On Rainy Days

La nuit suivante fut aussi désagréable pour Francis qu'elle pouvait l'être pour quelqu'un dont les espoirs venaient de s'effondrer. En plus, c'était un sentiment assez nouveau pour le français - généralement ce n'était pas lui qui plaçait ses espoirs trop haut, et les quelques fois où ça avait été lui, sa fierté en avait pris un coup plus grand que son cœur.

Antonio avait reçu un nouvel appel téléphonique, et l'Espagnol avait regretté que la potentielle affaire -amour, comme Francis avait tristement murmuré- de Francis s'était malheureusement achevée en un temps record. Mais au moins le réconfort offert par son ami avait permis au Français de se sentir un peu mieux, même si ça n'avait pas soigné son cœur douloureux.

Cependant, sans tenir compte d'à quel point la nuit fut longue et désagréable celle-ci arriva finalement à son terme, cédant sa place à la lumière matinale de septembre. C'était une belle matinée de samedi, et le café où Francis était cuisinier en chef ouvrirait à neuf heures - le Français se devait donc de se préparer rapidement et de se mettre en route vers son lieu de travail, peu importe s'il en avait envie ou non.

La matinée était assez fraîche même si ce n'était pas encore la mi-septembre, mais Francis ne s'en soucia pas ; il n'avait pas froid avec sa veste sombre et l'air frais (aussi frais que l'air pouvait être dans une ville aussi grande que Paris) ne lui faisait que du bien. L'air se refroidit tout comme mon cœur, pensa-t-il en reconnaissant bien la portée dramatique de cette pensée tout en l'appréciant.

Le trajet reliant l'appartement du Français au café prenait une vingtaine de minutes, et à mi-chemin se trouvait la boutique de l'Anglais. C'était fermé, bien sûr – Arthur ouvrirait difficilement son magasin à huit heures du matin un samedi- mais alors que Francis le dépassait il s'attendait presque, malgré tout, à voir le négociant derrière sa caisse, lisant un livre avec une lueur distante dans les yeux ou taillant de nouveaux petits soldats pour sa collection avec un visage concentré. Levant les yeux vers Francis avec son beau sourire en entendant le Français entrer. La vue familière aurait été apaisante- presque comme si rien du jour précédent ne s'était passé, comme si tout avait demeuré tel quel jusqu'à ce moment.

Francis secoua la tête et poursuivit sa route vers le café. Certes, tout se passerait comme avant ; Arthur avait dit qu'il voulait qu'ils restent amis, et Francis n'avait aucune intention d'éviter l'Anglais, malgré ses sentiments. La seule chose était qu'il devrait flirter moins – à part ça, tout se déroulerait selon la routine familière.

Seulement la routine fut brisée dès que Francis atteint son lieu de travail. Parce que ce n'était pas inclut dans la routine qu'Arthur se tiendrait devant la porte d'entrée du café, les mains dans les poches de sa veste beige, se balançant d'une jambe à l'autre en jetant des coups d'œil à l'intérieur, comme s'il s'attendait à ce que les lumières s'allument à tout instant. Le Français fronça légèrement les sourcils – il n'était pas sûr de la manière d'approcher l'Anglais après ce qui s'était passé la veille, et il ne semblait pas que le commerçant l'avait remarqué.

''Idiot d'Anglais,'' murmura-t-il en s'approchant de la silhouette qui patientait. ''S'apercevant que le café n'ouvre seulement que dans une heure, on s'attendrait à ce que tu partes pour ne revenir qu'à l'horaire d'ouverture…''

Francis ne s'était pas vraiment embêté à baisser la voix, et apparemment ledit idiot d'Anglais avait les oreilles d'un lapin, puisqu'il se retourna et repéra le Français qui s'approchait. Il sembla tressaillir légèrement, mais récupéra rapidement son sang-froid et adopta une mine renfrognée, croisant les bras sur sa poitrine. Décidant de faire comme si rien ne s'était passé, le Français leva un sourcil face à une telle attitude. ''Bonjour, Arthur,'' dit-il avec désinvolture. ''Quelle surprise de te voir hors de ton petit royaume et aux portes de mon palais. Qu'en est-il de ton magasin ?''

Arthur émit un grognement, conservant une expression rude, mais Francis vit momentanément une certaine hésitation dans les orbes vertes. L'hésitation, cependant, fut immédiatement remplacée par de l'arrogance. ''Je suis le propriétaire, je peux faire ce que je veux avec,'' s'écria le fier négociant, et Francis sourit, malgré lui. ''Celle-la tu la tiens de moi,'' rit-il et il ignora le grognement qu'il reçut en réponse. ''Très bien. Puisque tu parais très pressé de venir à l'intérieur, alors suis-''

Mais il ne finit jamais la phrase – il fut interrompu par les mots précipités d'Arthur, presque crachés. ''Quand j'ai dit 'nous deux', je voulais dire moi et Alfred.''

Francis cligna des yeux, surpris par le soudain emportement, et fixa Arthur. L'Anglais se tenait juste devant lui avec les bras croisés sur la poitrine de manière protectrice, les joues écarlates et les yeux observant alternativement leur entourage et, prudemment, le Français.

''Quoi ?'' fut tout ce que put dire Francis alors qu'il traitait les mots dans son esprit.

Arthur, à la place, commençait à paraître presque furieux. ''Es-tu sourd ?'' demanda-t-il (de manière rhétorique, supposa Francis) et il répéta lentement comme s'il s'adressait à un enfant. ''Hier quand j'ai dit que c'était juste de l'amitié, je voulais dire entre moi et Alfred, espèce d'attardé.''

''Oh,'' fit Francis, une fois le message finalement rentré. ''Oh ?'' il répéta, modifiant immédiatement sa tactique. ''Hmmm, et qu'est-ce que ça change~ ?'' parce qu'heureux ou non, Francis était toujours Francis.

Arthur fixa du regard le Français, troublé, comme s'il essayait de savoir s'il jouait avec lui ou non. Venant à la conclusion correcte que Francis était effectivement en train de le taquiner, l'Anglais fronça les sourcils. ''Tu refuses toujours de saisir l'allusion, n'est-ce pas ?'' murmura-t-il et, juste au moment où Francis arrivait avec la plus brillante des répliques, attrapa le col de sa veste et le tira vers lui, pressant ses lèvres contre celles du Français. C'était un baiser très bref, si ça pouvait être considéré comme un baiser ; plus comme des lèvres simplement pressées contre des lèvres, rapide et chaste – mais le sens de ceci était on ne peu plus clair.

Francis sourit à Arthur quand il se recula ; il était tout rouge et embarrassé et pourtant en même temps si déterminé que le Français ne put se retenir. Il éclata de rire.

Inutile de préciser que ceci n'améliora pas l'humeur d'Arthur. ''Tu- Arrête ça !''

Francis essuya les larmes d'hilarité de ses yeux, secouant la tête. ''Oh, Arthur,'' parvint-il à dire. ''Je suis plus que content de la saisir, cette allusion.''

Ce soir-là Antonio reçut le troisième et le plus heureux des appels concernant l'affaire 'Arthur'.

(xXx

L'appartement d'Arthur n'était pas du tout confiné et poussiéreux comme l'avait supposé Francis la première fois qu'il en avait entendu parler. C'était petit, oui, presque minuscule, mais aussi très propre et bien gardé. Arthur n'avait qu'une pièce à part la cuisine, la salle de bain et le local du magasin, et d'une certaine manière Francis était fasciné par le fait que toute sa propriété tenait dans ces murs. Arthur avait un lit, un bureau, quelques chaises et deux énormes étagères, faites en chêne – du travail de qualité, nota Francis. Et partout autour on pouvait voir différents outils pour tailler, dessiner, etcétéra – visiblement c'était la maison d'un artisan.

Alors qu'Arthur était occupé avec le thé dans la cuisine, Francis s'assit prudemment sur le lit et continua d'observer la pièce confortable – c'était toujours intéressant de voir les habitats des gens, car ils en disaient long sur leurs propriétaires.

''Je n'arrive juste pas à comprendre,'' Francis continua leur conservation tout en se familiarisant avec le contenu de la pièce, ''pourquoi tu étais si agité par le fait qu'Alfred puisse savoir à propos de notre, hm, relation.''

Le Français entendit un grognement en provenance de la cuisine. ''Tu ne connais visiblement pas Alfred.'' Des tasses à thé s'entrechoquèrent. ''Tu lui dis quelque chose, et sois sûr qu'il l'annoncera au monde entier. Par ailleurs…''

Quelque chose sur la table de chevet attira l'attention de Francis. Il donna à Arthur un absent murmure d'approbation l'encourageant à poursuivre tout en prenant le petit objet de bois dans ses mains.

''Eh bien…'' La voix d'Arthur était un peu plus calme désormais, et Francis entendit de l'eau être versée dans deux tasses. ''On ne sait jamais avec les Français.''

Mais Francis ne répondit pas. Il était absorbé par la chose en bois dans ses mains, l'observant de près et laissant échapper un léger rire stupéfait. Le travail de peinture était en effet impressionnant.

C'était un petit soldat. Un petit soldat avec des boucles blondes et des yeux bleus, et il avait une légère barbe sur son menton. L'uniforme était français. Au pied de la figurine était gravé la date de son achèvement ; la date remontait à un mois soit à la mi-août, et le Français était plutôt sûr qu'il s'en rappelait car Arthur et lui-même se chamaillaient encore à ce moment-là.

Non seulement le soldat dans les mains du Français était français, mais Francis était aussi plutôt convaincu que le soldat avait été inspiré par lui-même.

''Fran- ?'' Francis leva les yeux pour voir Arthur avec deux tasses de thé s'arrêter à l'entrée de la pièce. Haussant l'un de ses sourcils de manière significative, le Français désigna le soldat dans ses mains.

Vraiment, regarder la couleur rouge envahir le cou de l'Anglais pour s'étaler sur son visage était un véritable amusement. Et maintenant Francis pouvait profiter de la vue autant que son cœur le désirait.

Xxx)

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Et ceci est la fin de cette fic ! Merci d'avoir lu jusqu'au bout, j'espère que ça vous aura plu, et encore un grand merci à marinoa pour m'avoir donnée la permission de la traduire !