Lundi

Je n'avais jamais vu la mer.

C'était assez différent de ce que j'avais imaginé. Plus ordinaire. Moins triste, sans doute.

Bokuto-san y est habitué, mais il a quand même l'air de beaucoup l'aimer. Il m'a traîné sur la plage dès qu'on a posé un orteil dehors. J'ai mis les pieds dans l'eau, et j'ai pensé que ce n'était pas si mal. Que je pourrais rester là quelques jours encore, quelques mois, peut-être.

Bokuto-san, le bruit des vagues. Un endroit pour respirer.

On a joué au volley dans le sable. Il s'est un peu moqué de moi, et je ne peux pas lui en vouloir. Je n'y suis pas aussi bon qu'en salle, mais il n'a pas l'air de s'en soucier.

Mardi

Il parle beaucoup, et de toutes sortes de choses, si bien que je passe parfois des heures à ne rien faire d'autre qu'écouter, et je pourrais l'écouter des années encore, s'il le fallait. Son enthousiasme me rend plus léger.

Il me raconte ses matchs d'entraînement, les camps auxquels il a participé. Il me parle de l'équipe, même si la plupart des joueurs titulaires l'ont déjà quittée. Il a promis qu'il me présenterait à tout le monde.

Je ne le lui avais même pas encore officiellement annoncé. Je me suis dit que c'était sans doute le bon moment.

Sa réaction aurait pu me paraître disproportionnée, si je n'avais pas été aussi heureux que lui. Je crois que tout l'hôtel l'a entendu. Ça ne m'a pas dérangé.

Mercredi

Il me fait rire.

Il n'a pas l'air de trouver ça extraordinaire, mais ça l'est. Je le fais rire aussi, parfois. J'essaye, en tout cas. Il est très premier degré, alors il ne comprend pas toujours — mais quand ça fonctionne, ça fonctionne bien, et c'est pour moi comme une petite victoire, un pas de plus dans un monde qui commence tout juste à se faire familier.

Jeudi

On s'entraîne beaucoup, depuis mardi. Depuis qu'il a trouvé un gymnase qui fait l'affaire, il ne me laisse pas prendre une minute de repos. Il veut qu'on leur montre, à tous — selon ses mots. Pour être honnête, il n'est pas le seul.

Chaque heure qui passe me rapproche un peu plus du moment où je me tiendrai officiellement à ses côtés sur le terrain. L'impatience me rend fou. Le soir, je pense aux prochains matchs, aux prochaines victoires, et parfois je le dis à voix haute, si bien que le rêve, tout doucement, prend des accents de réalité.

Vendredi

Il y a une heure de la nuit où le cœur est un peu moins craintif, un peu plus téméraire, et où il offre à ceux qui veulent bien l'entendre toutes sortes de vérités secrètes.

Je suis resté éveillé longtemps, hier soir. Bokuto-san s'est débattu dans son sommeil. Il a marmonné quelque chose, mais je n'ai rien compris.

J'ai étudié son visage pour ne plus jamais l'oublier. C'est juste une précaution. Les occasions ne manqueront plus, à l'avenir, mais je ne peux pas m'en empêcher. Certaines choses ne changent pas. C'est aussi bien comme ça.

De temps à autre, quand il dort, je murmure des promesses dans les ténèbres. Je suppose que c'est un peu idiot. Je lui dis que je serai toujours là. Qu'il peut compter sur moi. Il ne m'entend pas, mais ça n'a pas d'importance. Je ferai tout ce qu'il faudra pour conserver l'équilibre qui existe entre nous.

Parfois, quand je le regarde, j'ai envie de l'embrasser. Ça non plus, il ne l'entendra pas — pas tout de suite. Un jour, peut-être. Un jour, sûrement.

Samedi

On était assis au bord de la mer et, pour une fois, il ne disait rien. Il s'amusait avec le sable en sifflotant un air qui m'était inconnu. J'ai vu sa mère jouer avec sa sœur, au loin. Je suppose que c'est à ça que ressemblent la plupart des familles. Je les aime bien.

Je les regardais encore quand j'ai dit : « Ma mère m'a téléphoné, il y a quelques jours. »

Il a penché la tête. « Ah ?

— Je lui ai un peu parlé de toi. »

Il a affiché un petit sourire satisfait. Évidemment.

« Qu'est-ce qu'elle a dit ?

— Rien. Je ne crois pas qu'elle m'écoutait.

— Tu vas la revoir ? »

Ça ne m'était même pas venu à l'esprit. « Non.

— D'accord. »

Il n'a rien ajouté. Je m'attendais à ce qu'il pose des questions. Je lui devais bien des réponses, alors j'ai dit : « Je peux te parler d'elle, si tu veux. »

Je devais avoir l'air hésitant. Je l'étais un peu. Il a secoué la tête.

« C'est toi qui dois le vouloir, pas moi. »

Comme il n'avait pas tout à fait tort, j'ai haussé les épaules. Il a paru ailleurs un moment.

« Tu sais, Akaashi, a-t-il fini par déclarer, on n'est pas obligés de tout se raconter. C'est normal de vouloir garder des trucs pour soi, des fois. »

Ma sœur m'avait dit la même chose. Mais je n'ai plus envie de mentir, même par omission.

« Ce que je veux dire, c'est que ça ne changera rien. Tu peux m'en parler plus tard, ou bien jamais. Pour moi, c'est du pareil au même. On est déjà amis, et... »

Il a cherché ses mots, puis a passé une main dans ses cheveux. Il fait ça, parfois, quand il est embarrassé. Ça ne lui arrive pas souvent.

« Ça ne changera rien, a-t-il répété, parce que je sais déjà qui tu es, tu vois ?

— Voilà qui est un peu présomptueux de ta part.

— Un peu quoi ? De toute façon, c'est pas le sujet. Je... »

Je l'ai interrompu d'une main sur l'épaule.

« J'ai compris, ai-je dit. Merci, Bokuto-san. »

Il m'a souri.

Je suis chez moi, maintenant, mais j'y pense toujours. Je le revois quand je ferme les yeux. Je le reverrai lundi encore, et tous les jours qui suivront, parce que je rentre bientôt au lycée — parce que je vais jouer à Fukurodani.

J'ai tellement hâte d'y être.

C'est la meilleure chose qui me soit jamais arrivée.

Dimanche

J'ai rêvé de lui.

Quelqu'un me disait qu'il l'avait vu voler. J'étais sur un radeau, naviguant sur une mer étale, puis il était là, assis les pieds dans l'eau, ses grands yeux fixes posés sur mon visage. Il tenait mon cœur dans le creux de ses mains. Ça m'a un peu rassuré.

J'ai pensé que je devais dire quelque chose, mais il m'a souri. Il a dit : « Je te connais. »

Et c'était vrai.


it's done ! DONE ! Mes amis, what a ride, je sais pas si je m'en remettrai

Merci d'avoir lu cette fic et merci pour le soutien de toutes les revieweuses (et revieweurs) pendant sa publication. Ça m'a vraiment aidée à mener ce projet à terme. Tant qu'on y est, special thanks to : Thalilitwen pour le soutien indéfectible et ses reviews incroyables et sa présence en général, Aeli pour les WW et l'écoute de complaintes depuis des mois là lol et puis Divenah pour être restée au rendez-vous si longtemps, tes reviews ont vraiment embelli mes journées, et à Tsurugi354, Bo's Saeko, Kiruagonchan, Titou Douh, ambrecleo et Rin-BlackRabbit et globalement tous ceux qui sont repassés régulièrement au début ou à la fin, I love y'all, you deserve the world

Merci pour votre lecture, on se retrouve ailleurs, si ça vous dit. Pour l'instant c'est Celles qui restent et l'égaré, bc as much as I like Bokuaka I also really like Akaoi... my bois... mais qui sait, j'fais semblant que le Bokuaka me saoule mais on sait tous ce qu'il en est en vrai hahaha wait for it my guys.

J'espère que vous avez apprécié votre lecture et qu'on se reverra bientôt !