Disclaimer : le monde de Harry Potter est à J.K.R.
Rating : T
Personnages : Severus Snape ; Minerva McGonagall ; Albus Dumbledore.
Correctrice : Fantomette34.
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Nd'A : Cette fiction est dans un style un peu plus sérieux que ce que j'écris d'habitude. Mais il y aura quand même de l'humour. (on ne se refait pas.)
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Le Miroir de la Vérité
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"Emily...
- Mmm...
- Emily, réveille-toi ! "
La jeune Poufsouffle de douze ans ouvrit les yeux, juste assez pour voir les traits de son amie éclairés par la lueur des torches.
"Cynthia...c'est déjà l'heure de se lever ? fit-elle en un murmure.
- Oui oui!... Dépêche-toi d'aller te doucher, il faut qu'on soit dans la grande salle dans vingt minutes."
La fillette Sang-Mêlé s'étira, et attrapa par réflexe le réveil moldu que sa mère avait mis d'office dans ses bagages. Et...
"Non mais ça va pas, la tête ?! Il n'est que six heures et demie et on a cours à dix heures, aujourd'hui !
- Je sais, mais...
- Pas de "mais" ! Je me recouche.
- Il n'en est pas question !
- Bon Sang de Dragon, qu'est-ce qu'il se passe, ici ?!"
Cette réplique ensommeillée et grognonne venait du fond du dortoir, que partageaient les fillettes avec deux autres Poufsouffles de leur année.
"Désolée, Sarah, on t'a réveillée ?
- Oui... Non... enfin, je m'étais rendormie après un long moment à compter les Hippogriffes. Et voilà que vous vous prenez pour des Banshees !
- Euh... uniquement Emily.
- J'te r'mercie !
- Pitié, mets la sourdine !
- D'accord, d'accord... on se calme."
Les trois gamines arrêtèrent de parler, jusqu'à ce que...
"Et Elspeth, elle dort toujours ?
- Faut croire.
- Ça m'étonne, avec tout ce bruit."
La dénommée Cynthia s'approcha du quatrième lit et jeta un coup d'œil. Elspeth Hellfire ne dormait pas : elle gisait telle une statue sur ses draps et couvertures, les yeux ouverts sur le néant.
"Hé, t'es malade ?
- Non.
- Alors pourquoi n'es-tu pas dans ton lit, comme tout le monde ?"
La jeune Poufsouffle chercha une réponse qu'elle était bien incapable de donner.
"Hier soir, j'avais la migraine...
- Et ?...
- Après, je ne me souviens plus."
Un soupir teinté d'exaspération s'éleva : il ne fallait pas compter sur de plus amples informations.
Dans le château, beaucoup croyaient que l'intelligence d'Elspeth était en dessous de la moyenne. Ce n'était pas le cas. Elle était seulement incroyablement timide, et ne pouvait répondre aisément à ses camarades et aux Professeurs. Concernant ces derniers, il n'y avait qu'avec McGonagall et - étonnamment - Snape, que la petite pouvait parler sans bégayer tout du long.
"Hé, vous ne m'avez toujours pas répondu ?!" se rappela Sarah à leur bon souvenir.
Emily et Cynthia s'ébrouèrent : mince, c'était quoi la question ?
"Pourquoi tout ce barouf ?
- Oh... euh ! On doit être dans la grande salle avant sept heures.
- Et pour quelle raison ?"
Un rictus naquit sur les lèvres de Cynthia :
"Pour la même raison qui agite l'ensemble des élèves de Poudlard, Sarah, une énigme à résoudre..."
Son rictus devint prédateur.
"... Et il prend toujours très tôt son petit-déjeuner."
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C'était le mystère qui torturait les esprits de Poudlard.
Tous !
Enseignants, élèves, elfes de maison, familiers, fantômes, tableaux, gargouilles, objets inanimés qui avaient pourtant une âme. Tous se posaient la même question :
Qu'était-il arrivé au Professeur Snape ?
Les supputations allaient bon train : depuis l'inhalation de trop, lors de la fabrication de Potions d'Allégresse, au coup sur la tête - mais elle est dure, se rappelaient-ils - en passant par l'intrus sous Polynectar. Certains, comme Seamus Finnigan, prenaient même des paris, et les pièces circulaient sans que le moindre indice indiquât la résolution prochaine de l'énigme. Même les Serdaigles s'y cassaient les dents.
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Le changement s'était révélé le jour de la reprise, en janvier.
Non pas physique - quoi que l'homme semblât accorder plus d'importance à son allure - mais psychologique, dont la manifestation première fut un cours Gryffondor-Serpentard sans le moindre point enlevé.
Im-pen-sa-ble !
La nouvelle, relayée sitôt le cours fini par Radio-Couloir, amena immédiatement Poppy Pomfresh en salle de Potions. Assurément, il était malade. Mais l'infirmière dut se rendre à l'évidence : Severus Snape allait très bien. N'était son sourire - un sourire, Merlin ! - et le baiser qu'il déposa sur sa joue avant qu'elle ne parte. Restés à proximité, Potter, Granger et Weasley en fracassèrent leur mâchoire sur le sol.
A partir de là, les occupants du château ne parlèrent plus que de cela : par quel miracle la Chauve-Souris Géante des Cachots s'était-elle transformée en enseignant - presque - sympathique ? L'intéressé laissait dire, et s'en amusait, ce qui ajoutait aux questions l'entourant : depuis quand Severus Snape savait-il ce que s'amuser voulait dire ?
Si les élèves n'avaient pas été pas si focalisés sur lui, ils auraient remarqué que seuls deux adultes, le Directeur et la Professeure McGonagall, ne semblaient pas déconcertés par sa mutation, et que les regards qu'ils échangeaient avec lui étaient complices. Regards qui se nuancèrent plus tard d'un voile d'ironie.
Car son état eut un effet collatéral que personne n'avait prévu.
Il commença à éveiller l'intérêt d'un certain nombre de filles,
et de garçons.
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La proximité de la fête de la Saint Valentin - et de son bal - donnait des sueurs froides au Potionniste, tandis qu'elle faisait sourire ses amis plus âgés.
"Je me ferai porter pâle !
- Vous l'êtes déjà, Severus.
- Minerva ! Vous ne m'aidez pas du tout, là.
- Voyons, qu'est-ce qui vous chiffonne dans ce bal ?
- La perspective d'être englouti par un troupeau de cornichons décérébrés. Je préfèrerai inviter Ombrage...
- ... ?!
- ... pour qu'elle soit piétinée à ma place.
- Je me disais aussi.
- Si vous voulez être tranquille ce soir-là, glissa Albus d'un ton un peu trop suave, pourquoi ne demanderiez-vous pas à Sweetie de devenir votre cavalière ? *
- Ça va pas, non ?! Cette Chauve-Souris est collante au possible.
- Certes, mais elle a le béguin pour vous - et elle est d'une jalousie terrible - elle saura tenir à distance les élèves assez fous pour tenter de vous aborder."
Vu sous cet angle...
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A la table des Gryffondors, le Trio prenait son petit-déjeuner comme d'habitude : Hermione Granger mâchonnait un toast, tout en tournant les pages d'un livre plus gros qu'elle, Ron Weasley engloutissait trois fois son poids de saucisses et de haricots, et Harry le-Survivant Potter chipotait dans son assiette.
"Rappelle-moi pourquoi on s'est levé si tôt ? fit ce dernier à son amie.
- Pour être devant la bibliothèque, lorsque Madame Pince l'ouvrira.
- Cha pou'ait pas a'endre ?!
- Non, Ron. Et par Merlin, ne parle pas la bouche pleine ! On croirait entendre un Troll qui chante du Célestine Moldubec.
- Beuark ! s'écrièrent les deux garçons en un bel ensemble, sans que l'on sache si ce dégoût s'adressait au monstre ou à l'artiste sorcière.
- Dépêchez-vous, fit la jeune fille en montrant le plafond, le ciel commence à s'éclaircir. Nous devrons bientôt partir."
Harry jeta un regard au plafond enchanté, reproduisant le temps qu'il faisait au dehors : l'aube teintait le ciel de rose.
"Il va faire une belle journée
- Sans doute. On peut y aller, Ron ?
- Une minute, Mione, j'ai pas fini ma troisième assiette.
- Accélère, alors !"
Et en moins de temps qu'il n'en faut pour dire Quidditch, le rouquin avala ce qui lui restait de nourriture et se leva... mais quelque chose le figea sur place.
"Harry, t'avais pas dit qu'il ferait beau ?
- Ben, oui !
- Alors pourquoi ça s'obscurcit si vite ?"
Les trois jeunes focalisèrent sur ce que leur montrait l'enchantement : un tourbillon de nuages noirs qui s'épaississait de seconde en seconde, de manière trop rapide et trop régulière pour être naturel.
A la table des Professeurs, Dumbledore, McGonagall et Snape regardaient aussi, la mâchoire crispée.
Et soudain,
un éclair d'une puissance inouïe jaillit du vortex et frappa le château,
le traversa, en détruisant la pierre,
et finit sa course au milieu de la Grande Salle.
...
Le vent qui s'engouffra ensuite souffla les bougies,
et les ténèbres furent.
...
* Sweetie était à l'origine un Patronus en forme de chauve-souris géante, qu'un sort a rendu réel. Depuis, elle intervient dans les aventures de nos amis.