Cinq ans plus tard, beaucoup ont changé … ou ont empiré

Harry soupira de soulagement en essuyant la sueur qui perlait sur son front. Il avait enfin terminé.

Il se redressa et recula de quelques pas pour pouvoir admirer son chef d'œuvre.

Le parterre de roses était splendide. Et il l'était d'autant plus qu'il n'avait pas utilisé la magie pour parvenir à ce résultat.

-Harry !

Le brun se retourna pour voir son meilleur ami débarquer.

-Encore dans ce fichu jardin, sourit Ron. Heureusement que je sais où te chercher sinon, j'aurais fait cette fichue baraque en long, en large et en travers !

-Bonjour Ron, répondit Harry. Il est si tard ?

-Si tu appelles tard le fait qu'il est dix-huit heures passé, oui il est tard, déclara Ron avec un clin d'œil.

-Je n'ai pas vu le temps passer, s'excusa Harry.

-Comme toujours quand tu jardines, leva les yeux au ciel Ron. Juste pour rire, tu es ici depuis quelle heure ?

-Une heure, peut-être deux ? tenta Harry

-Et en plus, tu me mens, soupira Ron. J'ai demandé aux Elfes de maison, tu es là depuis dix heures ce matin. Et en plus, tu n'as pas mangé ce midi ! Tu rentres maintenant, et ce n'est pas négociable !

-On dirait ta mère, grommela Harry en commençant à ranger ses outils.

-A ce propos … hésita Ron.

Harry se figea avant de reprendre ses gestes avec une grande lassitude.

-Elle vient ce soir, comprit Harry.

-Avec Ginny, confirma Ron. Mais pas pour me voir.

Harry fronça des sourcils.

-Je croyais que tu étais leur alibi ? s'étonna Harry

-Je le pensais aussi, confirma Ron alors qu'ils revenaient vers le manoir. Mais si je n'avais pas discuté avec papa tout à l'heure, je ne l'aurais jamais su et elles te seraient tombées dessus sans que tu n'aies été prévenu …

Pour toute réponse, Harry déposa sa caisse d'outils dans l'appentis avant de rentrer dans la maison.

Cinq ans auparavant, Harry avait vaincu Voldemort et petit à petit, le monde Sorcier se remettait de cette guerre et en tirait les leçons qu'il fallait. Bien que tout le monde le prédestinait à devenir Auror, le brun avait préféré s'exiler et avait commencé à se reconstruire à la Chaumière aux Coquillages, la maison de Fleur et Bill Weasley avec leur petite Victoire. De là, avec l'aide d'Olympe Maxime, il avait passé ses examens par correspondance et les avait eu haut la main. Tous les métiers lui tendaient les bras mais il s'était rendu compte qu'il y avait des choses qu'il ignorait et qu'il serait temps qu'il se remette à jour. Il s'était donc tourné vers Augusta Longbottom et son petit-fils Neville pour reprendre sereinement son titre de lord Potter. Honnêtement, ça avait été un combat de très longue haleine mais le brun avait réussi en deux ans de rattraper l'éducation de toute une vie. Suite à cela, il avait sûrement fait la pire erreur de sa vie, enfin c'est ce qu'il pensait quand il était épuisé : il avait repris son siège au Magenmagot. Ça n'avait pas été de tout repos mais désormais, il comprenait les rouages et ne se faisait plus avoir.

Parallèlement à tout cela, Harry avait décidé de devenir Médicomage. La guerre lui avait appris que la vie devait être préservée et l'idée de sauver des gens lui plaisait plus que celle de chasser les méchants. Pour cela, il avait préféré faire ses études en France pour avoir un tant soit peu de tranquillité. Par précaution, il avait teint ses cheveux – enfin, seulement des mèches ce qui changeait tout – et ses lentilles de contact, en plus d'avoir une correction, modifiaient la couleur de ses yeux d'un vert émeraude en un bleu nuit des plus fascinants, le tout Moldu. Quand Ron l'avait vu la première fois, il avait eu du mal à le reconnaître mais surtout, avait loué l'ingéniosité du choix d'une couleur d'yeux atypique. En effet, de cette manière, on ne ferait pas le lien avec Harry Potter et on laisserait Harry Evans tranquille. Bien entendu, le directeur de l'université avait été mis dans la confidence. Et maintenant, Harry avait réussi ses quatre années d'études.

-Pendant que j'y pense, fit Ron. Maintenant que tu as fini tes études, qu'est-ce que tu comptes faire ?

-Ouvrir un cabinet, sourit Harry en passant dans la salle de bain pour se débarbouiller.

-Tu as choisi l'endroit ? demanda Ron en haussant la voix, étant resté dans la pièce principale

-Pas encore, soupira Harry. Je dois voir où sont les autres Médicomages pour savoir où je pourrais m'installer.

-Et j'imagine qu'il est inutile de te proposer d'entrer à St Mungo, sourit Ron.

-Que Merlin m'en protège ! s'exclama Harry. Tu veux me tuer ou quoi ?

Le brun revint vêtu d'un T-shirt et d'un jean propres.

-J'ai repéré un terrain, fit Harry en se prenant une boisson fraîche. Tu en veux ?

-Merci, sourit Ron en prenant la canette.

Il l'ouvrit et en but une longue gorgée.

-C'est toujours aussi délicieux, félicita Ron. Du … cola, c'est ça ?

-Exactement, rit Harry devant l'incapacité de son ami à retenir le nom d'une boisson Moldue. A Southampton.

-C'est une ville Moldue, se rappela Ron. La communauté Sorcière y est moyenne.

-Et pas de Médicomage de proximité, ajouta Harry. Je pense que ça serait chouette.

-Vraiment ? fit Ron

-Ouais, le coin me plait bien, déclara Harry. J'ai une première visite dans deux jours.

-Quelle heure ? demanda Ron

-Quinze heures, répondit Harry.

-Je ne pourrais pas d'accompagner, se désola Ron. Je travaille ce jour-là.

-Ce n'est pas grave, sourit Harry. De toute façon, je compte te demander ton avis quand même.

-C'est qu'avec tes goûts, on court à la catastrophe ! s'exclama Ron

Tous les deux éclatèrent de rire. Mais ça n'occultait pas le problème à venir.

-Tu fais quoi pour ce soir ? soupira Ron

-Je devrais arrêter de les fuir mais j'en ai pas la force, déclara Harry.

-Je comprends, fit Ron. Mais elles te pourrissent la santé ! Viens avec moi, on va passer une soirée d'enfer !

-Je sais pas, hésita Harry.

-Il est hors de question que je te laisse avec elles ! gronda Ron. Soit tu viens, soit je reste avec toi.

-Surtout pas ! se redressa Harry. Souviens-toi de ce qui s'est passé la dernière fois.

Pour toute réponse, Ron se renfrogna.

La chute de Voldemort n'avait pas eu que des points positifs, oh que non. Après une période pour se remettre sur pied, Ginny était revenue à la charge pour qu'Harry accepte qu'elle redevienne sa petite amie. Au début, Ron était content mais au fur et à mesure qu'il regardait son meilleur ami, il s'était rendu compte qu'il souffrait de cette situation, d'autant plus qu'il refusait de se remettre avec la rousse. Le coup de grâce avait été donné quand Harry avait décidé de quitter l'Angleterre pour poursuivre ses études. Le brun avait reçu Beuglante sur Beuglante, l'accusant de rejeter sans raison Ginny qui n'était coupable que de l'aimer. Ron avait tenté d'y mettre le holà mais quand il avait compris que sa mère donnait raison à sa fille, il avait refusé de rester plus longtemps au Burrow et était parti habiter avec son frère Georges le temps de refaire sa dernière année. Au fil de l'année scolaire, la petite rousse s'était peu à peu calmée.

C'est ce qu'ils avaient cru !

A peine avait-elle terminé ses études que Ginny avait débarqué à Grimmaud Place et s'y était installée comme s'il s'agissait de chez elle. Elle avait fait croire au seul employé Sorcier de la banque Gringotts qu'elle était la fiancée d'Harry et que de ce fait, elle devait avoir accès à ses comptes. N'étant pas encore aux faits de toutes les procédures, il le lui avait accordé et la rousse avait fait des aménagements faramineux et de très mauvais goût. Harry avait découvert la catastrophe qu'un mois et demi plus tard, en rentrant de la Chaumière aux Coquillages, pour organiser une soirée pour faire entrer lord Potter dans le monde. Il avait cru faire une crise cardiaque et avait refusé de rentrer dans cette maison horrible. Il avait trouvé refuge chez Georges et Ron, ce qui avait eu pour conséquence positive que Georges se relève de la mort de son jumeau. Les deux frères avaient noté depuis longtemps l'obsession de leur sœur mais s'étaient toujours dit qu'elle s'estomperait avec le temps mais pas du tout ! Pire, en investissant le manoir Black, elle avait fait courir le bruit qu'elle en serait la nouvelle lady. Voyant rouge, Harry n'avait pas tenu à faire face à elle et avait demandé à Ron, apprenti Auror, de la déloger. Agacé par sa sœur, il n'avait pas pris de gants et s'était fait aidé de ses autres frères. La manœuvre n'avait pas été appréciée par Molly qui leur avait réservé l'une de ses crises mais contre toute attente, Ron s'était dressé contre leur mère et leur avait rappelé que quoi qu'ils fassent, rien n'était assez bien pour elle mais par contre, quand son petit trésor enfreignait les lois et se mettait à harceler son meilleur ami, tout était parfait. La rupture avait été inévitable et Ron avait définitivement quitté la maison. Mais cela n'empêchait pas mère et fille, depuis maintenant trois ans et demi, de revenir à la charge et de tenter de convaincre Harry que Ginny était faite pour lui. Le brun avait même fini par s'installer hors de Londres, dans un charmant cottage, en omettant de donner son adresse aux deux harceleuses.

Mais il avait été trahi par l'une des personnes en qui il avait le plus confiance.

Hermione.

La jeune fille avait changé du tout au tout après la chute de Voldemort. Harry pensait qu'elle le connaissait assez pour comprendre qu'il ne comptait pas se soumettre à un gouvernement qui avait tellement voulu l'utiliser. Mais non, elle l'avait poussé à devenir Auror à peine le monde Sorcier remis de ses émotions. Non, elle ne l'avait pas poussé … elle l'avait inscrit de force dans le programme des Aurors. Quand il l'avait appris et était allé la voir après qu'il ait annulé son inscription, elle lui avait simplement dit :

-Mais je pensais que c'était ce que tu voulais …

Et il l'avait cru.

Pauvre naïf.

Innocemment, il avait cru que puisqu'elle n'avait pas fait sa dernière année comme Ron et lui, elle s'était mise en tête d'entrer dans la vie active. C'était ce qu'elle avait fait.

En partie.

A son retour de la Chaumière, Harry s'était penché plus attentivement sur son héritage. Il avait noté les irrégularités de Ginny mais en avait noté d'autres qui plaisaient encore moins. Il avait vu qu'il était donateur de milliers de Galions dans des causes qui lui faisaient froncer des sourcils. Un fond pour le soutien des sans-abris ? Depuis quand les Sorciers s'en inquiétaient ? Intrigué, il avait questionné les Longbottom et avait découvert l'amère vérité. Aucune des organisations avec lesquelles il était « généreux » n'avait d'existence valable. En clair, il alimentait sans le savoir les caisses occultes du ministère. Il avait cherché à savoir comment ça s'était produit et un an après, ce qu'il avait découvert lui avait fait l'effet d'un poignard en plein cœur.

Hermione avait créé des faux. Pour se faire accepter dans son nouveau travail en tant qu'assistante dans le service juridique du ministère de la Magie.

Elle donnait des pots de vin avec l'argent de son meilleur ami.

Dégoûté, Harry avait refusé de voir Hermione. Celle-ci avait bien tenté de reprendre contact en trois ans mais Harry refusait catégoriquement. Mis au courant, Ron n'avait pas intercédé en sa faveur quand elle lui avait demandé de l'aide. Ça a été pire quand elle lui avait déclaré que sa mère et sa sœur avaient raison et que Ginny serait parfaite pour Harry.

Le Trio d'Or s'était finalement dissous.

Toutes les rencontres entre Molly, Ginny et Hermione quand elles tombaient sur Harry et Ron se terminaient en disputes violentes. Et la dernière fois que les deux rousses avaient coincé Harry dans son cottage – qu'il habitait toujours malgré le fait qu'Hermione leur ait donné l'adresse sans vergogne bien qu'il ait bien spécifié à la brune qu'il ne voulait pas que son lieu de villégiature circule n'importe où – Ron avait perdu le contrôle de sa magie et avait jeté les deux femmes hors de la maison. Non sans avoir saccagé toute la maison.

Donc non, il n'y avait aucun intérêt à mettre Ron face à sa famille.

-Allez, on sort ce soit, fit Harry. Je me prépare et on va chez toi pour que toi tu te prépares. On va manger et après, on va faire la fête toute la nuit.

-Tu n'aimes pas ça, fit remarquer Ron.

-Oui mais là, j'ai besoin de me changer les idées, avoua Harry.

-OK, va pour la sortie, sourit Ron.