Chapitre 3 - Inquiétude

Note des traductrices : Et voilà le troisième et dernier chapitre. Nous espérons qu'il vous plaira ! :)

Nous remercions de tout cœur les personnes qui ont pris le temps de laisser une review sur le chapitre précédent à savoir : Pika-Clo, odea nigthingale, P.L. Johns, Faii269, WhiteWolf26, hasegawa-chwan et gleugleu.

Réponse à gleugleu : merci pour ta review ! Tant mieux si le thème du chap 2 t'as tout particulièrement plu ! ^^


Il s'était écoulé exactement trois heures et demie depuis que Sherlock avait été fait prisonnier par un gang vindicatif de trafiquants d'organes au marché noir, deux heures et vingt et une minutes depuis qu'il avait réussi à appeler John sur son portable, cinquante-quatre minutes depuis que John et la police avaient fait irruption dans l'entrepôt du gang, cinquante-trois minutes depuis que Sherlock avait été menacé par le pistolet d'un des trafiquants, cinquante-deux minutes et demie depuis que John avait tiré dans la tête du trafiquant, quarante-cinq minutes depuis que Sherlock avait été embarqué par une ambulance, et à présent, ça faisait trois minutes depuis la dernière fois où John avait cessé de lui hurler dessus pour reprendre sa respiration.

Dans une minute, Sherlock était sûr qu'il virerait au bleu.

- Est-ce que tu réalises seulement que tu viens de frôler la mort, Sherlock ? Ou est-ce que ça n'a même plus aucun sens pour toi ? Est-ce que tu as vécu cette situation tant de fois que tu ne fais même plus attention quand quelqu'un pointe son arme sur toi ? Ou es-tu simplement aveugle, en plus d'être stupide ?

Sherlock resserra autour de ses épaules la couverture qu'on lui avait donné parce qu'il était en état de choc. Il songea à commencer à en faire la collection ; elles tenaient vraiment chaud, et il était prêt à parier qu'il passait plus de temps avec l'une d'entre elles sur les épaules que sans. Il pleuvait, mais visiblement John ne s'en souciait pas, puisqu'il faisait les cent pas devant Sherlock et son ambulance, beuglant ses insultes si fort que les policiers qui passaient lui jetaient de drôles de regards.

- Tu penses être très futé, hein ? rugit John. Tu prends même pas la peine de dire ce que tu prévois de faire, même si c'est une putain d'évidence que tu allais te faire enlever par ces trafiquants, mais non, non, tu ne prends pas le temps de dire où tu vas, à moi ou à quelqu'un d'autre, parce que nous sommes bien trop lents pour que tu perdes ton temps avec nous. Eh bien, tu feras bien moins le malin quand une putain de balle sera tirée dans ta putain de tête.

Même en prenant en compte son passé militaire, ça faisait beaucoup de jurons pour John. Sherlock en prit soigneusement note, puis il se demanda s'il devait manger chinois ou thaïlandais ce soir. Le thaïlandais était tentant…

- Tu m'écoutes au moins ? s'écria John.

- Non, rétorqua Sherlock.

Apparemment, ce n'était pas ce qu'il fallait répondre, parce que John se figea puis devint rubicond. Sherlock leva les yeux au ciel.

- Écoute, commença-t-il avec ce qu'il espérait être une voix raisonnable, je ne sais pas pourquoi tu cris comme ça…

- Je ne cris pas ! hurla John.

Sherlock résista à l'envie de lever à nouveau les yeux au ciel.

- Très bien, d'accord, te fâcher, peu importe le terme. Il poussa un soupir. Je fais tout le temps ça, John, et je ne vais pas changer juste parce que ça te met en colère, donc tu peux garder ta salive.

Il jeta un coup d'oeil à John, qui avait les bras croisés sur sa poitrine, l'air toujours aussi furieux.

- Je ne sais même pas pourquoi tu es dans cet état-là, tu sais que j'ai l'habitude de faire ça !

John avait l'air d'avoir envie de le frapper.

- Je m'inquiétais pour toi, espèce d'abruti !

- Oh.

Sherlock s'assit, les yeux écarquillés. Cela ne lui avait même pas traversé l'esprit.

À présent, c'était au tour de John d'être exaspéré.

- Oui, Sherlock.

Il soupira. Sherlock n'avait pas la moindre idée de ce qu'il devait répondre à ça, alors il regarda bêtement ses pieds.

Après un petit moment, John s'approcha en traînant les pieds et s'assit à côté de lui à l'arrière de l'ambulance.

- Ce que je veux dire, c'est que c'est ce que les amis font, ils s'inquiètent les uns pour les autres, précisa-t-il.

- Les amis ? Le mot s'échappa de la bouche de Sherlock avant qu'il ne puisse le retenir, et sonna plus offensé qu'il ne l'avait voulu. Il ne regardait pas John, mais il le sentit hésiter à côté de lui.

- Je veux dire… peu importe, dit John, en essayant désespérément de se rattraper. Enfin, si tu voulais on pourrait… ou alors on pourrait juste… je sais pas, être des collègues, c'était juste une idée. Bref. Peu importe. Ça me va.

Il toussa maladroitement et se tue. Sherlock releva les yeux de l'intense étude de ses chaussures, et observa John, l'observa vraiment. Un petit homme mal habillé, un homme normal, avec des caractéristiques normales, avec tout de normal. Il était le genre d'homme auquel Sherlock n'aurait pas prêté attention, le genre d'homme dont il aurait pensé ennuyeux ennuyeux ennuyeux… Mais ce n'était pas le cas. Peut-être était-ce la ride entre ses sourcils, ou peut-être était-ce son regard déterminé, même après un tel drame. Peut-être était-ce parce qu'il était indubitablement fiable, indubitablement digne de confiance, même s'il ne faisait confiance à personne. Peut-être était-ce tous ces détails. Ou alors aucun d'entre eux.

- Je n'ai jamais eu d'ami avant, dit Sherlock, un peu hébété.

Il le pensait. Il n'en avait jamais eu. Aucun d'aussi proche. L'idée que peut-être cet homme, assis ici, partageant son ambulance soit son premier ami, peut-être même le seul qu'il n'aurait jamais...

Son estomac se noua dans une sensation peu agréable. Il ne devrait pas avoir d'ami. Pas lui. Il était trop… et son travail, ce qu'il faisait, tout ça était trop…

Dangereux.

Mais John n'était pas en sucre. John était solide. Et puis il était ici et il proposait, puis, d'une certaine façon, même si c'était ce qu'il aurait dû faire, il ne pouvait pas dire non. C'était une faiblesse dont il n'avait pas pris conscience jusqu'à présent, mais il avait besoin d'avoir un ami. Il avait passé trop de temps seul. Et John était parfait, non, John était plus que parfait. John était… eh bien, John. D'une certaine façon, ce fait se suffisait à lui seul.

- Est-ce que… Est-ce que je dois faire quelque chose de particulier ? demanda-t-il.

Il n'avait pas la moindre idée de comment ce concept d'ami était supposé fonctionner. Il pouvait déduire la vie d'un homme à partir de son visage, sa carrière et ses relations par l'état de ses mains, mais il ne savait rien à ce sujet.

John le regarda ; leurs yeux se rencontrèrent, et soudain, John se détendit.

- Essayer de ne pas te faire tuer est généralement un bon début, répondit-il avec un sourire en coin.

Sherlock lui sourit en retour, parce qu'ils savaient tous les deux que cette règle serait vite oubliée. C'était dans l'ordre des choses.

- Autre chose ? questionna Sherlock.

John haussa une épaule.

- Sois juste... toi-même, j'imagine. Et laisse-moi te crier dessus.

Sherlock resta immobile et fit semblant de réfléchir. La pluie continuait de tomber. Finalement, il dit :

- Je pense que je peux supporter tout ça.

John rit de son rire bref et communicatif, et Sherlock se retrouva à arborer un grand sourire lui aussi. Pour une raison quelconque, bien qu'il n'ait rien accompli de vraiment extraordinaire, même s'ils n'étaient pas tombés aux pieds de l'autre avec des déclarations d'amour, son estomac était baigné d'une chaleur agréable, et pendant un instant il eut le rare sentiment de celui qui a l'impression que tout va bien dans le monde.

Il enfonça ses mains dans les poches de son manteau et se pencha lentement jusqu'à ce que sa tempe touche l'épaule de John. John était chaud et aussi confortable qu'il en avait l'air, tant et si bien que la paix singulière ressentie par Sherlock s'épanouit, surtout lorsque John sourit et se rapprocha un peu plus. Les rues auraient pu être en train de grouiller des crimes les plus excitants et palpitants possible qu'il n'en aurait rien eu à faire ; il n'allait certainement pas bouger de cet endroit.

Sa place était ici.


Note des traductrices : Et voilà, c'est la fin de cette traduction ! Nous espérons qu'elle vous a plu :) N'hésitez pas à laisser une review, pour nous dire ce que vous en avez pensé.
À bientôt pour une prochaine co-traduction ! :)