Titre :Quand l'amour est plus fort que la haine
Disclaimer : On vous le rappelle, rien ne nous appartient ici excepté l'histoire et les OC.
Rating :M
Catégorie : Famille et Angst
Bêtas correctrices, auteures et lectrices : Sheilaellana / Kwycky / Dustin Potter Hoffman Snape / Lilipbdlgb69
Idée initiée par : Dustin Potter Hoffman Snape
ATTENTION : Cette fic peut contenir des passages violents, grossiers, choquant et ne convient donc pas aux âmes sensibles. Aussi on est giga fan de Yaoi/Slash/BL, homophobes s'abstenir.
Réponses aux reviewers anonymes :
Juliana : Hey ! C'est l'intrigue qui veut une telle attente. Nous ne pouvons pas tout mettre dans un seul chapitre, ce serait trop facile. En tout cas, nous espérons que la suite de l'histoire te plaira. Merci pour la review.
Moonsnape : Nous te remercions sincèrement pour la review et te souhaitons une bonne lecture.
SnapePotter : Merci pour le commentaire. Nous espérons que la suite te plaira.
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Quand l'amour est plus fort que la haine
6
La souffrance du maître des potions
« Avoir souffert rend tellement plus perméable à la souffrance des autres. »
Abbé Pierre
Harry avait les mains moites et le cœur qui battait la chamade. Il était inutile de faire semblant. Il était stressé et à un degré de stress si élevé qu'il manqua plusieurs fois de s'évanouir le long du chemin qui menait aux appartements du professeur de potions.
Il était devant l'entrée, se demandant s'il fallait retourner à la tour ou en finir une bonne fois pour toute avec cette histoire. Il appartenait à la maison gryffondor mais aujourd'hui, il était clair et net, qu'il avait perdu toutes les qualités qui faisaient de lui un lion. Lui qui avait si vivement protesté face au Choixpeau quant à son choix de maison, le voilà qui ressemblait présentement plus à un serpentard qu'à un des élèves dont McGonagall avait la charge.
Il s'apprêtait à frapper lorsque l'entrée s'ouvrit d'elle-même, dévoilant ainsi un vieil homme à la longue barbe blanche, habillé de la robe la plus jaune qu'il ait jamais vu de toute son existence. Il plissa les yeux, agressé par la couleur extravagante de la robe du directeur, qui l'observait de ses yeux bleus perçant, qui ne pétillaient pas à cet instant.
— Ah ! Harry, fit Dumbledore. Tu es venu voir Severus, je suppose.
Pourquoi l'adolescent n'était-il pas étonné de constater que le directeur savait pour le maître des potions et lui ? Y avait-il seulement quelque chose sur cette terre que le vieux citronné ne connaisse pas ?
Il préféra ne pas s'attarder sur ces pensées. Il aurait bien voulu poser quelques questions au directeur mais il comprit instinctivement que ce n'était pas le bon moment pour s'insurger face au silence énigmatique du vieil homme qui attendait apparemment qu'il réponde. Il était ici pour Snape et c'était du directeur de Serpentard qu'il attendait des réponses quant à leur situation "familiale". Au final, il ne pouvait se permettre de les poser au vieux sorcier.
— Oui.
— Puis-je te demander une faveur ?
Le jeune gryffondor plissa légèrement les yeux, intrigué. Qu'allait-il encore lui inventer ?
— Cela dépend de quoi il s'agit, professeur.
— J'aimerais que tu restes calme quand tu lui parleras. Ne crie pas, ne fais pas de gestes brusques. Severus est fiévreux et a mal à la tête. Je ne voudrais pas que tu le fatigues trop, il est assez malade comme ça. Je sais que vous avez tous les deux des divergences d'opinions mais je te prierai de garder ton calme cette fois-ci.
Harry était surpris, c'était la première fois qu'il apprenait que Snape était malade. Dans sa tête, c'était le genre de personne dont le caractère était parfois tellement désagréable que même les microbes et les virus passaient leur chemin pour ne pas subir de représailles. Dans l'esprit d'Harry, son professeur de potions avait été l'exemple type d'une personne inébranlable, invincible. Comme un parent, l'aurait dit certain, puisque les enfants avaient tendance à avoir ce genre de raisonnement, mais le Gryffondor refusa de lier les mots parents et Severus pour le moment.
— Je ferai attention, monsieur le directeur.
— Bien. Sois sage et ne le malmène pas, Severus nous est précieux, à toi bien plus qu'à d'autre d'ailleurs.
Le survivant voulut réfuter cette affirmation mais il n'en eut pas l'occasion, puisque Dumbledore lui tournait déjà le dos et marchait d'un pas assuré dans la direction opposée. Il le vit piocher dans sa poche et retirer un de ses chers bonbons au citron qu'il aimait tant, le déballer et le mettre dans sa bouche.
Le jeune Potter - Snape, lui susurra une voix dans l'oreille - soupira lourdement, la pression revenant le heurter de plein fouet une fois le silence revenu. Les pas du directeur de Poudlard n'étant plus audibles de l'endroit où il se trouvait. Il regarda la porte entrouverte des quartiers de "sa mère" avec désespoir, mais se décida à avancer malgré tout.
D'un pas qui se voulait silencieux, il passa la porte, observant les lieux avec un oeil curieux cette fois-ci, plutôt qu'ayant pour but de semer le chaos mais s'attendant tout de même à voir débarquer son professeur de potions tout d'un coup pour le renvoyer tête la première dans le couloir.
Il n'en fut rien et il leva les yeux pour voir le ciel artificiel qui l'avait accueilli la dernière fois, actuellement sombre et nuageux, comme si un orage violent, des torrents de pluies glacés avaient envahi le ciel qui dehors pourtant, était ensoleillé et clair. Il se demanda vaguement pourquoi le plafond ne reflétait pas la météo du jour, puis glissa ses yeux sur le sol et les tables parsemés de bouquins et de feuilles volantes, une ambiance morose stagnant dans la pièce semblant avoir vu passer un ouragan.
Parce que vraiment, c'était un bazar sans nom.
Dumbledore avait peut-être raison, Snape devait être malade pour devenir si désordonné. Il essaya d'atteindre le couloir qui menait aux chambres sans marcher sur ce qui traînait, grimaçant quand le parquet se mettait à grincer. Ses yeux lançaient d'ailleurs des éclairs à ce dernier l'air de dire "mais chuuuuteeuh !". Mais rien à faire, en atteignant la porte fermée de la chambre du directeur des Serpentard, il devait déjà être repéré.
L'air penaud malgré lui pour avoir causé du bruit, il passa le bout de son nez dans la chambre, ses yeux s'écarquillant aussi gros que deux souafles lorsqu'il vit sa mère, couché dans son lit, en position foetale autour d'un oreiller, ses cheveux emmêlés déployés autour de sa tête comme une auréole sombre. Du visage de Severus Snape, on n'apercevait que son oreille, dépassant de dessous le bout du coussin qu'il tenait serré contre lui comme à sa ligne de vie. Ou comme une grosse peluche mais ça, il ne fallait pas le dire. Il avait l'air presque fragile, ainsi allongé dans un pyjama de fortune composé d'un tee-shirt trois fois trop grand et d'un pantalon soulignant la finesse des membres de son géniteur.
Son corps, comme guidé par une force inconnue, le fit se mouvoir en direction de la forme immobile, son pied se prenant dans un livre abandonné sur le sol. Il trébucha en avant, s'étalant de tout son long, sa tête manquant de justesse le bout du lit. Sa tête percuta son bras à son grand soulagement, qui s'effaça vite en voyant de la où il se trouvait, son porteur se redresser comme sur ressort dans son lit, les yeux flous et sauvages, apeuré, cherchant dans la salle un quelconque danger avant de tomber sur deux grands yeux verts le regardant d'en bas. Un bref air de soulagement passa dans les traits du maître des potions, qui disparut rapidement, comme n'ayant jamais été là.
Severus essaya de foudroyer son fils du regard, ne parvenant qu'à ressembler à un bambin malade à qui on aurait arraché sa sucette, les yeux humides, fiévreux et les sourcils froncés.
Un grognement agacé s'éleva tout de même de sa gorge, plus rauque que usuellement.
La voix du serpentard sortit de sa bouche comme un murmure, puisqu'il avait apparement la voix cassé, comme d'avoir trop crié.
— J'espère que vous avez une bonne raison d'être là, sinon vous pouvez repartir sur le champ. Je n'ai pas le temps pour vos discussions sans queue ni tête. Je...
Harry le coupa, toujours sur le sol, ayant sûrement l'air d'une tête de lit, même si n'étant pas une peau d'ours.
— Je suis désolé mam-professeur, se reprit-il rapidement. Pour ce que j'ai dit la dernière fois, je n'aurais pas dû, je m'excuse. Je...
— Tais-toi et relève toi plutôt, tu n'es pas une carpette même si tes cheveux ressemblent à un balai serpillère.
Severus ne fit aucune remarque sur le mot qu'avait failli dire le jeune homme, mais se prit à serrer son oreiller de plus belle, enfouissant sa tête dedans en soupirant de fatigue.
Des images passèrent devant ses yeux, le faisant trembler et réprimer un gémissement de terreur, camouflé par un grognement bougon, mais Harry vit bien son malaise grandissant et se mit à bafouiller pour remplir le silence devenant pesant.
— Merci pour l'aide lors de l'épreuve des dragons. Quelle qu'elle ait été, je suppose que je préfère ne pas avoir fini digéré par les sucs gastriques de ce Magyar à Pointes ou en steak humain.
— Ton balai, murmura sa mère.
— Pardon ?
L'homme aux cheveux longs releva légèrement la tête, regardant Harry dans les yeux.
— Ton balai. Je t'ai envoyé ton balai, puis je t'ai fait monter dessus avec un sort de mon cru, mais je me demande maintenant encore comment tu as fait pour ne pas remarquer que tu étais la seconde d'avant sur le sol, ton balai loin hors d'atteinte.
— J'étais plutôt distrait par le fait d'avoir un dragon aux fesses et d'être sous la pression. Celui qui m'a introduit dans ce tournoi doit m'en vouloir beaucoup, parce que j'aurais pu y rester. Comme si j'avais pas assez d'ennuis comme ça...
Severus hocha distraitement la tête. Il enquêterait là-dessus un peu plus tard mais pour l'instant, il n'était pas en état de réfléchir correctement. Il tenta tant bien que mal de cacher les tressaillements de son corps mais cela ne passa pas inaperçu auprès du gryffondor qui l'observa avec une inquiétude sincère.
— Est-ce que ça va ? demanda Harry, se mettant à genoux sur la moquette, les mains à plat sur le matelas, puisqu'il n'avait pas bougé quand Severus le lui avait demandé tout à l'heure.
— Vous devriez vous en aller, Potter, dit Severus d'une voix rauque.
Harry s'apprêtait à protester lorsqu'il entendit soudainement un vrombissement sourd. Il leva les yeux sur le plafond et vit que le ciel artificiel était devenu beaucoup plus menaçant que tout à l'heure. Ça brassait en tous sens au-dessus de leurs têtes, tandis que la température de la pièce baissait dangereusement et que l'air se chargeait en humidité.
Harry se demanda ce qui était en train de se passer. Il posa son regard sur le maître des potions et vit que ce dernier s'était recroquevillé au fond de son lit, le dos collé contre le mur, tremblant de tous ses membres.
— Professeur ?
Soudain, un violent coup de tonnerre, fort et sec éclata faisant sursauter le survivant. Un éclair flasha dans le ciel gris métallique vers lequel il avait reporté ses yeux une fois de plus. Il ne manquait plus que le bateau qui tanguait et la mer déchaînée pour l'emporter au plein cœur d'une tempête.
— Professeur ? murmura-t-il, hésitant.
Il s'avança vers son professeur de potions, tendant la main vers lui. À peine toucha-t-il l'épaule de l'homme que ce dernier se mit à hurler comme un fou, ses mains venant couvrir sa tête, roulé en boule plus qu'il ne l'était déjà avant, comme pour se protéger.
— Noooon ! Pitié ! Je vous en prie, pitié ! supplia-t-il, des larmes roulant sur ses joues. S'il vous plaît…
Harry regarda le directeur des serpents, abasourdi. De violents coups secs éclatèrent à nouveau et les éclairs répondirent quelques secondes plus tard.
— Pitié… Pas ça… s'il vous plaît…
Severus s'effondra sur le sol de sa chambre, allongé, le corps secoué par de violents spasmes. Il était pris d'intenses convulsions et hurlait si fort qu'il soit probable qu'il devait être entendu dans tous les cachots si ce n'était dans toute l'école.
Harry regarda l'homme souffrir, décontenancé et impuissant. Il ne savait pas ce qui était en train de se passer et n'avait aucune idée de ce qui était en train d'arriver au maître des potions mais il sentit son cœur se briser sensiblement dans sa poitrine face à cet horrible spectacle.
Les tonnerres se succédaient sans interruption, des vrombissements sourds et graves, qui auraient fait blêmir le plus grand des barytons. Les éclairs s'entremêlaient rosâtres sur le fond gris du ciel en colère. Harry leva à nouveau les yeux sur cette puissance de la nature, s'avancer tel le bruit de pas des sabots des chevaux au galop.
Un vent magique sortit d'on ne sait où et balaya la pièce d'une rafale puissante qu'Harry eut du mal à se maintenir debout.
Un hurlement de souffrance glaça le sang d'Harry qui se précipita vers sa mère. Il blêmit en constatant à quel point le serpentard devait souffrir. La douleur, semble-t-il, était très intense et de le voir se débattre avec sa souffrance fut déchirante.
— Noooon…je vous en supplie… éclata Severus en sanglots.
Les gémissements de Severus se firent entendre dans toute la pièce, faisant écho aux coups de tonnerre qui ne cessaient de gronder. La douleur était horrible et touchait à l'extrême limite des souffrances qu'un homme était capable d'endurer.
Harry sortit de son état de confusion et sortit précipitamment de la chambre pour aller chercher de l'aide. Mais à peine eut-il franchi la porte de la chambre qu'il se retrouva de nouveau nez à nez avec Dumbledore et cette fois-ci, le vieil homme ne se trouvait pas seul. En effet, il était accompagné de la directrice de maison des lions, du directeur des aigles et de l'infirmière de l'école.
Harry s'écarta pour laisser passer ses aînés qui se hâtèrent dans la chambre du maître des potions qui ne cessait de hurler, de supplier et de pleurer depuis tout à l'heure.
Poppy sortit sa mallette de médicomage et la posa sur le lit.
— Vite, Minerva !
McGonagall se hâta aux côtés de sa collègue et prit les fioles qu'elle lui plaçait dans les mains.
— Filius ?
— J'essaie mais il combat le sortilège, répondit le professeur d'une voix tendue.
Le professeur de sortilèges et d'enchantements tenait sa baguette pointée sur le maître des potions, psalmodiant des sorts qui ne semblaient pas fonctionner car depuis qu'il était entré dans la pièce, il avait changé de sortilèges au moins trois fois et affichait une mine exaspérée et quelques fois énervée.
Il se tourna vers Dumbledore, un air affligé sur le visage.
— Je n'y arrive pas. Aucun des sortilèges ne fonctionne et il est impossible d'atteindre son esprit dans une telle situation, dit-il.
Les voilages suspendus aux fenêtres virevoltaient sous le vent. Le ciel artificiel semblait faire un concert en harmonie avec les hurlements de douleur de Severus. Harry n'entendait plus le directeur de Serdaigle ni les autres professeurs, c'était comme si son cerveau lui avait ordonné d'isoler les cris de douleur pour ne plus se concentrer que sur eux, horribles et déchirants.
Il était totalement captivé et ne pouvait détacher son regard de cet homme qui se débattait avec sa souffrance intérieure. Il sentit des larmes couler lentement sur ses joues tandis que son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, manquant quelques battements aux cris du serpentard.
Le ciel obscurci, les nuages s'avançaient, aguerris, et tout d'un coup, des gouttes de pluie se déversèrent brutalement dans la pièce, trempant tout sur son passage. Une averse violente venait de s'abattre, venant d'on ne sait où.
Le corps de Severus se tendit tel un arc d'archet et poussa un énième hurlement qui fit frissonner tout le monde d'horreur. Ils virent avec effroi du sang se répandre sur le sol.
— Oh Merlin ! s'exclama McGonagall, les yeux révulsés par l'horreur de la situation.
Pomfresh sortit sa baguette magique et fit léviter le corps du maître des potions sur le lit avant de le ligoter grâce à des liens puissants.
— Non ! Ne faîtes pas ça ! lança Filius.
Poppy amorça un mouvement pour se tourner vers le directeur des bleus et se retrouva violemment plaquée contre le mur de la chambre, sa tête heurtant la paroi dure.
— Poppy !
Minerva se précipita vers sa collègue et l'aida à se lever tandis que Dumbledore et Flitwick se hâtèrent au chevet de Severus qui avaient détruit les liens qui l'entravaient quelques secondes plus tôt.
Snape se débattit tout en suppliant et Filius se remit à psalmodier alors qu'il le maintenait fermement allongé sur le lit avec l'aide du directeur qui était aussi pâle qu'un cadavre. On avait l'impression qu'il était sur le point de tomber dans les pommes. Il se mit à psalmodier à son tour pour mettre un peu plus de puissance dans le sort du directeur de Serdaigle mais cela ne fonctionna pas et ils essuyèrent un nouvel échec.
Poppy s'approcha avec une fiole de potion qu'elle fit avaler de force au professeur de potions et attendit quelques minutes que le liquide fasse effets mais rien. La situation, au contraire, semblait empirer de minute en minute.
— Rien, gémit-elle.
— Si nous ne le sortons pas de là au plus vite, nous le perdrons, Albus, prévint Filius d'une voix grave.
— Nous devrions le transférer à Ste Mangouste. Nous ne sommes pas compétents pour ce genre de chose. Il a besoin de spécialistes, dit Minerva.
— Nous ne pouvons pas l'envoyer à Ste Mangouste. Cela peut être dangereux pour lui, répliqua Dumbledore.
— Ce qui est dangereux c'est de le laisser dans un tel état, Albus ! Ni vous ni moi ne sommes compétents pour ça à cause de votre entêtement ou de votre bêtise, nous perdrons Severus et cette fois pour de bon ! s'énerva la directrice adjointe de l'école. Avez-vous si peu de considération pour cet enfant ? Pensez donc un peu à lui et transférons-le à Ste Mangouste.
— Que croyez-vous donc, Minerva ? Je partage votre douleur et sachez que je tiens à Severus autant que vous, si ce n'est plus ! C'est à lui que je pense, tous les jours, et si je ne le transfère pas à Ste Mangouste c'est pour des raisons de sécurité ! Nous ne pouvons nous permettre d'ébruiter cette histoire. Si jamais cela venait à se savoir, c'est le monde sorcier tout entier qui en pâtirait et vous mieux que quiconque le savez ! Au-delà de la vie de Severus qui se trouverait en danger, des milliers d'innocents perdraient la vie.
— Albus, le pressa Pomfresh, nous devons faire quelque chose et au plus vite !
Le corps de Severus était secoué par de violentes convulsions et une sorte de mousse blanche se mit sortir de sa bouche. Poppy attrapa la langue de Severus pour qu'il ne puisse pas la mordre ou s'étouffer avec.
— La légilimancie, dit Albus.
— Vous n'y songez tout de même pas, fit Filius, horrifié.
— Nous n'avons pas d'autres choix.
— Vous pourriez vous perdre dans son esprit et la souffrance prodiguée par ses souvenirs pourraient grandement vous affecter, expliqua le professeur de sortilèges.
— Sans avoir vu ses souvenirs, je suis déjà affecté, Filius, confia Albus, affligé.
— C'est de la folie, Albus ! Il ne s'agit pas que de cela. Il y a une forte possibilité que vous l'affectiez encore plus en pénétrant aussi violemment dans son esprit. Severus est un occlumens et même si ses barrières sont tombées, il n'en reste pas moins un maître dans ce domaine et je suis sûr qu'il a placé des protections puissantes dans son esprit. Même dans cet état de faiblesse, il pourrait vous blesser.
— Je suis prêt à courir le risque, assura Dumbledore.
Harry s'avança en pleurs vers le lit où se tenait le maître des potions maintenu fermement allongé par Dumbledore et Flitwick.
— Monsieur Potter…
Le directeur fit signe à Minerva de se taire et s'éloigna du directeur de Serpentard, très vite imité par Flitwick. Severus se débattait encore et encore contre les fantômes de son passé, aussi, il ne vit pas son fils qui s'était installé sur le lit. Il sursauta brusquement lorsqu'une main se posa sur la sienne.
— C'est moi… maman. C'est Harry.
Cela allait-il marcher ? Il n'en avait aucune idée. Il voulait simplement arrêter la souffrance de sa mère et ce par n'importe quel moyen. Il n'en pouvait plus de l'entendre hurler et supplier. Ce n'était pas cet homme-là qu'il avait connu lorsqu'il était entré à Poudlard. Severus Snape était un homme fort et intouchable et pourtant, à cet instant, il paraissait aussi faible et vulnérable qu'un bébé qui venait de naître.
Et il se rendit douloureusement compte qu'il ne connaissait pratiquement pas le maître des potions.
— C'est Harry, je ne te veux aucun mal. Je ne t'en ferais pas, je te le promets. Jamais.
La voix d'Harry eut quelques effets car Severus commença à se calmer tout doucement.
Quelque part au-delà de l'arc-en-ciel
Bien plus haut
Et les rêves dont tu as rêvés
Un jour dans une berceuse
Quelque part au-delà de l'arc-en-ciel
Les oiseaux bleus volent
Et les rêves dont tu as rêvés
Ces rêves se réaliseront
Les convulsions cessèrent peu à peu et la respiration de Severus devint moins saccadée. Harry prit la main du maître des potions et la serra tendrement dans la sienne poursuivant sa berceuse.
Un jour je ferai un souhait en regardant une étoile
Je me réveillerai là où les nuages sont loin derrière moi
Où les ennuis fondent comme des gouttes de citron
Haut au-dessus des cheminées, c'est là que tu me trouveras
Quelque part au-delà de l'arc-en-ciel les oiseaux bleus volent
Et le rêve que tu oses faire, pourquoi, oh pourquoi pas moi?
Les sanglots de Severus se transformèrent en hoquets et Dumbledore fit signe à Poppy de reprendre son travail. Elle hocha la tête et sortit une potion calmante ainsi qu'une potion de sommeil sans rêves qu'elle fit avaler à l'homme.
Oui, je vois les arbres verts
Et les roses rouges aussi
Je les verrai pousser pour toi et moi
Et je me dis en moi-même
Quel monde merveilleux
Le maître des potions était complètement calmé, aussi, Harry s'autorisa un soupir de soulagement et put éclater en sanglots à son tour. Voir Severus aussi fragile et mal en point l'avait ébranlé au plus haut point.
— Venez avec moi, monsieur Potter, l'intima gentiment sa directrice de maison.
Il secoua la tête, refusant de laisser sa mère.
— Le temps que Poppy se charge de vérifier que tout va bien pour Severus, Filius et Albus de mettre des protections sur lui, ajouta-t-elle.
Il accepta à contrecœur et lâcha la main de Severus qui poussa un faible gémissement. Il alla attendre dans le salon avec sa directrice de maison qui fit apparaître une tasse de thé et quelques biscuits.
— Non, merci, refusa-t-il poliment.
— Vous avez besoin de reprendre des forces, monsieur Potter, le réprimanda-t-elle avec tendresse. Et estimez-vous heureux que je ne vous oblige pas à aller rejoindre vos camarades dans la Grande Salle.
— Qu'est-ce qu'il a, professeur ? s'enquit-il, préférant changer de conversation. Que lui est-il arrivé pour le mettre dans un état pareil ?
— Ce n'est pas à moi de vous le dire, répondit-elle. Si vous souhaitez avoir des réponses, vous devriez les demander à votre mère.
— Savez-vous qui est mon père ? questionna-t-il, tentant sa chance.
Minerva pâlit brusquement à la question du jeune homme. C'était comme si il lui avait demandé à quoi ressemblait l'enfer.
— Professeur, je vous en prie, dîtes-le-moi. Je crois avoir droit à une réponse. S'il vous plaît, dîtes-moi qui est mon père et pourquoi ma mère se trouve dans un tel état ? Pourquoi voulez-vous me cacher la vérité ? s'énerva le gryffondor. J'y ai droit comme tout le monde alors pourquoi me tenez-vous dans l'ignorance ?
— Nous ne le faisons pas par gaieté de cœur, mon garçon, intervint Dumbledore. Comme l'a dit ton professeur de métamorphose, ce n'est pas à nous de te dire quoi que ce soit. Si tu veux des réponses, pose tes questions à la personne concernée mais pour l'instant, je te conseillerais Harry, d'être patient. Comme tu as pu le voir, Severus n'est pas en état d'avoir une telle discussion avec toi. Il est inutile de le blesser à nouveau. Laisse-le un peu de temps et en attendant, prends soin de lui, tu veux ?
Harry acquiesça simplement. Il était las de se battre pour une cause déjà perdue par avance. Il allait devoir prendre son mal en patience. Encore une fois.
— Pourrais-je aller le voir ?
— Bien sûr, répondit Dumbledore. Tu peux rester avec lui autant de temps que tu le souhaites. Je viendrais vérifier toutes les deux heures, comment va ta mère.
Harry se leva abruptement du fauteuil dans lequel il s'était installé et courut presque dans la chambre du maître des potions qui avait subi un sort de séchage après la tempête qu'elle avait essuyé tout à l'heure. Il pénétra à nouveau dans la pièce et leva les yeux vers le plafond. Le ciel était moins sombre, beaucoup plus clair. Il ne montrait qu'un ciel pluvieux et calme. Bien loin de la tempête déchaînée et orageuse de tout à l'heure.
Il s'approcha lentement de sa mère et dévisagea les traits crispés du maître des potions. Il s'assit sur le bord du lit et prit la main de Severus dans la sienne. Aussitôt, les traits de son visage s'adoucirent considérablement. Il remarqua que l'homme portait un autre pyjama et supposa qu'il avait été changé par l'infirmière puisque le précédent était tâché par du sang.
— Il va s'en sortir ? demanda-t-il.
— Il sera remis sur pieds d'ici un jour ou deux et pourra à nouveau terroriser ses élèves, répondit Poppy.
Harry hocha la tête, soulagé.
— Merci.
— C'est grâce à vous qu'il va mieux. Votre présence lui fait beaucoup de bien, dit-elle.
Poppy posa une main réconfortante sur l'épaule d'Harry avant de quitter la pièce aux côtés de Flitwick. En quelques minutes, Harry se retrouva tout seul avec le directeur des Serpentard dans ses appartements. Il contempla le visage de l'homme aux cheveux d'un noir corbeau et se fit une raison. Snape était sa mère. Son seul parent encore en vie à sa connaissance car il ne savait pas si son père était mort ou pas.
Vu la réaction des adultes qui l'entouraient à chaque fois qu'il voulait savoir l'identité ou la situation de son père, il se dit que ça ne devait pas être une très belle histoire et la crise de sa mère n'améliorait pas ses espoirs. Severus et son père avaient-ils été attaqués ? Est-ce que les plaintes, les supplications et les cris terrifiés, de douleur et de peine de sa mère résultaient de ce genre d'évènements ? Est-ce que son père n'était plus de ce monde ? Est-ce que quelqu'un avait blessé ses parents ? Cela avait-il un rapport avec sa naissance ou expliquait-il peut-être pourquoi il avait été abandonné étant bébé ?
Seul son professeur de potions pouvait répondre à toutes ces inquiétantes questions, qui allait le hanter, le peiner et le torturer jusqu'à ce qu'il sache la vérité. Il doutait parfois vouloir vraiment savoir ce qui s'était passé. Il avait déjà eu une enfance peu joyeuse, sa scolarité à Poudlard ne se passait pas très bien avec tous les évènements perturbateurs qui sortaient de nulle part et venaient le trouver.
Qu'est-ce qui allait encore lui tomber sur la tête ?
Comment avez-vous trouvé ce nouveau chapitre ? Selon vous, quelle serait l'identité du père d'Harry ? Une petite idée ? Qu'est-il arrivé à notre cher maître des potions ?
Nous vous disons à bientôt pour un autre chapitre.