Chapitre 7 :
Un enfant était profondément plongé dans sa lecture d'un traité scientifique, le calme régnait dans la pièce : il avait réussi à fuir son père et son oncle en se réfugiant dans une grande pièce semblable à une salle de réunion. Il n'aimait pas son oncle, il était méchant, violent, dangereux, fou. Quant à son père… Eh bien, pas qu'il ne l'aimait pas, mais il savait qu'il ne pouvait pas tout lui dire : Il ne voulait pas inquiéter son père adoptif, lui qui était si gentil et toujours à prendre soin de lui… Cependant cet homme n'aurait jamais pu se douter des agissements de son cher frère envers son fils adoptif… Non, c'était évidemment inconcevable !
Le garçonnet soupira pour évacuer la pression et chassa ses pensées, avant de se replonger dans le traité ô combien intéressant.
Soudain, un mouvement rapide et bruyant lui fit relever la tête : la porte de la salle s'était ouverte brutalement, laissant entrer un grand homme blond, les traits crispés, de toute évidence furieux.
« _ Quel abruti ! Fichu pion incapable ! Il fallait qu'il découvre le pot-aux-roses et le leur dévoile ! 'Chier ! Je vais devoir me trouver de nouvelles marionnettes… Ragea-t-il avant de se taire, remarquant la présence du petit bout d'homme.
Dis-moi, Law, que fais-tu ici ?
_Je cherchais un endroit calme pour lire, oncle Doffy, répondit docilement le susnommé, de peur de s'attirer les foudres de l'adulte.
_ As-tu bien lu ? Demanda l'homme, un sourire tordu aux lèvres.
_ Oui mon oncle, répondit-il en sentant la terreur s'insinuer en lui. »
Il recula, s'éloignant tant bien que mal du monstre qui le surplombait, regardant avec amusement et anticipation sa proie. Les yeux de l'homme étaient pour une fois visibles, et la lueur qui les habitait ne faisait aucun doute…
Le précieux livre gorgé de savoir vola à travers la pièce, une main immense s'abattit, un enfant fut trainé dans une autre pièce, plus sombre.
Son pull fut arraché, et les ongles pénétrèrent la peau déjà tant de fois marquée.
_ AHHHHHH ! Hurla Law en se réveillant, en sueur et paniqué.
Il ferma les yeux un instant, chassant ses cauchemardesques souvenirs, avant de remarquer qu'il n'était plus chez lui.
Immédiatement, sa conversation avec Marco, puis Smoker, lui revint. Le miaulement strident de Bepo aussi, tout comme ses feulement et les grognements des intrus. Un visage lui revint : Bellamy, la Hyène, son rire, ses yeux fous, son visage couvert de cicatrices. La main s'abattant sur lui, non pas celle de son oncle, mais celle de son sbire.
Smoker était à terre, inconscient, sa tête saignait mais il ne pensait pas que ça soit trop grave, tant que les autres ne profitaient pas de l'état du policier. Lui était à genoux, la respiration coupé à cause d'un coup au sternum. Sa vision était trouble : le coup au crâne l'avait bien sonné. Quelqu'un lui tenait les bras, on le ligotait…
Il se souvint avoir entendu l'un d'eux beugler l'ordre d'enfermer un chat dans le congélateur… Un chat ? Son chat ? SON Bepo ? Non… Non. Non !
Puis… Et puis… Et puis plus rien, le noir complet.
Que s'était-il passé après ?
_ Hey, les mecs, il est réveillé ! S'exclama quelqu'un à quelques mètres de lui, lui vrillant les tympans et le crâne.
_ La belle au bois dormant se décide enfin à revenir parmi nous ? Cool. On va pouvoir s'amuser, ricana un autre.
_ Tu penses qu'on devrait prévenir le maître ? Demanda un troisième.
_ Pas tout de suite, ça nous laisse du temps… Répondit Bellamy, visiblement trop content de sa prise.
_ N'empêche, on a eu le légiste ! Qui aurait cru que c'était aussi facile, hein ?
_ Ahah, surtout qu'il était avec Smoker ! Tu crois qu'ils sont ensembles ?
_ Naaan, je crois pas, Smoker est hétéro, pour sûr ! Et puis, t'as vu la différence entre eux, entre l'âge et le style… Ils ne peuvent pas être… Non.
_ Mais lui, là, fit l'un des hommes en désignant Law du doigt, tu penses qu'il l'est ?
_ On va vérifier ça, quand il sera plus docile… Ronronna Bellamy en se léchant les babines.
_ C'est vrai que là… Vu le regard qu'il nous lance… Hésita un quatrième homme d'une voix chevrotante.
Un rire nerveux échappa aux trois autres, clairement impressionnés par l'expression dangereuse du brun.
_ Où est mon chat ? Demanda Law, polaire.
_ Euh… O-On l'a mis au frais, fit le plus petit des quatre.
_ Au frais ? Creusa l'ex-chirurgien, grinçant.
_ Au congélo', il doit être mort de froid à l'heure qu'il est, réplica Bellamy, moins impressionné que les autres.
_ Vous allez payer pour ça, les prévint le légiste, une immanquable lueur meurtrière dans les yeux.
Soudain, une odeur tout à fait désagréable s'éleva dans la pièce : Le plus petit des mafieux venait de perdre le contrôle de sa vessie.
_ C-comme si tu pouvais faire quoi qu-que ce soit ! S'exclama Bellamy, intimidé par l'aspect si dangereux du brun en dépit de sa situation.
_ C'est ce qu'on va voir, siffla Law en secouant ses membres, faisant bruyamment sonner les maillons des chaines l'entravant.
L'effet fut parfait : tous reculèrent, inquiets. Néanmoins, la Hyène se reprit et calma ses craintes en assénant un violent coup de genoux dans l'abdomen du légiste, le faisant se plier en deux tant bien que mal malgré ses liens de métal. Une gorgée de bile remonta l'œsophage du médecin, brulante, douloureuse. La toux qui suivit le fit grimacer, ses yeux se remplirent de larmes, ses joues rougirent. Rapidement, le brun retrouva sa contenance, bien que l'effet du coup soit encore bien visible sur lui.
Malheureusement pour Trafalgar, cela rendit leur hargne aux trois autres, qui s'empressèrent de manifester leur mécontentement sur le corps restreint.
Les coups pleuvaient, encore, toujours. Ses vêtements se faisaient entailler et déchirer, tout comme sa peau. Etait-il né pour être battu finalement ? Non, il ne le croyait pas un seul instant, mais le monde semblait décider à l'utiliser comme punchingball. Sa chair hurlait face aux meurtrissures qui lui étaient infligées, mais l'homme tenait, gardant les dents serrées, refusant de contenter ses ravisseurs, il ne lâcherait rien, rien du tout, et jusqu'au bout. En comparaison avec celle du flamant, la torture qu'il subissait-là n'était pas grand-chose…
Soudain, plus rien.
Les quatre énergumènes se reculèrent, abasourdis par le silence de l'ancien chirurgien. Etait-il inconscient ?
Non, loin de là !
Il ne suffisait que d'un coup d'œil pour voir que l'homme ne pipait mot, tandis que ses yeux semblaient disséquer chaque homme minutieusement, un à un, une lueur presque sadique ornant ses prunelles argentées.
Un frisson remonta l'échine du quatuor, et une sueur froide le descendit.
Les coups reprirent, plus hésitants, redevenant rapidement rageurs, mais la fatigue engendrée par la première session mit fin à l'échange très rapidement. Les ravisseurs arrosèrent simplement le brun d'une eau presque glacée, mordant douloureusement sa peau, puis sortirent de la pièce pour reprendre une bière et des forces.
Dès que la salle fut vide, Law ne perdit pas de temps et commença à évaluer le serrage de ses liens, le type d'ouverture des menottes, avant serrer les dents, de respirer aussi profondément que ses côtes endolories le lui permettaient. Sans attendre, il se déboita le pouce gauche et de fit glisser sa main hors de l'entrave légèrement rouillée, heureusement que ses vaccins étaient à jour ! Il ne fallait pas qu'il reste ici, c'était dangereux, et Doflamingo risquait d'arriver à tout instant.
Après quelques contorsions et un instant de vérification des blessures comportant une remise en place du pouce démit, il enleva sa chaussure et défit la semelle pour dévoiler deux scalpels. Armé et très remonté, il s'avança jusqu'à l'embrasure de la porte et tendit l'oreille. Les rires gras des quatre hommes lui parvinrent immédiatement. Le sang du médecin ne fit qu'un tour, et récupéra les chaines et sprinta dans la pièce voisine.
La surprise fut telle pour les mafieux qu'ils demeurèrent bouche bée, tandis que le brun agitait les chaines telles deux fouets, frappant à la tête deux des ravisseurs, les sonnant méchamment. Enfin, les deux personnes restantes se levèrent et se précipitèrent sur lui, toutes griffes dehors et en hurlant à la fois de terreur et de rage. Néanmoins, Law avait anticipé un tel mouvement et lança sur le plus proche un des deux abrutis sonnés, avant de se baisser et de sectionner d'un geste rapide et terriblement précis l'arrière du genoux droit du second assaillant, le faisant couiner de douleur et chuter au sol. Là, il fit de même avec la jambe gauche, et les deux poignets. Puis, il asséna deux coups vengeurs dans le bassin et les omoplates du blessé, l'immobilisant pour au moins les quelques jours à venir.
Sans tarder, il enchaîna avec un coup de poing sur la tempe du dernier mafieux, tout juste en train de se relever. Les deux autres, encore un peu sonnés, tentaient de se mettre debout, geignant ridiculement lorsqu'il les attacha avec les mêmes chaînes qu'ils avaient utilisé sur lui.
Là, il s'affala sur la chaise la plus proche et prit le temps de contempler ce qu'il venait de se passer.
Une information lui revint alors en tête :
« Au congélo', il doit être mort de froid à l'heure qu'il est. » Avait dit Bellamy.
Bepo… Couina intérieurement le brun, la douleur physique se faisant rapidement dépasser par celle, émotionnelle, qui le rongeait désormais. Néanmoins, si Law avait su serrer les dents contre la torture physique, il ne tenait pas bien face à celle que représentait la perte de son compagnon blanc :
Un sanglot s'étrangla dans sa gorge, et il essuya d'un revers énervé une larme un peu trop avancée.
Quelques bouffées d'air calmantes plus tard, Law s'apaisa assez pour réfléchir. Considérant qu'il valait mieux rester en vie et penser à sa survie sur le moment, il chercha à connaître l'heure. Un téléphone était sur la table. Il le prit et en ouvrit le clapet.
J'ai dû rester deux bonnes heures inconscient, et une autre heure éveillé et bloqué ici… Songea-t-il avec amertume.
Le légiste décida qu'il était temps de partir, mais se ravisa en lançant une œillade vers le quatuor. Il avait d'abord un message à leur faire passer…
-…-…-
Lorsque Ace et Marco enfoncèrent la porte du taudis qui servait de planque à Bellamy, ils avaient grondé qu'on leur remette le légiste immédiatement, que leur groupe ne cautionnerait pas un autre meurtre ou enlèvement après l'incident Tashigi. Quelle ne fut pas leur surprise de tomber nez à nez avec le légiste en question, un scalpel à la main, l'autre dans la poche, presque nu, amoché mais clairement maître de la situation. Il y avait derrière lui un homme inconscient, deux autres dont Bellamy, les yeux clos et pleurant de terreur alors qu'ils n'avaient qu'une ou deux entailles au torse, ainsi qu'un dernier homme, à terre, en sang, et clairement très mal en point.
Un silence très pesant tomba sur le groupe. Ace tentait de comprendre ce qu'il s'était passé, Marco quant à lui s'assurait que tous étaient en vie et que son cher et plutôt tendre allait bien.
« Phoenix-ya, jeune homme, les salua Law d'une voix froide, presque glaciale, faisant frissonner Ace.
_ Trafalgar-yoi, répondit Marco en comprenant le jeu du brun.
_ Légiste, enchaîna Ace en imitant son ainé.
_ Ce qu'il vient de se passer n'est qu'une immonde bavure, annonça Marco, polaire. Veuillez nous suivre, fit-il ensuite, quittant la maison sans un regard en arrière.
_ J'ai déjà prévenu mes supérieurs, les informa l'ancien chirurgien, une fois dehors.
Comme pour appuyer ses dires, les sirènes caractéristiques de la police de Moon Town s'élevèrent dans la nuit, forçant le trio à accélérer le pas.
Dès qu'il furent assez loin, Marco se retourna brusquement et prit le brun dans ses bras, dans une étreinte puissante et tremblante.
_ Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai eu peur pour toi… Souffla-t-il en enfouissant son visage dans le cou de son vis-à-vis.
Law se tendit immédiatement, braquant son regard sur Ace, qui les regardait avec amusement.
_ Du calme, c'est fini… Ace est au courant-yoi, détends-toi s'il te plait, continua le blond en sachant pertinemment ce qu'il se passait dans son dos.
_ Il est au courant à quel point ?
_ Vous êtes en couple, ça te suffit ? Expliqua Ace sur le ton de la conversation.
_ Mouai. Comment as-tu su ?
_ On avait rendez-vous ce soir-yoi, tu te souviens ?
_ Maintenant oui. Tu as trouvé Smoker ?
_ Il va bien, il est à l'hôpital, il n'a pas reçu d'autre coup que celui à la tête. Bepo est avec Penguin et Sachi.
_ Be-Bepo est vivant ? S'exclama de surprise et de joie Law en s'écartant vivement, s'arrachant à lui-même une grimace de douleur.
_ Il est resté une bonne heure au freezer-yoi, qui doit être défectueux, sinon il ne s'en serait pas sorti avec une hypothermie.
_ Tu l'as sauvé, merci, souffla le brun en s'effondrant à genoux au sol, faible et tremblant.
Marco n'eut aucun mal à comprendre ce qu'il se passait : la tension retombait, l'adrénaline ne faisait plus effet.
_ Tu as besoin de soin-yoi.
_ Je ne mets pas les pieds à l'hôpital, contra alors le légiste avec une hargne retrouvée.
_ Très bien, grogna Marco en sachant qu'il ne gagnerait pas ce combat-là, je t'emmène où dans ce cas ?
_ Penguin et Sachi, répondit-il simplement avant de perdre connaissance.
_ Law !
_ Marco, du calme, il est juste épuisé. Emmenons-le là-bas… Fit Ace pour l'apaiser.
_ Tu as raison, appelle le véto, il nous faut une voiture. »
Lorsque Sachi arriva, il dut se retenir de sortir de la voiture pour se précipiter sur son ami et l'enlacer. Un regard désapprobateur de Marco l'y aida beaucoup. Il se contenta de déverrouiller les portes avant de repartir pour la clinique vétérinaire, sans un mot. Il avait bien sûr constaté l'état déplorable de son ami d'enfance, mais savait qu'il devait tenir sa langue, Penguin et lui aurait tout le temps pour le soigner et le réprimander plus tard…
-…-…-
Loin de là, dans une pièce d'un blanc immaculé, aux odeurs de désinfectants et de Bétadine, un homme reprenait consciente. Sa vision, tout d'abord trouble, se fit plus nette. Il était de toute évidence dans un établissement de soin. Il faisait nuit, la lumière ne l'agressait donc pas, il en fut presque heureux, si il ne s'était pas d'abord souvenu des événements précédent son moment d'inconscience…
Law allait-il bien ? Marco allait-il le retrouver à temps ? Et les ravisseurs ? Et Bellamy ? Depuis combien de temps était-il dans les vapes ? Etait-il trop blessé pour se lever ? Qu'allait-il désormais se passer ?
Trop inquiet pour se rendormir, il appela une infirmière grâce au bouton d'appel de son lit d'hôpital.
Il n'eut même pas à attendre plus de deux minutes qu'un jeune interne passait le pas de la porte et constatait qu'il ne s'était, pour une fois, pas trompé de chambre.
« Tout va bien Monsieur… Smoker ? Demanda-t-il en cherchant le nom du patient sur la fiche de soin.
_ Je pense. Qu'est-ce que j'ai, au final ?
_ Un léger traumatisme crânien, vous avez perdu du sang mais rien d'alarmant. Vous avez la tête dure, énonça le professionnel.
_ D'accord. Quand pourrais-je sortir ? S'enquit-il alors, pressé.
_ Si le médecin en charge de votre dossier donne son accord, vous êtes libre dès demain matin, sous couvert de vérifications régulières durant la semaine à suivre.
_ Est-ce que je peux me lever ?
_ Vous pouvez essayer, marcher une minute ou deux dans votre chambre, mais vous devriez vous recoucher rapidement, il vous faut du repos si vous voulez qu'on vous laisse sortir demain matin, réfléchit l'interne.
_ Je comprends, fit le policier en grinçant des dents.
Doucement mais surement, l'homme aux cheveux blancs posa les pieds au sol, prit appui sur le bord du lit et se leva. La tête lui tourna un peu, mais rien de trop persistent. Victorieux, il se tourna vers l'interne qui le surveillait.
_ Mes effets personnels m'ont-ils été ramenés ?
_ Vous n'aviez que vos vêtements et votre téléphone sur vous lorsqu'on vous a trouvé, fit l'interrogé en désignant un petit paquet sur la table en face du lit.
_ Génial, souffla de soulagement le plus âgé en se dirigeant vers ses affaires.
_ Monsieur, vous ne pouvez pas encore sortir, prévint une nouvelle fois le médecin.
_ Je sais, grogna l'officier, mais je dois appeler mes subordonnés pour m'assurer que l'un d'eux est sain et sauf…
Logan fouilla le paquet et dénicha le téléphone, ses yeux s'écarquillant de surprise.
_ Ce n'est pas mon téléphone, songea-t-il à voix haute tandis qu'il remarquait que le cellulaire avait reçu un message il y a peu.
_ Ah ?
_ Ce n'est rien, je sais à qui il est, ça ira.
Sans attendre, Smoker déverrouilla le téléphone du légiste et regarda le message. C'était la sonnerie du petit appareil qui l'avait sans doute réveillé, au vue de l'heure indiquée.
« Law est sauf. Marco. » Etait tout ce que contenait le message.
Un soulagement immense traversa l'homme, qui dut alors s'asseoir à la hâte dans la chaise juste à côté.
_ Monsieur, votre tête tourne ? Demanda immédiatement l'interne.
_ Non, non, tout va bien, soupira Smoker, je suis juste… soulagé. Mon subordonné est sauf, tout va bien maintenant…
_ Je comprends. Voulez-vous de l'aide pour retourner à votre lit ?
_ Non, je devrais m'en sortir, merci, répondit gentiment le blanc en se relevant tout seul.
_ Très bien, bonne fin de nuit monsieur, le salua le jeune homme.
_ Merci, bon courage à vous, lui rendit l'officier.
Dès qu'il fut seul, le Chasseur Blanc alla s'asseoir sur son lit et appela l'expéditeur du message.
_ Allo ? Fit la voix au bout du fil.
_ Marco, comment va-t-il ? Voulut tout de suite savoir le policier.
_ Globalement, bien. Il a sans doute une côte fêlée ou deux-yoi, il a des entailles légères ci-et-là, des ecchymoses, mais rien qui ne parte pas. Ils l'ont amoché mais il sera vite comme neuf, et il le leur a bien rendu…
_ C'est-à-dire ?
_ Quand on est arrivé, il s'était déjà libéré et s'appliquait à leur faire regretter leurs actes-yoi.
_ Merde. Des morts ? S'inquiéta grandement le policier.
_ Un grièvement blessé, les autres sont grièvement terrifiés, mais pas de morts.
_ Où était-ce ? Je dois envoyer des gars sur place.
_ Law a utilisé un cellulaire sur place pour prévenir du monde, c'est bon. Vous avez besoin de repos-yoi, vous le verrez demain, ne vous inquiétez pas.
_ Dans quel hôpital est-il ? S'enquit tout de même l'ainé.
_ Clinique vétérinaire-yoi, ses amis vont s'occuper de lui, tout comme ils s'occupent de Bepo.
_ Ah oui, il déteste être patient à l'hôpital… J'avais oublié ce détail.
_ Bonne nuit Smoker-yoi.
_ 'Nuit, à demain. »
La tonalité changea, indiquant que la communication était terminée. Epuisé, l'homme se recoucha convenablement et s'endormi plus que rapidement, espérant de tout cœur que le brun n'avait rien commis d'irréparable.
De son côté, Marco regardait le cellulaire, une moue indescriptible sur son visage. Le policier l'avait appelé si peu de temps après son message, alors qu'il aurait dû être encore alité ou sous surveillance médicale. Etonnant. Pour s'assurer que personne, du côté du plus âgée, n'avait surpris l'échange et qu'il allait bien, il se décida à le lui demander par message. La réponse, rassurante et satisfaisante, arriva presque immédiatement.
« Smoker aussi est dans le coup ? L'interrompit Ace.
_ Oui et non, il a grillé Law après notre premier échange, j'ai malheureusement laissé des traces de mon passage et il lui a tiré les vers du nez, expliqua-t-il.
_ Des traces ? Ils sont amants ? Enfin étaient ?
_ Non-yoi, je l'avais attaché pour avoir son attention et parce que, comme tu as pu le voir, il sait se défendre. Et puis lors d'une de nos entrevues, Smoker-yoi nous a surpris ensemble et… Et il m'a grillé. Mais nous avons longuement parlé et Law le voit comme un mentor et un ami, un confident… Le Chasseur Blanc me fait confiance pour prendre soin de son légiste-yoi, il y a une espèce d'accord tacite entre nous, en gros.
_ Et je suppose qu'à part moi, personne d'autre ne le sait, hein ?
_ A part moi, tu dois être un des seuls au courant qu'il y a des… fuites. Et je te fais confiance pour ne pas ébruiter tout cela…
_ Bien sûr. Dis-moi juste, est-ce que tu leur donne des… des informations ?
_ Quelques-unes, c'est comme un échange de bon procédé je pense, Law-yoi et moi avons des objectifs assez proches, aider Père et protéger ceux qui nous sont chers, en éliminant le Flamant.
_ C'est cohérent, mais fais attention, hein…
_ Ne t'inquiète pas Ace-yoi, ça va aller. »
Le lendemain, c'est-à-dire quelques heures plus tard seulement, un policier aux cheveux blancs se réveillait doucement, encore sonné de derniers évènements. Lorsqu'il eut retrouvé ses esprits, il demanda à voir son médecin, obtenant non sans devoir râler un peu son autorisation de sortie. Dès qu'il le put, il demanda à Robin de passer le prendre et de le déposer à la clinique où Law emmenait de temps à autres Bepo. Sur le chemin, la demoiselle lui fit un rapport des évènements de la soirée précédente, expliquant plus précisément les états des quatre mafieux retrouvés dans la planque, ainsi que la quantité d'objets illicites, drogues, bien que la « bleu » n'y soit pas, et les traces de captivité d'un cinquième homme. Elle lui confia qu'elle savait de qui il s'agissait et lui tendit un sac de vêtements en charpie, ceux que Law portait la veille. Un simple regard suffit à l'homme pour poser sa question, à laquelle elle répondit : « Non, je n'ai pas laissé le temps aux autres de les voir, ce ne sont pas des preuves. »
Il la remercia d'un souffle, elle lui répondit par un sourire entendu et serein.
Elle ne chercha même pas à sortir de la voiture, ou à savoir pourquoi son supérieur lui avait demandé de le déposer chez le vétérinaire et non ailleurs, mais il put lire dans ses yeux qu'elle savait déjà. Elle savait, et surtout, elle ne dirait rien, comme à chaque fois, comme toujours.
Discrétion et intelligence, deux mots qui la caractérisent si bien… Songea l'officier, satisfait.
Lorsque qu'il entra dans la clinique, un jeune homme l'accueillit en silence et le guida jusque la pièce où se trouvait le brun. Quand il passa le palier, le Chasseur Blanc resta figé, tant il était soulagé de voir son subordonné et ami dormir paisiblement, son chat dans les bras et son mafieux préféré contre lui.
D'ailleurs, le hors-la-loi le regardait, calme, n'osant trop se mouvoir de peur de réveiller son bien aimé. Ace s'était volatilisé dès que possible pour laisser le couple tranquille. Désormais, Marco attendait les questions, l'inquiétude, mais rien ne vint. Une fois que Smoker eut repris ses esprits, le plus âgé alla prendre discrètement une chaise pour s'installer aux côtés du trio et écarta paternellement quelques mèches brunes un peu trop longues du visage du légiste blessé.
Personne ne fit le moindre mouvement pendant ce qui leur paru être à la fois une éternité et un battement de cil. Sachi et Penguin finirent éventuellement par les laisser seuls, rompant l'atmosphère jusqu'alors présent.
« Il est comme ça depuis quand ? S'enquit d'un murmure le policier.
_ Il s'est évanouis dans mes bras juste après m'avoir dit d'appeler le véto-yoi, depuis il dort.
_ Quand doit-il revenir à lui ?
_ Il le pourrait à tout instant d'après ses deux amis, il reste tout de même épuisé, émotionnellement comme physiquement…
_ Je comprends, c'était dur pour lui, hier, que ce soit l'enlèvement ou même avant.
_ Comment ça ? Interrogea le blond, curieux de comprendre l'étendu du stress subi.
_ Déjà, je tombe sur vous, et puis au bureau il a enfin décidé de me parler de son passé, chose ardue et plus qu'angoissante pour lui. Ensuite, cet enlèvement, Bepo et moi en potentiel danger…
_ Visiblement les gars qui vous ont attaqués lui avaient dit que Bepo était mort-yoi, ils ne pouvaient pas savoir que j'étais passé chez lui avant que ça n'arrive, ça a dû l'inquiéter pas mal aussi… Il a demandé comment vous alliez aussi, dès que je l'ai rassuré, la tension s'est envolée, il s'est évanoui peu après.
_ Je n'aurai jamais dû lui demander de bosser sur l'affaire, regretta alors Logan, c'est un médecin, pas un flic.
_ Fou…taises ! S'amusa d'une petite voix le brun, ouvrant les yeux sur le duo insolite.
_ NYAHHHHHH ! Miaula avec puissance la boule de poil contre lui.
_ Law-yoi ! S'exclama en même temps Marco.
A leurs côtés, l'officier était silencieux, les yeux écarquillés et la bouche entrouverte.
_ Si tu ne m'avais pas confié ce dossier, je ne serai pas en couple aujourd'hui, on n'aurait jamais avancé autant, et je ne serais pas sortie de cette ennuyeuse morgue, Smoker-ya. Ne regrette pas ça.
_ Regarde dans quel état tu es Law ! Couina doucement le flic.
_ C'est rien, rien d'irréparable ou qui m'empêchera de continuer mon enquête et mes farces. D'ailleurs, Bepo-ya, continua-t-il en caressant avec une infinie tendresse le minet, je te dois un carpaccio et Smoker-ya t'en devra aussi un bientôt si on refait le coup du savon au poste… Tenté ?
_ RRrrrr Nyah ! Accepta avec joie la petite créature poilue.
_ Vous ne perdez pas le nord, tous les deux, pouffa malgré lui l'ainé.
_ Nyahhh ? Demanda alors le minet.
_ Oui, je te dois aussi un carpaccio pour ce qu'il s'est passé hier, le rassura l'humain.
Un silence reposant prit place, permettant à chacun de songer aux questions à poser aux autres, aux actions à effectuer par la suite, aux précautions à prendre à l'avenir. Ce fut le plus âgé de tous qui finalement brisa le silence.
_ Law, Marco m'a dit que tu avais amoché tes ravisseurs…
A ces mots, le brun ferma les yeux, se sentant terriblement mal. Il avait agi sur le coup de l'impulsion, l'adrénaline et la menace sur son supérieur, couplé à la douleur physique et le déchirement du au trépas annoncé de son cher animal de compagnie… Tout s'était mêlé, le rendant fou de rage. Il aurait pu se limiter à une immobilisation de ses ravisseurs, avec une ou deux articulations démises, cela aurait très largement suffit. Mais non, ils l'avaient poussé à bout, réveillant le dangereux côté de l'homme.
_ J'ai… J'étais hors de moi, la première incision était pour trancher les tendons et bloquer au sol l'un d'eux, mais ils ont continué à essayer de me maîtriser, et l'autre s'est relevé. J'ai sévis, et perdu mon sang-froid. Il n'y avait aucune blessure létale, par contre les séquelles demeureront pour toujours s'il ne voit pas un bon chirurgien très vite, et encore. Les autres n'ont presque aucun dommage physique, ils ont seulement du avoir peur, très peur.
_ Il faut que tu apprennes à limiter ce genre d'agissement, Law, soupira Logan.
_ Désolé, je n'avais pas prévu d'être enlevé, passé à tabac, qu'on me dise que mon chat était congelé… La prochaine fois je prévois, rétorqua Trafalgar d'une voix dégoulinante de sarcasme.
_ Je… Désolé, fit l'officier, penaud.
_ Et comment as-tu fait pour te libérer-yoi ? Demanda Marco. Tes poignets avaient des traces de rouille en plus des marques des chaines.
_ J'ai demandé à Smoker-ya de m'apprendre à me défaire de mes liens après notre premier tête-à-tête… Fit simplement le brun.
_ Tu as pris d'autres dispositions depuis notre rencontre-yoi ? S'enquit le blond.
_ Hum, quelques-unes, réfléchit le légiste.
_ Qui sont… ? L'incita-t-il.
_ T'inviter à diner, t'apprendre à laver Bepo, toujours avoir de la confiture pour toi dans le frigo', m'assurer d'avoir du pain à peu près frais en permanence et acheter un livre de recette de cuisine. Le reste, tu as déjà pu le constater, et rien d'autre ne me vient en tête, énuméra l'enquêteur.
_ Ne pas te mettre en danger en écoutant de manière évidente une conversation de mafieux,-yoi toujours prévenir ton supérieur de tes agissements, déménag-
_ Quoi ? Non ! S'offusqua l'homme.
_ Law, je sais que tu y es bien, mais ils sont venus une première fois chez toi, qui te dit que cela ne se reproduira pas ? S'inquiéta le Phoenix.
_ Marco-ya, il m'a fallu tant de temps pour trouver un endroit que je puisse appeler « maison », « chez moi » et « refuge »… Tenta d'une voix tremblante d'émotion le brun.
_ … »
A ce moment-là, le blond compris l'ampleur des dégâts causés par l'enfance de son petit-ami, et su que, à moins de trouver l'endroit parfait ou une solution viable, Law ne bougerait jamais de son appartement. Cette réalisation le plongea dans une réflexion si intense qu'il ne remarqua pas les trois paires d'yeux, inquisiteurs, braquées sur lui.
Il faut une solution… Il le faut.
Plus personne ne parla, le silence devint roi jusqu'au retour de Sachi et Penguin. Néanmoins, ces derniers comprirent bien vite que l'ambiance s'était immensément alourdie, et que la chape de plomb la bloquant ne s'ôterait pas de sitôt. Un appel réveilla un peu le mafieux, qui s'empressa de répondre : il s'agissait de son « père » lui-même.
« Je dois y aller, « père » me demande, la situation de la veille lui est parvenue aux oreilles, et il vient sans doute de découvrir mon implication.
_ Vas-y, le congédia le brun, et n'oublie pas le dossier s'il te plait, lui rappela-t-il sous le regard interrogateur du policier à côté d'eux.
_ Je vais essayer, Law, mais je ne te promets rien d'immédiat, répondit le blond avant de voler un baiser à son vis-à-vis et de partir en vitesse. »
D'un geste, le légiste fit comprendre à son supérieur qu'il n'apprendrait rien pour l'instant, et ce dernier sembla comprendre, puisqu'il n'ajouta rien. Un silence plus confortable s'empara de la pièce, le trio restant se détendait désormais peu à peu, savourant le calme revenu.
Ce fut au bout d'une petite heure que le Chasseur Blanc décida de briser son mutisme, les interrogations se bousculant dans sa tête.
« Law ?
_ Hum ? Fut surpris le brun.
_ Je… Marco et toi, c'est… c'est sérieux tu penses ?
_ Il est sans doute trop tôt pour le dire, mais je pense que oui.
_ Tu « penses » que oui ?
_ C'est sérieux, le problème est de savoir si la séparation entre nos mondes respectifs le permet, pourquoi ?
_ Parce que je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter pour le psychopathe que tu es. Peut-être le Phoenix pourrait-il plaider en ta faveur pour que les deux mafias te laissent tranquille, quoique… Tu es déjà un problème pour eux donc... Il nous faudrait trouver une entente…
_ Smoker-ya, tu penses à voix haute, et je ne t'ai jamais vu réfléchir à une quelconque entente avec des criminels.
_ Tu es un criminel, tu te souviens ?
_ Comment l'oublier ? Soupira Trafalgar.
_ Mais… Tu as raison, une entente avec l'une ou l'autre des mafias serait manquer de respect à nos insignes et à Tash… Tashigi, termina difficilement le plus vieux des deux.
_ De toute manière, je ne te laisserai jamais traiter avec la « family », le Flamant est cinglé et manipulateur, cracha l'ex-chirurgien, c'est trop dangereux.
_ Je vois… Et si...
Le légiste vit alors une lueur apparaître dans les yeux de son supérieur, signe qu'une idée venait de lui traverser l'esprit. Néanmoins, le blanc sembla se raviser, puisque nul autre mot ne sortit de sa bouche, bien que son regard demeurât pétillant.
_ Sinon, tu comptes faire quoi ?
_ C'est-à-dire ? Pour l'enquête ? Pour Marco ? Par rapport à ce qu'il s'est passé hier ?
_ Tout.
_ Je continue l'enquête, je continue de voir Marco, et de chercher quel plan foireux a concocté le Flamant. Pour ce qui est arrivé hier, j'ai déjà montré que je ne me laissais pas faire, Marco gère les galères du côté criminel, et je rajoute une raison de me venger de l'enfoiré à plume à ma liste.
_ Très bien… Souffla en grimaçant le policier. Mais si tu continues l'enquête, j'exige qu'on mette en place des moyens de prévention face aux traquenards et autres pièges.
_ Du genre ? Je veux bien mettre en place quelque chose, mais il faut que tu prennes en compte que j'ai besoin de me sentir chez moi et surtout, que face à l'emplumé rose, il y a peu de choses qui me protégeront ou t'avertiront à temps.
_ Il faudra qu'on y réfléchisse, mais on trouvera quelque chose, je te le promets. »
Le silence prit finalement place. Tandis que les rouages du cerveau du Chasseur Blanc étaient en pleine effervescence pour chercher des moyens de protéger le jeune légiste, les pensées de ce dernier étaient, elles, tournées vers Marco, le seul qui avait réussi à atteindre le cœur de l'ex-chirurgien.
Comment va-t-il donc expliquer ses liens avec moi ? Et son « frère », que va-t-il dire ? Pourra-t-il obtenir que j'examine leur « Père » ou au moins son traitement ? Comment cela va-t-il se terminer… ?