Bonjour bonjour !
Bon, tout d'abord je voulais m'excuser auprès de celles et ceux qui ont attendus la suite de ma fic. Je n'ai pas vraiment d'excuse à ce propos donc je n'essaierai pas de me justifier. J'ai un peu galéré sur ce chapitre mais je doute que ça puisse remplir tous les mois d'absence entre celui-ci et le chap 5. J'espère juste que vous ne m'en voulez pas trop, en tout cas je vais désormais essayer de publier plus régulièrement désormais...
Milles mercis à ma beta pour ses multiples relectures attentives, et sa patience à toutes épreuves !
Encore désolée, et bonne lecture !
Sheyren
Chapitre 6
Depuis que les quatre compagnons avaient été rejoints par Saruviel, aucunes paroles n'avaient été prononcées et ils ne s'étaient pratiquement pas arrêtés de courir en direction du Rohan. Régulièrement, Aragorn faisait appel à la vue exceptionnelle, même parmi les elfes, de Legolas pour connaître la position de leur objectif et savoir si le reste de la Communauté gagnait du terrain par rapport à la troupe d'Uruk-Hai qui emportait deux de leurs compagnons toujours plus profondément dans les terres du Rohan. Les créatures répugnantes qu'ils traquaient avaient le pas lourd et laissaient pléthore de traces derrière eux. « Il n'y a même plus de plaisir à pister ces créatures tellement cette tâche était facile à cause de leur manque éminent de discrétion et de toutes autres qualités. » songea Elen alors que leur blond compagnon scrutait l'horizon. Ce jour-là, l'elfe fut porteur de deux mauvaises nouvelles plutôt qu'une : ceux qu'ils pourchassaient se dirigeaient vers la Trouée du Rohan, et ils avaient accéléré l'allure.
« Ils ont dû nous sentir et se dépêcher. Analysa le meneur de la troupe à effectif réduit.
- Si j'étais vous, ce ne serait pas cela qui m'inquiéterait Elessar. Rétorqua Elen, acide. Ils se dirigent vers la Trouée du Rohan !
- Effectivement, que vous êtes perspicace, le Seigneur Legolas vient de le dire pour votre information. » L'interrompit Saruviel avec tout le mépris possible dans la voix.
Piquée au vif, la reine des Elfes Marins fit volte-face, furibonde, et fusilla du regard celui qui une fois de plus la défiait.
« Merci de vos remarques inutiles Saruviel, nous saurons nous en passer. Au passage, à votre place la prochaine fois j'éviterais d'essayer de me retrouver avec une dague dans la gorge.
Elle reprit après un silence pesant : il est évident qu'ils se dirigent vers la nouvelle forteresse de Saroumane, autrement dit, nous sommes en mauvaise posture.
- Elen a raison, affirma Aragorn. Nous devons nous montrer prudents pour avoir une chance de tirer Pippin et Merry des griffes du Magicien Blanc. »
Ce qui restait de la Communauté de l'Anneau acquiesça et ils se remirent à courir à travers les vastes étendues sauvages du Rohan. Jusqu'ici la poursuite avait été épuisante, évidemment, mais ils avaient toujours eu l'espoir de retrouver les Hobbits. Or maintenant qu'ils savaient où ils se rendaient, il leur était beaucoup plus difficile d'espérer les arracher à Saroumane, sans compter que ce dernier pouvait très bien décider de les tuer en découvrant qu'aucun d'eux n'avait ce qu'il cherchait. Personne n'avait osé formuler cette terrifiante pensée à haute voix, mais il était évident que chacun redoutait cette issue tragique. Conscients que le temps leur manquait, ils accélérèrent le rythme à leur tour, puisant dans leurs dernières ressources pour tenter de gagner du temps sur leurs ennemis et sauver les deux Hobbits.
Sous le crâne de la reine des Elfes Errants se bousculaient de nombreuses pensées et questions. Elle se surprit à craindre pour la santé des deux compagnons pris en otage par le traître Saroumane, alors qu'elle ne les connaissait pas vraiment. Comme à son habitude, l'elfe avait pris ses distances avec toutes personnes croisant son chemin et ne faisait véritablement confiance à personne. C'était peut-être un défaut mais il était nécessaire pour elle de se tenir éloigné des autres. Elle savait très bien qu'elle ne pouvait pas se permettre de construire une relation avec quelqu'un, cela l'affaiblirait, et elle avait bien d'autres choses à penser. Ses pensées dérivèrent tout naturellement vers son peuple qu'elle s'évertuait à protéger et aider. Elle ne voyait pas encore clairement pourquoi Elrond lui avait demandé de protéger la Communauté de l'Anneau et même si elle sentait bien que ce n'était pas uniquement parce que le Porteur avait besoin de protection, elle ne parvenait pas à comprendre le but exact du vieil elfe. Et ce constat l'énervait. Elle détestait qu'on lui cache des choses, particulièrement lorsque cela la détournait de son serment. Son serment. Ces deux mots étaient gravés au fer rouge dans sa mémoire, ce souvenir était peut-être la seule chose à laquelle elle pouvait encore s'accrocher pour ne pas sombrer.
Le brusque arrêt du Rôdeur la tira de ses sombres souvenirs et la força à se reconcentrer sur le présent. La petite troupe s'était immobilisée dans un passage encadré de deux parois rocheuses qui ne montaient guère haut. Aragorn s'accroupit et ramassa un petit objet.
« - Non sans raison tombent les feuilles de la Lorien. » Fit-il à voix basse.
Les derniers membres de la Communauté de l'Anneau se tournèrent vers lui, regardant la broche elfique qui était tombée de l'une des capes des Hobbits. Ce furent les paroles de Legolas qui firent écho à leurs pensées.
« - Ils sont peut-être encore en vie…
-Et ils ont moins d'un jour d'avance. Compléta le meneur. Allons-y ! »
La course-poursuite reprit, mais cette fois les esprits étaient galvanisés par l'espoir et une nouvelle détermination. Les foulées s'allongèrent, les cœurs accélérèrent, les souffles se raccourcirent et leur objectif se rapprocha.
Sentant ses avant-bras la tirailler, Elen serra les dents et continua sur sa lancée, suivant les autres. Son Serment se rappelait douloureusement à elle, accentuant les doutes de l'elfe quant à la légitimité de la mission que lui avait confié Elrond. La brûlure qui émanait de ses membres avait pris de l'ampleur ces derniers jours, jusqu'à en être douloureuse afin de ne pas se faire oublier de sa porteuse. Ce qui d'ailleurs ne risquait pas d'arriver. Elen ne vivait que par et pour son serment, il était devenu son objectif, le motif de tout ce qu'elle entreprenait. C'était pour elle une direction à suivre, et elle s'était jurée qu'elle ne faiblirait sous aucun prétexte.
La poursuite continua pendant plusieurs heures, avant qu'Aragorn ne leur fit signe de s'arrêter derrière un amas rocheux. Quelques instants plus tard, une centaine de Rohirrims passa devant eux, le martellement des sabots faisant vibrer la terre. Les cinq compagnons restèrent cachés jusqu'à ce que la troupe soit entièrement passée. Comprenant qu'ils ne se trouvaient pas face à de potentiels ennemis à la solde du traître Saroumane, le Rôdeur se redressa et apostropha les cavaliers d'une voix forte :
« - Cavaliers du Rohan, quelles nouvelles des Hommes de la Marche ? »
Sa voix résonna entre les rochers qui entouraient le léger creux que formait le terrain quelque peu accidenté des plaines du Pays des Chevaux. Sans avoir l'air surpris par cette intervention, la troupe de Rohirrims fit demi-tour et forma un cercle infranchissable autour des étrangers qui avaient fait intrusion sur leur territoire.
« Que fait une compagnie si hétéroclite sur les Terres du Riddermark ? » demanda sèchement l'homme qui guidait les cavaliers.
Malgré le ton employé et le heaume qui étouffait légèrement sa voix, Elen reconnut le timbre de celui qui leur faisait face. Finalement, Aragorn se chargea des présentations et expliqua le motif de leur présence dans les grandes plaines du Rohan.
« Nous poursuivons des Uruk-Hai en direction de l'Ouest, ils ont emmené captifs deux de nos amis. »
A ces mots, le neveu de Théoden se rembrunit et annonça d'une voix d'outre-tombe :
« Nous avons massacré les Uruk pendant la nuit…
-Mais il y avait deux jeunes Hobbits avec eux ! coupa Gimli avec empressement. Avez-vous vu deux Hobbits ?! »
Soucieux d'apaiser les esprits, particulièrement après l'altercation qu'avait déjà eue le Nain avec Eomer, le Rôdeur s'interposa pour plus d'explications. Pendant ce temps, Elen détailla les hommes qui entouraient ce qui restait de la communauté de l'Anneau partie de Fondcombe. Quelque chose n'allait pas… Le sentiment qui habitait l'elfe depuis leur entrée sur les terres du Rohan s'accentua encore. L'attitude de ces hommes l'intriguait. Eomer leur avait expliqué quelques instants auparavant que lui et ses Rohirrims avaient été bannis à cause de leur loyauté au Roi Théoden, et cela se ressentait plutôt bien. Les hommes étaient sur le qui-vive, et une colère sourde couvait en leurs cœurs. Le fléau qui semblait s'être abattu sur le Rohan et sur son roi inquiétait la jeune reine et l'aperçu que leur donnait à voir le neveu de Théoden n'arrangeait en rien son point de vue sur ce nouveau problème qui se dressait sur leur route déjà bien peu aisée. Si la trahison du Magicien Blanc était connue de tous, nul ne semblait avoir réellement pris la pleine mesure de l'étendue de cette trahison, et la perspective des mauvaises surprises que pouvait encore leur réserver Saroumane n'avait rien de réjouissant. Secouant la tête, l'elfe reporta son attention sur la situation présente, pour se figer instantanément en apprenant la funeste nouvelle que leur communiqua le cavalier. Merry et Pippin n'étaient vraisemblablement plus de ce monde, les Rohirrims avaient massacrés toutes créatures vivantes la nuit précédente. Aucun n'avait vu un être ressemblant de près ou de loin à un Hobbit. L'espoir de les retrouver vivant semblait bel et bien mort. La déclaration d'Eomer atterra les plus proches compagnons des deux jeunes Semi-Hommes, et un frémissement de colère traversa les trois amis. Elen sentit à ses côtés le corps de Legolas se raidir, l'effleurant au passage. Un sourire narquois se posa sur le visage de l'elfe brune. Nul ne semblait épargné dans cette quête, sur les neuf compagnons partis de Fondcombe, deux étaient morts, deux avaient disparus et deux autres avaient choisi une autre route… « Une bien belle compagnie, vraiment ! » songea ironiquement la jeune reine.
Le vacarme des chevaux repartant au galop vers le Nord força Elen à faire plus attention aux paroles de ses compagnons. Il faut dire qu'elle n'avait guère l'habitude de voyager autrement qu'en solitaire, et la constante attention qu'elle devait à ceux qui l'entouraient l'agaçait profondément. Un discret soupir lui échappa et elle surprit le regard du Dunedain posé sur elle, une question flottant au fond de ses prunelles. Avisant les deux chevaux qui se tenaient près du groupe, elle comprit instantanément ce dont il était question.
« Montez Aragorn, je n'ai pas besoin de cheval pour vous suivre. Répondit-elle avec un demi-sourire moqueur.
-Reine Elen… » commença Legolas, s'apprêtant à céder la deuxième monture à sa compatriote.
Le regard impénétrable de son interlocutrice le dévisagea sans broncher et le Prince de Mirkwood vit passer dans ses yeux une étincelle amusée qu'il ne comprit pas.
« Seigneur Legolas, gardez votre monture et apprenez que si les Elfes Marins de l'Ouest possèdent peu de chevaux c'est pour une bonne raison. » Rétorqua-t-elle, moqueuse.
Sur ces bonnes paroles, elle s'élança en direction de la colonne de fumée qui indiquait clairement l'endroit où les cavaliers du Rohan avaient empilé les carcasses orques pour les brûler, laissant derrière elle deux elfes bien étonnés, tandis que résonnait le rire tonitruant de Gimli.
« Mon ami, lança-t-il à Legolas, en voilà une qui ne vous épargnera point ! »
Riant de plus belle, le Nain monta en selle derrière l'elfe qu'il tournait si allègrement en dérision, et les chevaux suivirent la trace de la belle elfe brune.
Lorsque les deux montures arrivèrent aux abords du tas fumant, Elen se tenait déjà là, les sourcils froncés devant le triste spectacle qui s'offrait à elle. Les carcasses consumées des Uruk-Hai s'empilaient, dégageant encore d'épais panaches de fumée qui montaient haut dans le ciel. Aucun cadavre de Semi-Homme n'était visible, ce qui inquiéta d'autant plus l'elfe. Le traître Saroumane étendait chaque jour un peu plus son emprise sur le Rohan et le monde des Hommes, et s'il détenait les deux Hobbits, la tâche serait d'autant plus ardue pour les derniers compagnons de la Communauté. « Il y aurait-il un peu d'action en perspective ? » songea Elen avec amusement. Son regard se porta sur la forêt de Fangorn qui lui faisait face. La puissance ancestrale qui se dégageait de cette dernière se ressentait dans l'air, ainsi qu'une colère sourde qui grondait en son sein. Concentrée sur l'entité face à elle, Elen entendit d'une oreille distraite Aragorn extérioriser sa colère et Legolas déclamer quelques mots elfiques à la mémoire de ceux qu'ils croyaient morts. A genoux sur le sol herbeux, le Rôdeur fronça les sourcils en repérant des traces étranges. L'espoir chassa alors la colère et la tristesse, et tandis qu'il examinait les différents indices laissés çà et là, ses compagnons et amis le suivirent avec intérêt, un souffle d'espoir balayant le petit groupe. Les traces vraisemblablement laissées par deux jeunes Hobbits s'approchaient dangereusement de…
« La Forêt de Fangorn… laissa échapper Aragorn dans un soupir désespéré.
-Ils n'y seraient sûrement jamais allés de leur plein gré, analysa la reine des Elfes Errants, même les Elfes ne pénétreraient dans cette forêt qu'extrêmement prudemment…
- Ils devaient être poursuivis par un des sbires de Saroumane », supposa Legolas.
Le Rôdeur acquiesça gravement. Pippin et Merry étaient certes parfois imprudents mais tout de même pas au point de se risquer impunément dans un tel endroit.
« Allons-y mes amis, nous ne pouvons les laisser seuls », les encouragea-t-il en écartant les premières frondaisons de la forêt pour passer sous le couvert des arbres hauts et biscornus de Fangorn.
