DISCLAIMER : Tous les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à JK Rowling.
Rating : M+18
Genre : romance / slash / Yaoi
Cette histoire est dédiée à Brigitte26, en remerciement pour sa fidélité et sa gentillesse.
Même si les gares si les regards
Indifféremment nous séparent
De plus en plus souvent
Même si se tiennent ta main la mienne
Pour la fin des temps que nos vies deviennent
Celles de tous les gens
Quoi qu'il advienne restons amants
Restons amants des impatiences
Des minutes qui sont comptées
Des trésors de ruse et de science
Pour se retrouver
Restons amants des corps à corps
Des peaux qui savent où se trouver
Laissons les coeurs qui battent encore
L'un à l'autre mêlés
La petite mort
L'éternité...
(Maxime Le Forestier – Restons Amants)
Epilogue - Cinq ans plus tard
- Ethan…
- Harry, mon cœur, s'il te plaît…
- N'essaye pas de me prendre par les sentiments Ethan, tu sais que ça ne marche pas.
- Bien sûr que si, ça marche. Sinon tu ne serais pas avec moi…
- Oui… je me demande d'ailleurs bien pourquoi j'ai fini par te céder, souffla Harry.
- Par amour, petit cœur. Par amour…
- Ethan…
- Oui mon petit cœur ?
- Il faut que j'y réfléchisse. La dernière fois que j'ai pris une décision pareille, c'était sur un coup de tête dans les toilettes d'un bar et je m'en suis mordu les doigts pendant des mois ! Plus question de refaire la même erreur. Alors, on en parle à ton retour, ok ?
- Ok… j'attends depuis un an. Je suppose que je peux encore attendre trois jours.
- Merci Ethan.
- Pas de quoi. A bientôt petit cœur.
Clic.
Harry soupira en reposa le combiné du téléphone sans fil.
- Encore lui ? questionna une voix traînante depuis la porte de la cuisine. Qu'est-ce qu'il te voulait ?
- Toujours la même chose. Qu'on ouvre un troisième Book&Coffee. A Pimlico, cette fois. Mais j'hésite vraiment.
- Pourquoi ? Le concept fonctionne bien, non ?
- Oui, celui de Covent Garden a directement fait un carton mais souviens-toi de celui de Regent's Park ! Il a fallu des mois avant qu'il ne devienne rentable.
- Hm… oui mais maintenant, sa fréquentation dépasse pratiquement celle de Covent Garden. Ça vaut peut-être la peine d'essayer. Pimlico est un quartier huppé… il y a peut-être une clientèle pour ce genre de chose.
Harry se glissa dans les bras de son compagnon, respirant son odeur rassurante. Il sortait à peine de la douche, ses cheveux étaient encore humides et il terminait de boutonner sa chemise.
- Qu'est-ce que je ferais sans toi Draco ?
- Des conneries, c'est sûr.
Ils s'embrassèrent amoureusement, Draco appréciant le goût du café sur la langue de Harry.
- Il a vraiment besoin de t'appeler au saut du lit l'autre enflure ? demanda-t-il en s'asseyant à la table de la cuisine et en tartinant un toast de confiture de myrtilles.
- Draco… combien de temps encore vas-tu faire semblant de le détester ?
- Ce connard t'a vu nu Harry. Je le détesterai à vie.
Harry leva les yeux au ciel en riant. Même si ce n'était pas le grand amour entre eux, il savait que Draco, à tout le moins, avait fini par tolérer Ethan.
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Un an après avoir emménagé à Paddington avec Draco, Harry faisait un tour du côté de Covent Garden comme à son habitude. Il avait alors remarqué que la librairie d'Ethan était en vente. Intrigué, il n'avait pas pu résister à l'envie de pousser la porte et d'en savoir plus.
Ethan avait été plus que surpris de le revoir. Ils s'étaient installés dans l'arrière-boutique si familière à Harry et avaient discuté un long moment autour d'un café. Harry avait ainsi appris que Lydia l'avait quitté peu après sa sortie de l'hôpital, qu'il avait terminé ses études et qu'il allait prochainement occuper un poste de chargé de cours à l'Université d'Edimbourg. La concurrence des grandes enseignes affectant la rentabilité de la librairie, il avait finalement décidé de s'en séparer. Harry avait été un peu embarrassé de lui avouer qu'il travaillait dorénavant pour une de ces enseignes qui enterraient progressivement les petites boutiques de quartier.
- Tu devrais trouver un autre concept, avait dit Harry. Quelque chose qui attirerait plus de clientèle ou une clientèle différente. Un café littéraire par exemple…
- L'idée est bonne, je l'admets, avait répondu Ethan. Mais impossible à mettre en œuvre et à gérer en même temps que mon poste d'enseignant si loin de Londres.
- Hm… je comprends. Il te faudrait trouver un associé. Ce qui n'est pas simple, c'est vrai. Bien… Je vais y aller. Ça m'a fait plaisir de parler avec toi Ethan. Je te souhaite bonne chance pour la suite.
- Merci… ça m'a fait plaisir de te revoir aussi. Et même si c'est un peu tard, je voudrais que tu saches que je suis vraiment désolé.
- Je te crois. Tout va bien tu sais. Je suis rapidement passé à autre chose.
Ce n'était peut-être pas utile d'ajouter « rapidement » mais Harry avait voulu faire savoir à Ethan qu'eux deux, c'était de l'histoire ancienne.
- Draco ? avait demandé Ethan.
- Oui. On vit ensemble depuis un an. Et je suis heureux. Vraiment très heureux.
- Tant mieux. Je suis content pour toi.
Ethan s'était dandiné d'un pied sur l'autre avant d'ajouter :
- Tu sais… même si je n'avais pas merdé avec Lydia, on… il t'aurait pris à moi de toute façon. C'était évident… vous deux, c'était évident… je ne me faisais aucune illusion.
- Sans doute, avait admis Harry.
Ils s'étaient quittés sur ces mots et Harry avait repris le cours de sa vie sans plus y penser. Jusqu'à ce qu'il trouve Ethan devant lui, une semaine plus tard, dans un des rayons de Waterstones.
Sans ambages, il lui avait demandé de devenir son associé pour transformer la librairie en café littéraire. Harry avait repoussé son offre mais il avait bien dû admettre que l'idée était dangereusement tentante et surtout, déjà en train de faire son chemin dans sa tête.
Il avait mis trois jours avant d'oser en parler à Draco. Son aveu avait d'ailleurs été le prologue à leur plus grosse dispute à ce jour. Draco, dont la jalousie et la possessivité n'avaient pas faibli, l'avait accusé de le tromper. Des mots durs avaient été échangés, au terme desquels le blond avait lancé un ultimatum : si Harry s'associait à Ethan, lui passait la porte pour ne plus jamais revenir.
Enervé par l'attitude de Draco et sa propension à vouloir contrôler sa vie, Harry avait accepté la proposition d'Ethan le lendemain. Le soir, à son retour du travail, il avait trouvé l'appartement vidé de la présence de Draco.
Le sol s'était effondré sous ses pieds. Jamais, il n'avait imaginé que Draco mette sa menace à exécution. Paniqué, il avait téléphoné à Blaise, puis à Rose pour savoir s'ils avaient des nouvelles de Draco et s'ils savaient où il était. Aucun des deux n'était toutefois au courant de quoi que ce soit.
Draco n'était pourtant pas bien loin. Il avait pris une chambre à l'hôtel, le même que celui où il avait passé ses premières journées quand il était arrivé dans le monde moldu.
C'est là que Blaise l'avait trouvé, en larmes mais bien décidé à ne plus jamais remettre les pieds à Paddington tant que ce crétin de gryffondor s'y trouvait.
Aux grands maux, les grands remèdes. Blaise avait réussi à convaincre sa sœur de revenir à Londres et tous les deux avaient entrepris la mission à haut risque « faire entendre raison à ces deux idiots bornés ». De longues discussions, des menaces, du chantage et une rencontre « fortuite » plus tard, ils y étaient parvenus. Draco avait admis que sa réaction était disproportionnée et Harry que Draco avait toutes les raisons de se méfier d'Ethan.
Leurs retrouvailles avaient été à la hauteur de leur crainte mutuelle d'avoir perdu l'autre pour toujours. Ils s'étaient promis de ne plus jamais se quitter, promesse faite sur l'oreiller et qui valait ce qu'elle valait mais qui, cinq ans plus tard, n'avait toujours pas été rompue.
Finalement, après avoir accepté qu'Harry tente l'aventure du café littéraire avec Ethan, Draco était devenu son premier et plus fervent soutien. Il avait compris qu'Harry ne partageait plus avec son ex qu'un amour immodéré pour la littérature ainsi que l'esprit d'entreprendre.
Le Book&Coffee de Covent Garden avait directement été un succès. Tant et si bien qu'un soir où ils étaient en train de boire un verre au Termini, Draco et Harry avait vu débouler un Ethan surexcité : il tenait en main un exemplaire du Times qui renseignait la boutique comme « le » lieu littéraire du moment. Ils avaient fêté ce succès à coups de prosecco et c'est un Harry légèrement grisé qui était descendu aux toilettes satisfaire à l'appel de la nature. Tandis qu'il se lavait les mains, une idée complètement folle lui avait traversé l'esprit : il allait ouvrir un deuxième café et il savait déjà où. Quelques jours auparavant, il avait repéré un local commercial à louer non loin de Regent's Park. Ce serait parfait !
Ethan était enchanté. Draco, plus mesuré, avait néanmoins soutenu l'idée.
Les débuts avaient cependant été très difficiles. Harry n'en dormait plus, mortifié à l'idée d'avoir engagé non seulement ses fonds mais une partie de ceux de Draco dans une affaire qui n'était pas rentable. Draco avait essayé de le raisonner, lui expliquant qu'il était normal de faire moins de bénéfices avec cette boutique, pour la simple et bonne raison qu'elle avait nécessité beaucoup plus d'investissements que l'autre. Le Book&Coffee de Regent's Street avait en effet dû être complètement aménagé, à l'inverse de Covent Garden qui avait seulement dû faire l'objet de quelques transformations.
Et Draco avait vu juste. Six mois plus tard, le café était en bénéfices et pas des moindres. Depuis lors, Harry lui faisait aveuglément confiance pour ce qui concernait la gestion financière de la société.
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Donc, si son compagnon estimait qu'ouvrir une troisième enseigne à Pimlico était une bonne idée, c'en était une !
- Je vais rappeler Ethan et lui dire que…
- Par pitié, laisse-moi finir de déjeuner en paix. Et laisse-le mariner quelques jours, ça ne lui fera pas de tort…
- Draco…
- Et, une bonne fois pour toutes, dis-lui d'arrêter de t'appeler mon petit cœur !
- Mais… que… ? Comment… ?
- Comment je le sais ? Parce que tu rougis à chaque fois qu'il le fait. Et aussi parce qu'il parle suffisamment fort dans le téléphone pour que je l'entende de l'autre côté. A croire qu'il le fait exprès.
- Bien sûr qu'il le fait exprès. Il continuera tant qu'il verra que ça t'énerve.
- QU'IL ARRETE ! cria Draco dont le regard s'était considérablement assombri.
Harry se prit la tête entre les mains.
- Draco, sérieusement… Ethan est marié. Il a une fille. Je crois qu'il est vraiment passé à autre chose.
- Il était presque marié quand il couchait avec toi. Alors pardonne-moi si je ne lui fais pas confiance.
- Et moi Draco ? soupira Harry. Quand me feras-tu confiance ?
Il avait dit cela d'un ton tellement las que Draco comprit qu'il était allé trop loin. Il glissa promptement en bas de son tabouret, contourna le comptoir et se plaça derrière Harry. Il lui entoura les épaules de ses bras, enfouissant sa tête dans son cou.
- Je suis désolé, dit-il.
- Tu l'es toujours.
- Je sais. Je n'ai pas d'excuse si ce n'est la peur irrationnelle que tu me quittes.
- Le mot est là : irrationnelle.
Harry se retourna pour faire face à son compagnon.
- Tu es ce qui m'est arrivé de mieux dans la vie, Draco. Et tu me rends heureux au-delà de toute mesure. Mais tu dois accepter que j'ai d'autres sources de satisfaction : mon travail, mon amitié avec Ethan et Elisabeth, mon...
- Ton affection pour Madeleine.
- Oui. Tu sais que j'ai toujours aimé les enfants. Qu'Ethan me demande d'être le parrain de sa fille m'a vraiment fait plaisir. Alors s'il te plaît, fais un effort.
Draco hocha la tête. Il savait très bien à quoi pensait Harry en ce moment. Au fond de lui, il avait toujours gardé le secret espoir que Ron finisse par lui demander d'être le parrain de son fils. Mais il ne l'avait jamais fait.
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Comme ils se l'étaient promis, Harry et Hermione s'étaient donnés des nouvelles plus régulièrement. Si les courriers de Harry étaient à son image, simples et efficaces, ceux d'Hermione étaient empreints d'un enthousiasme forcé. Elle se perdait en banalités pour masquer le fait que Ron manifestement, n'avait toujours pas dépassé son « problème » avec l'orientation sexuelle de son ami.
Après le faire-part annonçant la naissance de Célia, la fille de Ginny et Ernie, les courriers s'étaient espacés jusqu'à ce qu'un matin, un hibou grand-duc vienne déposer un parchemin couleur crème entre les mains de Monsieur Harry Potter et son compagnon.
Intrigué, il avait défait le lien magique autour du rouleau pour constater qu'il s'agissait de l'invitation au mariage de Ron et Hermione. Harry en avait été extrêmement heureux. Cela ne voulait dire qu'une seule chose : Ron et lui étaient sur la voie de la réconciliation. Il avait donc rapidement répondu qu'il serait présent avec plaisir, ainsi que son compagnon.
Draco avait très mal pris le fait qu'il réponde à sa place, et sans même lui en parler.
- Comment veux-tu que j'aille à ce mariage Harry ? Je suis censé être mort ! Bon sang, ça t'arrive de réfléchir avant d'agir ?
- Mais il n'y aura aucun problème ! Il suffira que tu prennes du polynectar…
- Il est hors de question que je prenne l'apparence du premier moldu venu rien que pour assister au mariage de la belette !
- Et pour accompagner l'homme que tu dis aimer ?
Harry avait dit cela avec une infinie tristesse dans la voix.
- Harry…
- Non, Draco. C'est bon. Je dirai que tu as eu un empêchement de dernière minute. Ou bien que tu es malade.
- Harry, attends, avait dit Draco en le retenant par le bras, voyant qu'il allait quitter la pièce. Tu… tu sais que c'est dur pour moi de retourner dans le monde magique…
- Ça l'est tout autant pour moi !
- Peut-être mais toi tu n'es pas mort ! Pour moi, non seulement c'est dur mais en plus, c'est dangereux !
- Pas si tu es sous polynectar !
- Je… je ne veux pas. Je ne veux pas tu te montres en couple avec quelqu'un qui n'est pas moi…
Harry avait levé les yeux au ciel, exaspéré.
- Ça t'arrive de penser à quelqu'un d'autre que toi de temps à autre ?
- Mais…
- Ça ne t'est pas venu à l'esprit que si j'ai envie que tu sois avec moi ce jour-là, ce n'est pas pour parader avec un bel homme à mon bras mais parce que j'ai besoin que tu sois là ? Parce que j'ai besoin de t'avoir à mes côtés ? Quelle que soit la couleur de tes yeux, de tes cheveux, que tu sois petit, grand, gros ou mince, moi j'aurais su que c'était toi. Toi et personne d'autre.
Il s'était dégagé brusquement de la prise de Draco, le laissant consterné par ce qu'il venait de dire.
Ils n'avaient plus reparlé du mariage jusqu'au jour de la cérémonie. Harry s'était vêtu avec soin d'un des multiples costumes que Draco avait créés pour lui : pantalon noir, veste cintrée noire également mais à doublure violette, avec une chemise, une cravate et une pochette assortie.
Il allait transplaner dans une ruelle voisine quand une main l'avait retenu.
- Tu crois que je peux encore t'accompagner ?
Harry avait fixé avec étonnement l'homme qui se tenait devant lui. Il avait la taille et la stature de Draco. Il avait le même nez et le même menton en pointe, la même peau diaphane, la même lèvre inférieure légèrement plus charnue que l'autre. Il avait les mêmes dents blanches parfaitement alignées excepté la canine gauche, un peu de travers.
Mais ses cheveux étaient châtains, ses yeux noisettes et il avait une barbe de trois jours.
- Mais… que… ?
- Pas de polynectar. Juste un sortilège de coloration des cheveux et des yeux. Tu crois que ça suffira ?
- Ça suffira amplement. Personne ne pourra deviner que c'est toi.
Avec un sourire mirobolant, il avait saisi fermement la main de Draco et ils avaient tous les deux transplané au Terrier.
Sur place, ils avaient été accueillis avec enthousiasme par Ginny, Molly et Arthur. Tous les trois avaient salué chaleureusement celui qu'Harry leur avait présenté comme étant Alexander, un sorcier américain retiré dans le monde moldu. Aucun ne semblait avoir fait le lien avec feu l'héritier Malefoy.
Ginny avait ensuite emmené Harry et Alex voir Hermione. La petite brune avait été folle de joie de revoir son ami qu'elle avait longuement serré dans ses bras avant d'être réprimandée par Ginny car ses pleurs faisaient couler son maquillage. Elle avait cordialement salué Draco-Alex mais ce dernier n'avait pas manqué de noter son sourire crispé. Harry, tout à sa joie d'être là, n'avait rien remarqué.
Il n'avait par contre pas pu nier l'accueil assez frais réservé par le futur marié. Ron, entouré de ses témoins, Zacharia Smith et Dean Thomas, s'était immédiatement raidi en le voyant arriver main dans la main avec un autre homme. L'accolade qu'il avait faite à Harry était maladroite et c'est à peine s'il avait tendu la main à Draco.
La cérémonie avait été sobre mais émouvante. Durant la réception, Harry avait évidemment monopolisé l'attention. Beaucoup voulaient savoir ce qu'il devenait et quand il allait revenir parmi les siens. Sa réponse avait été invariablement la même : il s'était construit une nouvelle vie dans le monde moldu et ne comptait pas le quitter de sitôt. Son regard ne quittant pas celui du beau brun qui l'accompagnait, tout le monde avait compris la raison de son choix.
Après la cérémonie, Ron était venu lui parler. Il avait même échangé quelques mots avec Draco. Si Harry était ravi, Draco lui, n'avait pas été dupe. Il avait deviné que l'attitude soudainement plus chaleureuse du rouquin tenait plus à une réprimande en règle de la part de sa nouvelle épouse et de ses parents que d'une réelle volonté de se rapprocher de son ex meilleur ami.
Dans un premier temps, Harry n'y avait vu que du feu. Il avait continué à correspondre avec Hermione et mettait sur le compte de son nouveau statut d'épouse ses réponses épisodiques. Ginny avait été plus constante dans ses contacts mais ceux-ci finirent également par se tarir quand Ernie et elle déménagèrent au Canada.
Un jour pourtant, Harry finit par comprendre qu'il n'était pas le bienvenu chez le couple Granger-Weasley. A deux reprises, il avait pris contact avec Hermione, alors enceinte, pour venir rendre visite au couple dans sa nouvelle maison de Loutry-Sainte-Chaspoule. Les deux fois, Hermione s'était répandue en excuses foireuses sur leur absence à tous les deux.
Harry n'ayant pas l'habitude de s'imposer là où on ne veut pas de lui, il avait arrêté de proposer sa visite. Quelques mois plus tard, il reçut un faire-part annonçant la naissance de Frederick Arthur Weasley, dont la marraine était Ginny et le parrain, Zacharia Smith. Dans la foulée, Harry limita sa correspondance aux bons vœux d'anniversaire et de Noël.
Le rejet par ses amis l'avait profondément affecté. Il n'en avait rien dit mais ce n'était pas nécessaire. Draco l'avait alors soutenu du mieux qu'il pouvait, en l'aimant encore plus et en prenant sur lui d'accepter le retour d'Ethan dans sa vie. Ethan qui avant d'être un amant, avait été son premier véritable ami dans le monde moldu.
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- Nous devrions les inviter pour un brunch un jour prochain, dit Draco.
- Qui ? demanda Harry en se servant une troisième tasse de café.
- Ethan, Elisabeth et Madeleine. Dimanche en quinze. Qu'en penses-tu ? On pourrait discuter de cette troisième boutique…
Harry lui fit un sourire tendre. Malgré sa montagne de défauts, Draco était un homme formidable. Il était exactement la personne qu'il lui fallait. Et qui le lui prouvait chaque jour depuis cinq ans.
- Je l'appellerai demain.
Il reprit le quotidien qu'il était en train de lire avant que Draco n'arrive.
- Ta collection fait fureur Draco ! Même le Times en parle ! Tu es, je cite, « un créateur de talent, offrant un style résolument moderne et novateur, agrémenté d'une touche so british qui donne à la collection la classe et la distinction des grands couturiers ». Je suis fier de toi !
Draco sourit en faisant de la main un petit geste négligent, l'air de dire que tout cela était très exagéré. En réalité, cela ne l'était pas du tout. Depuis deux ans, la marque DraMa était devenue une référence dans le monde de la mode masculine. Tout le monde vantait et s'arrachait ces costumes, classiques et modernes à la fois.
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Monsieur Smith avait pris sa retraite trois ans auparavant, estimant que Draco était suffisamment doué et prêt pour reprendre son commerce. Lui qui n'était jamais parti en vacances pendant près de trente ans, avait décidé de s'offrir une croisière sur le Nil. Quelle ne fut pas la surprise de Harry et Draco lorsqu'ils virent William revenir en compagnie d'une charmante demoiselle de son âge, Fiona. Légèrement ampoulé, il avait souhaité présenter officiellement son amie aux deux jeunes hommes qu'il considérait comme ses fils. Il attendait donc avec beaucoup de réserve et d'appréhension la réaction de Fiona quant à la relation qui unissait Harry et Draco. Loin d'être choquée, elle trouva au contraire qu'ils formaient un couple magnifique.
Au grand soulagement de William, Fiona avait donc été adoptée immédiatement, Harry et Draco se réjouissant sincèrement que leur père adoptif ne termine pas ses jours en vieux célibataire.
Draco avait donc repris la boutique tout en développant incognito sa collection de costumes, lesquels étaient de plus en plus demandés par les riches londoniens, soucieux de la modernité et de l'élégance. Il créa donc sa propre marque, dont le logo était un serpent qui s'enroulait autour d'une fleur de camélia stylisée. Le succès de la marque fut renforcé par le mystère qui entourait son créateur, dont on ne connaissait ni le nom, ni le visage.
Le relatif anonymat dont Draco bénéficiait chancela cependant un jour de décembre de l'année précédente. Blaise avait demandé à passer voir le couple dans la journée et le ton anormalement sérieux du métis avait immédiatement inquiété Draco.
- Blaise, que se passe-t-il ? avait demandé Harry.
- Des rumeurs commencent à se propager dans le monde sorcier.
- Des rumeurs ? Quelles rumeurs ? avait questionné Draco.
- Des rumeurs selon lesquelles tu serais vivant…
Blaise était assis, parfaitement droit, les jambes croisées, dans un large canapé qui faisait face à celui occupé par Harry et Draco. Quelques mois auparavant, ils avaient déménagé de Paddington pour occuper un luxueux duplex qu'ils venaient de s'acheter dans le quartier chic et calme de Chelsea.
- Mais… comment est-ce possible ?
- Je crains que ce ne soit de ma faute, avait admis Blaise. J'ai porté tes costumes plus d'une fois lors de réceptions au Ministère. Et… vu qu'ils sont assez remarquables, plusieurs sorciers m'ont questionné sur leur provenance. J'ai éludé en disant que cela venait d'une boutique dans le Londres moldu mais je pense que l'un d'eux, plus curieux que les autres, a dû repérer la marque. Enfin, bref, il semble que sans le savoir, tu aies des sorciers dans ta clientèle Draco… Et même si les années ont passé, certains s'interrogent sur ta ressemblance assez évidente avec feu Draco Malefoy…
Draco avait brusquement pâli.
- On savait que ça arriverait un jour, avait murmuré Harry en posant une main rassurante sur sa cuisse.
- Oui mais… que va-t-il se passer ? Le Ministère va enquêter, ils vont me retrouver… ils vont m'arrêter !
- Draco, calme-toi ! Rien de tout cela ne va arriver. Tu n'as rien fait de mal ! Nous irons au Ministère… nous expliquerons ce qui s'est passé. Ils seront obligés de nous écouter et de nous croire !
- Pourquoi ? Parce que ce sera la parole du Survivant contre la leur ? avait réagi Draco, plus vivement qu'il ne l'aurait voulu. Je suis désolé Harry, avait-il alors continué plus doucement. Je ne veux pas t'embarquer là-dedans. Je ne veux pas t'utiliser pour… me sauver. Par Merlin, j'imagine déjà les gros titres… tout le monde pensera que je suis avec toi uniquement pour que tu me sortes du pétrin. Et ça, je ne veux pas !
Harry avait échangé un regard entendu avec Blaise. Ce dernier avait alors sorti de la poche intérieure de sa veste, trois petites fioles contentant chacune un filament argenté et les avait posées sur la table basse.
- A qui sont-ils ? avait demandé Draco qui savait parfaitement qu'il s'agissait de souvenirs destinés à être lus dans une pensine.
- Cela fait cinq ans maintenant que je détiens ces souvenirs. Ils ont été contrôlés par un Langue-de-plomb sitôt après leur prélèvement. Ils sont donc parfaitement authentiques et peuvent servir comme preuve en justice. Je les gardais pour le jour où tu serais prêt… ou pour un jour comme celui-ci.
- Ça ne me dit toujours pas à qui ils sont.
- Mon père. Il est intervenu la veille de l'exécution de Crabbe pour qu'il soit expressément auditionné sur son implication dans l'incendie du Manoir. Crabbe a donc été soumis au véritasérum et mon père lui a posé les bonnes questions cette fois. Celles que les Aurors avaient « négligé » de poser la première fois…
- Mais je croyais que ton père ne voulait pas s'impliquer ? Et comment a-t-il fait pour être autorisé à auditionner un suspect comme Crabbe ?
- Mon père sait beaucoup de choses sur beaucoup de monde. De bonnes choses et de mauvaises choses. La deuxième catégorie constitue en général un moyen de pression efficace. Quand au pourquoi ? Disons que moi aussi, je sais beaucoup de choses sur lui…
Draco avait regardé Blaise avec effarement et une certaine frayeur. Il avait fait chanter son propre père pour lui venir en aide le moment voulu.
- Tu vois ? Tu n'auras même pas besoin de moi ! avait rigolé Harry pour tenter de détendre l'atmosphère.
- Tu étais donc au courant ?
- Oui, il l'était, avait confirmé Blaise. Nous avons tous les deux estimé inutile de t'en parler tant que ce n'était pas nécessaire. Et comme, jusqu'à présent, tu semblais déterminer à vouloir poursuivre la vie que tu t'étais construite…
- Tu m'en veux ? avait demandé Harry, inquiet.
- Non, bien sûr sur que non… Je suis juste… effrayé. J'étais parvenu à un équilibre. Notre couple, mon travail, le tien… Tout était parfait.
- Mais tout continuera à l'être Draco ! Ce sera même encore mieux puisque nous pourrons désormais aller et venir à notre guise dans le monde sorcier ! Terminé de se cacher pour jouer au Quidditch !
L'enthousiasme de Harry avait fait sourire Draco malgré lui.
- Alors ? Quelle est ta décision ? avait demandé Blaise.
- Donne-moi quelques jours pour y réfléchir.
- Comme tu veux.
- Si… si je me décide à… refaire surface, combien de temps cela prendra-t-il pour…
- Ça ira très vite. Les preuves sont irréfutables.
- Oui mais… ne va-t-on pas me reprocher le fait d'avoir simulé ma propre mort ?
- Personne ne te reprochera rien du tout. Crois-moi. Vu les carences évidentes de l'enquête, certaines personnes ont trop à perdre.
- Et la presse ? Tu peux peut-être museler les Aurors et le Ministre mais la presse ?
- Peut-être pas… mais on peut lui faire dire ce qu'on veut, avait répondu Blaise dans un sourire carnassier.
Sur ces mots, il avait quitté l'appartement.
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- Je t'aide à débarrasser ?
- Non, ça ira. Va terminer de t'habiller, dit Harry en prenant son assiette et celle de Draco.
Il grimaça imperceptiblement en descendant de son tabouret mais Draco ne manqua pas de le remarquer.
- Aurais-je fait preuve d'un peu trop d'enthousiasme cette nuit ? demanda-t-il avec un sourire en coin.
- Jamais. Tu sais bien que j'adore ça, répondit Harry en déposant la vaisselle dans l'évier.
- Qui pourrait imaginer que le si parfait Harry Potter est en réalité un petit coquin qui aime se faire chahuter ?
Harry n'eut pas le temps de répliquer que des bras possessifs vinrent l'entourer par derrière et une bouche se poser dans son cou.
- Ne change surtout pas, dit Draco. Tu es exactement celui qu'il me fallait.
Les bras se resserrèrent un peu plus fort que nécessaire.
- Draco… ça va ?
- Harry, promets-moi que tu ne me laisseras pas, murmura-t-il.
- Je ne te laisserai pas. Jamais.
- Même quand tes amis te tourneront le dos ?
- Ça fait longtemps que mes amis m'ont tourné le dos.
- Même quand notre histoire fera les gros titres de la Gazette ? Quand Skeeter insinuera que je t'ai perverti ? Que je te mets sous Imperium pour coucher avec moi ?
- J'ai survécu à Voldemort à deux reprises, je survivrai à Skeeter.
- Et quand…
- Draco ! dit Harry en posant une main sur sa bouche. Rien de ce que pourra dire Skeeter ou qui que ce soit d'autre dans le monde sorcier ne changera ce que j'éprouve pour toi. Rien.
Draco hocha la tête et repartit vers la chambre chercher sa cravate et sa veste.
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Ils attendaient tous les deux sur le quai de la station de métro de South Kensington. On était en milieu de matinée mais même si l'heure de pointe était passée, une foule nombreuse se pressait autour d'eux. Des londoniens lisant le journal, indifférents au bruit et aux bousculades. Des touristes, sac à dos fermement accroché aux épaules, le nez plongé dans le plan du métro.
Le roulement métallique caractéristique annonça l'arrivée de la rame.
- Train approching. Please mind the gap between the train and the platform.
Draco et Harry s'écartèrent de la porte pour laisser sortir une horde de petits anglais, tous revêtus de l'uniforme de leur école, certainement en route pour visiter le Musée d'Histoire Naturelle.
Ils prirent ensuite place côte à côte sur une banquette libre. Le signal de fermeture des portes retentit et celles-ci se verrouillèrent dans un claquement sec.
- J'ai peur Harry.
- Je sais. Moi aussi. Mais tout va bien se passer.
Harry resserra sa main autour de celle de Draco tandis que le train filait à toute allure dans le boyau étroit.
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Une demi-heure plus tard, les deux hommes entraient dans une cabine téléphonique hors-service, au coin d'une rue du centre de Londres.
Tout au long du trajet, Harry n'avait pas lâché la main de Draco et il la tenait encore pendant qu'il enfonçait successivement les touches 6-2-4-4-2 sur le pavé numérique.
« Bienvenue au Ministère de la Magie. Veuillez décliner votre nom et la raison de votre visite ».
FIN
C'est donc aux portes du Ministère que cette histoire s'achève... Je l'ai voulu ainsi car pour ce qui me concerne, l'essentiel est écrit : ils se sont trouvés. Et quoi qu'il arrive par la suite, ils l'affronteront ensemble.
Au moment où j'ai entamé l'écriture de ce qui devait normalement être un OS, je n'imaginais pas qu'il prendrait cette ampleur. Et quand je me suis décidée à le publier, j'imaginais encore moins qu'il susciterait autant d'enthousiasme ! Merci donc pour cet accueil, merci pour vos commentaires si chaleureux !
Comme toujours, merci aussi à mes correcteurs Victoria Malefoy et Corylus.
Vous êtes plusieurs à me demander si j'ai encore des projets en cours, je vous réponds que oui ! Je viens de terminer un OS (un vrai cette fois...) et deux fics longues sont en cours d'écriture. Comme je ne publie rien qui ne soit terminé, il faudra encore attendre un peu ! Merci en tout cas de suivre mon travail avec autant d'intérêt !
Je vous embrasse tous très fort et je vous dis à bientôt !
Rose.