L'océan était déchaîné ce soir. Ace, qui rentrait à peine de mission, se débattait tant bien que mal avec les gigantesques vagues qui semblaient avoir pour but de l'expulser de son striker et, par la même occasion, de lui faire visiter les profondeurs sous-marines. Malheureusement (vous sentez l'ironie), l'allumette n'était pas tout à fait d'accord avec cette idée, alors il se débattait comme un diable et évitait comme il le pouvait les énormes murs qui fonçaient sur lui, ces-derniers étant sûrement dû à la colère de Davy Jones. Il n'avait certainement pas pu boire son 36ème pichet de rhum en paix, le pirate ne voyait que ça...

Le striker ne fonctionnant que grâce aux flammes du mangeur de fruit du démon, et l'eau ayant la capacité de les éteindre aussi vite qu'elles n'apparaissaient, il fallait bien avouer qu'observer Poing Ardent s'épuiser à faire du sur-place avait un certain côté comique. Encore y aurait-il fallu avoir un quelconque spectateur, ce qui aurait été plutôt compliqué, vu la tempête actuelle.

"Putain de bordel de merde de sa mère la-... Non... Pas les mamans Ace, tu le sais bien..." se dit le condamné à lui-même (ne le répétez à personne, mais il paraîtrait que le jeune homme parle dans son sommeil... Une sale histoire de cochon qui n'aurait pas dû pouvoir manger la pomme car-... Euh... Pardon.)

Se reprenant en main, le capitaine de la seconde flotte tenta une énième fois de faire démarrer le véhicule mais à nouveau, comme si l'océan lui-même se foutait de sa gueule, un rouleau vint s'exploser avec grâce et délicatesse sur sa bouille d'ange, nous permettant à présent de le comparer sans difficulté avec une vieille éponge décrépie. Et imbibée d'eau.

Il oublia tous ses principes et jura d'une manière absolument vulgaire et déplacée, révoltante même, de sorte que Portgas D. Rouge en personne se déplaça afin de censurer ce passage. Si, si. Et croyez-en le club anonyme du « J'écris sur le fils unique de Rouge », cette femme est démoniaque lorsqu'il s'agit de protéger son bébé. Comme toute mère au final. Bref ! Reprenons. (Je ne dis pas ça en raison d'un couteau tranchant placé juste sous ma gorge, non, pas du tout.)

Notre adorable vieille éponge aux cheveux noirs corbeaux se mit à paniquer. Un tout petit peu. Petit petit peu… Oui bon d'accord il paniquait ! Parce que OUI, l'eau salée qu'il se prenait régulièrement en pleine face faisait effet, et annulait au fur et à mesure ses capacités de barbecue vivant, ce qui était très embêtant quand même (adieu les brochettes). S'accrochant au petit mât de son navire (si l'on pouvait appeler ça un navire), Ace cherchait désespérément une solution, un bain de minuit ne le tentant pas tellement, là, maintenant. Attendez… Il avait dit « bain de minuit » ?

Qui dit « bain de minuit » dit « tous à poil », non ? Donc, une fois tous dénudés justement, qu'est-ce qu'il reste… ? Oui, bon, à part la virilité des hommes et l'intimité des femmes ?! Il reste les vêtements ! Misérables bouts de tissus inutiles, oubliés sur le bord du bassin, et parfois même oubliés tout court, donc jamais retrouvés. Et, de base, un habit sert (en quelque sorte) à faire barrière, non ? Oui bon métaphoriquement, ils font barrière aux regards des autres ! Donc pourquoi n'arrêteraient-ils pas autre chose… Comme de l'eau par exemple ?

Idée nulle mais ne pouvant être ignorée en cette situation extrême, Ace se déshabilla totalement (ce qui ne fut pas très long, faut bien l'avouer) et se dit, à la fin de son opération, que bah merde, ça faisait con d'être debout dans une mini-embarcation, nu, seul en plein milieu de l'océan et qui plus est, en plein milieu d'une tempête destructrice. Il plaça ses « boucliers » autour et au-dessus de lui en guise de parapluie, puis fit une première tentative. Echec flagrant. Un juron fit son apparition (on se croirait dans pokémon). Modification de l'habitacle en cours…. Nouvelle tentative… Echec. Modification…. Nouvelle tentative…. Echec. MODIFICATION…. NOUVELLE TENTATIVE…. Echec.

« Reste calme…. Reeeeste caaalme…. POURQUOI S'ENERVER ?! ragea le Prince des Pirates. Zen attitude… Yoga… Rhum… Sexe… Zeeeennnn…. »

Enfin calmé (c'est un bien grand mot, mais c'est pour donner l'impression qu'Ace maîtrise ses émotions. Oui oui, je ne dupe personne, mais je crois en mes rêves), le jeune homme voulut réessayer. Voulu. Peut-être avait-il, pendant sa séance de relaxation, légèrement oublié ses vêtements, et peut-être qu'ils coulaient actuellement en compagnie d'autres objets non-identifiés qui n'avaient rien faire dans l'océan. Peut-être.

Mauvaise joueuse, l'éponge sur pattes s'assit dans son striker, gonfla les joues et bouda avec la plus grande classe et la plus grande gaminerie dont elle était capable. Oui, le pirate intrépide boudait. Il avait décidé d'attendre. Attendre que tout ce bordel passe son chemin, et attendre d'enfin pouvoir se barrer d'ici. La tâche était compliquée vu qu'il ratait de passer par-dessus bord toutes les 30 secondes environ et que la mort par hypothermie n'était pas son objectif actuel, mais il tenait bon.

Très vite, il se mit tout de même à grelotter (une première pour lui depuis bien longtemps), et sans pouvoir s'en empêcher, à claquer des dents. Deux heures passèrent sans qu'il n'observe aucun changement. Aaaaahhh les joies du Nouveau Monde ! Plus d'une fois, il avait dû s'accrocher à son striker afin d'éviter qu'il ne se retourne sur lui-même, et plus d'une fois il avait tenté de faire jaillir son feu, sans succès. Il estima l'heure à environ une heure du matin lorsqu'il lui sembla apercevoir une masse sombre au loin.

Loin ? Euh, pas tant que ça… Il se redressa, frictionna ses membres engourdis et frissonna. Il n'y avait qu'un navire possédant cette forme et étant aussi grand… C'était le Moby Dick ! Mais attendez… Il était nu et tremper jusqu'aux os… Si ses compagnons le voyaient débarquer comme ça, les castagnettes à l'air… Pas question. C'était une question d'honneur.

A la force des bras, il fit en sorte de rapprocher le striker de sa maison flottante, et l'entreprise lui prit une bonne demi-heure (plus question de refaire l'expérience des flammes, il serait immédiatement grillé – magnifique jeu de mot). Une fois fait, il se glissa sur le pont et contourna les femmes et les hommes étant de garde cette nuit-là. Il faillit se faire prendre une bonne dizaine de fois mais pour sa défense, il était épuisé ! Et puis, au final, le principal était que personne ne le remarque. Il avait une drôle de sensation, comme s'il était épié, mais à chaque fois qu'il se retournait dans l'espoir (et la crainte) de repérer l'intrus, il ne rencontrait que du vide. Il mit ça sur le compte de la fatigue, et, après ce qui lui sembla une éternité, il pénétra dans les entrailles du navire.

Il n'entendait que des ronflements, ce qui était plutôt bon signe pour lui, et pu enfin rejoindre sa chambre, qu'il partageait avec Marco. Il ouvrit doucement la porte, évita le plus possible tous les grincements insupportables qui ne se manifestaient QUE lorsque l'on devait être discret, et sur la pointe des pieds, se dirigea en direction de sa pile de vêtement. Elle trônait fièrement et depuis toujours sur une chaise, et n'était jamais changée de place.

Le piaf brulant avait essayé de convaincre son petit frère de bien vouloir ranger ses vêtements mais sans aucun succès. L'argument « c'est aussi ma chambre » n'avait pas fonctionné, puisque l'allumette avait immédiatement répliqué « je rangerais mes vêtements quand tu accepteras de te balader avec un ananas sur la tête pendant 3 semaines ». Forcément, le phœnix n'avait pas apprécié.

Ace enfila un slip (car oui, on lui avait aussi interdit de dévoiler sa véritable nature, c'est-à-dire celle d'un exhibitionniste ! Nature qui ne se réveillait que lorsqu'il était dans sa chambre, il fallait le préciser) et enfin, il put retrouver le confort de son lit, la douceur de ses draps, le-… Le froid de son matelas.

Bordel il en pouvait plus il était gelé ! Il n'avait pas l'habitude merde !

« BON, TU VAS ARRÊTER DES FAIRE DES CLAQUETTES AVEC TES DENTS ?! tonna la voix de Marco. »

Il était réveillé ?! … La jouer clean, il n'était pas un gosse, et Marco n'était pas son père, aucun risque qu'il ne se fasse engueuler comme s'il venait de fumer un joint et qu'il puait encore la clope… Tout allait bien se passer.

« Mais j'ai froid… marmonna-t-il. »

Un long silence passa.

« Attend, j'ai bien entendu ? TOI, tu as froid ?! Mais qu'est-ce que t'as foutu ? »

Il ne répondit pas, se contentant de claquer des dents plus fort. Marco soupira, une fois. Deux fois. Trois fois.

« Bon allez, viens là toi !

-Quoi ? dit-il, perdu. »

Deux bras musclés le soulevèrent comme s'il n'était qu'un poids plume et le lâchèrent sur le lit d'à côté, qui était déjà chauffé. Marco sembla seulement remarquer l'état de son petit frère à son contact, car il s'écria :

« Bordel mais t'es trempé ?!

-Ouais… J'sais pas si t'as remarqué mais il pleut dehors…

-Tu pouvais pas attendre la fin de la tempête et revenir au bateau demain ?

-J'ai cru que j'aurai le temps de faire le voyage... »

Marco esquissa un sourire à la vue de son cadet rougissant, honteux de son incapacité à prévoir les caprices de la mer, puis s'installa à son tour dos au jeune homme, faisant passer la couette au-dessus d'eux. Avant même qu'il n'ait le temps de lui dire que c'était une exception et que ça n'arriverait pas une seconde fois, il sentit son camarade se plaquer contre le lit, le serrant comme un nounours géant. Il grogna, signe de son mécontentement, mais en entendant la respiration régulière résonnant dans la pièce, il comprit bien vite qu'Ace s'était endormi. Il soupira très, très fort.

« C'est pas possible… C'est pas un D. pour rien celui-là… murmura-t-il après s'être caler à peu près confortablement. »

….

Le lendemain, Ace se réveilla tout seul dans le lit, le soleil déjà haut dans le ciel. Il eut un mauvais pressentiment, mais choisit de l'ignorer, mettant ça sur le compte de ses activités nocturnes pour le moins mouvementées. Il se leva, enfila un short, puis monta sur le pont. Jusque-là, rien d'anormal, pas d'agitation inexpliquée… Toutefois, il vérifia quand même vers le tableau de la honte (officiellement créé par les infirmières) s'il n'y avait pas eu des nouveautés croustillantes durant son absence. Quelques personnes se trouvaient devant, et son mauvais pressentiment fit son retour en grande pompe, ne le lâchant plus. Il faisait partie de ceux qui te faisaient directement comprendre que ça ne s'était pas passé comme prévu…

Son impression se renforçait au fur et à mesure qu'il se rapprochait de l'affichage, et enfin, comprit. Il y avait bien des nouveautés, et ça ne lui plaisait pas du tout. Une dizaine de photos de lui de cette nuit, à poil, les cheveux dégoulinants et bien évidemment, les parties à l'air… On voyait très bien à son expression qu'il tentait d'être discret, mais visiblement, c'était raté… Le seul point positif, c'était qu'il faisait sombre et que le photographe n'avait pu le prendre seulement quand il passait à la lumière, c'est-à-dire pas si souvent… La toute dernière affiche était une photo de lui allongé sur le premier commandant, ce dernier faisant un magnifique doigt à l'appareil… La bave qui dégoulinait sur son torse, provenant de la bouche de l'allumette, lui faisait perdre toute crédibilité… Pour l'honneur, on repassera…