Bon matin, Bonjour, Bonsoir, Bonne nuit !
COMMUNICATION
Chapitre 1- Je suis Lio
Aie... Ma tête me fait mal... Qu'est-ce... Où suis-je ?! Je me redressai soudainement sur le lit où j'étais allongée... À l'odeur, je dirais une infirmerie... J'entendis une petite voix et regardai en sa direction pour... pour voir Coco ! Je me précipitai vers lui et le pris dans mes mains. Coco est un petit écureuil brun avec des petites nuances rouges au bout de sa queue et de ses oreilles.
- Coco ? Ça va ? lui demandais-je doucement.
Il me répondit qu'il allait bien, je soufflai de soulagement... Mais où est-ce que j'étais ? Coco me demanda également où on était mais je lui répondis que je n'en savais absolument rien. Il s'installa sur mon épaule et je vis un hublot... Un hublot ? Dans un bâtiment ? Les hublots étaient seulement sur... Oh non ! Je me précipitai vers le hublot, me mis sur la pointe des pieds pour voir la mer à perte de vue... Oh merde... J'y crois pas... On est en mer... En mer ! Putain ! Coco se mit aussi à pester... Je te comprends mon ami, mais là...
Maintenant le plus urgent c'est de savoir sur quel bateau on est... Marine ou Pirate ? Ou encore marchand ? Dans tous les cas... Je ne serai jamais...
Je regardai vers la droite et vis un miroir... Je m'en approchai pour m'observer plus attentivement... Mes cheveux blonds-roux étaient coiffés en deux fines tresses qui me descendaient sur chaque côté. Mon front normalement dégagé était caché par un bandage, faisant le tour de ma tête... J'ai dû me cogner quelque part... J'étais toujours vêtue de mes vêtements : donc d'un pantalon large serré aux chevilles beige et d'un haut qui s'accrochait à l'aide de sorte de bouton également beige... Les rebords et aux coudes (puisque les manches de mon haut sont remontés jusqu'à ces derniers), aux chevilles et au col étaient verts. C'était des vêtements pas très communs, mais c'était les seuls que j'avais. Puis je regardai mes yeux... Mes yeux rouges. En plus, qu'ils soient rouges, mes cheveux clairs les faisaient ressortir ! Je regardai encore un peu le miroir avant de détourner le regard... Puis :
- Coco ? le questionnais-je.
Il remuait son museau en l'air. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Puis soudainement il sauta de mon épaule et commença à courir vers la porte.
- Attends Coco ! m'exclamais-je.
Je le poursuivis et il réussit à sortir de l'infirmerie. Pourquoi il sort ?! J'ouvris la porte et regarda les couloirs, j'entendais Coco, je savais où il allait, où il était, mais... Je mis un pied dehors, pas très assuré et me mis à sa poursuite. Pas trente-six-milles solutions ! Bordel ! Les couloirs sont grands ! Je sens encore Coco ! Je continue ma course ! Je me sens de moins en moins sûre... Je vois Coco devant une porte, il s'apprête à la passer ! Je cours vers lui et trébuche tout en l'attrapant dans ma chute entre mes mains. Sans que je le remarque, je me retrouve sur un pont, à plat ventre, avec Coco dans mes mains. Je tourne Coco vers moi.
- Mais pourquoi t'es parti ? marmonnais-je.
C'est alors que je regarde un peu plus loin et vois un homme immense assis sur un siège, entouré de beaucoup de personnes... Oh non... Je regarde à gauche, à droite, beaucoup de personnes ! En moins de deux, je me retrouve derrière l'encadrement de la porte et les regarde furtivement, me cachant comme je le peux... Oh putain... Dans quoi je me suis embarquée ?
- Père, c'est la fille qu'on a repêchée, dit l'un des hommes.
L'homme sur le siège ne fait que hocher de la tête et me fixer... Ça ne me rassure pas alors pas du tout ! Mais attendez ! Il l'a appelé «Père», de ce que je sache il n'y a qu'un équipage qui se considère comme une grande famille et c'est... Oh non ! Je regarde vers quelqu'un d'autre, oh non... Le symbole... C'est celui de Barbe Blanche, donc l'homme assis sur son fauteuil c'est lui... À l'aide...
Coco était redevenue calme et s'accrocha à mon épaule pour observer furtivement cette assemblée... Ils ne sont pas au complet... Mais ils sont beaucoup !
- Approche, gamine... fit-il, doucement.
Je déglutis en me cachant davantage... Oh non... Je suis très mauvaise mais alors je suis une pourriture dans les contacts avec autrui ! Merde, merde, merde, merde ! Je ne pouvais pas me retrouver sur un bateau avec un équipage de deux personnes ou une seule ou avec personne ? Merde ! La plupart des pirates me regardent et se demande sûrement pourquoi je ne m'avançais pas... Mais parce que je ne peux ! Je ne peux pas avancer devant tellement de personnes ! Je déteste être le centre de l'attention ! Que quelqu'un... Non... Je ne peux pas demander l'aide de quelqu'un si cette personne ne peut même pas m'approcher... Plutôt je ne supporterais pas la distance... Je me recroquevillai davantage dans mon coin. Je ne peux pas sortir... Mes yeux se fermèrent. Je ne peux pas !
Une main se posa sur mon épaule ! Je sursaute, me décale comme possible et trébuche pour atterrir sur le cul ! C'est qui ?! Je redresse mon visage apeuré vers une femme... Elle semble surprise par ma réaction, ses yeux bleus sont légèrement écarquillés et ses cheveux bruns descendent en cascade dans son dos. Elle est qui ?!
- Calme-toi, petite... Je suis une infirmière, j'ai pansé tes blessures, me dit-elle doucement.
Je reculai davantage en la voyant s'avancer, mais elle s'arrêta en voyant sa non-progression.
- Tu t'appelles comment ? me demanda-t-elle doucement.
- L... L... o... Li... Li... Li... Lio... réussis-je à répondre malgré mes tremblements.
- Lio, c'est ça ?
J'hochai doucement de la tête.
- Pourquoi tu ne sors pas venir voir Père ? Il veut juste discuter avec toi, tu sais. Il ne te veut aucun mal, me sourit-elle.
Sinon il m'aurait déjà tué ! Je reculai encore et Coco agrippa ses petites mains à mon col et le tira. Je regardai vers lui, tout en m'éloignant de l'infirmière un minimum. Il me dit alors que je ne pourrai pas éviter la case «Barbe Blanche»... Merde !
- Tu as peur de quelque chose ? me demanda l'infirmière.
Je dirigeai mon regard effrayé vers elle. Je ne pouvais pas avancer en public, près de personnes, cela m'était impossible.
- J... Je... peux pas... répondis-je.
- Pourquoi tu ne peux pas ?
- Tr... Tr... Trop... de... per... pers... perso...
- Personnes ? Trop de personnes ? me questionna-t-elle, en me coupant la parole. Tu es timide, mais ce n'est pas une raison... Tu as vécu quelque chose de choquant avec les hommes ?
Je niai de la tête, en entourant mes jambes de mes bras. La tête basse, je lui répondis :
- Avec les humains...
Elle parut effaré par ma réponse.
- Tu n'arrives pas à établir un contact avec les humains ? me demanda-t-elle.
Je niai de la tête. Elle se redressa et s'approcha rapidement de moi ! Je me relevai rapidement pour m'éloigner d'elle le plus possible et trébuchai à nouveau, pour tomber sur les fesses, mais cette fois-ci... L'infirmière me tint par le poignet... Oh non ! Je dégageai rapidement mon poignet, tombai sur les fesses et m'éloignai le plus possible, jusqu'à rencontrer un mur.
- Je vois... Même pour t'aider... Tu n'arrives pas à établir de contact...
Mais pourquoi elle me comprend autant ? Je ne sais pas si c'est rassurant ou pas ! Elle s'éloigna doucement de moi, tout en continuant de m'observer.
- Je vais aller voir ce que je peux faire, restes ici, m'ordonna-t-elle avant de partir.
Hein ? Qu'est-ce qu'elle va essayer de faire ? Coco tira sur mon col et me dit d'aller voir par l'entrebâillement de la porte... Je déglutis et m'avance lentement vers la porte, pour regarder... Je vois l'infirmière devant Barbe Blanche.
- Donc qui y a-t-il ma fille ? lui demande le géant.
- Elle s'appelle Lio, mais elle a du mal avec les humains, répondit naturellement l'infirmière.
- Avec les humains ? demande un homme, identifier comme Marco le Phénix.
- Oui, elle a trébucher et quand je l'ai rattrapé, soupira-t-elle avant de continuer, elle s'est tout de suite dégagée pour tomber et se reculer.
Je déglutis à nouveau... J'observais furtivement leur échange... Même Coco observait.
- Je vois... Si elle ne peut pas venir, alors je vais lui parler dans ma cabine, dit le géant en se levant.
Je me tendis d'un coup ! Barbe Blanche voulait me parler ! Et comme je ne pouvais pas sortir il voulait que j'aille avec lui dans sa cabine ? Oh... Merde ! Et comme il se dirige vers la porte avec l'infirmière, j'imagine... Coco se mit à me tirer à mon col et je m'éloignai de la porte pour me cacher derrière un mur. Maintenant je comprends aussi pourquoi tout est si grand. Mais à quoi je pense ?! Je suis dans une situation bien plus problématique ! Barbe Blanche passa la porte avec l'infirmière et elle regarda dans tous les coins avant de me voir derrière le mur, je me cachai davantage.
- N'aie pas peur, Lio, me dit-elle.
Je ne sais pas quoi dire...
- Lio, père voudrait s'entretenir avec toi, comme tu ne pouvais pas sortir, il a décidé que vous alliez parler dans sa cabine, c'est bien, non ?
Je tente de me cacher davantage, mais l'infirmière s'avance vers moi ! Je me bloque et recule avant d'à nouveau tomber sur les fesses. Ma putain de maladresse...
- Lio, père veut juste parler avec toi, j'ai bien compris que t'as du mal avec les humains, mais père est quelqu'un de très compréhensif, me rassura-t-elle.
Je relevai les yeux vers elle, puis vers le père de ce navire... Il n'avait rien de dangereux dans son regard, il avait même un regard compatissant ou désolé... Coco me dit qu'on devait aller lui parler et qu'on n'avait pas le choix, puis il sauta de mon épaule pour aller sur celle du pirate.
- Coco ? demandais-je.
Il me dit de venir. Je déglutis et me relevai, pour hocher de la tête. Un sourire apparut sur le visage de l'infirmière.
- Je suis Marie, je vais t'accompagner jusqu'à la cabine de père, d'accord ?
J'hochai de la tête et Barbe Blanche ouvrit la marche, pour être suivit de l'infirmière et moi, enfin... Je gardais un joli écart entre nous... Le pirate ouvrit alors une porte et s'y engouffra, Marie me fit signe d'y rentrer et elle partit. J'inspirai profondément avant de rentrer dans la cabine et de refermer la porte, Coco revint sur mon épaule et je lui caressai le sommet de sa tête.
- Alors Lio ? Comment t'es-tu retrouvé à la dérive ? me demande-t-il.
Je reste près de la porte et me souviens d'une tempête... Mais une tempête déchirante... Un éclair et je sursaute. Je regarde vers l'empereur avant de détourner du regard.
- Je me souviens d'une tempête... J'avais quitté mon île natale... répondis-je, vaguement.
- Et pourquoi avoir quitté ton île ?
- Parce...
Tout me revint... Des premières moqueries, au dernier harcèlement. Je m'appuyai contre le mur et baissai la tête en me tenant le bras tremblant.
- Je...
Coco me dit alors que si je ne pouvais pas le dire, que je ne le dise pas. Je soufflai pour tenter de calmer mes tremblements, sans succès.
- Je ne veux pas en parler... réussis-je à articuler.
Barbe Blanche ne fit qu'hocher de la tête.
- Alors je vais te demander pourquoi le contact humain t'effraye ? me demanda-t-il.
- Il ne m'effra... tentais-je.
- Ne me mens pas, Marie m'a bien expliqué et tu m'en as fait une belle démonstration avant, me coupa-t-il.
Je baissai la tête.
- J'ai longtemps vécu loin des villes... Je ne sais plus... comment vivre avec les autres... marmonnais-je, en baissant la tête.
- Et pourquoi t'as vécu loin des civilisations ?
- Pourquoi ça vous intéresse tant ? répliquais-je, avec un regard non-assuré.
- Tu te trouves sur mon navire, au moins jusqu'à la prochaine île, le mieux s'est de bien s'entendre. C'est pour ça que je te pose des questions, alors ?
- Parce que je suis différente... marmonnais-je.
Il leva un sourcil, j'ai répondu à sa question, mais ça ne doit pas être très compréhensif.
- J'ai vécu loin des civilisations parce que je suis différente... répétais-je.
- Et en quoi l'es-tu ? me questionna-t-il.
- Je... Je peux parler... avec les animaux... et mes... yeux sont... rouges... balbutiais-je.
Coco me dit que j'avais bien parlé et que le reste devait bien se passer, je lui caressai nerveusement la tête.
- Je vois, dit-il en buvant dans sa chope, mais tu n'auras pas le choix, va falloir que tu restes ici pendant pas mal de temps.
- Com... Combien ? demandais-je.
- Je crois que ce sera deux semaines encore jusqu'à la prochaine île.
Génial...
- Mais maintenant la question est, où tu vas dormir, ajouta-t-il.
- Hein ?
- La nuit va bientôt tomber donc il va falloir que tu dormes quelque part.
Oh bordel... Ils ne peuvent pas me balancer à l'eau ? Ma mort sera peut-être moins douloureuse...
- Voyons, sur notre dernière escale, nous avons fait le plein de provisions et avons en plus de ça, remplis les cabines qui devaient être vides... Et je ne pense pas que tu veuilles dormir à côté de provisions, me dit-il en riant légèrement. Le contact humain t'effraye, alors Marco serait le plus préférable.
Marco ? Marco le Phénix ? Je ne connais qu'un seul Marco.
- Po... Pourquoi ? demandais-je, légèrement inquiète de me retrouver avec un homme.
- Il est le plus calme et avec lui tu n'as pas besoin de parler beaucoup.
- Ma... Mais...
- Ne t'inquiètes donc pas, il est très compréhensif par rapport à ton soucis, me dit-il avant de crier, Marco !
Oh non... Coco tenta de me réconforter comme possible, mais c'était peine perdue... À l'aide ! La porte s'ouvrit, étant juste à côté de moi, je vis Marco rentrer de son air nonchalant... à deux centimètres de moi ! Je fis un saut pas possible sur le côté, en lâchant un petit cri ridicule et me retrouver au sol, pour m'éloigner le plus possible. À plusieurs bons mètres, je tentai de calmer ma respiration effrénée.
- Oui, père ? demanda-t-il, comme si ma réaction était normal.
