Bonjour ! Je sais, cela faisait longtemps que je n'avais rien publié... Il y a encore quelqu'un ?

Cette histoire est ma réponse à un prompt d'otpprompts. C'est un stony, c'est un univers alternatif et, je préfère prévenir, c'est très fluffy. Depuis plusieurs mois, je lis principalement des fictions post Civil War, avec ou sans stony, et, très souvent, ce n'est guère joyeux. Certaines sont mêmes carrément déprimantes - même pour moi qui ai une prédilection pour l'angst -, ce qui explique peut-être que j'aie eu envie d'écrire quelque chose de léger. Promis, personne ne souffrira dans cette histoire, que ce soit physiquement ou psychologiquement. Même les petits chats coincés dans les arbres retomberont sur leurs pattes !

Je vous souhaite une bonne lecture. :)

Disclaimer : La petite Alma exceptée, tous les personnages appartiennent à Marvel.

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Pauvre homme, soupira intérieurement Steve. L'individu planté devant le Starbucks faisait vraiment pitié avec son manteau mal rapiécé et bien trop léger pour le froid glacial de cette fin d'hiver new-yorkais. Un gobelet de café vide à la main, il évitait de croiser le regard des passants qui se pressaient sur le trottoir, indifférents à la situation du malheureux. Steve fouilla dans ses poches, à la recherche de quelques pièces.

« Tenez, Monsieur, fit-il en déposant le peu qu'il avait dans le gobelet. Je vous souhaite une bonne journée », dit-il avec un gentil sourire avant de s'éloigner. Avant que l'homme ait pu répondre, Steve avait tourné au coin de la rue.


« Je te jure, Rhodey, un mec a déposé deux dollars dans mon gobelet de café pendant que je t'attendais ! Il a cru que je faisais la manche ou quoi ?!

— Anthony Edward Stark faisant la manche ! s'esclaffa Rhodey. Les marchés financiers ont dévissé à ce point-là pendant que j'étais en mission ? Tu veux que je t'avance un peu d'argent pour ton pretzel ?

— Ah, ah, tu peux arrêter d'être drôle, s'il te plaît ? J'ai mal aux côtes.

— Allez, Tony, ce n'est pas grave ! Le gars t'a pris pour un clochard, c'est pas la mort non plus.

— C'est pas la mort ?! Putain, Rhodes, je suis Tony Stark ! Comment ce débile a-t-il pu me prendre pour un clochard ?!

— Je ne sais pas, Tones. Ton manteau déchiré, peut-être ?

— Ceci, pauvre ignare, est un Valbert Gaudreau, le it coat de la saison. L'effet vécu du vêtement est ce qui se fait de mieux sur la planète et sa proche banlieue, il faut vraiment ne rien y connaître en matière de mode pour penser qu'il s'agit d'un "manteau déchiré" ! »

Tony se tut, atterré à l'idée que son ami puisse être aussi ignorant en matière de bon goût vestimentaire. Bien sûr, quand ce cher James ne portait pas son uniforme de l'armée de l'air, il était content d'enfiler ce qui lui tombait sous la main, dès lors que sa tenue était décontractée et confortable. Mais franchement, il pourrait faire un effort ! Tony en faisait bien, lui. Il ne portait que les tissus les plus nobles, les coupes les plus branchées. Personne ne le verrait portant du Todd Oldham ou, pire, du Robert Mackie. Un costume à sequins, grands dieux, soupira-t-il avec épouvante.

« Tu m'en diras tant, ironisa le pilote. Je suis sûr que ton manteau coûte un bras mais je n'en voudrais pas pour descendre les poubelles.

— Ah ? Parce que tu as une tenue spéciale pour descendre les poubelles, toi ?

— Ouais, mon pote, je mets mon jean Armani acheté en soldes, celui qui me fait un beau cul, si j'en crois ma voisine.

— Lila, la jolie brune du 2A ?

— Nan. Madame Simpson, la petite vieille du 5e. Je suis son genre, apparemment.

— T'es con, fit Tony en riant.

— T'es juste jaloux parce que, moi, j'ai naturellement la classe.

— Ça doit être ça. Je t'offrirai quand même un costume à sequins, pour voir si ta classe naturelle y survit. »

Le lieutenant-colonel Rhodes rit de bonne grâce avant de reprendre :

« Sérieusement, Tony, je trouve ça plutôt réconfortant.

— Quoi ? Que Matilda Simpson craque pour toi ?

— Que ce gars t'ait donné de l'argent parce qu'il pensait que tu étais à la rue. En plus, il a pris le temps de te dire deux mots en te regardant dans les yeux. Cela devient de plus en plus rare, aujourd'hui, on ne voit plus ce qui nous dérange.

— Rhodey, je t'adore, mais il est trop tôt pour la leçon de vie, là. Raconte-moi plutôt : c'est comment, Diego Garcia ? »


« Tenez, Monsieur, ce n'est pas grand chose mais ça vous tiendra chaud, dit Steve en lui tendant une écharpe en laine jaune moutarde avec les gants assortis. J'ai aussi le bonnet qui va avec, c'est par la tête qu'on prend froid, vous savez ? »

Tony regarda avec effarement l'homme qui lui faisait face, le même qui lui avait donné deux dollars la veille. C'était une blague ou quoi ? Probablement une caméra cachée à la con, se dit-il en tournant sur lui-même pour tenter de repérer ladite caméra.

« Bon, on arrête de jouer. Vous vous trouvez peut-être très drôle mais, déjà, cela ne me fait pas rire et, surtout, je n'ai pas de temps à perdre avec vos conneries. J'ai une entreprise à faire tourner, moi ! Je n'ai pas le temps de faire le guignol pour une émission de télé débile, alors reprenez vos fripes dégueulasses et dégagez ! »

Steve s'apprêtait à riposter vertement quand la lumière se fit. Évidemment. Cet homme vivait dans la rue depuis des mois, des années, peut-être. Normal qu'il ait fini par refuser la réalité et s'inventer une vie d'homme d'affaires pressé. Et l'homme refusait sans doute qu'on lui témoigne de la pitié, ce qu'il venait de faire en lui offrant ces vêtements. C'était tout lui, ça, il voulait bien faire mais tombait complètement à côté de la plaque.

« Je suis désolé, je ne voulais pas vous faire perdre votre temps. Je me suis juste dit que, justement, vous n'aviez peut-être pas le temps d'aller vous acheter une écharpe et... il fait froid, alors, je pensais que, peut-être... je pouvais vous offrir celle-ci ? Elle ne me manquera pas, au contraire, ma fille vient de m'en offrir une autre, alors je ne sais pas quoi faire de celle-ci. Elle est neuve, ce serait dommage de la laisser au fond d'un placard », finit Steve, fier de lui. Voilà, il ne lui faisait plus la charité, il lui demandait pratiquement d'accepter l'écharpe pour le débarrasser. Bravo, Steve, c'est bien mieux, se félicita-t-il.

« Non mais, vous vous foutez de ma gueule avec votre écharpe et votre bonnet ? Si vous n'en voulez pas, apportez-les à une friperie ou à l'Armée du salut et laissez-moi tranquille !

— Justement, j'y travaille, sourit Steve.

— Dans une friperie ?

— Non, à l'Armée du salut. Je vais donner un coup de main dès que je peux.

— Bravo, vous êtes un bon Samaritain, votre famille doit être fière de vous. Maintenant, foutez-moi la paix et dégagez.

— Bien sûr, désolé de vous avoir dérangé. Mais, si jamais vous voulez discuter, nous sommes sur la 47e. Demandez Steve. C'est moi, Steve.

— C'est ça, quand j'aurais rien de mieux à foutre, je viendrai, promis. »


« Et, pour finir, il m'a proposé de passer à l'Armée du salut, déclara un Tony encore incrédule à un James mort de rire.

— Quand je te disais que ton manteau était immonde, répondit le pilote en essuyant les larmes de rire au coin des yeux.

— Ce n'est pas parce que ce type et toi n'y connaissez rien qu'il est immonde. C'est un Valbert Gaudreau, je te rappelle.

— De sa collection Mauvais goût assumé, je suppose ?

— C'est ça, rigole, béotien.

— Avoue quand même que c'est drôle : un milliardaire pris pour un SDF parce que son manteau hors de prix ressemble à une serpillière avec des manches ! », dit Rhodes avant de piquer un nouveau fou rire.

Tony leva les yeux au ciel avant de reprendre une gorgée de son café.

« Il est comment, ce type ? reprit Rhodey quand il eut un peu repris son souffle.

— L'archétype du gendre idéal. Grand, blond, les yeux bleus, propre sur lui, pas un cheveu qui dépasse... mais habillé comme un sac, grommela Tony.

— Habillé comme moi, tu veux dire ? ironisa son ami.

— Non. Pire. Remarque, je ne pense pas qu'il ait les moyens d'aller chez Tom Ford ou Armani. Il ne doit pas rouler sur l'or mais il prend quand même le temps de faire du bénévolat. Tu vois le genre ? L'ultime Samaritain, celui qui croit que l'homme est fondamentalement bon, que l'humanité peut être sauvée, ce genre de conneries. Celui qui va chercher les chatons dans les arbres ou aide les mamies à monter leurs courses au douzième étage. Sans être essoufflé, pour couronner le tout. Le genre de mec qui me fait me sentir comme une merde, soupira Tony.

— Toi aussi t'es un mec bien, Tones. Ta bourse d'aide aux étudiants défavorisés a déjà permis à des dizaines de jeunes de suivre une scolarité qui aurait autrement été hors de leur portée et-

— Ce n'est que du pognon, ce n'est pas très impliquant, l'interrompit Tony en haussant les épaules.

— Tous ceux qui ont de l'argent ne le font pas forcément. Comme ils ne travaillent pas non plus à la mise au point d'un exosquelette qui permettra aux paraplégiques de remarcher, déclara Rhodes sur un ton sans réplique. Ce n'est pas parce que ta fondation ne porte pas ton nom ou que tu ne cries pas sur les toits la teneur de tes recherches que tu n'es pas un type bien, Tony.

— T'as raison. Dès demain, je fais un saut au Vatican et je dépose mon dossier pour un procès en canonisation, souffla Tony.

— Compte sur moi pour jouer l'avocat du diable, mon pote. »


« Tiens, monsieur, c'est du ragoût, c'est très bon mais fais attention, c'est chaud. »

Tony leva les yeux de son journal pour croiser le regard d'une blondinette qui devait avoir quatre ou cinq ans. La gamine lui tendait triomphalement une assiette fumante à l'odeur plus appétissante que l'aspect. Il commença par froncer les sourcils quand il aperçut, quelques pas derrière la fillette, le bon Samaritain à l'écharpe jaune moutarde. Évidemment. Ce type avait décidé de lui pourrir la vie et s'était trouvé du renfort, c'était ça ? Bien, il allait l'entendre !

« Mais putain, vous ne pouvez pas me foutre la paix ?! Je ne veux pas de votre écharpe et je ne veux pas de votre bouffe moisie ! Tout ce que je veux, c'est qu'on me foute la paix ! »

Le bon Samaritain arbora une mine consternée et sembla sur le point de prendre la parole mais fut devancé par la petite.

« Il faut pas dire de gros mots, monsieur ! C'est pas bien ! Et c'est pas gentil de me crier dessus, moi je te donnais juste mon assiette parce que j'ai bien mangé et que mon papa dit toujours qu'il faut penser à ceux qui ont moins que nous, mais toi, tu es... t'es qu'une grosse patate pourrie ! », fit-elle, l'air à la fois furieuse et au bord des larmes.

Aïe. Tony Stark, bourreau d'enfants, une nouvelle tache à ajouter à un casier déjà lourd. Il éprouva un léger pincement de culpabilité devant les lèvres tremblantes et les yeux humides de l'enfant.

« Ma chérie, toi non plus tu ne dois pas dire de gros mots, intervint son père. Et vous, dit-il en se tournant vers Tony, votre situation ne vous donne pas le droit d'élever la voix contre une enfant. Je comprends que vous ayez votre fierté mais ma fille s'est juste dit que vous aviez peut-être faim et a voulu se montrer charitable en vous apportant une assiette. Et vous, qu'est-ce que vous faites ? Vous vous montrez odieux et vous la faites pleurer ! Viens, ma puce, je vais rendre l'assiette à oncle Buck et après, on ira au parc voir les cygnes.

— Je pourrai avoir une gaufre ?

— Si tu veux, ma chérie.

— Avec du chocolat ?

— Avec du chocolat, c'est d'accord », sourit Steve.

La gamine adressa un sourire éblouissant à son père avant de se retourner vers Tony.

« Tu vois ? Mon papa, il est gentil, lui. Si toi aussi t'étais gentil, il t'offrirait une gaufre à toi aussi. C'est bien fait pour toi ! »

L'air de dignité offensée de l'enfant fit sourire Tony.

« Pourquoi tu souris ? Tu te moques de moi ? »

Mains sur les hanches, la gamine semblait prête au combat. Tony leva les mains en signe d'apaisement.

« Je ne me moque pas de toi. Et tu as raison, ce n'est pas bien de crier et... de dire des gros mots. Tu veux bien m'excuser ? »

L'enfant resta silencieuse un moment avant de sourire.

« Je veux bien si tu goûtes le ragoût. Il est très bon, tu sais ? »

Tony soupira. Il avait prévu d'aller bruncher au Tiny's pour déguster des œufs Benedict devant un feu de cheminée, pas de manger une assiette de ragoût devant une gamine et son père en mal de bonne action. Il s'était juste assis pour profiter d'un timide rayon de soleil quand Notre-Père-de-la-Charité-bien-ordonnée lui était tombé dessus. C'était décidé, à partir d'aujourd'hui, il ferait un détour pour éviter le quartier. D'ici là, autant faire plaisir à la gamine s'il voulait échapper aux attentions étouffantes du père.

« Je suis sûr qu'il est bon mais tu es sûre que tu n'en veux plus ?

— Nan, je te dis que j'ai assez mangé.

— Ah. Et comment vas-tu pouvoir manger une gaufre au chocolat si tu as déjà trop mangé ?

— C'est pas pareil ! Pour manger une gaufre, y a pas besoin d'avoir faim », fit l'enfant en haussant les épaules.

Riant, Tony prit l'assiette et commença à manger. La petite avait raison, c'était délicieux. Pas très engageant à première vue, mais délicieux.

« J'étais sûre que tu allais aimer, dit la fillette, triomphante. Oncle Buck fait le meilleur ragoût de New York, hein papa ?

— Oui, ma puce. C'est son restaurant, là, fit le père en désignant à Tony une devanture qui ne payait pas de mine.

— Votre frère a un restaurant ? demanda Tony pour être poli.

— Bucky n'est pas mon frère, rit Steve. Mais il est un ami très proche, alors ma fille l'appelle oncle Buck.

— Ben, comme t'as pas de frère et que le frère de maman est mort, il fallait bien que je me trouve un tonton, dit la petite comme si c'était évident. Et toi, demanda-t-elle à Tony, tu as des frères ? Ou des sœurs ?

— Non, je suis fils unique.

— Comme moi, alors. Et maintenant, ma maman elle est morte, alors j'aurai pas de petit frère. Mais je m'en fiche parce que les garçons, c'est bête et ça veut toujours t'embêter. Sauf mon papa, mais c'est pas un garçon, c'est un monsieur. Il s'appelle Steve et c'est le plus gentil des papas. Et moi, je m'appelle Alma Rogers. Alma, ça veut dire "savante" en arabe et "aimante" en latin. Tu parles latin, toi, monsieur ? Et tu t'appelles comment, d'abord ?

— Alma, ma chérie, laisse-le respirer. Elle est très sociable mais aussi très curieuse, l'excusa Steve auprès de Tony.

— Pas de problème, sourit Tony. Je m'appelle Tony... Carbonell », répondit Tony après avoir hésité une fraction de seconde. En donnant le nom de sa mère, Tony était presque convaincu qu'un demi-mensonge constituait une demi-vérité. « Et je suis enchanté de te connaître, Alma. Tu portes un très beau prénom.

— C'est ma maman qui l'a choisi, sourit fièrement l'enfant. À l'école, je suis la seule Alma, toutes les autres s'appellent Emma ou Olivia, fit-elle avec une moue dégoûtée.

— Je voulais t'appeler Olivia, ma puce, fit son père d'un ton de reproche.

— Heureusement que maman était là, alors ! Ma maman, elle s'appelait Margaret, dit-elle à l'attention de Tony, mais mon papa l'appelait Peggy. Elle était très belle, je te montrerai une photo si tu veux. Et ta maman à toi, elle s'appelle comment ?

— Alma ! Je suis désolé Tony, elle veut toujours tout savoir, elle n'a pas conscience de se montrer indiscrète, soupira Steve, l'air sincèrement désolé.

— Ce n'est rien, vraiment. C'est bien, la curiosité, c'est ce qui permet d'apprendre. Ma mère s'appelait Maria, elle était Italienne et, si elle était toujours vivante, elle t'aurait dit que ton prénom signifie "âme noble", Alma.

— Wouah, trop bien ! Tu as entendu, papa ?

— Oui, ma chérie.

— Et tu as toujours ton papa, dis ?

— Alma !

— Mes parents sont morts tous les deux dans un accident de voiture. C'était il y a bien longtemps.

— Oh, pauvre Tony ! Moi, heureusement, j'ai toujours mon papa. Tu veux que je te fasse un câlin, pour que tu sois moins triste ? »

Avant que Tony ait pu réagir, la fillette était montée sur le banc et l'étreignait comme un noyé s'agrippe à la bouée qu'on lui lance. Embarrassé, Tony lui tapota maladroitement l'épaule pendant que Steve souriait comme un idiot.

« Puisque t'es tout seul, t'as qu'à venir avec nous au parc, continua Alma. Hein, papa, qu'il peut venir ?

— Si Tony veut venir avec nous, il est le bienvenu, assura l'heureux père.

— Tu vois ? T'es plus tout seul, Tony. Tu vas voir, on va bien s'amuser au parc. »