Résumé en entier (parce que ça passait pas dans l'espace de fanfiction) : [TRADUCTION de Learning How To Live de 1clevergurl] Regina Mills, une pianiste recluse, quitte Boston pour venir s'installer à Storybrooke, dans le Maine, avec son fils Henry récemment adopté, dans le but d'échapper à un passé marqué par les relations abusives et de reconstruire sa vie. Là-bas, elle tombe rapidement sous le charme d'une femme à tout faire ; une beauté brute et terriblement timide au passé douloureux, et qui lui fera découvrir que les secondes chances sont parfois les plus belles de toutes, et que « parfait » ne veut pas toujours dire sans faille.
Hello la compagnie ! J'espère que vous allez tous bien et que la saison 6 de OUAT vous plait pour ceux qui regardent toujours la série :) Soooo, je sais que je vous avais dis que je ne posterais pas le monument que constitue cette histoire avant un moment, mais je viens de déménager et de commencer un nouveau boulot, il fait froiiiid et poster sur fanfiction me mannnque ; donc screw it, je me lance même si je n'ai pas encore fini de tout traduire de mon côté !
Parlons business, parce que j'ai littéralement 300 TRUCS A VOUS DIRE avant de vous laisser commencer cette nouvelle story, et la plupart sont importantes. Premièrement, de quoi ça s'agit ? Learning How To Live est une (merveilleusement bien écrite, magnifiquement pensée, touchante, passionnante, puissante) histoire écrite par 1clevergurl. Vous pouvez la trouver sur AO3, et je la conseille vraiment à tous ceux qui peuvent lire en anglais, parce que malgré mes bons et loyaux efforts, une traduction ne remplacera jamais une version originale, surtout quand elle est réalisée par une amatrice comme moi. Je suis toujours un peu sous le choc du fait que l'auteure m'ait fait confiance, pour être honnête.
Deuxièmement, comme je vous l'ai dis plus haut, je n'ai pas encore terminé la traduction de mon côté, et ma bêta doit corriger les chapitres derrière . Etant donné qu'on a repris le boulot toutes les deux, je pense que je ne pourrais pas poster plus d'un chapitre toutes les deux semaines, et encore au grand max, sorry guys :/ Mais les chapitres sont longs, alors ça compense un peu ! :p Et l'attente en vaudra la peine, croyez moi ;) Petite info au passage : cette histoire comporte 15 chapitres.
Troisièmement, cette histoire ne sera pas toute rose. C'est une romance, c'est sûr, mais nos deux héroïnes ont des passés assez tumultueux, et je ne veux traumatiser personne. L'auteure le dit dans ses N/A, mais je préfère le redire ici : certains flashbacks sont assez violents. Pas tous, mais certains. Rien ne vous empêche de les sauter, ça n'entravera pas outre mesure votre compréhension de l'histoire.
Pour finir (mais pas vraiment parce qu'après y a les notes de l'auteur, que je vous conseille de lire parce qu'elles sont importantes) : j'en profite pour remercier tous les guests qui m'ont laissé des reviews sur les OS que j'ai traduit dernièrement ! Vous êtes super !
Bonne lecture à tous, j'espère vraiment que cette histoire va vous plaire autant qu'à moi :)
DISCLAIMER : Ceci est une TRADUCTION, l'histoire appartient à 1clevergurl, pas à moi.
A/N#1 - Toute référence à des séries, des films, des livres et/ou tout autre document protégé par des droits d'auteurs et mentionné dans cette fiction, y comprit les personnages, les décors, et les événements, appartiennent à leurs auteurs respectifs, pas à moi. Cette fiction est une interprétation de tous ces éléments, et je n'en tirerai aucun profit financier. Lesdites références sont faites dans un contexte fictif et uniquement dans un but de divertissement; elles ne sont pas censées être diffamatoires, calomnieuses, ou considérées comme factuelles.
A/N#2 - Lorsque vous verrez une ou deux lignes en italique, cela représentera normalement les pensées de quelqu'un. Lorsqu'ils s'agira d'un nombre plus nombreux de lignes, ou de paragraphes entiers en italique, cela représentera la plupart du temps le flashback d'un événement passé. Les lignes de séparation sont utilisées pour séparer les scènes, les points de vue des personnages ou un flashback/une référence à un événement passé.
A/N#3 - Ceci est une fiction Swan Queen slow burn ; et qui contient plusieurs warnings pour les survivants de situations abusives. Certains flashback aborderont ces sujets (pas en détail). Une grande partie de ma vie se trouve littéralement dans les pages de cette histoire; des événements/situations que j'ai subies et des émotions que j'ai dû porter pendant de nombreuses années.
A/N#4 - Si vous êtes à la recherche de quelque chose de plus léger (sans trigger warnings), je vous suggère mon autre fiction 'Photos From a One Life Stand'.
A/N#5 - Je dédie cette histoire à BeeGoddess, dont les merveilleux mots d'encouragement et le soutien constant (et le blog incroyable !) ont été une source d'inspiration pendant l'écriture de cette histoire. Merci, merci, un millier de fois, MERCI !
- Oh, Emma, Dieu merci tu es venue !
Emma avait à peine mis un pied dans l'atelier que la voix de Marco, marquée par un fort accent italien, l'appelait avec soulagement.
- Salut, Marco ! On fête quelque chose ? Tu n'es jamais aussi content de me voir d'habitude, taquina Emma, un sourire en coin sur les lèvres.
- Oh, voyons, tu sais bien que tu es mon apprentie favorite.
Marco prit le visage d'Emma entre ses mains et tourna sa tête dans un sens, puis dans l'autre, déposant un baiser paternel sur chacune de ses joues.
- Je suis ta seule apprentie, Marco, répliqua Emma en riant.
Elle déposa sa boîte à outils sur le sol et posa avec précaution sa trousse d'accessoires sur l'établi. Défaisant le lien qui la maintenait enroulée sur elle-même, elle étala l'emballage protecteur sur toute sa longueur, révélant une belle collection de ciseaux, burins, et une collection de lames affûtées pouvant tailler des motifs précis dans le bois.
Emma était l'apprentie de Marco depuis une vingtaine d'années depuis l'âge – pas si paisible – de huit ans.
Emma sortit de sa maison d'accueil, bien décidée à NE PAS aller à l'école. A la place, elle se faufila entre les maisons, escaladant occasionnellement les haies et clôtures qui se trouvaient sur son chemin. Elle finit par arriver devant une petite menuiserie qui se situait derrière une maison décrépie appartenant à un vieil homme appelé Marco. Il vivait seul, subsistant seulement grâce aux compétences de bricoleur et d'homme à tout faire qu'il mettait au service des habitants de la ville - même si la plupart des jobs qu'on lui proposait relevaient plus de la charité des dits-habitants que d'une véritable habilité qui surpasserait celle de n'importe quel travailleur local.
Non, le vrai talent et la vraie passion de Marco résidaient dans la sculpture sur bois. Les horloges, boîtes, bibelots, jouets et poupées qu'il était capable de confectionner étaient époustouflants de beauté. Ils ne lui rapportaient pas beaucoup d'argent, mais en combinant ses maigres revenus avec la pension qu'il recevait depuis qu'il avait été licencié de son travail, il arrivait à maintenir la tête hors de l'eau… enfin, tout juste.
Emma s'approcha de la porte de la menuiserie et posa la main sur la poignée pour voir si elle était fermée à clé. La poignée tourna facilement, et la porte s'ouvrit en grinçant. Les quelques fenêtres de l'atelier étaient toutes couvertes d'une pellicule d'humidité et de sciure qui semblait s'être amassée là depuis des années. La lumière du soleil pouvait entrer dans la pièce, mais pas en quantité suffisante pour y voir clair à l'intérieur – ou depuis l'extérieur. Emma espérait qu'elle arriverait à dénicher quelques uns des plus petits outils de Marco. Elle avait déjà vu les mêmes dans la vitrine d'une quincaillerie, en ville, et ils avaient l'air de valoir pas mal d'argent. Si elle parvenait à en attraper un ou deux, elle pourrait peut-être les vendre lorsqu'elle irait à Portland. Sa mère et son père d'accueil s'y rendaient fréquemment pour se fournir en herbe et autres drogues auprès de leur dealer. Et quand ils faisaient le voyage, ils forçaient toujours Emma à venir avec eux et la laissaient toute seule dans la rue jusqu'à ce qu'ils aient terminé leurs « transactions ». Ils avaient l'air d'entretenir l'idée tordue que la police ou la Justice seraient plus cléments avec eux s'ils se faisaient prendre la main dans le sac avec une gamine. Emma savait bien que ça l'amènerait seulement à être transférée dans une autre famille, mais ils ne lui demandaient pas vraiment son avis, et elle essayait donc de tirer la situation à son avantage comme elle le pouvait. Quelques dollars de plus dans ses poches, ça voulait dire un ou deux jours où elle pourrait se payer de vrais repas de midi à l'école, et où elle irait au lit en se sentant peut-être moins vide. Dans cette famille, elle avait appris très vite que l'argent qui était supposé payer sa nourriture filait la plupart du temps dans le bras, le nez ou le ventre de quelqu'un d'autre.
Emma prit une minute pour rassembler ses pensées et s'approcha de l'établi sur lequel était posée une toute petite boîte à musique. Deux oiseaux marins étaient gravés sur le dessus de la boîte. Emma savait qu'elle n'était pas là pour ça, mais elle était tellement tentée par l'objet, et les outils qu'elle voulait voler se trouvaient juste à côté d'elle. Elle aurait vite fait de les attraper et de filer, si besoin. Elle voulait juste jeter un œil, ça ne pouvait pas faire de mal.
Elle souleva la boîte et remonta la clé qui se trouvait dessous au maximum. Puis, elle la reposa sur la table en bois et ouvrit le couvercle. L'intérieur était sobre. Une fine couche de verre recouvrait un mécanisme simple, qui consistait en un engrenage rotatif et petit peigne qui contenait une série de « clés » de différentes tailles et que pinçaient les petites bosses du mécanisme pour créer les notes. La mélodie ainsi créée était lente, et jouait sur un motif principal de trois notes, entrecoupées de quelques notes plus basses. C'était à la fois beau et triste, et Emma sentit quelque chose la remuer dans son ventre. En retournant la boîte, elle découvrit que quatre mots avaient été écrits au stylo bic : « Sonate », « 14 », « Clair de Lune », « Teresa ». Emma n'avait aucune idée de ce que ça voulait dire, et elle n'eut pas vraiment le temps de s'attarder sur la question, car elle entendit soudain des bruits de pas dans l'allée qui menait à l'atelier. Elle ferma brusquement le couvercle pour faire taire la boîte, attrapa quelques outils au hasard, et se rua vers la porte. Elle l'atteint au même moment où quelqu'un l'ouvrait de l'extérieur, et percuta Marco de plein fouet. Pendant une seconde, Emma regarda Marco, et Marco la regarda. Il aperçut les outils qu'elle tenait dans les mains, et écarquilla les yeux. Elle se retourna pour s'enfuir, mais une main se referma sur le collet de son t-shirt, la maintenant en place, et il cria :
- JE TE TIENS !
Emma gesticula et se débattit, en vain, car Marco la tenait fermement. Elle comprit rapidement qu'il n'allait pas la lâcher et arrêta de gigoter il valait mieux qu'elle garde son énergie pour essayer de s'enfuir plus tard, si l'attention de l'homme faiblissait.
- Qu'est-c'que tu fais dans mon atelier ? Tu me voles mes outils ? Tu as sept ans, à quoi ça va te servir ? demanda Marco, la voix marquée par un fort accent italien.
- J'ai HUIT ans et LÂCHEZ-MOI ! exigea Emma.
- Je te lâcherai une fois que je t'aurai ramenée chez toi ! Amène-moi chez tes parents !
Emma sentit qu'elle n'allait pas gagner cette bataille. Même s'il était vieux, Marco la tenait d'une poigne de fer. Et maintenant, elle avait un problème encore plus gros. Ses parents d'accueil étaient sur le point de découvrir deux choses : premièrement, elle n'était pas allée à l'école, et deuxièmement, elle s'était fait attraper en train de voler. Cette fois, elle était vraiment dans le pétrin. Malgré leurs propres mauvaises habitudes et leur désintérêt pour les règles sociales, dans l'intimité de leur foyer, ses parents d'accueil régnaient avec l'intransigeance des poings. Ils ne toléraient pas qu'Emma se fasse remarquer, les bleus et fractures que son corps avait dû accuser pouvaient en témoigner.
Une fois arrivé devant la porte de sa famille d'accueil, Marco frappa pour annoncer leur arrivée, tout en gardant une poigne solide sur le collet d'Emma. Il entendit quelqu'un s'affairer avec précipitation à l'intérieur, et il jeta un regard perplexe à la porte, se demandant quand elle allait finir par s'ouvrir.
Dès qu'ils auront fini de cacher leur came, pensa Emma.
La porte s'entrouvrit, juste assez pour révéler la silhouette d'un homme colossal qui portait un t-shirt sale et un jean, et qui tenait à la main une bière. Son ombre se projetait sur eux, et il avait les yeux injectés de sang. Vu l'état de ses cheveux, il ne les avait pas lavés ni peignés depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
- Vous voulez quoi ? demanda t-il à Marco d'une voix agressive.
Depuis l'intérieur de la maison, une voix féminine demanda :
- Qui c'est ?
- Personne ! cria l'homme par-dessus son épaule. Retourne te coucher !
Reportant son regard sur Marco, l'homme reprit :
- Alors ? J'ai pas toute la journée devant moi, pépé.
Marco se sentit soudain tout petit et très faible sous le regard de l'homme qui se trouvait dans l'encadrement de la porte. Peut-être que venir ici n'avait pas été une si bonne idée que ça ni pour lui, ni pour la petite, mais ils étaient là, maintenant, et il ne pouvait pas se défiler.
- C'est votre fille ? demanda Marco.
- Ma fille d'accueil, grogna l'homme.
- Oui, et bien, je l'ai surprise en train de voler dans mon atelier, tout à l'heure, termina Marco.
- Ah ouais ?
L'homme dirigea son attention sur Emma comme s'il venait de la remarquer, et il la fixa d'un regard mesquin. Il tendit la main et l'attrapa brutalement par le bras, la forçant à s'approcher de lui puis se penchant vers son visage en grondant :
- T'as volé ?
Emma ouvrit la bouche et la referma plusieurs fois avant de parvenir à former une réponse simple :
- Oui.
L'homme adressa à Marco un sourire tordu, et tira d'un coup sec la fillette pour l'arracher à l'emprise du vieil homme.
- 'Vous faites pas de bile. Elle vous embêtera plus. Bonne journée, termina t-il avec un sourire répugnant.
Il poussa Emma à l'intérieur de la maison et claqua la porte derrière lui. Marco entendit le bruit fort et distinct d'une gifle, et il laissa tomber quelques outils par terre en se retournant précipitamment pour descendre du perron. Bon sang, mais qu'est-ce qu'il avait fait ?
Marco travaillait à l'extérieur de son atelier lorsque Emma et l'homme revinrent le voir le lendemain. Emma avait la tête baissée et ne levait pas les yeux du sol.
- Vas-y. Dis-lui ce que je t'ai dit, ordonna l'homme.
- Voilà vos outils, murmura Emma en tendant une main tremblante.
La main enserrait les quelques outils qu'elle avait réussis à attraper la veille. Elle ne releva pas la tête, attendant simplement que Marco les prenne.
- T'avais pas autre chose à dire ?
- Je-je suis désolée, termina Emma.
Elle leva à peine le regard vers Marco, mais ce qu'il aperçut suffit à lui donner la nausée. Un des yeux d'Emma était tout gonflé, coloré de bleu et de violet. Elle avait la lèvre fendue. L'œil qu'elle avait bien ouvert était plein de larmes qu'elle essayait de retenir.
L'homme vit le visage de Marco se tordre de dégoût. Pour éviter de perdre l'argent qu'il gagnait tous les mois grâce à l'enfant, il dédramatisa ses blessures, espérant éviter une possible visite des Services Sociaux.
- Cette maladroite s'est cassé la figure en tombant du perron hier, après que vous soyez parti. C'est moins grave que ça en a l'air. 'Vous en faites pas.
Marco comprit que la dernière phrase servait davantage de menace que de parole rassurante.
Emma, elle, avait de nouveau les yeux fixés sur le sol, et restait silencieuse.
- Bon, mon vieux, l'affaire est réglée ?
Marco hocha lentement la tête.
L'homme tourna les talons et attrapa brusquement Emma par le bras, lui faisant presque perdre l'équilibre. Il cracha :
- Faut vraiment qu'on te trouve un truc à faire pour t'empêcher de faire des conneries.
Marco n'hésita qu'une seconde avant de les rappeler :
- Attendez…
- Qu'est-ce qu'il a encore, le vieux ? demanda l'homme d'une voix tranchante.
- En fait, j'aurais bien besoin d'une apprentie, pour mon atelier. Quelqu'un pour m'aider dans de petits travaux… rien de dangereux, mais ça l'occuperait, si c'est ce que vous cherchez ?
Marco retint sa respiration, espérant recevoir une réponse positive. Il ne pourrait sans doute pas la sortir de cette maison, mais il pouvait peut-être limiter le temps qu'elle devait passer avec eux.
- Vous la voulez ? Elle est à vous, grogna l'homme en poussant brutalement Emma en direction de Marco.
Il plongea ensuite son regard dans celui d'Emma et pointa son doigt vers elle en ajoutant :
- Et y'a pas intérêt à ce que j'entende encore dire que tu poses des problèmes, c'est compris ?
Emma déglutit et hocha vivement la tête alors que l'homme faisait volte face et s'éloignait, laissant la fillette seule dans l'allée, en compagnie de Marco. Le vieil homme plaça un bras protecteur autour de ses épaules, et à travers ses habits trop grands, il se rendit compte à quel point elle était maigre. Il la guida doucement vers la maison.
- Bon, on va commencer par te donner à manger et mettre un peu de glace sur cet œil, d'accord ?
Depuis ce jour, jamais plus Emma n'avait été au lit en ayant faim.
Emma commença par aider Marco dans de petites taches, comme il l'avait promis elle balayait, dépoussiérait, rangeait l'atelier. Ce n'était pas compliqué, et la plupart du temps, ça n'avait pas vraiment besoin d'être fait, en tout cas pas si souvent, mais Marco voulait être sûr de pouvoir prouver au père d'accueil qu'elle était occupée et qu'elle l'aidait vraiment, si jamais il décidait de venir leur rendre une visite impromptue. S'il y avait bien une chose que Marco souhaitait éviter, c'était que cet homme s'imagine qu'Emma serait mieux à la maison que dans son atelier. Marco savait depuis le jour qu'il l'avait rencontré et qu'il avait vu le visage tuméfié d'Emma que ce n'était définitivement PAS un environnement sain pour la fillette. En fait, Marco s'arrangeait pour qu'elle soit chez eux le moins possible. Elle était donc invitée à le rejoindre chez lui tout de suite après l'école, et elle pouvait rester aussi longtemps qu'elle le voulait ; si ses parents d'accueil n'y voyaient pas d'inconvénient. Au final, ils ne se soucièrent plus du tout des horaires auxquels Emma rentrait chez eux. Mieux, ils avaient l'air contents d'être débarrassés d'elle, ça leur faisait un souci de moins lorsqu'ils descendaient au Pays des Merveilles, embrumés dans leurs rêves de drogués.
Les weekends, Marco n'attendait pas d'Emma qu'elle travaille, mais il avait été très clair pour lui dire qu'elle était la bienvenue quand même. La plupart des samedis et des dimanches, la fillette s'installait près de lui dans son atelier et le regardait attentivement travailler, essayant de mémoriser chacun de ses gestes alors qu'il créait et sculptait ses trésors en bois. Elle l'écoutait sagement raconter des épisodes de son enfance en Italie, alors qu'il n'était lui-même qu'un apprenti.
Au fil des ans, Marco apprit de plus en plus de choses sur Emma. Elle ne baissait presque jamais la garde, pour se protéger émotionnellement des autres. Elle manquait de confiance et d'estime d'elle-même. Elle était très timide et maladroite en société. Elle était vulnérable, et on avait trop souvent usé et abusé d'elle, que ce soit dans ses familles d'accueil ou au sein d'un système qui fermait trop souvent les yeux. Mais malgré tout ça, malgré tous les obstacles qui se dressaient sur son chemin, Emma restait debout. Elle devenait plus forte, elle persévérait. Sa compassion, son sens de la compétition et sa curiosité étaient restés intacts. Elle était capable de trouver de la beauté que ce soit dans des objets du quotidien ou dans des objets un peu moins communs, dans les choses que la plupart des gens prenaient pour acquis et ne remarquaient même pas. Elle était profondément gentille, douce, et était capable d'aimer inconditionnellement, avec tout son cœur. Marco savait qu'un jour, la bonne personne se présenterait, que cet amour lui serait offert et qu'il se déchaînerait avec une dévotion et une fougue sans précédent.
Mais pour l'instant, il essayait simplement de faire en sorte qu'Emma accepte de s'ouvrir, pour pouvoir atteindre la personne qui se trouvait derrière ses murs, pour lui montrer tout ce qui était merveilleux en elle : les petites choses qu'il avait remarquées lorsqu'elle oubliait de rester confinée dans sa carapace. Il voulait tellement lui montrer qui elle était réellement, et ce dont elle était capable. Il commença donc à déconstruire le mur, brique par brique. Plusieurs fois durant ces années, il dût reprendre le travail à zéro.
- Je crois que tu as manqué quelques copeaux de bois là-bas, taquina Marco en désignant le coin de l'atelier d'un signe de tête.
Tous les jours, il désignait une tache qu'Emma était la seule à pouvoir accomplir, soit à cause de sa petite taille, de sa rapidité, ou de sa connaissance de la pièce. D'une manière ou d'une autre, Emma transformait chaque corvée en compétition, essayant de l'achever le plus vite possible tout en restant prudente et soignée, alors que Marco la regardait faire d'un œil critique.
- Pas vrai ! protesta Emma, sur la défense.
- Je ne sais pas, Emma. Je crois qu'il y a quelque chose, là-bas, continua Marco.
Frustrée, Emma finissait toujours par amener Marco par la main dans ledit coin, pour lui montrer que comme elle l'avait affirmé, elle n'avait PAS oublié de nettoyer cet endroit.
- Tu vois ?
- Huh. Tu avais raison, Emma, disait Marco en souriant d'un air fier.
Parfois, Emma se rendait compte qu'en effet, elle avait oublié un endroit, ou qu'elle s'était trompée quelque part. Dans ce cas-là, elle soufflait pour se réprimander elle-même et se remettait au travail en s'assurant que, la deuxième fois, tout était impeccable. Elle n'avait jamais besoin de recommencer une troisième fois.
Mais même là, Marco hochait la tête et lui souriait parce qu'il était fier d'elle, et petit à petit, leurs sourires devinrent de plus en plus fréquents.
- Emma, viens là.
Une Emma de douze ans s'approcha de lui et s'arrêta juste devant le tabouret sur lequel était assis Marco. Le vieil homme pouvait voir les bleus qui marquaient ses poignets. Elle marchait lentement et se tenait légèrement voûtée. On aurait dit que le fait d'avancer lui était douloureux et elle boitait légèrement.
- Tu me dis ce qui s'est passé ?
Emma secoua la tête. Son menton se mit à trembler et ses yeux se remplirent de larmes. Marco ouvrit les bras et elle boitilla encore un peu pour monter sur ses genoux et enfouir son visage dans son cou. Marco la prit dans ses bras et la berça. Elle tremblait.
Il demandait toujours à savoir ce qui se passait, mais Emma refusait toujours de le lui dire. Chaque fois, il appelait les Services Sociaux. Il leur parlait de ses soupçons plus que fondés. Il les suppliait de mener leur enquête. Ils venaient la plupart du temps des mois après. Ils repartaient sans avoir rien trouvé. Le silence d'Emma protégeait cette famille. Qui ne lui offrait pas la même courtoisie en retour.
J'imagine que parfois, le diable en personne vaut mieux que le diable qui se cache dans les ombres… pensa Marco.
- Emma, tu es en retard aujourd'hui !
Emma fronça les sourcils et regarda Marco d'un air confus.
- Ils sont partis, Marco, dit-elle doucement. Il ne reste que la vieille coccinelle jaune, là-bas. La maison est vide.
Marco supposa que l'homme et la femme étaient en froid avec la justice, ou avec leur dealer, et qu'ils avaient décidé de changer un peu d'air. Il était surpris qu'ils soient restés si longtemps mais il n'avait jamais pensé qu'ils laisseraient Emma derrière, l'abandonnant comme un vieux débris. Leur cruauté ne cessait de surprendre et de dégoûter le vieil homme, même après tout ce qu'il avait vu au fil des ans.
Marco se dirigea vers son établi, ouvrit un tiroir et en tira une clé. Il se retourna vers Emma et plaça la clé devant elle, sur la table, avant de lui tapoter gentiment la main en désignant la porte de la menuiserie.
- Je vais appeler Fredrick et lui demander d'amener le fourgon demain. Toi et lui, vous irez chercher la voiture, d'accord ?
Le lendemain, Emma et Fredrick allèrent chercher la coccinelle jaune. Fredrick fit semblant de ne pas voir Emma casser un carreau pour récupérer la seule chose qu'elle voulait garder de cette ancienne maison : une couverture de bébé blanche sur laquelle était brodé « Emma ». C'était l'une des choses qu'elle refusait d'abandonner, comme le rêve que, peut-être, un jour, elle retrouverait ses parents biologiques et qu'ils l'accueilleraient les bras ouverts. Au moins, rêver ne mangeait pas de pain.
En revenant à l'atelier cet après-midi-là, Emma ouvrit la porte de sa nouvelle « maison ». Un matelas double était posé sur un lit en bois fabriqué à la main dans le coin de la pièce, une chaise et une petite table occupaient un autre coin. Il y avait aussi un petit lavabo, entouré de quelques étagères qui formaient une petite cuisine et un petite bassine avec un autre évier ; des toilettes et une douche se trouvaient dans une petite pièce adjacente à la pièce principale. C'était aussi bien, et même mieux que toutes les maisons dans lesquelles elle avait vécu auparavant. Elle entendait les bruits provenant de l'atelier, sentait l'odeur du bois à travers les espaces entre les lattes du plancher. Ils avaient crée un endroit confortable et sûr, juste pour elle. Et elle en avait besoin, maintenant plus que jamais.
Marco lui avait fourni quelques éléments essentiels il avait fait le lit, mis des serviettes dans la baignoire, lui avait donné quelques verres et couverts. Elle se dirigea vers la petite table sur laquelle était posée une boîte rose. Elle était accompagnée d'une carte où l'on avait inscrit : « Pour Emma » - l'écriture était celle de Marco. Elle ouvrit la boîte et en sortit doucement un cupcake surmonté d'une bougie. Emma alluma la bougie, ferma les yeux, et murmura :
- Je souhaite avoir un jour une famille aimante.
Puis elle souffla.
C'était son 16ème anniversaire.
- Beau travail, Emma.
Marco passa la main sur la grande table en acajou. La surface était aussi douce que de la soie et avait la brillance du satin. Elle était suffisamment grande pour que six personnes puissent s'y attabler, en fait c'était un des plus grands meubles jamais fabriqués dans cette menuiserie. Lorsqu'ils avaient reçu la commande, Emma avait demandé à ce qu'il lui délègue le projet, complètement, de A à Z. Marco savait qu'elle allait faire de l'excellent travail, elle était son assistante en menuiserie depuis l'âge de 13 ans, et six ans plus tard, il n'avait pas honte de dire que l'élève avait dépassé le maître. Il savait que quelque chose dans ce projet là l'avait intriguée. Il était sûr que le travail serait parfait.
Des feuilles et des glands étaient incrustés dans les quatre coins de la table. Elle les avait sculptés à la main. Au centre, elle avait gravé une scène représentant le littoral et la crique de Storybrooke comme si quelqu'un se trouvait à l'orée des bois et contemplait le paysage.
Emma leva les yeux de son travail pour jeter un regard à Marco par dessus ses lunettes, puis elle leva son index pour repousser les verres sur son nez. Elle sourit fièrement.
- J'ai fini.
- C'est du beau travail, répéta Marco en lui adressant un sourire satisfait.
Il hocha la tête, puis la laissa seule dans l'atelier.
Emma se redressa, s'approcha de la table et passa ses doigts calleux sur les sillons et les stries de la scène gravée dans le bois. Elle sourit en repensant à la cabane et à la crique dont elle s'était inspirée. Elle espérait pouvoir y retourner un jour. Fatiguée, Emma retira ses lunettes et se frotta les yeux, puis elle éteint la lumière et se dirigea vers son petit appartement pour aller se coucher.
Bon sang, c'était l'idée de qui, d'organiser un barbecue la semaine qui suivait sur un machin aussi abîmé ? pensa Emma en regardant d'un œil critique les planches manquantes, cassées ou moisies par l'humidité.
Normalement, elle travaillait à l'atelier, elle fabriquait des meubles et s'entraînait à perfectionner ses talents pour la gravure, mais ce travail s'était présenté, et le client était prêt à payer un bon prix. Marco n'avait pas pu refuser. Comme le travail devait être terminé dans les plus brefs délais, il avait besoin de « tout le monde sur le pont », littéralement dans ce cas-là, ce qui expliquait qu'elle, Fredrick et lui soient en train de monter un plan d'action pour que tout soit fini dans les prochains jours.
Le premier jour, ils avaient terminé les plans, et le deuxième, ils avaient posé la structure du nouveau pont du bateau. Ça avait été l'un des jours les plus chauds de l'année, et Emma se dirigea vers le bord de l'embarcation pour aller chercher une bouteille d'eau dans la glacière qu'ils avaient amenée avec eux. Elle portait un short kaki tout simple, un top blanc et des bottes en caoutchouc avec de grosses chaussettes en laine. Une fine pellicule de sueur recouvrait son front, et le tissu de son haut lui collait péniblement à la peau. Ses hanches étaient humides de la sueur qui s'était accumulée sous sa ceinture porte-outils, et les marteaux et les clous qu'elle transportait tintaient légèrement lorsqu'elle se déplaçait. Elle était debout, à la poupe du bateau, dos à Marco et Fredrick, et elle profitait de la vue de la forêt et du rafraîchissement temporaire que l'eau lui offrait.
- Qu'est-c'que tu regardes ? demanda Marco d'un ton agacé.
Il avait remarqué que Fredrick fixait Emma avec un peu trop d'insistance pendant les heures de travail.
- Hein ? fit Fredrick, toujours dans sa bulle, tournant légèrement la tête pour pouvoir contempler le derrière d'Emma sous plusieurs angles.
- Je te préviens, et je ne te le redirai pas deux fois, Fredrick. Cette fille, tu la regardes et tu la traites comme si elle était ta sœur, sinon tu auras affaire à moi. Je ne te le répéterai pas, Fredrick.
Fredrick regarda Marco et vit la lueur de sérieux qui brillait dans ses yeux. Son ton était sans appel, et le message était clair. Mais de toute façon, son petit doigt lui disait que ce n'était pas la peine de se disputer avec Marco, pas à propos de ça. Il était hors de question qu'il tente quelque chose avec Emma, et il ne penserait jamais vraiment à elle autrement que platoniquement.
Marco lança un dernier regard à Emma, et se remit au travail. La petite fille de huit ans, maladroite, était devenue une jeune femme magnifique. Elle avait vingt-cinq ans.
- Tu es sûre que je ne peux pas te persuader de rester, Emma ?
- Merci, Marco, mais ça fait trop longtemps que je suis dans tes pattes, tu as besoin d'avoir ton espace à toi. Il est temps que j'essaie de devenir adulte. Et puis, je vais habiter en ville, juste à côté. Je ne vais pas très loin.
Emma ne se leva pas pour autant. Elle savait qu'elle devait se rendre dans son nouvel appartement, mais elle avait le cœur lourd, et elle s'attarda encore quelques minutes, essayant de mémoriser les bruits et les odeurs de l'atelier, qui ne seraient plus avec elle le soir même, lorsqu'elle serait installée dans son nouveau chez elle. Elle ne vivrait plus à deux pas de chez Marco, et elle allait être coupée de son environnement familier du moins jusqu'au lendemain matin, lorsqu'elle viendrait travailler. Les huit prochaines heures et les trois kilomètres qui la séparaient de son appartement lui paraissaient assez intimidants.
Sans y penser, elle tendit la main vers la boîte à musique et commença à remonter le mécanisme comme elle l'avait déjà fait un millier de fois auparavant. C'était la même qu'elle avait ouverte, le matin où elle avait rencontré Marco.
Lorsqu'elle l'eut remontée à son maximum, elle posa la boîte sur la table et passa ses doigts sur le dessus. La gravure représentant les oiseaux de mer s'était usée au fil des ans. Elle ouvrit le couvercle, et la chanson commença jouant toujours les mêmes trois notes envoûtantes, tristes et merveilleusement belles qu'elle avait entendues toutes ces années auparavant, et qui l'avait depuis toujours réconfortée lorsqu'elle en avait besoin. Elle en avait besoin ce soir.
- Je t'ai déjà raconté son histoire ? demanda Marco en désignant la boîte. L'histoire de cette chanson ?
Emma secoua la tête en fixant toujours la boîte à musique, dans sa bulle.
- C'est la Sonate 14, mais la plupart des gens l'appellent juste « Sonate au Clair de Lune ». Beethoven, c'est lui qui l'a écrit il y a très, très longtemps… bien longtemps avant que je sois né, gloussa Marco pour détendre l'atmosphère. Donc tu vois, ça veut dire qu'elle est vraiment très vieille.
Emma sourit légèrement pour faire plaisir à Marco, mais elle garda ses yeux rivés sur la boîte.
- Enfin bref, il l'a écrite pour l'une de ses étudiantes, une jeune femme. A ce qu'on raconte, il était fou amoureux d'elle.
Gloussant encore un peu, Marco ajouta :
- Mais il était fou amoureux de beaucoup de femmes.
Emma sourit de nouveau.
- Mais à cette femme-là, il lui a dédié ce morceau. Beaucoup plus tard, son secrétaire a trouvé une lettre d'amour, écrite par Beethoven, adressée à son « Amour Éternel ». Pendant longtemps, il a pensé que peut-être il s'agissait de cette fille. Les Érudits, ils pensent que c'était peut-être une autre femme. Personne n'est certain.
Marco haussa les épaules.
- Je dois être un romantique, mais moi, j'imagine que si quelqu'un reçoit un morceau si beau en cadeau, cette personne doit être l' « Amour Eternel » de quelqu'un. Tu ne penses pas ?
Le mécanisme finit de tourner, et les dernières notes sortirent lentement alors que Marco terminait son histoire. Il ne s'attendait pas à recevoir une réponse, en fait il aurait été surpris d'en recevoir une. Emma ne pouvait pas savoir ce qu'un amour comme celui dont il parlait pouvait représenter, du moins pas encore.
La blonde se leva de sa chaise et se détourna de la boîte pour quitter les lieux.
- Emma, la rappela Marco en la contournant pour s'approcher de la table. Tu pourrais… tu pourrais la prendre avec toi si tu veux ?
Il lui tendit la boîte à musique.
Emma la réceptionna précautionneusement dans ses mains et prit Marco dans ses bras, reposant sa joue contre son épaule. Puis elle se détacha de lui et se retourna rapidement pour cacher ses larmes, les séchant avec la paume de ses mains en s'éloignant dans la nuit.
Fredrick entendit le bruit sourd qu'il connaissait bien d'une flèche qui atteint sa cible. Les tirs se succédaient rapidement, et les traits formaient un petit groupe, très proche du centre de la cible. Il ne connaissait qu'une seule personne, hormis lui-même et son père, qui savait tirer aussi bien et c'était la même personne qui avait le droit de pénétrer dans leur stand privé de tir à l'arc.
Il voyait les muscles dorsaux et les biceps d'Emma se contracter lorsqu'elle bandait la corde de son arc et une pellicule de sueur faisait luire sa peau. Des gouttes de sueur roulaient de temps à autres le long de son cou, finissant leur course dans le tissu déjà trempé de son top. En s'approchant, Fredrick remarqua que les yeux d'Emma étaient pleins de larmes qui tombaient occasionnellement sur ses joues, et qu'elle devait souvent cligner des yeux entre chaque tir pour clarifier son champ de vision. Vu son état et celui de la cible, elle était là depuis un moment déjà.
- Baisse un peu la flèche et tire un peu plus à gauche. C'est à cause de ça que tes flèches n'atteignent pas le centre, déclara Fredrick.
Il avait appris très tôt que ce n'était pas une bonne idée de commencer une conversation avec Emma en disant : « qu'est-ce qui ne va pas ? ». Elle ne se confiait que quand elle était prête, et pas avant, en fait, la plupart du temps, elle ne se confiait pas du tout.
Emma laissa échapper un cri de tristesse, de frustration et de rage en libérant chacune de ses dernières flèches, puis elle laissa tomber son bras, ferma les yeux et leva la tête pour faire face au ciel. Elle se fichait de savoir s'il faisait beau ou mauvais. Vu son humeur, elle aurait une légère préférence pour la pluie. Tant qu'à être misérable, Mère Nature n'avait qu'à s'y mettre aussi pour lui pourrir la vie. Classique. Rien ne se passait jamais comme elle l'espérait, de toute façon.
- Elle m'a quittée, Fredrick. Ashley m'a quittée, finit-elle par dire en poussant un soupir défaitiste.
Fredrick n'était pas vraiment surpris. Ashley s'était engagée dans cette relation pour le fun, et pour profiter des quelques cadeaux qu'Emma pouvait se permettre de lui offrir. Emma, elle, elle y avait vraiment cru. Tous ceux qui aimaient Emma savaient que les exigences d'Ashley finiraient par dépasser les capacités d'Emma. En attendant, ils ne pouvaient qu'être spectateurs du fait qu'Emma suait sang et haut pour pouvoir donner à sa copine tout ce qu'elle désirait, même lorsque ça voulait dire qu'elle devait sauter un repas ou marcher huit kilomètres pour se rendre à un boulot parce qu'elle ne pouvait plus se payer d'essence. Toutes les relations amoureuses d'Emma finissaient ainsi : elle devenait un entre-deux qu'on oublie rapidement, un moyen utilisé un temps en attendant plus, et mieux.
- Viens là, Emma.
Fredrick s'approcha et ouvrit les bras pour offrir son réconfort à la jeune femme, si elle en avait besoin. Il savait qu'il n'avait pas intérêt à initier le contact avec Emma. Une fois, il avait voulu lui faire une blague et l'avait étreinte par derrière et il avait fini avec plusieurs dents cassées – compliments des poings, des coudes et des genoux de la jeune femme. Marco et son père avaient mis plusieurs heures à la retrouver, recroquevillée dans le coin de l'atelier, tremblante, se balançant d'avant en arrière, les mains collées sur les oreilles et chantonnant les notes d'une chanson, encore et encore.
Cette fois, Emma accepta l'offre de Fredrick et il la prit dans ses bras, conscient de la rareté de la chose. Il plaça son menton sur le haut de sa tête.
- C'était pas la bonne, Emma. Mais je sais que tu vas finir par la trouver. Tu vas trouver cette femme spéciale et incroyable. Et quand tu l'auras trouvée… tu vas rien comprendre à ce qui va t'arriver, gamine…
- Emma… Fredrick a démissionné, hier soir, dit Marco en poussant un soupir exaspéré.
Emma n'était pas vraiment surprise. La famille de Fredrick possédait le plus grand commerce de pourvoirie et d'organisation de virées en milieu sauvage de tout le pays. Emma ne comprenait même pas pourquoi il avait travaillé si longtemps pour Marco, elle avait pensé qu'il se serait occupé de reprendre l'affaire familiale bien plus tôt que ça. Bien sûr, il avait ses moments de rébellion et de stupidité peut-être que ses parents avaient patiemment attendu qu'il ait dépassé cette phase. Mais bon, même s'il pouvait parfois se comporter de manière irresponsable, il avait vraiment pris Emma sous son aile et lui et sa famille lui avaient appris tout ce qu'elle savait sur la nature et sur les sports de plein air. Il était ce qui se rapprochait le plus d'un frère pour elle, et ça allait lui manquer, de le voir à l'atelier tous les jours.
- Okay…, commença Emma, se demandant où Marco voulait en venir.
- J'allais lui proposer un travail assez important des rénovations dans une jolie petite maison, proche des limites de Storybrooke. Ce boulot pourrait renflouer les caisses pour quelques mois, et on a besoin de cet argent, Emma…
Marco lui lança un regard de chien battu.
- Je partagerai 50-50 avec toi.
Emma avait besoin d'argent, ça, c'était sûr. Depuis la veille, elle était la fière propriétaire d'un préavis d'expulsion, remis en main propre par sa logeuse. Évidemment, au bout de cinq mois, la bonne femme en avait eu marre de recevoir des loyers coupés de 100$. Le studio ne payait pas de mine, mais il avait tenu lieu d'espace personnel à Emma. Plus maintenant. Même avec un partage à 50-50, elle ne pensait pas qu'elle gagnerait suffisamment pour se sortir de cette impasse, et donc, à partir de mercredi, elle allait se retrouver à la rue, sans aucune idée de comment elle allait bien retrouver un logement. Elle ne voulait pas que Marco soit au courant pour le préavis. Il allait s'inquiéter et lui proposer de revenir vivre au dessus de l'atelier. Revenir représentait un trop gros échec à ses yeux.
J'imagine que je vais devoir dormir dans la coccinelle pendant quelques temps, pensa Emma.
- Marco, non... Tu m'avais promis que je ne ferai plus de bricolage. Et je pensais que tu allais continuer à m'apprendre à graver ?
- Emma, je ne sais plus quoi t'enseigner. Les images que tu graves rendraient Michel-Ange jaloux.
Marco leva les bras au ciel comme s'il essayait de demander à Michel-Ange de l'aider à convaincre la jeune femme.
- Sois gentille et rends-moi service pour ce coup là, d'accord ?
Emma soupira et regarda Marco d'un œil critique. Ses yeux la suppliaient presque. Il ne pouvait plus faire ce genre de travaux. Il était devenu trop vieux, trop frêle. C'était à son tour de prendre soin de lui, maintenant, et elle n'avait pas l'intention de le décevoir.
- C'est quelle adresse ? lui demanda t-elle en tendant la main pour qu'il lui donne la paperasse.
Elle commença à rassembler ses outils.
Et nous voilà partis ! J'espère que le début vous a plu. A plus tard, tout le monde !
Je remercie Not Gonna Die #mabêtadenfer, pour ses conseils et sa patience.