Traduction de la fanfiction "Scratch the Surface" de Melody Harper, publiée avec sa permission.
Il s'agit de la suite de l'épisode 21 de la saison 10, "Mr. Scratch" (ou Peurs enfantines en VF). Je déconseille donc fortement la lecture de cette histoire si vous ne l'avez pas encore vu. Ce serait vous gâcher un des meilleurs épisodes (si ce n'est le meilleur) de la série.

Sur ce, bonne lecture !


- Maintenant, je sais de quoi tu as peur…

Le revolver s'abaissa et son viseur s'ajusta sur Hotch. Amenant droit sur lui l'ignoble trou au centre du canon.

- Non !

Il se retourna, se recroquevillant devant la balle qui allait arriver... devant le rire suffisant qui s'élèverait ensuite... devant la douleur, le choc, et l'état de somnolence précédant la mort qui s'ensuivraient.

- NOOOON !

-o-o-o-

Hotch plongea le visage dans ses mains en écoutant Rossi le pousser à cracher le morceau.

Etrange terminologie… "cracher le morceau"… pas la meilleure manière d'encourager quelqu'un à parler. Dave ne voulait pourtant pas le laisser en paix.

Il ne savait pas comment commencer. Rossi semblait penser que c'était commencer qui importait. Mais il se trompait.

Aaron savait ce qu'il avait vu et ce que cela signifiait. Il refusait simplement de l'admettre. Laisser les mots prendre leur envol, les laisser sortir, cela rendrait réel ce qu'il existait de pire. Cela faisait des mois, des mois et des mois qu'il s'efforçait de le nier. Il l'avait enterré si profondément qu'il pouvait fonctionner au quotidien sans que personne ne se rende compte de rien.

Cependant, avec les images que l'unsub avait dénichées et personnalisées, à la fois pour son propre plaisir et pour le tourment du Chef d'Unité, ce dernier ne pouvait l'ignorer plus longtemps.

Hotch ne voulait pas le dire. Il ne voulait pas que Rossi le sache. Ni qui que ce soit d'autre, d'ailleurs. Il rêvait de pouvoir l'extraire de son cerveau avant de l'écraser d'un coup de talon. L'aplatir au sol afin que ce ne soit plus qu'une simple tâche qui partirait à la prochaine averse.

Seulement, c'était là. C'était une part de lui.

Et, à présent, quelqu'un d'autre le savait.

Hotch s'attendait à ce que Peter Lewis force les agents à le tuer lors de l'arrestation. Il l'espérait. Il le voulait. Encore un autre secret qu'il lui faudrait garder. Lewis savait ce qui terrifiait secrètement le chef d'unité. Pour cela, Hotch avait souhaité sa mort.

Lewis le savait. Il savait à quel point le chef d'unité voulait être l'unique gardien de sa plus grande peur. Il savait ça, et il savait ce que Hotch craignait le plus. Lewis emportait avec lui la connaissance de ce qu'il existait de pire chez Aaron Hotchner. Se riant de lui jusqu'au bout.

Hotch regarda droit devant lui, fixement. Cela ne servait à rien de se couvrir le visage. Il ne pouvait plus se cacher de lui-même, désormais. Il désirait la mort d'un homme, et ce, parce qu'il ne voulait pas que qui que ce soit ait connaissance de cette petite trace de lâcheté présence au plus profond de son âme.

Il avait peur. Pas que son équipe meurt. Non, rien de si honorable.

Et pas non plus du fait qu'il aurait pu lui-même tuer l'un d'eux. Rien de si altruiste.

Ce qui terrifiait Hotch, c'est comment ils avaient été tués. ils avaient été touchés. Dans le cou. Chacun d'eux, sans exception.

Exactement comme Reid l'avait été plusieurs mois auparavant, quand ils faisaient face à un réseau de corruption rampant parmi les forces de l'ordre d'une ville du Texas. Hotch n'avait jamais révélé à quiconque combien la vue du sang s'échappant de la jugulaire entaillé de son plus jeune agent l'avait affecté.

Il n'avait laissé personne soupçonner la manière dont, pendant des jours, son cœur s'emballait et cognait contre ses côtes chaque fois qu'il voyait la gaze et le sparadrap qui pansaient le cou de Reid.

Depuis lors, chaque fois que Hotch enfilait le gilet pare-balle, il devenait particulièrement conscient de la vulnérabilité de son cou, comme si celui-ci appelait à être pris pour cible.

Et parce qu'il avait plus peur pour lui que pour son équipe…et parce qu'en prison se trouvait quelqu'un qui souriait avec suffisance en le sachant aussi… Hotch se sentait lâche.

Pour la première fois de sa vie. Ouvertement, horriblement… lâche.

Il ne pouvait pas en parler à Dave. Il ne pouvait pas l'enterrer à nouveau au fond de lui.

Et il ne pouvait pas vivre avec…


Je vous donne rendez-vous demain pour la suite, car je vais suivre le rythme de publication original et mettre un chapitre par jour.

Je voulais profiter de cette NdA pour rappeler que je suis aussi Bêta lectrice. Donc si vous voulez une relecture, une correction, de l'aide pour l'écriture ou une traduction, n'hésitez pas à me contacter.

A demain !