Titre : L'aube
Raiting : PG-13
Auteur : Potions et Botanique
Fandom : Harry Potter
Pairing : Draco/Neville
Xamayca : Quartier sorcier de Montego Bay en Jamaïque. L'une des destinations hors-europe les plus prisées du monde sorcier, y compris par les sang-purs. Ne manquez pas le musée de la magie africaine, un joyau inégalé sauf peut-être par le musée sorcier d'Alexandrie.
Si la soirée de leur premier anniversaire s'est finie en beauté, avec des rires dans la douche et deux amants serrés l'un contre l'autre au creux des draps, s'endormant paisiblement, la suivante commence moins bien.
Déjà, Neville a disparu. Il faudrait un sorcier moins observateur que Draco pour ne pas avoir remarqué que le fait se reproduit assez souvent. Sans qu'une périodicité fixe semble être observée, sans qu'un signe avant-coureur soit là, son pourtant pas si discret amant est parfois introuvable, une à deux fois par semaine. Le sorcier blond se réveille parfois pour trouver leur lit vide, ou alors le jeune Gryffindor ne manque à l'appel qu'entre le dîner et le début de soirée, parfois c'est l'heure du déjeuner...
Et il n'est pas le seul. Quand leur nouvelle salle commune est généralement pleine d'un mélange des maisons, à ces moments-là, elle est suspicieusement vide. Draco a observé les présents, les manquants et le résultat est sans appel : l'AD de nouveau se réunit, les élèves manquants dans leur année sont ceux qui se sont battus, et d'autres, qu'il soupçonnait à l'époque de la Brigade d'Umbridge. Sans qu'il puisse comprendre comment ils communiquent. Il lui est arrivé de passer la journée entière avec Neville, un samedi, et au soir, son amant avait disparu sans avoir semblé communiquer avant avec quiconque... Cela le frustre un peu de ne pas comprendre. Son besoin d'apprendre, de savoir est titillé par ce mystère, même s'il n'en parle pas à son petit ami qui a droit à son jardin secret.
L'AD ne se cache pas vraiment, leur disparition en groupe n'est pas des plus discrètes, mais aucune rumeur ne traîne : l'AD ne se cache pas, mais ne parle pas non plus. L'idée que Neville continue à s'entraîner sans doute à se battre est des plus désagréables, mais son petit ami n'évoquant même pas le sujet, Draco a la discrétion de se taire.
Même la semaine précédente quant au lundi soir, Théodore et Daphné ont aussi disparu.
Et ce soir-là, voilà que ça recommence ! Quant une main frappe à la porte de leur chambre et qu'elle s'entrouvre, Draco aurait-il pensé trouver là Loovegood et le jeune Creevey, souriant ?
Draco hausse un sourcil en découvrant Creevey -Dennis, a-t-il cru retenir- derrière sa porte. Lovegood est moins étonnante, mais… Ce soir, il supposait qu'il ne verrait personne. Même si Lovegood est bien la seule à oser à ouvrir la porte de leur chambre. Tous les autres attendent soit un « Entrez », soit que l'un d'eux ouvre la porte. Draco n'arrive pas à savoir si elle fait cela parce qu'elle n'a pas peur de tomber sur une scène intime, supposant qu'ils ne vont pas plus loin que quelques baisers ou se moquant éperdument de ce qu'elle pourrait voir.
- Tu as quelque chose de prévu ce soir ? Demande-t-elle avec un large sourire.
La question le prend encore plus par défaut. Il lui faut quelques secondes avant de répondre. Après tout, ils ne se cachent pas et ce n'est pas un secret, alors autant être honnête.
- Hormis attendre que Neville réapparaisse et finir mon livre sur les Runes dans la métamorphose française ? Non.
- Si, si, tu as quelque chose à faire maintenant, sourit Luna. Une promenade en notre compagnie !
- Et une présentation, un baptême presque, complète Creevey.
- Et un petit ami qui se ronge les ongles en t'attendant, car il lui a été refusé de te servir de parrain ! reprend Luna.
- Compromis émotionnellement, sourit Creevey, qui continue. Tu n'aurais pas quelque chose de plus Slytherin ? Même le pull ? Aucune maison n'est honteuse, dixit Hermione.
- Et autant lutter contre la multiplication des Gryffindors en notre sein, pire que des ronflaks, reprenant Luna. Alors, tu viens ?
Pendant une seconde, Draco se demande s'ils ont pris quelque chose d'illicite, avant de se souvenir que Luna est naturellement ainsi et que son enthousiasme est contagieux. Il soupire, avant de leur faire signe de rentrer un peu plus dans leur chambre pour chercher quelque chose de plus « slytherin ».
- Une écharpe, cela vous va ? Demande-t-il, avant d'ajouter l'air de rien de son humour si pince-sans-rire. Il est bien rodé votre numéro.
C'est tout ce qu'il a aux couleurs de sa maison. En fait, il n'a rien emporté de son uniforme, en dehors de cette écharpe que Narcissa avait glissé dans les affaires qu'elle avait envoyé avant qu'il ne revienne à Poudlard.
- Et je suppose que je n'ai pas le choix de vous suivre… Et si Neville se ronge les sangs, je ne peux pas faire autrement.
Son humour pince sans rire est rarement compris, mais Luna y semble plus réceptive que le pékin moyen.
Et, ni une ni deux, elle passe son bras sous celui du jeune Slytherin et l'entraîne.
- Tu sais ou nous allons, bien sûr ? Demande-t-elle.
- On ne se cache pas vraiment, fait remarquer Dennis.
- Mais ça reste sur invitation, reprend Luna. Pour éviter des doubles astrales mal intentionnés.
- Deux parrains, de deux maisons, obligatoirement. Neville voulait être le tien... Mais il n'est pas vraiment impartial dans ton cas. La première fois que notre... Notre groupe lui a dit non. Bizarrement, il en était heureux.
Draco lève les yeux au ciel, quand il arrive enfin à en placer une.
- Ça se saurait si l'AD était discrète… Direction la Salle sur Demande, comme en cinquième année, je suppose ? Comme lors de la "grande disparition" de l'an dernier, je suppose.
Un temps d'hésitation, puis :
- Il a été soulagé car il sait ce que je pense du fait qu'il continue à s'entraîner. Et faire parti de l'AD ferait que la discussion serait inévitable. Et ni l'un ni l'autre n'avons envie de l'avoir.
Ce n'est pas la peine de leur dire que ce serait certainement leur première dispute et que non, en effet, ils n'avaient pas envie d'en avoir, ni même qu'elle soit au sujet de l'AD. Et en même temps, ne pas proposer Draco à l'AD, ce serait laisser sous-entendre qu'il n'est pas vraiment du bon côté.
- Je ne pense pas que cela ait été cela, reprend Luna, d'un ton gentil comme si elle parlait à un enfant. Neville n'est pas du genre à refuser une confrontation, il a une âme ancienne, tu sais. Cela se voit tout de suite quand on sait regarder. Une âme ancienne morte violemment de n'avoir pas su reculer... Non, pour une raison mystérieuse, il pensait risquer de devenir une sorte de dictateur à l'intérieur de notre groupe... Et il lui a été refusé de te parrainer, pas de te voir inclus.
Draco hausse, alors, une épaule.
- Ce n'est pas parce que l'on peut se confronter, que l'on veut se confronter, Lovegood. Et il sait qu'il me ferait très plaisir à ne pas mourir violemment. Ne pas attendre de lui des réponses comme du Messie aiderait à ce qu'il n'imagine pas pouvoir devenir un dictateur, fit-il pour Luna.
- Il s'est rattrapé en parrainant Nott. Comme un galop d'essai, lui et Daphné ont été les premiers Slytherins, remarque Dennis, rouge cerise.
Ce qui était un geste de soutien à Neville en accueillant Daphné est devenu un béguin de grande ampleur… Draco ne sait s'il est plus amusé par cela ou par le fait de pouvoir taquiner Creevey sur le sujet. Néanmoins, c'est toujours meilleur quand cela arrive au bout de quelques secondes, comme si le sujet était passé. Le blond regarde Dennis qui vire écarlate sans rien dire. Éventuellement, s'il avait la moindre compassion, il en parlerait à Daphné.
- Et je suppose que tu es l'un des parrains de Daphné…, ajoute-t-il d'un air badin pour Creevey.
La compassion ? Ça doit sûrement être le nom d'un gâteau que Lady Augusta sert pour le tea time. Ce n'est pas parce que Draco ne fait rien de méchant qu'il ne doit pas s'amuser un peu. Il lance un coup d'oeil à Luna, se demandant ce qu'elle en pense.
Dennis se trouble un instant puis se redresse, en bon Gryffindor, et, d'un ton qui sans s'en rendre compte imite celui que prend Neville en rogne, il interpelle Draco.
- J'ai demandé à être le tien aussi. Alors qu'au début, je vous voulais tous en prison, toi comme les autres ! Mais Hermione a raison... Si ça recommence comme avant, il y aura d'autre guerres. Et s'il y a d'autres guerres, mon frère sera mort pour rien. Et ça... Neville croit en toi et moi en lui, alors je me suis dit...
Luna a saisi le bras de Dennis de son bras libre, en soutien.
Draco ne peut s'empêcher d'avoir un sourire un peu plus doux qu'habituellement, en se rendant compte que Dennis imite Neville sans s'en rendre compte. Il peut comprendre pourquoi il le prend comme modèle. Et décide d'arrêter d'embêter l'autre pour le moment. - -Alors, je suppose que j'ai de la chance que Neville ait fini par m'écouter l'an dernier…
A cet instant, ils s'arrêtent devant la porte de la salle sur demande et elle explique.
- Le terme est d'Hermione, et la mise en oeuvre de Neville. Ils ont dit "l'AD préparait la guerre, maintenant qu'elle prépare la paix". Ton petit-ami ne vient pas ici pour se battre, Draco.
Et la porte s'ouvre sur eux…
Draco fronce les sourcils à la remarque de Luna. Pas pour se battre ? Qu'est-ce qu'ils font ?
Et là… Ce n'est absolument pas sur des combattants que son regard tombe. Loin de là.
Daphné et Neville ont réuni tous les nés moldus en rond et racontent ce que c'est que de grandir comme un Sang-Pur, échangeant taquineries et rires sur les différences entre leurs deux familles, un minuscule Serdaigle est en train de poser une question ardue qui tiendrait plus de la sociologie et qui associe la lèvre des Habsbourg, l'hémophilie de la Reine Victoria et les mariages Sang-Purs, provoquant un début de panique Nevillesque parce qu'il n'a pas compris une bonne part des termes de la question. Un peu plus loin, Théodore fait du soutien en runes à un Gryffindor et deux Poufsouffles de troisième année, qui le regardent comme la réincarnation de Merlin. Hermione est en train d'expliquer à Zacharias Smith que le panneau d'idée "Notre sortie au cinéma, merveille du monde moldue" a une orthographe plutôt bancale...
Sur le grand panneau au fond, l'AD version 1 et 2 font des grands signes de la main en photos, et Dean est en train de punaiser un portrait au fusain, dont le matériel lui tâche encore les doigts, de Fred, juste à coté d'un de Lavande et d'un autre de Colin. Tout le monde rit et parle en même temps. Tout le monde se parle, ou en tout cas essaye de toute ses forces…
Neville est tellement dans son truc qu'il ne remarque pas la porte qui s'ouvre. Immédiatement, le regard de Draco le trouve. Il est comme aimanté par son amant. Son sourire est bien plus doux que ce qu'il laisse d'habitude voir en public.
- Il enseigne… Murmure-t-il comme fasciné.
Puis, il voit Daphné, la si discrète Daphné qui parle en public pour la première fois à sa connaissance. Théodore qui semble s'épanouir ainsi. Merlin ! Quelqu'un en dehors des Slytherins va connaître leur nom ! Granger toujours égale à elle-même. Enfin, à celle qu'elle était avant la guerre. Et Dean Thomas qui a recommencé à dessiner.
Et Draco murmure, répétant sans s'en rendre compte, sans perdre son sourire :
- Il enseigne.
Luna glisse à l'oreille de Draco.
- Je crois qu'il fera un bon Auror, comme il a fait un bon combattant. Mais je ne suis pas sûre que c'est là qu'il s'épanouira le plus, la différence entre nécessité et bonheur. Peut être que tu pourrais lui dire ?
Il hésite avant de lui répondre.
- Je lui ai dit que j'acceptais son choix si c'est ce qu'il voulait et qu'il me laissait lui hurler dessus quand il me faisait peur. Je ne voudrais pas qu'il pense que je retire ma parole.
Il fixe avec intensité son petit ami.
- Mais peut-être que je pourrais lui dire qu'il a l'air épanoui à faire cela, ajoute-t-il. Et toi ? Qu'est-ce que tu fais ?
- J'ai suivi un cours d'écriture créative chez les moldus cet été et j'ai crée un atelier sur le thème... Il y a beaucoup de choses que les participants ont réussi à exprimer par ce biais qui les ont libérées. Même ceux qui n'ont pas été à la Bataille, que la Directrice a évacués, ils ont vécu des choses qu'ils avaient besoin de laisser voir, ou de s'autoriser à dire... Il y a eu des lettres, des poèmes, des contes... Je crois que tu pourrais faire un essai, d'ailleurs, c'est un médium que tu pourrais aimer. Neville y est réfractaire, mais chacun sa méthode, et je crois que l'AD est sa lettre à lui, sa façon de s'exprimer.
Le regard de Draco sur Luna dit clairement « Merlin, et elle a dit tant de mots sans parler de Nargols ? ». Et contrairement à ce que la majorité des gens pourrait penser, ce n'est pas péjoratif. Plus… étonné.
- J'ai été au Manoir et là pour la Bataille Finale. Je ne crois pas qu'il y ait besoin de mettre par écrit ce que j'ai vu. Ça doit juste… Disparaître. Personne n'a besoin de savoir comment ils sont morts. Savoir qu'ils ont été tués par eux est suffisant.
Il n'a aucune envie de revivre les tortures qu'il a pu voir ou entendre. Et il préfère que ceux qui ne savent pas continue d'imaginer qu'ils aient pu être assassiné d'un simple Avada Kedavra.
- Tu étais présente, Lovegood. Tu sais qu'ils n'ont pas besoin de savoir.
A cet instant, Daphné aperçoit les nouveaux venus et donne un coup de coude à Neville. Le sourire de celui-ci en voyant son amant est étincelant. Celui de Draco en réponse est uniquement pour Neville quand ce dernier le regarde. Il y a un « je t'aime » dans ses yeux.
- Ma thérapie à moi, c'est Neville, avoue Draco.
- J'ai écrit des haïkus sur le Manoir. C'était libérateur, remarque Luna.
La mine de Dennis affirme surtout qu'ils étaient aussi franchement perturbants, mais bon… Déjà, Neville les rejoint.
- Tu as accepté !
Il lui saisit les deux mains, mais on voit clairement qu'il préférerait lui sauter au cou. Seule la pudeur chevillée au corps de Draco l'en empêche, mais ce n'est pas un sacrifice difficile. En quoi respecter la pudeur de l'homme qu'il aime serait compliqué ?
- Viens rencontrer les autres ? D'une façon plus officielle ? Oh, et Hermione a un Gallion très spécial pour toi, elle va t'expliquer comment ça marche... On ne fait pas forcément les mêmes choses à chaque fois, tu verras, ça dépend un peu de l'humeur aussi, de qui se sent prêt, des besoins du jour...
Draco serre les mains de Neville dès qu'il les lui saisit, mais il l'arrête quand il l'entraîne.
- Attends, une seconde, murmure-t-il à Neville, avant de se tourner vers Luna. Tu sais… Ce n'était pas ça ma maison.
Parce que seul un Sang-Pur peut comprendre ce que la violation de sa maison peut signifier pour un autre Sang-Pur, parce que Draco a besoin qu'au moins l'un d'eux sache que jamais le Manoir Malfoy n'aurait dû voir cela. Il se doute que Creevey ne comprendra jamais, tout comme Thomas, mais Luna… Luna, peut-être qu'elle peut comprendre.
Draco se retourne vers Neville pour lui sourire, alors il lui dit enfin la première pensée qu'il a eu.
- Tu ne t'entraînes pas.
Sa voix est fine, tellement fine que seul Neville -et éventuellement Luna et Crivey s'ils tendent l'oreille- peut l'entendre, tout comme l'émotion qu'il y a dans cette même voix.
- Non, je ne m'entraîne pas. Enfin, il y a du rattrapage Expelliarmus pour ceux qui le veulent, mais juste ça...
Il caresse le poignet de Draco du pouce.
- Je veux vivre dans la paix avec toi, pas choisir la paranoïa et nous faire souffrir tous deux. Mais on a gardé le nom. Je crois que Dumbledore aurait aimé les activités actuelles, en plus.
Le sourire de Draco est rayonnant, quand il reprend.
- Oui, présente-moi. Je te suis, Neville. Juste…
Il l'arrête une seconde, avant de continuer tout aussi bas.
- Nev… Je veux lier ma vie à la tienne. Alors, où tu vas, je vais.
Dennis a attiré Luna plus loin et Neville en profite pour reprendre.
- Je ferai toujours de mon mieux pour ne pas aller là où tu ne peux pas suivre, Draco.
C'est comme une promesse de revenir, de survivre…
- Je sais, Nev. Et j'ai confiance en toi pour ne plus nous mener vers nos cauchemars. Creevey disait qu'il m'avait parrainé, parce que toi, tu croyais en moi et que lui croyait en toi. Moi, je crois en toi. Pas comme eux le font. Pas pour le guerrier que tu es. Pour l'homme que j'aime et qui a accepté de se battre pour nous, alors que tu aurais pu choisir une facilité que tu aurais méritée. C'est pour cela que je crois en toi, Nev, et que je sais que tu ne nous mèneras pas là où je ne peux pas aller. Comme tu sais que je ne ramènerai pas quelque chose qui nous détruirait.
Le sourire de Draco se fait un peu plus canaille, un peu moins sérieux.
- Maintenant, dis-moi quel sort tu as lancé à Daphné pour qu'elle ose parler en public. En sept ans, je ne l'ai jamais entendu dire un mot quand il y avait plus de trois personnes face à elle. Ou est-ce Granger qui lui a filé une potion ?
Et Neville emmène Draco, de petits groupes en petits groupes, le tenant par la main et le présentant officiellement comme son petit ami. Les plus jeunes lui demandent s'il connaît Théodore, qui a apparemment beaucoup de succès, Zacharias grommelle mais demande son avis sur une sortie tous ensemble au ciné, aux prochaines vacances, et Daphné lui explique qu'elle a trouvé deux parrains pour faire venir Astoria, sa petite soeur qu'elle adore et avec qui elle a une relation si intense...
Neville peut deviner le stress que rencontrer certains génère à Draco, juste à la manière dont Draco lui serre la main. Si les plus jeunes l'amusent -Merlin qui aurait pu dire que Théodore deviendrait une véritable rock-star aux yeux de quelqu'un ?- Zacharias est loin de le mettre à l'aise, surtout qu'il lui parle de quelque chose qu'il ne connaît pas. Le cinéma est un inconnu pour lui et il est difficile de savoir quelle est la bonne réponse quand on en sait rien.
Quant à Daphné, il ne peut s'empêcher de lui sourire. Il connaît combien elle est protectrice avec sa jeune soeur. Durant les deux premières années d'Astoria à Poudlard, il était impossible de faire faire deux pas à l'une sans que l'autre ne suive. Elle s'est un peu ouverte par la suite, mais Draco avait continué à la voir au moins trois ou quatre fois par semaine avec sa soeur. Peut-être qu'avec l'AD, elle apprendrait à s'ouvrir aux autres. Réellement.
Draco serre un peu plus fort la main de Neville, alors que Daphné rougit à la remarque de Draco sur le fait qu'il ne l'avait jamais autant entendu parler. Elle est habituée à se faire taquiner plus ou moins gentiment par les Slytherins sur ce sujet. Draco, s'il l'a toujours titillé avec son humour pince-sans-rire, ne l'a jamais fait avec cruauté.
- Et toi, tu rayonnais à leur apprendre des choses, fit-il. Ca a l'air de vous réussir à tous les deux l'AD.
- L'AD est un endroit où les gens se sont choisis les uns les autres, tente d'expliquer Daphnée. Quelque part de sûr où personne ne retiendra ce que tu dis contre toi. Au moins par crainte d'Hermione. Je n'ai pas à surveiller tout ce que je dis, pas comme face aux autres filles de notre dortoir d'avant. Et tu imagines les soutiens qu'Astoria trouvera ici ?
Draco hoche la tête.
- Je comprends. Autant donner de nouvelles chances à ta soeur. C'est une brave gosse. Mais ça reste surprenant de te voir parler comme ça. En bien, Daph'. Ca fait plaisir à entendre, ajouta-t-il avant de la serrer une seconde contre lui.
Et comme Neville est distrait par un Serdaigle, elle ajoute, taquine.
- Si tu veux être femme de ministre, Draco, tu devrais le pousser un peu, ça pourrait arriver. Les membres de l'AD iront loin, ainsi poussés à la confiance et soutenus, tu imagines le réseau qu'ils vont former, dans quinze ans ?
Le regard de Draco suit Neville alors que le Serdaigle lui parle, avant de secouer la tête à la proposition de Daphné.
- Je ne le pousserais pas, Daphné. Je le soutiendrai dans la voie qu'il choisira, mais je ne le pousserai pas vers ce qu'il ne veut pas. Il mérite mieux qu'une carrière choisie pour lui.
Draco regarde Neville, se demandant comment Neville réagirait à ce genre de remarque. Parce que Luna avait raison sur la question du devoir et du bonheur et que Draco… Ne veut qu'une chose pour Neville : son bonheur.
Et quand Neville revient, Daphné ajoute, plus fort, comme pour appuyer le propos de son ami.
- Draco a raison, tu sais, fait-elle au brun. Tu devrais rester à Poudlard et devenir assistant d'un des profs, tu pourrais continuer à enseigner à des têtes blondes !
Le regard de Daphné cache difficilement son sourire. Un Slytherin qui refuse de pousser la carrière potentielle de son compagnon qui lui donnerait du prestige et du pouvoir ? Sacrée marque d'amour.
Neville, inconscient de la discussion qui vient d'avoir lieu, secoue la tête.
- Ça me plairait, c'est sûr, mais Auror c'est bien aussi. Une occasion de m'assurer que les têtes blondes, comme tu dis, pourrons grandir en paix.
- Ce qui est important, c'est que tu fasses quelque chose qui te plaît, répond Draco espérant que cela fasse pencher la balance vers ce que Neville souhaite réellement faire, plutôt ce qu'il doit faire dans son esprit.
Il reprend la main de Draco.
- Si tu as des questions ou des remarques sur l'AD, n'hésite pas surtout. C'est ouvert à toute idée d'amélioration !
Draco hoche la tête, se disant que définitivement Lovegood connaît bien son petit ami. Et que s'il ne connaissait pas aussi bien Neville, il pourrait s'inquiéter.
Draco lui sourit.
- Pour l'instant, j'avoue que je suppose que je vais observer et je t'en parlerai. On peut se poser dans un coin pour observer, n'est-ce pas ?
Neville et Daphné n'ont certainement aucun mal pour traduire « observer » en « lire dans un coin mes bouquins ». Après tout, Draco a toujours été ainsi et il est même plutôt étonné que Granger ne le fasse pas, elle-même.
- Bien sur que tu peux…, sourit Neville.
Il est probablement en train de développer un fantasme du bibliothécaire, à voir tout le temps Draco le nez dans les bouquins. Les amants terribles trouvent donc chacun leur place, Draco en train de lire, Neville en train de cornaquer deux minuscules Poufsouffles sur l'art et la manière de calculer l'azote destiné à une mandragore… Un moment s'écoule, jusqu'à ce qu'un cinquième année de Serdaigle ne s'approche de Draco.
Draco lève le nez de son livre pour le regarder, silencieux un instant, avant de comprendre que c'est vraiment lui que l'enfant veut interroger.
- Oui ?
Il serait bien incapable de dire quel est son nom. Il l'identifie vaguement de l'année dernière, mais autant dire que cela ne l'aide pas beaucoup.
- Hermione dit que tu es bon en Potion. Est-ce que tu sais pourquoi il ne faut pas mélanger de la pierre de Lune et du sang de loup ?
Draco lance un regard curieux vers Granger. Visiblement, après Daphné, il était sa cause perdue. Enfin, pas si perdue que cela, grâce à Neville.
- C'est une légende qui se base sur l'idée de loup-garou et de la pleine lune. On peut parfaitement les mélanger, mais il faut que le sang du loup soit pur. Il y a trop de maladie dans la nature pour que ce soit le cas. La majorité des gens oubliant de le purifier -un simple passage dans une gaze avec une couche de petites pierres, une couche de sable et un couche de charbon en poudre de haut en bas suffit largement si la potion n'est pas à ingérer par quelqu'un de faible constitution- cela génère des catastrophes. C'est pour cela qu'on pense qu'il ne faut pas les mélanger.
Le blond regarde le gamin, avant que celui ne hoche la tête et reparte presque en courant sur un merci.
Finalement, pour une bande de jeunes malappris qui voulaient prendre les armes, l'AD peut être plutôt calme. Un minuscule Gryffindor interroge encore Draco, sur une question tellement transparente que c'était probablement plus pour le voir de près, puis après un moment où les plus âgés rassemblent tout le monde, Dennis, Hermione et d'autres nés moldus sortent le stock de friandises non magiques qu'ils ont amenés pour les faire découvrir et Neville profite de l'agitation joyeuse pour rejoindre Draco, s'asseoir près de lui et partager quelques trucs étranges et acides…
Draco se penche à l'oreille de Neville pour lui murmurer.
- J'ai l'impression de faire figure de curiosité locale. C'est assez étrange. Et le fait que je sois incapable de dire plus que leur maison n'aide absolument pas à rendre cela moins bizarre.
- C'est probablement en partie parce que c'est la première fois qu'ils te voient. Si tu acceptes de revenir, tu seras déjà moins la nouveauté du jour. Quant à les connaître... Laisse leur une occasion de te plaire ? Chacun ici à son histoire, et ses qualités…
- C'est plus… Je suis même incapable de dire leur année ou leur nom. Alors, qu'eux… Ils le savent pour moi.
Avant d'avouer plus doucement.
- J'ai pas l'habitude d'être face à des gens dont j'ignore tout. Mes parents… Je sais pas comment était Lady Augusta, mais gamin, j'ai appris des pedigrees complets sur les gens que je rencontrais.
- Les percepteurs ont essayé, disons. Ce fut un échec sanglant : je ne retenais que les histoires que je trouvais pittoresques ou marrantes chez mes propres ancêtres, alors chez les autres! Je crains que tu n'ais pas trouvé la plus cultivé des moitiés...
Draco hausse les épaules.
- Je ne suis pas certain qu'être capable de donner le pedigree de tous les membres du Magenmagot soit de la culture. Ou le moindre intérêt quand on ne les croise pas.
Draco regarde finalement ce que Neville a apporté. Il pointe une sorte de bouteille marron et transparente.
- Qu'est-ce que c'est ?
Draco est juste content d'être là, presque épaule contre épaule avec Neville, et il lui fit un sourire, avant d'ajouter :
- C'est la première fois que je vois un bonbon autre que sorcier.
Il regarde le bonbon d'un air perplexe et avoue.
- Je n'ai pas la moindre idée de ce que c'est que ce truc. Mais Hermione y aurait mis le holà si les plus petits avaient ramené des choses infectes.
Il le casse en deux et en donne un morceau à son amant tout en avalant l'autre… "Pas mauvais, mais pas transcendant" est le verdict du brun.
Draco regarde la moitié de bonbon, élastique et un peu molle, avant de l'avaler.
- C'est… Bizarre. Ça… Pique ? C'est sucré et acide.
C'est très clairement une première pour Draco, qui n'est pas habitué à ce genre de sucrerie.
Avec un regard en coin, Neville avoue.
- J'ai vraiment très envie de t'embrasser mais je ne le ferai pas en public sans ta permission.
Draco pique un fard monumental à l'aveu de Neville. Si on ne les connaissait pas, on pourrait croire que leur discussion porterait sur quelque chose de bien plus osé, à voir Draco.
- Je…
Il se mord les lèvres. Depuis qu'ils sont à Poudlard, personne ne les a vu s'embrasser. Se tenir la main, être physiquement proche l'un de l'autre, oui. Mais s'embrasser ? Jamais.
Draco a une sorte de pudeur qui le retient de faire ça en public. Mais en même temps, il sait que cela compte pour Neville et ce qui compte pour Neville, compte aussi pour lui.
- Est-ce qu'il y a une mauvaise réponse à cette question ? Murmure Draco. Je ne veux pas…
Pas te perdre.
- Je…
Je ne sais pas quoi répondre.
- Neville…
Je ne connais pas la bonne réponse dans ton monde.
Et Draco, évidemment, de paniquer pour une histoire de baiser…
- Draco, Draco, calme toi !
Neville lui saisit les mains.
- Il n'y a pas de bonne, de mauvaise réponse ; ce n'est pas une question piège ! Il n'y a pas mon monde, et le tien, juste ce que nous bâtissons ensemble, fait-il avant d'ajouter d'un ton plus bas. Ne me laisse jamais faire quoi que ce soit qui te mette mal à l'aise, d'accord ? En privé, en public, ne me laisse pas te faire ça.
Draco regarde leurs mains jointes, avant de répondre.
- Je… Je ne veux pas te décevoir. C'est pas nous que je ne veux pas montrer, juste… Merlin, je dois te sembler si ridicule de ne pas oser cela. Parce que Nev, murmure-t-il, dans le privé… Je suis prêt à tout tester avec toi. Pas parce que j'ai peur de te perdre si je ne le fais pas, mais parce que j'ai confiance en toi, que tu… N'abuseras pas de la situation si je change d'avis.
Et sans s'en rendre compte, sans même le savoir lui-même, Draco dévoile en creux ce qui le terrorise : il n'a pas encore confiance en les autres pour ne pas abuser de ce qu'il dévoilerait sur eux en embrassant Neville devant eux. Et cela joue bien plus que la pudeur qui lui a été chevillée au corps.
- Draco, je veux construire ma vie avec toi. Toi avec tes craintes et ton passé et tes particularités... Je serai heureux de me contenter de te tenir la main en public jusqu'à ce qu'on soit vieux et plein de rhumatismes si c'est la seule chose avec laquelle tu te sens en confiance en public à ce moment là. Parce que c'est toi. Nous n'avons pas la même inquiétude de la réaction d'autrui… et alors ? Je suis prêt à faire attention aux choses qui te préoccupent, t'inquiètent, et je sais que toi, tu feras attention aux choses qui me marquent mais qui ne t'auraient pas arrêté toi.
Il caresse lentement le dos de la main de Draco de son pouce.
- C'est un peu embrouillé, comme toujours avec moi, mais est ce que tu vois ce que je veux dire ?
Le sourire de Draco est timide, mais heureux. On peut deviner qu'il est heureux et que c'est en grande partie grâce à Neville.
- C'est très clair. Bien plus que tu ne l'imagines, Neville.
Draco serre très fort la main de Neville, essayant de lui transmettre tout ce qu'il ressent pour lui à cet instant.
Il a conscience qu'il y a des regards sur eux, mais c'est un geste qu'il a appris à faire en public, des centaines, des milliers de fois. Lentement, il porte sa main aux lèvres. Et contrairement aux usages, il effleure réellement la main de Neville, alors qu'il le regarde. Dans un salon de la haute société, ce serait un geste choquant. Ici, il sait que ce sera juste vu comme… Vieillot. Et cela lui va. Parce que Neville a aussi appris ces codes. Ce qui n'empêche pas ses pommettes de rosir.
Et Neville sourit, tendre, affectueux, totalement inintéressé par le reste de la salle à l'instant présent.
- Dis le moi, d'accord? Quand je fais ou dis quelque chose qui dépasse tes limites, et moi je promets de faire pareil en échange.
Il ne peut s'empêcher de rosir un brin aussi : de quelqu'un d'aussi réservé que Draco, en dehors de leur intimité, cela semble tellement révélateur… Draco ne relâche pas la main de Neville quand il lui répond.
- C'est promis. Et puis, je ne suis pas certain d'arriver à te cacher quoi que ce soit. Ou de le vouloir.
Draco lui sourit, sans se rendre compte que Théodore a donné un coup de coude à Daphné, lui pointant le couple avant de lui murmurer « Pansy et Millie ont tort. Il n'y a définitivement pas de manipulation là dedans ».
- J'ai envie de vivre cette paix avec toi et de construire avec toi, notre monde. Nos codes.
Sa voix est si basse, que Neville a besoin de se pencher pour entendre la fin.
- Je t'aime. Au-delà de ce que je m'imaginais capable avant d'être avec toi.
Ok, avouons le, Neville a une drôle d'émotion lui nouant la gorge, comme à chaque fois que Draco lui fait ce genre de promesse. Alors, il serre la main de son amant et avoue d'une voix rendue rauque par ce qui gonfle son coeur.
- Moi aussi. Je n'imagine pas ma vie sans toi... Plus jamais. Je ne sais pas comment j'ai fait sans t'avoir à mes côtés.
Quelque part dans le fond de la salle, Dean lève les yeux au ciel devant les deux amants dans leur bulle… mais commence une esquisse sur une nouvelle feuille de vélin. Pas encore sûr de leur offrir, mais bon.
La voix rauque de Neville trouble Draco. C'est la même voix que lors qu'ils font l'amour. C'est la même voix quand il est lui-même troublé. Cela se voit au fond de ses yeux que tout cela… Ce n'est pas rien, que Neville sait parfaitement pousser les bons boutons pour le chambouler. Et cela sans même le savoir.
- Parce que nous ne savions pas ce que c'était avant. Parce que… Quand on ne connaît pas un bonheur, on ne sait pas qu'il nous manque.
Draco caresse doucement la main de son amant, avant d'ajouter.
- Parce que sinon, nous aurions été malheureux pendant dix-sept ans et que le bonheur aurait un goût amer d'avoir attendu aussi longtemps.
S'il y avait moins de monde, Draco attirerait Neville contre lui dans un des câlins dont ils ont le secret.
Hermione un peu plus loin secoue la tête, se penchant vers Dennis pour lui demander.
- On est d'accord que l'AD ne l'intéresse pas à cet instant et qu'il n'a d'yeux que pour Neville ?
Habituellement, les nouveaux venus sont fascinés, regardent autour d'eux, posent des questions, bref, s'intéressent à l'AD. Sauf que pour Draco, l'AD semble mille fois moins passionnante que Neville. Hermione eut un petit sourire avant de continuer.
- On était aussi… Comme ça avec Ron ?
Le regard de Draco a quelque chose de vibrant... Oubliés, les journalistes qui ont été envoyés bouler par Harry et finissent chez Neville, oubliés, tous ceux qui l'ont regardé de haut pendant des années et maintenant recherchent sa compagnie, oubliée même la fierté d'Augusta : voilà pourquoi Neville a désormais confiance en lui, en temps de paix comme en temps de guerre !
Il sourit à Draco, soudain intimidé par l'ampleur de leurs promesses, un sourire tendre et intime qui parle de bien plus que les hormones, ou l'adrénaline, qui parle de cette force tranquille des couples qui durent des décennies, toute une vie ensemble.
Un peu plus loin, Dennis confirme presque un peu désespéré.
- Oui, tout aussi guimauve. Faut vraiment que je trouve quelqu'un !
Fin...
J'espère que cela vous aura plu. Je commence à réfléchir à une nouvelle histoire, un peu moins fluff cette fois-ci. J'ai d'autres idées pour nos deux amoureux dans l'univers de l'Aube, alors peut-être que j'y reviendrais un jour... N'hésitez pas à laisser un commentaire !