Chapitre 1 : Décembre
Draco se rua dans les toilettes, comme s'il était poursuivi. Il poussa la porte avec tant de force qu'elle heurta le mur derrière dans le plus grand des fracas. Il appuya ses mains tremblantes contre la porcelaine froide et immaculée du lavabo et réalisa soudain l'ironie de la situation. Il aurait ri s'il n'avait pas eu le cœur en miettes. Il aurait pleuré s'il en avait été encore capable.
Six mois.
Six mois, c'était tout ce que ça avait pris pour virer sa vie sens dessus dessous. Tu as compté? Se moqua la voix, la maudite voix et s'en fut trop, il frappa de toutes ses forces le lavabo en jurant de douleur l'instant suivant, certain qu'il venait de se briser la main. Le meuble était intact. Évidemment. Il était pathétique. Qu'est-ce que tu attends de moi au juste? Résonna la voix dans sa tête. La vérité, s'était-il entendu répondre.
Imbécile. Comment pouvait-il prétendre à une telle chose? La vérité. Ça n'avait même jamais existé entre eux, pas à un seul putain de moment. Non, c'est faux, murmura la voix. Tu mens. C'est vrai, il mentait.
Avant toute cette foutue histoire. À une époque oubliée. Moi, je n'ai jamais oublié. Dans cette salle de classe déserte. Voilà, tu t'en souviens toi aussi de la classe, de la lune, de la nuit, de moi, de toi. Pendant ce bref instant qu'il leur avait semblé à tous les deux, à ce moment-là, le début d'une éternité, la vérité était née. J'y croyais, se moqua la voix. Ne te moque pas, répondit Draco en serrant les dents.
La vérité était née, puis ils avaient vite fait de l'étouffer, se regardant droit dans les yeux, leurs mains jointes autour de son coup gracile à serrer, serrer et serrer encore, jusqu'à ce qu'elle disparaisse et qu'ils en oublient même qu'elle avait déjà existé. Menteur, tu n'as pas oublié. Menteur. Menteur. Menteur.
-LA FERME! Hurla-t-il de toutes ses forces, jusqu'à ressentir la brûlure de son cri dans ses cordes vocales. LA FERME! LA FERME! LA FERME!
Il se força à regarder son reflet dans le miroir droit dans les yeux et l'homme qui le dévisageait, face à lui, avait au moins dix ans de plus que lui et il le plaint sincèrement. Son regard gris était vide et souligné de larges cernes. Il était mort. Tu as toujours eu un goût pour le drame. C'est faux. C'est vrai. Quelle importance de toute manière? Quelle importance puisque plus rien n'est réel.
Comment en était-il arrivé là?
Toujours.
Voilà un mot que tout avocat redoute d'entendre dans la bouche de son client, puisque rien dans la vie n'est aussi absolu, aussi parfait. «Toujours», «jamais» sont des mots qui ont le pouvoir redoutable d'enduire de vernis la surface poreuse d'un témoignage qui prend, dès lors, la teinte reconnaissable entre toutes d'un mensonge.
C'est pourquoi, lorsque Draco Malfoy entendit son client prononcer ce mot, il n'eut même pas besoin de lever la tête vers son confrère pour deviner le sourire victorieux qui venait de s'afficher sur ses lèvres. Il serra la mâchoire, se retenant d'afficher une quelconque réaction devant le juge, dont le regard perçant était planté sur l'accusé depuis plus de deux heures.
Coupable. Lorsque le verdict tomba, personne ne fut étonné, sauf son client qui, visiblement, n'avait toujours pas compris que personne ne l'avait cru et que son témoignage n'avait servi qu'à écarter définitivement le moindre doute qui aurait pu subsister dans l'esprit du juge.
Draco avait chaud. Sa chemise humide lui collait à la peau d'une manière très désagréable. Son rabat lui enserrait le cou, il brûlait de l'enlever.
Le son métallique que produisirent les menottes lorsqu'elles percutèrent la rambarde du box des accusés, alors que le criminel abaissait rapidement ses bras, dans un geste d'incompréhension, résonna distinctement dans la salle de cour. L'homme voulut parler, mais son avocat le fusilla du regard, c'était terminé.
-Silence! Tout le monde debout pendant que la cour se retire, veuillez garder vos places, entonna l'huissier audiencier.
Et, dès que le juge eut quitté la salle, Draco fourra son dossier dans sa valise qu'il rapetissa pour la faire entrer dans sa poche avant de sortir. Sa toge volait derrière lui, au rythme furieux de ses pas, tandis qu'il détachait son rabat rapidement, par réflexe, et le fourrait dans sa poche. Ne se souciant pas de le froisser.
-Me Malfoy! Me Malfoy! appela une voix de femme sur sa droite et il fronça les sourcils en constatant qu'il s'agissait d'une journaliste. Eva Twigg de Sorcier Hebdo, des commentaires suite à la condamnation de votre client? demanda-t-elle avec vigueur, ses talons claquant sur le carrelage brillant de propreté.
Charognards, pensa-t-il.
De toute sa carrière, il n'avait jamais accepté de dire quoi que ce soit à un journaliste et il était à chaque fois étonné de constater qu'ils persistaient tout de même, inlassablement. Depuis que le monde magique s'était doté de la première chaîne radio sorcière, c'était encore pire qu'avant, lui semblait-il.
Il passa donc cavalièrement près d'elle, en lui disant qu'il n'avait pas de commentaire à formuler, sans même prendre la peine de ralentir ou de se tourner vers elle. Elle ne se laissa pas décourager pour autant et s'engagea à sa suite en trottinant à ses côtés pour lui poser d'autres questions. Il l'ignora en accélérant le pas, agacé. La jupe ajustée qu'elle portait et qui était agencée à un tailleur mauve de mauvaise facture l'empêchait de prendre de grandes enjambées et elle en était réduite à faire une série de petits pas rapides, comme un de ces chiens miniatures ridicules qui tente de suivre son maître.
Draco tourna un peu plus loin dans le couloir, soulagé d'apercevoir la sortie du palais de justice et la zone de transplanage près de celle-ci et, soudain.
Soudain.
Il était là. Un revenant.
Son sang se glaça dans ses veines et son souffle se bloqua dans sa poitrine. Si tout cela ne dura qu'une fraction de seconde, il eut l'impression douloureusement réelle que le temps s'était arrêté à ce moment-là.
Deux yeux verts, qu'il aurait reconnus entre mille, étaient posés sur lui. Agrippés à lui, plutôt. Comme des serres.
Harry Potter, le directeur du département de régulations magique, était adossé au mur, les bras croisés sur sa poitrine et le dévisageait sans la moindre gêne. Avec insistance même, décida Draco. Il soutint son regard, incapable de s'en détacher, tandis que tout son être lui hurlait de fuir. Fuis sans te retourner, comme tu sais si bien le faire, pensa-t-il. Près de l'homme qu'il n'avait pas revu depuis des lustres, se tenaient deux autres Aurors, qu'il avait déjà vus dans le cadre de certains dossiers, ils discutaient entre eux, imperméable à la situation en apparence banale qui se jouait à quelques pas d'eux.
Draco en oublia la journaliste pendant ce temps et celle-ci profita de son hésitation pour se remettre à lui poser des questions en lui fourrant son micro sous le nez. Il reprit aussitôt contenance et recula d'un pas pour se dégager. Il porta la main à son col, puis réalisa qu'il avait déjà retiré son rabat, la sensation d'étouffer s'accentua.
-Laissez-moi! Ordonna-t-il en repoussant la jeune femme qui avait fait un pas vers lui pour combler la distance qu'il avait mise entre eux.
Elle poussa une exclamation outrée, les Aurors se tournèrent vers eux. Sans réfléchir, il reprit son chemin dans le couloir avant de transplaner dès la seconde où il franchit la sortie, sans un regard vers l'arrière, le cœur battant à tout rompre.
L'instant d'après, il était dans son bureau, à son grand soulagement. Il ferma les yeux et se frotta le visage. Il savait que, dans moins d'une minute, Adam, son adjoint, pénétrerait dans la pièce, puisqu'il l'avait certainement entendu arriver. Il pria pour que cette minute se prolonge d'une autre, juste le temps de lui laisser remettre son masque d'indifférence en place. Sa prière ne fut pas exaucée.
Adam apparut presque aussitôt dans l'embrasure de sa porte, les mains chargées des messages qu'il avait reçus en son absence. Le jeune homme alluma la lumière. L'avocat aurait préféré qu'il ne le fasse pas. En s'approchant, son adjoint fronça les sourcils, le détaillant. Son inquiétude était palpable. Cela irrita Draco.
-Tout va bien? demanda Adam. Tu sembles…
Draco se demanda depuis quand il le tutoyait ainsi. Depuis toujours, se répondit-il silencieusement à lui-même. Soudain, il décida que cela lui déplaisait, mais, comme toujours, il ne dit rien.
-On a perdu, je suis épuisé, commenta-t-il brièvement, en enlevant sa toge, puis en déboutonnant ses boutons de manchettes avant de rouler consciencieusement ses manches.
Il se laissa tomber lourdement sur sa chaise dont les roulettes grincèrent en guise protestation. Par les fenêtres, le jour commençait à baisser. Il détestait l'hiver.
Adam s'était fait couper les cheveux, il sentait un peu trop l'eau de Cologne, Draco détourna le regard, le posant sur la pile de dossiers trônant sur son bureau. Tout était ordonné, droit. L'œuvre du jeune homme, il le savait.
Ce dernier garda le silence un moment, voulant ajouter quelque chose, peut-être, mais il se ravisa. Draco lui en fut reconnaissant. Il n'avait aucune envie de raconter la rencontre qu'il avait faite dans le couloir en sortant de la salle de cour et qui était très certainement à l'origine du mal de tête lancinant qui lui vrillait désormais le crâne.
Pour ajouter à ce mal de tête, Daphnée pénétra dans son bureau à ce moment-là, faisant claquer ses talons, démesurément hauts, au goût de l'homme, sur le plancher. Elle était vêtue d'une robe moulante vert olive et ses cheveux blonds étaient remontés en un chignon serré. Elle fit signe à Adam de les laisser seuls et de fermer la porte derrière lui. Cela ne laissait présager rien de bon.
-Tu as une mine horrible, dit-elle en le fixant et le rouge intense de ses lèvres maquillées contrastait tant avec la blancheur laiteuse de sa peau qu'il ne voyait rien d'autre.
Il haussa les épaules. S'il n'avait pas arrêté de boire, quelques années auparavant, il se serait servi un verre et peut-être même deux. Il pencha la tête vers l'arrière, la posa contre le dossier moelleux de sa chaise en cuir. Se retint de fermer les yeux.
-Tu as toujours eu le don de me remonter le moral, maugréa-t-il en évitant son regard, sarcastique. J'ai perdu ma cause, c'était une longue semaine, rien de plus.
Après plus de quinze ans à travailler ensemble, comme associés dans le cabinet qu'ils avaient fondé, peu après leurs études de droit, ils se connaissaient mieux que quiconque. Il n'était pas dupe. Elle savait qu'il lui mentait, mais il ne voulait surtout pas qu'elle parvienne à déceler ce qui le mettait vraiment dans cet état. C'était en soi un défi, vu son talent exceptionnel pour fourrer son nez partout.
-Oui, je sais, ils en parlent à la radio sorcière, mais ça n'a pas pour habitude de t'atteindre autant. Perdre fait aussi partie de notre travail, mais je ne t'apprends rien en te disant ça… répondit-elle d'un ton empreint de scepticisme, puis elle joua un instant avec le collier de perles qui ornait son cou et, étrangement, elle n'insista pas.
Peut-être que la prière de Draco avait été exaucée, après tout.
-Malheureusement, ce que je vais te dire ne risque pas d'améliorer ton humeur. Astoria a communiqué par cheminette avec moi un peu plus tôt, elle ne pourra pas aller chercher Scorpius à la gare, continua-t-elle, un doigt toujours glissé entre son collier de perle et la peau fine de son cou.
Il poussa un soupir rageur en redressant la tête. Encore une fois, la mère de son fils manquait à sa parole. Il aurait dû le voir venir, mais, parfois, l'espoir qu'il avait qu'elle agisse enfin en mère responsable taisait son sens critique. C'était une erreur.
-Elle était censée le prendre pour la semaine de Noël, tout avait été décidé! Il devait venir à la maison pour la semaine du Premier de l'an et, une fois de plus, elle ne respecte pas nos ententes! vociféra-t-il. Comment vais-je expliquer cela à Scorpius? Que sa mère préfère batifoler avec son conjoint à Paris ou je ne sais trop plutôt que de prendre ses responsabilités et que de passer du temps avec lui!
Daphnée n'osa pas commenter. La situation entre les deux ex-époux Malfoy était déjà bien assez compliquée comme ça sans qu'elle ne s'en mêle. Elle avait beau être la sœur d'Astoria, elle était la meilleure amie de Draco ou, du moins, ce qui s'en rapprochait le plus. Et elle ne pouvait s'empêcher de penser que l'homme avait raison d'être en colère. Scorpius serait déçu, ça, c'était certain. Encore une fois. Elle croisa ses jambes en s'assoyant dans l'un des fauteuils faisant face au bureau du blond.
- Je peux aller le chercher, si tu préfères, dit-elle d'une voix posée. De toute manière, j'ai terminé mes dossiers pour aujourd'hui, je m'apprêtais à partir. J'irai le reconduire chez toi plus tard ce soir, ça ne me pose pas de problème.
-Non, je suis capable d'aller chercher mon fils à la gare!, répliqua-t-il d'un ton sec, amer. Puis se rendant compte que la sœur de son ex-femme n'y était pour rien dans le comportement de cette dernière, il passa une main sur son visage.
-Excuse-moi, je suis fatigué, c'est tout. À quelle heure je dois être là-bas, à la gare? ajouta-t-il.
Il n'essayait même plus de dissimuler ses sentiments, ça ne servait à rien devant elle, de toute façon.
-Dans quinze minutes.
-Évidemment, soupira-t-il.
La femme lui fit un mince sourire encourageant. Comment faisait-elle pour être aussi gentille, constamment? Il pensa un instant que c'était peut-être elle qu'il aurait dû épouser, puis chassa cette idée aussi rapidement qu'elle était venue. Ç'aurait été égoïste de sa part de la priver ainsi du bonheur et elle n'aurait jamais accepté, cela aussi faisait partie de sa rébellion à l'égard de sa famille, tout comme ses études de droit. Cette scission d'avec sa famille avait laissée des pattes-d'oie un peu plus prononcées au coin des yeux de l'avocate, mais Draco se dit que ça en avait valu la peine et que cela valait cent fois les rides que le malheur avait laissées sur son propre front.
-Viens-tu toujours diner à la maison demain? Theo sera ravi de voir Scorpius, tu sais comment ils sont tous les deux, avec leurs bouquins et je ne sais quoi encore. Je suis convaincue que si nous avions eu un enfant, il aurait rêvé qu'il soit comme le tien, dit-elle.
Le sujet de l'absence d'enfant dans la vie de son associé n'était que très rarement abordé. Daphnée avait refusé de se marier, malgré les pressions de ses parents et s'était jetée corps et âme dans ses études de droit, puis dans son travail d'avocate. Elle avait fréquenté quelques hommes, mais rien de sérieux, puis, avait rencontré Théodore Nott qu'elle n'avait pas vu depuis Poudlard, dans un dîner officiel organisé par la ministre de la Magie.
Le couple n'était pas marié, mais ils vivaient ensemble depuis bientôt cinq ans et semblaient heureux. Theodore avait toujours été un homme plutôt discret et même effacé, tandis que Daphnée était sociable et extravertie. Certains trouvaient étrange que des personnes si diamétralement opposées dans leur comportement forment un couple, mais Draco pensait qu'ils se complétaient à merveille.
-Oui, nous y serons.
La gare était bondée. Les familles, réunies de nouveau, riaient, parlaient et s'embrassaient dans une joyeuse cacophonie, comme à toutes les fois que les élèves revenaient de Poudlard pour les vacances. La fumée blanche qui s'échappait de la locomotive dissimulait une partie du train duquel s'écoulaient encore les élèves de toutes les maisons et de tous les âges, tirant derrière eux leur valise tout en cherchant leurs parents du regard. La locomotive rouge n'avait pas changé depuis que Draco avait été, lui-même, étudiant à Poudlard et, comme à chaque fois qu'il la voyait, cela lui fit un pincement au cœur.
Draco guettait l'arrivée de son fils, se préparant mentalement à lire la déception sur son visage lorsqu'il constaterait que c'était lui et non pas sa mère qui était venu le chercher. Depuis sa séparation orageuse avec Astoria, Scorpius vivait avec lui à Londres dans la maison qu'il avait acquise peu après son divorce. Lucius et Narcissa avaient tout fait pour le persuader de revenir vivre au manoir, mais pour rien au monde il ne serait retourné habiter dans cet endroit lugubre, avec ses parents qui étaient absolument invivables. Il n'aurait d'ailleurs jamais voulu imposer cela à son fils qu'il avait élevé loin des valeurs qu'avaient tenté de lui inculquer ses parents et qui n'avait aucun point en commun avec les anciens serviteurs du Seigneur des ténèbres, outre son nom de famille et sa ressemblance physique.
Astoria vivait quant à elle avec son nouveau conjoint depuis environ deux ans et Scorpius tolérait mal cet homme avec qui il ne s'entendait pas bien. Son fils ne le lui avait pas dit franchement, pour le préserver, sans doute, mais il savait que son conjoint le discréditait et tenait des propos assez peu flatteurs à son endroit. Pas que cela le dérange, l'opinion de cet homme sur lui pouvait difficilement le laisser plus indifférent tant il n'accordait aucune importance à son jugement, mais cela le peinait que son fils ne soit pas en mesure d'avoir une relation normale avec sa mère.
En conséquence, Draco et Scorpius étaient très proches et le père était conscient que le manque d'engagement et d'intérêt d'Astoria pour son fils le blessait, même s'il n'en parlait jamais. À de nombreuses reprises, Draco s'était violemment disputé avec son ex-épouse à ce sujet, car elle ne semblait pas être consciente du tort qu'elle causait à son fils par ses absences et ses rendez-vous manqués. Les ex-époux étaient incapables de se parler sans se mettre en colère et Draco tentait d'éviter au maximum tout contact avec elle, mais avec un enfant ensemble, c'était parfois inévitable.
Draco aperçut la silhouette de son fils se dessiner dans la volute de fumée blanche, aisément reconnaissable aux béquilles qui l'aidaient à se mouvoir depuis son plus jeune âge et qu'il maniait avec une telle aisance que cela ne le ralentissait en rien. Son ami, Lysander Scamander, traînait sa valise, en plus de la sienne, et sa ressemblance à sa mère frappa une nouvelle fois Draco. Mis à part le fait que ses cheveux étaient bruns comme ceux de son père, son air doux et rêveur était identique à celui de Luna Lovegood.
Cela en avait étonné plus d'un que le jeune Scamander se retrouve à Serpentard, mais lorsque Draco avait fait sa connaissance, sa surprise s'était aussitôt dissipée. Lysander était ambitieux et son air rêveur cachait une intelligence redoutable qu'il mettait souvent à profit d'une manière assez peu souhaitable. Il avait le don d'entraîner Scorpius dans des situations pas possibles et à de nombreuses reprises cela leur avait causé des problèmes.
Le mince sourire qui s'était affiché sur les lèvres de Draco en voyant son fils se fana en constatant qu'il avait la lèvre inférieure fendue et un coquard sur l'œil gauche. Il fronça les sourcils en direction de l'ami de son fils, se doutant qu'il y était pour quelque chose. Sans demander son reste, Lysander les salua rapidement avant de repartir tandis que Draco s'approchait de son fils en prenant son menton entre ses doigts pour lui relever la tête et examiner ses blessures. Scorpius se dégagea de sa poigne en jetant un regard autour de lui pour s'assurer qu'aucun autre élève n'avait assisté à la scène.
-Qu'est-ce qui s'est passé? Tu t'es battu? demanda le père à son fils, la mine sévère.
S'il recevait encore une lettre de la Directrice de Poudlard pour lui annoncer que son fils avait fait une bêtise, il sentait qu'il allait faire une syncope.
-Ma mère s'est encore désistée à ce que je vois, j'aurais dû m'en douter, cracha l'élève de cinquième année en omettant sciemment de répondre à la question de son père.
-Réponds-moi, ordonna Draco. Qu'est-ce qui t'est arrivé? Encore Lysander, j'imagine… Combien de fois t'ai-je dit que c'était une mauvaise influence? Si ses parents sont incapables de le discipliner, ce n'est certainement pas mon cas te concernant.
L'adolescent haussa les épaules en levant les yeux au ciel.
-Juste… une bagarre avec les gryffondors. J'ai déjà été puni, j'en ai pour un mois de retenues avec McGonagall. Y'a pas de quoi en faire toute une histoire…
-Je ne tolèrerai pas que tu t'adresses à moi sur ce ton! Je jugerai seul si cette punition est suffisante et sache que ton attitude est loin de m'en convaincre, le coupa son père à voix haute
S'il avait eu le malheur de s'adresser ainsi à son propre père, il n'imaginait même pas la raclée que le mangemort lui aurait mise, pensa-t-il en serrant la mâchoire.
-Que vas-tu faire? Me priver de sortie? De toute manière, mes vacances de Noël sont déjà gâchées! cracha le jeune homme en direction de son père, se faisant se retourner une famille près d'eux qui les dévisagèrent.
Draco se retint de les envoyer paître, ne voulant pas donner un tel exemple à son fils et sentit ce qui lui restait de patience s'effriter complètement. Il pria Salazar Serpentard pour avoir la force de survivre à cette immonde journée.
Après un dîner s'étant déroulé dans un silence pesant, Scorpius s'était enfermé dans sa chambre, prétextant qu'il avait des devoirs à faire et qu'il désirait les terminer le plus tôt possible pour pouvoir profiter pleinement de ses vacances par la suite. Draco n'était pas dupe, il se doutait bien que son fils était blessé du comportement de sa mère et qu'il avait besoin d'être seul. La dispute qu'ils avaient eue un peu plus tôt n'avait aidé en rien à alléger l'atmosphère entre eux. Il avait voulu revenir sur les blessures de son fils, mais n'avait pas l'énergie de supporter une nouvelle dispute avec lui après une telle journée et avait donc remis cette conversation entre eux à plus tard.
Il jeta un œil à l'horloge du salon et se dit qu'il avait le temps de retourner au cabinet pour travailler sur les dossiers qu'il avait laissés de côté un peu plus tôt pour aller chercher son fils à la gare. Après avoir laissé une note à ce dernier, il transplana.
Tout absorbé qu'il était dans la lecture de la preuve dans un dossier, il ne vit pas l'heure filer et sursauta en entendant le craquement reconnaissable d'un transplanage. Il leva la tête et plissa les yeux en direction du lobby où il pouvait apercevoir le bureau de son adjoint et, plus loin, la porte close du bureau de Daphnée. Il n'y avait que deux personnes qui pouvaient transplaner directement dans le cabinet, vu les protections magiques mises en place.
-Adam? Daphnée? Appela-t-il, se demandant ce qu'ils pouvaient bien venir faire à cette heure ici, surtout que son associée lui avait dit qu'elle avait terminé pour la journée avant qu'il ne parte chercher Scorpius.
Il entendit des bruits de pas se rapprocher de la porte ouverte de son bureau et, par prudence, saisit sa baguette entre ses doigts alors que personne ne répondait à son appel. Il ne manquerait plus qu'un voleur se soit introduit dans son cabinet pour couronner cette journée exécrable.
-Je savais que je te trouverais ici, dit une voix qui le fit aussitôt faiblir, comme si tout le sang s'était retiré de son corps d'un coup.
Harry Potter se tenait dans le cadre de sa porte. Il avait mauvaise mine, de profonds cernes s'étaient creusés sous ses yeux, ses cheveux étaient encore plus en bataille que normalement, si c'était possible, et son teint était pâle, grisâtre. Il semblait exténué. Il ne se souvenait pas que l'homme avait eu un tel air lorsqu'il l'avait croisé un peu plus tôt en sortant de la salle de cour. Il jeta un œil torve à la baguette que Draco tenait entre ses doigts, mais ce dernier, hagard, ne pensa même pas à la poser.
-C'est un beau bureau, continua le brun en jetant un bref coup d'œil autour de lui.
Draco déglutit. Ne sachant trop quoi dire. Incapable d'adopter le ton faussement mondain de son interlocuteur. Le tic-tac de l'horloge posée sur son bureau, un cadeau d'Astoria, emplissait la pièce.
-Merci… c'est Daphnée qui a tout fait.
Harry acquiesça lentement, comme s'il le savait déjà. Il ne peut pas le savoir, se dit Draco, se raccrochant désespérément à cette idée pourtant sans importance. Il ne peut pas savoir qui a fait la décoration. Comment pourrait-il le savoir?
-Daphnée Greengrass, dit l'homme face à lui en jetant un regard vers les livres de droit parfaitement alignés dans sa bibliothèque.
-Mon associée, oui.
Tout cela n'avait rien de naturel et c'était quasi insoutenable pour Draco. Fuir. Maintenant.
-Ça fait longtemps, murmura Harry, soudain, comme s'il venait de s'éveiller et de se rendre compte d'où il était et surtout, avec qui. Vingt ans, au moins, continua-t-il, songeur.
-Vingt-trois ans, répondit le blond trop rapidement.
-Tu as compté, dit Harry.
Ce n'était pas une question.
Un long silence inconfortable s'installa entre eux. Tic. Tac. Faisait inlassablement l'horloge. Fuir.
-J'ai besoin de tes services, dit le brun, passant à nouveau du coq à l'âne, c'était sa façon de prendre le contrôle, de le déstabiliser et il en était pleinement conscient.
La main du brun caressa le dossier de l'un des fauteuils placé devant son bureau, lentement. Il se prit à regarder cette main large, sertie d'un jonc en or, il se tendit en réalisant que l'autre avait certainement surpris ce regard.
À quoi joues-tu? Pourquoi aujourd'hui, pourquoi après toutes ces années?
Il n'avait plus l'âge ni l'envie de vivre ce genre de situation. L'image de Scorpius, seul à la maison, traversa son esprit, mais il ne se faisait pas d'illusions, son fils devait se moquer qu'il ne soit pas encore revenu. Et ça, c'était en tenant pour acquis qu'il se soit rendu compte de son absence, ce qui était pour le moins incertain.
L'homme qui était debout devant lui était un inconnu, un fantôme. Oui, rien de plus qu'un revenant, se dit-il. Et le mot se répercuta dans son esprit en ébullition. Un revenant. Un inconnu. Un fantôme. Il mordit l'intérieur de sa bouche pour s'en convaincre, mais ses mains qui tremblaient le trahissaient. Le goût métallique de son propre sang toucha sa langue. Il déglutit avec difficulté.
-Pourquoi? Pourquoi moi? demanda Draco, faute de mieux.
Pour une fois dans sa vie, il ne parvenait pas à trouver le mot juste. Lui qui était connu pour son sens aigue de la répartie se voyait dépourvu de son arme favorite et se sentait désormais nu devant son adversaire. Ce ne pouvait pas être une bonne chose, pas face à lui. Son vis-à-vis parvenait à garder un visage parfaitement impassible. C'est nouveau, pensa le blond, puis il se ravisa, il n'était pas en mesure de dire ce qui était nouveau ou pas chez l'autre homme. Il ne l'avait pas revu depuis vingt-trois ans, ce qui aurait pu sembler surprenant puisque leurs enfants allaient tous deux à Poudlard et qu'ils habitaient la même ville, mais ce n'était pas le fruit du hasard et, bien au contraire, le résultat d'une planification développée au fil des ans. Fuir, maintenant.
-Il paraît que tu es le meilleur avocat criminaliste du Londres sorcier et c'est ce dont j'ai besoin.
Draco fronça les sourcils, sceptique. Pourquoi le chef du département de la régulation magique aurait-il besoin de retenir les services d'un avocat de la défense? Ça ne faisait aucun sens. Les pensées du blond tournaient dans sa tête, à toute allure, cherchant une réponse, mais aucune ne lui venait.
De toute façon, c'était hors de question qu'il accepte.
-Je vais te recommander à un confrère…, commença-t-il en ouvrant la boîte où il rangeait les cartes professionnelles qu'on lui donnait.
Le Survivant laissa alors échapper un rire horriblement grinçant qui fit serrer les dents de son vis-à-vis.
-Toujours aussi prompt à laisser tomber, commenta Harry, hargneusement. Je vois que tu n'as pas changé.
Draco se tendit, mais ne répondit pas.
-On ne va pas en parler? demanda soudain Harry.
-Non, répondit aussitôt Draco d'une voix ferme, ne laissant place à aucun doute.
-Très bien. Est-ce que ton ex-femme sait que tu baises avec ton adjoint?
Il crispa violemment sa mâchoire et ses dents grincèrent affeusement les unes contre les autres.
-Comment…, commença-t-il, perturbé.
-Comment crois-tu que j'ai fait pour transplaner ici? J'ai fait des progrès en légilimencie depuis la dernière fois qu'on s'est vu, le coupa le brun.
-Sors d'ici, demanda le blond en serrant les poings, le corps tendu à l'extrême.
-Pas tant que tu ne me confirmes pas que tu vas prendre mon dossier.
-SORS D'ICI! cria Draco en perdant son sang-froid.
Sa main se referma sur sa baguette, mais Harry fut plus rapide et le désarma d'un sortilège informulé, puis, en quelques enjambées, il se rapprocha de lui et fit pivoter sa chaise en l'empoignant par le col de sa chemise. Les coutures craquèrent, puis cédèrent.
-Promets-moi que tu vas prendre mon dossier! ordonna le brun en se rapprochant jusqu'à ce que ton visage ne soit qu'à quelques centimètres du sien, de telle façon que pendant une infime fraction de seconde, il crut qu'il allait l'embrasser. Tu me dois bien ça! cracha Harry avec hargne.
-Je ne te dois rien du tout, répliqua Draco, mais sa voix était faible, presque un murmure et cela n'avait rien à voir avec la main qui l'empoignait.
Une lueur mauvaise passa dans le regard émeraude.
-Veux-tu vraiment qu'on aille dans cette direction? Je croyais que tu ne voulais pas qu'on en parle, susurra Harry d'un ton amer qui ne lui allait pas.
Draco pouvait sentir son haleine sur son visage. Il avait bu.
-Lâche-moi, souffla-t-il et Harry obéit, après quelques secondes. Il relâcha sa poigne et fit un pas en arrière, mais sans jamais le quitter des yeux.
Ce regard était insoutenable, mais, pour la deuxième fois cette journée-là, il se trouva incapable de détourner les yeux. Il se demanda si l'autre homme était en mesure de voir qu'il tremblait de tout son corps et il se haït pour cela.
-Non… Je… je ne sais même pas quel est ce dossier. Pourquoi aurais-tu besoin de mes services? Par Merlin, tu es le chef du département des Aurors! Répondit le blond.
-Tu le verras bien assez tôt. En attendant, quelle est ta réponse?
-D'accord… Je-je vais prendre ton dossier, mais ensuite, je veux que tu disparaisses de ma vie… pour toujours, répondit-il.
-Rien ne dure toujours et tu es le mieux placé pour le savoir, Draco.
-Draco… Draco, est-ce que tu m'écoutes au moins? demanda Daphnée d'une voix ennuyée.
Il leva les yeux vers elle et se passa une main sur le visage. Il n'avait pas saisi un seul mot de ceux qu'avaient prononcés son associée. Elle le regardait en serrant les lèvres, les sourcils froncés et le bleu électrique de son tailleur éclatait au milieu de la pièce. Il détourna le regard.
-Je n'ai pas très bien dormi la nuit dernière, pardonne-moi. Tu disais? répondit-il d'une voix calme, tentant de dissimuler ce qui le préoccupait réellement, depuis maintenant quatre jours.
Le regard sévère de la femme se métamorphosa, de furieux, il devint soucieux. Elle ferma la porte du bureau d'un coup de baguette, sachant qu'Adam avait certainement l'oreille tendue depuis son poste de travail.
-Qu'est-ce qui se passe Draco? Ça fait déjà plusieurs jours que tu es dans cet état, depuis l'arrivée de Scorpius, depuis que tu as perdu ce procès, est-ce que tout va bien? Tu m'inquiètes. Même Théo a remarqué lorsque tu es venu diner à la maison l'autre soir. Est-ce que ça a un lien avec le coquard que j'ai vu sur l'œil de ton fils? Est-ce que les autres élèves sont méchants avec lui? Demanda l'avocate en prenant place dans l'un des fauteuils en cuir capitonné lui faisant face.
-Non, c'est plutôt Scorpius qui a causé des problèmes à un autre élève… Je… Tu t'inquiètes pour rien, tout va bien, je te le promets. Je suis simplement débordé de travail et comme je n'avais pas prévu l'arrivée de Scorpius avant la semaine prochaine, disons que ça ne me laisse pas beaucoup de temps pour me reposer, répondit-il faisant mine de classer les dossiers posés sur son bureau et qu'Adam avait déjà mis dans l'ordre, le matin même.
Daphnée le jaugea du regard un moment, comme si elle l'analysait et tentait de déterminer s'il lui mentait ou pas. Ses yeux bleus clairs étaient identiques à ceux de sa sœur et lorsqu'elle le dévisageait ainsi, cela lui rappelait la manière qu'avait Astoria de le faire pendant leur mariage. Avec suspicion, doute. Néanmoins, dans le regard de Daphnée, il n'y avait rien de ce dégoût qui s'était peu à peu installé dans celui de son ex-femme, de son mépris et, finalement, de sa haine.
Il chassa ses pensées d'un bref mouvement de tête.
-Que voulais-tu donc me demander lorsque tu es entrée? Je… j'ai beaucoup de travail, dit-il, désirant qu'elle le laisse tranquille.
-Juste savoir si tu allais à la cour demain, j'aurais des procédures à déposer au greffe pour un divorce, sinon j'enverrai Adam cet après-midi, répondit-elle en replaçant une mèche qui s'était échappée de son chignon.
-Tu peux me les donner, je vais justement au palais demain matin pour une comparution, rien de sert d'envoyer Adam pour rien. Tu sais comment il est, il va certainement perdre son temps dans les boutiques aux alentours et prétexter qu'il y avait une file d'attente pour le dépôt des documents.
Daphnée haussa les sourcils.
-C'est la première fois que je t'entends dire quoi que ce soit contre lui, commenta-t-elle.
-Quoi? Tu n'es pas d'accord?
-Oui, oui! Mais, venant de toi, c'est juste…étonnant, répondit-elle en fronçant les sourcils, puis elle lui dit qu'elle le laissait travailler et referma la porte derrière elle.
Il poussa un long soupir en entendant le déclic que produisit la porte en se refermant. C'était épuisant de prétendre que tout allait bien devant elle puisqu'elle le connaissait si bien, il ne pouvait pas baisser sa garde, de peur qu'elle ne le perce à jour. C'était dans ces moments-là qu'il était heureux d'être un si bon occlumens. Évidemment, jamais elle ne pourrait deviner que ce qui le rongeait ainsi était son étrange et hautement déplaisante rencontre de l'autre soir avec le chef du département de la régulation magique. Harry. Cependant, elle n'aurait de cesse de le harceler si elle ne faisait que soupçonner qu'il ne parvenait plus à dormir depuis quatre jours et qu'il n'avait abattu aucun travail depuis, malgré toutes ses tentatives pour ce faire.
À chaque fois qu'il se retrouvait seul, ses pensées se portaient aussitôt sur ce revenant, sorti tout droit d'un passé qu'il aurait voulu oublier, qu'il pensait oublié et qui venait aujourd'hui le hanter. Avec son regard vert qui lisait en lui si facilement, qui avait encore le pouvoir de le faire chavirer, même après toutes ces années. Vingt-trois ans. Tu as compté? dit la voix moqueuse de l'autre homme dans son esprit. Celui dont il n'osait même pas effleurer le nom de son esprit, dont il lui semblait qu'il ne serait plus jamais en mesure de le prononcer, aussi ironique que cela puisse paraître de songer à lui comme à Celui-dont-il-était-incapable-de-prononcer-le-nom. Retour du sort, encore une fois, le destin se jouait de lui et il pouvait presque entendre le rire grinçant de celui qu'il avait été jadis, vingt-trois ans plus tôt.
Comme une mauvaise et insupportable pièce de théâtre qu'il semblait condamné à revoir encore et encore, ses souvenirs se bousculaient aux portes d'une salle déjà comble, se fracassant les uns contre les autres, à savoir qui serait le premier en scène.
Vers dix-sept heures, Daphnée vint le saluer, puis, quelques minutes plus tard, Adam pénétra dans son bureau. Draco leva les yeux du dossier qui était posé devant lui depuis des heures et qu'il avait vaguement parcouru sans pourtant qu'il soit en mesure d'en retenir quoi que ce soit. Un mince sourire étirait les lèvres de son adjoint.
-J'aurais pensé que… commença le jeune homme en se rapprochant de lui, une lueur avide dans les yeux.
-Mon fils m'attend, dit Draco en se levant, sans un regard pour lui.
Adam afficha une moue un peu boudeuse en fermant l'espace entre son patron et lui, posant ses lèvres contre les siennes et glissant l'un de ses mains sur l'entrejambe du blond qui poussa un soupir.
-Ça va te détendre, tu as l'air à cran ces temps-ci, minaude le jeune homme en commençant à défaire sa ceinture tout en le caressant à travers son pantalon de toile grise.
Il se laissa tomber à genoux entre les cuisses de Draco et libéra son sexe de son sous-vêtement avant de le glisser dans sa bouche. Le souffle du blond s'accéléra et il posa ses mains sur la tête brune, l'invitant à le prendre plus profondément dans sa bouche en crispant légèrement ses doigts dans sa chevelure bouclée.
-Lève-toi, ordonna soudain l'avocat et Adam donna un dernier coup de langue avant de se relever, les lèvres rougies.
Rapidement, Draco se leva à son tour et poussa le jeune homme contre son bureau en le retournant brusquement du même geste, bousculant ses dossiers pour faire de la place avant de le pencher contre la surface de travail. Il lui baissa d'un geste son pantalon et finit d'abaisser le sien, jetant du même coup un sort de protection et de lubrification, puis glissa un doigt dans l'intimité d'Adam, sans plus de cérémonie, le préparant sommairement.
Son adjoint se mit à pousser des petits halètements de plaisir et bougeait son bassin en rythme avec ses mouvements. Il retira ses doigts et s'apprêta à le pénétrer lorsqu'une voix bien trop connue résonna dans sa tête, une fois de plus.
Est-ce que ton ex-femme sait que tu baises avec ton adjoint?
Il resta pétrifié un moment. Sans se soucier de la position ridicule dans laquelle il se trouvait, les pantalons aux chevilles, sa queue appuyant sur l'intimité du jeune homme, sans pour autant la pénétrer, ses mains immobiles sur ses hanches étroites.
Cette maudite voix se répercuta encore une fois dans son esprit. Rien ne dure toujours, Draco.
La ferme! Avait-il envie de hurler.
-Draco… Gémit Adam en se frottant contre lui, haletant.
Tu as compté? Ta gueule! Ferme ta gueule! Lui cria-t-il mentalement.
-Allez… ne me fais pas attendre, minauda le jeune homme en accentuant ses ondulations, provocant.
Va au diable! Va au diable Harry Potter! pensa soudain Draco en serrant les dents de rage et il enfouit son sexe d'un seul coup dans l'anneau de chair du jeune homme penché devant lui, sans aucune délicatesse. Adam poussa un cri de douleur devant le brusque assaut et poussa des petits gémissements qui se murent en halètements de plaisirs lorsque Draco accentua ses coups de boutoir, heurtant sa prostate de plus en plus fort.
Adam empoigna son sexe et se mit à se masturber en rythme avec la colonne de chaire de son patron qui allait et venait en lui avec force, faisant trembler le bureau à chaque poussée et le clouant au large meuble de bois massif par le fait même. Malfoy s'enfonçait désespérément en lui, tentant de chasser la voix avec chaque coup de rein, se plongeant dans ce corps offert.
L'orgasme terrassa Adam qui jouit dans sa main et Draco poussa une dernière fois en lui et se déversa dans un râle de plaisir. Il se retira aussitôt et lança un sort de nettoyage avant de remonter ses pantalons.
Adam resta appuyé contre le bureau un moment, reprenant son souffle. Ses cheveux bruns mi- longs lui retombaient devant les yeux et ils étaient humides de sueur. Il se redressa en se rhabillant, puis il s'approcha de Draco en lui jetant un regard aguicheur.
-Je t'ai déjà connu plus doux, mais… ce n'est pas pour me déplaire, dit-il en se léchant les lèvres, puis il s'avança pour embrasser le blond, mais ce dernier mit une main sur son torse, le forçant à reculer d'un pas.
-Je dois y aller, mon fils m'attend, l'interrompit Draco d'un ton froid, dépourvu de toute émotion, puis il se retourna et partit sans un regard pour le jeune homme.
Note de l'auteur :
Chers lecteurs,
Ouvrons le champagne et brisons la bouteille sur la coque toute neuve de ce premier chapitre de ma nouvelle fanfiction.
J'espère que cela vous a plu et que je vous retrouverai pour la suite. J'attends vos commentaires, c'est toujours insécurisant de commencer une nouvelle histoire, surtout qu'elle s'éloigne tellement de Désillusion.
Merci de commenter, de me suivre et de me lire. Comme cela est mon habitude, je répondrai à tous les reviews avec amour et de manière personnalisée,
-xxx-
Harley