L'espérance.
"On n'espère pas en l'amour ; on s'en empare et on le vit."
Jacques Lamarche
Regina pouvait être sûre d'avoir laissé ses clefs à l'entrée. Regardant l'horloge suspendue au mur, la brune leva les yeux au ciel. Elle serait en retard dans cinq minutes. Et, mis à part en cas d'événements cataclysmiques, Regina Mills n'était jamais en retard. Une question d'orgueil. De régularité. De permanence. Une chose dans sa vie, au moins une se devait d'être inflexible.
Impatiente, elle parcourut la cuisine. Le séjour. La réception. Ses talons aiguilles résonnant sur le marbre avec une rapidité nerveuse.
« Henry ? »
« Henry ? »
L'adolescent sortit de sa chambre et descendit, les cheveux encore humides de sa douche. Surpris.
« Maman ? Tu es encore là ? »
La mère sourit avec acidité.
« De toute évidence » dit-elle en se désignant elle même.
Henry sourit, les joues un peu rouges.
« Est-ce que tu aurais vu les clés de ma voiture ? »
Le garçons regarda l'entrée, puis chercha dans chaque pièce, dans le même ordre.
« Appelle Emma, peut-être qu'elle les a pris sans le savoir » proposa-t-il, avant de fuir la mauvaise humeur de l'ancienne reine.
Cette dernière chercha son téléphone et appela la sauveuse, en service la nuit précédente. Se réveiller seule dans leur lit, avait été la première note négative de cette journée.
Elle tomba directement sur le répondeur du shériff.
« Parfait » soupira-t-elle entre des dents serrées.
Cédant à sa frustration elle ferma les yeux et conjura de nouvelles clés et se précipita hors de chez elle. Sa silhouette et son allure altière, quand elle arriva à la mairie, fut différente des autres jours. La gène, quelque chose comme de l'humiliation, crispèrent ses traits.
3 minutes.
Regina Mills jura de ne plus laisser 3 minutes, presser ses pas de cette manière. Quand elle poussa les portes de la mairie, le bruit résonna dans un silence qui commença par la raidir.
Elle avança, droite, regarda à gauche puis à droite, de plus en plus méfiante en constatant les couloirs vides. La vigilance investit sa chair, comme une vague qui dressa chaque pore de son épiderme. Le visage noir, les pupilles déjà incandescente, elle se dirigea vers son bureau.
Comme elle le craignait, elle trouva le bureau de sa secrétaire vide. Elle entra dans les appartements du Maire, bien décidée à découvrir ce qui se passait au juste dans sa ville.
En ouvrant, elle se figea, fronça le regard confuse.
« Emma ? »
« Bonjour » répondit la sauveuse.
« Qu'est-ce que tu fais là ? Pourquoi est-ce que cette mairie est complètement vide ? »
Au visage complètement perdu, la blonde éclata de rire. Cette image était rare. Plus que rare. Et en regardant la brune, parfaitement apprêtée, Emma sentit sa poitrine serrer. Les images rares de ce genre, ces spectacles uniques ne seraient jamais trop nombreux. Jamais. Et elle en voulait davantage, chaque jour, désespérément. Elle eut envie de traverser la pièce pour cueillir ces lèvres, mais elle savait qu'avant d'en arriver là, elle aurait du fil à retordre.
« Est-ce que je peux savoir ce qu'il y a de drôle dans le fait que mes employés semblent tous avoir disparu ? »
La blonde se força à ne pas rire encore. Le tempérament de Regina rendait déjà l'air électrique...
« Ils n'ont pas disparu. En réalité, ils sont tous en congé aujourd'hui »
Des sourcils parfaitement dessinés se haussèrent de stupéfaction.
« Pardon ? »
La blonde déglutit, avant de tendre une feuille à Regina qui, s'avança pour la lire. Le Maire eut alors l'inconvenante surprise de découvrir un arrêté municipal, octroyant effectivement ce jour de congé à l'ensemble du personnel municipal.
« Je n'ai absolument pas signé ce document » dit-elle, outrée, fixée sur une signature qui était manifestement la sienne.
« Je sais... j'ai hum... en quelque sort... signé à ta place »
Encore une fois, le Maire fut interloquée.
« A ma place ? »
Le shérif sourit nerveusement
« Tu as falsifié ma signature ? Emma ?»
-Avant de me tuer, sache que la raison à ça est... bonne. Valable. Essentielle même »
Le regard de la brune s'assombrit.
« Tu finiras par comprendre...je te promets ! »
La blonde chercha derrière elle et révéla deux fioles contenant un liquide mauve et lumineux.
« Mais d'abord, il faut que toi et moi on avale ça »
Regina observa très attentivement et reconnu les caractéristiques immanquables.
« Cette potion nous permettra...
-Je connais bien très son utilité coupa-t-elle. Je l'ai mise au point moi-même, ce que Clochette à manifestement oublié de te dire ! Pourquoi es-tu allée la voir ? Elle était censée garder cette potion secrète ! »
Emma resta un peu hagarde.
« Oh.. »
La fée avait omis certains détails. Pas mal d'entre eux même.
Et Regina était en train de mettre à jour son stratagème.
Le QI de la brune était vraiment ingérable.
«Emma est-ce que tu vas m'expliquer ce qu'il se passe ?
-Regina ! Se plaint la blonde. Est-ce que tu pourrais pas être coopérative au moins UNE fois et juste boire ce ce...ça... si je te le demande ? »
La brune leva un sourcil évocateur.
« Il me semble être plutôt coopérative... de manière assez régulière avec vous Miss Swan. Répétitivement même... au cours des dernières 24h si je me souviens bien »
La sauveuse éclata de rire.
« Regina... prend-moi encore dans ta bouche...»
« Regina... » soupira-t-elle en sentant un frisson parcourir son corps. Elle n'allait pas sortir entière de cette histoire.
« S'il te plaît... joue le jeu » dit-elle en prenant la main de la brune.
Les yeux séducteurs plongèrent dans les siens, conquérants. Intrigués. Puis ils s'adoucirent.
«Tu as de la chance que jouer avec toi... à toujours valu la peine Emma. Ne me fait pas mentir... » dit-elle, dramatiquement suave.
Emma déglutit. Acquiesça. La bouche aride.
Sans plus attendre, elle ouvrit méticuleusement les deux fioles, et sans se lâcher du regard, les deux femmes les portèrent à leurs lèvres.
Regina pensa étrangement à cette chance, même infime, que le liquide mauve ne soit pas ce qu'il semble être. Mais du poison. Mortel. Elle le sentit s'écouler le long de sa gorge, avec cette idée qu'Emma avait sa vie au creux de sa paume. Encore.
A tellement de titres.
Quand elle avala, captivée par les prunelles émeraudes elle pensa qu'il y avait pire image avant de disparaître.
Qu'elle n'en voudrait pas d'autres de toute façon.
Une seconde plus tard Emma se serra contre elle et la sensation arriva comme une vague. La magie, celle de la blonde, envahit son corps. Regina fut transportée momentanément à ces instants où Emma avait déployé sa magie, puissante, enivrante, souvent au côté de la sienne.
Danger. Peur. Colère, les émotions rejaillirent et se mélangèrent, et l'ancienne reine sentit sa propre magie palpiter en réponse, comme elle avait toujours fait. Les paumes de ses mains s'échauffèrent malgré elle.
Pourquoi Emma utilisait son pouvoir ? Elle, qui ne le faisait qu'à contre cœur !
En guise de réponse tout tourbillonna autour d'elles, dans une fumée blanche. Puis toutes les deux disparurent du bureau du maire.
Une seconde plus tard elle réapparurent, dans endroit différent. Bien différent. Entourées de blanc et de blizzard. Regina serra la main d'Emma, confuse, remarquant instantanément le halo protecteur autour d'elles.
Voilà pourquoi Emma avait pris le sort préservation de pouvoir. Pour utiliser la magie dans un endroit de toute évidence extérieur à Storybrooke.
Extérieur à quel point au juste ?
« Où est-ce qu'on se trouve ? »
Emma afficha un sourire radieux. Et fier. Ce qui n'était pas toujours bon signe.
« Sur le mont Everest »
La brune écarquilla les yeux.
« Le mont Everest ?...Comme le mont Everest Au Népal ?
-Je vois que Madame le Maire est excellente en géographie »
La brune roula des yeux, et suivit la Sauveuse qui la main dans la sienne, fit quelque pas au milieu du brouillard de neige.
« Le Sommet du monde » murmura-t-elle, avant de faire un geste de la main.
Instantanément, le brouillard se fendit, avant de s'ouvrir comme une mer sous leur yeux, étalant une clarté limpide dans le ciel agité. L'immensité se révéla à leur regard, avec une envergure cristalline. Stupéfiante, même. L'horizon, s'offrit tel qu'il ne s'était jamais offert, infini...indescriptible et le dénivelé se précipitant vers le bas fit reculer Regina d'un pas.
L'emprise autour de sa taille, serra davantage, rassurante. Inflexible. Et l'ancienne reine s'ouvrit au silence majestueux qui s'installa tout autour.
Elle admira, impressionnée et fière, les talents et la puissance de magicienne déployés par la blonde, qui parvenait à dévoiler une véritable œuvre d'art, qu' aucun autre regard sûrement n'avait jamais pu voir. La nature, colossale et grandiose plus qu'aucun mot n'aurait pu dire.
Aucun langage n'était assez grand pour ça.
Et Emma lui sembla à cet instant faite de la même grandeur.
« C'est ce que je ressens chaque jour » dit-cette dernière, calme en se tournant vers elle.
Regina, fronça légèrement le visage, cherchant à comprendre.
« L'impression d'être au sommet du monde...avec toi »
« Et tu sais... je n'ai en quelque sorte, jamais envie de redescendre »
La blonde baissa les yeux vers le précipice et la brune fit de même.
« J'ai... j'ai été longtemps là... tout en bas. Et je n'ai pas vraiment envie d'y retourner »
« Alors »
Emma alla en face de Regina et posa genoux à terre.
La brune écarquilla les yeux.
« Regina Mills ne me laisse plus jamais redescendre. Garde moi au sommet du monde...
Deviens ma femme »
La brune, bouche bée, entrouvrit les lèvres mais fut incapable de dire un mot. Ses yeux vers la bague étincelante qui lui était tendue.
Elle tenta de trouver des mots, intima à Emma de se relever. Ses idées en désordre, vides ou trop nombreuses.
Le Mariage ? Avec elle ? Emma voulait...? Est-ce qu'elle était sérieuse ?
« Je sais ce que tu penses » coupa Emma une fois relevée.
« Que tu ne mérites pas ce genre de choses.. ou qu'elles ne sont pas pas nécessaires. Qu''il n'y a de toute façon pas besoin d'être mariées pour être ensemble. Et je suis d'accord sur ce point. Et avant même que tu le dises : NON, ce n'est pas parce que Ruby me nargue. Même si ELLE me nargue »
Regina ne put s'empêcher de rire.
« Je n'ai besoin de personne pour savoir ce que j'éprouve tu as raison. Ni d'une bague. Ni du cinéma de ma mère qui arrivera probablement... lorsqu'elle entendra le nom de sa fille et le mot mariage dans la même phrase... »
« Mais quand j'y pense... je me dis qu'à chaque fois que je ravale cette idée... au fond ? Ca veut dire que j'ai peur... et... et... bon sang pour la première fois de ma vie JE N'AI PAS PEUR. Je pense à dans dix ans... avec toi, et je n'ai pas peur. J'imagine chaque foutu jours...365 fois 10 Regina ! Et je ne ressens pas l'ombre d'une phobie ! Au contraire ! La seule chose qui m'effraie, c'est imaginer que tu n'es pas à mes côtés. Cette pensée... elle donne l'impression d'un gouffre... juste là, dit la blonde en plaçant la main de Regina contre sa poitrine, au beau milieu de ma vie»
Les larmes perlèrent dans les yeux de l'ancienne reine.
« Alors je n'ai pas besoin d'une bague effectivement. Mais si le mariage à un sens, un vrai sens, alors c'est ce que j'éprouve Regina »
Les doigts de la brune serrèrent ceux de la blonde. Fort. Dans un silence tellement intense, qui s'étala, comme pour suspendre l'Histoire.
« Hum... c'est à ce moment que tu dois répondre : OUI... ou te préparer à me voir ingurgiter une quantité astronomique d'alcool »
La brune éclata de rire au milieu de ses pleurs et serra frénétiquement la sauveuse contre elle. Comme si sa vie en dépendait. Elle serra de longues secondes, incapables de trouver les mots. Consciente qu'elle devait pourtant.
Elle relâcha doucement son emprise, puis colla leur deux fronts. L'anxiété palpitant dans son être. Comment dire, comment expliquer ?
« Emma...La dernière fois que j'ai rêvé aussi loin dans le futur... »
Les mots se perdirent sur ses lèvres. Trop connus. Obsédants. Ils avaient collé à tellement de peaux. Fendu déjà tellement d'existences.
La blonde provoqua son silence. Et articula d'une voix claire :
« La dernière fois s'est mal passée et tu as pratiquement anéanti un monde, PUIS, télétransporté sa population ENTIERE dans une dimension parallèle »
Regina mal à l'aise baissa les yeux. Même si, en toute précision elle n'avait pas vraiment tenté d'anéantir la forêt enchantée...
« C'était... excessif, admit Emma. Et... de toute façon tu ne rêvais pas du bon futur » dit-elle.
Les mots choquèrent Regina qui leva un regard interdit, malgré elle.
Daniel.
Daniel... et l'image de son corps inerte, tué, encore tiède entre ses bras. Pour une fois cette image s'estompa pour laisser filtrer celle de son sourire. De certains moments, fugaces, passés dans les étables, et dans les vastes plaines du domaine de son enfance.
Des images douloureuses, insupportables, auparavant, qui aujourd'hui lui donnèrent envie de sourire. Fixée dans les yeux verts, Regina sentit que les rêves qu'elle avait eu, lui avait été arrachés, et pour chacun d'entre eux, une part d'elle avait brûlé.
Mais que dire de ce qu'elle éprouvait, maintenant ? Ces sentiments là, n'étaient même pas comparables.
« Imagine alors si celui-ci m'échappe... » murmura-t-elle.
Elle mettrait sans doute le monde à feu et à sang. En ferait une terre aride, ou même plus un brin d'herbe n'oserait s'épanouir.
« Si ça devait arriver Gina, tu n'aurais pas de temps à perdre à détruire » affirma Emma en plaçant ses deux mains sur ses épaules.
« Si quelqu'un nous sépare, qu'il me tue... alors il faudra que tu me retrouves, que tu me cherches et viennes me reprendre. Parce que où que je sois... si j'y suis sans toi... alors ce qui est sûr ? C'est que je serai en train de t'attendre »
Regina resta contrite. Serra la mâchoire pour retenir ses larmes, qui perlèrent encore sans qu'elle ne puisse rien faire.
«Qui j'ai pu être... qui je suis... je m'en rappelle à peine continua Emma. Et ça me va, tu comprends ? Tout me va. Parce que rien n'égale qui nous sommes ensemble. »
« Il n'y a que toi...que toi et notre fils, pour moi. Le reste ? Je le laisse aux autres, s'ils ont du temps à perdre»
La brune chercha la faille, le mensonge ou la peur, dans les yeux verts. Elle chercha la preuve, ultime, que ce genre de serments n'existait pas. Mais elle ne vit que l'amour, et la dévotion sous leur plus belle forme.
Emma Swan était à l'infini le plus beau spectacle qu'elle n'est jamais vu. Elle caressa sa nuque pour la tirer doucement vers ses lèvres, et l'embrassa, son âme quasiment à nue. Exposée, vulnérable.
Lâchant prise, d'une manière déchirante,...laissant partir au fond d'elle la compagne de ses heures les plus sombres. L'amie des jours noirs, et le havre au milieu de toutes ses guerres.
L'emprise rassurante et glacée, se défit autour de son âme, avec la douceur d'une main qui s'éloigne … et effleure dans la lourdeur d'un au revoir.
Regina pleura plus fort, en silence, ses doigts autour d'Emma serrant un peu plus fort. Ses paupières closes.
Au revoir... pensa-t-elle. Au revoir Solitude.
Cette complice qu'elle avait dû apprendre pour tenir bon s'en alla avec une loyauté qu'un simple conte ne suffirait pas pour comprendre. Que seulement des centaines de pages... et encore plus d'espaces vides pouvaient commencer à décrire.
Emma Swan, devait finir par clamer cet espace, tôt ou tard, de toute façon. Regina ne savait-elle pas ? N'avait-elle pas toujours su ?
Elle rouvrit les yeux. Reculant assez pour voir, une fois de plus, la vie, immense, et ses leçons, vibrer dans l'émeraude. Inscrites en fil de lumière jaune. En morceaux d'or.
Il n'y avait rien, sans doute, de plus douloureux que l'espérance. Et Regina avait compris qu'il ne s'agissait pas vraiment de fins heureuses, ou de rêves. Il ne s'agissait pas d'attendre ou de perdre.
Il s'agissait d'abord de Croire.
Et les images étaient vides. Epuisées, au fond d'elle. La vengeance n'avait plus de couleur, et le bonheur ? Il était le néant et la paix, sous ses paupières, quand son corps erratique, se soulevait d'avoir senti Emma. De la sentir encore.
La blonde réalisait-elle le prix de cette espérance là ?
Incertaine, la brune colla leurs fronts. Sa respiration tremblante, et ses doigts fébriles caressant son visage.
« Vous... vous êtes la mère biologique d'Henry ?» se rappela-t-elle.
-Hum... Bonsoir... »
La première fêlure, au milieu de son sourire vide.
La première entaille, à ces façades dont elle ne voulait plus.
Elle embrassa la blonde, qui se laissa faire et fondit évidemment contre ses lèvres. Emma sentit la brune envelopper leurs deux corps de sa magie, instable, intense. Anormalement pleine de tumulte.
Puis elle s'évaporèrent pour réapparaître dans leur chambre, au Manoir.
Et elle voulut parler. Poser au moins une question. Mais Regina n'autorisa pas leur étreinte à se rompre. Elle avança seulement vers le lit, la passion bientôt suffocante. Emma abandonna le fil de ses pensées et tenta de défaire les boutons de la veste du Maire.
Mais lorsqu'elle heurta le lit, Regina ne fit que claquer des doigts et c'est nues qu'elles s'allongèrent sur la soie. Leur deux corps l'un contre l'autre, Regina au dessus d'elle leur doigts entremêlés au dessus de son visage. Et leur regard, nus, eux aussi.
Emma pouvait s'émerveiller inlassablement, d'à quel point leurs courbes semblaient faites l'une pour l'autre. S'imbriquant parfaitement et comblant tous les vides. Elle clôt les paupières, inspira en sentant la brune sur toute la surface de sa peau.
Et en ouvrant les yeux, son souffle s'arrêta. Regina avait le regard fauve, ses lèvres rouges splendides, son corps comme une voûte prédatrice au dessus d'elle. Les lignes de ses épaules sculptaient à même l'ambre, la gracile silhouette de son corps, qui émanait le feu. Le feu et le désordre. Et la féminité. Et le désir. Et l'infini.
« Tu vas me faire l'amour en guise de réponse ? » demanda Emma, le souffle déjà difficile. Aussi souriante qu'elle put. Aussi cohérente qu'elle était encore.
Le visage sculptural ne fléchit pas pourtant, et la sauveuse fut surprise
Regina communiquait pendant l'amour, toujours, transparente. Attentive au moindre de ses soupirs.
Aussi quand cette dernière, ne réagit pas, elle fronça le regard. La brune dirigea son attention entre elles, puis d'un geste imperceptible, fit surgir la magie. Les yeux fixes remontant dans les siens, ceux d'Emma s'écarquillèrent. Ceux de Regina s'assombrirent.
Puis d'un geste de ses hanches, la brune reprit sa position dominante et Emma serra la mâchoire. La sensation entre ses cuisses tellement soudaine, inattendue. Regina se tendit, tremblante l'espace d'une seconde... mais elle ne fit pas halte, et, onduleuse, précautionneusement, se retira et s'enfonça de nouveau jusqu'à ce que l'étroitesse de la blonde n'arrête ses mouvements. Alors, dans un nouveau va-et-vient, elle se fraya encore dans son amante, poussant encore plus loin.
Emma gémit. Regina serra les dents.
Ni les pensées ni le corps de la blonde, n'avaient tout à fait suivi le rythme des événements. Déjà elle était envahie encore, encore plus profond. Ses mains se posèrent sur la taille de la brune, et elle ajusta sa position pour s'ouvrir. Regina, cette fois, s'enfonça jusqu'à la garde.
Les deux voix se mêlèrent, l'une, écorchée... et l'autre grave.
Les yeux bleus se fixèrent dans les obsidiennes noires, capturèrent la tension dans la mâchoire saillante. La voix contenue, malgré les gestes assurés et l'onde régulière de son corps. Une veine, à peine visible, sur la gorge de la brune... et sur son front, trahissaient l'effort constant et intense. Pour contenir des sensations qu'Emma connaissait pour leur forces. Elle même, réceptrice dans leur position actuelle, avait du mal à contrôler son souffle. Le plaisir saisissant, différemment explosif lorsque Regina commença à la prendre sans résistance. Malgré l'attention immanquable de la brune, la blonde fut submergée par les mouvements immédiatement puissants et implacables.
Emma crispa son souffle puis cria, culbutée, prise. Et prise de court, la réponse de son corps, tout aussi inouïe que le reste. Que Regina, glorieuse, en train de la prendre. Que les ténèbres incandescents qu'elle pouvait lire, au milieu de cette beauté quasi-impossible. La brune agrippa l'intérieur de ses genoux, et les rapprocha de sa poitrine, pliant son corps, pour l'écarter davantage. Et la conquit avec plus de fièvre.
« Gina... » laissa échapper Emma, sa voix plus aiguë qu'elle ne l'avait jamais entendue. Regina en nage, gémit elle aussi. Se mordit la lèvre... pour se taire. Ou, en réalité, pour pouvoir parler. En accentuant son rythme, poussant toujours plus loin qu'elle put, elle acéra son regard. Força ses pensées à se départir de son âme, quasiment écroulée au pied d'Emma.
Sa voix rauque, grave, éraillée par l'extase.
« Es-tu vraiment prête, Emma ? » commença-t-elle traçant, la nuque fiévreuse de ses lèvres, puis de sa langue. Puis elle se redressa et culbuta Emma avec plus de force.
«Es-tu prête à assumer à quel point je t'aime ? »
Les yeux qui fixèrent la blonde, cette fois furent humides. Perçants et humides. Brûlants, et déjà consumés, au fond. Et Emma, serra désespérément les draps entre ses doigts, oublia l'air qui manqua à sa poitrine. Elle oublia l'air qui lui avait déjà manqué, en entendant ces mots.
Oh, elle les avaient déjà senti s'infiltrer dans sa chair et la marquer à vie. Elle avait su les lire entre les lignes et les voir dans chaque geste. Mais elle n'avait jamais vu cette fêlure là dans ce regard, tendre et pleine de rage. Pleine de guerre, et d'espoir. Et cette musique... ébahissait une part d'elle, qu'elle ne connaissait même pas.
Regina murmura fébrilement à son oreille.
« Je ne sais pas aimer sans tout vouloir... Je ne sais pas aimer sans tout prendre »
Et la brune dû extirper le moindre remords au fond d'elle. La moindre culpabilité ancrée au fond de son corps, pour l'offrir, mêlée à son amour. Emma proche de la jouissance, enfonça ses ongles dans sa peau, traça des sillons rouges le long de son dos.
Et l'explosion arriva, palpitante, dévastatrice. Elle arriva comme la plus belle des délivrances.
La blonde utilisa cette seconde, pour basculer leur position. Elle jouit en fixant Regina dans les yeux, les spasmes entre ses cuisses faisant échos dans tout son ê la sensation indescriptible de la brune, explosant au fond d'elle, et sous ses yeux. Tremblante.
Encore au milieu du vertige, elle traça le corps parfait qui se tendait sous elle, palpa les seins luxuriant et durs au milieu de ses paumes. Puis elle caressa le visage haletant, ondulant encore doucement ses hanches.
« Je sais... Je sais et je ne suis plus sûre de savoir vivre autrement » soupira-t-elle.
Regina, à bout, sentit les dernière bribes de plaisir jaillir hors d'elle, peignant l'intérieur d'un corps qu'elle désirait plus que la vie elle-même.
Et ne put rien dire. Rien du tout.
Emma se pencha et vint cueillir ses lèvres, à bout de souffle.
« Epouse-moi... » soupira-t-elle.
La brune elle même erratique, fit disparaître le membre turgescent prolongeant son corps. Attira contre elle Emma pour la sentir contre sa poitrine pantelante. Contre son cœur. Puis elle fixa son regard, dégageant une mèche blonde du visage empourprée.
« Je ne suis pas facile à aimer Emma... » dit-elle avec un sourire mélancolique.
« Mais t'aimer toute ma vie ? Tu sais je ne suis même pas sûr d'avoir le choix. »
La blonde cligna des yeux soucieux, pleins d'innocence.
« Et si tu avais le choix ? Balbutia-t-elle. Si tu pouvais choisir ? »
Regina sourit. Regarda la vérité en face avant de pouvoir la dire.
« Je choisirais de t'aimer dans toutes les vies. Dans tous les mondes. Je choisirais de t'être ta femme dans n'importe quel espace-temps Emma Swan... »
Mills. Emma Swan- Mills pensa la blonde. Mais elle sourit seulement et serra l'ancienne reine assouvie contre elle. Sans être sûre, d'où commençait vraiment son corps. Où terminait son âme. Et quel cœur exactement elle sentait battre dans sa poitrine.
Une bague ne changerait rien à ça.
Evidemment. Mais dieux qu'est-ce qu'elle avait hâte !
Et, dieux... qu'est-ce qu'elle était fière. D'un geste insensé, elle s'immisça entre les cuisses de Regina et cette dernière s'arqua, lorsqu'elle sentit l'invasion dans son sexe. Instinctivement elle s'ouvrit, passant ses bras autour de la blonde qui commença à lui faire l'amour. La voix rauque ébranla l'air, et aussi l'épiderme de la sauveuse.
« Plus fort Emma... » murmura l'ancienne reine, à son oreille.
Emma obtempéra, bien sûr, avant que les lèvres irrésistibles ne cherchent les siennes et que les hanches de la brune n'ondulent contre sa main. Leurs souffles ne firent qu'un, pendant des heures. Leurs deux corps enlacés, insatiables et libres. Attachés pourtant, dans une étreinte perpétuelle. Bien au delà de leur peau devenue avide l'une de l'autre. Bien au delà du désir qui serrait leur ventre.
Car le monde irait mal, encore. Et d'autres cataclysme surviendraient. Les crépuscules, menaceraient encore de ne pas avoir d'Aube. Et les nuits seraient noires.
Mais elles garderaient l'espérance, toujours. De déjouer une Apocalypse ou le sort. Ou au moins, d'avoir assez de temps, une heure, ou une minute pour se dire ce qu'elles étaient l'une pour l'autre.
Une raison d'avoir guéri. D'y avoir cru. Et d'avoir été vivante de toute leur force.
Quand l'épuisement infiltra leur chair, finalement elle se blottirent moites, parfaites l'une contre l'autre.
« Je t'aime » murmurèrent-elle en même temps, avant de clore leurs paupières.
Jusqu'à ce quelques minutes plus tard, Regina n'ouvre les yeux et réveille Emma déjà assoupie. d'une tape sur l'épaule
« Tu as pris mes clefs de voiture ce matin ! » réalisa-t-elle, ahurie.
La blonde éclata de rire.
« J'avais besoin de temps... je devais décorer ton bureau ! » se défendit-elle.
« Et évidemment ça a dû me faire gagner cinq minutes » dit en roulant des yeux.
Regina soupira.
« Vol ? Falsification de signature ?... Tu es shérif Emma » remarqua-t-elle exaspérée.
Emma enserra son étreinte.
« Promis Madame le Maire...je me rattraperai »
Regina rattrapée par la fatigue, referma ses paupières déjà emportée par le sommeil.
« Oh je n'en doutes pas... Et je saurais faire preuve d'imagination...»
Emma rit un peu avant de s'immerger dans nuque de son amante, et dans l'effluve sucrée de son parfum. L'avenir lui réserverait bien des surprises.
N/A :
Tadadaaaam ! Vous l'avez attendue cette suite et je vais m'empresser de remercier tous les lecteurs qui m'ont envoyée des MP, pour certes me mettre quelques coups de pieds aux fesses, mais surtout, me demander si j'allais bien. Réponse : Oui je vais bien. Ces derniers temps ont été compliqués, un membre de ma famille nous a fait une belle frayeur, mais les miracles doivent exister hein ? :)
Bref, Merci. Je vous embrasse tous très chaleureusement et vous souhaite une bonne année 2017. Je finis enfin cette fiction qui a voulu parler d'amour, de ce qu'il provoque, détruit parfois, mais sauve aussi si on en prend soin.
Bref, un truc un peu fleur bleue, mais que des mots familiers pour certains résument assez bien :
« Good can come from broken »
Je suis sûre que les occasions où cette citation nous rendrons forts seront nombreuses.
Merci encore. Et vous savez quoi ? Vous m'avez manqué !
NG