Note de l'auteur : Pfiou ! Je boucle cette fanfic un peu dans la précipitation, vu que je suis revenue d'Italie ce matin et que je repars demain soir, pour le Chili cette fois. Mais je voulais absolument finir cette fanfic, pour pouvoir à mon retour me concentrer sur mes autres projets.
Bref, j'espère que cette courte histoire vous aura plu ! J'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire et j'ai appris des tas de trucs sur la schizophrénie.
Bonne lecture !
oOo
Mardi 2 novembre 2010
HALLOWEEN J +2
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« Et les vampires ? Ça existe pour de vrai, les vampires ?
- Ouais. Malheureusement.
- Dinnnngue ! Le Comte Dracula aussi ?
- Pfeuh. Va pas croire les films et bouquins. Les vampires, c'est de la saloperie de vermine qui boit du sang et qui crame au soleil, mais la ressemblance s'arrête là. L'ail, les pieux et les croix, toutes ces conneries, ça ne leur fait rien. Pour les buter, le plus simple c'est de leur couper la tête.
Garth acquiesça en caressant son menton qu'un début de barbe rendait piquant. Les sourcils froncés dans l'effort de concentration, il observait les essuie-glaces effectuer leur allées et venues sur le pare-brise que l'averse fouettait. Les grosses gouttes faisaient chanter la carrosserie, et l'aube blafarde peinait à percer les nuages.
Garth claqua des doigts en souriant à Bobby qui conduisait d'un air ronchon :
- Oh ! Et le lapin de Pâques ? Il existe aussi ?
Le chasseur se renfrogna davantage si c'était possible, et lui jeta un regard de travers.
- Je ne sais pas si tu te fous de moi ou si t'es sérieux, là.
- Mortellement sérieux ! Si la fée des dents existe, il n'y a pas de raison que le lapin de Pâques ou le Père Noël n'existent pas aussi, j'ai raison ou j'ai raison ?
Bobby rajusta sa casquette en l'enfonçant davantage sur son front, et reporta son attention sur la route bétonnée luisante de pluie. Des voitures et camions les dépassaient avec le bruit de vagues s'écrasant sur la plage, et les éclaboussaient généreusement au passage.
- Ils existent pas, trancha-t-il en grommelant dans sa barbe. T'as d'autres questions stupides dans ce genre ?
- Oh, plein ! Des tas ! J'ai même fait une liste hier soir avant de dormir.
- Grands dieux, soupira Bobby en roulant des yeux.
Il ne s'en formalisa pas. Pour vexer Garth Fitzgerald IV, il fallait se lever de bonne heure. Aussi se pencha-t-il vers Bobby d'un air conspirateur en lui appliquant un petit coup de coude :
- Entre nous, Bobby, la question suivante qui me brûle les lèvres, c'est : les ovnis et extraterrestres ! Hoax ou pas hoax ?
Pour toute réponse, Bobby poussa un soupir de consternation chargé de whisky.
- Quoi ? se redressa Garth avec un sourire enjoué. Je suis fan de X-Files depuis que je suis petit. Mulder était mon modèle. Et puis cette affaire de Roswell, j'ai toujours trouvé ça louche. D'autant plus que mon grand-oncle racontait toujours qu'il avait été enlevé par des petits bonshommes verts et qu'ils lui avaient implanté une puce dans le cerveau qui lui permettait d'entendre et manipuler les pensées des autres. Maintenant je me dis que si ça se trouve, il disait la vérité !
- Idjit, bougonna Bobby dans sa barbe.
Il tourna le volant pour s'engager sur la route 115 menant à Harrisburg tandis que Garth se penchait pour allumer l'autoradio, histoire de trouver une musique funky pour égayer le trajet et couvrir les voix qui chuchotaient incessamment à son oreille – la thérapeute l'avait prévenu que la nouvelle génération d'antipsychotiques qu'elle lui avait prescrit ne faisait effet qu'au bout de quelques jours. Les antidépresseurs et anxiolytiques, eux, faisaient déjà effet et cela se ressentait sur son humeur – il se sentait déjà bien plus léger, joyeux et insouciant. Le monde semblait avoir retrouvé ses couleurs. Il passait de chaîne en chaîne en sifflotant lorsque Bobby reprit la parole d'une voix bourrue :
- J'ai vu les cicatrices sur tes bras.
Garth se figea comme s'il venait de recevoir un seau d'eau glacée en pleine tronche. Il retira bien vite sa main de l'autoradio pour vérifier ses manches – mais elles ne révélaient rien. Bobby poursuivit, resserrant ses mains sur le volant :
- Ce matin, quand tu dormais sur le canapé, un de tes bras pendait hors de la couverture.
Garth baissa les yeux en posant ses mains sur ses genoux, se mordant la lèvre inférieure.
Il va te rejeter.
Tu es faible.
Pathétique.
Même pas foutu de réussir à te tuer.
Crève !
Il prit une profonde inspiration en tâchant d'ignorer les petites voix insidieuses qui murmuraient à son oreille, et son menton se mit à trembler.
- Ce sont… de vieilles cicatrices, expliqua-t-il en un coassement étranglé par la honte. J'avais quinze ans, j'étais stupide.
Malgré lui, il posa sa main sur son avant-bras osseux à travers l'épaisseur de sa veste. Son visage s'assombrissant, il serra la mâchoire et ferma les poings. Ce n'était pas pour rien qu'il portait toujours des manches longues – ça évitait de devoir répondre à ce genre de questions. Les gens ne comprenaient pas, et il ne voulait pas être regardé avec pitié.
- Dis pas de conneries, grogna rudement Bobby. T'étais pas stupide. T'étais malade.
Garth releva vivement la tête et croisa le regard grave du chasseur – Bobby éteignit la radio sans broncher, le fixant droit dans les yeux.
- Ouais, je suis au courant pour ta schizophrénie, Garth. Tu peux arrêter de faire semblant. Tu mens très mal, de toute façon
Garth se sentit pâlir, et les voix se mirent à parler plus fort dans le silence, amplifiant la sensation glacée de panique.
- Comment… ?
- Ta petite visite hier chez ta psy. Le paquet de médocs qu'on a dû aller chercher à la pharmacie après. Je ne suis pas stupide, Garth. Rufus a fait quelques recherches sur toi pour vérifier que tu n'étais pas un sorcier, et à la place il a découvert que tu as été interné et sous traitement pendant presque quatre ans pour crises schizophréniques aiguës.
Garth détourna les yeux, incapable de soutenir le regard de Bobby. Il s'accouda à la portière et regarda défiler hangars, panneaux publicitaires et stations d'essence. Tout semblait gris et morne sous la pluie. Il observa son propre visage dans le rétroviseur, déformé par les gouttelettes qui y tremblotaient.
- Ça a commencé quand j'avais treize ou quatorze ans, admit-il après une bonne minute de silence. Je me suis peu à peu replié sur moi-même, je ne dormais plus, et mes notes baissaient. Je suis le petit dernier d'une fratrie de sept enfants, et mes parents avaient divorcé et s'étaient remariés. Personne n'a remarqué que j'allais mal. Ils ont cru que je faisais ma crise d'adolescence.
Il n'en avait pas parlé avec quelqu'un d'autre que sa thérapeute depuis très longtemps. Sa famille évitait le sujet avec les meilleures intentions du monde – pour ne pas le stigmatiser ni le réduire à sa seule maladie – et l'avait même aidé à sa demande à le cacher à toutes ses connaissances.
Bobby, lui, l'écoutait sans tenter de l'interrompre ou de commenter.
Un rare sérieux empreint sur son visage, Garth poursuivit en passant sa main dans ses cheveux pour changer sa raie de côté.
- J'ai commencé à entendre des voix qui me disaient me contacter d'une autre dimension pour me donner une mission pour sauver le monde. Elles étaient gentilles, au début. Elles voulaient me prévenir d'un complot du gouvernement pour introduire des pensées dans ma tête et me manipuler. Ils m'interdisaient d'en parler à qui que ce soit, car ça créerait un paradoxe qui détruirait les deux dimensions et tous ceux que j'aimais avec. Alors j'ai obéi, je n'ai rien dit à mes frères et sœurs. Pour ta gouverne, Bobby, ça…
Après une seconde d'hésitation, il tourna la tête vers Bobby pour dévoiler un de ses avant-bras scarifiés de longues cicatrices :
- … ce n'était pas une tentative de suicide. Pas vraiment. Les voix me disaient que si je ne le faisais pas, ma famille serait tuée. Je les croyais, alors je le faisais.
Il abaissa sa manche en secouant la tête avec un air amer.
- Dit comme ça, et avec le recul, ça paraît ridicule, pas vrai ? Mais j'y croyais à fond à l'époque, et il a fallu cinq personnes pour me maîtriser et me traîner à l'hôpital tant je me débattais quand ma sœur Abigail m'a découvert en train de me taillader au cutter.
- Il y a rien de ridicule, petit. Peu importe si c'était réel ou non, c'était vrai pour toi, c'est tout ce qui compte. Tu l'as fait pour sauver ceux que tu aimais. C'est une sacrée responsabilité pour un gamin si jeune de devoir protéger la vie de sa famille. J'en sais quelque chose.
La gorge comprimée, Garth prit une profonde inspiration, sa pomme d'Adam remuant douloureusement. Les yeux embués de larmes, il tourna un regard de chiot battu vers le chasseur :
- Je suis désolé. J'aurais dû te dire la vérité, mais j'avais peur que tu croies que… que la fée des dents n'était que dans ma tête… que je suis un assassin, un fou dangereux, un menteur. Je ne suis pas sûr moi-même de ce qui est réel ou non, je ne sais même pas si tout ce que tu me racontes sur les monstres et les sorcières n'est pas un délire de mon cerveau malade aussi, mais je peux te jurer, Bobby, sur tout ce qui m'est cher, que je n'ai jamais fait de mal à personne d'autre que moi-même. Jamais.
Il avait articulé ce dernier mot avec ferveur, le visage rouge et les lèvres pincées. Respirant fort par ses narines dilatées, il poursuivit en haussant le ton :
- Je croyais être guéri, j'avais arrêté mon traitement depuis dix ans et tout allait bien, et maintenant les voix sont revenues et la mort de la fée des dents ne les a pas fait disparaître ! J'ignore si la fée des dents était réelle ou non, mais jamais je ne pourrai me pardonner d'avoir tué mes patients, d'avoir tué cette petite fille ! Ça me hantera jusqu'à la fin de ma vie, je ne pense pas que j'arriverai à dormir à nouveau sans somnifères. Et tant que je ne saurai pas la vérité, je continuerai mon traitement. Je ne prendrai plus jamais le risque de l'interrompre et blesser quelqu'un.
- Du calme, fiston. Je sais. Je sais ce que tu ressens. C'était il y a plus de vingt ans, mais je ne me suis jamais pardonné la mort de ma femme. Tous les chasseurs ont une histoire de ce genre à raconter, tu verras.
Garth cilla, frappé par l'affection bourrue dans la voix du chasseur. Une larme déborda de son œil et dévala sa joue.
Bobby enclencha le clignotant en s'engageant dans les rues de Harrisburg.
- Si j'ai fait autant de recherches sur toi, c'était avant tout pour vérifier si tu étais clean avant de te proposer de devenir chasseur toi aussi.
- … Devenir chasseur ? Moi ?
La voiture s'arrêta, se garant de travers sur le trottoir. Bobby coupa le moteur et se tourna pour faire face à Garth avec sérieux.
- Tu peux retourner à ta petite vie, à ton cabinet de dentiste, et faire comme si jamais rien n'était arrivé. Rufus a couvert tes traces et tu ne seras jamais inquiété. On respectera ta décision et on ne viendra jamais te déranger. Ou alors tu peux tout abandonner et nous rejoindre. Je t'apprendrai tout ce que je sais et je te donnerai des missions à accomplir.
Garth ouvrit la bouche, mais Bobby continua sans le laisser répondre :
- Ne me réponds pas tout de suite. C'est pas une décision à prendre à la légère, mon garçon, tu comprends ? Je ne vais pas te mentir, la vie de chasseur c'est du sang, de la sueur, des larmes et tous tes amis qui se font tuer un à un autour de toi. Tu peux être sûr de mourir jeune, sans jamais pouvoir fonder une famille ni vivre une vie normale. Mais en contrepartie… tu te sens utile. Tu fais une différence dans ce monde.
Bouche bée, Garth ne savait que dire, et resta figé ainsi alors que Bobby se penchait et tendait le bras pour ouvrir et pousser la portière du côté de Garth.
- Te voilà chez toi, Garth. Tu as mon numéro. Réfléchis bien à ma proposition, prends tout ton temps pour peser le pour et le contre, et quand tu as décidé ce que tu veux faire, appelle-moi. Quelle que soit ta réponse, je te contacterai si je trouve la moindre info sur ta fée des dents.
La gorge serrée, Garth acquiesça en reniflant lamentablement, prit son sac de médicaments et sa blouse blanche dont Bobby avait lavé le sang, et s'extirpa de la voiture. L'averse s'abattit sur lui, le trempant en quelques secondes des pieds à la tête et aplatissant ses cheveux sur son crâne, ce qui faisait ressortir encore plus ses grandes oreilles.
- Merci pour tout, Bobby, parvint-il à articuler avec un geste d'adieu.
- Porte-toi bien, fiston. » grogna Bobby avec un vague signe avant de claquer la porte et de redémarrer le moteur.
La voiture se mit en route et disparut au tournant de Columbia Street dans un ronronnement de moteur. Garth resta de longues minutes sous la pluie battante, son cœur battant si fort qu'il couvrait le son des voix dans sa tête.
oOo
Le liquide ambré tournoyait dans le verre.
Les chevilles croisées sur la table basse, Bobby s'enfonçait dans l'épaisseur de son canapé, un coussin calant bien son dos douloureux. Les événements de ces derniers jours l'avaient épuisé. Sans Dean et Sam pour endosser les chasses les plus physiques et ardues, il réalisait à quel point il n'avait plus l'âge pour cavaler partout et passer des nuits blanches à chasser les monstres. Et à présent que Tamara était morte, les choses n'allaient pas s'arranger.
Après deux jours à faire le baby-sitter pour le dentiste de Harrisburg, il goûtait enfin un instant de calme entre deux appels des chasseurs de son réseau pour des informations ou pour jouer au FBI.
Portant son verre à ses lèvres pour aspirer une gorgée de mauvais whisky acheté au premier prix à Walmart, il pêcha la télécommande sous un coussin et alluma la télévision.
Il n'eut pas le temps de zapper plus de deux chaînes, que son téléphone sonna – la sonnerie de sa ligne principale, et non pas celle du FBI, de la police ou autre.
« On peut jamais être tranquille cinq minutes… grommela-t-il en roulant des yeux.
Il décrocha son portable et le cala entre son oreille et son épaule afin de pouvoir continuer à zapper.
- Ouais ?
La voix de Rufus s'éleva à l'autre bout du fil, tendue.
« C'est la dernière fois, tu m'entends bien, la dernière fois que je me tape tout le boulot. Tu m'en dois une, Bobby. »
Bobby zappa en sirotant son whisky qui avait plus un goût de désinfectant ou de nettoyant pour chiottes que de whisky.
- Parce que tu crois que je me suis tourné les pouces pendant ce temps, peut-être ? J'étais occupé.
« À quoi ? À baby-sitter ton dentiste fou ? Tu lui as parlé de ton projet de l'intégrer au business, d'ailleurs ? »
Il s'arrêta sur une rediffusion d'El Fuego del Amor, cette série qu'il regardait souvent avec Dean. Une vague de nostalgie l'envahit au souvenir de ces après-midis lointains où il s'occupait des gamins Winchester que John lui laissait pendant parfois des semaines entières, et qu'il s'efforçait de les distraire et amuser de son mieux afin que ça ressemble à des vacances pour eux.
- Je lui en ai parlé, oui.
« Il a répondu quoi ? »
- Rien pour l'instant. Je l'ai ramené chez lui pour qu'il y réfléchisse à tête reposée et sans pression. Je veux pas qu'il se sente obligé. Faut que ce soit sa décision.
« Attends, me dis pas que tu lui as tout révélé et que tu l'as relâché dans la nature après ? »
- Pourquoi pas ? Garth est assez malin pour savoir que s'il en parle à qui que ce soit, il passera pour fou.
Le soupir agacé de Rufus fit grésiller la ligne.
« Tu sais, Bobby, quand je t'ai dit qu'il fallait qu'on forme très vite une nouvelle génération de jeunes chasseurs pour remplacer ceux qu'on a perdus avec cette histoire d'Apocalypse, c'était pas pour que t'ailles proposer le job au premier gugusse venu ! »
Bobby haussa vaguement des épaules, bien que Rufus ne puisse pas le voir.
- Je fais confiance à mon instinct, et j'ai un bon pressentiment pour Garth. C'est un bon gars, et de nos jours c'est rare de trouver un chasseur qui a le cœur sur la main. Beaucoup trop sont des brutes qui prennent plaisir à tuer impunément, ou aveuglés par la haine et la vengeance.
« … Tu penses à Gordon Walker. D'accord, sur ce coup, tu marques un point. »
Bobby renversa la tête en arrière pour vider son verre d'une traite.
- C'est pas que j'aime pas papoter et faire les potins avec toi, Rufus, mais j'imagine qu'à la base tu m'appelais pour récupérer ta bagnole ?
« Ouais, je passerai la récupérer demain. Je te préviens, elle a intérêt à être en parfait état. »
Bobby n'eut pas l'occasion de répondre – des coups frappés à sa porte le tirèrent de sa somnolence. Tous les sens en alerte, il se redressa sur son canapé et éteignit la télévision.
- Je te rappelle. » grommela-t-il en raccrochant au nez de Rufus.
Il tendit la main pour tirer une carabine à sel de sous son canapé, ainsi qu'une fiole d'eau bénite et une lame en argent. Il avait planqué des armes absolument partout dans sa maison, même aux chiottes, afin de ne jamais être pris au dépourvu.
Bobby n'attendait personne. Et certainement pas à cette heure tardive de la soirée, alors qu'il faisait nuit noire à l'extérieur. Personne à Sioux Falls ne se serait risqué à frapper à la porte de Bobby Singer, l'alcoolique paranoïaque et fou du coin, comme le voyaient les habitants aux alentours. Quant au shérif Jody Mills, elle prenait soin de le prévenir avant de venir, les rares fois où elle lui rendait visite.
Il s'approcha avec précaution de la porte, carabine en main, prêt à canarder. Mais lorsqu'il ouvrit la porte à la volée, ce fut pour se retrouver nez à nez avec…
« … Garth ? lâcha-t-il d'un ton suspicieux en abaissant son arme.
Cette grande asperge de dentiste se tenait debout sur son porche avec deux énormes sacs, un dans chaque main, et plusieurs autres valises entassées derrière lui. Et un sourire lumineux sur son visage.
« Heyyy, Bobby ! Como estas, amigo mio ?
Bobby n'eut pas le temps de réagir, que Garth l'attira dans une embrassade chaleureuse sans la moindre hésitation.
- … Qu'est-ce que tu fous là ?
- Ha ha, quel boute-en-train tu fais ! rit Garth de bon cœur en le relâchant. Bon, j'ai amené mon sac de couchage, mon pyjama et des chaussons cette fois, je devrais être plus à l'aise ! J'ai aussi ramené de quoi faire des pancakes demain au petit déjeuner !
Abasourdi, Bobby regarda Garth entrer chez lui en traînant ses gros sacs et ses valises jusque vers le canapé où il se laissa tomber, l'air très à l'aise et ravi comme un gamin le jour de Noël.
Bobby fronça les sourcils et referma la porte pour s'approcher du dentiste.
- Garth, sérieusement, qu'est-ce que tu fous là ?
Garth haussa bien haut les sourcils comme si c'était une évidence :
- Je suis là pour que tu fasses de moi un chasseur super badass, bien sûr !
Bobby allait avoir besoin d'un verre pour ça. Il se servit à nouveau et but d'une traite le whisky, ce qui le fit grimacer.
- Je ne t'ai fait la proposition que ce matin. Tu étais censé prendre le temps d'y réfléchir. Pas débarquer chez moi le soir même avec toutes tes affaires ! Qu'est-ce que c'est que toutes ces valises, d'ailleurs ?
- Oh, ça ? En fait tu n'étais pas parti depuis dix minutes que j'avais déjà pris ma décision. Je serais bien venu plus tôt, mais ça m'a pris la journée pour faire mes valises et mettre en vente ma maison – en fait j'ai refilé ça à ma sœur April, elle est dans la finance et s'y connaît bien en paperasse. Bref, je vais m'installer chez toi le temps de l'entraînement ! Plus pratique !
- Balls, c'est quoi ces foutaises ? T'as vendu ta maison ?
- Ouaip ! J'ai entassé toutes mes affaires dans mon pick-up, j'ai appelé ma famille et mes amis pour leur annoncer que je pars en road-trip à travers les États-Unis en quête spirituelle – ce qui n'est pas tout à fait faux, remarque. Une fois que tu m'auras tout appris sur les monstres et le surnaturel, je compte bien aller rendre visite à mon frère John et son mari, je sais qu'ils vendent leur bateau, alors je pensais le racheter et l'appeler le Fizzles' Folly. T'en penses quoi ? Ça en jette, hein ! Ça me ferait une sorte de QG nomade, et je pourrais aller voir par moi-même si le Kraken existe ! Après ça, j'irai faire un petit tour en Floride pour retrouver mon cousin, celui dont je t'ai parlé, je suis sûr qu'il est un chasseur lui aussi ! Ça serait funky d'avoir un membre de ma famille dans le business surnaturel aussi, hein ?
- Une minute, fiston, bougonna Bobby en s'asseyant lui aussi sur le canapé. Ravi de voir que le job t'intéresse à ce point, mais… et ton boulot, alors ?
- Bah j'ai démissionné, bien sûr ! De toute façon je ne pense pas que je serais capable d'arracher la moindre dent sans faire une crise de panique.
- T'es sûr de ne pas regretter ta décision ? Une fois entré dans le monde de la chasse, c'est quasiment impossible d'en sortir, tu sais. Tu peux dire adieu à l'idée de te marier, d'avoir des enfants, et de mourir de vieillesse dans ton lit. Être chasseur, c'est pas une partie de plaisir.
- C'est tout vu ! assura Garth en levant le pouce. Je veux faire comme tu as dit, Bobby. Être utile. Faire une différence dans ce monde. Sauver et aider un maximum de personnes, comme un cow-boy solitaire des temps modernes ! Je pense que je le dois bien à mes patients morts dans mon cabinet. Il n'y a que comme ça que je pourrai honorer leur mémoire et me faire pardonner. Et puis…
Garth tourna un regard chargé d'émotion vers Bobby.
- … j'ai l'impression d'avoir enfin trouvé ma place dans ce monde.
Son sourire était contagieux. Bobby ne put s'empêcher de le lui rendre, et se leva, une vertèbre dans son dos craquant.
- Bienvenue dans la famille. Commençons tout de suite ton entraînement. »
FIN
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[Note finale de l'autrice : Les reviews sont toujours appréciées ! Même si l'histoire est terminée depuis des années, soyez sûrs que ça me mettra en joie. Même 20 ans après ! Pour tout vous dire, rien ne me ferait plus plaisir de recevoir encore des reviews sur mes fics quand je serai en maison de retraite. Et même quand je serai morte, je garantis que mon fantôme sera content.]