pas, en se demandant si une autre personne n'avait pas subi le même sort que Draco. Cependant il se figea, la main sur la poignée, lorsque la voix de William retentit, pleine de colère.

-Puisque je vous dit qu'il sait pour le trafic !

-Ridicule, contra le directeur d'une voix grave et posée. Draco Malfoy n'est là que depuis quelques mois et il aurait su pour une organisation que nous parvenons sans problème à tenir secrète depuis des années ? Ridicule, vraiment. Parfaitement ridicule. Tu es très proche de lui, la fièvre l'aura fait plonger dans la paranoïa.

-C'est un Mangemort ! L'espionnage est dans ses gênes ! Et ce type a un truc avec les dragons... quelque chose d'inexplicable !

-Et alors ?

-Alors je n'ai rien fait d'autre qu'il puisse considérer comme une trahison que celle de faire du trafic avec ses bestioles adorées ! En plus il a bien spécifié que les dragons ne pardonnaient pas ! Je vous en prie, père, pour une fois écoutez-moi !

Il y eut un soupir de lassitude.

-Si tu as raison, que ce garçon sait et qu'il est bien le fanatique que tu dis qu'il est, alors il viendra me tuer lui-même. Et je l'attends de pied ferme.

William poussa un cri de rage et Charlie comprit trop tard qu'il allait sortir du bureau, aussi n'eut-il pas le temps de fuir et se retrouva-t-il nez à nez avec celui qu'il croyait être son ami.

-Charlie ? Qu'est-ce que tu-..., commença William, déconcerté, avant de se faire couper par son père.

-Tu vois bien qu'il a tout entendu. Tue-le.

William jeta un rapide regard au directeur, dont l'ordre froid était sans appel et serra les dents. Il sortit sa baguette et Charlie recula de quelques pas, jusqu'à heurter le mur derrière lui. Il chercha rapidement sa propre baguette avant de se rappeler qu'il ne l'avait pas prise avec lui lorsqu'il avait laissé Draco.

-Je suis désolé..., fit William, en pointant sa baguette vers l'autre dresseur.

-Non... Non, Will ! Tu ne peux pas faire ça ! Tenta Charlie, en proie à une peur soudaine.

-Je suis... sincèrement désolé...

-Que-... Non ! ATTENDS ! N-... !

Charlie, auquel les événements du jour et leur trop plein d'émotion avaient ôté toute force et volonté, ne parvint qu'à fermer les yeux et lever les bras pour se protéger du sort que William lui lançait. Un sort qui ne le percuta jamais. Il y eut comme une bourrasque puis le choc sourd d'un corps qui s'effondre. Charlie, haletant, ouvrit les yeux et baissa les bras. William était toujours là, face à lui, la bouche ouverte sur un sortilège qu'il n'avait pas pu terminer de prononcer. Le bruit n'avait alors pu provenir que du bureau. William se retourna et vit le corps décapité de son père se vider de son sang au pied de la chaise de laquelle il était tombé.

Il voulut avancer mais son pied toucha quelque chose. Il baissa les yeux et trouva la tête. Il tenta de reculer mais rencontra une résistance. Une nouvelle fois il se retourna, pensant faire face à Charlie. Cependant ce dernier était toujours dos au mur et c'est un regard reptilien argenté qu'il croisa. Draco, dans une rage aveugle, déploya ses impressionnantes ailes noirs rutilantes de sang. Son corps tout entier était recouvert du fluide rouge séché. Et avant d'avoir pu terminer l'observation de la monstruosité, William se fit, d'un mouvement si rapide qu'il en fut presque invisible, arracher la gorge par une main aux ongles semblables à des serres.

A son tour, le corps de William s'écroula, et Draco se tourna vers Charlie. Lentement, il se décontracta et ses ongles, ainsi que ses crocs, retrouvèrent une apparence normale. Dans la tête du dresseur, les pensées s'entre-choquèrent. Il avait peur de la créature devant lui, c'était indéniable. Mais il avait une certaine reconnaissance envers elle qui lui avait sans raison sauvé la vie. Et surtout... Il avait pitié. Pitié du visage décomposé de Draco lorsqu'il vit William. Pitié du regard consterné qu'il lui offrit lorsqu'il quitta des yeux le carnage. Pitié de l'interrogation qu'il trouva dans les yeux d'argent aux pupilles redevenues rondes. Elle était claire ; pouvait-il encore se considérer comme un être humain ?

Le dresseur regarda à droite, à gauche, vérifiant que personne d'autre n'arrivait et chuchota à Draco :

-Va-t-en ! Vite ! Cache-toi dans la forêt !

Le Mangemort ne cilla pas et Charlie reprit, plus fort.

-Tout le monde va tout de suite te suspecter ! Dégage !

Mais le cadet refusa de bouger. Il semblait attendre, effrayé, une réaction particulière du Weasley qui n'avait pas la moindre idée de ce dont il pouvait s'agir. L'idée de le frapper pour le faire réagir lui traversa l'esprit mais il avait déjà eu sa dose de violence, alors, ignorant le dégoût qui lui remuait l'estomac, il glissa sa main dans les cheveux du Mangemort et lui fit poser le front contre son torse.

-Ça ira, affirma-t-il. Je te rejoins dès que possible.

Ils se séparèrent et Draco prit la direction de la forêt comme lui avait dit de le faire Charlie et l'autre gagna la chambre du Mangemort. Il y ramassa sa baguette puis se tourna vers la marre de sang. Il frissonna ; il avait froid. Après tout, il ne s'était pas changé après sa douche. Mais avant de quitter la pièce, comme mu par un sixième sens, il s'approcha du lit et se pencha pour regarder en dessous. Un papier y gisait, un coin trempant dans la flaque pourpre. Il l'attrapa et vit qu'il s'agissait d'une lettre. Il la lut et dut se mordre le poing pour ne pas lâcher un cri qu'il aurait pu regretter.

[... ... ...]

« Mais d'où vient l'émotion étrange

Qui me fascine autant qu'elle me dérange ? »

Draco prostré au bord du torrent, attendait il ne savait depuis combien de temps. Mais le soleil était levé depuis un moment. Une odeur corsée d'épices le saisit alors et il regarda derrière lui. Charlie était là, et il avançait vers lui. Incapable de soutenir son regard dans lequel se reflétait la bête qu'il était devenu, il tourna de nouveau le sien vers les eaux brillantes. Mais l'odeur continua de s'approcher jusqu'à se retrouver juste à côté de lui. Le dresseur déposa un sac et s'assit.

-Je me disais que bien que tu aurais été te laver au fleuve. Je t'ai apporté des vêtements de rechange, et ta baguette.

La voix avait résonné, chaque syllabe frappée d'un sourd coup de tambour, comme le son d'un cœur qui bat. Le Mangemort attrapa le sac et s'éloigna, se cachant dans les arbres. Il revint sans avoir revêtu la chemise qu'il ne pouvait mettre à cause de ses ailes. Sans un mot, Draco reprit sa place initiale. Bien qu'il avait les yeux rivés sur les flots tumultueux, il pouvait sentir sur lui le regard inquisiteur du dresseur qui le détaillait.

En effet, Charlie fixait le corps de porcelaine d'où dépassaient les deux nouveaux effroyables membres. Ceux-ci étaient grands, trop grands. Démesurés. On aurait cru qu'on avait arraché deux ailes à un dragon pour les greffer sur un corps frêle qu'elles semblaient écraser de leur poids. Noires au point de paraître en diffuser elles-mêmes de l'obscurité, elles étaient couvertes d'écailles aux doigts. Ces écailles s'étendaient un peu sur la membrane qui, rugueuse et raide jusque-là, devenait alors douce et souple.

« Je frissonne, poignardé par le Beau.

C'est comme dans l'âme le couteau ! »

Le dresseur vint se placer derrière le Mangemort et, après un court instant d'hésitation, il posa ses mains sur les épaules nues et les tira vers lui tandis qu'il bloquait le dos d'un genoux entre les ailes. Le contact coupa net la respiration de Draco qui n'usa d'aucune résistance. Charlie le maintint droit, et expliqua :

-C'est le même problème qu'avec les nouveaux nés. Ils ne sont pas habitués au poids de leurs ailes et se laissent écraser. Si on ne les oblige pas à redresser tout de suite, ils restent courbés. Il faut que tu t'obliges à te tenir droit, sinon, comme tu es un bipède et que ta colonne vertébrale est celle d'un humain, elle ne supportera pas le poids et tu ne pourras plus te lever. Si elle ne se brise pas en mille morceaux. Et... EH ! Respire ! Cria-t-il en voyant que la poitrine du Mangemort ne se soulevait plus.

Draco reprit immédiatement une profonde et bruyante inspiration. Le dresseur soupira mais ne le lâcha pas pour autant.

-Les corps de William et du directeur ont été retrouvés, c'est l'effervescence à la réserve. Bien sûr, tu as tout de suite été accusé. J'ai dit que je t'avais croisé dans les couloirs en pleine nuit et que je t'avais raccompagné à ta chambre parce que tu n'avais pas l'air bien. Bien sûr, on m'a posé des questions sur le sang. J'ai fait valoir que les deux... effusions avaient à peu près la même fraîcheur, donc que ça ne pouvait être toi. Je me suis fournis mon propre alibi en disant que j'étais resté avec toi. On m'a alors demandé d'où venait ce sang, et j'ai répondu que tu leur répondrais en personne, que j'allais te chercher. Maintenant... Qu'est-ce qui t'arrive ?

Au tambour des mots s'était ajouté un tintement agaçant de clochette. Le duo d'instruments, sur le rythme rapide des paroles de Charlie, énervait Draco. Heureusement, si la sensation des mains du dresseur sur ses épaules le tendait, elle lui retirait aussi toute volonté de se mouvoir.

« La blessure traverse mon cœur !

Et j'ai la joie dans la douleur. »

Le Mangemort leva les yeux au ciel.

-J'ai, par mon père, du sang de Vélas : c'est ce qui fait ma beauté. Mais c'est en si petite quantité que cette ancienne nature n'aurait jamais dû se réveiller. D'autant plus que je suis un homme, que les Vélas, ou Vélanes, sont plutôt une race de femelles et que l'héritage qui en découle se révèle au plus tard vers seize ans. C'est pourquoi, fêtant hier mes dix-sept ans, rien n'aurait dû changer pour moi. Mais il y a eu... Une sorte de choc, et je côtoies des dragons qui, non contents d'être déjà de l'espèce magique la plus puissante, sont aussi uniques en leur genre. Alors, prenant en compte ces deux critères : dix sept ans reste tard, mais pas trop tard. Je pense, en ce qui concerne les ailes, que c'est là encore l'influence de Force, Courage et Sagesse qui leur a donné cette apparence. En vérité, ç'aurait dû être de belles ailes de plumes blanches. Et ce qui a tué William et l'autre homme... c'est la furie Vélas.

Draco baissa la tête, comme s'il venait de révéler un honteux secret. Charlie réfléchit rapidement et libéra le Vélas qui ressentit aussitôt une sensation de manque mais n'en fit rien. Le dresseur, resté derrière, demanda en glissant la main dans la poche intérieure de sa veste :

-Le choc dont tu parles, c'est plutôt psychologique, non ?

-Oui.

-Et ce ne serait pas ce choc là, par hasard ? Ajouta-t-il en sortant la lettre de Luna de sa poche et en l'agitant devant les yeux du Mangemort.

D'un mouvement, là encore d'une incroyable rapidité, Draco se saisit du papier dans un claquement de langue excédé.

-Ce son est insupportable..., grogna-t-il.

Le dresseur, d'abord décidé à ne pas relever, dut s'y résoudre quand le Mangemort se massa le crâne de sa main libre.

-Quel son ?

-Chaque fois que tu parles, il y en a qui s'y ajoute un peu plus fort. C'est une véritable cacophonie.

-Mais-...

-Je sais ! Ça vient complètement de moi ! Je ne dois pas m'être encore fait à ma nouvelle nature mais c'est vraiment... Ah, ça n'a pas de nom ! J'espère que ça s'arrêtera vite, sinon je vais devenir dingue. Bon, qu'est-ce que c'-...

Il s'arrêta, reconnaissant la lettre.

-Je suppose que tu l'as lue.

-Oui. Et j'apprécierais obtenir des-...

-Explications ? C'est pourtant clair. Harry est mort. Enfin, c'est ce que Loufoca dit.

-Tu n'y crois pas ?

Draco fit disparaître la lettre d'un Evanesco.

-J'admets avoir mal vécu la lecture de cette abomination, et, oui, c'est bien le choc qui est la source de ma transformation. Mais, avec du recul : je trouve ça ridicule.

-Mon frère m'a déjà parlé de cette Luna. Elle est bizarre, c'est vrai ; mais elle n'irait pas inventer la mort du Survivant, insista le dresseur.

-FOUTAISES ! Enragea tout à coup le Mangemort. HARRY NE PEUT PAS MOURIR !

Charlie qui s'était penché sur le dos du Vélas, recula par mesure de sécurité et fronça les sourcils. Le Malfoy avait clairement un comportement des plus étranges au sujet d'Harry, comme s'il tenait à lui et était dans le déni le plus complet. Étaient-ils amis ? Le dresseur dut refréner sa curiosité ; sentant la pente savonneuse, et ne répliqua pas.

« Je m'enivre de ce poison...

A en perdre la raison ! »

Draco, à qui l'odeur d'épices ne brûlait plus les narines, sut que Charlie s'était éloigné de lui. Il se retourna brusquement, comme s'il s'attendait à ce que l'autre soit en train de partir, mais le dresseur était toujours là, assis, et une seconde surpris par la réaction du Mangemort, il lui offrit ensuite un sourire narquois.

-Eh bien, quoi ? Tu ne peux plus te passer de moi, maintenant ?

Le Malfoy, qui croisait le regard du Weasley pour la première fois depuis qu'ils avaient commencé à se parler, ne se concentra pas sur le reflet de lui dans l'azur mais bien uniquement sur la couleur dans laquelle il sombra plus rapidement qu'un bateau entraîné dans un typhon. Ces yeux d'un bleu profond semblaient la seule tache d'ombre sur le visage bien plus lumineux que d'ordinaire du dresseur. L'odeur des épices sauta à la figure du Vélas, qui bouche-bée, s'égara dans son propre esprit.

Charlie, décontenancé, appela Draco sans obtenir de réaction. Devant lui, le Mangemort était à genoux, ses ailes repliées à leur maximum n'étant plus que deux longues piques gardées en suspension. Ses iris brillaient d'une chose qu'il n'avait encore jamais vu dans les yeux du cadet : du désir. Un désir d'une intensité presque innocente tant son propriétaire ne paraissait pas en remarquer la présence. Le dresseur n'en était pas sûr, mais il lui semblait que l'autre l'appelait en s'abandonnant ainsi en sa présence. Il ne savait pas non plus s'il voulait « recommencer ». Si, il savait. Il le voulait. Il en mourait d'envie. Mais c'était malsain. Draco était un Mangemort et, à présent, il n'était même plus humain.

« C'est le bien qui fait mal quand tu aimes !

Tout à fait normal ta haine ! »

Le Weasley se releva et s'éloigna de quelques pas, ramenant le Malfoy à la réalité. Terrifié, ce dernier l'interrogea :

-Tu me rejettes ? Tu me repousses ?

-De quoi ? Fit Charlie, de plus en plus troublé par l'attitude du Mangemort.

-Tu ne veux pas de moi ?

Le dresseur laissa échapper un rire nerveux.

-Mais enfin, qu'est-ce que tu essayes de me dire ?

La respiration de Draco s'accéléra, et il cria, la voix vibrante d'émotion :

-Tu n'as pas le droit ! Je t'ai sauvé ! Si tu me laisses, je vais mourir !

Charlie, déconfit, vit le Vélas baisser la tête et s'entourer de ses propres bras. Puis il se mit à parler dans diverses langues, comme lorsqu'il délirait dans le lit de l'infirmerie. Le dresseur tenta dans l'urgence de se rappeler de ce qui avait été dit sur les Vélas dans sa scolarité mais cela remontait tout de même à une assez longue période.

« Prends le plaisir ; c'est si bon de souffrir.

Succombe au charme : donne tes larmes ! »

Les pensées s'entre-choquant dans un chaos terrible, le Weasley remua ses souvenirs jusqu'à ce que l'un deux perce la masse informe du contenu de sa mémoire et que deux solutions s'imposent alors au dresseur. Laisser mourir Draco ou-... Au final, la question ne se posait même pas. Il rejoignit le Vélas, l'attrapa comme s'il avait voulu l'enlever ; le maintenant d'un bras contre lui et mettant une main sur sa bouche pour le faire taire.

-Je serai ton compagnon, alors par la peine de mourir, d'accord ? Une vie pour une vie.

Lorsqu'il sentit que le Vélas s'était calmé et se laissait aller dans ses bras, Charlie retira sa main et Draco gémit, pleurant silencieusement :

-De tous les êtres sur cette terre... De tous les êtres... Pourquoi a-t-il fallu que ce soit toi ?

Le dresseur serra les dents et serra un peu plus le Mangemort contre lui. Il savait que les Vélas aimaient sentir leur compagnon contre eux. Il savait aussi, que si Draco n'était pas assez stupide pour croire qu'il ne le haïssait plus, il ne serait pas non plus assez fort pour empêcher son corps, sa nature, de penser à sa place. Le Weasley savait qu'il venait d'entrer dans une relation où, loin de fusionner dans la passion, il fallait dissocier le corps de l'esprit. Au bout d'un long moment, Draco posa une main sur son bras.

-Je vais bien, assura-t-il.

Charlie le libéra et ils se levèrent tous les deux. Le Mangemort regarda le ciel parfaitement visible au-dessus du torrent ; les arbres n'étendant pas leurs branches par-dessus les flots, et reçu l'appel somnolent d'un esprit paisiblement endormi qui s'était enfoncé et étalé sur plusieurs kilomètres dans la forêt, à la recherche ou plutôt à la non-recherche de quelque chose. Il était là, à la fois par envie et par hasard. Autant dans les nuages que dans le tronc des arbres. Il signalait sa présence par un silence respectueux.

-Malfoy..., l'interpella Charlie, qui regardait d'un air soupçonneux le torrent.

« C'est le bien qui fait mal quand tu aimes !

Tout à fait banal ta peine ! »

Une respiration attentive suffit à Draco pour savoir que tout autour d'eux s'était tu, que le vent était tombé, que les feuilles avaient cessé de bouger et que le torrent n'était plus qu'une étendue d'eau immobile. Le Mangemort attrapa la chemise, fit deux trous au dos et demanda l'aide de Charlie d'un regard pour passer les ailes. Il referma ensuite les boutons et massa pensivement son poignet qui aurait dû être meurtri par les crocs de ses dragons mais qui s'était vu accorder une guérison accélérée par la transformation : il en avait donc défait les bandages, laissant à l'air libre la peau et ses quelques marques roses. Sur son bras gauche, la Marque des Ténèbres tentait de le brûler, mais le lien qu'il avait avec Courage balayait la douleur.

-Malfoy, réitéra le dresseur, que le silence du Mangemort énervait.

-C'est normal.

-« Normal ? » Répéta le Weasley, en crachant presque le mot.

Draco ferma les yeux et sourit.

-N'est-ce pas ainsi que tout devrait être ? Demanda-t-il doucement. Calme, serein, dans le silence le plus pur. Sous contrôle... Prends ma main.

-Pardon ?

-Prends ma main. Et agrippe-toi y bien.

Méfiant, Charlie obtempéra et avant qu'il ait eu le temps de comprendre, Draco avait déployé ses ailes et en quatre grands battements s'était élevé au-dessus des arbres. Le cœur devenu fou, le dresseur remarqua, sans savoir quand cela s'était produit, qu'il tenait non pas la main mais le poignet du Vélas à deux mains et le serrait de toute ses forces. Le Mangemort, pour maintenir un certain équilibre et pour protéger le Weasley d'une éventuelle chute, avait joint sa main libre à l'étau au cas où l'autre n'aurait plus assez de force pour tenir.

Le Vélas continua de s'élever. L'air sifflait, comme poussant des cris de souffrance, chaque fois que les ailes sans pitié le lacéraient, le tranchaient de leurs battements. Puis, à une quinzaine de mètres au-dessus de la forêt, Draco établit une trajectoire horizontale, effectuant des planés régulièrement. Ils s'enfoncèrent ainsi rapidement dans la réserve. Au bout d'une dizaine de minutes à se faire flageller par les vents, Charlie sentit que le froid commençait à avoir raison de lui. Par fierté, il n'en dit rien et serra les dents.

Puis la forêt s'arrêta, et le paysage resta vierge pendant tout un moment. Jusqu'à ce qu'apparaisse de petits points sombres répartis ça et là sur l'herbe. Ils se multiplièrent rapidement jusqu'à ce que le dresseur ne soit plus capable de les compter. Alors il leva les yeux vers l'horizon et trouva un arbre qui grossissait de plus en plus au fur et à mesure qu'ils approchaient. Mais le Weasley avait le sentiment que quelque chose clochait. Ce sentiment n'en fut que renforcer quand Draco plongea tout à coup pour finir par le lâcher au milieu des points qui s'avérèrent être des dragons.

« Les vrais délices passent par le supplice.

Baisse les armes ; donne tes larmes ! »

Charlie se releva avec une lenteur calculée. Pas qu'il avait mal quelque part ; si le choc l'avait un peu sonné, Draco ne l'avait pas lâché de haut, mais il était en plein milieu d'un rassemblement de dragons.

-Ils dorment, lui dit alors Draco. Pas la peine d'être tant sur tes gardes.

-Je ne tiens pas à les réveiller, signala Charlie, d'un chuchotement agressif.

-Ils ne te feront aucun mal.

Le dresseur ravala une réplique acide et suivit Draco qui se rapprochait de l'arbre gigantesque en enjambant les queues et pattes qui traînaient un peu partout. Lorsqu'ils furent au pied du végétal, Charlie se retourna pour regarder les dragons.

-Ce sont ceux de la réserve... Tous ceux qui ne sont pas en bâtiments. Pourquoi sont-ils réunis ici ?

-Pour communier.

-Autour de cet arbre ?

-Non. Autour d'elle.

Draco pointa du doigt quelque chose et Charlie chercha du regard ce que le Mangemort tentait de lui montrer. Au début, il crut que le Malfoy se moquait de lui, puis il lui sembla reconnaître une forme. Il fronça les sourcils et se concentra un peu plus, puis il écarquilla yeux. Sur la branche la plus basse, mais aussi la plus épaisse et la plus dégagée : un dragon dormait. Il prenait toute la branche, le nez vers l'extérieur, et la queue enroulée autour du tronc. Il était couvert d'écorce et de feuilles, si bien qui semblait avoir poussé sur l'arbre, et ne pas en avoir bougé depuis des centaines d'années. Le Mangemort posa une main sur le tronc et le feuillage frémit.

-C'est Sagesse. Elle a donné naissance à ce chêne, s'est installée dessus et s'est endormie, expliqua-t-il. Comme le plus talentueux des caméléons, elle se fond dans le décor jusqu'au point d'en faire partie intégrante, bien qu'elle ne le fasse qu'en dormant. Éveillée, elle est aussi blanche que de la neige fraîchement tombée. Elle est probablement la créature la plus pacifiste qui puisse exister et ne possède que peu de moyens corporels pour se défendre, mais elle commande à la nature et crache le vent.

Le Vélas jusqu'alors concentré sur le tronc, leva les yeux vers la dragonne.

-Debout, ma douce.

L'écorce craqua, et tout ce qui couvrait la bête commença à se rétracter. Une fois le corps libéré dans son intégralité, la dragonne, immense, digne de son chêne, ouvrit ses yeux aveugles. S'agrippant à l'arbre de ses griffes, elle descendit doucement. Autour d'eux, les dragons s'éveillèrent un à un, baillant, s'étirant, encore engourdis de sommeil.

-Comment... Comment peut-elle être si grande ? Demanda le dresseur que la dragonne surplombait de sa hauteur qu'il ne parvenait à déterminer, osant à peine imaginer l'envergure que pouvaient lui donner ses ailes dépliées.

« Je ressens de violentes pulsions.

J'ai l'impression de glisser vers le fond. »

La dragonne se replia sur elle-même, posant la tête à terre afin de permettre à Draco de glisser une main sur les écailles de son museau. Si tôt qu'il le fit, les yeux déteints devinrent noirs. Charlie frissonna : pour lui, il s'agissait de deux portes vers le néant qui s'ouvraient.

-Quand ma nature Vélas a surgi, je suis comme... tombé au fond de moi. J'ai trouvé des réflexions que j'avais repoussé, des réponses que je n'avais pu trouver... C'est ainsi que j'ai su qu'avec mes dragons il y a une sorte... de pacte. Ils ont daigné éclore pour moi, ce qui leur a demandé une quantité d'énergie si grande qu'ils n'en ont ensuite plus eu suffisamment pour grandir. En échange de cette preuve de confiance ; je devais renflouer leur force. C'est pourquoi je leur ai permis de se nourrir de mon sang quand celui-ci était encore celui d'un humain. Cela a conclu le pacte ; comme un serment de fidélité.

Détournant le sujet, il ajouta :

-N'est-elle pas magnifique ?

Sans attendre la réponse, il alla se poser à la base du cou de la créature.

-Viens, dit-il au Weasley. Elle va nous ramener.

Charlie se passa une main dans les cheveux. Un premier voyage dans les airs trimbalé à bout de bras par un Vélas, et un second sur le dos du dragon le plus grand qu'il ait jamais vu. Il soupira et avança. Mieux valait cela que rester au milieu d'un attroupement de dragons sans l'étrange contrôle qu'exerçait sur eux la dragonne. Cette dernière déplia une aile et il grimpa dessus, se tenant à l'arrête. Elle se mit droite et le dresseur pu marcher jusqu'à la base de l'aile puis se hisser derrière le Mangemort. La dragonne se dressa, dépliant la second aile.

Le dresseur sentit quelque chose lui grimper dessus et il baissa les yeux. Des lierres étaient sortis de sous les écailles et l'avaient saisi, le maintenant fermement sur le dos de la créature qui les générait. D'un regard aux ailes que la dragonne ne cessait d'étirer, le Weasley comprit que c'était pour lui éviter de tomber, ne pouvant se tenir à Draco à cause des ailes du Vélas. Puis la dragonne se ramassa et bondit au même instant où elle donnait un puissant battement. Aussitôt, un vent comme celui d'une violente tempête les frappa, repoussant la bête vers l'arbre. Mais Sagesse ne lutta pas, changeant simplement sa trajectoire d'un mouvement que le dresseur ne parvint complètement à saisir, s'élevant en spirale autour du chêne.

« Si j'ignore d'où vient ce fléau...

J'adore l'avoir dans la peau. »

Puis elle monta droit vers les nuages et ne se mit à l'horizontal qu'une fois qu'elle fut juste en dessous mais si près que si Charlie avait levé la main, il aurait pu passer ses doigts dans le coton blanc du ciel, ce qu'il fit. Il se rappela avec nostalgie ses années de Quidditch, au temps desquels il fendait l'air : il n'avait jamais été si haut. Il revint au présent en grognant.

-Si elle est aveugle, comment peut-elle trouver son chemin à cette hauteur ? On ne peut pas dire qu'il y ait beaucoup d'odeurs pour qu'elle puisse s'orienter avec son odorat, d'autant plus que les dragons ne s'attachent à ce sens que s'il y a du sang à proximité.

-Tant que je reste en contact direct avec elle, elle peut voir. Et, effectivement, l'odorat des dragons n'est pas leur point fort, pas plus pour Sagesse et ses sœurs, mais elles sont à l'écoute de leur élément respectif.

-Ses sœurs ? Tiens, eh bien maintenant qu'on en parle, où sont les deux autres ?

-Nous les retrouverons bien assez tôt, éluda le Mangemort. Profite plutôt de l'instant présent.

-Je te demande pardon ?

-Tu chevauches un dragon. Tu sens son sang pulser sous son armure d'écailles. Sa respiration, son souffle chaud se mélange à l'air que tu traverses. Les battements de son cœur résonnent, tout comme le bruit sourd de ses battements d'ailes. Sans oublier les effluves magiques qui débordent, traversent sa peau alors que tu sens ses muscles de titan rouler, se tendre et se détendre, alors que son corps s'élève pour t'emmener au plus haut du monde. Ne crois-tu pas que rien ne peut avoir plus d'importance que cette simple situation ?

Le Weasley soupira, incapable de mettre un nom sur le sentiment qu'il avait à ce moment précis.

-Non... Parce que moi... Je ne ressens pas tout ça.

Draco se retourna tout en prenant garde à ne pas rompre le contact avec Sagesse, interdit.

-Oh, je..., commença-t-il, semblant vouloir s'élancer dans de grandes explications, avant de se raviser. Je suis désolé, s'excusa-t-il simplement en reprenant sa position initiale, l'air véritablement peiné.

[... ... ...]

« Envoûté par des idées folles,

Soudain mes envies s'envolent. »

Charlie était planté au milieu de ce qui restait de la réserve et fixait Draco avec l'effarement le plus total. Oscillant entre l'abattement et la fureur, il ne parvenait à prononcer le moindre son.

-Je n'ai pas voulu ça, dit le Malfoy, détournant le regard.

Tout autour d'eux était brûlé. Les carcasses des bâtiments fumaient encore. Il y avait de temps à autre un corps carbonisé figé dans une posture étrange. L'odeur de la mort régnait en maître incontesté sur les lieux. Draco s'en voulait. Il avait su pour ce que Force et Courage voulaient faire à l'instant où l'esprit endormi de Sagesse s'était étendu jusqu'à lui ; c'est la raison pour laquelle il avait emmené le dresseur jusqu'à la dragonne. Il avait gagné du temps, bêtement, laissant les deux autres mener à bien leur projet : libérer les dragons prisonniers pour Courage et tout détruire pour Force. Il ne leur avait fallu que quelques minutes. Tout avait été à une vitesse hallucinante : les occupants des lieux n'avaient même pas eu le temps de comprendre et le feu de Force était si puissant que la plupart n'avait même pas souffert.

-Pourquoi... Pourquoi ne les as-tu pas arrêtées ? Demanda le Weasley, la voix cassée.

-J'aurais pu résonner Courage... Mais jamais Force. Le lien que j'ai avec elle n'est pas si grand qu'avec les deux autres car elle n'a pas eu besoin de moi pour naître... Elle est indépendante.

-Alors pourquoi ne pas avoir retourné Courage contre elle ?

-Pour la même raison que tu ne lèverais jamais la main sur un de tes frères, même si l'un d'eux venait à le mériter.

-Et où sont-elles maintenant ?

-Parties libérer d'autres dragons, détruire d'autres réserves.

Charlie se laissa tomber dans les cendres.

-Laisse-moi seul.

-Que-... !

-Un moment seulement. Laisse-moi seul un moment.

Draco, bien qu'à contre-cœur, obéit. Et pendant de longues minutes il chercha parmi les décombres et finit par mettre la main sur le journal de Riddle. Le Mangemort soupira de soulagement et reprit espoir concernant le livre de Silae : si ses sorts de protection avaient tenu pour l'un, ils l'avaient fait pour l'autre. Cependant, alors qu'il fouillait un amoncellement de briques et de morceaux de meubles calcinés, on lui mit le livre devant les yeux. Il se releva et prit l'œuvre, faisant face à Charlie.

-C'est le seul truc que j'ai trouvé à avoir résisté aux flammes : je me suis dit que ça devait être à toi.

Le Malfoy ne dit rien, serrant l'ouvrage contre lui. Le dresseur, avec un calme froid, reprit la parole.

-Partons d'ici. Il n'y a rien ni personne que nous puissions sauver.

Le Vélas ne répliqua pas, conscient de la douleur que ressentait son compagnon car l'odeur d'épice envahissante qui était la sienne était comme étouffée : comme s'il la gardait pour lui. Ils rejoignirent Sagesse, mais avant que Draco n'ait pu décoller pour y prendre sa place, Charlie le saisit et le jeta à terre. Il lâcha les livres qui tombèrent, soulevant un petit nuage de cendre et de poussière, et la dragonne prit son envol seule pour aller attendre plus loin.

-Je te hais ! Cria Charlie. Pas parce que tu es un Mangemort, ni que tu n'as plus rien d'humain, et même pas parce que tu as causé la perte de tout ce qui était important pour moi... Mais parce que, pour toutes ces raisons, je me sens trahis ! Enragea-t-il. Mais pourquoi dois-je me sentir trahis par quelqu'un dont je n'ai jamais rien attendu ? Peut-être parce que, finalement, je m'étais dit que je pouvais te faire confiance. Peut-être parce que, finalement, je m'étais dit que tu pouvais avoir un bon fond. Mais par Merlin ! Tu es dans une armée d'assassins et ça ne te fait rien ! Tu changes de race et en quelques heures c'est oublié ! Et là, tu arrives sur la place d'un massacre et tu ne cilles pas ! Tu es un grand malade ! Et pourtant, je ne sais pas vraiment quand, je me suis mis à croire que je m'étais trompé sur ton compte ! J'ai pensé que tu n'étais après tout qu'un gamin perdu qui avait besoin d'un peu d'aide... J'ai pensé qu-...

Draco le fit taire d'un baiser. Il n'avait pas envie d'écouter plus longtemps la déclaration ambiguë d'un homme déchiré. Mais pour l'apaiser, il lui fallait laisser à l'autre déverser sa haine, et il allait encaisser, par cet amour qui n'appartenait qu'au Vélas qu'il était devenu.

« Le désir devient ma prison...

A en perdre la raison ! »

Charlie était furieux, il ressentait le besoin de détruire, de briser, de ravager...

Quand il sentit les lèvres du blond sur les siennes, il comprit qu'il lui offrait un défouloir, une chose à briser...

Oh, qu'il serait stupide de laisser passer cette occasion.

Attrapant les deux épaules de son vis-à-vis d'une poigne de fer, il le plaqua au sol. Sa bouche affamée se pressait de toutes ses forces contre l'autre, comme souhaitant fusionner avec elle. Draco finit par ouvrir sa bouche, de lui-même. Le dresseur n'hésita pas une seconde à y faire pénétrer sa langue, approfondissant leur baiser.

Le Mangemort ne lui opposait pas la moindre résistance. Il sentait qu'il avait un contrôle quasi total sur lui.

Et ça l'excitait énormément.

Un instant plus tard, il sentit son compagnon frapper son dos, étant en manque d'air. Il le relâcha immédiatement et l'observa pendant qu'il reprenait son souffle. Ses lèvres étaient rouges et légèrement gonflées par le baiser. Les siennes devaient être dans un état similaire.

Leurs regards s'accrochèrent et Charlie la vit de nouveau, cette lueur de désir au fond des pupilles du jeune homme.

A ce moment-là, il se foutait bien qu'ils soient au milieu de débris et de cadavres.

Il voulait faire sauvagement l'amour à Draco. Ici et maintenant.

Sa main alla se glisser sous la chemise de son vis-à-vis, comme mue par ce désir. Le blond réagit immédiatement et commença à déboutonner lui-même sa chemise. Le Weasley crut le voir se mordiller les lèvres, presque imperceptiblement. A mesure que ce torse s'offrait à ses yeux, les mains du dresseur l'exploraient, usant de ses paumes et de ses ongles pour le malmener. Il remonta jusqu'à sa poitrine, dont les tétons étaient déjà tendus. Il en titilla un du bout de l'ongle, provoquant un frisson chez Draco.

Le roux commençait à se sentir très à l'étroit dans son pantalon, c'est pourquoi il amorça un geste pour retirer ces vêtements gênants. La main de son amant attrapa cependant son poignet avant qu'il n'ait pu faire quoi que ce soit. Cette main remonta alors le long de son bras, jusqu'à son torse, exerçant une pression pour le pousser en arrière. Leurs positions furent échangées : Charlie se retrouva assis, le Vélas à genoux devant lui.

Il ne comptait pas laisser Draco dominer. Mais, ayant compris ses intentions, il mourait d'envie de le laisser faire.

Il laissa alors les mains empressées défaire sa ceinture, son pantalon, libérer son érection. Il ne put retenir un soupir, heureux d'être libéré de cette prison de tissus.

Avec des yeux embués par le désir, il observa les lèvres de son compagnon se rapprocher de lui.

Il poussa un nouveau soupir en sentant la chaleur de sa bouche l'envelopper. Le garçon ne s'amusa pas à le faire languir et le pris dans sa bouche autant qu'il lui était possible. Et presque aussitôt, il commença à bouger sa tête de haut en bas.

La respiration de Charlie se fit plus difficile. Le mouvement lui envoyait des décharges dans tout le corps et il sentait ses orteils se recourber sous le plaisir. Le blond usait et abusait de sa langue pour satisfaire son partenaire. Il alternait entre de longues caresses sur toute la longueur du membre de Charlie et des coups de langue entêtés sur le sommet. Le Weasley n'en menait pas large, malgré tout le calme qu'il tentait d'afficher.

Il sentit bientôt la chaleur familière dans son bas-ventre. Si Draco continuait, il allait jouir à coup sûr...

Attrapant les cheveux de son soumis, il le tira en arrière un peu plus violemment que nécessaire. Mais il savait que l'autre ne lui en tiendrait pas rigueur.

S'il s'écoutait, il pénétrerait Draco sur-le-champ... Mais il songea quelque peu à ce dernier.

Il l'avait délibérément fait souffrir la dernière fois et il devait admettre que cela lui avait plu... Cependant, les choses avaient pris une tournure des plus étranges, tout comme leur relation. S'il voulait garder la maîtrise de leur drôle de couple, il ne pouvait plus se permettre d'être si brutal.

Il entrouvrit ses bras, invitant le Mangemort à s'approcher de lui. L'autre lui obéit, prenant garde que ses immenses ailes ne blessent pas son amant. Une fois qu'il fut lové contre lui, Charlie débarrassa Draco de son pantalon, ainsi que de ses sous-vêtements. Il porta deux doigts à sa bouche, qu'il suça rapidement. Même s'il devait préparer le blond, il ne souhaitait pas y passer trop de temps.

Le Vélas se tendit en sentant l'index du Weasley entrer en lui. Les premiers va-et-vient n'étaient associés qu'à des plaintes étouffées.

Avait-il encore des séquelles de leur précédent rapport ?... Quelle plaie.

Pressé, le roux introduisit malgré tout le second doigt, suivi de plaintes encore plus accentuées. Pendant ce temps, il se pencha sur le cou découvert du blond, aspirant la peau délicate entre ses lèvres. Cela n'allait sans doute pas stopper la douleur, mais peut-être que cela distrairait le garçon. Cela sembla quelque peu fonctionner, au vu des soupirs qui se mêlaient aux plaintes de ce dernier.

Ce fût cependant Draco lui-même qui stoppa ce manège. Sans un mot, il attrapa la main de Charlie et le poussa à retirer ses doigts. Quelque peu confus, le roux finit cependant par positionner son amant, s'appuyant sur ses coudes pour que le blond soit moins gêné par ses ailes. Le visage de ce dernier était toujours crispé mais il n'eut aucune hésitation et s'empala de lui-même sur le dresseur.

Les premiers va-et-vient étaient horriblement lents, le garçon tentant tant bien que mal de se faire à cette présence inhabituelle. La sensation de ce corps, si serré, autour de lui était divine pour Charlie. La lenteur de ses mouvements l'excitait au plus haut point, il ressentait dans ses hanches le besoin d'accélérer lui-même la cadence qui lui était imposée.

Il perdit rapidement patience, sentant qu'il lui fallait bien plus pour être satisfait. Il prit appui sur ses bras, et commença à suivre son amant en donnant des coups de bassin. Il éprouva une immense satisfaction en entendant l'autre gémir entre ses lèvres serrées.

La peine semblait s'être atténuée pour lui. Bien que sa fierté le retienne de s'épancher en cris et gémissements, il poussait de nombreux soupirs. Des souffles profonds, hachés, accompagnant sa respiration irrégulière, franchissaient ses lèvres entrouvertes. Ses paupières étaient closes, ses joues teintées d'un léger rouge, la sueur collait ses mèches blondes contre son visage. Charlie pensa alors que c'était avec ce visage que cet homme était le plus beau.

Cela lui donnait envie de le frustrer, de le voir en demander plus...

Il écarta les pans de la chemise de Draco, qui était à peine entrouverte. Se redressant alors, il déposa ses lèvres sur un des boutons de chair du jeune homme, commençant à le sucer. Le corps de son vis-à-vis cessa totalement de bouger, Charlie crut entendre sa respiration se couper.

-Continue de bouger ! Ordonna le roux.

Avec un grognement de mécontentement, Draco posa ses mains sur les épaules de son dominant et tenta de bouger ses hanches comme il le pouvait. Le Weasley recommença alors son manège.

Pendant ce temps, il glissa sa main jusqu'au sexe du blond, le caressant lentement du bout du doigt, avant d'en attraper la base. Il le serra alors entre ses doigts, provoquant un gémissement d'inconfort de Draco. Charlie reprit à ce moment ses coups de reins, tout en martyrisant la poitrine qui lui était offerte.

Selon la volonté de son amant, le blond tentait tant bien que mal de suivre ses mouvements de hanches. On comprenait cependant rapidement en voyant son visage qu'il était proche de la jouissance, et qu'il était particulièrement gêné par la main de Charlie. Sa respiration était extrêmement rapide, désordonnée, tout comme les sons qui lui échappaient.

Il ne fallut pas longtemps pour que la bouche de Draco s'entrouvre, alors que son corps entier tremblait.

-Charlie... Ta main...

Un sourire narquois naquit sur les lèvres du dresseur. Il accéda cependant à sa demande et retira sa main.

-Si tu veux jouir, débrouilles-toi !

Draco était rouge de honte mais ce devait être un besoin trop grand, car il s'exécuta presque immédiatement, commençant à se masturber sous le regard attentif du Weasley.

Charlie sentait qu'il se retenait depuis trop longtemps. Il ressentait lui-même le besoin de jouir. Il se concentra alors à pénétrer son compagnon de toutes ses forces. Leurs deux voix se mêlaient, pour n'en faire plus qu'une. Leurs deux corps semblaient s'entendre et se comprendre pour la première fois depuis le début de ce rapport.

Les gémissements contenus de Draco naissant juste à côté de son oreille le firent devenir fou. Les spasmes de ce corps, sur et autour de lui, le conduisirent à l'orgasme. Il se libéra au sein de son amant, alors que celui-ci le suivait, s'accrochant désespérément à lui.

[... ... ...]

Harry marchait dans des nuages opaques, sa misérable lanterne éclairant avec difficulté l'obscurité d'encre. Il se sentait oppressé, étouffé. Il avait peur. Du moins se disait-il que cette sensation d'insécurité qu'il ressentait était due à ce sentiment commun qu'on appelait la peur. Il ne tremblait pas. Il n'avait pas froid, mais il ne faisait pas chaud. L'endroit dans lequel il se trouvait était très silencieux. Il n'entendait pas même le bruit de ses propres pas, ni le froissement des robes noires qu'il portait. Il n'y avait pas de vent. Il n'avait pas l'impression de toucher terre. Il ne ressentait ni faim, ni soif. Il avait juste cet instinct qui le poussait à toujours avancer.

Réflexion faite ; il y avait du bruit. Mais il venait de sa propre tête. Le tic tac incessant d'une pendule, mais de quoi engrenait-elle les secondes ? Il n'en avait aucune idée. Alors, il marchait dans des nuages opaques, sa misérable lanterne éclairant avec difficulté l'obscurité d'encre. Il se sentait oppressé, étouffé. Il avait peur. Du moins se disait-il que-...

-... cette sensation d'insécurité que tu ressens est due à ce sentiment commun qu'on appelle la peur.

Le son de la pendule sortit de sa tête et se mit à résonner dans le vaste espace tandis que le faisceau de la lanterne heurtait un corps.

-Tu n'en as pas marre de marcher ? Lui demanda l'autre garçon d'une voix moqueuse en s'avançant un peu plus à la lumière.

Il était somme toute le parfait reflet d'Harry, à ceci près que ses cheveux avaient quelques nuances rousses plus ou moins prononcées, et qu'il n'avait pas de lumière avec lui, ni ne portait de lunettes.

-Je suis-...

-Je sais qui tu es, le coupa le nouveau venu. Harry. Ça fait tellement longtemps... Tellement longtemps que j'attends que tu meurs.

N'accordant pas le temps à Harry de poser de questions, il continua.

-Tu m'en vois désolé, mais je n'ai pas de nom à te donner me concernant. Je suis mort né, et mes parents m'ont rejoint peu après, aussi, malgré que je vivais à travers toi, je n'ai jamais su le prénom qu'ils voulaient me donner. Mais soyons plus clairs. Je suis ton frère jumeau, et c'est ce lien qui nous uni, bien plus fort chez les sorciers que chez les Moldus qui m'a sauvé. Tout ce temps, j'ai eu une place de choix pour assister avec toi à tout ce que tu vivais et, heureusement pour moi, lorsque tu as effacé ta mémoire, la mienne est restée intact. Mais je suppose que tu moques bien de tout ce que je pourrais te raconter sur ce passé que tu as toi-même annihilé ?

Là encore, il n'attendit aucune réponse de la part de celui qu'il disait être son frère.

-Pour faire simple, tu aurais dû mourir bébé, et j'aurais aussitôt et par réflexe pris ta place. Mais tu as survécu et quelqu'un a par accident glissé un fragment de son âme en toi, me mettant par là même une entrave. Cependant, quand ce morceau d'âme est parti, tu as frôlé la mort, encore, et cela m'a rendu la force physique dont j'avais besoin pour remplacer le réflexe du nouveau né. Et puis tu es enfin mort. Bien sûr, on ne vole pas ainsi le corps de quelqu'un et j'ai besoin de ton aide. Alors... Faisons un marché ! Je te rends la vie, et en échange tu me prêtes ton corps chaque fois que tu ne seras pas en présence de Luna, Mystère, ou celui que tu chéris assez pour le laisser te tuer ; Tom. Évidemment, quelques libertés peuvent être prises par rapport à ces règles. Et tout ceci... sera notre petit secret, conclut-il en gloussant.

Harry ouvrit de grands yeux pleins d'espoir et s'exclama d'une voix vacillante :

-Tu veux dire que si j'accepte je pourrai revoir Tom ?!

Et scella son destin.

-Espérons seulement que tu n'aies pas déjà été enterré..., fit le frère, pince sans rire. Car tic, tac, tic, tac, les minutes, les heures, peut-être même les jours passent tandis que nous discutons. Et puis tu as passé un sacré moment à tourner en rond.

Le frère disparut et la lanterne s'éteignit. Les nuages se firent plus durs et l'ombre cracha son encre, comme si l'oxygène transpirait. Harry recula d'un pas et tomba en arrière. Il se retrouva nu, allongé dans quelque chose de froid et gluant. Quelque chose de lourd s'abattit sur lui et l'empêcha immédiatement de respirer. Il voulut donner des coups, mais son corps était totalement immobilisé. Alors, utilisant l'air qui lui restait, il hurla à s'en détruire la gorge. Le premier hurlement passé, il aspira un peu d'air qui passait par là, laissant couler dans sa bouche un liquide étrange, et recommença.

Avant qu'il eut achevé son cri, la masse sur lui s'envola et de la lumière lui parvint. Il se jeta hors de sa prison, s'écorchant le corps sur ce qui semblait être des crocs. Il cracha ce qui lui était tombé dans la bouche : du sang en phase de coaguler. Horrifié, il poussa plusieurs cris étranglés, jusqu'à ce qu'on le saisisse et le jette dans le bassin d'eau. L'eau glacée le fit taire sur le champ mais éclaircit sa vision jusque là embrouillée de terreur. Tom était là, habillé mais les vêtements trempés, grelottant avec lui. Il passait avec frénésie ses mains sur son corps nu pour le nettoyer du sang du Basilic dans la gueule duquel il était enfermé.

Harry fit de grands mouvements brutaux pour éloigner Tom de lui et sortit de l'eau en titubant. Il s'écroula sur le dallage et l'autre le rejoignit pour l'aider à se relever mais il le repoussa violemment et glapit.

-NE ME TOUCHE PAS !

Puis il se mit à sangloter.

-Pourquoi tu m'as fait ça ?... Pourquoi tu m'as fait ça ?... Pourquoi ?... Pourquoi ?... Pourquoi ?...

Tom retira sa robe de sorcier et enroula Harry dedans avant de le serrer dans ses bras.

-Pardonne-moi... Je ne sais pas. Tu ne me revenais pas ; j'en suis devenu fou. Tout ce qui s'est passé entre le moment où je t'ai perdu et celui où je t'ai retrouvé est flou pour moi. J'étais un autre, comme suspendu au-dessus d'un gouffre aux effluves hypnotiques ; je ne voyais rien, sinon ton absence.

Harry se laissa aller dans l'étreinte et dit d'une voix douce :

-Ça ira maintenant. Nous ne nous séparerons plus.

[... ... ...]

Les portes de la Grande Salle s'ouvrirent à la volée et Harry entra d'un pas conquérant. Il s'avança jusqu'à l'estrade des professeurs et s'exprima d'une voix forte et assurée.

-J'exige une nouvelle répartition !

Les élèves autant que les professeurs poussèrent des exclamations de surprise. Harry avait disparu un peu plus de deux semaines sans donner le moindre signe de vie et réapparaissait maintenant, comme si tout ce temps à ne plus être vraiment lui ne s'était pas écoulé, comme s'il n'avait jamais perdu la mémoire. Mais c'était Severus et Luna, qui savaient pour la réelle cause de la « disparition » d'Harry qui étaient les plus frappés par ce retour inattendu. Severus lutta pour retrouver un semblant de sang froid et Luna s'effondra, subitement mal en point. Harry ignora toutes ces réactions ennuyeuses, défiant du regard Dumbledore d'aller à l'encontre de sa volonté. Le vieillard finit par faire signe à McGonagall d'aller chercher le Choixpeau, et quelques minutes plus tard, Harry partait en vainqueur devant une foule de visages atterrés par le verdict sans appel du Choixpeau ; « SERPENTARD ! ».

[... ... ...]

Severus, assis sur une chaise, faiblement éclairé par la lumière du crépuscule, fixait son plafond sans vraiment le voir. Il était préoccupé. Un peu plus tôt dans la soirée, Luna était venue le voir pour lui annoncer que le Seigneur des Ténèbres avait enfin donné le contre ordre. Remarquant la mine sombre de la jeune fille à l'instant où elle prononçait ces mots, il l'interrogea sur la raison du malaise qu'il percevait. La Serdaigle sembla tout à fait horrifiée et tenta de partir, courant vers la sortie de la chambre, mais il parvint à la rattraper et l'accula, la contraignant à lui répondre. Comme lors de l'épisode du changement de maison d'Harry, elle devint très pâle et poussa un gémissement, tombant de nouveau. Il l'avait alors rattrapée et allongée sur son lit puis avait commencé à tourner en rond comme un lion en cage.

Luna avait retrouvé ses esprits quelques longues minutes plus tard et avait avoué la raison de son mal-être avant de s'enfuir. A présent, l'homme ne savait plus ni quoi faire, ni même où pouvait bien s'être terrée l'adolescente. Il réfléchissait en vain depuis des heures, au point que McGonagall vienne lui dire, une fois le couvre feu passé, que Luna Lovegood avait disparu. Il soupira ; il ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre : les professeurs devaient rester dans l'enceinte de Poudlard pour protéger les élèves. Et Hagrid était déjà en train d'arpenter la Forêt interdite à sa recherche. Il espérait simplement qu'il n'était pas arrivé malheur à la pauvre fille. Elle ne méritait pas ça. Quoiqu'il en soit : l'insomnie le guettait pour la nuit, et Luna encombrait ses sombres pensées.

[... ... ...]

Un choc résonna dans le jardin ; les trois Mangemorts présents autour de la table dans le manoir Malfoy se levèrent, sortant leurs baguettes. Bellatrix s'avança prudemment de l'entrée de sa démarche voluptueuse, comme un tigre prêt à bondir, mais elle dut s'arrêter à mi-distance quand la porte s'ouvrit à la volée, laissant entrer Draco. Le jeune homme était radieux, portant un sourire découvrant toutes ses dents. Ses cheveux à l'or platiné volaient par son pas énergique. Ses ailes étaient à moitié ouvertes, tout juste assez relevées pour ne pas traîner sur le sol.

-Père, mère ! Comme je suis heureux de vous revoir ! Tante Bellatrix, baissez donc ça, vous allez finir par blesser quelqu'un ! Mais c'est qu'il n'y a pas un chat dans ce manoir ! L'absence du Maître les a-t-elle tous fait déserter ? Bah, cette armée est vouée à disparaître, de toute façon ! Oh, mais j'oubliais !

Il appela des elfes de maison à qui il ordonna de tailler une chemise qu'il put mettre avec ses ailes. Enfin, il monta vers les appartements du Maître, laissant sa famille derrière lui. Lucius voulut le suivre, mais Narcissa l'en empêcha en se plaçant devant lui.

-Ne sois pas stupide, Lucius, tu vois bien qu'il n'a plus de compte à rendre à personne, jubila-t-elle.

Lucius s'éloigna d'elle.

-Tu es folle. Aussi folle que ta sœur.

La dite sœur vint se placer à côté de Narcissa, s'amusant de la situation, tandis que l'épouse Malfoy crachait son venin.

-Mon pauvre... pauvre Lucius. Croyais-tu vraiment pouvoir m'arracher mon propre fils ?

-Tu l'as empoisonné dès son enfance ! Je n'ai jamais voulu te prendre ton fils, mais c'est aussi le mien et je devais le protéger !

-Oui, et j'admets qu'en le mettant au service total et exclusif du Lord, tu as joué avec astuce. Il a failli m'échapper mais-...

-Mais rien, mère, coupa sèchement Draco. Rien, répéta-t-il tandis que sa mère et sa tante se tournaient vers lui. Vous imaginiez-vous vraiment que j'allais reprendre le flambeau du Lord ? Tuer des moldus sans défense n'ayant même pas connaissance de notre existence ? J'ai d'autres projets certainement plus grands que le Maître n'en rêva jamais !

Narcissa, loin de s'offusquer de la hargne défiante de sa progéniture, se jeta presque sur lui. Draco l'esquiva d'un mouvement irrité. Elle tomba, Bellatrix se précipitant pour l'aider. Le jeune homme sortit les griffes, des écailles se dévoilant au bord de ses yeux. Nagini, enroulée autour de son torse, siffla.

-Quels sont ces projets ? Dis-le moi ! Supplia presque Narcissa, avec un air de fidèle en adoration, le même qu'arborait Bellatrix devant le Seigneur Noir.

Draco recula, dégoûté.

-Comment ai-je pu ne rien y voir ?... Tout ce temps, toutes les deux... Moi qui croyais que vous vous morfondiez d'un mari soit disant abject ; en réalité vous ne rêviez que de jeux interdits entre membres d'une même famille. Que croyiez-vous faire avec moi, au juste ? Non ! Ne répondez pas ! Je ne veux pas attendre un mot de plus sortir de vos bouches infectes ! Vous baignez dans la putréfaction la plus totale des mœurs.

Il rejoignit la porte, saisissant au passage la chemise commandée qu'un elfe lui tendait, puis s'arrêta dans l'embrasure. Il dit avant de partir ;

-Un conseil, tenez vous à l'écart de Poudlard, quand bien même le Maître vous y convierait.

Dehors, Charlie et Sagesse l'attendaient. Draco monta sur la dragonne qui s'envola, prenant la direction de Poudlard. Charlie, derrière le cadet, voyait bien que quelque chose s'était passé, mais il ignorait comment demander quoi au Mangemort. Alors il parla, mais sur un tout autre sujet.

-Quand nous l'avons fait, à la réserve...

Draco tourna la tête sur le côté pour voir Charlie du coin de l'œil.

-Oui ?

Le Weasley se gratta la tête, l'air plus embarrassé qu'il n'aurait voulu le paraître.

-Ta dragonne, elle était juste à côté, non ?

Le Malfoy pouffa avant de répondre sur un ton rassurant.

-Elle s'était éloignée, et puis elle est aveugle je te rappelle.

-Ah, fit Charlie, dans un soupir de soulagement.

Cependant, Draco rajouta, visiblement très amusé.

-Cela dit, nous avons peut-être fait un peu de bruit.

Charlie ne parvint à savoir s'il y avait ou non une part de sérieux dans ce propos, mais se prit à sourire face au léger rire qui échappa à Draco. Mais le Mangemort s'assombrit de nouveau bien vite, et le dresseur finit par poser la question qui lui brûlait les lèvres.

-Qu'est-il arrivé ?

Draco leva les yeux, observant les nuages. Il répondit sur un ton amusé qui sonnait faux.

-J'ai haïs mon père toute ma vie d'être un faible chien qui traitait ma mère comme un morceau de chair auquel il s'était marié... et je viens de me rendre compte qu'il était en réalité celui qui me protégeait, quitte à s'attirer les foudres du monde et à causer un mal impardonnable tandis que ma mère couchait avec ma tante et s'escrimait à me rendre toujours plus monstrueux. C'est elle que j'aurais dû haïr et craindre ; je me suis fait manipuler, et maintenant je ne sais plus si ce que je fais ou pense est véritablement de moi.

L'aîné ne savait quoi répondre à cela, alors lorsqu'il reprit la parole, se fut encore sur un sujet différent.

-Faudrait penser à te changer, un Malfoy avec une chemise déchirée, ça ne fait pas très sérieux.

Draco acquiesça et déboutonna la chemise qu'il avait trouée pour ses ailes et Charlie l'aida à la retirer. Celle que l'elfe avait donné à Draco avait été taillée dans une chemise basique blanche ; on en avait simplement retiré le dos. Pour un travail de seulement quelques minutes, c'était bien exécuté, et au moins, c'était bien plus propre qu'une chemise trouée. Draco la revêtit, et ils passèrent le reste du voyage en silence. Lorsqu' enfin les tours de Poudlard furent en vue, Draco se laissa basculer de la dragonne sans prévenir. Charlie poussa un cri, et le Mangemort déplia ses ailes, remontant aussitôt et venant voler à côté du Weasley.

-Ne refais plus jamais ça ! Ordonna Charlie, en colère.

-Désolé, je n'ai plus volé depuis que nous sommes avec Sagesse ! J'avais besoin de me dégourdir les ailes avant d'être à Poudlard..., s'excusa Draco, l'air véritablement peiné.

Mais Charlie ne se calma pas.

-Ta fichue dragonne est aveugle sans toi ! Remonte dessus !

Une partie du Malfoy sembla vouloir obéir à l'ordre, mais l'autre lutta contre.

-Sagesse ne nous emmènera pas jusqu'à Poudlard... Enfin, je veux dire, elle va passer loin au-dessus, mais je ne vais pas la faire atterrir dans la cours ; elle sèmerait la panique. Déjà que ma seule apparence..., expliqua Draco, l'air plus abattu encore.

Charlie voulut répliquer quelque chose, mais le Mangemort reprit.

-Je veux dire... Pas que je me soucis du jugement des gens mais... Moi-même je ne sais pas trop comment me considérer. J'aurais probablement du mal à affronter le regard de mon propre reflet, alors celui des autres... Même si, au final, le seul regard qui m'importe... c'est le tien.

-Tu ne devrais pas. Je sais que c'est ta nature de Vélas ; mais moi je ne veux pas d'un amoureux transi. Les personnes comme ça sont ennuyeuses. Efforce-toi de me détester.

Le ton de Charlie avait été dur, avec une once de reproche, mais Draco y trouva une lueur d'espoir ; après tout, le Weasley cherchait en quelque sorte à le rendre plus attrayant encore pour lui. Il comprit à cet instant à quel point Charlie pouvait, et voulait, être dominant. Il avait une vision bien tranchée de « l'amour », et du couple, et cherchait à l'imposer. Cela allait un peu, voire complètement, à l'encontre de la nature Vélas de Draco, mais plaisait énormément au résidu de son lui humain. Charlie était une bête sauvage que la civilisation et ses lois morales avaient obligé à se terrer.

Draco devinait à présent que le Weasley avait dû enchaîner les partenaires d'un soir ; car qui voudrait rester avec un homme aussi brutal que l'ancien Gryffondor ? Probablement même s'était-il fait une telle réputation que les seules personnes qui acceptaient d'avoir des rapports avec lui étaient des désespérées ou des avides de sensations fortes. Charlie était ce genre de personne jugée déviante qui prenait plaisir à briser la personne dans son lit, et Draco saisissait la raison de son viol dans les douches ; un corps d'une beauté sans pareille, vierge, et qui le haïssait profondément. Il devait être l'incarnation des fantasmes du dresseur, et il se promettait de le rester.

-Je ferai mon possible, promit-il.

Charlie lui offrit un sourire carnassier, assaisonné de perversion.

-Il a certaines choses qu'il faudra qu'on essaye.

Puis, voyant que Poudlard n'était plus qu'à quelques centaines de mètres, décida de s'amuser.

-J'espère que tu as des réflexes, déclara-t-il avant de se laisser tomber de la dragonne à son tour, Sagesse ne l'ayant pas sanglé de lierres.

Il chuta sur quelques mètres avant que Draco ne saisissent son bras gauche à pleines mains, le serrant de toutes ses forces. Charlie leva les yeux vers son sauveur dont l'air paniqué ne manqua pas de le faire jubiler. Draco était tellement secoué qu'il ne parvint qu'à bredouiller une phrase sans queue ni tête.

-Allons, se moqua le dresseur, je savais que tu me rattraperais.

Il perdit son sourire lorsque des larmes commencèrent à lui tomber dessus.

-Si tu mourais..., sanglota Draco, si tu mourais...

Il battait frénétiquement des ailes. Sagesse était déjà loin.

-Si tu mourais...

Charlie n'eut même pas la force de se fâcher contre cet élan romantique, il s'écria ;

-Ok ! Ok, plus de farce de ce genre ! Amène-nous à Poudlard.

[... ... ...]

C'est par hasard que Severus trouva Luna. Il marchait à l'extérieur du château quand il avait entendu le bruit du saule cogneur. Il était allé voir, et avait trouvé à l'arbre en train de désespérément s'efforcer de tuer Luna qui était assise, à seulement quelques centimètre hors de sa portée. Elle regardait l'arbre fracasser ses branches juste devant elle, de marbre, des cernes comme des valises sous les yeux. Elle était vêtue comme à l'accoutumée ; c'est à dire étrangement, malgré l'uniforme au gilet gris, du fait du gros collier de perles turquoises et des boucles d'oreilles en plume blanche et rouge. Elle avait des tresses dans les cheveux et un pic de bois en retenait quelques unes à l'arrière de sa tête. Le maître des potions s'approcha prudemment.

-Mademoiselle Lovegood, écartez-vous de cet arbre.

La Serdaigle ne lui adressa pas un regard, se contentant de répondre, dénuée de toute émotion ;

-Pourquoi ? C'est très enrichissant. Ma vie ne tient qu'à quelques centimètres... Quelques tout petits centimètres et je rejoindrai ma mère. Je suis à la frontière. La mort est là, qui me tend les bras, et je ne possède pas un bout de sa cape.

-Mademoiselle Lovegood, ne dites pas d'idioties. Vous êtes trop jeune pour mourir.

-Comme Lily Evans ?

Severus écarquilla les yeux.

-Je vous demande pardon ?

-Lily Evans, répéta Luna.

-Pourquoi parlez-vous d'elle ? Demanda le maître des potions d'une voix blanche.

-Parce que c'est comme ça que vous m'appelez.

-C-comment ?!

-Les soirs, sous les ordres de Voldemort, vous m'appeliez Lily, expliqua-t-elle. Elle était trop jeune, je suppose, elle aussi. Croyez-vous que je suis elle ? Avez-vous fini par vous en persuader ? Est-ce pour cela que vous essayez de me sauver ?

Elle tourna le regard vers lui ; une mèche de ses cheveux ondulés lui barrait le visage.

-Ou avez-vous quelque affection ? Je sais bien que non, ne vous inquiétez pas.

Elle regarda de nouveau l'arbre.

-Je vais vivre ; attendre de voir si Harry à encore besoin de moi. Mais quoi qu'il advienne, je partirai avant que cela ne se sache. Vous n'aurez pas de problème.

Elle se leva.

-Il faut aller manger, maintenant. Et puis, il y a eu une ombre dans le ciel ; c'était un dragon. Un dragon gigantesque. Il pourrait arriver des choses intéressantes.

[... ... ...]

Ron se leva d'un bond.

-C-Charlie ?

Le dresseur se trouvait à la porte de la Grande Salle. Il regarda son frère venir à lui, accompagné d'Hermione. Quelques personnes avaient cessé de parler pour s'intéresser au nouveau venu à la visite imprévue.

-Qu'est-ce que tu fais là ? Demanda le plus jeune des deux frères.

-La réserve a été détruite, il n'en reste rien, répondit Charlie, faisant s'arrêter d'autres conversations. Il n'y a que Malfoy et moi à avoir survécu.

D'autres se turent encore.

-Malfoy ? Il est ici ? S'enquit Hermione.

-Oui, il est parti se refaire une beauté. Il ne devrait pas tarder à arriver. Je n'ai rien avalé depuis qu'on a fui les décombres, je meurs de faim, déclara le dresseur en allant s'asseoir à la table des Gryffondor.

-M-mais, ça va, toi ? S'inquiéta Ron. Tu n'es pas blessé ?

-Non.

-Qu'est-ce qui s'est passé, à la réserve ? Voulut savoir Hermione.

Elle n'eut pas la réponse ; un cri strident retentit, suivi d'un mouvement de panique. Dumbledore dut se lever pour rétablir le calme. Ron et Hermione, dont l'attention avait été attirée par le directeur, la reportèrent vers l'entrée de la Grande Salle ; droit et fier, Draco avançait vers Charlie, d'immenses ailes noires dépliées d'un quart, juste assez pour impressionner sans paraître agressif. Il avait laissé apparaître quelques écailles au bord de ses yeux, pour la touche d'exotisme, et lorsqu'il parla, Ron et Hermione purent voir des crocs de chiens bien plus aiguisés qu'ils ne l'auraient dû.

-Je ne vois pas Potter ; qu'est-ce que vous en avez fait ?

-Ça ne te regarde pas, Malfoy ! Cracha Ron.

Draco sourit, avec un amusement non feint. Il l'ignora et s'adressa à Charlie.

-Il faudra qu'on parle, après.

-Ouais, ouais, grogna le dresseur.

Le Mangemort s'efforça de paraître irrité, alors qu'il était en réalité blessé par le ton brutal employé, mais il ne répliqua pas. Il tourna son regard vers la table des Serpentard et la surprise marqua ses traits. Il fronça les sourcils ; lança un regard interrogateur aux deux membres du trio d'or, puis alla s'asseoir à sa table, à côté d'Harry Potter. Le Survivant portait l'uniforme vert et argent. Mais à peine eut-il atteint la table que Harry se retourna brusquement ; son visage froid s'éclaira comme celui d'un enfant, et il sauta au cou du Vélas.

-Mystère ! Tu es revenu !

Draco, entraîné par le poids de ses ailes disproportionnées, tomba à la renverse, n'ayant pas même le réflexe de mettre ses mains derrière lui pour amortir sa chute. Il resta ainsi ; couché sur le sol, le souffle court, les ailes grandes ouvertes étendues sur le sol de la Grande Salle, Harry assis sur lui.

-Où sont tes dragons ? Demanda Harry, son ton toujours enfantin. Dis, dis, tu les as amenés, hein ? Tu me les montreras ?

Draco ne savait que répondre. Harry venait, en l'espace de quelques secondes, de briser son image, et de révéler, non seulement leur relation amicale, mais aussi l'existence de ses dragons. Il se redressa, repoussa Harry et se releva. Le garçon à la cicatrice s'exclama alors ;

-Oh ! Et il faut absolument que je te présente Tom !

Le silence qui s'était abattu n'était pas total, quelques personnes osaient encore murmurer à l'oreille de leur voisin. Les professeurs s'étaient tous levés. Tous sauf le maître des potions, qui était absent. L'effet que ses agissements avaient produit semblaient totalement passer au-dessus de la tête d'Harry, qui fixait Draco de ses grands yeux verts pétillants avec un sourire qui dévoilait toutes ses dents blanches. Le Mangemort se passa une main sur le visage ; il eut un rire nerveux, puis rendit un faible sourire à celui qui fut l'Élu. Il renonça à reprocher à Harry sa conduite insouciante, car il aurait alors fallu expliquer au nouveau Serpentard pourquoi, et se contenta de répondre dans un soupir.

-Laisse-moi prendre un peu de nourriture, avant, d'accord ?

Charlie soupira à son tour, en voyant les regards sidérés, et les bouches grandes ouvertes, non seulement des élèves, mais aussi des professeurs. Il se fit la remarque que personne n'était bien réactif dans cette école, pour des gens qui étaient censés être en guerre. Alors que Draco, à la table des Serpentard, se constituait un plat de nourriture, les portes de la Grande Salle s'ouvrirent à nouveau, bien que cela fut cette fois sur Luna et Severus. Ils marquèrent un temps d'arrêt, eux-aussi. Quelques élèves de Serdaigle coururent auprès de Luna, et Severus rejoignit la table des professeurs. Draco, qui s'apprêtait à sortir de la Grande Salle, s'arrêta près de la Serdaigle folle. Les amies de celle-ci reculèrent, et le Vélas vint lui souffler quelques mots.

-Je protégerai Harry, toi, tiens-toi prête à fuir d'ici.

-Pourquoi cela ? S'enquit-elle d'une voix sans ton.

Draco répondit plus bas encore.

-Parce que je vais détruire cette école, avant que Voldemort n'oblige Harry à le faire. Tu n'y vois pas d'inconvénient, n'est-ce pas ?

-Si tu pouvais supprimer Voldemort avec, ce serait parfait.

Le Mangemort qui trahirait bientôt son maître observa la jeune fille du coin de l'œil. Il émanait d'elle une rage sourde, un cri réprimé de vengeance.

-Rien ne me ferait plus plaisir, affirma Draco, mais c'est impossible, et tu sais très bien pourquoi. Néanmoins, reprit-il après avoir vérifié qu'Harry ne pouvait l'entendre, si un jour les sentiments d'Harry pour cette ordure faiblissent, je saurai... intervenir.

-Je suis ton obligée, déclara Luna.

Et Draco était certain de voir briller dans ses yeux clairs la flamme de l'impatience. Il s'en fut, Harry sur les talons. La plupart des professeurs désertèrent leur table, Luna rejoignit la sienne. Le repas reprit, animé du son des couverts tintant, et des quelques conversations hésitantes. Charlie à la table des Gryffondor, subissait l'interrogatoire de son frère. Il ne répondit à aucune des questions. Seulement, alors qu'il terminait de manger, il fut bien contraint de répondre à l'une d'elles quand Ron se leva pour taper du poing sur la table.

-Putain, Charlie, réponds ! Pourquoi tu n'as pas semblé surpris de voir Harry et Malfoy si proches ?!

-Tsss, fit Charlie, exaspéré, parce que je l'avais deviné ! Il avait reçu une lettre annonçant la mort d'Harry et quand je lui en ai parlé, il a été à deux doigts de me sauter à la gorge, hurlant qu'Harry « ne pouvait pas » être mort ! Et puis bordel, qu'est-ce que ça peut te faire ? Harry est assez grand pour choisir ses fréquentations !

-Pas ce « genre » de fréquentations !

Charlie serra les poings, mais répliqua très calmement.

-Malfoy n'est pas plus mauvais qu'un autre.

-Non mais je rêve ! Tu le défends maintenant ?!

-Il m'a sauvé la vie, Ronald ! Il aurait pu me laisser crever avec tous les autres, mais il m'a sauvé ! Alors certes, c'est lui qui a causé la perte de la réserve, avec ses fichus dragons, mais après tout le mal que je lui avais fait, il m'a quand même sauvé !

Mais Ron ne voulait rien entendre ; il répétait, outré :

-Tu le défends. Je n'y crois pas, tu le défends ! Tu le défends ! Tu défends ce... cette chose !

Ce fut au tour de Charlie de lever. Il attrapa Ron par le col et le traîna hors de la Grande Salle, suivi de près par Hermione. Ils s'éloignèrent de la Grande Salle, et quand Charlie jugea qu'ils étaient assez loin, il plaqua son petit frère au mur et dit, froidement, mais des menaces de mort dans les yeux :

-Plus un mot sur ce qu'il est, Ron. Plus un mot, ou tu le regretteras amèrement.

[... ... ...]

Draco avait enfin le ventre plein. Il soupira de contentement ; il se sentait revivre. Allongé près du cadavre du Basilic, les ailes étendues, étirées à leur maximum sur le sol, il fixait le plafond, une main sur le ventre, et une jambe repliée. Harry était parti depuis un moment, lui demandant d'attendre, sans lui dire où il allait ni pourquoi. Finalement le garçon à la cicatrice finit par revenir ; il s'assit près de Draco... une bouteille d'huile épaisse à la main. Il la déboucha, et demanda au Vélas de se redresser. Draco obtempéra, avec un regard interrogateur. Harry se versa dans une main une généreuse portion d'huile à l'allure de crème et commença à glisser ses mains sur une première aile. Draco frissonna au contact, et Harry daigna enfin fournir quelques explications.

-J'ai vu qu'elles étaient toutes sèches, abîmées, comme si la membrane était prête à se déchirer. J'ai pensé qu'elles avaient besoin d'être nourries, elle aussi.

Le garçon aux cheveux indisciplinés avait parlé d'une voix posée, et douce. On sentait bien toute l'affection qu'il portait au Mangemort. Alors, pendant de longues minutes, Harry enduisit d'huile, massa, caressa, avec toute l'attention requise, les grandes ailes noires, déviant parfois sur les épaules de Draco, faciles d'accès grâce au dos-nu de la chemise. Le Vélas soupirait d'aise ; il se demandait si Charlie n'accepterait pas parfois de lui offrir un tel moment de détente. Achevant son œuvre, Harry entoura Draco de ses bras, venant glousser à son oreille. Draco lui rendit son rire, et ils restèrent serrés l'un contre l'autre pendant un certain temps, à se raconter des bêtises. On eut dit qu'ils étaient amis de longues dates, presque des frères. Ils ne virent pas ni n'entendirent, derrière eux, Tom reculer, horrifié.

[... ... ...]

Charlie rôdait plus qu'il ne marchait dans les couloirs de Poudlard, à la recherche de Draco. Il poussait à intervalle régulier des soupirs exaspérés ; mais où avait donc été se terrer le Vélas alors qu'il voulait soit disant lui parler ? Le dresseur était d'autant plus en colère qu'il ne pouvait s'empêcher d'être jaloux d'Harry alors même qu'il savait qu'il était impossible que Draco ressente pour le Survivant les mêmes sentiments qu'il avait à son égard du fait qu'il était son compagnon. Les mains dans les poches, tendu, il finit par ne plus vraiment faire attention à ce qui l'entourait, et c'est ainsi qu'il ne vit pas se planter devant lui un jeune homme. Leurs épaules se rencontrèrent brutalement et Charlie se tourna aussitôt vers l'autre sorcier.

-Tu ne peux pas faire attention où tu v-...

Il se tut en voyant que l'autre avait brandi sa baguette et le fixait, le regard fou. Des larmes dévalaient ses joues pâles mais il ne semblait pas s'apercevoir de leur présence. La cloche sonna et la porte de la salle de classe à côté d'eux s'ouvrit. Bien sûr, il avait fallu que ce soit celle de son frère. La plupart des élèves hoquetèrent, d'autres poussèrent des cris paniqués. Personne ne semblait connaître le sorcier aux yeux de sang. Charlie voulut tirer sa baguette de sa poche mais son agresseur hurla alors ;

-PAS UN GESTE !

Un rire sans joie secoua le fou.

-Tu vas mourir, Charles Weasley.

Certains élèves se préparaient à l'attaque, mais Tom les figea d'un cri.

-Je suis Tom Marvolo Riddle ! Je suis Lord Voldemort !

Des élèves détalèrent comme des lapins. Le fantôme qu'était le professeur d'histoire de la magie était partagé entre aller prévenir ses collègues ou rester à surveiller ses élèves, oubliant qu'il n'était d'aucune utilité en combat. Charlie demeurait froid comme de la glace.

-Et pourquoi est-ce que vous voulez me tuer ?

-Ton Vélas ! Je l'ai vu ! J'aurais pu le tuer, mais rien ne lui ferait plus mal que te perdre ! Je veux le voir hurler, et pleurer devant ton cadavre ! Je veux le voir te rejoindre dans la souffrance !

Charlie haussa les épaules.

-Il vous tuera avant de s'ôter la vie.

Tom perdit patience.

-Avada Kedavra !

Charlie se jeta au sol, évitant le sort de mort de justesse et sortit sa baguette. Mais au lieu d'attaquer, il prit ses jambes à son cou. Tom le suivit. Luna surgit alors à côté de Ron et Hermione.

-Fuyez. Vite.

-Luna ? L'interrogea Hermione, les yeux exorbités.

-Faites-moi confiance. Partez. Réfugiez-vous dans la Forêt interdite. Je m'occupe de prévenir Ginny.

Ron tenta de dire quelque chose mais les explosions d'un combat retentirent à l'intérieur de Poudlard. Hermione attrapa Ron par le poignet et le tira vers la sortie. Arrivés à l'extérieur du château, ils se rendirent à la cabane d'Hagrid qui était sorti de chez lui, alerté par les explosions. Ils n'eurent pas le temps de lui expliquer quoi que ce soit ; Severus Snape arrivait en courant vers eux.

-Qu'est-ce que vous fichez encore ici ?! Dans la Forêt interdite, plus vite que ça !

-Qu'est-ce qui se passe, professeur ? L'interrogea Hagrid.

-PARTEZ ! Vociféra Snape pour toute réponse.

-Et Harry ?! Enragea Ron. Et ma soeur ?!

Alors qu'il disait cela ; Ginny arrivait à leur tour.

-Qu'est-ce qui se pas-..., voulut savoir Ginny avant d'être interrompue par son professeur de potions.

-Où est Luna ?!

-J-Je ne sais pas ! Elle a dit qu'elle allait chercher Harry, mais elle n'a pas dit où !

-L'imbécile ! Rugit le Mangemort. Allez tous dans la Forêt interdite ! Hagrid vous protégera ! Leur cria-t-il avant de retourner vers le château.

Hagrid les poussa alors vers la sombre forêt, cependant ils se figèrent en lisière pour se retourner lorsque les bruits d'explosions retentirent à l'extérieur. Charlie et celui qui prétendait être Voldemort se battaient en duel à l'extérieur. Ils blêmirent tous ; Charlie était en mauvaise posture et il ne devait sa survie qu'à ses réflexes qui faiblissaient un peu plus à chaque sortilège.

-Il faut aller l'aider..., fit Ron, aussi pâle qu'un cadavre, en courant vers eux.

Hermione et Ginny s'élancèrent après lui, et elles entendirent Hagrid leur crier de revenir. Le visage du prétendu Voldemort était déformé par une rage désespérée, et celui de Charlie par une colère fatiguée. Il posa un genoux à terre ; les trois potentiels sauveurs étaient trop loin pour lui venir en aide. Tom pointa sur lui sa baguette ; il y eut un rugissement des plus bestiales et Tom se retrouva propulsé sur plusieurs mètres par un Vélas en furie. Ron, Hermione et Ginny s'arrêtèrent ; Voldemort avait lâché sa baguette et Draco, assis sur lui, levait une main pourvue de griffes acérées, prêt à lui trancher la gorge. Alors Harry attrapa le bras que le Mangemort levait.

-Non ! Non, laisse-le ! Laisse-le, je t'en prie ! Laisse-le !

Draco hésita une fraction de seconde et se fut suffisant à Tom pour se saisir de sa baguette et crier ;

-Endoloris !

Le Vélas poussa un hurlement déchirant et commença à se tordre de douleur. Les genoux de Ginny cédèrent. Charlie leva sa baguette en direction de Voldemort et Harry se mit aussitôt devant Tom.

-Laisse-le ! Laissez-le tous !

Le Doloris cessa et Draco resta sur le sol à gémir.

-Impero ! S'écria alors Tom, visant toujours Draco.

Le visage du Vélas se vida de toute émotion et la couleur de ses yeux devint terne. Il se leva et se tourna vers Charlie, toutes griffes dehors.

« Tue-le. »

Résonnait la voix de Tom dans sa tête.

C'était à la fois étrange et douloureux. Draco se sentait animé d'une haine vengeresse envers Charlie, voulant à tout prix le voir mort, mais d'un autre côté... il entendait sa propre voix hurler de désespoir, comme si un autre lui piégé dans une toile d'araignée en fils d'acier se débattait quitte à s'en rompre les os.

« Tue-le. »

Charlie dardait sur lui un regard féroce. Non, pas sur lui. Sur quelqu'un derrière lui. C'était aussi sur cet autre qu'il pointait sa baguette. Le dresseur leva alors les yeux vers le Vélas, puis vers le ciel et éclata de rire. Un rugissement à en faire trembler la terre leur vrilla les tympans. Un dragon titanesque passa au-dessus de la Forêt interdite, crachant des flammes à la chaleur solaire. L'incendie qui se déclara alors était si puissant que les arbres semblaient faits de neige. L'Impérium se rompit et Draco tomba en avant. Charlie le rattrapa et ils virent, serrés l'un contre l'autre, Force se poser. Ses yeux n'étaient plus que deux petits soleils, et tout son corps était enflammé par la lave en fusion qui débordait de sous ses écailles. Ses ailes à la taille inimaginable étaient à présent deux jets de flammes à peine solides. Sa gueule s'ouvrit au-dessus de Tom et Harry.

-Non ! Force ! NON ! Paniqua Draco.

Mais la dragonne n'avait que faire de son avis ; elle allait sans remord cracher son torrent de flammes. Cependant, au dernier moment, elle se ravisa et regarda Poudlard. Elle avait humé l'odeur des centaines d'êtres humains que le château recelait. Agitée par une frénésie sanguinaire, elle enfonça les pattes dans la terre, prit une profonde inspiration... puis cracha ses flammes. Les vitres du bâtiment explosèrent et une tour se brisa. Alors Draco entra dans une sorte de transe.

-Ce n'est pas grave, c'est ce que je voulais. Ce n'est pas grave, c'est ce que je voulais. Ce n'est pas grave, c'est ce que je voulais. Ce n'est pas grave, c'est ce que je voulais.

-Draco, arrête-la ! Lui ordonna Charlie.

-Ce n'est pas grave, c'est ce que je voulais. Ce n'est pas grave, c'est ce que je voulais. Ce n'est pas grave, c'est ce que je voulais. Ce n'est pas grave, c'est ce que je voulais.

-DRACO ! ARRÊTE-LA ! Répéta le dresseur en secouant le Vélas.

Les genoux d'Hermione avait eux aussi cédés, et Ron en proie à une soudaine folie avait saisi Harry par le bras et hurlait à quelques centimètres de son visage.

-TOM MARVOLO RIDDLE ! LORD VOLDEMORT ! UN ASSASSIN GENOCIDEUR DE MASSES ! PENDANT QUE TOUT LE MONDE MOURAIT D'INQUIÉTUDE A TON SUJET, TU LUI PERMETTAIS D'ENTRER AU CHÂTEAU ! TU N'ES QU'UN ABOMINABLE TRAÎTRE ! JE TE FAISAIS CONFIANCE ! REGARDE LE RÉSULTAT !

-Il s'appelle Tom Elvis Jedusor, se contentait de répéter Harry en boucle.

Ginny pleurait abondamment et Tom était dans un état second. Hagrid ne sortait toujours pas de la forêt incendiée, ni aucune autre créature. Le feu gagnait du terrain, et rien ne fuyait les flammes meurtrières. N'y avait-il déjà plus rien qui vive ? Force allait souffler une seconde fois, mais Sagesse plongea sur elle du haut du ciel. Les deux dragonnes roulèrent dans les résidus de la forêt, rugissant avec colère. Sagesse luttait comme un démon contre Force, se brûlant les pattes sur la chair enflammée. Sa propre peau, sans défense, se faisait déchirer par les griffes incandescentes de la dragonne aux flammes. Sagesse tentait de se couvrir de lierre, d'écorce. Force referma ses crocs sur sa gorge et envoya Sagesse s'effondrer sur Poudlard. Les premiers murs cédèrent, et le toit s'écroula à plusieurs endroit. Sagesse prit à son tour une profonde inspiration et cracha un ouragan. Force fut projetée au milieu de la Forêt interdite. Mais Sagesse n'alla pas achever son adversaire ; elle était épuisée. Force commença à se relever, et elle n'était pas prête à abandonner le combat. Draco ferma les yeux, affligé.

-Courage... Courage... Courage...

Il y eut un rugissement lointain.

-Courage... Courage... Courage...

De plus en plus proche. Force avançait en chancelant vers Sagesse.

-Courage... Courage... Courage...

L'air devint glacé, et les flammes faiblirent. Courage se planta entre Sagesse et Force. Un nouveau combat s'engagea. Mais il dura bien moins longtemps. Courage était bien plus rapide et agile que Force, du fait qu'elle était bien moins corpulente et fatiguée. Elle mit Force à terre, écrasa une patte avant sur la tête aux yeux solaires, et souffla un blizzard dont des pics de glace formés par le froid se plantèrent partout sur Force. Draco se précipita vers Sagesse qui trouva la force de se redresser et de grimper se coucher sur Poudlard. Elle ferma les yeux, en gémissant. Du bois poussa de partout, venant soutenir les murs, réparer le toit et les tours. Des feuilles apparurent, le bois bourgeonna. Poudlard devint bientôt une forteresse verdoyante. La Forêt interdite repoussa, et les arbres devinrent gigantesques, créant une véritable barrière naturelle. Sagesse se couvrit à son tour d'écorce, et de petits arbres lui poussèrent sur le corps. Le silence se fit, plus rien ne bougea. Draco attendit, mais Sagesse ne rouvrit pas les yeux.

Les élèves et les professeurs survivants se ruèrent hors du château ; ils étaient très peu. Draco reconnut ses anciens amis. Quelques uns de ceux de Ron et Hermione. Il y avait aussi des Poufsouffle et des Serdaigle. McGonagall était là. Ainsi que Chourave. Cela ne faisait qu'une trentaine de personne. Des sanglots attirèrent leur regard. Luna était courbée au-dessus d'une personne dont la tête était posée sur ses genoux ; elle lui caressait les cheveux. Un grand éclat de verre, celui d'une des fenêtres, était enfoncé dans le ventre de Severus Snape, professeur de potions.

-Voilà une berceuse pour clore tes yeux... Adieu..., chantonna-t-elle, entre deux sanglots. Mon mépris pour toi est mon aveux... Tu n'es rien, je n'peux être malheureuse... Enfin... Voilà une berceuse pour clore tes yeux... Adieu...

Draco serra les poings.

-Ce château m'appartient à présent ! Quittez cet endroit pendant que je vous en laisse encore l'occasion !

Les élèves tressaillirent et s'enfuirent, suivis des deux professeurs, et imités par Ron, Hermione, et Ginny. Les yeux de Draco allèrent des fuyards au cadavre de Sagesse en passant par la dragonne soumise et son adversaire de glace. Il alla vers Force qui soufflait avec difficulté. Il eut un sourire défait.

-Tu seras toujours ma petite Force, mais tu ne peux rester ici. Pars ; emmène c'est deux là avec toi, dit-il en lui montrant Tom et Harry. Tu peux continuer de libérer des dragons, mais guide les en un seul endroit dont ils feront leur terre. Ne reviens jamais ici, et ne tue plus personne, sinon je me verrai contraint d'envoyer Courage mettre un terme à tes jours.

Courage libéra Force qui se redressa et brisa les pics de glace d'un mouvement d'aile. Son sang coulait, mais elle n'en mourrait pas. Elle invita Harry et Tom à monter sur son dos, et s'envola.

-Quant à toi, dit Draco à Courage, emmène Severus et Luna avec toi. Je te mets au service de Luna. Protège-la, elle et sa famille.

La dragonne obéit et emporta les deux sorciers.

-Et toi, qu'est-ce que tu vas faire ? Lui demanda Charlie.

-Tuer du Mangemort.

Le silence s'abattit de nouveau. Draco se tourna vers Charlie.

-Comment en suis-je arrivé là ? Ai-je été trop ambitieux ? Trop monstrueux ?

Il semblait proche de l'effondrement.

-Est-ce que je te dégoûte ?

Pour toute réponse, Charlie regarda Poudlard, puis sourit.

-Il suffira de modifier un peu l'histoire, et l'on deviendra des héros.

[... ... ...]

ONZE ANS PLUS TARD

DES SECRETS BIEN GARDES

« Voilà quelque chose de bien étrange que les événements qui se déroulèrent à Poudlard, jadis prestigieuse école de sorcellerie de Grande Bretagne.

Les témoignages avaient affirmé que Lord Voldemort, sous des traits humains, et même beau, à l'inverse de l'apparence reptilienne qu'on lui prêtait, était parvenu à entrer dans Poudlard, pour tenter de tuer Charlie Weasley, survivant du massacre de la réserve de dragons Roumaine où il travaillait. Puis, il avait été question de dragons titanesques qui s'étaient entre-tués, l'un d'eux après avoir ravagé l'école. Partout dans le monde, des sorciers affolés n'avaient cessé alors d'affirmer avoir vu ces dragons survoler villes et villages, en direction d'autres réserves. Aujourd'hui, aucune réserve ne subsiste et tous les dragons, quels qu'ils soient, se sont volatilisés.

Où est la vérité ? Ronald Weasley et Hermione Granger, meilleurs amis du Survivant, ont toujours refusé de témoigner. La rumeur courait que le Garçon-Qui-A-Survécu avait rejoint les partisans de Vous-Savez-Qui. Étrange rumeur... Mais, suite à la bataille dite de Dieux-Ailés, des Mangemorts ne cessèrent d'être déposés morts devant les marches du ministère de la magie. Un justicier œuvrait dans l'ombre. Beaucoup pensèrent à Harry Potter, cependant, un jour, Narcissa Malfoy surgit dans une foule de sorciers qui demandaient des explications, et hurla qu'il s'agissait de son fils. Qu'il était le nouveau maître, le seigneur d'une nouvelle ère. Tous refusèrent d'y croire ; mais au moment où les Aurors s'en allaient saisir la femme, Draco Malfoy, devenu un Vélas aux ailes d'envergure, apparut aux côtés de Charlie Weasley. Le second fils de la famille Weasley parla.

Harry Potter était en vie, à l'abri des regards, sans aucun souvenir de qui il était vraiment, suite à un sortilège d'Amnésie qu'il se lança à lui_même. Severus Snape, parrain de Draco Malfoy et supposé Mangemort, était mort en le protégeant de la folie meurtrière d'un des dragons. Voldemort avait été tué par ce même dragon, et Luna Lovegood, disparue durant la bataille, menait une vie paisible, à l'abri, elle aussi. Draco Malfoy était celui qui traquait les Mangemorts, car, bras droit de Voldemort, il les connaissait tous. Charlie Weasley affirma que Draco Malfoy était parvenu à dresser les Dieux-Ailés ; c'est pourquoi ceux-ci ne faisaient plus de victime ; l'un d'eux étant mort durant la bataille pour les protéger. Nul n'avait plus à craindre, ni Voldemort, ni les dragons, tant qu'il vivrait.

Le dresseur et le dragonnier vivent à présent à Poudlard, forteresse imprenable dont nul ne peut approcher du fait de puissants sortilèges. Des sources récentes ont montré une Luna Lovegood rayonnante de beauté et épanouie avec ses deux enfants ; Lucas et Leo. Tous deux fêteront leurs onze ans cette année. A l'heure d'aujourd'hui, nous ignorons toujours qui est le père, et où se cache Harry Potter. Si de mauvaises langues persistent à dire que l'histoire a été inventée de toute pièce, je suis pour ma part convaincue de sa vérité, quoi qu'il est intéressant de noter que les Weasley-Granger se refusent toujours au moindre commentaire. »

Par Rita Skeeter

Charlie reposa la Gazette du sorcier, satisfait.

-Rita Skeeter lèche le sol à nos pieds. Ça fait onze ans qu'elle ressort le même article pour l'anniversaire de la bataille des « Dieux-Ailés » en changeant trois mots. Tu lui as vraiment fait peur.

-C'était le but, répondit Draco, en s'habillant.

Charlie attira Draco sur le lit ; il se léchait presque les babines.

-Mon fauve, je ne suis pas sûr que ce soit bien le moment, fit Draco.

-Silence, petit roi, à moins que ce ne soit pour hurler ton plaisir.

Ils se toisèrent. C'était reparti. Ils appelaient ça, leurs Jeux Interdits.

[... ... ...]

Note de l'auteur : Alors, première chanson ; "Le bien qui fait mal", de Mozart l'Opéra Rock, et la seconde (chantée par Luna), un cover de "Room of angel", par Mioune. J'ai d'ailleurs hésité à faire correspondre cette chanson à la mort de Narcissa, et si vous allez l'écouter, vous comprendrez en quoi elle correspond parfaitement à la fois à la mère de Draco, et à son parrain. Encore merci à Tsuki-chan pour le lemon. Oh, et des fans de Zelda auront peut-être reconnu une certaine référence...

[... ... ...]

Tsuki-chan :

Alors, cette "petite" fin apocalyptique X)
J'ai bien aimé ! Il a fallu que je me remette dedans et je me suis pas forcément rappelée de tout (j'étais un peu perdue par rapport à l'histoire de Draco qui veut détruire Poudlard...) Je pense que j'essayerai de relire le tout un jour (si je suis courageuse)! Quelques reproches cependant :
-L'histoire du jumeau de Harry, perso, je trouve que ça n'apporte pas grand chose et/ou que tu ne l'as pas assez exploitée.
-Détail : quand Harry saute sur Draco dans la Grande Salle, Severus est dans la salle et ne réagit pas, mais la seconde d'après il entre dans la salle avec Luna (d'après ce que j'ai compris du moins).
-Tom et Harry me semblent un peu absents à partir d'un certain point lors de la scène finale (je crois que Harry parle pour la dernière fois quand Ron lui hurle dessus) et c'est un peu dommage. Mais, explique moi un truc (vu que je ne suis pas accro à la série, j'ai quelques lacunes ), Tom Jedusor et Tom Riddle sont deux personnes différentes ?
Mais passons aux deux remarques débiles et sans intéret :
-Je vois que tu as totalement été corrompue par le yuri (Narcissa et Bellatrix... sérieusement ?!)
-Et j'espère que tu as honte pour m'avoir ainsi rendue accro au CharliexDraco (et aux couples à tendance SM °_° )

...

Aigie-san :

Merci ! :)

-Effectivement, la raison pour laquelle Draco veut détruire Poudlard est expliquée, il faut donc relire !
-Harry n'étant pas maître des reliques de la mort, il n'aurait pas dû ressusciter. Le jumeau de Harry n'a été créé que pour remettre Harry sur les railles. Je ne voulais pas trop l'utiliser de peur de mettre l'O.C plus en valeur que le perso originel. J'avais imaginé des épisodes où Harry parlait tout seul, devant son reflet (qui pour lui était celui de son frère), mais ce n'était que du fanservice, mieux valait un rôle obscure que de la parlote inutile. Mais, oui, je conçois que le frère fasse un peu tache ; mais d'un autre côté, c'est un mort ; il n'est de base pas censé être là.
-Severus n'est pas dans la salle à ce moment : "Les professeurs s'étaient tous levés. Tous sauf le maître des potions, qui était absent."
-Ils sont tous les deux en transe ; Tom est convaincu qu'Harry est en train de l'abandonner, et Harry s'efforce de se convaincre que Tom est bien Tom Jedusor, et non Tom Riddle. Comme ils sont tous les deux à moitié fous (voire complètement), il était difficile d'avoir une narration logique qui ne fasse pas tache, les concernant. Mais le fait que Tom continue de vouloir tuer Charlie même après qu'Harry l'ait défendu, que Harry continue de défendre Tom même après qu'il ait fait subir un Doloris à Draco montre leur aveuglement à tous deux. Jedusor est le nom de famille de Tom dans la version française, cependant, je l'utilise ici comme un pseudonyme français de son véritable nom de famille pour Tom qui a besoin d'une autre identité. "Voldemort" étant déjà quelque chose de français en soi, je me suis dit que ça aurait une certaine logique. Mais pour répondre à ta question, donc, Jedusor et Riddle ne sont qu'une seule et même personne.
-Pour le Yuri, plains toi auprès d'Hongrie, j'ai fait ça pour lui faire plaisir.
-Honte ? Mot inconnu au bataillon.

...

Starryfeather :

Eh ben ! C'était un sacré O.S ! J'ai adoré! La trame était absolument sublime! Il y a eu des rebondissements, de l'intrigue, c'était génial !

Et cette idée de transformer Draco ! Brillante ! Je dois dire que je n'imaginais pas du tout Charlie de cette façon mais je trouve que ça lui va bien !

Le frère jumeau de Harry ? Mouais... Il m'a surtout l'air d'être un frère jumeau un peu maléfique tu vois... du genre film d'horreur et tout et tout! En tout cas c'était une excellente idée et un moyen tout à fait plausible de faire revenir Harry à la vie après le traitement plus que sadique que tu lui avais fait endurer... !

HUUUUM ! Les enfant de Luna ? Et de Snape ? Très intrigant ! En tout cas, Skeeter a toujours la langue bien pendue !

Je vais sombrer en dépression... Pourquoi ? Pourquoi t'as fait ça ? Parmi tous les dragons, il fallait que tu tues Sagesse? T'es cruelle... Vraiment... T'es trop cruelle... Mais bon... C'est le scénario qui veut ça j'imagine (et aussi ta seconde personnalité de sale sadique)

Bref, super O.S ! Que j'ai mis trèèèèès longtemps à venir lire et commenter mais bon... je suis venue quand même donc c'est tout ce qui compte hein !

...

Aigie-san :

Je suis très contente que le traitement des personnages et l'O.S en lui-même t'aient plu !

Pour le frère jumeau d'Harry, c'est mon père qui a eu l'idée ; je lui expliquais que j'écrivais une histoire dont je tuais un personnage très important et il m'a dit de faire surgir un frère qui prendrait sa place. J'ai trouvé l'idée intéressante, alors je l'ai exploitée !

C'est bien mon côté sadique qui voulait faire perdre à Draco l'un de ses "enfants", mais c'est le scénario qui a penché pour Sagesse ; sorte de métaphore de nos sociétés humaines où nous n'avons conservé que force et courage et totalement abandonné la sagesse, comme Draco lui-même qui, refusant de renoncer à ses idées de conquérant, cause la destruction malgré lui de ce à quoi il tient.

Quoi qu'il en soit, merci pour ta lecture et ton commentaire !