- Le Chemin des Ténèbres -
.Chapitre 1.
Et me revoici avec un tout nouveau projet d'un genre un peu différent de ce que j'ai publié jusqu'à présent. J'ai voulu mêler dans cette histoire deux thèmes qui me tiennent à cœur et, à défaut de savoir écrire du fantastique, genre que j'affectionne particulièrement, je vais tenter de vous offrir une fiction entre romance et intrigue policière. J'espère être à la hauteur de cette tache et combler vos instants de lecture de façon positive.
Merci à tous ceux qui me soutiennent et en avant pour cette toute nouvelle histoire !
« Un jeune garçon de 10 ans a été sauvagement assassiné dans le quartier résidentiel de Bright Street, l'arrondissement Est de la ville, peu avant minuit. D'après la police locale, ce crime pourrait-être l'œuvre de l'individu déjà responsable des deux autres meurtres ayant eu lieu au cours des trois derniers mois à Storybrooke.
La dernière victime est Kristoff Nolan. Il a été vu pour la dernière fois en fin d'après-midi alors qu'il quittait le gymnase du collège où il s'entraînait en compagnie de son équipe, pour le célèbre championnat de hockey en salle, auquel participe comme chaque année notre école, qui débutera le mois prochain. Le garçon serait rentré directement chez lui, accompagné par le jeune Henri Mills, fils de Regina Mills, le maire de la ville, alors que ses parents s'étaient absentés pour la semaine. Les raisons de leur absence nous sont encore inconnues. Mais nous savons de source sûre que le tueur s'est introduit dans la maison en brisant la fenêtre de la véranda, afin d'atteindre le loquet pour ouvrir sans résistance la porte coulissante, puis... »
Sydney Glass, Extrait du Mirror Storybrooke New's.
...
Il pleuvait sur Storybrooke. Des trombes d'eau qui s'abattaient sans relâches depuis l'aube et qui ne semblaient pas vouloir s'arrêter. Des nuages gris et bas recouvraient le ciel comme si la lumière n'avait aucun droit de visite sur les terres. Des terrains de jeux inondés, des caniveaux débordants, d'épaisses gouttes d'eau tambourinant sans interruption contre l'habitacle de son véhicule. Emma soupira en portant son regard au loin, sur cette ville lui semblant terne et sombre, légèrement menaçante sous cette pluie battante. Elle qui avait le teint doré des longs après-midi passés sous un soleil de plomb, les cheveux éclaircis de lumière et le regard pétillant et jovial de ces gens respirant la chaleur des torrides nuits d'été.
En arrivant dans cette ville du Maine, elle eut l'impression de mettre les pieds dans un étrange rêve terrifiant comme si, dernière chaque recoin et chaque ombre se tapissaient, attentifs au moindre faits et gestes, un redoutable danger.
La jeune femme sortit de son véhicule puis verrouilla la portière, maudissant quelques instants son faible pour les vieilles voitures comme la sienne n'était pas équipée d'une fermeture centrale automatique permettant à la pluie, dans toute sa perfidie, de la tremper alors jusqu'à l'os.
Emma frissonna en pénétrant dans les locaux de la police locale, et fut heureuse d'entendre ses talons claquer contre les grandes dalles de marbre, laissant derrière elle les flaques d'eau et le son monocorde de la pluie. Elle fut surprise de ne trouver aucune réceptionniste, aucun agent de sécurité ni même un quelconque système de protection et se dirigea d'un bon pas vers les bureaux du Shérif, au premier étage.
A son arrivée, une forte odeur de café et de croissants frais l'accueillirent et, le ventre d'Emma gronda pour lui rappeler qu'elle avait, une fois de plus, sauté le petit déjeuner. La jeune femme grimaça en constatant le peu d'activité qui semblait régner en ce lieu et comprit qu'il devait y avoir une part de vrai dans les on-dits que véhiculaient certains de ses collègues à propos du laisser aller des polices locales et, elle sut, à cet instant, que son propre rythme de travail allait en chambouler plus d'un.
« Vous cherchez qu'que chose ma p'tite dame ? »
Emma regarda l'individu lui faisant face en masquant sa surprise. Il sortait d'un des bureaux et, rien en lui ne correspondait à l'image qu'elle se faisait d'un employé de police. Il était petit, bedonnant, la barbe mal voire pas taillée, la figure fatiguée d'un homme ayant veillé toute la nuit, les yeux légèrement rougis par l'alcool. Tout en lui tendait plus vers l'homme ayant passé sa nuit en dégrisement que vers celui ayant pour rôle de faire respecter l'ordre et la loi.
« Vous avez perdu vot'e langue ? » Insista-t-il en lui faisant un sourire qui tira plus de la grimace alors qu'il lui manquait une dent de devant.
« Et vous êtes ? » Demanda-t-elle, cherchant à ne pas l'envoyer sur les roses et à rester poli.
« Ben vous êtes pas bien gracieuse, vous », se contenta-t-il de répondre avant de s'éloigner en hurlant : « Locksley, y'a une gonzesse pour toi ! »
La jeune femme fulmina à l'entente de cette phrase mais, lorsqu'elle se retourna pour exprimer sa désapprobation de façon vive et sans aucun doute vulgaire, il n'était plus là, semblant avoir disparu. Emma fronça les sourcils, il s'était déplacé bien plus vite qu'elle ne l'aurait jamais cru capable de le faire.
« Ah non, » entendit-elle alors, « on ne se connaît pas. Vous ne venez pas pour moi. »
Elle se retourna de nouveau. Face à elle se tenait dans l'embrasure de la porte, un homme brun, cheveux élégamment mis en brosse, aux yeux verts et au sourire charmeur, ayant certainement la trentaine et une assurance qui devait en faire tomber plus d'une à ses pieds.
« En quoi puis-je vous aider ? » Demanda-t-il, adoptant une pose à l'apparence nonchalante mais qu'elle devina totalement étudiée pour la séduction.
« Je cherche le Shérif Graham Humbert, » dit-elle, ignorant totalement ce bourreau des cœurs pour porter son regard sur l'extérieur, préférant observer les lourds nuages chargés de grisaille plutôt que son attitude arrogante.
« Il n'est pas là. »
« Il attend ma venue pourtant. »
« Oh, vous devez être celle du FBI. Graham s'est absenté pour l'enterrement. »
« Agent Spécial Emma Swan en effet, » répondit-elle en tendant une main que le brun serra fermement, « à qui ai-je l'honneur ? »
« Robert Locksley, je suis l'adjoint du Shérif. Je peux vous offrir quelque chose à boire pour vous faire patienter ? »
« Je peux le joindre d'une façon ou d'une autre ? » Se contenta-t-elle de demander en ignorant superbement sa question.
« Il a bien un portable mais je ne pense pas qu'il y répondra, » répondit le brun, « à cause de l'enterrement du petit Nolan vous comprenez ? » Reprit-il quelque peu mal à l'aise devant son air pincé.
« Mince, c'est aujourd'hui ? » Demanda Emma avec une pointe de déception.
« Oui, et cette pluie est désolante, » lui répondit Robert dans un sourire de compréhension, teinté d'une pointe de compassion que la jeune femme se contenta de chasser d'une phrase :
« Ce qui me désole surtout c'est que je ne sois pas arrivée à temps pour jeter un coup d'œil au corps. »
Le brun, s'il fut surpris par cette réponse, se garda bien de le montrer.
« Ce n'était pas beau à voir. »
« Notre boulot n'est pas toujours tout rose. »
« Pour vous peut-être mais ici, nous n'avions jamais vu ça. »
« Je veux bien vous croire. »
Un léger silence s'installa entre eux, que finit par rompre Emma :
« Qui est l'homme qui vient de quitter vos bureaux ? »
« Lequel ? »
« Vous avez vu beaucoup de monde ce matin ? » Questionna la jeune femme dans une pointe d'agacement.
« Non en effet. Je pense donc que vous parlez de Leroy, notre boulanger. Il nous apporte chaque matin quelques viennoiseries. Ne vous offusquez pas de son air taciturne et grincheux, c'est un chouette type. »
« Je ne demande qu'à vous croire, » répliqua-t-elle, peu convaincue. « Qu'en est-il de la famille Nolan ? » Demanda-t-elle après quelques secondes de silence.
« Je vous la fais courte ou longue ? »
« Donnez-moi une réponse correcte et je m'en contenterai. »
« Je vous sers un café et allons discuter dans mon bureau. »
« Avec un sucre. »
« Les pères fondateurs de Storybrooke étaient quatre : Gold, Mills, Nolan et Booth, » commença Robert en lui tendant une tasse de café fumant. « Leurs descendants sont toujours parmi nous et, si les Nolan et les Booth ont perdu leur fortune aux cours des dernières décennies, les Gold et les Mills sont toujours des figures éminentes de la ville. »
Ils s'installèrent dans le bureaux du shérif adjoint sans formalité, la blonde attentive à l'écoute de ce qui était en train de lui être conté.
« David Nolan a épousé la belle Kathryn Booth dès qu'il ont atteint la majorité. Beaucoup de rumeurs ont couru sur leur union, ils avaient tout juste dix-huit ans après tout.
Certains diront que ce fut un mariage arrangé par leur parents afin d'unir leur forces et de conserver la fortune au sein des plus purs d'entre eux. D'autres diront que la belle blonde était enceinte d'où leur mariage rapide et, la naissance de leur premier enfant neuf mois et demi plus tard en a conforté plus d'un. »
« Les gens jasent beaucoup apparemment, » dit Emma en portant son café à ses lèvres.
« C'est monnaie courante ici. Et vous ne savez pas tout, il y a aussi eu la rumeur de la fuite avant mariage de David, celle de l'amant secret de Kathryn et j'en passe des plus absurdes. »
« Qu'est-ce qu'il y a de vrai là-dedans ? »
« Je n'en ai pas la moindre idée, » répondit Robert dans un sourire contrit.
« Ils ont donc eu deux enfants ? »
« Non trois. Elsa l'aînée, Anna la cadette et puis Kristoff... »
« Que savez-vous de Kathryn et David Nolan ? »
« Après le lycée, ils sont allés tous deux faire des études à Boston et en sont revenus diplômés quelques années plus tard. »
« Quoi comme études ? »
« David est vétérinaire... »
« Ça ne semble pas être dans ce domaine que sa famille a fait fortune, » le coupa la blonde.
« Non en effet, il est allé contre les choix de son père sur ce coup-là. C'est Kathryn qui a repris l'entreprise des Nolan, elle est dans la finance. »
« Que savons-nous d'autre sur eux ? »
« Ils sont banals et sans histoires. »
« Où le corps a-t-il été retrouvé ? »
« Au milieu du jardin voisin. »
« Vous avez des photos ? »
« C'est pas joli à voir je vous le garantis. »
« Je ne suis pas là pour la décoration, » répondit Emma sans civilité, agacée que ce type lui fasse comprendre par deux fois, consciemment ou non, qu'elle n'avait pas à voir de quoi l'être humain était capable. Mais, elle savait, sans doute mieux que lui, à quelles horreurs l'individu pouvait parfois se livrer.
« Ce n'est pas... » commença Robert avant qu'il ne soit coupé vivement.
« Qu'importe. Écoutez, mon patron vient de me donner l'affaire. Je ne sais pas grand chose sur elle comme vos services n'ont pas fait passer le dossier à temps pour que je le consulte avant de venir et que nous savons très bien qu'il ne faut pas se fier à ce que peut nous dire la presse. J'ai besoin de me mettre dans le bain au plus vite alors dites-moi tout ce que vous savez et commencez par les deux premiers meurtres. Je veux être sûre que nous ayons à faire à un seul et même tueur. Mettons à profit l'absence du shérif et renseignez-moi au mieux. »
L'adjoint du shérif Locksley se passa une main nerveuse dans les cheveux, peu habitué à se faire remettre en place et surtout par une femme. Il haussa un sourcil curieux, détaillant celle lui faisant face. Elle n'avait rien des femmes qu'il avait pour habitude de côtoyer même si, physiquement, elle correspondait à ses critères de recherches. Elle était de taille moyenne, les cheveux blonds ondulés, tombant gracieusement en cascade sur ses épaules, mettant en valeur ses yeux verts, vifs et perçants, semblant capter tout ce qui se passait autour d'elle, comme si rien ne pouvait lui échapper. Habillée de façon simple et à l'aise pourtant, il percevait au travers de ses vêtements la beauté de ses formes et ne douta pas, que vêtue plus sophistiquée, elle devait être magnifique. Pourtant, il savait que cette femme n'était pas pour lui. Son attitude, trop sûre et indépendante était un frein, il ne voulait pas d'une femme pouvant se débrouiller sans lui et ne semblant pas l'admirer.
La blonde planta subitement son regard dans le sien, mécontente de sa non réactivité.
« Très bien, je vais vous chercher ça, » dit-il en s'éloignant pour masquer sa gêne d'avoir été pris en train de la reluquer.
Emma en profita pour jeter un nouvel œil par la fenêtre, il ne pleuvait presque plus.
« La première victime, Jordan Lucas, 12 ans, » commença Robert en déposant un épais dossier sur la table, « retrouvé mort le 22 octobre dernier. »
« Où ça ? » Demanda la blonde en s'emparant du sous-dossier concernant ce cas.
« Dans le quartier Nord, le quartier le plus pauvre de Storybrooke. Il a été enlevé trois jours avant la découverte de son corps, nous ne savons pas vraiment ce qu'il lui est arrivé durant cette période. »
« A-t-il subi des viols ou attouchements sexuels ? »
« Non, pas le moindre. »
« Où a-t-il été séquestré ? »
« Aucune idée. »
« Ses parents ? »
« Fils de Ruby Lucas, mère célibataire. »
« Elle bosse où et dans quoi ? »
« Elle est strip-teaseuse au Rabbit Hole, un bar du coin. »
« Le père ? »
« Aucune idée. Elle ne semble pas le savoir elle-même. »
« Qui a découvert le corps ? »
« Comme le petit Kristoff et le petit Arthur, la seconde victime, un des voisins. »
« Ils ont tous été découverts chez un voisin ? »
« Oui, dans leur jardin. »
« Les corps étaient tous disposés de la même façon ? » Demanda la blonde en étalant des photos devant elle.
« Oui. Complètement nus, les yeux bandés, les mains en croix attachées dans le dos à l'aide d'une ficelle en lin, et il y avait également d'étranges stigmates sur tout leur corps. »
« Pourtant il est indiqué ici que Jordan n'avait plus de globe oculaire. »
« Oui, une fois le bandeau qui cachait leur regard retiré, nous avons découvert l'horreur d'orbites vides. »
« Pour tous les enfants ? »
« Oui, tous. »
« Qui est la seconde victime ? »
« Arthur Dormant, 12 ans également, retrouvé dans le quartier sud de la ville le 6 novembre, » commença le brun et, comme ayant compris qu'elle désirait plus d'informations, il poursuivit : « ses parents sont Aurore et Philippe Dormant, tous deux enseignants au collège de Storybrooke. »
« Quelle matière ? »
« Aurore enseigne l'histoire et Philippe est professeur de sport. »
« Comment se sont-ils rencontrés ? »
« Aucune idée. »
« Arthur a disparu deux jours avant sa découverte et Kristoff le jour-même ? »
« Oui mais nous ne sommes pas sûrs de l'heure pour Kristoff. »
« Comment ça se fait ? »
« Les parents étaient absents. »
« Ils étaient où ? Ce n'est marqué nulle part dans le dossier. »
« Je ne sais pas vraiment. »
« Vous ne savez pas vraiment ou vous ne savez pas tout court ? »
« Kathryn Nolan était à une convention et je n'en ai pas la moindre idée pour David. »
« Et ils ne prennent pas de nouvelles de leur enfant ? »
« Faudra leur poser la question. »
« J'y compte bien. Vous disposez de quoi ? »
« Comment ça ? »
« Quelles traces, indices ou objets avez-vous pouvant nous aider à retrouver le tueur ? »
« Pas grand chose. Nous n'avons relevé aucune empreinte. Les stigmates sont ce qu'il y a de plus abstraits et je ne sais quoi vous dire. On vous a appelée pour ça j'imagine. »
« Dans les trois jardins, des traces de pas ou de pneus par exemple ? »
« Nous n'avons rien relevé. »
« Et trop de piétinement sont visibles sur les photos pour dénoter quoi que ce soit. »
« Des traces sur les enfants ? »
« Le médecin légiste n'a rien trouvé de particulier. »
« Il pleuvait ? »
« Ça je peux vous dire que non. »
« Pourtant les corps semblent parfaitement propres. Ont-ils été nettoyés ? »
« Par le tueur ? »
« Par qui d'autre ! Ce foutu psychopathe semble suivre un rituel et il ne serait pas étonnant qu'il ait pris le temps d'un nettoyage avant de marquer leur peau. »
« Vous avez certainement raison malheureusement, » lui répondit une voix qu'elle ne connaissait pas. « Enchantée, » dit un homme barbu, entrant dans la pièce et s'avançant vers elle pour la saluer, « Shérif Graham Humbert. »
« Agent Spécial Emma Swan, » répondit-elle en se redressant.
« Vous êtes déjà là ? »
« Il semblerait. »
Un court silence s'installa.
« La pluie s'est arrêtée depuis quelques minutes, vous voulez que je vous fasse une rapide visite de Storybrooke ? »
« Plus tard. Votre adjoint m'a fait un rapide topo de la situation et avant toute chose j'aimerais me rendre sur les lieux des crimes. »
Le shérif frotta ses yeux fatigués d'une main avant de répondre, d'une voix lasse :
« Je ne suis pas sûr qu'il reste grand chose, les jardins doivent être un véritable bourbier à l'heure qu'il est. »
« Je veux visualiser les scènes, nous prendrons avec nous les photos prisent aux moments des découvertes. »
« Très bien, allons-y. »
Emma foula chaque scène de crime avec attention, imprimant en son esprit les photographies prises pour les besoins de l'enquête, visualisant les corps là où ils avaient été retrouvés, encrant les détails et supprimant ce qu'elle jugeait inutile. Le Shérif ne la quitta pas une seconde, l'assistant du mieux qu'il put en lui tendant appareil photo, mètre, lampe et rapport lorsqu'elle le lui demandait. Lui expliquant les investigations qu'avaient menées les services de police ou répondant à ses interrogations concernant les trois victimes.
« L'accès aux scènes crimes n'est pas réglementé ? » Demanda la blonde en posant les yeux sur celle du petit Nolan.
« Elles le sont, » répondit le Shérif du tac au tac, « nous les avons scellées et avons interdit l'accès à quiconque n'appartenait pas à nos services. »
« Et vos services ont-ils contaminé les scènes ? »
Graham fronça les sourcils tandis qu'elle récupérait l'appareil pour prendre quelques clichés d'un œil expert.
« Qu'insinuez-vous au juste ? »
« Je n'insinue rien, je constate seulement. Regardez, » continua-t-elle en tendant le bras vers une série d'empreinte de pas qui marchait dans d'autres dans un souci de discrétion complètement raté, « quelles sont ces empreintes de semelles qui n'apparaissent ni sur les photos prises au moment de la découverte, ni sur celles immortalisant les lieux que vous avez quittés lorsque vous avez fini vos investigations. Et rien n'est indiqué les concernant sur le rapport de modification de la scène de crime. »
« Vous avez raison, » conclut l'homme en grattant nerveusement sa barbe, « soit mes hommes n'ont pas fait leur travail, soit quelqu'un s'est introduit ici sans autorisation. Pensez-vous que le tueur soit revenu sur les lieux ? »
« Le tueur semble être quelqu'un d'ordonné si ce n'est maniaque. Selon moi, jamais il n'aurait laissé de traces aussi grossières. »
« Même pour nous mener en bateau ? »
« Certainement pas comme cela. Vous verrez Shérif Humbert, ce genre de psychopathe va tôt ou tard venir jouer avec la police et ça n'aura rien à voir avec ce que nous avons sous les yeux. »
« Appelez-moi Graham voulez-vous, » répondit l'homme avant d'ajouter : « Qui alors ? »
« Et moi Emma. Certainement un curieux mais une enquête n'a pas besoin d'individu de ce genre. Demandez à un de vos hommes de venir faire un moulage d'empreinte et qu'il repasse par les autres scènes pour vérifier si elles sont aussi présentes. On va chopper rapidement ce petit rigolo qui s'amuse à défier les interdictions de la police. »
Lorsqu'ils regagnèrent le poste de police, le soir commençait à tomber et, la pluie, après quelques heures d'absence, pointa de nouveau le bout de son nez au grand désespoir d'Emma qui ne put retenir un profond soupir.
« Vous allez vous y faire Emma, » plaisanta Graham en s'arrêtant dans le hall d'accueil, « Storybrooke possède un micro-climat qui serait parfait pour une famille de vampires craignant le soleil. »
« Mais je ne suis pas un vampire, » répliqua la blonde dans un demi-sourire qui devint total lorsqu'elle croisa les yeux rieurs du brun qui semblait si fière de sa répartie. « Ne me dites pas que vous êtes un fan de ces films à l'eau de rose ? »
« J'apprécie seulement le fantastique-surnaturel, » répliqua-t-il en faisant mine d'être vexé, « rien n'est plus agréable que de s'évader du quotidien. »
« Je saurai quel film vous recommander lorsque les nouvelles affiches débarqueront enfin dans le lieu que vous osez nommer cinéma à Storybrooke, » ne put-elle s'empêcher de le piquer.
Elle vit un éclat rieur animer les yeux de l'homme qui semblait apprécier son sarcasme avant même que le rire ne le contamine mais, tous deux furent interrompus par une voix rauque et claquante, chargée d'un mépris non dissimulé :
« Êtes-vous en train de dire que, ma ville, est un lieu pour les péquenauds ? Vous devriez surveiller davantage vos fréquentations, Shérif. »
La blonde se détourna pour regarder celle à qui appartenait la voix venant de claquer dans le hall d'entrée, cette voix qui en à peine deux phrases venait de l'insulter ouvertement.
« De quoi je me mèl... » lança Emma avant que ses yeux ne rencontrent ceux sévères et glacials de la femme se dressant fièrement devant elle. Un regard impassible qu'elle ne put s'empêcher d'affronter autant que d'admirer.
Le cerveau d'Emma analysa cette femme sans même qu'elle ne le réalise, formaté par des année de métier. Elle était grande et brune. Elle était belle et austère. Elle était d'une grâce peu commune et elle en avait parfaitement conscience. Habillée pourtant simplement, un jean foncé et certainement hors de prix dessinant à la perfection ses longues jambes, contrastant avec un chemisier beige semblant avoir la délicatesse de la soie, laissant deviner une poitrine plus que généreuse. Elle portait un maquillage naturel qui rehaussait son regard pour lui donner cet air charismatique et sûr d'elle. Tout en cette femme irradiait la domination et le pouvoir et, elle devait être de celle qui ne connaissait pas la signification du mot non.
« Madame le Maire, » les interrompit Graham dans cet échange muet après un raclement de gorge nerveux, « je vous présente l'Agent Spécial Swan, venue tout droit de New-York pour nous aider. »
« Appelez-moi Emma, » lança la blonde, un pas en avant, tendant une main encourageante pour faire place à la paix.
« Je ne vois pas ce que vous avez de spécial, » répondit la brune en snobant la main tendue, « et nous ne sommes pas assez familières pour que je fasse usage de votre prénom, Miss Swan. »
Emma la contempla quelques instants bouche bée, ne sachant que répondre à cette attaque directe et sans merci puis, reprenant contenance, elle couvrit son visage d'un voile imperméable avant de répondre :
« Et vous êtes ? » Demanda-t-elle feintant l'ennui.
« Emma, » reprit Graham pour atténuer l'ambiance électrique qui venait de s'installer, « voici Regina Mills, Maire de cette charmante ville. »
La blonde haussa les sourcils dans petit soupir sceptique en la jaugeant de façon marquée des pieds à la tête, puis plantant son regard dans le sien :
« Je vous dirais bien que je suis enchantée, mais on m'a appris depuis longtemps que le mensonge est un vilain défaut. »
Emma sourit intérieurement face à l'éclair de colère qu'elle lut dans les yeux sombres.
« A défaut d'être courtoise au moins vous êtes honnête, » renchérit la brune, la mâchoire crispée si bien que ses lèvres bougèrent à peine.
« Et vous à défaut d'être aimable au moins vous semblez raffinée. »
« Quelle éducation, » balança Regina d'un ton sarcastique.
« Que vous êtes charmante, » renchérit Emma sur le même ton.
« La politesse n'est pas votre tasse de thé ? »
« Vous faites preuve d'une telle délicatesse. »
« Mesdames, » les interrompit Graham, pris en étaux par leur joutes verbales, « je crois que nous sommes partis du mauvais pied et... »
Le Shérif esquissa une grimace nerveuse lorsqu'il entendit les deux femmes prononcer dans un même temps, l'interrompant sans civilité aucune : « On ne vous a rien demandé vous » s'agaça la brune, « De quoi je me mêle ? » s'irrita la blonde.
« Vous voilà d'accord sur un point, » ronchonna le brun en fourrant ses mains dans ses poches, « quand vous aurez fini vos enfantillages, vous me ferez signe. »
Le silence se fit soudainement.
« Graham, » reprit doucement Régina après plusieurs secondes, « ne me parlez plus jamais sur ce ton si vous tenez à votre poste. Quand à vous Miss Swan, demain, 9 heures dans mon bureau pour me faire un rapport sur cette affaire et sur ce que vous comptez faire pour arrêter que des meurtres surviennent dans ma ville. Stop, » siffla-t-elle, menaçante, « pas la moindre protestation, est-ce clair ? »
Ses billes sombres ne présageaient rien de bon, aussi Emma choisit de ne pas envenimer la situation.
« Très bien, » dit-elle seulement.
La brune lui lança un dernier regard empli de défi avant de tourner les talons. Elle ouvrit son parapluie mais se détourna vers eux :
« J'espère que vous aimez les pommes, » lança-t-elle un rictus mauvais sur les lèvres.
« Vous comptez m'offrir une tarte empoisonnée pour avoir osé ne pas me courber devant vous, Majesté ? » répliqua Emma, en accentuant le dernier mot, peu sûre du terrain sur lequel elle venait de s'engager.
« Je peux faire de votre séjour ici un véritable enfer, tachez de bien garder cela à l'esprit Miss Swan. »
La brune n'avait pas augmenté le ton pourtant, tout son être irradié le danger.
« Il suffit d'une pomme pourrie pour gâter tout un tas, tachez de ne pas trop en contaminer, » répliqua la blonde sans réussir à masquer sa colère face à cette menace à peine voilée.
Le Maire haussa un sourcil intrigué devant la répartie de cet agent qui était peut-être un peu plus spécial qu'elle ne l'avait pensé au premier abord, puis, après un faux sourire, elle sortit sous la pluie battante de ce début de soirée.
Il était tard lorsque Emma rejoignit l'auberge 'Chez Granny', située au Sud de la ville, que le Shérif lui indiqua pour passer les nuits pendant son séjour à Storybrooke. Et, elle ne put empêcher un sourire vaincu de parcourir ses lèvres lorsque la vielle grincheuse de la réception lui indiqua qu'il ne restait plus aucune chambre libre pour cette nuit, toutes louées par Madame le Maire, mais que cette dernière avait, dans sa plus grande bonté, insisté pour lui faire installer un lit d'appoint dans la grange jouxtant l'auberge où, parmi quelques bottes de paille, étaient entreposées des centaines de pommes bien mures.
Les narines emplies par la forte odeur des fruits, Emma s'allongea en laissant son esprit dériver sur cette étrange et belle brune qui promettait de rendre les choses dans cette ville bien plus intéressantes qu'elle ne l'avait tout d'abord imaginé.
A SUIVRE...
Que pensez-vous de ce premier chapitre, merci de votre lecture et à bientôt pour la suite.
Comme toujours, MERCI à ma chérie pour sa correction !
