Note: Un nouveau chapitre qui j'espère va vous plaire, merci à ciboulette333, kalane, yugai et bloupbloup pour leurs reviews. Et Calliope ma bêta adorée (qui doit être énervé de toutes mes fautes :))


Un nouveau matin se lève sur la cité perdue des oiseaux. Stiles qui n'avait pu retrouver le sommeil de la nuit était parti en ville, en quête d'un emploi. Sa figure avenante et honnête retenait l'attention des potentiels employeurs. Néanmoins, ce ne fut qu'en fin de journée qu'il décrocha une proposition d'emploi chez "Jampony Express", une agence de coursiers. Une période d'essai fut convenue pour la semaine suivante.

Stiles, plutôt soulagé d'avoir décroché une proposition de job si facilement, rentra chez lui le cœur léger.

Un doux sourire flottait encore sur ses lèvres lorsqu'il franchit la porte d'entrée. Il enleva son sac à dos, retira son blouson, et déposa ses clés sur le guéridon prévu à cet effet. Marchant d'un pas tranquille vers la cuisine, il alla se servir un grand verre d'eau fraîche afin de se désaltérer de cette journée de recherche effrénée. Le jeune homme était en train de se servir un deuxième verre d'eau lorsqu'un tintement près de la porte d'entrée retint son attention.

Le bruit de la clé glissée dans la serrure le fit sursauter. A cause de ce geste nerveux, un peu d'eau jaillit du verre et atterrit sur son sweat-shirt. Il s'essuya rapidement du revers de la main, et se retourna lentement vers l'entrée. Dissimulé dans la cuisine, il guettait par la porte entrebâillée les mouvements de son tuteur qui venait d'arriver.

Celui-ci avait claqué la porte d'entrée et grommelait dans sa barbe des mots inintelligibles. Stiles sentit son cœur battre de plus belle. Les années passées à la charge de ce tourmenteur lui avait appris à décrypter tout les faits et gestes de son oncle. Il pouvait deviner, rien qu'à sa démarche lourde et décidée, à ses sourcils exagérément froncés et à son regard ombrageux, que son oncle était très en colère et qu'il allait se prendre une raclée.

Suspendant ses gestes, Stiles entendit avec une angoisse croissante le chef de famille s'approcher. Quand il fut à sa hauteur, le garçon sut avec certitude qu'il était sur le point de se faire cogner.

Son oncle était un homme large d'épaule, sa carrure était celle d'un ancien boxeur. Stiles savait qu'au corps à corps, il n'aurait aucune chance. Il ne s'en souciait pas outre mesure, car sa droiture était telle qu'il n'aurait jamais songé à se rebeller contre l'autorité familiale, même si c'était un vrai abruti qui l'incarnait.

Son oncle menaçant le regardait avec hauteur, une veine violacée palpitait à son front.

" Sais-tu où j'ai passé ces dernières heures, mon garçon? demanda le quadragénaire d'un ton narquois.

- Non, mon oncle ", murmura le châtain.

Stiles avait baissé les yeux dans le vain espoir d'apaiser la colère du tuteur. Hélas, cette docilité apparente n'eut aucun effet, puisque c'est d'une voix pleine de fiel qu'il reprit:

" Et bien, j'ai été convoqué par ton directeur, sais-tu pourquoi? "

La respiration de l'adolescent se fit plus erratique à l'entente de ces mots, son cœur pulsa férocement dans sa poitrine... Bien sûr qu'il savait... comment aurait-il pu ne pas savoir ? Il attendait justement que ça lui tombe sur le coin de la gueule. Maintenant, il en était convaincu, il allait être sévèrement puni.

" Parce que..., bégaya-t-il, parce que... je n'ai pas été au lycée depuis une vingtaine de jours. "

Le tuteur, exaspéré, serra ses poings sous la fureur qui le traversait. Le plus jeune se prépara au pire et ferma les yeux.

"Tu es renvoyé, petit con!" hurla finalement l'oncle enragé avant de se jeter sur lui et de le rouer de coups.

Rien ne semblait pouvoir arrêter sa colère, et quand Stiles tomba à terre après quelques coups de poing, il se mit à lui donner des coups de pieds.

Le jeune homme, qui avait la tête ensanglantée reposant contre le carrelage ne pouvait rien faire d'autre qu'encaisser les coups brutaux de son tortionnaire.

Stiles gémissait, mais serrait les dents. Il se refusait à implorer son pardon, sa fierté étant son seul rempart face à cette violence, la seule chose que ce monstre ne pouvait atteindre, la seule chose qu'il ne pouvait pas lui enlever.

L'adolescent sentait les bottes pointues lui broyer les côtes. Dans sa bouche sanglante, ses dents déchaussées l'élançaient terriblement. Tout son corps semblait perclus de douleur...

Entre chaque attaque, l'homme irascible proférait une insulte humiliante.

"Sale chien... Petite ordure... Je vais te mater... Je vais t'apprendre la discipline!"

Stiles ne les entendait même plus, le rythme des coups s'était affaibli et il commença à perdre conscience, des taches blanches apparaissant devant ses yeux.

Un dernier coup au crâne, et ce fut le black-out.

...

Ce fut plus tard, bien plus tard, qu'il se réveilla.

Stiles avait passé la nuit par terre, couché sur le carrelage froid de la cuisine.

Son arcade sourcilière s'était coupée, son sang avait coulé sur ses paupières, les collant entre elles. Il dut se frotter longuement les yeux avant de pouvoir les ouvrir.

Le jeune les referma aussitôt, en effet, un rayon de soleil filtrait à travers la fenêtre, et lui atterrissait droit dessus. Cette lumière trop vive lui provoquait des élancements de douleur qui irradiaient jusqu'à son cerveau.

Toujours sonné, il prit un temps fou à retrouver le contrôle de son corps et à se redresser.

Une douleur plus vive que les autres se manifesta, à hauteur de ses côtes, celles-ci devaient probablement être fêlées.

Il s'appuya de tout son poids contre le plan de travail afin de garder un semblant d'équilibre. Il ouvrit le robinet et se rinça la figure avec quelques jets d'eau glacée.

Son oncle avait toujours eu la main lourde, mais cette punition avait été appliquée avec beaucoup trop de sévérité. Stiles sentait que sa condition physique avait cette fois-ci vraiment mise à mal. Peut-être même qu'il avait frôlé le coma. Ou la mort.

Depuis qu'il était petit, il trouvait que son tuteur était spécialement injuste avec lui. Néanmoins, il n'avait jamais tenté de se soustraire à ses punitions quasi-quotidiennes. Il pensait que ce dernier ne le frapperait jamais assez fort pour qu'il en garde des séquelles incurables.

Mais à présent, il se mettait à douter de la justesse de son raisonnement.

Son oncle l'avait quasiment torturé, il avait été à deux doigts de perdre un oeil sous les coups. Ses côtes saillantes le faisaient atrocement souffrir et sa respiration était sifflante. De plus il allait avoir de nombreuses ecchymoses qui allaient être difficiles à cacher.

"Cette fois, c'en est trop,"pensa-t-il avec amertume en s'agrippant plus fermement sur les rebords de l'évier.

Jusque là, il avait toujours réprouvé la conduite de son frère qui se fichait de l'autorité comme de sa première pantoufle, mais il se demandait aujourd'hui si ce n'était pas lui qui avait raison.

Il y avait un cap, une limite à ce qu'il pouvait endurer. Et son "protecteur", la veille au soir, les avait franchis.

Cette révélation mit Stiles tellement en rage, que pendant quelques instants, il surmonta sa douleur comme si elle n'existait pas. Tout son être pulsait d'une colère froide et sourde.

Cette vérité terrifiante s'imposait à lui, son oncle ne l'aimait pas, ne pourrait jamais l'aimer, il ne tenait pas à lui. C'était juste un affreux bonhomme, un persécuteur qui, sous couvert d'enseigner la discipline, battait cruellement les enfants dont il était responsable.

C'en était trop. Stiles, la colère aidant, se dirigea d'un pas vif vers sa chambre. Il attrapa un sac de voyage qu'il jeta sur le lit. Puis, ouvrant son placard, il empaqueta en vrac ses habits et ses effets personnels, il alla chercher le strict nécessaire de toilette dans la salle de bain.

Enfin, il ouvrit en grand la porte d'entrée et sortit. Le claquement sec que fit cette dernière en se refermant fut la dernière chose qui retentit de lui dans cette bâtisse. Sans un regard en arrière, il prit la fuite.

Il ne reviendrait pas, il l'avait décidé.

Portant avec difficulté son sac sur le dos, Stiles arpentait la cité afin de trouver son frère.

Son visage blessé n'alerta personne, c'était chose commune de battre les jeunes gens comme plâtre ici.

L'adolescent se rendit dans les ruelles les plus défavorisées, là où les odeurs d'égout rencontraient celles de l'urine.

C'était un endroit dangereux, les mines sombres des zonards provoquaient l'inquiétude de ceux qui les croisaient. Stiles se faufila rapidement et discrètement entre ces simulacres d'êtres humains.

Il eut le déplaisir de trouver son aîné à son point de vente habituel, son spot comme il l'appelait.

De façon surprenante, le commerce de la drogue dans les quartiers fonctionnait comme celui d'une petite entreprise, et tout y était réglé comme du papier à musique.

A chaque dealeur étaient attribués des horaires de travail qu'il devait respecter,et un roulement entre chaque vendeur était établi.

Stiles marcha vers son frère. Il remarqua que ce dernier avait le visage émacié, et qu'il s'était encore amaigri. Les mains dans les poches de son survêtement, il semblait guetter les passants.

Une lueur d'inquiétude passa dans les yeux délavés de ce dernier lorsqu'il croisa son regard. Eliot plissa ses lèvres en une moue contractée.

Effectivement, avec sa figure amochée et sa démarche chancelante, il ne devait pas beau à voir.

Stiles était malgré tout soulagé de retrouver son aîné. Il était à bout de force, sa volonté seule l'avait poussé à venir jusqu'ici. Son frère dut remarquer son état d'épuisement car il se précipita vers lui. Il prit son sac d'une main et le soutint de l'autre. Puis, il le traîna jusqu'à sa tanière qui était heureusement tout près...

À suivre...

Ps: J'adore les reviews