Tout d'abord, désolé pour le temps qu'il a fallu pour sortir ce deuxième chapitre, aucun de nous deux n'avait prévu être aussi débordé avec la fac...

Bon, ce deuxième chapitre a été écrit entièrement par ma partenaire d'écriture pour ce challenge : MlleMau ( Je voulais mettre un lien mais ça veut pas :( )

J'espère que ça vous plaira :)

« Et voilà ! Tu es magnifique, Astrid. »

Elle espérait sincèrement que ce soit le cas, après ces heures de torture acharnée. Un soupir de soulagement lui échappa néanmoins : Valka avait fini de la triturer de tous les côtés, et il s'agissait indéniablement d'une bonne nouvelle. Elle songea à ne plus demander d'aide à la mère de son petit-ami. Elle se leva, puis se tourna vers le miroir au fond de la salle, qu'elle dédaignait la plupart du temps. Sa voix se bloqua dans sa gorge lorsqu'elle faillit ne pas reconnaître son reflet. L'étrangère, face à elle, était tout à fait féminine et, elle devait l'admettre, belle. Ses cheveux étaient lâchés mais savamment coiffés pour onduler avec grâce autour du visage, sa peau était plus lisse et légèrement recouverte de poudre, un collier en or brillait sur son cou dégagé, sa tunique rouge ceignait sa taille à la perfection. La collaboration avec Valka pour ce plan avait été plus difficile que prévue, elle avait dû faire la concession du collier pour éviter les fleurs dans les cheveux, de la poudre pour éviter le corset, ou encore la tunique au lieu de la robe, qui aurait été un peu exagérée à son goût, et puis, même si la mère arguait que le bleu irait mieux sur elle, Astrid avait tenu à son rouge, puisqu'il s'agissait de la couleur préférée de Harold. Par la suite, elle avait servi de poupée vivante et la dragonnière avait un sacré coup de peigne. La lutte entre les deux femmes avait été acharnée, mais debout devant son miroir, elle ne regrettait pas son choix.

Valka apparut dans le miroir, elle se trouvait derrière elle, et entoura ses épaules de ses bras. Elle avait un sourire rayonnant.

« Harold n'aura d'yeux que pour toi, comme ça. »

Le visage d'Astrid abandonna la surprise pour la mélancolie. Elle espérait. Néanmoins, elle savait que, même ainsi, elle ne pourrait retenir toute son attention. Depuis la mort de Stoïk, son petit-ami se plongeait corps et âme dans la gestion de Beurk, tous l'adoraient en tant que chef, même elle reconnaissait que le village était de plus en plus prospère au fil des années, mais en conséquence, il avait moins de temps à lui accorder. Une pensée amère suggérait qu'il n'avait plus aucun temps à lui accorder, cependant, elle espérait encore se tromper. La journée avait été calme pour le chef du village, qui ne serait alors pas fatigué. Mais une catastrophe pourrait survenir à tout moment, et alors, aucune robe ou corset ne pourrait rien y changer. Valka, qui avait suivi le cheminement de ses pensées, tenta de la rassurer :

« Ne t'en fais pas, tu as tout organisé, il sera charmé, vous passerez une excellente soirée, peut-être une magnifique nuit, et je surveillerais le village pour que rien ne se produise. »

La bonne humeur de la femme parvint à la rassurer légèrement. Astrid esquissa un sourire, elle redressa les épaules, déterminée, puis sortit.

Malgré le temps de préparation qui lui avait fallu, elle était arrivée à l'avance au point de rendez-vous. Tempête gambadait tout autour d'elle – Valka allait s'en occuper pendant son absence. Elle avait confiance en elle pour prendre soin de son dragon. Néanmoins, elle faisait les cent pas, anxieuse. Dans sa tête, elle se répétait toutes les étapes de son plan. Elle avait tout prévu, avait choisi tout ce qu'aimait son petit-ami afin que cette soirée soit parfaite. Mais il n'était pas encore arrivé, visiblement en retard. Elle commençait à paniquer. Pourtant, elle lui en avait parlé longtemps en avance, l'avait évoqué le plus souvent possible, pour qu'il n'oublie pas et qu'il garde sa soirée libre. Mais le moindre problème pouvait tout compromettre, elle en avait conscience et le redoutait. Finalement, après une attente angoissante, elle entendit quelqu'un approcher. Au coin d'une maison apparurent Krokmou, Valka et Harold.

« Désolé du retard As... trid... »

Sous les sourires de sa mère et de son dragon, Harold avait progressivement diminué sa marche et baissé la voix. Il était désormais immobile, à quelques mètres d'elle, visiblement abasourdi et ses yeux voyageaient sur elle. Astrid sentait ses joues chauffer, elle en vint à considérer la poudre comme une excellente idée, malgré ses premières réticences. Elle lui répondit par un sourire, tout à fait heureuse d'une telle réaction – elle se sentait ragaillardie, peut-être cette soirée tant attendue allait être une réussite. Le furie nocturne dut donner un coup de tête à son ami pour le faire réagir. Avec maladresse, le grand chef de Beurk s'avança jusqu'à elle pour lui prendre les mains.

« Tu es magnifique, Astrid. »

Son sourire s'agrandit d'avantage à l'entente de cette voix si sincère – et qui faisait chavirer son cœur, par Thor ce qu'il pouvait avoir une voix sensuelle quand il le voulait.

« Et le village sous ma garde et celle de Jumper, tu n'as pas à t'inquiéter de ça, et allez profiter de votre soirée, tous les deux ! s'empressa de dire Valka en poussant légèrement son fils et en faisant un clin d'œil discret à celle qu'elle considérait déjà comme sa belle-fille.

_ Et où allons-nous ? interrogea-t-il.

_ Tu verras. Krokmou sait où nous allons, tu n'auras qu'à le suivre, répondit malicieusement Astrid.

_ Parce que même lui est dans la confidence ? s'indigna faussement Harold. »

Ils rirent ensemble, dans un moment complice comme ils n'en avaient pas eu depuis si longtemps, tout en se dirigeant hors du village, sous le regard bienveillant de Valka. Alors qu'elle riait, Astrid sentit la main d'Harold se joindre à la sienne. Elle ressentit une joie immense à ce geste, un instant, elle crut que son cœur allait exploser sous ses sentiments. Cela faisait tellement longtemps qu'ils ne s'étaient plus tenus ainsi qu'elle redécouvrait le geste d'affection. Elle jubilait, à l'intérieur. En une seconde, elle avait oublié tous ses doutes, et colla son épaule à la sienne, un sourire heureux ne pouvant plus quitter ses lèvres. Étrangement, Harold gardait le silence – lui qui parlait tellement ! – et la regardait, elle, et pas le village et ses problèmes. Ils marchèrent dans un calme intime, suivi par Krokmou qui les emmènerait loin de l'île de Beurk par la suite. Mais avant, elle avait prévu de l'emmener en haut de la falaise qui surplombait la crique, afin d'y voir le soleil disparaître sous l'horizon, illuminant une dernière fois les ébouillantueurs qui remontaient à la surface. Tout serait parfait.

Ils n'étaient partis que depuis une demi-heure, mais déjà la viking se sentait revivre. La solitude dans laquelle elle se murait depuis quelque temps disparaissait au fur et à mesure des sourires, des rires, des cajoleries et des baisers de son petit-ami. Au fond d'elle-même, elle savait qu'il s'agissait d'un moment factice, que d'ici quelques heures tout allait redevenir comme avant, à savoir que le chef du village serait obnubilé par celui-ci au point d'oublier ceux qui l'attendaient. Pourtant, elle faisait tout pour ignorer cette insidieuse voix afin de profiter du moment présent, car il était là, à côté d'elle, avec personne autour – Krokmou était son ombre, ça ne comptait pas – et il ne regardait qu'elle. Sans doute était-ce un bonheur un peu égoïste.

Ils n'avaient pas encore atteint le surplomb de la crique qu'un bruit transperça la tranquillité de ce début de soirée. Beurk, qui était visible depuis leur position, laissait échapper une épaisse fumée noire. Aussitôt, Harold la lâcha et prit son visage de chef.

« C'est pas vrai... Il faut que j'aille voir, annonça-t-il. »

L'angoisse reprit Astrid. Cela ne devait pas arriver, tout devait se passer à merveille, ils devaient avoir leur soirée en paix, aucune explosion ne devait avoir lieu. Une poussée d'adrénaline et d'espoir lui permit de réagir au plus vite.

« Non ! Ce doit encore être Gueulfor qui fait des siennes à la forge, il sait comment gérer ces accidents, et ta mère pourra l'aider, elle a dit qu'elle s'occuperait du village, cria-t-elle presque sous l'appréhension.

_ Tu as raison, répondit-il calmement. »

Il revint vers elle, à son plus grand soulagement. Elle ne savait quand elle aurait à nouveau un moment avec lui, et elle avait besoin de cette soirée pour oublier ses mois d'abandon. Alors qu'il reprenait sa main, une autre explosion se fit entendre, qui cracha plus de fumée encore.

« Là, c'est pas normal. Je dois vraiment y aller, déclara Harold en s'éloignant à nouveau. On remet ça à plus tard, tu veux ? »

Il lui fallait se résigner. Astrid avait à nouveau perdu. À côté de lui, elle avait commis l'erreur de croire qu'il n'existait plus qu'eux et d'oublier ce qui adviendrait. Toutes ses tentatives se terminaient ainsi : pourquoi celle-ci serait différente ? Malgré tout, un espoir malsain s'accrochait à son cœur. À chaque espoir perdu, elle se détruisait un peu plus. Chaque espoir déçu était une nouvelle douleur, celui-ci en était un, et pourtant, un nouvel espoir survint. Quand elle lui répondit, elle se détesta.

« Oui, au solstice ? Même heure, même lieu !

_ Parfait, je n'oublierais pas, t'es la meilleure ! cria-t-il en réponse alors qu'il s'en allait en courant. »

Elle était figée. Ses yeux fixaient le dos d'Harold, qui s'éloignait à nouveau d'elle. Elle pensait qu'à force, elle en prendrait l'habitude, que la douleur s'apaiserait au fur et à mesure des refus, mais elle se fourvoyait. La douleur était de plus en plus violente. Avant de partir, Krokmou, oreilles baissées, lui donna un petit coup de langue pour la réconforter, mais elle n'eut aucune réaction. Puis, quand l'homme qu'elle aimait n'était plus visible, elle se tourna et partit, seule.

Un mois passa. Durant ce temps, le couple ne s'était pas vu durant plus de dix minutes consécutives, et ce, malgré les nombreuses tentatives d'Astrid. Elle comptait les jours, attendait patiemment le solstice, dans cet espoir fou où elle les voyait de nouveau réunis et heureux. Ce temps passé lui était douloureux, mais elle avait attendu en silence. Elle refusait de se plaindre, que ce soit par fierté ou par respect pour son chef. Cela faisait partie d'elle, et faire part de sa solitude et sa tristesse à Harold serait comme une défaite – elle se le refusait catégoriquement. Ce silence forcé l'avait refermée sur elle-même, il n'y avait que Tempête pour recevoir son affection. Mais au fil du temps, elle avait abandonné les jeux, au grand malheur de son dragon qui, pourtant, lui restait fidèle et semblait vouloir la consoler. Malgré ses efforts, Astrid était de plus en plus sombre.

Quand ce fut le jour du solstice, la viking se sentait plus légère et, paradoxalement, plus tétanisée. Et puis, au petit matin, elle avait appris la nouvelle : d'autres dragonniers étaient arrivés sur l'île de Beurk dans la nuit. Malgré l'été, elle avait subitement attrapé froid. Elle savait ce que ces nouveaux arrivants signifiaient. Dans la journée, Astrid avait tenté d'approcher son petit-ami, pour lui rappeler, pour se rassurer. Mais tout cela s'était soldé par de nouveaux échecs. À l'heure et au lieu du rendez-vous, elle avait donc attendu. Pourtant, elle savait qu'il ne viendrait pas. Elle espérait.

Il devait avoir simplement oublié, il suffisait peut-être de le lui rappeler pour qu'ils partent ensemble, très loin de ce maudit village. Elle l'avait donc rejoint avec cette idée et une bonne humeur factice.

Après ça, elle n'avait pas souvenir ce qu'elle avait fait. Elle avait totalement conscience de sa douleur et de ses pensées, néanmoins. Un vide l'avait d'abord pris, un immense espace de néant, qui avait été submergé par le désespoir. Sa gorge s'était serrée, l'empêchant de respirer. Tout s'était contracté, elle avait eu l'impression que son corps – son cœur – avait atteint cette rigidité cadavérique. Pourquoi s'accrochait-elle à de faux espoirs ? Pourquoi l'aimait-elle toujours ? Ne pouvait-elle cesser de l'aimer, et cesser de souffrir ? Après le froid paralysant, son corps s'était enflammé. Sa respiration la brûlait de l'intérieur, elle suffoquait. Ses yeux lui faisaient si mal qu'elle doutât revoir, mais elle ne pouvait les garder fermer sous les flots. Sa tête voulait exploser dans ce trop-plein d'émotions. Comment étaient-ils venus à s'ignorer ainsi ? Qu'avait-elle fait ? La fuyait-il ? L'aimait-il encore ?

Ce ne fut que le bruit d'éclats de voix qui lui firent réaliser que depuis plusieurs mètres, elle voyait une lumière improbable dans la forêt en pleine nuit. Comme un papillon, Astrid s'approcha de ce campement improvisé. Elle retombait sur terre de la plus cruelle des façons.

« ... en toute discrétion. C'est fait, alors pourquoi on ne repartirait pas ?

_ Idiot, vous n'avez pas eu tous les ordres. Le Roi Roald veut leur chef, également.

_ Ce gringalet ne nous posera pas problème !

_ Peut-être, mais son dragon, si. Le furie nocturne est agile et rapide, il faudra le neutraliser avant. »

Cachée dans les buissons et les ténèbres, Astrid écoutait, abasourdie. Ils parlèrent un long moment de leur plan, puis ils éteignirent le feu et retournèrent à Beurk sous le couvert de la nuit. Une fois qu'ils furent loin, elle se releva difficilement, son corps était engourdi par son chagrin. Néanmoins, elle ne fit aucun cas de sa douleur physique, et s'élança en courant à travers les bois.

Harold !

J'espère que c'était à votre goût, personnellement j'ai beaucoup aimé.

Pour ce qui est du troisième et dernier chapitre, il sera écrit par nous deux, mais je n'ai pas la moindre idée de quand nous pourrons le faire...