Salut tout le monde !
Voici ma participation au challenge d'août du Collectif Noname, dont le thème était à choisir entre plusieurs :
- "Oups"
- "Faisons Semblant"
- "Votre OTP se rencontre au lycée, à l'université, ou encore à la bibliothèque, ils peuvent être profs, ils peuvent être étudiants."
- « — Non, ce qui est injuste c'est que je ne puisse pas te sortir toutes les phrases bien acides que j'avais préparées. Je pars parce que tu m'as oublié, je boude, je rumine ma rancœur et, quand tu arrives, je n'ai plus rien à dire. Tu es là et je suis heureux. C'est tout et c'est injuste. »
J'ai choisi le troisième parce que je voulais écrire une relation prof-élève, voilà. Et comme c'est moi, n'oublions pas de fourrer avec ça le Coffee Shop AU qui va bien.
Je vais aussi tenter une nouvelle expérience, à savoir "l'écriture en temps réel", autrement dit, je n'écris pas mes chapitres longtemps à l'avance. On verra bien ce que ça donne (à mon avis, des délais faramineux, m'enfin!) Si vous aimez, n'hésitez pas à me le faire savoir dans une review, votre enthousiasme sera probablement la clé de ma motivation !
Aussi, kassedédi à Nalou qui n'a pas hésité un seul instant à me harceler sur l'idée d'une relation prof-élève. J'espère que ça te plaira !
Et pour vous autres lecteurs, n'hésitez pas à venir nous rejoindre dans le Collectif si l'envie vous en prend, je parraine au besoin !
Note : vu que je l'écris au jour le jour, le rating risque de changer au cours de la fic... (si les personnages coopèrent. Sinon, non.)
Sur ce, bonne lecture !
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Ses doigts tremblaient. Les mains crispées sur ses feuilles, une peur innommable au ventre, il entendit son nom résonner dans l'amphithéâtre.
- L'exposé du jour nous est présenté par Will Graham. Mr Graham, merci de vous avancer sur l'estrade.
Pendant quelques instants, Will crut qu'il allait se mettre à vomir de nervosité. Il prit une profonde inspiration, jeta un regard à sa colocataire Beverly assise à côté de lui, qui lui offrit en réponse un petit sourire navré qui ne lui était d'aucun secours, puis observa la cinquantaine d'élèves réunis dans la pièce et le professeur qui se tenait debout sur l'estrade avant de se lever. Le bruit de ses pas sur les marches de bois résonna dans le silence de l'amphithéâtre, et Will arriva devant l'estrade, où se tenait Hannibal Lecter, les mains derrière le dos, l'observant d'un air indéchiffrable.
Will déglutit, et après cinq longues secondes de silence, Hannibal lui montra de la main le pupitre professoral, placé au milieu de l'estrade.
- Vous avez une demi-heure, Mr. Graham.
Un sourire glacial naquit sur le coin droit de sa lèvre, et Will comprit qu'il était complètement fichu.
Tout ça à cause d'une horrible, horrible maladresse.
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La veille, 8h13, Café "Dolce"
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Avec horreur, Will contempla la tâche brune qui grandissait sur le magnifique costume crème à fines lignes rouges d'Hannibal Lecter.
Non, pensa-t-il. NON.
Dans la vie, il y avait certaines gaffes bénignes, dont on pouvait rire ensuite, lorsqu'on les racontait quelques années plus tard. Et puis, il y avait les énormes conneries, celles qui pouvaient aller jusqu'à impacter votre future vie professionnelle.
Dans ce cas précis, elle tombait dans la deuxième catégorie.
Will n'arrivait plus à penser, incapable de réfléchir aux conséquences – désastreuses – que cette tasse de café renversée aurait sur son avenir. Si encore il s'agissait d'un client banal, Will aurait pu bafouiller des excuses à profusion, offrir un scone en dédommagement, et s'en sortir avec peut-être un avertissement, si l'affaire remontait aux oreilles de son manager.
Mais l'homme n'était pas un client banal. C'était le docteur Hannibal Lecter, son nouveau professeur de psychologie criminologique à l'université.
Will n'était même pas certain que le docteur Lecter connaisse son nom ou son visage. Certes, la rentrée avait eu lieu trois mois plus tôt, mais il assistait toujours à ses cours au fond de l'amphithéâtre, et n'était jamais resté ensuite pour discuter avec lui. Lui-même ne connaissait pas grand-chose de Lecter, à part que c'était un bon professeur de psychologie (tous les psychiatres n'étaient pas de bons pédagogues ; lui, il l'était), qu'il était incroyablement canon pour son âge (quarante à quarante-cinq ans, jugeait Will), et qu'il venait parfois boire son expresso matinal dans le petit café proche de l'université où Will travaillait. Le professeur Lecter n'avait jamais paru le reconnaître jusqu'ici, et Will s'en contentait très bien. Il aurait aimé que ça continue.
Malheureusement, il venait de lui renverser sa tasse de café brûlant sur les genoux, et il ne pensait pas s'aventurer trop loin en supposant que ça augurait mal pour le très important exposé qu'il devait présenter dans sa classe le lendemain à peine.
«Merde. Merde. Merde. Merde, Graham.»
- Je… Je suis horriblement désolé, marmonna-t-il en évitant le regard de Lecter. Je vais chercher des serviettes…
- Le mal est déjà fait, répondit le docteur.
Son ton glacial traversa le cœur de Will comme un pic à glace. Il bafouilla :
- Je… Je paierai les frais de pressing…
C'était un costume qui devait probablement valoir le double de son salaire mensuel, et Will était conscient qu'un aller-retour du vêtement chez le pressing l'empêcherait très certainement de manger pendant un mois entier ; néanmoins, si ça pouvait apaiser la colère du professeur qui allait juger son travail le lendemain, ça valait le coup de proposer.
En vain – Hannibal se leva brutalement, la tâche de café horriblement visible sur toute la cuisse droite, et quelques éclaboussures sur la gauche. Son irritation trahie par un petit mouvement convulsif de sa mâchoire, il répondit sèchement :
- C'est un costume qui ne se lave qu'à sec, et je suppose qu'à ce stade, il est irrécupérable.
- Je… Je…
- Merci de votre sollicitude, mais je m'en sortirai tout seul, dit finalement l'homme d'une voix cassante, avant de ramasser ses affaires et de sortir à grands pas du café. La boutique venait de perdre un client, et Will venait de perdre toutes ses chances de réussir un jour dans le domaine de la psychologie.
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Aujourd'hui, 14h07, Faculté Johns Hopkins
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Will déglutit (ce qui était une idée fabuleusement mauvaise quand on avait la gorge aussi sèche et qu'on n'avait pas prévu de bouteille d'eau pour un exposé d'une demi-heure).
- En conclusion, termina-t-il d'une voix rauque, le Chesapeake Ripper tombe dans une catégorie à part, et aucun profil psychologique ne pourra être établi tant qu'on persistera à vouloir le faire rentrer dans des cases préétablies.
Il y eut un silence pour saluer la fin de son exposé, puis quelques élèves se mirent à applaudir ; et pour la première fois depuis qu'il avait commencé, Will osa lever les yeux vers Hannibal Lecter (habillé aujourd'hui d'un costume sombre, peut-être pour éviter les taches inopportunes?). Il s'attendait à voir une expression d'intense mépris ou de sadisme à peine voilé sur ses traits, et attendit, lorsque les applaudissements se turent, la sentence qui ne tarderait pas à tomber comme une guillotine.
C'était tellement bête de voir toutes ses recherches réduites à néant par une simple tasse de café. Will avait travaillé pendant trois mois sur cet exposé, depuis le jour de la rentrée, à vrai dire, lorsque Hannibal Lecter avait assigné les thèmes et qu'il était tombé sur le plus difficile, "Analyse psychologique d'un tueur en série encore en liberté : le Chesapeake Ripper". Beverly avait écopé de John Wayne Gacy, le clown tueur, et Will l'avait suppliée d'échanger avec lui ; l'avantage de Gacy, c'était qu'il était déjà mort, et que c'était toujours plus simple quand le criminel qu'on présentait en exposé ne risquait pas de venir vous achever s'il n'était pas d'accord avec votre vision des choses.
Beverly, bien entendu, n'avait rien voulu entendre, et Will s'était résigné à se plonger dans ses recherches : quitte à faire un travail dangereux, autant le faire bien. Il avait tiré du FBI et de diverses sources tout ce qu'il pouvait tirer, allant jusqu'à parfois enquêter lui-même chez les familles des victimes, et avait monté son propre profil psychologique du tueur en série connu sous le nom de Chesapeake Ripper, qui défrayait la chronique tous les deux ou trois ans, pendant quelques semaines, avant de retomber dans une période d'inactivité.
En l'occurrence, ça faisait un an depuis son dernier meurtre ; Will avait encore une petite marge de sécurité. Et assez étrangement, en cet instant, alors qu'il se tenait sur l'estrade, Hannibal Lecter assis au premier rang à prendre des notes, l'idée de se faire assassiner, démembrer et mettre en scène par le Chesapeake Ripper ne lui paraissait plus si effrayante que ça, comparée à la possibilité de se faire misérablement saquer par le professeur sur qui il avait renversé du café la veille.
Pourtant, lorsqu'Hannibal Lecter se leva, la phrase ne fut pas celle qu'il attendait.
- Merci pour cet exposé, Mr. Graham. Je vous invite à venir me retrouver dans mon bureau après la fin du cours afin que nous puissions en discuter plus longuement.
Incrédule, Will oublia de ne pas le regarder dans les yeux, et plongea dans les pupilles ambrées d'Hannibal Lecter.
- E-Entendu, bafouilla-t-il.
Ce n'était pas la procédure habituelle. Les cours du docteur Lecter se déroulaient toujours de la même façon : sur deux heures, la première demi-heure était consacrée aux exposés, et l'heure et demie restante était pour le cours en lui-même. À la fin d'un exposé, Hannibal Lecter prenait dix minutes pour rendre son jugement, donnait généralement une note, et expliquait à l'élève les points faibles et les points forts de ses recherches.
Il n'invitait pas les élèves dans son bureau après les cours.
Tout en se demandant si c'était de bon ou de mauvais augure, Will remonta les marches, et retourna s'installer à côté de Beverly, qui se pencha aussitôt vers lui, les yeux écarquillés.
- Incroyable, ton exposé ! chuchota-t-elle.
- Reste à voir si Lecter pensera la même chose, soupira Will.
- Il ne pourra pas te saquer après ça. Impossible.
- Je lui ai renversé du café sur les genoux hier. J'ai flingué son costume à deux mille balles. Bon exposé ou pas, s'il peut me saquer, crois-moi, il ne se gênera pas.
Beverly haussa les épaules, et Will allait lui répéter une nouvelle fois en détails la façon dont Hannibal Lecter l'avait horriblement rembarré la veille, lorsque la voix de son professeur, teintée comme toujours d'un accent étranger extrêmement séduisant, appela son nom une nouvelle fois.
- Mr. Graham, vous êtes certainement soulagé de vous être débarrassé de votre exposé, mais je vous demande de rester silencieux, afin que ceux qui s'intéressent réellement au cours puissent en apprendre quelque chose.
Will sentit son cœur s'arrêter dans sa poitrine. Il hocha la tête lentement, et lorsque l'attention d'Hannibal se dirigea sur quelqu'un d'autre, il poussa un profond soupir de désespoir.
- Je suis fichu.
.oOo.
Lorsque le cours prit fin, une heure trente plus tard, Will fut tenté de s'échapper en douce, caché dans le flot des autres élèves qui remontaient les escaliers vers la sortie de l'amphithéâtre, et de quitter la faculté sans passer par le bureau d'Hannibal Lecter ; mais bien évidemment, l'homme devina ses intentions avant même qu'il n'ait eu le temps de songer à les exécuter, et lança :
- Mr. Graham, rendez-vous dans mon bureau.
Pour la millième fois de la journée, Will étouffa un soupir, et Beverly lui tapa sur l'épaule en signe de compassion. Une fois sortis de l'amphithéâtre, la lumière du jour cruelle pour leurs pupilles, Will poussa un grognement.
- Stupide café ! Ce soir, je donne ma démission.
- Et tu te retrouves sans boulot pour payer tes études, fit remarquer Beverly. Et peut-être sans autre possibilité d'avenir, si Lecter décide de te saquer.
- Merci pour ton optimisme, Beverly, grinça Will.
Elle avait raison, c'était ça le pire. Le café serait peut-être la seule chose qu'il resterait à Will une fois que Lecter en aurait fini avec lui. Il poussa un autre profond soupir, en se demandant si ça valait vraiment la peine d'y aller.
- Ton exposé était génial, Will, insista Beverly. Bien plus intéressant que tous les autres.
- Je suis tombé sur un tueur plus intéressant que les autres, répondit Will d'un ton abattu. Le pire, Bev, c'était que c'était passionnant de chercher à en savoir plus sur lui, tu vois ? C'était un travail fascinant, et Lecter, je trouve ses putains de cours fascinants – sauf que maintenant que j'ai renversé cette putain de tasse de café sur lui, je n'ai plus une seule chance.
Ce fut à cet instant, et à l'aide du regard écarquillé de Beverly, que Will se rendit compte qu'Hannibal Lecter se tenait juste derrière lui, à la porte de l'amphithéâtre, et qu'il venait manifestement de tout entendre. Will sentit un frisson glacial lui parcourir le corps et s'attendit à une sentence immédiate, mais l'homme se contenta de jeter à Will un regard comme toujours impénétrable.
- Vous venez avec moi, Mr. Graham ?
Sans attendre sa réponse, Hannibal Lecter commença à s'éloigner, et Will jeta un regard à Beverly, qui haussa les épaules.
- Courage, murmura-t-elle. Je vais acheter des pots de glace au caramel pour te remonter le moral ce soir quand tu seras rentré.
- Prends le format familial, marmonna Will d'un ton lugubre avant d'emboîter le pas au docteur Lecter.
Son bureau n'avait rien de remarquable, à part la quantité phénoménale de livres qui débordaient des bibliothèques placées le long des murs. La plupart étaient en anglais, mais certains étaient en français, en allemand, et même, remarqua Will, en russe et en japonais.
Lecter lui fit signe de s'asseoir dans la chaise en face du bureau, et Will s'installa, mal à l'aise.
- Professeur, commença-t-il, je suis vraiment, vraiment navré pour hier, c'était un accident…
Une lueur d'irritation apparut dans le regard du docteur, et Will se maudit d'avoir ramené le sujet sur le tapis une nouvelle fois – mais l'instant d'après, elle avait déjà disparu.
- Ce n'est pas pour ça que je vous ai fait venir, Mr. Graham.
- Je suppose que ça a tout de même un lien, ne put s'empêcher de dire Will.
- Je vous demande pardon ?
- Vous cherchez une façon polie de me dire que je ne suis plus le bienvenu dans votre cours. Je comprends. Vous n'avez même pas besoin de me le dire de façon polie, vous savez, je m'y attends depuis hier.
Lecter l'observa silencieusement pendant un instant, si intensément que Will eut l'impression qu'un faisceau lumineux venait de se braquer sur lui, puis un léger sourire naquit sur ses lèvres.
- Pour être tout à fait honnête, Mr. Graham, quand je vous ai vu descendre l'escalier de l'amphithéâtre tout à l'heure, et que je me suis rendu compte que vous étiez l'étudiant qui, en plus d'avoir ruiné mon costume préféré, m'a infligé une brûlure au premier degré sur la cuisse hier à peine, je ne donnais pas cher de votre carrière, quoi que vous ayez eu l'intention d'entreprendre.
La respiration de Will se bloqua dans sa poitrine – il ne s'attendait pas à voir ses pires craintes confirmées aussi ouvertement.
- Néanmoins, continua Lecter calmement, votre exposé était absolument brillant. Et vous devez certainement commencer à me connaître, Mr. Graham, vous savez que je ne suis pas prompt aux compliments.
Will hocha lentement la tête – n'importe qui le savait. Hannibal Lecter distribuait les critiques plus souvent que les louanges.
- Donc, vous n'allez pas me renvoyer de votre cours ? demanda-t-il, plein d'un nouvel espoir.
- Non, je ne vous renverrai pas.
Sous le coup de la joie, Will faillit se lever et le serrer dans ses bras, une envie aussi déplacée que surprenante – il n'avait jamais été du genre tactile. Plutôt tout l'inverse. Il croisa les tibias et intercala ses doigts, posés sur ses cuisses, attendant patiemment la suite.
- Je dois dire que votre profil psychologique du Chesapeake Ripper était tout à fait novateur, dit Lecter, et m'a fortement impressionné. Vous avez réussi à utiliser les sources disponibles tout en séparant votre point de vue du leur, et vous offrez un nouveau regard dont le FBI aurait bien besoin.
- Merci ? dit Will d'un ton incertain.
- Votre exposé mérite la note maximale, dit Lecter.
Cette fois, Will sentit son cœur s'arrêter, et fixa le docteur, bouche bée.
- La note… maximale ? Malgré le café et la brûlure au premier degré ?
Un autre sourire apparut au coin des lèvres de Lecter, et il inclina légèrement la tête.
- Je suis prêt à passer l'éponge sur le café et la brûlure. J'ai une proposition à vous faire.
- Je vous écoute…
- Vous devez présenter un mémoire, cette année, n'est-ce pas ?
- Oui.
- En quelle matière ?
- Celle dans laquelle je veux me spécialiser, répondit Will. Je n'ai pas encore vraiment choisi, mais je penchais pour la vôtre… avant le café.
- Oubliez le café. Voici ce que je vous propose : faites votre mémoire sur le Chesapeake Ripper. Votre exposé n'a fait que gratter la surface ; je serais curieux de voir ce que vous pourriez trouver en y consacrant plus de temps.
- Mais… C'est un sujet dangereux, ne put s'empêcher de faire remarquer Will. Il est encore en liberté, au cas où vous l'auriez oublié. Je n'ai pas envie d'attirer son attention sur moi.
Pendant un instant, Hannibal Lecter resta silencieux, son regard braqué sur Will comme celui d'un aigle sur sa proie. Puis il hocha légèrement la tête.
- Bien sûr, c'est à vous de prendre la décision. Mais si ça vous intéresse, je vous propose de superviser votre travail en tant que Maître de Recherches.
- Maître de Recherches ? répéta Will, ahuri.
La rédaction de son mémoire n'était pas censée commencer avant le début du semestre suivant, mais Will savait que la plupart des élèves de son cursus commençaient déjà à rechercher un superviseur ; c'était une tâche notoirement difficile, d'autant que certains professeurs, comme Hannibal Lecter, refusaient tout net de prendre des élèves sous leur aile.
Et voilà qu'il offrait ses services à Will.
- Réfléchissez-y, dit Hannibal en voyant que Will ne répondait pas. Je ne vous demande pas une réponse immédiate. Mais votre exposé était très intéressant, et j'ai déjà consulté avec le FBI sur l'affaire du Chesapeake Ripper. Je pense que nous pourrions mutuellement bénéficier d'une collaboration.
Will aurait aimé pouvoir prendre le temps d'y réfléchir, d'examiner la situation sous tous ses angles, afin de pouvoir peut-être refuser, en fonction de la dangerosité du projet ; mais, et il en revenait toujours à la même chose, il avait renversé du café sur l'homme assis devant lui. S'il disait non, peut-être qu'Hannibal Lecter reverrait ses notes à la baisse, ou l'empêcherait de venir assister à ses cours, et Will avait déjà imaginé tous les scénarios catastrophiques qui découleraient de cette possibilité.
Concrètement : il n'avait pas le choix.
Et puis, pour être tout à fait honnête, c'était une opportunité inespérée.
- J'accepte, finit-il par dire. Merci de votre proposition.
Hannibal se leva de sa chaise de bureau, une expression de satisfaction inscrite sur ses traits.
- Parfait, dit-il gaiement. Vous avez besoin d'un Maître de Recherche, et je déteste laisser filer mes élèves les plus brillants. J'espère que nous ferons du bon travail ensemble, Will.
Il tendit la main vers Will, qui la serra, ébahi ; puis fouilla dans le tiroir de son bureau pour lui donner sa carte de visite personnelle, avec, inscrits dessus, son numéro de téléphone fixe, de téléphone portable, son adresse email personnelle et même l'adresse de sa maison, qui se trouvait au 5, Chandler Square, Baltimore, Maryland – un quartier plutôt cossu, ce qui n'était pas étonnant.
- Nous continuerons à nous voir en cours, je suppose, dit Hannibal avant son départ, mais n'hésitez pas à me contacter si vous en avez besoin, et faites-moi signe quand vous serez prêt à démarrer les recherches. Nous pourrons en parler ensemble et décider dans quelle direction les orienter.
Éperdu de reconnaissance, Will bredouilla des remerciements avant de sortir du bureau, complètement ébahi par l'entretien, qui s'était déroulé à l'inverse de tout ce qu'il avait imaginé.
À peine la carte de visite rangée, il dégaina son téléphone, oublié comme toujours au fond de son sac. Beverly avait pris une photo d'un gros pot de glace et la lui avait envoyée. Il laissa échapper un petit rire, et répondit :
Oublie la glace au caramel, je crois qu'on va plutôt sortir le champagne.
.oOo.
Et voilà. Si vous avez aimé, dites-le moi dans une review ! C'est fou comme elles font monter la motivation en flèche...