Bonjour,
Titre: Once Upon A Time ...
Auteur : Typone Lady
Disclaimer : L'univers de One Piece ainsi que ses personnages ne m'appartiennent pas : ils sont à Eiichiro Oda. Je les emprunte le temps d'une histoire.
Rated: M
Genre: Romance, Hurt / Comfort, Song-fic
Résumé : « Raconte-moi une histoire. Une histoire remplie d'émotion, avec des moments d'amour parsemé de rêve. Je veux oublier que dans la réalité les contes de fées et les '' ils vécurent heureux '' n'existent pas. » Yaoi.
Bêta correctrice : pommedapi
Note : Merci à ma bêta pommedapi pour ses précieux conseils et aussi pour avoir corrigé ce chapitre ;). Un grand merci aussi à ma p'tite sœur qui ma aider à écrire le résumé. ^^
Bonne lecture ;)
Once Upon a Time n'est pas une fiction à l'eau de rose.
C'est juste une histoire.
Leur histoire.
Parce que la vie n'est pas un conte de fée...
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Chapitre 1
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« La déception ne vient jamais des autres, elle n'est que le reflet de nos erreurs de jugement.»
Vincent Gury
Ace
Samedi 05 Novembre 2016
La musique est forte, c'est une chanson du moment que tout le monde a déjà entendu au moins 10 fois rien qu'aujourd'hui mais qu'on apprécie toujours autant. L'attrait de la nouveauté sûrement et dans moins d'un mois, tous seront pourtant passés à autre chose, à une autre chanson. C'est comme ça.
Assis au bar en train de siroter mon mojito, j'observe la fille à côté de moi qui me parle gaiement. C'est une jolie rousse aux formes généreuses, un teint pâle et des yeux malicieux. Elle est très jolie et dégage quelque chose d'assez félin.
Je me demande si je la connais... Elle me parle comme si on était de vieux amis. Elle se rapproche de moi en rigolant, sûrement à propos d'une bêtise qu'elle aurait dite, et pose sa main gauche sur ma cuisse droite. Je déteste les personnes qui agissent ainsi, qui font comme si tout leur était acquis.
Je me dégage lentement, ne voulant pas qu'elle prenne mon recul pour du dégoût à son égard. Je vois alors ses lèvres s'agiter et n'ayant pas envie de faire semblant de m'intéresser à ce qu'elle dit, je me détourne. Je regarde autour de moi. Ce soir, la boîte est remplie. De toute façon, c'est toujours comme ça au Thriller Bark. Appo est le meilleur aux platines même si là tout de suite, j'ai du mal à reconnaître ce qu'il nous fait écouter.
Soudain, la chanson change et l'atmosphère n'est plus la même. J'entame doucement mon dixième verre tout en écoutant distraitement Sia chanter. Je me demande pourquoi je suis venu. Je n'aime pas me retrouver dans des endroits bondés et pourtant je viens souvent au Thriller Bark.
La jeune fille rousse dont j'ignore toujours le nom continue de me parler, ne semblant pas du tout s'apercevoir que je ne l'écoute pas, même si je l'entends très vaguement prononcer un mot ici et là. Je lui jette un rapide coup d'œil avant de plonger mon regard dans le liquide transparent de mon verre et me dis qu'elle a l'air encore plus pitoyable que moi. Plus bourrée aussi. Comme la plupart des personnes présentes ici.
Je ne les juge pas, je fais pareil. L'alcool quand tu veux t'amuser, c'est quelque chose de merveilleux. Surtout quand tu veux être sûr de ne pas te rappeler ce qu'il s'est passé la veille ou encore que tu veux juste être un peu plus détendu. Que tu veux te donner un peu plus de courage ou encore quand tu veux juste avoir l'air cool.
Et puis un beau jour, t'arrives plus à t'en passer, tu y as pris goût. C'est dur de changer... surtout quand on en n'a pas la volonté.
And I'm holding on for dear life, won't look down won't open my eyes
Et je me cramponne de toutes mes forces, je ne regarderai pas en bas, je n'ouvrirai pas les yeux
Keep my glass full until morning light, 'cause I'm just holding on for tonight
Je garderai mon verre rempli jusqu'aux premières lueurs du jour, parce que ce soir, je tiens le coup, c'est tout
Help me, I'm holding on for dear life, won't look down won't open my eyes
Aidez-moi je me cramponne de toutes mes forces, je ne regarderai pas en bas, je n'ouvrirai pas les yeux
Keep my glass full until morning light, 'cause I'm just holding on for tonight
Je garderai mon verre rempli jusqu'aux premières lueurs du jour, parce que je veux juste tenir bon toute la nuit.
Les paroles de cette chanson font douloureusement écho à ce que je pensais un peu plus tôt. Ça fait longtemps que j'ai arrêté de m'accrocher. Mes mains ont lâché et je n'en finis pas de dégringoler. J'ai l'impression que je commence à déprimer. L'alcool que j'ai ingurgité ne semble pas avoir de bon effet sur moi. A regret, je repousse mon verre et me détourne légèrement du bar.
Je regarde autour de moi à la recherche de Zoro et de Law. Malheureusement, la vue n'est pas très bonne et la foule compacte qui s'agite sur la piste de danse ne m'aide pas beaucoup à y voir plus clair. Je décide finalement de me lever pour les chercher. Je commence à être fatigué et c'est Law qui conduit alors j'espère qu'il est en état de le faire.
Je me lève en vitesse, enfin aussi vite qu'un gramme d'alcool dans le sang me le permet. C'est quand la fille agrippe mon bras que je me rappelle qu'elle existe.
-Hey, où tu vas !? m'interpelle-t-elle.
Je la regarde en fronçant les sourcils pendant plusieurs secondes avec l'espoir fou qu'elle finisse par me lâcher. Mais finalement elle ne fait rien, ce qui fait qu'on reste là à se regarder comme des idiots pendant un long, très long moment.
-Désolé... hum, je dois partir.
Elle fronce les sourcils, mécontente et pas vraiment convaincue par ma tentative de fuite. Je commence alors à tirer sur mon bras pour me libérer mais elle resserre encore plus sa prise sur moi. Elle me fait presque l'effet d'un aigle qui a capturé sa proie et qui actionne ses serres pour l'empêcher de partir.
-On échange nos numéros avant ? me demande-t-elle, le rouge aux joues.
-Euh, c'est à dire que...
Je détourne le regard, mal à l'aise. Je ne sais pas quoi lui répondre. Je me sens nerveux et je sais que ce n'est pas bon quand je suis nerveux. Mes doigts commencent à s'agiter et je suis pris d'une brusque envie de les laver à l'eau de javel.
-Désolé, je ne préfère pas.
Je souffle un bon coup avant de partir. J'espère ne pas l'avoir blessée même si je me fais peu d'illusion là-dessus. J'essaye tout de même de me rassurer en me disant que ce n'est pas un pauvre mec qu'elle a rencontré en boîte qui va la faire pleurer de chagrin.
J'ai toujours été comme ça... Enfin, non. Jusqu'à mes 12 -13 ans, ça allait à peu près. A présent, je fais de mon mieux pour rester poli et aller un minimum vers les autres tout en gardant en place une sorte de barrière infranchissable. Je ne veux pas m'attacher aux gens ou alors le moins possible. Ce genre de choses ne m'intéresse pas. Law et Zoro sont mes seuls véritables amis. Les autres sont simplement de vagues connaissances ou ce que je pourrais appeler des copains... Je ne veux pas m'investir davantage avec d'autres personnes, ils ne pourraient pas me comprendre de toute façon.
Arrivé aux toilettes, j'hésite à me laver les mains. Les sanitaires sont propres, pas de saleté apparente en tout cas mais je ne peux m'empêcher de me dire que ça doit grouiller de microbes et de bactéries en tout genre. Cependant, mes mains me démangent et inconsciemment, je me dirige vers les lavabos. Je me lave furieusement les mains tout en me répétant que le ménage est fait chaque soir et que les lavabos sont toujours moins sales que les cuvettes des toilettes…
Je me concentre. Me mouille les mains, applique le savon antibactérien avant de frotter. Je reste là plusieurs minutes à me récurer les mains tout en regardant le savon mousser toujours plus. Je finis par les rincer abandonnement avant de les essuyer et de les porter aussi devant mes yeux. Je les fixe à la recherche de salissures invisibles. Dégoûté, je réitère la manœuvre trois fois de suite avant d'être pleinement satisfait.
Je me sens mieux, je ne suis plus stressé du tout. Tout va bien. Je prends alors un papier jetable et m'en sers pour ouvrir la porte. Je le jette ensuite par terre.
Un peu plus apaisé, je continue mes recherches. Je commence par Zoro. Avec ses cheveux verts, il ne devrait pas être trop dur à trouver. Plein d'entrain, je le cherche pendant une dizaine de minutes avant d'abandonner et je crois que je n'aurais jamais autant transpiré. Il y a énormément de monde ce soir et les chauffages sont allumés, ce qui me fait transpirer un peu trop excessivement. Je décide donc de sortir un peu histoire de prendre l'air.
Après avoir bataillé pour pouvoir me frayer un passage à travers les clients du Thriller Bark complètement défoncés, j'arrive enfin dehors.
-Ah, putain, c'est trop bon ! je soupire, heureux d'être enfin sorti de cette fournaise.
-Arrête de jouir comme ça.
Je lève la tête et tombe sur les orbes noires de Law. Il est nonchalamment appuyé contre un mur en face de moi. Il tire sur sa cigarette et recrache la fumée lentement. Il finit ensuite par s'approcher de moi.
-Il est où, Zoro ? je demande de suite, surpris qu'ils ne soient pas ensemble.
-Je ne sais pas, je pensais qu'il était avec toi.
-Putain, fais chier ! Je suis sûr qu'il est parti se paumer dans le cimetière d'à côté ! je jure, un peu énervé de devoir encore le chercher.
-T'exagères, il est à 10 bornes. Zoro s'en serait rendu compte.
-Ne le surestime pas, je dis en rigolant car je connais bien mon ami.
On plaisante un peu avant de se relancer dans la recherche de Zoro. Il est plus de 3h du mat' quand on le retrouve enfin et je n'étais pas très loin de la vérité toute à l'heure au sujet du fameux cimetière...
Law dépose d'abord Zoro chez lui avant de me déposer chez moi. Enfin ! Je suis tellement crevé que j'aimerais déjà dormir… J'aime être dans cet état, il n'y a que comme ça que je peux dormir un minimum.
Je fais attention à ne pas faire de bruit en ouvrant la porte mais quand je vois la lumière du salon allumé, je sais que ma mère est réveillée et qu'être discret devient inutile. J'enlève mes chaussures et ma veste, passe prendre un verre d'eau avant de commencer à me diriger vers ma chambre.
-Ace.
C'est ma mère. J'avais espéré pouvoir aller me coucher tranquillement mais au ton qu'elle a employé, je sais que je peux toujours rêver. Elle va sûrement m'engueuler, comme d'habitude, me reprocher de trop sortir, de boire, de fumer et j'en passe. De toute façon ces temps-ci, elle ne fait que ça… Je sais très bien qu'elle en a marre de moi. Elle ne me le dit pas mais je sais qu'elle le pense. Pour elle, je suis une mauvaise personne, un mauvais fils. Elle n'aurait pas tort de le penser en tout cas si ce n'est pas le cas. Quand je l'entends pleurer après avoir reçu une fois de plus un coup de fil du lycée lui disant que j'ai fait telle ou telle chose et que si ça continue je vais être viré, je ne peux m'empêcher de penser ainsi.
Je l'aime. C'est ma mère et je ferai tout ce que je peux pour la protéger et lui donner la vie qu'elle mérite. Mais ce qu'elle ne comprend pas, c'est que je ne le fais pas exprès d'être comme ça.
Je sais qu'elle attend une réponse de ma part mais je ne sais pas vraiment quoi lui dire.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
Elle soupire et je ne peux m'empêcher de baisser les yeux quand je sens les reproches arriver.
-Ton père t'as attendu, Ace.
Et ça y est, c'est reparti. Encore lui.
Je le déteste.
Il nous a abandonnés ma mère et moi quand j'étais petit et ma mère lui a pardonné sous le prétexte qu'il n'avait pas eu le choix, qu'ils venaient de deux mondes complètement différents et qu'il avait des devoir envers sa famille. N'importe quoi. On est au XXIème siècle et ce genre d'excuse bidon ne marche plus. Il n'a tout simplement pas eu les couilles de dire merde à sa famille pour pouvoir être avec ma mère. Et le pire dans tout ça, c'est qu'elle l'aime encore alors que lui a refait sa vie sans se soucier d'elle. Il est marié à une magnifique femme et a un fils, enfin plutôt un gosse, dont il est le tuteur. Alors que ma mère et moi vivons dans un HLM pourri au dernier étage sans ascenseur. Le salaire de ma mère nous suffit à peine malgré les centaines d'heures supp' qu'elle se tape.
J'ai très peu de souvenirs de lui et je le connais à peine. Je n'ai de toute façon pas envie de le connaître plus. Je ne pense pas que ce soit le genre de personne qui mérite mon attention ni mon affection.
Avant, je me demandais toujours pourquoi ma mère ne sortait jamais avec des hommes. Je pensais que c'était parce qu'elle n'avait aimé que mon père et que ça l'empêchait de s'engager dans d'autre relation. Mais non. Elle restait seule avec l'espoir fou qu'un jour, il se déciderait enfin à tout plaquer pour elle et aujourd'hui encore, elle espérait qu'il le ferait.
Elle attend toujours ses visites avec impatience. Elle est toujours heureuse quand il vient alors que moi tout ce que je veux, c'est fuir très loin. Ma mère attend encore son prince charmant sans savoir qu'il n'existe pas.
Il me donne la gerbe. Il croit que venir une fois par mois nous rendre visite fera de lui un bon père et un homme bien ? Il est encore plus con que moi. J'ai l'impression qu'il ne vient que pour faire sa B.A du mois.
-Ace ! Est-ce que tu m'écoutes quand je te parle ? Je viens de te dire qu'il t'a attendu. Mais où étais-tu, bon sang ? s'énerve ma mère.
-Désolé, j'étais avec Law et Zoro, je n'ai pas vu le temps passé.
-Tu n'as pas vu le temps passé...
Elle soupire, lasse de tout ça et se rapproche de façon à pouvoir me faire face.
-Il est presque 04h00. Je suis fatiguée, Ace. Tu sors jusqu'à pas d'heure, tu bois et ne mens pas, tu empestes l'alcool. Tu fumes aussi, et sûrement pas que des cigarettes.
-Je ne me drogue pas ! je proteste vivement.
Je n'arrive pas à croire qu'elle puisse penser ça de moi.
-Je ne te crois pas. Je ne te crois plus.
Et là, je vois qu'elle est déçue de moi et je ne sais pas quoi dire. Je ne veux plus voir ça alors je monte vivement dans ma chambre mais avant de partir, j'ai le temps de l'entendre dire '' ça ne peut plus durer… ''.
Lundi 14 Novembre 2016
Ça fait maintenant un peu plus d'une semaine depuis ce fameux soir et depuis que les cours ont repris, je me suis un peu calmé. Faut dire que j'en avais marre que ma mère m'engueule à longueur de temps.
Je suis en train de prendre mon petit-déjeuner en regardant Bob l'éponge et je me lasse vite. J'ai l'impression qu'il s'agit tout le temps des mêmes épisodes. Je suis fatigué, n'ayant pas assez dormi à cause de mes crises à répétition. Je suis fatigué et ai à peine assez d'énergie pour mâcher mes céréales. Je n'ai pas le temps de m'apitoyer plus sur mon sort que je sens mon portable vibrer dans ma poche.
Sûrement Zoro.
Bingo.
De : Roro-Noa
À : Ace
Je suis devant chez toi. Enfin. Bouge ton cul, le voisin croit que je suis un punk. Il veut appeler les flics.
Ce mec me fait juste trop rire. Je m'oblige à terminer en vitesse mes céréales avant de mettre mon bol dans l'évier. Le voisin d'en face est trop relou et comme c'est un quartier un peu chaud, il croit que tous les ados sont des punks ou des voyous. Bon, faut dire qu'avec ses cheveux verts, Zoro ne passe pas inaperçu.
À peine deux minutes plus tard, je suis enfin dehors en train d'enfiler le casque que Zoro m'a passé. Je m'assois ensuite derrière lui et m'accroche fermement à sa taille. Zoro est un danger public au volant de sa moto. Je crois que j'ai déjà failli mourir une bonne dizaine de fois depuis la rentrée à cause de lui alors qu'on est simplement début novembre.
-C'est bon, je suis prêt.
-D'accord.
Et sur ces mots, il fonce. Littéralement. Je crois qu'il n'est pas au courant qu'en ville, la limitation de vitesse est de 50km/h et non pas 70. C'est à cause de personne comme lui que des drames sont si vites arrivés. Je soupire, étonné que Zoro soit toujours en aussi bonne santé malgré la manière dangereuse dont il vit.
-Putain, Zoro, ralentis ! Je me suis coiffé ce matin ! je lui sors, commençant à craindre pour ma vie mais que je me garde bien de lui dire.
-Tu portes un casque, bouffon.
-Peut-être mais avoir le vent dans la gueule comme ça, ce n'est pas très agréable alors ralentis.
Je fais une pause et reprend.
-Je crois que t'as tué un chat.
Zoro ralentit aussitôt.
-Sérieux !?
-Non.
Les chatons, c'est trop mignon. Personne n'y résiste à moins d'y être allergique ou de s'appeler Law.
Un peu plus rassuré et aussi parce que c'est chiant de crier pour se faire entendre, j'arrête de lui parler. On s'arrête à un feu rouge et j'en profite pour regarder autour de moi. Je remarque alors qu'il y a plein de lycéennes par-là. Sans doute leur lycée n'est-il pas loin. Elles portent toutes des uniformes. Je me dis alors qu'elles doivent être dans une école privée et je suis bien content d'aller à l'école publique du coin et de pouvoir m'habiller comme je le souhaite. Enfin, du coin, c'est vite dit…
-Ça s'est passé comment avec ta mère la dernière fois ?
-Comme d'habitude. Je me suis un peu calmé. Du coup en ce moment, ça va mieux.
-Hum.
Presque une demi-heure plus tard, nous sommes enfin arrivés. On a failli être en retard, merci Zoro, et si je n'avais pas indiqué la route à mon ami, ça aurait sûrement été le cas. Quand on passe devant le surveillant, il nous fixe un long moment. Je vois à ses yeux qu'il aimerait nous faire des remarques désobligeantes par rapport à notre tenue mais il ne dit rien parce que ce serait inutile. Zoro a les cheveux verts depuis tellement longtemps que j'ai oublié si c'est naturel ou si c'est une coloration, sans parler de ses boucles d'oreilles. Quant à moi... Mon style vestimentaire n'est pas dégueulasse, loin de là. Je porte la plupart du temps un short ou un pantalon court ainsi qu'un haut plus ou moins de bon goût et plus ou moins fermé... Ce qui dérange véritablement le surveillant, ce sont mes tatouages et le fait que je ne vienne jamais assez couvert en cours. On passe à côté de lui sans plus le calculer que ça, un '' bonjour '' respectueux sortant tout de même de ma bouche.
-Tu commences par quoi ? me demande Zoro alors qu'on marche dans les couloirs bondés du lycée.
-Je sais pas… Maths, je crois, je lui réponds, toujours aussi peu sûr de moi-même après plusieurs semaines avec le même emploi du temps.
-Putain, t'as pas de bol ! Commencer par ça à 08h00, grogne-t-il, compatissant.
-Arrête de te foutre de moi, je suis sûr que t'as pas mieux, je rétorque, bien décidé à me moquer de lui également.
-J'ai français. On va étudier '' les mises en scène dans les discours ''. A moins que ce soit autre chose…
-Bonne chance avec ça, mec.
Je lui tape brièvement l'épaule tout en lui rappelant de me retrouver dans le coin fumeur à la pause et me dirige vers ma salle de classe. Dès que j'entre, la prof referme la porte et me dit de me dépêcher de m'installer. Apparemment, tout le monde est déjà là.
Le cours commence et mon ennui avec mais malgré tout, je prends des notes. On est sur les ordinateurs donc on a un peu plus de liberté que si on faisait un cours traditionnel. Je vois du coin de l'œil que ma voisine est déjà connectée à Facebook, encore moins motivée que moi pour les courbes de proportionnalité que la prof nous a demandées de faire. J'essaie de me motiver et après avoir passé plus de deux minutes à soupirer, je sors de mon sac mon gel antibactérien et me lave rapidement les mains avant d'allumer mon ordinateur.
Première étape OK.
J'entends des rires venant d'en face. La salle de classe est organisée de manière assez particulière, les tables se suivent et forment un U, ce qui fait qu'on peut tous s'observer sans problème sans pour autant savoir ce que chacun fait sur son ordinateur.
Le temps passe. Je me concentre sur mon travail tout en ignorant les idiots qui se moquent de moi mais ça ne m'empêche pas d'entendre vaguement ce qu'ils disent. Je sais qu'ils se moquent de moi par rapport à mes manières et me trouvent bizarre. C'est pour ce genre de raison que je ne cherche pas à aller vers les autres, ils ne peuvent pas comprendre. La cloche sonne et la prof nous explique brièvement ce qu'on fera au cours suivant avant de nous laisser partir.
Je ramasse mes affaires en vitesse et c'est sans grand entrain que je me dirige vers le prochain cours. Je suis fatigué, j'ai vraiment très mal dormi la nuit dernière et je ne rêve que d'une chose, être allongé dans mon lit pour fermer les yeux et ne plus jamais me réveiller.
Le cours d'histoire se déroule plus ou moins bien. C'est une matière que j'apprécie alors je participe dès que je le peux. La première et la deuxième guerre mondiale, la guerre froide et les guerres d'indépendance sont des sujets qui me plaisent. Je trouve ça important de savoir ce qu'il s'est passé avant et de ne surtout pas oublier que le monde dans lequel on vit maintenant n'a pas toujours été aussi calme, que des gens ont sacrifié leurs vies pour leurs rêves et leurs idées.
Bien que certain ne le mérite pas vraiment... C'est ce que je pense avec amertume quand mon voisin de table sort son potable pour appeler son pote de devant et ainsi le mettre dans une situation assez compromettante. Quelle bande de débiles. Bien entendu, son pote se fait engueuler mais puisqu'il ne veut pas tomber seul, il dit '' Pourquoi tu m'appelles, mec ?! ''. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Ce genre de truc, franchement, je m'en passerais bien
J'ai hâte d'être à la pause de midi histoire de pouvoir pioncer un peu. En attendant, je regarde par la fenêtre en écoutant la prof nous lire un extrait d'un document sur '' la course à l'armement ''.
xXx
-Alors ? me demande soudainement Zoro.
-Alors quoi ? je demande tout en commençant mon yaourt.
-Tu vas pas me faire croire que t'as pas remarqué que la fille derrière te mange des yeux ?
Il se moque, recrachant des miettes de pains au passage. Heureusement, il s'empresse de les ramasser.
-Non, pas vraiment.
-Bah, tu le sais maintenant. Et donc ?
-Rien. Je ne te demande pas si tu es sur tel ou tel mec, Zoro. En plus, tu sais très bien que je n'aime pas parler de ça.
J'ignore mon ami et mange sans grand entrain mon yaourt. Les relations et moi, c'est assez compliqué... Je suis tombé amoureux assez jeune, à presque 13 ans, et j'ai fait ma première fois dans la foulée. Bien entendu, ça n'a pas duré longtemps. Pas que je l'aimais vraiment mais étant donné qu'elle beaucoup plus âgée que moi, presque majeure, et en couple, je suppose que c'était la suite logique des événements. Elle me donnait des cours de soutien et je suis très vite tombé sous son charme.
Je ne me souviens plus trop de comment tout ça s'est passé, comment on en est arrivé à sortir ensemble, pourquoi on a fait ce qu'on a fait. Ce n'est pas vraiment un souvenir très agréable. La relation que j'ai eue avec elle m'a un peu dégoutté de l'amour. Je l'ai vraiment aimée mais au final, ça n'a pas suffi. Notre histoire s'est très mal finie et j'ai eu du mal à tomber de nouveau amoureux. Je ne suis sorti qu'avec une seule fille après et ça n'a pas duré bien longtemps. J'ai arrêté dès que je me suis rendu compte que tout ça n'était pas pour moi.
Aujourd'hui, je ne me rappelle même plus du nom de cette femme ni de son visage... C'est assez comique.
Maintenant, je suis juste dégoutté.
-Te vexe pas, mec, s'excuse à moitié mon ami.
-Je suis pas vexé, c'est juste que t'es lourd quand tu t'y mets. Je vais essayer de te caser, on va voir si tu rigoles toujours, je le menace.
-Tu ne le feras pas, me dit-il en terminant sa pomme.
-Ouais, t'as raison. Surtout qu'au final, je ne suis même pas sûr d'y arriver.
Je plaisante pour l'énerver un peu. Je me reçois même un petit coup de pied de protestation de sa part.
Puisqu'on a fini de manger, on se lève et débarrasse nos plateaux avant de faire un petit tour aux toilettes pour se laver les mains. Je passe plus de temps aux sanitaires que Zoro et me lave en plus les mains avec mon gel après les avoir séchées mais Zoro ne dit rien. Il ouvre même la porte des toilettes pour sortir et je l'en remercie.
Zoro et moi, on est un peu des parias dans cette école. Ou peut-être pas. Le mot paria ici est peut-être un peu trop fort mais en gros, personne ne se mêle à nous et ne fait aucun effort pour nous intégrer. Je ne sais pas pour Zoro mais pour ma part, j'ai même droit à des moqueries et autres joyeusetés. Encore dans mon cas, je peux le comprendre. On ne peut pas dire que je sois normal ou comme les autres. Même si ça me blesse quand on me dit qu'il me manque des cases, je ne peux pas vraiment leur donner tort. Zoro lui est juste un gay solitaire qui même s'il n'a pas forcément l'air sympa à première vue, est quelqu'un de super. C'est dommage pour lui. Je veux dire, les gens sont cons et malheureusement, ce n'est pas prêt de changer.
Je demande à Zoro si on peut aller devant le self où il y a de l'herbe pour que je me pose vite fait. J'ai vraiment besoin de dormir. On arrive vite et heureusement à cette heure-ci, il y a très peu de monde. Je pose alors ma veste par terre qui se trouvait dans mon sac pour éviter de me salir. Zoro s'adosse à un arbre, ce qui me permet de me servir de ses jambes comme oreiller.
Je mets mes écouteurs et ferme les yeux. Je ne sais pas pour Zoro mais moi, je m'endors très vite. L'esprit ailleurs, je sens mes muscles s'alourdir, m'emportant dans une sorte de torpeur. Juste du noir et un repos tant mérité.
J'entends des bruits de voix et lentement, je me réveille. J'ai l'impression d'avoir dormi tout juste dix minutes. Pas tout à fait réveillé, j'ouvre les yeux et soudain, les bruits de voix cessent. Un peu perturbé, je me lève pour m'asseoir correctement et observe trois mecs en face de nous. Je sens derrière moi que Zoro est tendu et me demande si les bruits de voix que j'ai entendus tout à l'heure n'était pas plutôt les bruits d'une dispute entre eux.
-C'est bon, la belle au bois dormant est réveillée ? me lance l'un d'eux, espérant sûrement m'énerver.
Je l'ignore.
-On bouge ? je demande, et Zoro me répond par l'affirmative.
On se lève alors pour de bon dans le but de partir mais bien entendu, les emmerdeurs de tout à l'heure ne nous laissent pas faire.
-Un problème ? je demande, mes mains commençant à me démanger mais je ne sais pas si c'est parce que j'ai envie de les laver ou si j'ai juste envie de leur foutre une droite.
-Non, pas vraiment. Mes potes et moi, on se faisait chier alors on s'est dit qu'on allait venir s'amuser un peu avec vous.
Je me sens nerveux, trouvant que ces idiots se trouvent trop près de moi. Ils envahissent lentement mais sûrement mon espace vital. Je sais maintenant que j'ai envie de me laver les mains. J'ai toujours envie de les laver quand je suis stressé. Je ne suis pas du genre bagarreur même si je sais l'être quand il le faut et j'ai l'impression que je serais amené à l'être aujourd'hui parce qu'à priori, c'est la seule chose que ces trois zigotos demandent.
-Désolé, mec. Les plans à trois et les gang-bang, c'est pas vraiment mon genre, fait Zoro le plus sérieusement du monde.
Ça semble d'ailleurs déstabiliser le trio d'idiots car ils se regardent, ne sachant pas quoi répondre à ça.
-Ta gueule, espèce de pédé !
-T'es sérieux? Change de disque, ça on le savait déjà, je fais pour me moquer d'eux. Ils sortent toujours ce genre de truc. Ça prouve bien qu'en réalité, ils n'ont rien à nous reprocher. Ils se font juste chier et puisqu'ils sont cons, ils ont décidé d'embêter leur monde.
-Y en a même qui le savent plus que d'autre, n'est-ce pas ? me lance celui qui semble être le chef.
Je ne lui réponds pas, pas le moins du monde énervé par sa remarque. Si ça l'amuse de le croire, et bien tant mieux pour lui.
-En même temps quand t'as pas de figure paternelle pour bien t'éduquer, ça ne peut que mal tourner, fait un des crétins qui n'avait pas encore parlé jusqu'à présent.
Il me crache dessus avant de partir avec ses potes en rigolant.
Je reste bloqué sur ce bout de crachat qui dégouline lentement de mon tee-shirt. C'est juste dégoûtant. Immonde. Répugnant. Horriblement sale...
Je me sens soudainement mal et je sens Zoro s'agiter derrière moi. Il me tend un mouchoir et quand il voit que je suis paralysé, il essuie rapidement mon haut souillé. Je l'arrête alors vivement et balance mon haut par terre, ne voulant plus le porter.
Dégueulasse.
J'ai du mal à contrôler le tremblement de mes mains et je sais que cette fois, même si je suis nerveux, ce n'est pas de me les laver dont j'ai besoin.
Je suis à peine conscient. C'est comme si mon esprit et ma volonté étaient séparés de mon corps. Je me vois attraper un des gars et je ne sais même plus si c'est contre lui que je suis énervé mais ça ne m'empêche pas de lui coller un direct du droit sur son nez. Je peux sentir son nez se briser sous l'impact du coup dans un bruit assez désagréable. Il crie mais ça ne m'arrête pas. C'est bizarre. Je suis en train de passer quelqu'un à tabac mais je n'ai pas tant l'impression que c'est moi.
Pourtant, c'est bien moi. Cette violence... ce sang... et cette colère. Tout ça, c'est moi.
Je me sens soudain ceinturer par derrière et je reconnais l'odeur de Zoro. Tout va bien. Je me force au calme et respire difficilement l'odeur de son gel douche. Les amis du mec qui pisse le sang semblent enfin se réveiller et l'aident à se relever avant de s'enfuir loin de moi. Je sens les problèmes arriver.
J'ai essayé de me contrôler.
J'ai essayé.
Désolé, maman.
Mercredi 16 Novembre 2016
J'ai été viré du lycée. Aucune surprise là-dedans, c'était la suite logique des événements. Après que l'élève blessé, je ne sais toujours pas son nom, ai été emmené à l'hôpital, ma mère est arrivée au lycée et on a été de suite convoqué dans le bureau du principal.
Je pensais que ma mère allait... je ne sais pas, peut-être s'énerver et m'engueuler ou pire, chialer dans le bureau du proviseur. Mais non, rien. Elle n'a rien dit tout le long de notre entretien avec le proviseur, et moi non plus. Même quand il a évoqué le fait que la famille du mec allait sûrement porter plainte et que j'allais avoir des ennuis, elle n'a rien dit. Et encore moins quand il a dit que j'allais être renvoyé. Ça m'a fait bizarre, j'aurais quand même aimé qu'elle dise un truc. Mais rien. Et même après qu'on soit rentré à la maison, elle n'a rien dit.
J'ai fermé ma gueule et j'ai encaissé.
Sur le coup, j'avais juste l'impression qu'elle s'en foutait, qu'elle en avait marre quoi. Je sais bien que ma mère est la personne qui m'aime le plus sur cette terre mais je sais pas, dans ce bureau aux murs blancs et aux immondes tableaux accrochés ici et là, j'ai douté. Et ça m'a fait peur en quelque sorte.
Parce que si même elle n'arrive plus à m'aimer... c'est que je suis complètement perdu. Que personne ne pourra jamais vraiment le faire et que je suis juste un malade... Un monstre en quelque sorte.
Et comme le proviseur nous l'avait dit, la famille du mec à qui j'ai cassé la gueule a porté plainte et j'ai dû aller au commissariat où ils m'ont fait un topo de la situation. Je dois encore aller au tribunal mais je sais déjà à peu près à quoi m'attendre. 1500€ d'amende et j'aurais également une interdiction d'approcher la victime à moins de 5 km ou plus, ça dépend.
Comme si je comptais le revoir.
Mais 1500€... on n'a pas les moyens.
Ça fait genre 3 jours et ma mère ne m'a toujours pas adressé la parole. Elle agit comme si je n'étais pas là et c'est sans doute ça le pire.
Elle m'en veut et je ne peux pas le lui reprocher. Avant, quand je faisais des conneries pareilles, elle se disait toujours que ce n'était pas entièrement de ma faute, que c'était la maladie - ce qui est totalement faux ou alors pas complètement vrai - et qu'il ne fallait pas m'en vouloir. Mais là, non. Elle en a marre de moi et de mes conneries. Elle est fatiguée de mes bêtises.
Elle est fatiguée de m'aimer.
Je fais n'importe quoi depuis que je ne vais pas en cours. Je fume comme un pompier et je bois beaucoup, beaucoup trop.
Vie de merde.
Du coup, je me retrouve là, allongé sur mon lit une place, une clope au bec à fixer le plafond. Je le fais depuis presque 2 heures et bizarrement, je ne m'en lasse pas. J'observe toutes les petites fissures qui se trouvent sur le plafond. Je les observe en essayant de temps en temps de deviner comment elles sont apparues.
Mon portable vibre et je soupire, je suis sûr que c'est Zoro.
De : Roro-noa
A : Ace
Je suis désolé.
Putain, j'ai envie de le frapper. Je veux pas qu'il dise ça. Il s'excuse alors que...
Je soupire, ça sert à rien de penser à ça. Je descends dans la cuisine histoire de boire quelque chose, j'ai la gorge tellement sèche.
En descendant les escaliers, j'entends ma mère parler au téléphone. D'habitude je m'en fous mais là, j'écoute. J'ai l'impression que c'est peut-être important. Elle est en train de parler à mon géniteur et je veux savoir ce qu'elle est en train de lui dire.
-Roger... Je ne sais plus quoi faire. Il a passé un de ses camarades à tabac et le pire dans tout ça, c'est qu'il ne regrette pas !
Je me rapproche un peu plus, histoire de pouvoir mieux entendre. J'aimerais entendre ce que mon géniteur lui répond mais comme je pouvais m'y attendre, le haut-parleur n'est pas activé. Enfin, en même temps...
-1500€ d'amende, comme si je n'avais pas assez de mal comme ça à payer les factures... Je suis désespérée. Je l'aime tellement mais j'ai l'impression que ça ne suffit pas. Ça ne suffit plus...
Ça ne suffit plus alors tu as tout simplement arrêté ?
-Je sais qu'il est malade mais quand même... ! Il a eu 2 côtes cassées, le nez fracturé, il lui a cassé l'arcade sourcilière et...
Je ne la vois pas mais je distingue sans mal ses sanglots. Ma mère pleure à cause de moi.
Encore.
-Je t'en supplie, aide-moi… Je n'y arrive plus toute seule…
Elle lui dit encore quelque chose mais je ne l'écoute plus, je remonte dans ma chambre. Pendant encore 20 minutes, je regarde le plafond puis quand ça me saoule, je décide enfin de répondre au message de toute à l'heure.
De : Ace
A: Roro-noa
Ce n'est pas de ta faute. Je t'interdis de t'excuser.
« Être heureux ne signifie pas que tout est parfait. Cela signifie que vous avez décidé de regarder au-delà des imperfections. »
Aristote
Sabo
Mercredi 16 Novembre, 2016
Je me regarde dans le miroir pour voir si je n'ai pas quelque chose sur le visage. Rien. Je regarde mes cheveux et je grimace légèrement. Mes cheveux sont longs, trop longs d'après moi. Il faut que je prenne rendez-vous chez le coiffeur pour les couper cette semaine. J'inspecte ma tenue. Ça va à peu près.
Je me regarde une dernière fois dans le miroir avant de quitter ma chambre. Je passe devant la chambre de ma mère et je m'y arrête un instant. J'hésite à aller la voir. J'aimerais entrer. Je me demande si elle va bien.
J'aurais pu rester là pendant des heures mais des bruits de pas me ramènent à moi. Je verrai ça une autre fois. Je dois aller en cours et si je ne me dépêche pas, je serais en retard.
Quand je monte dans la voiture, mon petit frère est déjà installé. Il lit son livre sans vraiment se soucier de moi.
-Bonjour, je lui dis poliment mais comme je pouvais m'y attendre, il ne me répond pas.
Je regarde le chauffeur qui me contemple à travers le rétro intérieur de la voiture. Il me sourit et je lui souris en retour.
Je ne sais pas si je dois m'inquiéter du fait que mon chauffeur est la personne à qui je parle le plus chez moi.
Je chasse vite cette idée de ma tête.
Je ne dois pas penser à ce genre de chose. Aujourd'hui est une nouvelle journée et ce n'est pas en la commençant avec ce genre d'idée sombre qu'elle se déroulera bien. Je tourne mon regard vers le paysage et attend patiemment d'arriver à mon lycée, Marie-Joa. C'est un lycée privé où la plupart des bourgeois, ou je devrais plutôt dire tous ceux qui ont les moyens, de cette ville envoient leurs enfants. La scolarité là-bas n'est pas donnée mais il y a la garantie d'avoir de bons enseignements et d'avoir un avenir tout tracé à la sortie de cette école. Je n'y crois pas vraiment mais ce genre de phrase un peu pompeuse rassure les parents qui dépensent alors sans honte leur argent là-dedans.
Une vingtaine de minutes plus tard, j'arrive enfin à destination. Je suis très vite rejoins par mon meilleur ami que je m'empresse de saluer. Avec une motivation tout à fait relative, on se dirige vers nos salles de classe respectives.
Sur le chemin de la classe de Marco, j'écoute Sanji me parler de son week-end infernal avec Zeff. Il me parle des plats qu'il a appris à cuisiner et quand je vois des étoiles dans ses yeux, je suis heureux pour lui. Il aime tellement cuisiner et il est tellement motivé que je suis sûr qu'il ira loin. Et puis, il est doué.
La cloche sonne. Il est 08h00, les cours commencent.
Et pendant une bonne demi-heure, je vais écouter mon professeur de philosophie parler du libre arbitre. J'ai toujours aimé cette matière parce qu'elle nous oblige à nous interroger sur la vie. Je déteste le fait de juste me contenter de vivre sans rien comprendre de ce qu'il m'entoure.
De plus, mon professeur est quelqu'un de très bien. Il est gentil et prend le temps de nous expliquer ce que nous ne comprenons pas. Il sait rendre son cour intéressant et c'est ça que j'apprécie chez lui. Le chapitre clos, nous abordons alors un nouveau sujet.
'' La beauté de la nature ne cache-t-elle pas sa cruauté ? ''
C'est la question que nous allons traiter en cours aujourd'hui. Et pendant presque 1 heure, nous débattons sur ce sujet. Quand la cloche retentit, indiquant alors l'heure de la pause, je suis assez surpris. Le temps a passé vite. Si tous les autres cours pouvaient se dérouler à cette allure... Doucement, je range mes affaires avant de rejoindre Sanji qui m'attend dans le couloir.
Très vite, Koala et Nami nous rejoignent. Sanji se jette sur sa petite amie pour la noyer de mots d'amour et de tendres baisers. Pour ma part, je me contente d'un simple et rapide baiser sur les lèvres de Koala. Je n'ai jamais vraiment été démonstratif, enfin pas comme l'est Sanji. À vrai dire, moi ça me gêne un peu d'embrasser ma petite amie devant tout le monde même si je sais qu'il est très peu probable que l'on nous observe.
Je sors avec Koala depuis qu'on a 13 ans. Je suis maintenant âgé de 16 ans mais je suis toujours aussi peu à l'aise pour l'embrasser en public, c'est assez pathétique... Je suis sans doute trop pudique. Et puis avec Koala, on n'est pas du genre très expansif. On s'embrasse très peu. Le seul contact qu'on a régulièrement quand on se voit, c'est se donner la main. J'ai l'impression qu'on a plus une relation platonique qu'autre chose. Je ne sais pas pour Koala mais moi, ça me va très bien.
-Bonjour, Nami.
Je fais un geste en direction du couple pour leur rappeler que Koala et moi existons et que j'apprécierais que Nami me dise bonjour.
Nami sourit, se penche et me fait la bise. Je rougis légèrement et regarde Koala dans le but de déceler la moindre émotion qui serait susceptible d'assombrir son si joli visage, mais rien. Koala est du genre jalouse alors à chaque fois que je parle à une fille, je fais attention histoire de ne pas créer de problème inutilement. Je suppose que puisque Nami est son amie et qu'elle est déjà prise, elle ne se fait pas de souci.
Elle me sourit et je lui réponds de la même façon. Tout va bien.
Samedi 19 Novembre 2016
Anxieux, je sonne à l'interphone et j'attends patiemment que la porte s'ouvre. Et c'est ce qu'il se passe après que la gouvernante m'ait demandé de décliner mon identité et que je lui ai indiqué que j'étais Sabo.
Une fois par semaine pendant deux heures, je donne des cours de soutien à Luffy. Il a 13 ans et est au collège d'East Blue. Il rencontre quelques difficultés scolaires et M. Gold D Roger cherchait quelqu'un pour l'aider. Roger n'est pas le père de Luffy mais son tuteur. Les parents de Luffy ne peuvent pas s'occuper de lui alors c'est lui qui le fait. Cela dit, je ne sais pas vraiment pourquoi. Je n'ai pas demandé parce que je pense que c'est personnel et que ça ne me regarde pas.
Dès que mon père a su que le tuteur de Luffy cherchait quelqu'un pour aider celui-ci en cours, il m'a poussé à me proposer pour ce poste. M. Gold. D Roger est un homme extrêmement riche et influent. Mon père y a vu un moyen d'être dans les bonnes grâces de ce richissime homme d'affaire. Je n'étais pas vraiment enthousiaste à cette idée mais j'étais fatigué et ça fait longtemps que j'ai arrêté de m'opposer à mon père. Je n'ai plus ni l'envie ni la motivation... J'attends juste patiemment de pouvoir partir, de m'échapper de l'emprise de cet homme que je ne considère même plus comme mon père.
-Bonjour ! je lance vivement en sentant Luffy se jeter dans mes bras.
-T'es en retard !
-Je suis désolé, j'ai dû passer chez moi chercher des affaires.
Je donne cours à Luffy de 10h à 12h30. En réalité, on ne travaille que 1h30 et le reste du temps, on parle de tout et de rien. J'adore Luffy, il est tellement adorable. Des fois, j'aimerais que mon petit frère Stelly soit comme lui.
-Sabo, dimanche tu pourras m'accompagner m'acheter des baskets ? me demande-t-il, les yeux pétillants de malice.
-Tu ne préfères pas y aller avec un de tes amis ? je lui réponds, un peu surpris qu'il me demande ça.
-Non, Roger me laissera y aller seul seulement si j'y vais avec toi. Et puis, moi aussi j'ai envie d'y aller avec toi. Alors tu veux bien ?
-Bien sûr !
J'accepte tout en me gardant bien de lui dire que si je viens avec lui, il ne sera pas seul.
-Cool !
Je ne peux rien refuser à Luffy.
On continue à réviser pendant une dizaine de minutes puis on discute et quand il est l'heure, je rentre chez moi en lui promettant de venir le chercher demain.
Quand je rentre chez moi, la table est déjà mise. Après un rapide passage dans ma chambre pour poser mes affaires, je rejoins Stelly à table. Et une fois de plus, c'est juste mon petit frère et moi. Ma mère ne sort jamais de sa chambre ou en tout cas quand je suis à la maison, elle y est tout le temps. Je ne sais pas où est mon père, sûrement à une de ces interminables réunions qui lui servira à amasser encore plus d'argent qu'il n'a déjà.
Et mon frère...
Il m'adresse à peine la parole. Ça fait presque un an que ça dure. Du jour au lendemain, il s'est mis à me parler seulement quand ça lui semblait nécessaire. Je ne sais pas pourquoi il agit ainsi.
Ça me blesse tellement.
Je ne le dirais sans doute jamais à personne mais je me sens tellement seul ici.
J'ai un père, une mère et un petit frère.
J'ai une petite amie adorable.
Un meilleur ami merveilleux.
Pourtant...
Je me sens si seul.
Je ne montre rien de ma souffrance aux autres. Des gens souffrent beaucoup plus que moi dans le monde. Mes problèmes à côté des leurs sont justes ridicules.
Et puis à force de vivre comme ça depuis toujours, je m'y suis habitué. J'ai appris à vivre avec. J'ai appris à mentir et à porter un masque et quand je le porte, je suis le Sabo souriant, premier de la classe, petit ami et meilleur ami parfait.
Je croyais vraiment m'y être habitué mais parfois où je... Je suis juste usé.
Des fois, j'aimerais être moi-même.
Dimanche 20 Novembre 2016
-16 sur 20.
Mon père ne me regarde pas. Il se contente de feuilleter ses dossiers en prenant des notes quand ça lui semble nécessaire.
-Je sais que ce n'est pas très bien, lui dis-je en essayant d'avoir l'air triste même si je ne le suis pas vraiment.
Pour moi, cette note est tout à fait correcte mais je ne vais certainement pas dire ça à mon père, il prendrait ça comme une insulte.
-Pas très bien ? C'est pathétique, Sabo. Tu es pathétique, Sabo.
Il ne me regarde même pas quand il parle. Il continue à feuilleter ses dossiers sans vraiment s'intéresser à moi. Même pour me disputer, il n'a pas le temps.
-Je ferai mieux la prochaine fois, lui dis-je, espérant ainsi mettre fin à cet entretien.
-C'est trop tard maintenant. À cause de cette note, ta moyenne va baisser. Comment as-tu fait pour avoir une note aussi... minable ? souffle-t-il, excédé alors que sa main droite continue de signer une pile de papiers.
-J'ai été très occupé avec les entraînements de basket et je n'ai pas pu réviser autant que je l'aurais voulu...En plus, c'était un contrôle surprise e-
-Tais-toi, Sabo, tu me fais honte. Les excuses sont pour les faibles.
Regarde-moi en face quand tu dis ça !
C'est ce que j'ai envie de dire mais je n'en fais rien. Mon père a raison, je suis faible. Alors je me contente de baisser la tête et d'attendre la sentence. Je serre les poings, énervé contre lui, contre moi.
J'arrête cependant très vite quand une forte douleur se fait sentir dans mon poignet droit. J'ai fait une mauvaise chute lors de l'entrainement et mon poignet n'a pas apprécié. Malgré la douleur, je fais comme si de rien n'était, n'ayant pas envie que mon père ait une plus mauvaise opinion de moi encore. Juste pour ça, il pourrait me traiter d'incapable.
-Reste là et ne bouge pas tant que je ne t'en ai pas donné l'ordre. Ça te fera réfléchir
-Très bien.
Il retourne à ses dossiers qu'il n'avait jamais vraiment quittés. Et moi, je reste debout devant son bureau, immobile, comme il me l'a demandé et j'attends.
Et j'attends.
Ça doit faire deux heures que je suis immobile devant lui et quand je bouge légèrement pour éviter l'apparition de crampes, il relève vivement la tête et me fixe avec des yeux noirs de colère.
-Je ne t'ai pas autorisé à bouger.
-P-pardon.
J'ai l'impression qu'il veut me torturer.
Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là. J'ai l'impression que je vais devenir fou avec le tic-tac de l'horloge.
Vers 10h00, je suis sorti avec Luffy pour l'accompagner acheter ses chaussures. Je suis rentré chez moi pour le repas du midi où j'ai mangé une nouvelle fois seul avec mon petit frère. Jusqu'à 15h00, je suis resté réviser dans ma chambre et c'est à cette heure-là que mon père m'a convoqué dans son bureau. Convoqué, ce mot me fait bien rire.
Je suis fatigué. Je sens mes jambes trembler. J'aimerais bouger mais je ne le fais pas. Mon père a une telle emprise sur moi que ç'en est affligeant. Il pense que je suis faible mais il ne me connait pas vraiment. Il ignore à quel point je peux me montrer fort quand je le veux. De toute façon, il ne tiendra pas éternellement ce discours.
Je ne sais pas quelle heure il est mais il doit sûrement être tard. La faim commence à me tirailler et j'ai des vertiges. Mon ventre grogne légèrement et si ça me fait sourire, ça ne provoque qu'un soupir de la part de mon père. Sans parler de ma faim, j'ai vraiment très mal aux jambes. Je me demande comment il peut continuer à travailler calmement alors que je souffre à ce point.
Je suis son fils.
Est-ce qu'il a au moins une once d'affection pour moi ? Je rigole intérieurement de ma propre bêtise. En a-t-il jamais eu ?
-Tu peux partir.
À peine a-t-il prononcé ces mots que je m'empresse de remuer les jambes. Malheureusement, je suis resté immobile trop longtemps et dès que je bouge, je m'écrase littéralement par terre. J'essaie de me relever mais je n'y arrive pas, pas au début du moins. Je ressens des picotements dans les jambes et c'est affreux. Je les masse légèrement pour faire passer la sensation désagréable de centaines de fourmis se baladant à l'intérieur.
-Qu'attends-tu pour partir ?
-Je ne sens plus mes jambes...
Il soupire et retourne à ses papiers traitant de je ne sais quoi. Je commence à m'éloigner, heureux de quitter enfin cet endroit maudit.
Quand ma vie a-t-elle commencé à basculer ?
xXx
Ça fait dix minutes maintenant que je suis dans ma chambre, allongé sur mon lit, fatigué. Fatigué de tout ça…
Je le déteste.
De me faire subir tout ça, toute cette pression. De me pousser à être le meilleur, en tout et partout. Il veut que je sois parfait mais je ne suis pas parfait. Le Sabo parfait qui est premier de la classe, qui a une petite amie et un meilleur amis merveilleux n'existe pas réellement. Celui qui est attentionné envers tout le monde et qui a une vie de famille parfaite, ce n'est pas moi.
Je ne suis pas parfait et je ne le serai jamais. Tout ce que je veux, c'est être moi-même et être heureux.
Je la déteste.
De fuir ses responsabilités, de se cacher en espérant que quand elle décidera enfin de sortir de sa tanière, tout ira bien. Je la déteste d'être une mauvaise mère et de le laisser me traiter ainsi.
Je le déteste.
De m'ignorer comme ça sans aucune raison. De suivre la trace de notre père et de croire que c'est un père merveilleux. De ne pas être là pour moi...
Je me déteste...
D'être aussi minable.
Mais les choses ne vont pas rester ainsi encore longtemps. Quand j'aurais 18 ans, elles changeront. D'une façon ou d'une autre.
Dans le prochain chapitre :
-Y a un problème ?
-Ça dépend de toi. Moi, je n'en vois pas.
Il s'arrête, me forçant à faire de même. On est en plein milieu du couloir qui, à cette heure-là, est noir de monde.
-Je me trompe peut-être mais j'ai l'impression que tu es en train de te foutre de moi.
Je souris sans rien répondre, ce qui lui fait froncer les sourcils.
-Si tu as quelque chose à me dire, vas-y.
Il soupire et croise ses bras sur son torse. Je remarque alors qu'il est plus musclé que ce que je pensais. Rien de surprenant s'il fait du sport.
-Te prend pas la tête, c'est juste que tu me fais bien marrer.
-Ah et pourquoi ça ?
-Délégué, vice-président des élèves, capitaine de basket et une copine pom-pom girl, j'énumère en prenant soin de compter avec mes doigts. T'es un putain de cliché, mec... Ça fait un peu pitié, non ?
Et voila le premier chapitre de cette " longue " histoire ou je vais alterner le point de vue de Ace et celui de Sabo. Histoire avec des thèmes assez dur, vous le verrez au fur et à mesure.
J'espère que ce premier chapitre vous donnera envie de lire la suite et vous fera apprécier le coupe Ace x Sabo qu'on ne voit pas beaucoup. En tout cas merci d'avoir lu, n'hésitez pas à laisser une petite review ça fait toujours plaisir! ;)
Prochain chapitre le 23 novembre.
A bientôt.