RATED M : risque de Lemon, langage un peu cru.

Disclamer : Les personnages et l'Univers ne m'appartiennent pas, tout ceci appartient à Suzanne COLLINS.

Rendez-vous à la fin du chapitre ! ;)


THE AFFAIR.

1.

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J'ouvre les yeux quand je sens un bras qui m'encercle, provoquant en moi une sensation d'étouffement. Je grimace et repousse ce bras plus loin. J'entends un grognement venant du propriétaire de ce bras, mon compagnon : Gale Hawthorne, avec qui je sors depuis maintenant deux ans et avec qui je vis depuis six mois.

_ Katniss…, me supplie-t-il de sa voix ensommeillée.

Je soupire en me redressant.

_ Gale, je fais agacée, tu sais bien que je suis pressée le matin.

Il se relève à son tour, bien réveillé lui aussi maintenant. Il essaie de m'attirer à lui mais je me dérobe d'un coup d'épaule.

_ Tu as pas dit que tu allais le vendre ce restaurant ? Ils nous causent plus de torts qu'il nous rapporte !

Je lève les yeux en essayant de chasser l'agacement qui me gagne.

_ On en a déjà discuté, je l'interromps.

Pour clore le sujet, je me lève tout à fait et vais m'enfermer dans la salle de bains. Je m'appuie contre le battant et me mords la lèvre en tapant doucement ma tête sur le bois. Depuis le décès de mon père, il y a deux ans, tout est tellement plus compliqué. J'expire un bon coup et vais ouvrir en grand les fenêtres pour emplir mes poumons de cet air salé si particulier à Cape Cod. J'entends les mouettes qui crient au-dessus du jardin et la mer qui roule sur les rochers.

Je ferme les yeux en me rappelant notre arrivée ici, à ma famille et moi il y a de cela une dizaine d'années. Encore adolescente, j 'avais haï mes parents de me forcer à vivre ici, loin de mes arbres et de mes montagnes adorées. Mon père venait de reprendre un restaurant en bord de mer, il en rêvait depuis sa plus tendre enfance. A force de courage et de pugnacité, il a réussi à en faire un lieu de rendez-vous des gens du coin : pas un piège à touristes mais un restaurant familial. Nous nous sommes donc installés, ma mère, ma sœur Prim encore une toute petite fille, mon père et moi à l'étage de l'établissement. Bon gré, mal gré, j'ai fini par m'y habitué à cette environnement maritime et même commencé à l'apprécier. Certes ce n'était pas les montagnes de mon enfance mais la mer et la nature qui lui correspondait n'était pas si mal que ça ! Malheureusement, il y a deux ans, mon père a succombé à un infarctus, laissant le restaurant à ma mère. Las, tombant dans une profonde dépression, elle n'a jamais réussi à maintenir le restaurant et nous sommes tombés au bord de la faillite. Ne voulant pas voir le rêve de mon père disparaître, j'ai donc arrêté mes études de droit, quitté l'université et décidé d'en reprendre les rênes il y a quelques mois de cela. Ma mère, ne supportant plus de vivre au-dessus du restaurant plein de souvenirs, a décidé de déménager, je ne l'ai pas retenu. Prim l'a suivi mais a tenu à venir m'aider les vacances ou de temps en temps le week-end. Et je dois reconnaître qu'elle n'est pas de trop…

Après m'être secouer un peu et avoir pris une douche pour remettre mes idées en place, je décide d'aller prendre mon petit déjeuner dans la cuisine. Et comme je l'espérais, je tombe sur Sae Boui-Boui, notre cuisinière, afférée comme tous les matins à préparer le menu. C'est un peu ma deuxième maman, elle était déjà là quand mon père avait repris le restaurant et est gentiment restée à la mort de celui-ci alors que ce devait être sa dernière année avant une retraite bien méritée, s'inquiétant pour Prim et moi et pour l'avenir de ce restaurant qu'elle avait toujours connu. Elle est un peu bourrue, malgré tout, elle cuisine comme personne. Avant l'arrivée de Papa, ne s'entendant pas vraiment avec l'ancien propriétaire, elle ne faisait donc que le strict minimum mais avec mon père, tout a changé et sa cuisine est devenue renommée dans toute la région. Avec ma mère, tout est redevenu compliquer et notre réputation s'est gâtéee. Malheureusement, la semaine dernière, elle a fait un petit malaise et je me sens coupable de l'empêcher de profiter d'un repos bien mérité. C'est décidé, je vais chercher un nouveau cuisinier…

_ Bonjour Saé, je la salue en m'approchant d'elle.

_ Salut gamine, me répond-t-elle en glissant devant moi une tasse de chocolat chaud – ma boisson préférée au petit-déjeuner.

C'est devenu une habitude chez elle de me préparer de quoi me nourrir : elle sait que sinon, je ferais la plupart du temps l'impasse sur les repas, trop occupée par le travail. Elle s'assure donc matin, midi et soir que je m'aliment correctement. J'entoure le mug brûlant de mes mains comme pour me réchauffer et souffle doucement dessus : il est encore fumant, les effluves de la cannelle qu'elle saupoudre par-dessus me chatouillent les narines. C'est vraiment mon moment favori de la journée – le calme avant la tempête. Nous restons silencieuses pendant un petit moment. Je la regarde de coin tandis qu'elle commence à émincer un morceau de viande. J'avale une gorgée de ma boisson en cherchant la meilleure manière de le lui dire sans la brusquer. Je sais très bien qu'elle va refuser tout net : en voyant ses mains parcheminées, je sais que c'est la meilleure solution. Je pose ma tasse, m'humidifie les lèvres avec ma langue pour savourer les dernières traces de crème de mon chocolat.

_ Saé…, je commence doucement en traçant des ronds sur le plan de travail sans la regarder.

D'un geste vif, elle glisse une assiette avec des toasts devant mon nez.

_ Mange un peu, tu es toute maigrichonne, bougonne-t-elle.

Je pioche une tartine et la croque du bout des dents pour lui faire plaisir, avant de la reposer.

_ Saé…, je répète sentant mon courage fondre comme neige au soleil.

Elle s'active toujours à côté de moi. Je prends une grande inspiration et pose ma main sur la sienne, sèche et râpeuse après des années de travail.

_ Saé, je pense que…

Je cherche mes mots pour ne pas paraître trop brusque.

_ Je vais chercher un nouveau cuisinier, je finis par lâcher.

Elle se fige, son visage se ferme.

_ Ma cuisine ne te satisfait plus ?, lâche-t-elle durement.

_ Au contraire ! Mais je pense qu'il est temps que je te laisse profiter de ta retraite…

_ Je ne suis pas impotente !

Oh lala, dans quoi je me suis fourrée !

_ Je sais bien mais… je ne veux pas que tu finisses…

Ma gorge se serre et je sens mes yeux picoter. Les mots sont sortis tout seul, sans que je ne le réalise vraiment. Saé me dévisage et enlève sa main de dessous la mienne pour la placer sur la mienne, inversant les rôles.

_ … comme ton père ?, termine-t-elle à ma place.

L'infarctus de mon père a eu lieu dans la cuisine, pendant le service du soir, alors qu'il voulait tout assurer tout seul. Je ferme les yeux, ne pouvant plus placer un mot. Saé soupire fortement à côté de moi.

_ Très bien, capitule-t-elle.

J'ouvre les yeux, ravalant mes sanglots.

_ Mais je veux le former moi-même !, ajoute-t-elle durement en m'attirant avec force contre elle.

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Plus tard, alors que je suis dans le bureau à vérifier les commandes, j'entends, avant de le voir, Gale arrivé de son pas lourd.

_ Katniss !, me hèle-t-il dans l'escalier.

Je lève les yeux au ciel et m'enfonce dans mon siège, ramenant mes cheveux en un chignon maintenu avec un crayon. J'enlève ensuite mes lunettes et les pose sur le bureau en me pinçant l'arête du nez.

_ Dans le bureau, je lui réponds, agacée.

Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs il m'agace tant ces temps-ci.

J'ai rencontré Gale dès que nous avons emménagé ici. Sa famille habitait à côté du restaurant et avait un frère du même âge que Prim et une petite sœur pour laquelle ses parents m'embauchaient pour faire du babysitting. C'est tout naturellement que nous nous sommes liés d'amitié. Ayant perdu son père plus jeune, quand le mien est parti, il est venu me réconforter et une chose en entraînant une autre, nous avons fini par sortir ensemble. Avec lui, j'avais l'impression d'être moins seule. Pourtant, ces derniers temps, il me tape de plus en plus sur les nerfs. Il est toujours plus exigeant et en demande, je croyais qu'en emménageant avec lui, il aurait ce qu'il voulait mais non… C'est même encore pire je dirais, je dois toujours lui rendre des comptes sur tout ce que je fais, il veut toujours que nous fassions tout ensemble… moi j'ai besoin d'espace – il voudrait même lâcher son travail de garde forestier pour travailler au restaurant avec moi, alors que je n'ai absolument pas besoin de lui ! Bref, c'est de pire en pire...

Gale entre dans le bureau sans même frapper, brusquement.

_ Je pars au boulot…, m'informe-t-il en s'approchant de moi.

_ Okay, je me contente de lui répondre avant de rechausser mes lunettes, marquant la fin de la discussion.

Je l'entends bougonner tandis qu'il se plante juste à côté de moi.

_ Un baiser quand même ?, quémande-t-il.

Je retiens un soupir quand je relève les yeux vers lui, sa mine de chien battu me fait me sentir coupable alors je daigne me lever. Son visage s'éclaire tandis qu'il m'attire à lui.

_ Ce soir, on sort en ville ?

Je grimace sans même m'en rendre compte.

_ C'est vendredi, je l'informe. Je dois m'occuper du restaurant.

Il fronce les sourcils.

_ Tu crois vraiment que tu auras plus de clients que d'habitude ?

Je me tends suite à cette remarque déplacée, mais il semble ne rien remarqué.

_ Tu auras plus de personnel que de clients, poursuit-il sans même se rendre compte de ce qu'il dit.

_ Comme c'est agréable de voir que tu crois en moi, je marmonne.

_ Katniss, il faut se rendre à l'évidence, ton restaurant est en train de couler ! Plutôt que de perdre ton temps là-dedans, autant passer du temps ensemble !

Il semble satisfait de ce qu'il vient de dire et m'attire à lui pour m'embrasser, je tourne la tête et lui tends la joue.

_ Katniss, geint-il.

_ Quoi ?, je lui rétorque en me dégageant.

Il soupire, je le sens s'énerver mais je fais comme si de rien était en me rasseyant.

_ Bonne journée, je clos la discussion en remettant mes lunettes.

_ C'est ça, bonne journée, marmonne Gale en me tournant le dos pour sortir de la pièce.

Je me remets à vérifier les commandes et les livraisons quand on frappe à la porte.

_ Quoi !, j'aboie, à bout.

Croyant que c'est à nouveau Gale, je sens l'énervement monter : heureusement, c'est ma responsable de salle et bras droit qui passe sa tête par l'entrebâillement de la porte : Madge –ma meilleure amie également. Elle est comme moi, pas des plus expressives ni démonstratives mais c'est l'une des seules qui me comprenne vraiment – et qui arrive à me résonner. Elle paraît surprise de mon ton.

_ Je dérange ?

Je souris et l'invite à entrer, me détendant aussitôt.

_ Excuse-moi Madge, je croyais que c'était à nouveau Gale.

Elle s'assoit en face de moi et me dévisage.

_ Qu'est-ce qu'il a encore eu le culot de faire ?, ironise-t-elle.

Je sais qu'elle trouve que je suis trop dure avec lui, mais elle ne comprend pas à quel point il est étouffant. Je hausse les épaules dans un geste vague. Madge comprend le message et ne s'attarde pas sur le sujet.

_ Je viens de voir Saé, m'apprend-elle en se croisant les jambes.

Je m'enfonce un peu plus dans mon siège et croise mes mains derrière la tête, ne répondant rien.

_ Ça y est, tu t'es enfin décidée ?, continue Madge.

_ Il faut se mettre à la recherche d'un nouveau cuisinier…

_ Je m'en occupe, ne t'inquiète pas, rigole-t-elle.

_ J'espère bien !

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Vers treize heures, des chiffres par-dessus la tête, je décide d'aller faire un tour dans la salle. Malheureusement, comme je m'y attendais, quand je rentre dans la salle, il n'y a que trois tables d'occupées. Je me demande vraiment comment on a pu arriver à ce résultat en si peu de temps alors qu'il y a trois ans à peine, nous étions presque pleins la plupart du temps. Ma mère est vraiment douée pour tout gâcher. Je ne sais pas ce qu'il y a eu de pire : le fait qu'elle laissait fermer le restaurant la plupart du temps ou le fait de n'avoir plus rien vérifier – laissant les fournisseurs nous arnaquer aisément. Les clients réguliers, ne sachant jamais quand nous serions ouverts et devant un baisse de qualité certaine, ont fini par se raréfier.

Je rejoins Madge au bar, qui discute avec une des serveuses : Delly. J'ai engagé Delly quelques mois après avoir repris en main le restaurant : la dernière serveuse, lassée de voir son salaire baissé au fil des mois, avait abandonné son poste. J'avais prévenu Delly que son salaire serait maigre, mais elle tenait absolument à travailler ici : elle ne voulait pas voir le restaurant de son enfance fermer définitivement ses portes. C'est un des traits de caractère que j'aime le plus chez elle : sa gentillesse. Blonde, un peu rondelette, c'est la femme la plus gentille et serviable que j'ai jamais rencontrée. Sa douceur avec les clients donne envie à certains de revenir quand nous avons de la chance.

_ Katniss, il paraît que nous recherchons un nouveau cuisinier ?, s'enquiert Delly alors que j'arrive à leur niveau.

_ Il est temps de laisser Saé profiter d'une retraite bien méritée, je soupire.

Je balaie la salle du regard et sens la boule de tristesse se regonfler dans le creux de mon estomac à la vue de toutes ces tables vides.

_ Je connais un garçon, commence Delly, mon meilleur ami en fait… qui se débrouille bien derrière les fourneaux.

_ Qui se débrouille bien ? C'est pas un professionnel ?

_ Disons qu'à la base il est boulanger mais, ayant pu goûter de nombreuses fois à sa cuisine, je peux te dire qu'il est très doué.

_ S'il est boulanger, pourquoi est-ce qu'il voudrait venir travailler ici ?, je m'étonne.

_ Il cherche un nouveau job.

Je suis un peu sceptique : je n'aime pas vraiment les gens qui changent de jobs en fonction de leurs envies : très souvent, ce ne sont pas les plus fiables. Je croise le regard suppliant de Delly et finis par hausser les épaules.

_ Très bien, je le recevrais demain mais Madge passe quand même une annonce cet après-midi, je conclue.

Je ne me mouille pas trop et Delly semble contente, tant mieux. De toute façon, je ne compte pas vraiment l'embaucher – à moi que ce ne soit un véritable cordon-bleu, ce dont je doute fortement…

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Fatiguée de ne voir la salle quasi-vide, je décide de repartir à mon bureau pour essayer de trouver une solution miracle pour redresser le restaurant. Ça fait deux ans que je me creuse les méninges et rien de tout ce que j'ai entrepris n'a fonctionné, je me demande même si ces efforts servent à quelque chose… Quand je rentre dans la pièce, je trouve sur mon bureau une assiette avec un sandwich des plus volumineux : une petite attention de Saé qui fait se réveiller mon appétit. Je m'installe devant l'assiette et commence à le grignoter tout en passant en revue les (trop nombreuses) factures. Je voudrais plus que tout au monde réussir à sauver le restaurant mais je suis en train de me demander si j'en suis vraiment capable, j'ai la sensation de plus en plus grandissante que mes épaules ne sont pas faites pour ça. Je ne sais pas combien de temps je reste, catatonique devant ces factures étalées devant moi quand Gale entre dans la pièce.

_ Encore une fois, tu n'as rien mangé de la journée, s'agace-t-il en reluquant mon assiette où mon sandwich est quasi-intact.

Je hausse les épaules. Il ramène une des chaises qui trônent devant le bureau et s'installe à côté de moi. Son air soucieux me culpabilise un peu. Je ferme les yeux.

_ Katniss, ce restaurant aura ta peau. Tu n'es pas faite pour le gérer…

Il place sa main par-dessus la mienne, se faisant plus pressant. Sa remarque fait son chemin petit à petit dans mon esprit, me demandant vraiment s'il n'a pas raison.


Hé oui, je suis de retour avec ma nouvelle fic, j'espère qu'elle vous plaira ! ^^

Un grand merci à Mockngjay, ma bêta adorée pour avoir pris le temps de me relire et de me corriger !

J'ai hâte de savoir si ce premier chapitre vous a plu !

A très vite !