- Le Chemin des Ténèbres -

.Chapitre 2.


« LA POLICE ATTENDRAIT-ELLE UNE QUATRIEME VICTIME ?

Habitants de Storybrooke, au vu des subventions accordées au département de police qui sont plus que généreuses, vous êtes en droit de vous demander : ''Mais que fait la Police ?'' !

Chacun sait qu'ils sont là pour veiller sur nous, ayant de nombreuses missions, mais dernièrement leur priorité ne devrait-elle pas être la lutte contre le crime ? Pourchasser ce dangereux individu caché parmi nous qui traque nos enfants ?

Le sympatrique Shérif Humbert que nous aimons bien évidemment tous, n'a eu à la bouche à la dernière réunion municipale qui s'est tenue lundi, que le plan contre la hausse des cambriolages qui frappe notre ville depuis le début d'année, et, son Don Juan d'adjoint Locksley a une fois de plus été très efficace pour lutter contre la délinquance routière, après tout, ''femmes au volant égal accident au tournant'' doit être un de ses adages préférés aussi, pourquoi contrôler une autre tranche de la population ?

Et vous, que pensez-vous des actions menées par la police ? Les petits Lucas, Dormant et Nolan n'ont-il pas été suffisants ? N'allons-nous rien faire afin qu'ils puissent reposer en paix ? N'hésitez pas à venir réagir sur ma page twitter, à vous abonner au Mirror Storybrooke New's et à venir répondre sur le site du journal à la question du jour qui est de savoir si : Oui ou Non, la police a-t-elle un rôle efficace ? »

Sydney Glass, Rubrique ''Entre Vous et Moi'' du Mirror Storybrooke New's.

...

Emma fut réveillée aux aurores. À force de remuer, de chercher une position plus confortable, d'ouvrir l'œil au moindre petit bruit, elle n'avait trouvé que peu de repos. Son corps était moite de sueur et, elle avait mal aux côtes. Un air lourd, trop chaud, trop parfumé, rendait sa respiration pénible. Elle se redressa d'un bond, il était hors de question qu'elle passe une seconde de plus dans cette grange.

La mauvaise humeur de l'agent du FBI augmenta lorsque son orteil heurta le pied de son lit de fortune, et qu'elle y cogna par la suite l'arrière de son crâne comme elle se baissa pour explorer le sol à tâtons à la recherche de son portable. Elle maudit le monde entier en faisant usage d'un vocabulaire peu gracieux puis se dirigea vers la sortie. Elle fut agréablement surprise de découvrir que l'auberge 'Chez Granny' avait déjà ouvert sa partie restauration.

Elle pénétra dans le lieu en faignant d'ignorer les regards qui se fixèrent sur elle, les habitués interrompus dans leur petit déjeuner. Être ainsi l'objet de leur attention l'exaspéra et elle se demanda s'il était si inhabituel de voir un étranger débarquer à Storybrooke.

« Déjà debout ? » lui demanda la vieille femme qui l'avait accueillie la veille d'un ton grincheux, mais dans un sourire qui se voulait certainement compatissant.

« On ne peut pas dire que vous m'ayez offert la meilleure chambre, » répliqua-t-elle sans la moindre méchanceté.

« Nous n'offrons rien ici, » la tança la plus vieille gentiment mais fermement. « Je suis Granny, gérante de cet établissement et sachez que cette auberge ne refuse rien à Madame le Maire, mais prenez cette bonne tasse de café en guise de bienvenue et de pardon pour le sort qui a été le vôtre cette nuit, elle vous sera facturée moitié prix. »

« Avez-vous une chambre correcte pour moi à présent ? » Demanda Emma d'une voix presque suppliante en acceptant le breuvage bien chaud.

« Évidemment. Louez celle qui vous plaira et je m'engage à ce que personne ne puisse y toucher si tant est que vous ayez de quoi payer. »

« Marché conclu, » s'exclama la blonde avec gratitude, portant son café à ses lèvres en serrant la main qui venait de lui être tendue.

« Parfait. Vous déjeunez puis vous irez vous installer. »

Emma commanda de quoi se remplir le ventre pour la matinée puis s'éloigna du bar afin de s'installer dans la grande pièce inondée de lumière, avec ses grandes fenêtres ouvertes sur la rue calme qui laissaient entrer un léger courant d'air délicieusement frais et revivifiant. Elle soupira d'aise en réalisant que plus personne ne la déshabillait du regard, puis attendit avec calme son assiette de pancakes qu'elle s'empressa d'asperger de sirop d'érable dès qu'elle fut servie.

Une fois installée dans ce qui allait désormais lui servir d'appartement pour les prochains jours, la jeune femme prit une rapide douche, puis, les cheveux encore mouillés, elle enfila un vieux jean usé assorti d'un tee-shirt délavé frappé du logo de l'université Columbia, révélant malgré cette tenue peu sophistiquée, un corps alerte et élancé, aux courbes féminines. Elle avait conscience d'imposer le respect dans n'importe quel vêtement, tailleurs chics et autres attributs estimables n'avaient bien souvent pas grâce à ses yeux et, elle sourit en coin en imaginant la réaction qu'aurait le tyrannique Maire de cette ville lorsqu'elle débarquerait, plus tard dans la matinée, dans son bureau.

Graham salua la blonde d'un sourire sincère dès qu'elle mit les pieds dans les locaux de la police, semblant peu surpris de la voir débarquer de si bonne heure.

« Vous avez étudié là-bas ? » demanda-t-il, jetant un œil à son tee-shirt lorsqu'elle retira sa veste en cuir.

« J'y ai passé quelques années. »

« Pour les natifs de Storybrooke, l'université choisie est souvent celle de Boston, » répondit-il en lui tendant une tasse et une viennoiserie.

« Seulement cette dernière ? »

Emma fut heureuse de boire son second café de la journée. Depuis qu'elle avait arrêté de fumer, il y a de cela quelques années à présent, ce liquide noir et amer était devenu sa nouvelle addiction. Elle y ajouta un sucre et croqua dans son croissant comme Graham répondait :

« Étrangement, oui. Être né ici signifie vivre et mourir ici. Nous n'aimons pas nous éloigner trop longtemps, un concept ancré dans nos gènes. »

Elle le regarda curieusement.

« Que voulez-vous dire ? »

« Dans cette ville, personne n'ignore l'histoire de Storybrooke. Même si le reste du monde nous a depuis longtemps oubliés, nous, nous n'avons pas oublié comment ont été traités nos ancêtres. Storybrooke a été créée par des hommes et des femmes rejetés de leurs paires, qui ont été obligés de fuir pour conserver leur richesse et leur notoriété, que la société a banni au lieu de leur donner ce qu'ils méritaient. Même si aujourd'hui les détails échappent aux moins érudits d'entre nous, leur aigreur face au monde extérieur a été transmise de génération en génération. »

« Eh bien... quelle drôle de ville. »

« Et vous n'avez pas tout vu, » lui lança-t-il dans un clin d'œil en attrapant une pochette cartonnée, « J'ai fait développer vos photos. »

« Déjà ? »

« On fait parfois les choses bien chez les péquenauds, » plaisanta-t-il.

« Où sont d'ailleurs le reste de vos hommes ? » Demanda la blonde dans un large sourire.

« La plupart ne se ramèneront qu'à partir de 9 heures. »

« Si tard ? »

« Nous sommes à Storybrooke, » lança le Shérif en s'éloignant vers son bureau, comme si cette réponse valait toutes les raisons du monde. « Que comptez-vous faire pour avancer l'enquête aujourd'hui ? »

« Je dois me rendre à la mairie à 9 heures puis j'irai parler aux familles des victimes en commençant par les parents, puis élargir le champ d'action à ceux qui leur sont proches. Faire une enquête d'environnement me semble nécessaire. »

« Nous avons déjà la déposition des familles Lucas, Dormant et Nolan mais j'imagine que vous souhaitez faire ça à votre sauce. »

« Vous imaginez bien. »

« Habillée ainsi ? » Demanda-t-il, détaillant une nouvelle fois sa tenue, sans la moindre critique dans la voix.

« L'individu se sent plus proche de l'autre lorsqu'il n'y a pas la barrière de l'uniforme ou celle de tenues plus strictes. »

« C'est un bon principe. »

« J'avoue pourtant ne pas être certaine que cela plaise à votre Maire. »

« Ah ça, » s'exclama Graham dans un petit rire indiquant qu'il connaissait parfaitement la réponse à ce doute, « vous allez vite le découvrir. »

Emma haussa les épaules en s'appuyant contre le bureau du Shérif, récupérant un épais dossier pour l'ouvrir devant elle alors que Graham lui indiqua qu'elle n'avait qu'à grimper au troisième étage pour trouver la mairie, avant de s'éclipser pour vadrouiller à d'autres occupations.

La blonde plongea son esprit dans cette sordide affaire, relisant procès-verbaux d'enquêtes, témoignages et investigations, parcourant minutieusement chaque photo, cherchant le petit détail qui reliait les trois gamins. Elle nota mentalement les questions qu'il faudra qu'elle pose aux familles des victimes, s'agaça de voir le manque de méthodes de la police locale et surtout ses lacunes, se demanda avec une pointe d'agacement pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour faire appel au FBI. Storybrooke semblait être une de ces petites villes perdues et oubliées de tous voulant se payer le luxe et la prétention de vivre en autarcie mais, résoudre ce genre d'affaires n'était pas quelque chose d'anodin.

Emma jeta un œil à sa montre et grimpa les deux étages qui la séparaient de la mairie d'une démarche assurée et sportive. Le lieu semblait totalement désert, elle sourit en coin en imaginant Graham lui dire avec évidence, dans un petit haussement d'épaule fataliste : ''nous sommes à Storybrooke''. Elle parcourut l'étage en ouvrant quelques portes, découvrant une salle de réunion, une pièce vide, les toilettes et le bureau de Madame le Maire...

La blonde, la main sur la poignée de la porte, observa Régina Mills vider le reste d'un petit flacon d'alcool, contenant ce qui ressemblait à du scotch, dans un verre en cristal. Elle entendit les glaçons craquer au contact de la boisson, crépitant et tintant les uns contre les autres. Emma resta là, sans bouger, sans un mot, à la regarder boire une gorgée puis fermer les yeux pour accueillir la délicieuse chaleur de l'alcool coulant le long de sa gorge.

«Si j'avais su je vous aurais apporté du cidre, » finit-elle par dire, cynique, sans vraiment attendre un commentaire de l'autre femme, ressassant mentalement avec amertume la nuit qu'elle venait de passer.

« Vous êtes en retard. » La réponse n'était pas conviviale, pourtant, le ton n'était pas aussi sec que la veille.

« Il est 9 heures 02 minutes, » répliqua la blonde.

« Qu'est-ce que je disais. »

Le silence se fit. Emma s'avança dans la pièce qu'elle trouva élégamment décorée, à l'image de cette femme malgré son verre à la main.

« Eh bien, » claqua la voix légèrement grave et harmonieuse du Maire dans un sarcasme non dissimulé, « est-ce le nouvel accoutrement des fédéraux cette année ? »

« Vous seriez heureuse de pouvoir y mettre votre veto n'est-ce pas ? » Répliqua Emma sans s'offenser, préférant lui offrir un sourire plutôt que d'entrer dans sa provocation.

« Vous ne pouvez imaginer à quel point. »

La brune esquissa un petit sourire prétentieux puis demanda en levant son verre après avoir bu une seconde gorgée :

« Je ne vous en propose pas ? »

Emma braqua son regard dans celui du Maire, prenant place sur la chaise face à son bureau derrière lequel elle était installée. Elle trouva ses yeux beaux et sombres, et d'une étrange tristesse également.

« Vous supposez bien. »

Nouveau silence que seul rompait le tintement des glaçons. Puis, après un haussement de sourcil curieux à son encontre, Régina Mills termina son verre d'une traite avant de lancer :

« Que comptez-vous faire pour retrouver ce tueur en série ? »

« Qui dit qu'il s'agit d'un tueur en série ? »

« Ne jouez pas avec moi. Un tueur en série est un criminel auteur d'homicides qu'il réitère dans le temps. Même un idiot sait cela. »

« Certes... »

« Selon la définition admise de tous, » la coupa-t-elle, « il faut au moins trois meurtres pour nommer ce genre de déséquilibré ainsi. Ce n'est pas parce que vous me trouvez avec un verre à la main à cette heure de la journée que je ne sais pas de quoi je parle. Je prends mon rôle de Maire et le bien-être ainsi que la sécurité de mes concitoyens très à cœur. »

« Je ne doute pas de votre rôle. »

« Mais moi je doute du votre. »

« Est-ce pour cela que vous avez attendu que trois enfants y passent avant de faire appel à nous ? » Répliqua-t-elle dans un éclat de colère mal dissimulé.

« Nous pensions résoudre cela seuls. »

« C'est ce que je vous reproche. »

« Vous avez beau être du FBI, ici vous agissez sous la juridiction locale Miss Swan aussi restez à votre place avec moi. »

« Ou sinon quoi ? Ne soyez pas prétentieuse au point de croire que vous allez pouvoir me jeter hors de la ville alors que vous avez tant besoin de moi. »

« Et c'est moi qui suis prétentieuse ? »

« Non, vous êtes surtout à coté de la plaque avec cette histoire. »

« On ne vous a jamais appris à tourner votre langue dans votre bouche avant de l'ouvrir ? »

« Si je vous écoute on ne m'a pas appris grand chose apparemment, pourtant que vous le vouliez ou non, vous allez devoir faire avec moi. »

« Malheureusement. »

« Pour moi vous voulez dire. »

« Que vous êtes agaçante. »

« Et si nous parlions de vous ? »

Le silence se fit encore une fois. Cette dernière phrase, du tac au tac, venait d'être prononcée dans un volume furieux qui les surprit toutes les deux. Seulement deux rencontres et elles étaient déjà en train de se disputer. Les lèvres du Marie se tendirent en une moue sceptique.

« Je ne vous aime pas, » lança-t-elle de but en blanc.

« La réciproque est vrai. »

Les deux femmes se jaugèrent du regard pendant quelques secondes qui semblèrent bien longues à la blonde.

« Très bien. Parlons de cette histoire à présent, » finit par lancer Régina en chaussant une paire de lunettes sur l'arête de son nez.

Emma passa une petite demi-heure dans le bureau du Maire, lui expliquant sans pour autant entrer dans les détails les actions qu'elle comptait mener pour retrouver le tueur. Empêcher qu'un quatrième meurtre ne survienne était une priorité. Au cours de la discussion, l'agent du FBI réalisa qu'elle avait besoin que cette femme soit dans son camp afin de garder, ou d'obtenir tous les moyens qu'elle souhaitait à disposition et, choisissant de ranger son poing dans sa poche, elle accepta chaque regard noir et sourire acerbe sans rechigner, se mordant de temps à autre la langue afin de garder pour elle une réplique tranchante.

La matinée était encore jeune lorsqu'elle serra la main ferme de la brune pour retrouver le Shérif Humbert qui l'attendait devant une pimpante Audi A5 noire, laquée et brillante à l'allure et aux jantes sportives.

« Ne me dites pas que c'est une dotation de la police ? » Demanda l'agent après un long sifflement appréciateur, les yeux légèrement brillants.

« Elle est à moi, » lui répondit l'homme avec fierté, « elle m'a pris des mois d'économie. »

« On ne se refuse rien, même les vitres arrières sont teintées! »

« C'est une Sportback et elle est toutes options. »

« L'intérieur ? »

« Cuir. »

« Moteur et Carburant ? »

« Vous semblez vous y connaître ! »

« Et pas qu'un peu ! Elle est magnifique, que fait-elle là ? »

« Regardez ma tenue, » répondit Graham en tendant les bras pour désigner son corps, « J'ai repensé à ce que vous m'avez dit ce matin... par rapport à vos vêtements et le contact que cela crée avec les individus, et je vous rejoins sur ce point. Aussi durant cette enquête j'aborderai la tenue civile, et la police de Storybrooke n'ayant pas de véhicule banalisé, nous nous déplacerons avec le mien. »

« Vous ne craignez pas que je l'abîme ? »

« Je n'ai pas dit que je vous laisserai le volant. Allez, montez. »

« Vous n'avez pas peur que l'on vous reproche de circuler à bord d'un véhicule de marque en service ? » Demanda Emma en bouclant sa ceinture.

« Non, » répondit le Shérif dans un petit sourire, faisant ronfler le moteur de l'Audi, « tout le monde sait que cette voiture est la mienne et que j'ai mis un certain temps à la financer, et le Maire a trouvé cette idée pas trop mal lorsque je l'ai appelée pour lui en parler peu avant 9 heures. »

« Vous ne faites rien sans l'accord du Maire hein ? »

« Ça marche comme ça ici, » répondit-il dans un petit haussement d'épaule en prenant de l'allure.

Le Shérif mena l'agent spécial à l'Est de la ville, respectant scrupuleusement les limitations de vitesse malgré la capacité de circulation rapide que lui permettait ce qu'il nommait : sa petite merveille, tout en profitant de ce temps pour lui parler de Storybrooke.

Cette ville était principalement organisée en quatre quartiers, Coldground au Nord, Forest Place au Sud, Black District à l'Ouest et Bright Street à l'Est vers lequel ils se dirigeaient. Un secteur qui fut le dernier construit lors de la création de la ville mais où se trouvait la majeure partie de la population et la plupart des commerces.

Les yeux d'Emma se posèrent sur un quartier à tendance résidentielle aux allées propres et pelouses parfaitement entretenues, si bien qu'elle eut l'impression de débarquer dans un de ces films en noir et blanc d'après-guerre vantant les mérites des bonnes familles américaines. La blonde se demanda quel intérêt il pouvait y avoir à vivre dans ce genre d'endroit, où le charme convivial était à coup sûre synonyme d'ennui et d'indiscrétion. Elle était certaine qu'elle détesterait les ''bonjour, comment allez-vous ?'' faussement amicaux et toutes ces niaiseries de communauté de quartier. Pourtant, elle devait bien reconnaître qu'un charme bienveillant se dégageait de Bright Street et qu'il devait faire bon d'y vivre.

« Ce sont les Nolan qui résident ici n'est-ce pas ? » Demanda la blonde en claquant avec soin la portière après être sortie du véhicule.

Leur demeure se trouvait en bordure de ville et s'étendait sur la fin d'un amas de maisons. Elle était d'un blanc immaculé et avait un charme certain cerclée de multiples parterres de fleurs dont l'odeur agréable se répandait avec douceur dans l'air du vent, et mitoyenne d'une large prairie à l'herbe haute où quelques roses sauvages coloraient joyeusement le paysage.

« Exactement, » finit répondre le Shérif après un instant de réflexion, « je les ai appelés toute à l'heure et c'était le seul moment où nous pouvions les trouver ensemble. »

« Comment ça ? »

La question de la blonde resta sans réponse comme la porte d'entrée de la maison venait de s'ouvrir. Une femme d'une cinquantaine d'année les accueillit dans un sourire chaleureux.

« Graham, » commença-t-elle, « voilà longtemps que je ne t'avais pas vu. »

« Mme Nolan, » répondit-il poliment, « j'aurais aimé que ce soit dans d'autres circonstances. »

« Mon fils et sa femme vous attendent dans le salon, » poursuivit-elle en s'effaçant pour les laisser entrer avant de s'éclipser après un rapide au-revoir.

Par la porte d'entrée ouverte, le bruit de conversations chuchotantes et animées se fit entendre. Emma ne broncha pas en pénétrant dans la maison, flanqué de Graham qui la suivit sans afficher la moindre surprise s'il en avait.

« Qu'est-ce que vous nous voulez tous les deux ? » lança une voix féminine sans la moindre courtoisie.

Kathryn Nolan était une élégante femme blonde aux traits irlandais et à l'accent anglais prononcé. Elle était plutôt grande pour une femme et ses yeux d'un bleu perçant devaient être magnifiques lorsqu'ils n'étaient pas striés de rouge et gonflés par les larmes.

« Ma chérie, » tenta de la rassurer l'homme flanqué à ses cotés, « ils ne font que leur travail. »

Elle se tourna vers lui pour lui jeter un regard mauvais.

« Je t'interdis de m'appeler comme ça ! »

L'agent spécial, la posture parfaitement droite face aux deux individus, ne dit pas un mot et invita Graham d'un rapide geste de la main à faire de même, souhaitant avant toute chose calmer l'hystérie semblant s'être emparée de cette femme.

« David Nolan je présume ? » Finit-elle par dire en tendant une main qui se voulait amicale vers le plus calme du couple, « Agent spécial Emma Swan, du FBI. »

L'homme, vêtu d'un short, d'un tee-shirt trempé de sueur et de chaussures de sport la salua avec poigne. Ses cheveux blonds tirant sur le brun, à l'origine certainement coiffés en brosse étaient ébouriffées et retombaient sur son front humide. Il devait avoir la trentaine et malgré cette tenue peu saillante, il avait la carrure séduisante d'un ancien joueur de football américain avec ses muscles longs et vivaces, ses hanches étroites et ses épaules larges.

« Vous présumez bien, et voici ma femme Kathryn. »

« Bientôt son ex-femme si l'on continue ainsi, » répliqua la blonde avec hargne, « nous avons déjà répondu par trois fois à vos questions Shérif Humbert, allez-vous nous harceler longtemps ? »

« Le Shérif n'est là que pour me seconder, » intervint Emma d'une voix plate et douce, baissant le ton pour forcer l'attention et le calme de son auditoire. « Je suis désolée d'avoir à revenir sur le meurtre de votre fils, mais ne croyez-vous pas qu'il faut tout faire pour retrouver son assassin et empêcher qu'un autre garçon subisse le même sort ? »

Kathryn se figea en clignant plusieurs fois des yeux puis, dans un long et lasse soupir, elle prit place dans le fauteuil près duquel elle se trouvait.

« Installez-vous donc, » dit-elle en essuyant les larmes qui coulaient le longs de ses joues, « je vous offre quelque chose à boire ? »

« Ça ira, » répondit Emma en prenant place face à elle, « finissons-en rapidement. »

Le couple Nolan se lança un long regard avant de hocher la tête de concert.

« Vous avez conscience que je risque de vous poser des questions qui ne vont pas vous plaire, n'est-ce pas ? »

Le couple hocha de nouveau la tête.

« Bien. Mme Nolan ? Où étiez-vous le soir du meurtre de Kristoff ? »

« Comme je l'ai déjà expliqué à l'adjoint Locksley et même à vous Shérif, » commença-t-elle en jetant un œil à Graham, « j'ai quitté Storybrooke pour Boston afin d'assister à une convention financière traitant des nouveaux rapports financiers et des nouvelles modalités entrées en vigueur depuis le début d'année. »

« Où se tenait cette convention ? »

« Comme je viens de vous le dire, à Boston. »

« Quand avez-vous quitté Storybrooke ? »

« La convention se tenait sur trois jours, mercredi, jeudi, vendredi. J'ai quitté la ville le mardi en fin d'après-midi, et à Boston j'ai séjourné au Langham qui se trouve en plein cœur de la ville. »

« En plein cœur de la ville ? »

« Oui dans le quartier financier, au 205 Franklin Street exactement. »

« Je ne connais pas. C'est quel genre d'hôtel ? »

« C'est un cinq étoiles. Il abrite un restaurant gastronomique, un spa de luxe et des chambres élégantes. »

« Vous y avez séjourné combien de temps ? »

« J'avais réservé pour trois jours mais avec ce qui est arrivé à Kristoff, je suis revenue à Storybrooke le jeudi. J'ai toutes les factures de mon séjour si cela vous intéresse, » finit-elle avec lassitude.

« On ne vous les a pas déjà récupérées ? »

« La police n'a pas jugé cela utile, » répliqua la femme dans un nouvel éclat de colère.

Emma attendit quelques instants puis reprit sur le ton de la conversation :

« Vous ferez passer tout cela au Shérif. »

Nouveau silence.

« M. et Mme Nolan, qu'en était-il du comportement de Kristoff ? »

« C'était un garçon joyeux et plein d'entrain, » reprit la grande blonde alors que ses yeux se remplissaient de larmes, « il n'a pas mérité ce qui lui est arrivé. »

« Kristoff avait de bonnes notes et était un bon sportif, » poursuivit David en frottant doucement le dos de sa femme d'une main réconfortante, « à notre connaissance il n'avait aucun problème et il n'avait pas rencontré de nouvelles têtes. »

« Où était-il lorsqu'il s'est fait enlever ? »

« Après son entraînement de hockey il aurait dû être ici en compagnie de ses deux sœurs, Elsa et Anna. »

« Il n'est donc pas rentré ? »

« Pas que je sache. »

« Il n'a donc pas passé la soirée ici ? »

« Ses sœurs ne l'ont pas vu. »

« Vous n'avez pas l'air de savoir grand chose de l'emploi du temps de votre fils M. Nolan ? »

« Je n'étais pas présent ce soir-là. »

« Qui gardait les enfants en l'absence de votre femme ? »

« A votre avis ? »

« Je n'ai pas d'avis à avoir, je vous demande seulement les faits. »

L'homme qui jusqu'à présent avait été calme s'agaça.

« J'étais censé être avec eux d'accord, mais je n'étais pas là. »

« Où étiez-vous donc M. Nolan ? »

« J'ai dû m'absenter pour aller au refuge. »

« Le refuge ? »

« Je suis vétérinaire et j'ai ouvert il y a quelques années un refuge pour animaux. »

« Pourquoi étirez-vous au refuge ce soir-là ? »

« J'avais recueilli un chien errant qui demandait des soins particuliers. »

« Et il ne pouvaient pas être prodigué en journée ? »

Les lèvres de David se crispèrent.

« Apparemment non. »

« Qui peut attester que vous étiez au refuge? »

« Suis-je soupçonné ? »

« Je vous ai prévenus que j'allais vous poser des questions qui risquaient de ne pas vous plaire. »

« J'étais seul, » répondit-il en agitant nerveusement la main.

« Vraiment seul ? »

Il lui lança un long regard.

« Si l'on ignore les animaux, oui. »

« Quelle heure était-il ? »

« Quand ? »

« Lorsque vous avez été au refuge. »

« 19 heures je dirais. »

« Et lorsque vous en êtes parti ? »

« 23 heures. »

« Ce chien devait demander de sacrés soins, » lâcha Emma en l'observant attentivement.

Il fronça les sourcils.

« Je suis très investi dans mon métier. »

« Comme nous tous. Quelle race ? »

« Co-Comment ça ? »

« Le chien, quelle race ? »

« Je n-... Un beauceron... »

« D'accord. »

La blonde lui lança un sourire rassurant mais elle n'était pas dupe, elle avait parfaitement conscience qu'il mentait sur son emploi du temps pourtant, ce qu'elle ne savait pas encore, c'était la raison de ce mensonge.

« Qu'avez-vous fait entre 23 heures et le moment où votre fils a été découvert ? »

« Je suis rentré à la maison. »

« En combien de temps. »

« Un quart d'heure. »

« Et ensuite ? »

« Ensuite ? Je l'ai cherché. »

« Où ça? »

« Partout. »

« C'est à dire ? »

« Je ne sais plus exactement. »

« Vos filles ne vous ont pas averti qu'il était absent ? »

« Elles m'ont appelé sur mon portable... mais... il était en silencieux. »

Le silence se fit. Emma lut du remord et de la culpabilité sur le visage de cet homme déjà bien dévasté par le chagrin. L'agent choisit de calmer le jeu, elle savait qu'il lui cachait quelque chose mais n'ignorait pas non plus qu'il n'avait rien à voir dans le meurtre de son fils.

« Quelqu'un dans votre entourage vous veut-il du mal ? »

« Nous n'avons jamais eu de problème, » répondit David.

« Quelqu'un dans votre entourage veut-il du mal à vos enfants ? »

« Avant j'aurais dit non, » pleura Kathryn, « et je compte bien protéger les deux filles qu'ils me restent. »

« Où sont-elles actuellement ? »

« Chez mon frère August, nous souhaitons les protéger de toute cette folie. Elsa et Anna sont dévastées par ce qui est arrivé à Kristoff et elles n'ont pas besoin de voir leurs parents se disputer continuellement. »

« Pour quelles raisons vous disputez-vous ? »

« Je ne vois pas en quoi les disputes de Kathryn et David vous concernent-elles, » lui répondit une voix légèrement rauque et hautaine qu'elle commençait à bien connaître.

Emma se détourna des Nolan pour regarder par-dessus son épaule et croiser le regard sombre et voilé de mépris de Régina.

« Madame le Maire, » répondit-elle sans masquer son agacement d'avoir été interrompue, « que faites-vous ici ? »

« Kathryn est une amie et je ne vois pourquoi je devrais justifier de mon emploi du temps. »

« Votre emploi du temps n'a aucune importance pour moi s'il n'interfère pas dans mon enquête. »

Du coin de l'œil l'agent du FBI vit Graham lever les yeux au ciel comme pour dire ''et c'est reparti'' et, consciente qu'il n'était pas bon pour sa notoriété et son enquête que les habitants de Storybrooke fassent circuler des rumeurs concernant sa mésentente avec le Maire, elle se redressa pour avancer vers la brune avant que cette dernière n'ouvre la bouche afin de lui envoyer une réplique cinglante.

« Veuillez nous excuser quelques instants, » dit-elle en s'éloignant, suivie de près par une Régina mécontente qu'elle lui attrape l'avant-bras à son passage.

« Lâchez moi immédiatement, » balança le Maire d'un ton claquant et sans appel qui fit frémir la blonde.

Emma lâcha prise lorsqu'elle jugea être assez éloignée du salon pour ne pas être entendues des autres.

« Vous y connaissez quelque chose en enquête criminelle ? » Demanda-t-elle en lui faisant face.

« Aux dernières nouvelles je suis Maire et non policier ou agent fédéral Miss Swan, aussi gardez vos questions stupides pour vous. »

« Et vous, laissez moi faire mon enquête sans intervenir quand bon vous semble. »

« En quoi la vie de couple des Nolan va-t-elle vous permettre de retrouver le tueur ? »

« En quoi êtes-vous qualifiée pour affirmer le contraire ? »

« Ayez un peu de bon sens et devinez que c'est parce que cet idiot de David se sent coupable de ne pas avoir été là pour Kristoff qu'ils se disputent. Et que Kathryn, malgré la plus grande volonté du monde, lui reproche la même chose. »

« Oh, Madame la Maire fait dans la thérapie conjugale maintenant ? »

« Ne me manquez pas de respect. »

« N'intervenez pas dans mon enquête. »

« Vous êtes si prétentieuse. »

« Et vous une alcoolique ! »

Cette dernière réplique, totalement hors contexte, avait été balancée dans un chuchotement hargneux qui calma les deux femmes. Régina haussa un de ses sourcils parfaitement dessiné :

« C'était petit, » dit-elle dans un demi-sourire qui surprit la blonde.

« Vous ne m'avez pas laissé le choix. »

« Vous ne connaissez rien de ma vie. »

« Et vous pas plus de la mienne mais il va nous falloir faire avec. »

« Ne me jugez pas. »

« Je ne le fais pas. »

« Bien, » Régina se passa une main rapide dans les cheveux, « vous êtes une personne intrigante Miss Swan. »

L'agent eut du mal à cacher l'étonnement que provoqua cette phrase.

« Pas plus que vous... Madame la Maire, » finit-elle par dire.

Elles se jaugèrent quelques instants du regard, ni l'une ni l'autre ne voulant être celle qui baisserait les yeux en premier.

« La conversation est clause, » claqua la brune en se détournant après un mouvement de lèvres hautain, « retournez en finir avec les Nolan à présent. »

Emma se frotta les yeux puis la regarda s'éloigner d'une démarche qu'elle trouva majestueuse et pompeusement séduisante, comment faisait-elle pour placer du charisme dans autant d'arrogance et de vanité ? La blonde haussa les épaules imitant l'art que semblait si bien maîtriser Graham, puis retrouva le couple Nolan pour terminer cet entretien dans les plus brefs délais.

Lorsque le Shérif la déposa devant Chez Granny pour qu'elle puisse se restaurer en toute tranquillité, le début d'après-midi était déjà bien entamé et les cuisines de l'établissement fermées depuis plus qu'une heure. Mais, elle fut heureuse de découvrir que celle qu'elle nommait dans sa tête ''la vieille tenancière ronchonne'', lui avait mis de coté un plat du jour et une généreuse part de moelleux au chocolat. Emma sourit en entamant son repas, peut-être que son séjour à Storybrooke n'allait pas être aussi pitoyable qu'elle l'avait au premier abord imaginé.

A SUIVRE...


- Alors... que peut bien cacher ce cher David Nolan ? -

Merci de votre lecture et merci à ceux qui prennent le temps d'un commentaire, notamment les guests à qui je ne peux répondre personnellement.

Comme toujours, MERCI à Not gonna die pour sa correction.