Bonjour !

Je vous souhaite tout d'abord une excellente année (on est encore en janvier, ça compte !).

Ensuite, avec avec du retard, comme toujours, voici le chapitre 49, qui clôt le tome 4 ;)

Petite résumé (promis, pour le chapitre prochain, j'en ferai un très complet !) :

Ladislas se prépare au service militaire après avoir passé ses BUSEs.

Du côté de Voldemort (et non Tom/Mordred, attention) : il est à peu près comme dans le livre : à la maison des Jedusor, en compagnie de Pettigrow. Il a envoyé Junior à Poudlard, sous l'apparence de Maugrey, et lui a demandé de chercher le diadème de Serdaigle (qui se trouve dans la Salle sur Demande), qui l'a finalement trouvé.

Selena est toujours à Poudlard, avec ses amis de serpentard / les jumeaux Weasley...


Chapitre 49 : La troisième tâche


Selena réprima un soupir d'agacement, de plus en plus ankylosée par la position qu'elle avait prise quelques minutes plus tôt.

La veille, elle avait reçu une missive de son grand-père lui proposant de venir dans son bureau dans la matinée, avant la troisième épreuve du Tournoi. Toutefois, elle n'avait pas prévu que les professeurs McGonagall et Flitwick décideraient de se retrouver devant la gargouille gardienne du bureau du directeur, au moment même où elle traversait le couloir pour s'y rendre. Heureusement ses réflexes lui avaient permise de s'accroupir derrière une statue avant qu'ils ne la repère.

Hélas, cela faisait bien dix minutes que les professeurs occupaient le couloir qui intéressait la jeune fille, et cette dernière sentait sa patience s'effriter.

Enfin, les adultes finirent par quitter les lieux, poursuivant leur conversation sur les épreuves de fin d'année des élèves de Poudlard. Selena bondit, soulagée de pouvoir quitter la position inconfortable, et courut presque vers la gargouille, dans la crainte qu'ils ne changent d'avis et rebroussent chemin. Il aurait été très délicat pour la jeune fille d'expliquer ce qu'elle faisait devant le bureau directorial.

– Fizwibiz, annonça-t-elle avec impatience avant de s'engouffrer dans le passage et monter rapidement les escaliers pour atteindre le bureau de son grand-père, qu'elle adorait car il dégageait une atmosphère toujours chaleureuse et réconfortante. La décoration lui faisait penser au bureau qu'il avait au Domaine, si bien qu'elle s'y sentait vraiment comme chez elle.

Elle tourna d'abord son attention vers Fumseck, sur son perchoir doré, qu'elle caressa une petite minute. Le phœnix l'accueillit par une joyeuse mélodie, avant qu'elle ne repère l'énorme trophée qui trônait sur le bureau en bois de son grand-père. L'ouvrage était fait de cristal et d'argent, finement ciselé. Même si Selena n'aurait certainement pas souhaité l'exposer dans sa chambre, elle dût reconnaître la beauté de l'objet.

– Ah, Selena ! Fit son grand-père dont la voix étouffée provenait de sa chambre, située au-dessus du bureau. Que penses-tu du trophée ? Je dois le cacher dans le labyrinthe pour la troisième tâche…

La jeune fille leva la tête pour voir Albus descendre l'escalier en colimaçon qui jouxtait l'une des bibliothèques, puis fixa de nouveau le trophée.

– Il est impressionnant, estima-t-elle, quoiqu'un peu… froid.

– Je suis assez d'accord, la rejoignit son grand-père qui s'assit sur un fauteuil, faisant signe à sa petite fille de faire de même. Son regard bleuté resta encore quelques instants sur le trophée, avant de se poser sur Selena : Alors, comment vas-tu ? Tes examens se sont bien passés ?

La jeune fille esquissa un sourire timide avant de répondre franchement :

– Dans l'ensemble, je suis satisfaite. J'ai l'impression de m'être améliorée en potions, ce qui n'était pas gagné.

– Je doute que les cours de Severus t'aient aidé, sourit Albus, conscient que son professeur de potion manquait de pédagogie.

– En effet, rit Selena, qui avait plutôt compté sur les nombreux ouvrages de la bibliothèque de Poudlard, ainsi que les conseils de Draco qui était singulièrement doué dans cette matière. Elle donna ensuite un bref résumé des deux dernières semaines, principalement occupées par les BUSEs, puis en arriva au sujet des vacances à venir :

– Fred et Georges m'ont proposé de passer une semaine ou deux au Terrier.

– Ce serait parfait, nota Albus pour lui-même, qui craignait que sa petite fille ne s'ennuie cet été, sans son frère. Tu verras, reprit-il avec enthousiasme, Arthur et Molly Weasley sont des gens charmants.

Selena ne cacha pas son doute quant à cela et glissa innocemment :

– Même avec les descendants de Grindelwald ?

Il y eut un flottement avant que son grand-père ne rît doucement.

– Je suis sûr qu'une fois qu'ils te connaîtront, ils t'adoreront. Et puis, tu peux toujours leur dire que je t'ai élevée, ajouta-t-il avec un clin d'œil.

– Ça fait gagner des points d'être proche de toi ? S'étonna faussement Selena, qui remarqua néanmoins le choix des mots de son grand-père. Même avec des sorciers qu'il connaissait, il préférait la version de « l'adoption » à la vérité. Plusieurs lettres de Ladislas lui revinrent à l'esprit, mais elle n'eut pas le courage d'aborder le sujet. Elle ignora donc le pincement au coeur qu'elle ressentait à l'idée d'être l'un des nombreux secrets de son grand-père et changea l'orientation de la conversation.

– Et toi, tu feras quoi cet été ? Tu travailleras moins, puisque le Tournoi sera fini, non ? Demanda-t-elle avec un peu d'espoir. Elle s'inquiétait de le voir aussi fatigué, et quelque peu soucieux.

– Normalement oui, confirma Albus. Ses yeux se perdirent dans le paysage d'un tableau, avant qu'il ne reprenne, pensivement : Peut-être me faudra-t-il régler des affaires pour le Conseil… Mis à part ça, ce sont des vacances calmes qui m'attendent.

– Pour le Conseil ? S'alarma Selena, légèrement agacée que son grand-père – qui venait de s'occuper pendant plus d'un an du Tournoi, en partie pour le Conseil puisque c'était ce dernier qui avait initié le projet – soit de nouveau affairé à cause de lui.

– Oui, apparemment un héritier de la famille Gaunt serait revenu en Angleterre, expliqua Albus, cette fois-ci bien plus sérieux.

Selena fronça les sourcils, recherchant dans sa mémoire des informations liées à cette famille.

– Ils n'ont pas siégé au conseil depuis plus de trois cents ans, indiqua Albus, dont l'expression affichait de nouveau un certain souci.

– Et tu ne voudrais pas qu'ils reviennent ? S'étonna la jeune fille, qui ne comprenait pas la réticence qu'elle sentait chez son grand-père. Ce dernier se força à sourire, même s'il restait une certaine trace d'inconfort sur son visage. Il sembla sur le point de répondre mais y renonça.

En vérité, après le conseil où Lucius avait raconté sa rencontre fortuite avec un descendant des Gaunt, Albus s'était plongé dans les registres d'élèves de Poudlard, pour y rechercher une trace de cette famille. Il avait ainsi retrouvé l'inscription laissée sans suite de Morfin et Merope Gaunt. Or ce dernier nom était difficilement oubliable pour le mage blanc, puisqu'il était celui de la mère de Lord Voldemort.

Il avait immédiatement fait le lien avec l'ouverture de la chambre des secrets cinquante ans auparavant, lorsque Tom étudiait à Poudlard. Il avait toujours été intimement convaincu de l'innocence de Hagrid, mais également de la culpabilité de Tom. Aujourd'hui, iI en avait presque la preuve, puisqu'il était connu que les Gaunt étaient des descendants de Serpentard. À l'époque, il ne connaissait pas la filiation de Tom à Merope - ce dernier lui-même ne devait pas le savoir. Salazar Serpentard avait laissé à ses héritiers la tâche de purifier Poudlard, qui de mieux qu'un Gaunt, même s'il s'ignorait, pour l'exécuter ?

Hélas, cette découverte avait entraîné une série de questions laissées sans réponses, portant notamment sur les événements ayant eu lieu deux ans auparavant. S'ils avaient été la raison pour laquelle il avait révélé à Ladislas sa véritable identité, et en ce sens, avaient été bénéfiques à sa famille, il n'en oubliait pas la terrible perte de Colin Crivey. Encore maintenant, il se demandait pourquoi les attaques contre les nés-moldus s'étaient arrêtées après la mort du jeune Gryffondor, et surtout qui avait été derrière elles…

Le fait qu'un nouvel héritier Gaunt jaillisse de nulle part l'avait dans un premier temps alarmé, si bien qu'il s'était promis de faire quelques recherches sur lui pendant l'été. Les chances que ce nouveau venu réclame sa place au Conseil des quinze étaient infimes, mais il préférait s'informer sur lui en temps et en heures.

– Ce n'est pas important, éluda-t-il, ne souhaitant pas effrayer sans raison sa petite fille. Si tu veux, nous pourrons nous rendre à l'étranger pour quelques jours, comme lorsque tu étais petite.

Selena acquiesça avec enthousiasme, se souvenant des quelques séjours passés dans des capitales étrangères. Ils étaient toujours courts, Albus ne pouvant s'absenter pour une trop longue durée de Poudlard, mais son grand-père s'arrangeait toujours pour lui faire visiter le meilleur des villes. Lui-même appréciait beaucoup ces petites vacances qu'il passait sous polynectar, pour ne pas être reconnu et dérangé. C'était presque une forme d'habitude pour eux deux, de partir au moins deux fois par an. Ils avaient arrêté lorsque Ladislas était arrivé dans la famille, mais comme ce dernier serait à son service militaire, c'était l'occasion rêvé pour renouer avec ce rituel.

Les deux Dumbledore restèrent ensemble encore une petite heure, discutant notamment de la fin de l'année. Ce serait sans doute la dernière fois qu'ils se verraient avant les vacances. Il était en effet prévu que les étudiants de Beauxbâtons et Durmstrang quittent Poudlard dans une semaine, après la troisième tâche et les festivités pour la fin du Tournoi.

Selena hésita à parler d'une possible inscription à Poudlard, car, malgré l'incitation assez marquée de ses amis – que ce soient les jumeaux ou le groupe de Serpentard – elle y restait réticente. Après tout, il ne lui restait plus que deux ans d'études secondaires. Elle repoussa donc la discussion à plus tard, ce qui mit de mauvaise humeur Sheshir, qui suivait la conversation de loin.

Il était difficile pour le félin de rester neutre, dans la mesure où il adorait Poudlard. Il s'était trouvé un camarade de jeu apparemment très intelligent – un chat nommé Pattenrond, que Selena avait déjà croisé quelques fois. Il pouvait également se rendre dans le bureau d'Albus quand il le voulait, privilège qui lui plaisait beaucoup. Enfin, il s'inquiétait bien moins pour Selena, dans la mesure où elle s'était fait des amis, qui étaient agréables avec lui – notamment Théodore, qui ne manquait pas une occasion pour le caresser.

Selena finit par quitter le bureau de son grand-père, ce dernier devant se rendre au centre du labyrinthe pour y déposer le trophée avant le début de la troisième épreuve. Elle se dirigea vers la Grande Salle, le cœur léger. Lorsqu'elle y pensait, elle était vraiment heureuse de cette année passée à Poudlard, qui, trouvait-elle, lui avait permit de grandir.

L'année précédente, elle avait été admirative de la capacité de son frère à se faire des amis aussi rapidement à Koldovstoretz, et était ravie de l'avoir rattrapé dans ce domaine, car elle était certaine qu'elle continuerait d'envoyer des lettres à ses amis de Serpentard, sans compter Fred et Georges. Et puis, elle verrait toujours Draco et Blaise au Sanctuaire…

Il est clair que tu n'es plus la petite fille effrayée par l'inconnu…, intervint Sheshir, qui suivait le cours de ses pensées.

Tu trouves aussi ? S'étonna Selena, qui sentit un sentiment de fierté gonfler sa poitrine. Si Sheshir le disait, cela devait être vrai, puisqu'il n'hésitait à dire la vérité, même lorsqu'elle était blessante.

Bien sûr, répondit le chat avec flegme. Je pense que tu commences à considérer les gens comme des alter ego, et non comme systématiquement des ennemis.

Je n'ai jamais fait ça, s'indigna la jeune Grindelwald en levant les yeux au ciel.

Oh que si, la contredit aussitôt Sheshir, d'un ton qui se voulut sans appel. Je pense que c'est dû à ta solitude pendant ton enfance… et aussi l'échec complet de ta première année à Beauxbâtons.

Merci de me la rappeler, grommela Selena, dont le souvenir de sa rentrée à l'institut de magie mettait toujours de mauvaise humeur.

Je ne fais que dire ma pensée, se défendit son lié. Et je trouve mon interprétation plutôt valide.

Bien sûr, monsieur le psychochat, railla Selena en esquissant un sourire, qui s'élargit lorsqu'elle aperçut Blaise lui faire signe depuis la table des Serpentards. Elle mit fin à la conversation intérieure avec Sheshir avant de s'installer à côté de Pansy. Cette dernière l'accueillit avec un grand sourire, ce qui était plutôt inhabituel.

– Selena, ma chère, n'es-tu point d'accord que Blaise ne devrait pas espérer plaire réellement à Cécile Deschamps ? J'essaye de le réveiller de cette idée illusoire, mais il y tient ! Commença la Serpentard, dont le sourire s'était légèrement transformé pour prendre un caractère plus menaçant.

Heureusement pour elle, Selena se souvint immédiatement du léger différent qui opposait Pansy et Blaise depuis que ce dernier avait invité au bal Cécile. Un regard légèrement interrogateur vers Draco lui apprit que ce dernier trouvait également ridicule qu'un tel sujet revienne sur le tapis, six mois plus tard.

– De ce que j'en sais, c'est-à-dire peu, débuta lentement Selena, Cécile Deschamps est très intéressée par l'argent, donc peut-être… je dis bien peut-être, aime-t-elle plus ton compte à Gringotts que toi, Blaise.

Alors que le visage de Pansy se transfigurait sous la satisfaction de la victoire, Blaise laissa retomber sa fourchette et s'écria avec indignation :

– Mais qu'est-ce qui vous fait dire que ce ne sont pas mes charmes qui…

– Blaise, le coupa Daphnée avec une voix mortellement sérieuse, tu n'as pas de charmes.

Selena échangea de nouveau un regard médusé avec Draco, puis, décidant de se tenir à distance de ce conflit, se tourna vers son voisin de gauche, à savoir, Vincent.

– Tu t'en sors avec tes révisions ? Demanda-t-elle avec sollicitude, sachant que lui comme Gregory n'appréciait que moyennement les périodes d'examens, qui se profilaient pour les élèves de Poudlard.

Il haussa les épaules sans grande conviction puis lui retourna la question. La jeune fille lui répondit à peu de chose près la même chose qu'à son grand-père, une heure auparavant. Le sujet sembla détourner Blaise et Pansy de leur dispute, puisque cette dernière remarqua :

– C'est à cause des BUSEs qu'on t'a moins vu la semaine dernière ? Je me demandais justement pourquoi t'avais disparu…

– Tout à fait, répondit Selena, non sans sentir une légère rougeur colorer ses joues. Il était vrai que les épreuves lui avaient pris beaucoup de temps, mais si elle était totalement honnête, elle devait reconnaître qu'elle avait également choisi de passer son temps libre en compagnie de Fred – et non des Serpentards, qu'elle adorait par ailleurs.

Personne à la table ne s'aperçut de sa gêne passagère, et elle réussit avec brio à changer de sujet de conversation, pour celui de la troisième tâche, qui aurait lieu dans l'après-midi, juste après le déjeuner. Elle vit d'ailleurs son grand-père s'installer furtivement à la table des professeurs. Il lui fit un clin d'œil lorsque leurs regards se croisèrent et Selena lui adressa un sourire discret en retour.

– Tu restes avec nous pendant la troisième tâche ? Demanda Draco, alors qu'ils achevaient de manger.

– Non, j'ai prévu de rejoindre Fred et Georges, déclina Selena avec un sourire contrit, même si ses amis ne lui en tinrent pas rigueur.

– Qui pensez-vous va gagner ? Fit Blaise d'une voix excitée.

– Je dirais Diggory, répondit pensivement Théodore, qui pour une fois, n'avait pas toute son attention concentrée sur Sheshir.

Pansy haussa un sourcil, visiblement étonnée qu'il prenne parti, mais il ajouta immédiatement :

– Delacour a trop de retard. Entre Diggory et Krum, Diggory utilise le plus son cerveau.

– Pas faux, accorda Daphnée en hochant la tête d'un air entendu. Au fur et à mesure de l'année, elle avait petit à petit accepté l'idée que son école soit représentée par un Poufsouffle et avait adouci ses critiques envers le champion de Poudlard, même s'il restait décidément trop niais pour elle.

Selena acquiesça également, convaincue par l'analyse certes brève mais juste de Théodore et fut bientôt imitée par Gregory et Vincent. Ils observèrent avec flegme le mouvement qui anima la table des Poufsouffle. Ces derniers se levèrent avec excitation, sans doute en vue d'occuper les meilleures places dans les gradins pour supporter leur vedette. Daphnée émit un sifflement réprobateur face à ce désordre, qui, à ce stade, aurait parfaitement pu être causé par des Gryffondor. Ces derniers ne tardèrent d'ailleurs pas à quitter la Grande Salle à leur suite, dans une mêlée qui ne fit qu'accentuer la grimace de Daphnée.

Une fois les derniers rouge et or partis, la Grande Salle trouva un calme presque inhabituel. Vint ensuite le tour des élèves de Durmstrang, qui manifestèrent également leur ferveur envers Krum. Enfin, restèrent les étudiantes de Beauxbâtons, qui ne semblaient pas très enthousiastes, ainsi que les élèves de Serdaigle et Serpentard.

– Bien, commença Selena en se levant après une dizaine de minutes pendant lesquelles Pansy avait principalement pesté contre les vociférations de ses camarades d'école, je vais rejoindre Fred et Georges. Bonne après-midi !

– À toi aussi, répondit mécaniquement Draco, alors que Blaise plongeait une main dans son uniforme pour en retirer une poignée de gallions :

– Tu peux leur transmettre mon pari ?

Selena haussa les épaules en acceptant l'argent.

– Pour Diggory, donc ? Vérifia-t-elle, même si elle se doutait de la réponse. Le basané hocha la tête puis la salua alors qu'elle s'éloignait du groupe d'amis. La jeune fille sortit de la Grande Salle, puis du bâtiment, appréciant la température agréable de ce mois de juin. Elle n'eut aucun mal à se rendre sur le site où se déroulerait la troisième tâche, d'où s'élevait une clameur provenant des élèves déjà présents.

Le plus dur fut de distinguer les jumeaux parmi la foule qui occupait les gradins. Heureusement pour elle, Selena sentit bientôt une main tapoter son épaule. Une fois retournée, elle avisa ses deux amis de Gryffondor, vraisemblablement en train de récolter les derniers paris dans leur boite en bois.

– Tenez, fit-elle en leur donnant l'argent de Blaise, pour Diggory.

– Tu paries maintenant ? S'étonna Georges, en acceptant néanmoins l'argent.

– Non, c'est de la part de Blaise, expliqua la jeune fille qui tourna la tête de droite à gauche pour trouver l'endroit qu'ils avaient réservé. Georges esquissa un sourire indulgent puis fit signe à son jumeau. Fred donna les quelques pièces qu'il avait à son frère puis entraîna sa petite amie à travers les gradins. Cette dernière fut intérieurement ravie d'avoir quelques instants avec lui. Ils arrivèrent jusqu'à l'extrémité du banc le plus élevé. Les jumeaux avaient parfaitement bien choisi leur place, d'où ils avaient une vue imprenable de l'ensemble du labyrinthe, tout en étant dans une certaine mesure à l'orée de la foule.

– Tu as pu voir ton grand-père ? Demanda Fred en prenant discrètement la main de Selena dans la sienne alors qu'ils s'asseyaient.

La jeune fille acquiesça en souriant et raconta succinctement l'entrevue avec Albus, en soulignant son accord pour un éventuel séjour au Terrier. Les yeux chocolatés du jeune Weasley s'animèrent de ravissement. Les jumeaux commençaient à appréhender leurs vacances, notamment avec leur mère qui allait certainement leur parler des BUSEs, où ils n'avaient pas particulièrement brillé. Avec un peu de chance, la présence de Selena au Terrier calmerait les attentes de Molly en ce qui concernait les études de ses fils. Et puis, ils pourraient à trois poursuivre leurs recherches sur les boîtes à flemme – ils s'étaient enfin mis d'accord sur un nom. Le projet était principalement celui des jumeaux, mais cela permettait à Selena de faire de la recherche en botanique et potion, deux matières cruciales pour les études en médicomagie, où elle n'était pas encore très à l'aise.

– Salut Fred… et Selena ! Je ne t'avais pas vue, s'exclama Lee, avec l'enthousiasme que tous lui connaissaient. Je peux m'asseoir ?

– S'il y a assez de place pour Georges, répondit Fred en se pressant contre Selena pour permettre à son ami de s'installer à leurs côtés.

Le Gryffondor aux dreadlocks soupira de bien-être puis se tourna vers ses voisins, toujours un sourire aux lèvres :

– Tu as aussi passé tes BUSEs, Selena, n'est-ce pas ? Je t'ai vu sortir d'une salle l'autre jour… tu penses les avoir réussies ?

Selena esquissa un sourire encourageant, mais avant de répondre, Georges arriva en s'écriant :

– Je vous promets que si nous n'avons pas cent gallions à la fin de la journée, je me rase la tête !

– Par Merlin, non ! Protesta vivement Fred avec horreur. Maman pourrait nous reconnaître…

– Tu peux aussi le faire, mon cher Gred !

Selena vit dans le regard de son petit-ami que l'idée de se tondre intégralement le crâne ne le rebutait pas, pire même, l'amusait, et elle se sentit obligée d'intervenir innocemment :

– Je ne suis pas certaine qu'Angelina accepte de te parler, Georges, quand tu ressembleras à un élève de Durmstrang.

Lee explosa de rire, ayant saisi la combine de la jeune fille. Georges haussa les épaules, pas inquiet pour deux sous. Il était vrai que la poursuiveuse de l'équipe des Gryffondor aimait les choses qui sortait de l'ordinaire – comme en témoignait son flirt avec Georges. En revanche, Fred eut un rire franc, alors qu'il regardait Selena avec complicité.

– Reçu cinq sur cinq, je ne toucherai plus jamais à mes cheveux ! Glissa-t-il avec un sourire presque de Serpentard tandis que Selena rougissait légèrement.

– Ah ! Les interrompit Lee en applaudissant à tout rompre, ça commence !

Le regard de Selena se détourna de Fred pour examiner l'espace ouvert devant le labyrinthe, où elle discerna son grand-père, accompagné de Madame Maxime et Karkaroff. La fanfare, installée aux premiers rangs des gradins, commença à jouer sous la direction du professeur Flitwick, même si la musique était à moitié couverte par les applaudissements frénétiques des élèves plus qu'excités.

Enfin, les champions arrivèrent et se positionnèrent à côté de leur directeur d'école respectif, sous une clameur endiablée. Albus dût attendre quelques instants pour prendre la parole, le temps que les élèves se calment.

– Bien… Bienvenu à l'ultime épreuve du Tournoi des Trois Sorciers ! Cette après-midi, nos Champions auront pour tâche de trouver le Trophée, caché en fin de matinée dans les profondeurs du labyrinthe. Les Champions entreront dedans selon l'ordre de points : Monsieur Diggory le premier, Monsieur Krum en deuxième position, et enfin Mademoiselle Delacour. Le premier à toucher la coupe sera le vainqueur du Tournoi. Que le meilleur gagne !

Une nouvelle salve d'applaudissements coupa le directeur de Poudlard, qui abandonna l'idée de poursuivre son discours. Il fit plutôt signe aux champions de s'aligner chacun devant une allée du labyrinthe puis se tourna vers Rusard, posté à côté du canon censé donner le coup d'envoi. Malheureusement, comme pour la première tâche, le concierge de Poudlard s'activa trop rapidement et la première détonation eut lieu avant que les directeurs aient pu parler à leurs étudiants. Albus eut une brève étreinte avec Cedric avant que ce dernier ne s'introduise dans le labyrinthe.

À l'instant où il franchit l'ouverture entre les haies, une secousse agita l'ensemble du labyrinthe. Le public dans les gradins put voir l'ensemble des haies, hautes de plusieurs mètres, trembler, tandis que des grognements peu avenants s'élevaient, coupant net l'excitation ambiante.

Alors que Krum s'engageait à son tour dans une allée, Selena scruta le labyrinthe avec minutie. Il était clair que ce n'était pas un labyrinthe ordinaire qui allait constituer la troisième tâche du Tournoi. Tout d'abord, on pouvait se douter que les passages étaient ensorcelés de sorte à se déplacer afin d'égarer les champions. Par ailleurs, il devait y avoir quelques créatures plutôt dangereuses, comme les aimait le Tournoi.

La jeune Grindelwald eut un sourire crispé en pensant une nouvelle fois à son frère qui aurait dû techniquement participer. Elle se forçait à ne pas trop y réfléchir, comme lui avait conseillé son grand-père, mais elle restait néanmoins préoccupée à l'idée que quelqu'un souhaitait voir son jumeau dans un tel Tournoi, qui certes, était divertissant, mais clairement peu adapté à un jeune adolescent de quinze ans, si puissant soit-il.

Elle laissa échapper un soupir puis se blottit contre Fred en observant la silhouette de Fleur Delacour disparaître dans le labyrinthe.

– Et du coup, vous, personnellement, vous parieriez sur qui ? Demanda Lee, quelques minutes plus tard, tout en sortant de sa poche un paquet de dragées surprises de Bertie Crochue qu'il proposa à ses amis.

– J'aime bien Krum, admit Georges tout en grimaçant après avoir pioché dans le paquet. Il avala difficilement, s'étranglant à moitié, puis réussit à chuchoter : Chaussettes…

Son jumeau eut un regard compatissant, et opta pour une dragée à la couleur plutôt engageante – violet, tout en réfléchissant à voix haute :

– Je ne pense vraiment pas que Delacour a une chance… même si beaucoup d'étudiants ont voté pour elle. J'hésite plutôt entre Krum et Diggory. J'aimerais évidemment que Poudlard gagne, et je pense qu'il y a des chances.

Il s'arrêta le temps de mâcher la friandise, et après un instant de suspense, sourit :

– Tarte à la prune.

– Et toi, Selena ? Demanda Lee, alors qu'un autre grondement sourdait en provenance du labyrinthe.

– Diggory, répondit laconiquement la jeune fille qui tenait dans sa main sa propre dragée depuis une bonne minute, sans oser la manger.

– Moi je pense que c'est Delacour, avança Lee avec confiance. Elle n'a pas été choisie pour rien. Et puis c'est une vélane…

– C'est justement parce qu'elle est vélane que tu penses à elle, sourit Selena. Les jumeaux hochèrent la tête conjointement, puis chacun se concentra sur le labyrinthe, tout en picorant les dragées dont ils vidèrent lentement mais sûrement le paquet.

Au bout d'une demi-heure, des étincelles rouges jaillirent d'un point du labyrinthe, signe qu'un des champions abandonnait. La foule, dont l'enthousiasme s'était affaibli avec le temps, retrouva sa fièvre originelle. Un groupe de professeurs quittèrent immédiatement les gradins pour secourir l'étudiant, tandis que plusieurs groupes d'élèves convaincus que l'étudiant en question n'était pas leur champion, scandaient « Plus que deux, plus que deux ».

Une dizaine de minutes plus tard, les professeurs revinrent, accompagnés de Fleur Delacour, dont l'uniforme tombait en lambeaux. Ses cheveux blonds, d'ordinaire impeccablement coiffés, étaient emmêlés et parsemés de branches et de feuilles. Plusieurs égratignures avaient fleuri sur sa peau d'albâtre. La jeune française semblait à bout de nerf, et une fois assise à côté de sa petite sœur, elle éclata en sanglot en tremblant frénétiquement.

Georges sortit de la boîte à pari un petit parchemin où étaient notées toutes les mises des élèves. Il l'étudia un instant, certainement pour se faire une idée des paris perdus, puis se reconcentra sur le labyrinthe, dont émanait une certaine aura de dangerosité.

Fred lança un tempus et s'étonna de l'heure, qui montrait qu'ils n'étaient dans les gradins que depuis une petite heure. Pourtant, le soleil semblait, derrière les nuages, sur le point de se coucher, tant la luminosité et la température avaient baissé. Il était difficile de croire qu'on était en juin.

– C'est peut-être un enchantement du labyrinthe, supposa Selena dans un bâillement las. Ils ne voyaient pas grand-chose, et elle commençait à espérer que l'épreuve s'achève rapidement.

Merlin dût entendre son vœu puisqu'une dizaine de minutes plus tard, une déflagration retentit au centre du labyrinthe, avant que Cedric Diggory, le trophée à la main, n'apparaisse devant les gradins. La foule hurla, les étudiants de Poudlard de joie, tandis que ceux de Durmstrang huaient le Champion du Tournoi.

Selena vit avec amusement son grand-père tenter de prendre la parole, en vain. Néanmoins, il prit à la légère cet échec et se contenta alors d'applaudir en chœur avec les professeurs et membres du Ministère. Le directeur de Poudlard vit du coin de l'oeil quelques adultes partir à l'intérieur du labyrinthe pour rechercher Krum, comme ils l'avaient fait pour Fleur.

Le temps qu'ils reviennent, Albus avait du regard fait le tour des adultes présents autour de lui, et ainsi remarqué l'absence d'Alastor. Et malgré l'euphorie ambiante, il ne put empêcher le doute de s'installer dans son esprit. Il croisa le regard de Severus, et lui fit discrètement signe. Le directeur de la maison Serpentard eut un infime hochement de tête avant de s'éclipser.

Albus serra une dernière fois la main au jeune Diggory avant de suivre son professeur de potion, qui l'attendait à une dizaine de mètres des gradins. Il savait que sa promptitude à quitter le labyrinthe serait incomprise, d'autant plus que le gagnant du Tournoi était un élève de Poudlard, mais un doute, qui le rongeait depuis maintenant plusieurs jours, l'empêchait de se réjouir négligemment.

– Avez-vous vu Alastor ? Demanda-t-il abruptement à Severus, tout en se dirigeant vers le château.

– Pas depuis le petit-déjeuner, indiqua le potioniste de sa voix inflexible. Il haussa un sourcil interrogateur avant de poursuivre : Vous pensez…

– Qu'il n'est pas l'Alastor que j'ai invité à Poudlard ? Compléta Albus, qui se remémorait toutes les interactions passées avec le professeur de défense contre les forces du mal. Il n'avait pas été assez prudent, réalisa-t-il avec regret. Il n'avait jamais douté de l'identité d'Alastor, alors même que plusieurs éléments étaient en porte-à-faux.

Le directeur de Poudlard ferma douloureusement les yeux.

– Cela expliquerait pourquoi les vols dans ma réserve se poursuivent, malgré sa contribution, releva Severus, non sans un certain persiflage. Il prenait sa revanche, nota Albus, sans pouvoir l'en blâmer. Il n'avait que trop peu apprécié l'intervention d'Alastor – ou de celui qui se faisait passer pour lui – pour arrêter les effractions dans sa réserve. D'autant plus que, comme ils avaient pu le remarquer, les vols ne s'étaient pas arrêtés.

Ils arrivèrent bientôt devant le bureau d'Alastor dont ils trouvèrent la porte fermée, ce qui ne fit qu'accroître les soupçons – devenus certitudes pendant le trajet. Hormis les professeurs des deux autres écoles, qui n'avaient aucun moyen de rentrer le soir dans le château, les représentants du Ministère, qui n'étaient présents que les jours des épreuves, tout comme les journalistes et autres maraudeurs, il n'y avait personne d'autre qu'Alastor de nouveau. Tout concordait, et Albus n'avait rien vu, aveuglé par son amitié pour l'ancien auror.

Une fois dans les appartements, les deux adultes trouvèrent la pièce résolument vide des meubles de Fol Œil, exceptée une malle, d'où sortait des hurlements étouffés. Severus se précipita vers la serrure pour l'ouvrir, sous le regard quelque peu perdu d'Albus, qui sentait son assurance indéfectible s'écrouler. Il avait fait tellement d'erreurs ces dernières années. Étaient-ce les années de répit qui l'avaient adouci, ou simplement la vieillesse qui s'emparait de lui, peu à peu ?

– Albus, appela doucement Severus, une fois les différents niveaux de la malle ouverts.

Albus s'approcha, jusqu'à apercevoir dans le fond de la malle une silhouette identifiable.

– Alastor…, murmura-t-il, le cœur pris entre le soulagement de savoir son ami sauf et l'appréhension à l'idée qu'un sorcier mal intentionné, assez puissant pour mettre à terre le légendaire auror, avait séjourné au château pendant presque dix mois.

La culpabilité l'étreignit, et il dût s'asseoir sur le lit, ses jambes le lâchant en lui rappelant douloureusement sa faiblesse. Dès le commencement du Tournoi, il aurait dû chercher plus résolument celui qui avait glissé le nom de Harry Potter dans la coupe. Dès que Severus lui avait informé des vols réguliers de sa réserve, et de la possibilité d'un imposteur à Poudlard utilisant du polynectar, il aurait dû réagir.

Il ne savait pas ce qu'allait lui raconter Alastor – le vrai cette fois-ci – mais il mettrait bien sa baguette au feu que l'imposteur avait une connexion au meurtrier de Colin Crivey. Si ses suppositions étaient bonnes, il s'agissait de Lord Voldemort, qui n'avait pas fini de pourchasser Ladislas.

Heureusement, ce dernier serait très loin de l'Angleterre pour au moins un an, et plus sans doute, puisqu'il finirait sa scolarité à Koldovstoretz. Mais après ? Il lui sembla que son coeur se déchirait d'inquiétude. Ladislas avait déjà dû affronter une fois Voldemort, lors de sa première année, et Albus avait déjà beaucoup de mal à se pardonner de lui avoir laissé courir un tel risque. Et en même temps, il lui semblait naïf de croire qu'ils pourraient ne jamais plus se faire face. Son intention lui soufflait que la nuit où Lily et James Potter étaient morts, son petit-fils et Voldemort avaient été liés, de quelque manière qu'il soit.

Il repensa aux vacances à venir, et se promit de faire des recherches à ce sujet. Puis, alors qu'un sentiment de lassitude prenait le pas sur la culpabilité, il se concentra sur son ami, sorti de la malle par les soins de Severus.

Il trouva son ami très amaigri, sale et abattu. Il s'assit sur le lit à côté d'Albus, bût une potion que lui présenta Severus, puis échappa un long soupir rauque.

– C'était Croupton Junior, commença-t-il avec une hargne rentrée. Aucune idée de comment il s'est échappé d'Azkaban, mais en tout cas… Peut-être Black ? Ça va finir par être une vraie passoire… Enfin bon. Il est retourné vers Voldemort, qui lui a demandé de venir ici chercher quelque chose. Je n'ai pas compris quoi. Mais il l'a trouvé, il y a quelques jours. Il a filé aujourd'hui. Je crois qu'il attendait le bon moment pour partir tranquillement.

Albus lui serra le bras avec douceur et sollicitude, alors que son esprit tournait à toute vitesse. Ce n'était évidemment pas Sirius qui avait aidé Croupton, alors qui ? Pettigrow ? Et quelle était cette chose que voulait Voldemort ? Peut-être qu'elle était dans la Chambre des Secrets, et qu'il l'avait laissé après le meurtre de Colin… ?

Si seulement il savait où cette Chambre des Secrets se trouvait, pensa-t-il avec regret. En réalité, il aurait surtout aimé comprendre ce qui s'était passé deux ans auparavant, pour ne pas se reposer sur de simples suppositions, dont se moquerait certainement le Conseil…

– Albus, il ne faudrait pas..., intervint Severus dont le visage affichait une mine soucieuse.

– Prévenez Madame Pomfresh, il faut examiner Alastor, confirma Albus, malgré l'exclamation indignée de son ami. Et le Ministère, bien évidemment, ajouta-t-il, même si son instinct lui soufflait qu'il serait encore moins entendu qu'au Conseil.

Le directeur de Serpentard acquiesça puis quitta la pièce, laissant Albus et Alastor. Les deux amis restèrent silencieux, conscients que la période à venir n'allait certainement pas être agréable.

– Tu l'avais dit, lâcha finalement à mi-voix l'auror. Tu l'avais dit qu'il reviendrait…


Voilà ! J'espère que vous avez aimé...

Petite note : ce que pense Albus de Voldemort n'est pas vrai, puisqu'il ne s'est pas qu'il y a d'un côté Voldemort et de l'autre Mordred. Attention donc à ne pas s'emmêler les pinceaux...

J'espère que malgré mon rythme de publication très irrégulier vous arrivez à apprécier l'histoire... Si c'est le cas, n'hésitez pas à laisser une review, ça fait toujours plaisir !