C'était parti de rien.

De vraiment, vraiment rien.

Après tant de mois à se battre côte à côte, les deux héros de Paris avaient fini par découvrir la réelle identité de leurs partenaires respectifs.

C'est donc tout naturellement qu'un jour, Ladybug avait proposé à un Chat Noir à court de temps de se réfugier chez elle, en attendant que son kwami reprenne suffisamment de forces pour lui permettre de se retransformer.

Juste une fois.

Puis une seconde.

Puis une troisième.

Et peu à peu, qu'il y ait un besoin urgent de se détransformer ou non, c'était devenu une habitude pour les deux héros de se retrouver dans la chambre de la jeune fille après un combat ou une patrouille. Ils pouvaient y rester des heures durant, à bavarder de tout et de rien, à se chamailler gentiment, à se lancer dans de longs tournois de jeux vidéos ou encore à regarder des films sur l'ordinateur de Marinette, suite à quoi Adrien s'éclipsait systématiquement pour regagner sa vaste demeure.

Et il y avait eu ce soir d'orage.

Chat Noir et Ladybug patrouillaient dans les rues de Paris, quand une violente averse les avaient obligés à interrompre leur ronde pour se mettre à l'abri chez Marinette. Les deux adolescents ne s'étaient d'abord guère inquiétés, profitant du simple plaisir de passer un bon moment ensemble en attendant que la pluie se calme suffisamment pour permettre à Adrien de rentrer chez lui.

Puis les heures avaient inexorablement passé, sans que les trombes d'eau qui déferlaient sur la capitale ne faiblissent un seul instant. Au-dehors, le déchainement des éléments avait été tel que les deux héros avaient un moment craint qu'un super-vilain ne soit la cause de ce désastre, mais Plagg et Tikki leur avaient rapidement assuré l'origine de cette extraordinaire tempête était sans le moindre doute parfaitement naturelle.

Néanmoins, parfaitement naturelle ou non, cette averse aux allures de catastrophe météorologique avait contraint Adrien à s'attarder chez sa partenaire bien plus longtemps qu'il ne l'aurait souhaité. Le ciel de Paris était tant gorgé de sombres nuages que la nuit était finalement tombée sans même que les deux adolescents ne s'en aperçoivent, et quand Adrien avait enfin noté l'heure tardive, un coup d'œil inquiet par la fenêtre lui avait confirmé que la pluie battante rendrait son retour chez lui plus que pénible.

C'est alors que Marinette lui avait proposé de rester dormir chez elle.

Juste pour cette nuit, le temps que le déchainement des éléments se calme suffisamment pour lui permettre de rentrer chez lui sans risques.

Juste une fois.

Puis une seconde, quand un de leurs tournois d'Ultima Mecha Strike III avait duré tellement plus longtemps que prévu que le jeune homme s'était écroulé de fatigue dans le lit de sa partenaire.

Puis une troisième, alors qu'une de leurs petites soirées passée à parler de tout et de rien s'était éternisée bien plus qu'elle ne l'aurait dû, et que Marinette n'avait pas eu le cœur à renvoyer son coéquipier chez lui à une heure aussi tardive.

Et de fil en aiguille, tout comme leurs réunions chez la jeune fille s'étaient peu à peu ancrées dans leur routine, le fait qu'Adrien passe ses nuits chez Marinette en avait à son tour fait de même.

Ces petites incursions nocturnes du jeune héros dans le lit de sa partenaire étaient bien sûr parfaitement innocentes.

Enfin, peut-être plus aussi innocentes qu'elles ne l'avaient été au début.

Car Adrien avait rapidement prit la charmante habitude de déposer un rapide baiser sur la joue de Marinette avant qu'ils ne s'endorment. Et un jour, sans que ni l'un ni l'autre ne sache réellement comment, le jeune homme avait légèrement raté sa cible, ses lèvres atterrissant par mégarde sur les commissures de celles de sa partenaire. Rougissant de gêne, Adrien s'était aussitôt confondu en excuses, tandis qu'une Marinette au bord de la crise cardiaque l'avait réconforté en lui assurant qu'il n'y avait aucun mal.

Et elle avait souri, ses yeux bleus étincelant avec autant d'éclat qu'une nuée d'étoiles dans un ciel d'été.

Et à cet adorable spectacle, Adrien avait senti son cœur effectuer loopings, sauts périlleux et autres bonds d'allégresse.

Suite à cet intéressant incident, le jeune homme avait été de moins en moins précis quant à la localisation de ses légers baisers de bonne nuit, embrassant parfois la joue de Marinette, parfois son front, parfois son nez, parfois de nouveau les commissures de ses lèvres, arrachant de délicieux éclats de rire à son adorable partenaire. Pour la plus grande joie d'Adrien, la jeune fille s'était peu à peu fait elle aussi un plaisir de couvrir son visage de baisers, et il était rapidement apparu aux deux adolescents que leur relation commençait à prendre une direction tout aussi inédite qu'enthousiasmante.

Puis, un soir, il y avait eu LE baiser.

Pas l'un de ceux qu'ils avaient pris l'habitude d'échanger pour se souhaiter bonne nuit, et qui pouvaient encore passer pour une manifestation d'amitié un peu tactile.

Non, celui-ci avait été lent, délibéré, et parfaitement significatif.

Son regard d'émeraude rivé aux intenses yeux saphir de Marinette, Adrien avait approché avec mille précautions son visage de celui de sa partenaire, lui laissant pleinement le temps de prendre la mesure de ses intentions et lui offrant la possibilité de l'arrêter si elle le souhaitait.

Passant un doigt tremblant sur les lèvres de la jeune fille, dont les pommettes s'étaient empourprées au-delà de ce qu'il aurait cru possible, Adrien s'était arrêté à la dernière seconde.

- « Ok ? », avait-il timidement murmuré.

- « Ok », avait fermement répondu Marinette, son visage s'éclairant du plus lumineux des sourires.

Cœurs battant à tout rompre, les adolescents avaient lentement effacé les derniers centimètres qui séparaient encore leurs lèvres entrouvertes, pour échanger enfin un tendre baiser qui ne laissait plus aucun doute quant à la nature de leurs sentiments respectifs.


Cet amoureux geste avait sans le moindre doute marqué un nouveau tournant dans leur relation.

A la grande joie de Nino et d'Alya - et au grand désespoir de Chloé -, Adrien et Marinette avaient officiellement commencé à sortir ensemble.

Mais si les parents de Marinette avaient à présent l'habitude de voir le jeune homme passer chez eux à toute heure de la journée, les petites incursions nocturnes de l'adolescent en tant que Chat Noir ou Adrien restaient quant à elle tout à fait clandestines.

C'était devenu une véritable routine. Les deux super-héros se retrouvaient deux ou trois fois par semaine pour patrouiller sur les toits de Paris, puis Chat Noir raccompagnait systématiquement sa charmante partenaire chez elle. Ils passaient toute la soirée ensemble, à rire, jouer ou discuter, et quand tous deux commençaient à tomber de sommeil, le jeune homme restait dormir pour ne s'éclipser qu'à l'aube.

Cependant, en dépit du très appréciable changement de statut qu'avait subi leur relation, les nuits qu'ils partageaient restaient globalement très semblables à celles de l'époque où ils n'étaient que de simples partenaires. Il y avait quelques baisers volés de plus, bien sûr, et sur les lèvres plutôt que sur les joues, mais tout restait assez innocent, ni l'un ni l'autre n'ayant la moindre envie de pousser plus loin les frontières qui étaient actuellement les leurs.

Tout était parfait, et rien ne semblait pouvoir gripper cette agréable routine.


Et il y avait eu ce dimanche matin.

La nuit précédente avait été perturbée par l'une des rares apparitions d'un vilain nocturne, et quand Chat Noir s'était arrêté chez Marinette, le jeune homme avait l'air si proche de s'écrouler de fatigue que sa partenaire lui tout naturellement proposé de rester dormir chez elle.

Les rayons du soleil matinal inondaient à présent la chambre de l'héroïne de Paris, qui soupirait d'aise en se blottissant amoureusement dans les bras de son partenaire et petit ami.

- « Bonjour Princesse », murmura le jeune homme d'une voix enrouée par le sommeil.

- « Bonjour chaton », répliqua-t-elle sur le même ton.

Adrien tendit les doigts, les faisant doucement glisser dans la chevelure de jais de Marinette.

- « Je vais devoir y aller », chuchota-t-il, la délicate caresse de son souffle sur la peau de sa coéquipière arrachant de délicieux frisson à la jeune fille.

- « Mgnnng... Déjà ? », soupira cette dernière, passant péniblement ses bras autour des épaules d'Adrien pour le serrer contre elle.

Le héros laissa échapper un petit rire, avant de se pencher pour déposer un aérien baiser sur le front de sa partenaire.

- « La matinée est déjà bien avancée », répondit-il à voix basse. « Si je reste trop longtemps, tes parents risquent de nous surprendre. Mais si tu veux, je peux revenir cet après-midi. De façon plus officielle », rajouta-t-il avec un malicieux sourire.

Alors que sa coéquipière s'apprêtait à répliquer qu'elle adorerait effectivement qu'il lui rende une nouvelle visite plus tard dans la journée, un léger bruit fit brusquement sursauter les deux adolescents.

Ils échangèrent tout d'abord un coup d'œil perplexe, qui se mua rapidement en un regard horrifié quand tous deux constatèrent que ce son provenait de la trappe menant à la chambre de la jeune fille, qui était en train de s'ouvrir doucement.

- « Marinette », résonna la voix de Sabine Cheng, faisant se glacer d'effroi les entrailles de l'héroïne de Paris « est-ce que tu as du linge à laver ? Je prépare une lessive. »

Marinette se redressa en laissant échapper un glapissement de surprise, tout en rabattant en toute hâte sa couette sur le malheureux Adrien, dont le nez s'écrasa contre un coussin quand le vif mouvement de sa partenaire le fit basculer le long du matelas.

Impuissante, la jeune fille regarda sa mère finir d'ouvrir la trappe de sa chambre avant de rentrer dans la pièce, un panier de linge sous le bras.

- « Dans la salle de bain, je suppose ? », poursuivit Sabine.

- « OUI ! », lança Marinette, avant de se mordre violemment les lèvres, réalisant qu'elle avait parlé bien plus fort que ce qu'elle n'aurait voulu.

La salle de bain.

Loin d'Adrien et elle.

Loin de son lit, où le corps de son coéquipier dissimulé sous sa couette formait une protubérance dont la présence échapperait difficilement à un examen attentif.

C'était parfait. Ils avaient peut-être une chance de s'en sortir.

Sabine se dirigea vers la pièce d'un pas désespérément lent, avant d'y jeter un rapide coup d'œil.

- « Je ne vois rien », reprit-elle, avant de se tourner vers le reste de la chambre. « Ah ! Combien de fois est-ce que je t'ai dit de ne pas empiler tes vêtements sales près de ton bureau », lança-t-elle tandis que Marinette laissait échapper un gémissement intérieur.

Pas le bureau. Pas. Le. Bureau.

C'était bien trop près.

Alors que la mère de Marinette se rapprochait dangereusement de la mezzanine en haut de laquelle étaient perchés les deux héros, la jeune fille sentit Adrien commencer à s'agiter à ses côtés. Son partenaire commençait à manquer d'air, et tentait désespérément de lui faire savoir en lui enfonçant furieusement ses doigts dans les côtes.

- « Mmmpf », laissa-t-il échapper malgré lui, alors qu'il relevait la tête pour reprendre son souffle.

- « Tu disais ? », lança Sabine en jetant un regard surpris en direction de sa fille.

- « Rien, rien », balbutia Marinette, appuyant hâtivement son coude sur le crâne d'Adrien. « Je respirais juste un peu fort. A ce qu'il parait, c'est bon pour la santé de prendre de grands inspirations le matin, ça fait travailler les poumons », poursuivit elle en plaquant un immense sourire sur son visage.

Sabine haussa un sourcil intrigué, avant de se détourner pour empiler les vêtements sales de Marinette dans sa corbeille à linge.

- « Tu ne traineras pas trop longtemps au lit ? », poursuivit-elle. « Tu devrais déjà être levée à cette heure-ci. »

Marinette déglutit péniblement, son cœur battant avec tant de force que la jeune fille se demandait avec horreur si sa mère ne risquait pas d'en entendre les lourdes pulsations.

Hors de question de sortir maintenant.

Sa mère ne manquerait certainement pas de noter la présence d'un second corps sous les draps si elle bougeait à cet instant précis.

- « Oui, je... Je vais me lever, ne t'inquiète pas », répondit-elle avec un petit rire nerveux. « Je me repose encore juste un peu. »

- « J'espère que tu n'as encore passé une nuit blanche à jouer à des jeux vidéos ? » releva aussitôt Sabine en lui lançant un regard suspicieux. « Tu sais ce que j'en pense. Je n'ai rien contre le fait que tu y joues un peu, mais si c'est pour te voir ensuite dormir ensuite jusqu'en milieu de journée, là ce n'est pas possible. Je ne veux pas à avoir à venir te tirer du lit. »

- « Non, non ! Ne t'inquiète pas ! », glapit fébrilement la jeune fille. « C'est juste... Les cours, les examens, tout ça, j'étais un peu fatiguée », poursuivit-elle avec un petit rire nerveux. « Mais ça va ! Je me lève juste dans cinq minutes. »

Sa mère ouvrit la bouche, s'apprêtant manifestement à rajouter quelque chose, avant de finalement se raviser à la dernière seconde. Plus morte que vive, Marinette la regarda finir de remplir sa corbeille, tout en croisant les doigts de toutes ses forces pour que sa mère sorte enfin de sa chambre.

Une lueur d'espoir traversa le cœur de la jeune fille quand Sabine fit un pas en direction de la trappe, avant d'être remplacée par une vague de terreur quand sa mère amorça un brusque demi-tour pour se diriger droit vers ses escaliers.

- « J'allais oublier la mezzanine », lança-t-elle à l'attention de sa fille. « Tu n'as rien au pied de ton lit ? »

- « Non, non, il n'y a rien dans mon lit. AU PIED ! » se reprit elle avec effroi. « Il n'y a rien au pied de mon lit. Rien de rien, vraiment », balbutia nerveusement Marinette, tout en cherchant frénétiquement une issue à la périlleuse situation dans laquelle elle se trouvait.

Alors que Sabine s'avançait de plus en plus, Marinette poussa Adrien de toutes ses forces avec son genou pour tenter de le faire basculer sur le côté du matelas, contre le mur opposé à l'escalier.

Si sa mère arrivait ne serait-ce qu'au tiers de l'enfilade de marches menant à la mezzanine, il n'y avait absolument aucune chance pour qu'elle rate la présence du jeune homme. L'héroïne affolée espérait qu'en faisant glisser au moins partiellement son partenaire dans le minuscule interstice présent entre son lit et son mur, la forme de son corps pourrait passer un peu plus longtemps inaperçue.

Suffisamment longtemps pour convaincre sa mère qu'il était inutile de grimper jusqu'ici.

Sabine posa un pied sur la première marche de l'escalier, puis un second, et Marinette appuya son genou un peu plus fort contre les côtes d'Adrien.

Mais ce dernier, ayant rapidement estimé la taille du minuscule l'espace dans lequel tentait de le pousser son anxieuse partenaire, n'avait pas manqué de noter que la largeur de l'endroit était loin d'être compatible avec celle de sa cage thoracique.

C'était une mauvaise idée.

Une très très mauvaise idée.

La perspective d'être surpris par Sabine Cheng dans le lit de sa fille n'était guère tentante, mais celle de mourir étouffé l'était encore moins, et le jeune homme offrait une discrète mais néanmoins farouche résistance aux tentatives de sa partenaire, tentant de lui faire ainsi comprendre qu'il était loin de trouver son plan parfait.

Mais la panique de Marinette était la plus forte, et à force d'acharnement, elle réussit à faire enfin glisser sur le côté son coéquipier toujours dissimulé par la couette. Adrien bascula d'un mouvement brusque, laissant échapper un « Oumpf ! » étouffé alors que l'air se vidait de ses poumons comprimés.

- « Quoi ? », dit Sabine, posant un pied sur la cinquième marche -mais quand avait-elle donc franchit les troisième et quatrième ?- .

- « Quoi quoi ? », lâcha Marinette d'une voix quelque peu suraiguë.

Machinalement, l'héroïne tenta de réarranger les plis de sa couette pour dissimuler la certes moins importante mais toujours parfaitement identifiable bosse que formait le corps d'Adrien, à présent à moitié enfoncé entre son mur et son matelas.

- « J'ai entendu un bruit », précisa sa mère, fronçant légèrement les sourcils.

- « Un bruit ? » répéta de nouveau la jeune fille, tellement tendue qu'elle semblait incapable de faire quoi que ce soit d'autre que de répéter les paroles de Sabine, qui continuait de grimper inexorablement.

- « Oui, un bruit », confirma cette dernière. « Il y a quelque chose dans ta chambre ? » reprit-elle d'un ton surpris. « J'aurais juré que ça venait d'ici. »

Marinette se raidit, serrant si fort ses draps entre ses poings que les jointures de ses doigts avaient blanchis.

- « UN CHAT ! », hurla la jeune héroïne d'une voix stridente, faisant brusquement sursauter sa mère. « Il y a un chat qui traine sur ma terrasse ces derniers temps. C'est sûrement lui ! Il a dû faire tomber quelque chose ! »

Sabine leva un regard intrigué vers sa fille, avant de diriger ses yeux vers la trappe qui surplombait son lit.

- « D'accord, je vais voir ça », répliqua-t-elle en avançant d'un pas de plus.

- « NON NON NON ! NETINQUIETEPASJEVAISMENOCCUPERMOIMEME ! », cria aussitôt Marinette, appuyant ses paroles de grands gestes affolés.

- « Pardon ? », laissa échapper sa mère, stupéfaite.

- « Je vais... Je vais m'en occuper moi-même. Ne t'inquiètes pas », répéta Mariette, essayant désespérément de reprendre le contrôle de sa voix et tentant de formuler enfin des paroles cohérentes.

- « Tu es sûre ? », insista Sabine.

- « Oui, oui, OUI, absolument complètement sûre ! », glapit Marinette en hochant frénétiquement la tête.

Alors que sa mère la regardait en fronçant les sourcils, la jeune fille sentit son rythme cardiaque atteindre des rythmes dangereusement élevés.

Elle n'allait pas survivre à cette matinée, c'était impossible.

- « Vraiment, tu n'as pas besoin de monter », poursuivit fébrilement l'héroïne de Paris. « C'est bon. Ce n'est pas comme s'il y a avait quoi que ce soit ici. Ou qui que ce soiiiiiiiit », acheva-t-elle sur un léger cri de douleur quand Adrien lui pinça vigoureusement la cuisse, affolé par la dangereuse tendance qu'avait sa partenaire à laisser échapper de catastrophiques paroles sous l'effet du stress.

La jeune fille se mordit violemment les lèvres, avant de se tourner de nouveau vers sa mère.

- « Il n'y a pas de linge, je veux dire », reprit-elle avec un sourire crispé, tout en assenant un violent coup de coude à sa couette. « Tu as fait le tour de tout ce qu'il y avait. »

Perplexe, Sabine Cheng jaugea un instant sa fille du regard.

Puis, au grand soulagement de cette dernière, elle acquiesça d'un bref signe de tête, avant de faire demi-tour et de sortir enfin de la chambre.


Les deux adolescents laissèrent passer une poignée de secondes, puis Marinette retira rapidement sa couette tandis qu'Adrien s'extirpait péniblement du minuscule interstice dans lequel il s'était retrouvé coincé par sa faute.

- « J'ai cru que j'allais finir étouffé ! », lança le jeune homme, s'asseyant sur le lit pour tenter de reprendre laborieusement sa respiration.

- « J'ai failli mourir ! », renchérit sa coéquipière en posant dramatiquement la main sur son cœur.

- « J'AI failli mourir ! », rétorqua Adrien. « L'étouffement, la chute... Alors que toi, je ne vois pas comment TU aurais pu mourir !

- « Crise cardiaque ! », répliqua immédiatement Marinette, levant machinalement les yeux au ciel.

Les deux adolescents échangèrent un bref regard, puis tous deux éclatèrent d'un irrépressible fou-rire nerveux.

- « D-Désolée d-d'avoir manqué de t'étouffer », hoqueta péniblement la jeune héroïne, riant tellement que les muscles de ses joues la lançaient douloureusement. « J-Je t'assure que c-ce n'était pas l'idée. »

- « J-J'espère bien », balbutia Adrien sur le même ton, le jeune homme peinant à articuler la moindre parole à causes de ses incontrôlables éclats de rire.

Ils étaient passés très près de la catastrophe.

Vraiment, vraiment très près de la catastrophe.

- « Oh, ma chérie », lança soudain Sabine d'une voix claire, passant la tête par la trappe de la chambre « J'avais oublié de te dire que- »

Dans une parfaite illustration de déni de la réalité, Marinette ferma les yeux en entendant la voix de sa mère s'étrangler brusquement. Peut-être était-elle simplement sur le point d'avoir une quinte de toux. Ou alors, elle avait oublié la fin de sa phrase. Ou s'était cogné un orteil dans les escaliers.

Il y avait des milliers d'explications probables. Il était parfaitement possible qu'elle ne se soit pas interrompue parce qu'elle avait aperçu...

- « ...Adrien ? »

Oups.


Ahhh, les parents... xD

C'est une petite fic qui n'était pas prévue au programme (oui j'ai un programme, ne me jugez pas xD ) , mais qui me permet de changer un peu de registre par rapport à ma grosse fic en court dont l'atmosphère est un peu plus pesante. J'espère que ce chapitre vous a plu :) ! Merci de m'avoir lue !