Sans ouvrit doucement les yeux, encore embués par la fatigue. Il poussa un long bâillement. Frisk se tenait contre lui, toujours endormie. Il repensa aux événements d'hier soir. Dormir avec l'humaine lui avait particulièrement plu, il devait le reconnaître.

Il se leva, retirant doucement Frisk pour lui laisser le lit. Il enfila son hoodie avant de sortir de sa chambre, laissant la porte entre-ouverte. Papyrus, qui était revenu de chez Undyne, l'attendait dans la cuisine.

"- Heya, frérot, fit Sans en levant la main.

- Sans ! Serais-tu tombé du lit pour être debout aussi tôt ?! demanda Papyrus, étonné.

- Je peux retourner dormir, si tu veux, répondit le squelette en haussant les épaules, souriant.

- Non, non ! Mais dis-moi, tu n'aurais pas dormi avec Frisk, cette nuit ?"

Le frère de Papyrus s'étonna de cette question, d'autant plus que le grand squelette le regardait comme si il avait fait une bêtise.

"- J'espère que tu n'as..."

Mais la phrase de Papyrus fut interrompue par Frisk, qui venait d'arriver dans la cuisine d'une démarche fatiguée. Elle salua les deux squelettes avant de s'asseoir à table. Sans fourra ses mains dans ses poches de hoodie, plongé dans ses réflexions. Son frère s'adressa à l'humaine, sa bonne humeur retrouvée.

"- Est-ce que ça te dirait d'aller à la fête foraine, aujourd'hui ? Toriel m'a dit que tu aimais beaucoup ce genre de choses quand je l'ai eue au téléphone ce matin !

- Ce serait génial, Papyrus ! s'exclama Frisk, désormais parfaitement éveillée. On y va quand ?!

- Le temps que tu te prépares et on démarre ! répondit-il, excité lui aussi."

Sans s'installa dans le canapé en attendant que la jeune fille ait finit de prendre une douche. Il somnola quelques instants tout en repensant aux paroles de son petit frère. Mais il n'eut pas le temps d'y songer très longtemps puisque Frisk était déjà prête et attendait le duo squelettique devant la porte.

Frisk courait partout, s'arrêtant devant chaque stand de la fête foraine, s'attardant sur chaque manège. Elle était suivie de près par Papyrus, qui semblait retomber en enfance. Sans, lui, était un peu en retrait, fatigué rien qu'à l'idée de bouger plus vite. Il s'arrêta devant un stand de hot-dog, y jetant un regard amusé. Il passait un bon moment,cette ambiance festive suffisait à l'égayer.

Un homme portant des tractes lui fonça dessus et Sans n'eut d'autre choix que de lui prendre un papier sur lequel était dessiné un feu d'artifice, qui d'après l'inscription se déroulerait ce soir. M'ouais, pourquoi pas... pensa-t'il en fourrant le papier dans sa poche de hoodie.

L'humaine s'arrêta un instant devant un manège à sensations fortes, attendant Papyrus. Sans ne tarda pas à les rejoindre.

"- Je veux faire ça, ça a l'air trop bien ! s'exclama Frisk. Venez, on va le faire !

- Moi, le grand Papyrus, préfère rester en bas et regarder, répondit le grand squelette, une goutte de sueur perlant sur son front.

- Hé hé, quelqu'un doit garder un œil sur le frérot, fit Sans en se grattant le crâne."

Le petit squelette n'était pas vraiment fan de ce genre d'attractions, il regarda donc l'humaine y aller seule, restant à côté de son grand frère.

"- Je peux me garder tout seul, tu sais ! Moi, le grand Papyrus, sait comment se débrouiller !

- Ah ah, j'en doute pas un instant, Pap's. Mais j'aime pas les manèges à sensation, tu sais bien. Enfin, tant que ça plait au gamin...

- Mmmmmh..."

S'en suivit un long silence ponctué par les cris de joie des enfants aux alentours. Sans, les poches dans son hoodie, jouait distraitement avec le morceau de papier récupéré tout à l'heure.

"- Tu sais qu'il y a un feu d'artifice, ce soir ? On pourrait y aller à trois, proposa le petit squelette, voulant divertir son frère.

- Toriel va s'inquiéter si je ne ramène pas notre amie à la maison, rétorqua Papyrus.

- Rooooh, allez quoi, ça va être amusant, t'as qu'à rappeler Tori et lui dire qu'on lui ramènera Frisk demain. C'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de voir un feu d'artifice ! ajouta-t'il dans un clin d'œil malicieux.

- Bon, bon, d'accord, mais si elle s'énerve, ce sera à toi de gérer la situation ! Et puis tu devrais aussi demander son accord à l'humaine, c'est presque une adulte, au cas où tu l'aurais oublié..."

Le ton de Papyrus était plein de sous-entendus, et Sans comprit enfin ce qu'il voulait dire. Frisk n'était plus une aussi petite fille qu'avant, elle avait grandi, et le fait qu'il dorme avec ainsi pouvait être mal interprété. Le squelette se demanda alors si elle ne savait pas pertinemment ce qu'elle faisait en agissant ainsi, et si elle n'essayait pas de se rapprocher de lui plus que de raison... Le teint de Sans vira au rouge rien qu'en y pensant. Si elle se mettait à jouer ainsi avec lui, il ne répondrait plus de ses actes... En parlant du loup, la voilà qui sort du manège.

"- Ouah, ça décoiffe ! s'exclama-t'elle, les cheveux en bataille et les joues roses. Merci pour cette superbe journée !

- Dis, Frisk, ils organisent un feu d'artifices, ce soir, on se demandait si ça te dirait d'y aller avec nous, histoire de bien terminer la journée ?

- Chouette, vous êtes vraiment les meilleurs !"

Elle se jeta dans les bras de Sans et Papyrus dans un câlin collectif. Papyrus, toujours aussi heureux, le fut encore plus. Sans, lui, se laissa faire, doucement.

"- J'espère que d'ici, on pourra bien voir, c'est l'endroit le plus élevé et le plus calme du Mont Ebott que je connais ! expliqua Frisk aux deux squelettes.

- J'ai tellement hâte ! Je dois reconnaître que les tours de magie des humains sont époustouflants ! s'exclama Papyrus, sa cape volant derrière lui. Sans, tu n'as pas intérêt à gâcher ce moment avec tes terribles blagues, je te vois venir !

- Hé hé, je ne voudrais pas mettre le feu aux poudres, répondit-il en haussant les épaules."

Papyrus se claqua le front avec sa main tandis que Frisk étouffait un petit rire amusé. Les trois amis s'installèrent dans l'herbe fraîche et humide, profitant du climat très doux. Ils attendirent quelques instants, les étoiles commençaient à piquer dans le ciel... Personne ne parlait, un silence agréable régnait. Puis d'un seul coup, un bruit de fusée retentit. Une gerbe d'étincelles dorées éclata sur la toison argentée, suivie bientôt par une myriade de gerbes différentes.

Les feux d'artifices éclataient avec une synchronisation parfaite, offrant un spectacle délicieux. Papyrus, la mâchoire grande ouverte, admirait le ciel. Frisk avait des étoiles dans les yeux, et Sans coula un regard vers elle. Il se posait de plus en plus de questions, et même le feu d'artifice n'arrivait pas à le distraire de ces interrogations. Il voulait mettre ça au clair, définitivement. Il attendrait d'être seul avec elle. Plus il s'imaginait lui dévoiler ses sentiments, plus il en avait envie, et plus il ressentait le désir fou de l'avoir rien que pour lui. Il essaya tant bien que mal de se concentrer sur le spectacle, qui de toutes façons touchait à sa fin.

"- Ooooh, c'est dommage, c'est déjà fini ! Mais c'était vraiment magnifique ! s'exclama l'humaine, ravie. J'ai passé la meilleure journée de ma vie !

- Nyeh eh eh, c'est la réaction normale de toute personne qui passe une journée en ma présence, rétorqua Papyrus, le torse bombé."

Ce dernier se leva, essuyant l'herbe collée sur son arrière-train, sous le regard amusé de Frisk.

"- Allez, on rentre !

- Moi je vais encore rester un peu ici, répliqua Sans, ne bougeant pas. J'ai envie de profiter de la nuit. "

Le squelette se doutait que Frisk voudrait rester ici, et il ne s'étonna pas lorsqu'elle se leva et qu'elle se mit à supplier Papyrus pour rester avec lui.

"- S'il te plait, je suis pas fatiguée, et puis c'est les vacances !

- Bon, bon, d'accord ! Moi je ne reste pas, en tout cas, si je veux être en forme demain pour l'entraînement d'Undyne, je dois me reposer ! Mais veillez quand même à ne pas tarder !"

Le ton paternel rempli d'affection du grand squelette attendrit l'humaine, qui sourit. Elle partit se rasseoir à côté de Sans tandis que Papyrus partait déjà d'un bon pas.

"- Alors, gamin, tu t'es bien amusé aujourd'hui ? demanda le squelette d'un ton distrait.

-... Ouaip."

La jeune fille semblait plus calme, profitant elle aussi de la nuit douce et silencieuse qui succédait au bruyant et spectaculaire feu d'artifice. Sans se tourna vers elle, un sourire ancré sur le visage.

"- Tant mieux..."

L'humaine se laissa alors tomber complètement dans l'herbe, en position allongée. Sans en fit de même, se relaxant davantage. Il décida que c'était le moment propice pour se confier à Frisk.

"- Hem, dis-moi, je..."

Elle se tourna vers lui, l'écoutant s'emmêler dans ses mots. Il soupira, fermant les yeux.

"- C'est assez difficile à dire, je sais pas comment...

- Tu m'aimes, coupa-t'elle, en lui souriant.

- H-hein ?

- C'est pas si difficile à dire. C'est ce que tu voulais me dire, non...?"

Sans resta immobile un instant, rouvrant les yeux, surpris. Est-ce que ce gosse est vraiment humain ? pensa-t'il, tandis qu'elle le fixait toujours. Elle avait réussi à lui faire perdre tout ses moyens.

"- Eeeeuh... O-oui, c'est à peu près ce que je voulais dire...

- Moi aussi, je t'aime, tu sais... Sûrement pas de la même façon que toi, cependant... Pour toi je ne suis encore qu'une gamine..."

Il ne savait plus quoi dire. Depuis des années, il s'amusait avec elle, lui faisant des farces, rigolant, passant de bons moments... Tout cela avait crée entre eux un lien très fort qu'il n'avait jamais su décrire. Mais il aimait Frisk. Il l'aimait d'un amour indéniable, avec une force incroyable. Il ressentait pour elle de l'affection, du... désir. Mais comment lui dire tout ça en se passant d'un long discours ?

Machinalement, il posa une main sur la joue de Frisk, qui le regarda, étonnée. Il la descendit jusqu'à son épaule, caressant doucement sa nuque au passage. Il approcha alors son visage du sien, très lentement, faisant durer le moment. L'humaine, pétrifiée, se laissa faire. Il l'embrassa alors, joignant sa main libre à celle de Frisk. Elle lui répondit avec douceur, rapprochant son corps du sien. Sans, à l'aide de son pouvoir de téléportation, les fit disparaître.