Disclaimer: L'univers appartient à JKR, l'histoire est une traduction de Water from a stone de Lomonaaeren.
Résumé: HPDM slash. A Hogwarts, Harry décide d'intervenir contre les mauvais traitements infligés aux Slytherins depuis la fin de la guerre. Il aurait pu choisir une tâche bien plus facile… telle que gravir le mont Everest.
Note: J'ai adoré la fanfic originale, d'où cette traduction ! L'histoire est terminée et comporte douze chapitres. Le titre anglais fait référence à une expression anglaise "Plus facile d'obtenir de l'eau d'une pierre" venant elle-même de l'expression "plus facile d'obtenir du sang d'une pierre" pour indiquer la difficulté d'obtenir quelque chose. L'expression équivalente française est un peu moins sympa, mais au moins vous comprendrez la signification.
Aussi j'ai décidé de conserver les noms et certaines appellations anglaises parce que je les apprécie et que j'y suis vraiment habituée. Et puis, c'est dans ces mots que réside la véritable JKR... Alors vous vous y ferez vite, j'en suis sûre !
J'espère que vous apprécierez, bonne lecture :)
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Plus facile à dire qu'à faire (Water from a Stone)
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Chapitre Un – Hogwarts est toujours à l'écoute
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Lorsque les rumeurs atteignirent Harry pour la première fois, il n'y fit pas trop attention. Oui, ce serait mieux si ces idiots de Gryffindor, Ravenclaw et Hufflepuff (considérant que toute personne pourvue d'intelligence ne s'abaisserait pas à ça) étaient capable de laisser les Slytherins tranquilles, mais d'un autre côté les Slytherins avaient choisi de revenir dans une école où ils se savaient discrédités. Ils auraient dû s'attendre à recevoir des insultes et de bruyants commentaires sur le fait qu'ils auraient été parfaitement heureux de vivre dans un monde dominé par Voldemort. Ils pouvaient soit supporter cela en silence, soit aller se plaindre aux professeurs. Ce n'était pas le problème d'Harry.
Et puis, tout changea.
Ce fut en un soir de septembre, alors qu'il revenait de son entrainement de Quidditch et s'était arrêté pour fixer la lune et méditer, que ça commença. Il avait beaucoup fait cela dernièrement, méditer. Non pas qu'il ne pensât à quoi que ce soit de particulier, il laissait juste errer ses pensées sur le pourquoi du comment il était toujours en vie pour admirer la lune et à quel point c'était merveilleux d'avoir une fois de plus survécu.
Un bruit sourd se produisit derrière lui.
Harry fit un bond. La baguette déjà à la main, il se retourna aussitôt. En dépit du fait que la guerre fût finie, et que toutes personnes sensées s'accordassent sur ce point, il restait toujours des gens à qui ça ne convenait pas. Tel que certains Mangemorts qui pourraient toujours trouver un moyen de se faufiler entre les nouvelles protections de l'école.
A présent, seul le silence l'entourait. Mais, soudainement, Harry perçut de l'agitation venant de derrière un des arbres élancés qui avaient été plantés à la mémoire des morts. Il s'élança en avant, contrôlant avec méfiance autour de lui pour être sûr de ne pas tomber dans une embuscade.
Le bruit sourd se répéta à nouveau alors qu'il s'approchait, et cette fois il aurait pu jurer qu'il s'agissait d'un grognement de douleur. Harry surgit de derrière les arbres. La baguette brandit, il s'attendait à trouver des Mangemorts ou peut-être quelques Slytherins en train de tourmenter un Gryffindor.
Au lieu de cela, c'était une Pansy Parkinson qui se battait pour sa vie contre Michael Corner et Terry Boot. Harry eut un moment d'hésitation. Parkinson était celle qui s'était écriée qu'il valait mieux le livrer à Voldemort. Et, depuis la rentrée, elle avait continué à le regarder avec mépris chaque fois qu'ils se croisaient dans les couloirs, comme pour lui dire qu'elle ne reviendrait pas sur ses convictions et que le monde serait meilleur sans Harry.
Mais, là, son visage était couvert d'ecchymoses et bien qu'elle venait juste de planter son coude dans l'abdomen de Michael, le faisant se courber et gémir, Harry était presque sûr que ce n'était pas elle qui avait commencé la bagarre.
D'autre part, si Harry éprouvait suffisamment de rancœur à son égard pour vouloir l'affronter en duel, c'était vraiment injuste de se battre à deux contre un.
Il dirigea sa baguette vers les pieds de Terry et s'écria : « Reducto ! »
C'était difficile de viser dans la pénombre, mais le sol se déchira sous les pieds de Terry, juste comme il l'avait voulu. Terry perdit brusquement l'équilibre et s'enfonça un peu dans le sol avant d'en tomber à la renverse. Pansy fut quant à elle propulser en arrière et Harry lança rapidement un charme d'amortissement pour qu'elle atterrisse en toute sécurité. Puis, il marcha d'un pas rapide vers Michael and Terry, essayant de paraître le plus menaçant possible. La boue tourbillonnait autour des deux garçons, comme essayant de les plaquer au sol.
Michael fut le premier à se remettre sur ses pieds puisqu'il n'avait pas eut la bouche remplie de terre. Il prit une grande bouffée d'air et cracha à Harry.
« Qu'est ce que tu fous ? »
« Je me débarrasse de quelques ordures, » répondit Harry. Il réalisa qu'il était en train de trembler et ne comprenait pas pourquoi. Etait-il tant que ça en colère ? Pourtant il savait que les Slytherins subissaient ce genre de harcèlement. « Qu'est ce que vous vous apprêtiez à lui faire, Corner ? Quelle petite torture était au programme ? Que diriez-vous d'un petit viol ? »
Michael tressaillit, juste comme Harry le voulait. « On ne ferait jamais ça, » dit il. « Les Mangemorts font ça, pas nous. » Sa voix se fit moins assurée, chargée de souvenirs, et il détourna le regard, se tordant les doigts.
Harry sentit une salve de remord l'envahir comme à chaque fois qu'il pensait à tous ces gens qui avaient souffert à Hogwarts l'année passée. Il faisait de son mieux pour ne pas y penser. Comme Hermione ne cessait de lui rappeler, il n'aurait pas pu se trouver ici pour les protéger et en même temps parti à la chasse aux Horcruxes.
« Donc, la tabasser est une activité acceptable ? » demanda-t-il. « Tu es en train de me dire que les Mangemorts ne battaient jamais personne ? Neville m'a montré les cicatrices qui lui sont restées de ses côtes cassées, tellement il se faisait frapper. »
Terry, se redressant péniblement, secoua la tête avec impatience. « Mais ils ne le faisaient jamais aux Slytherins, » dit-il. « Et, ça, ça compte. On essaye juste de rendre la pareille aux Slytherins pour tout ce qu'ils nous ont fait subir. »
Harry aurait vraiment voulu se taper la tête contre le jeune arbre à sa droite, mais ce n'était qu'un bébé et il ne méritait pas ça. « Moi qui pensait avoir le monopole des stupides excuses ici, » dit-il. « A quel point les Slytherins ont-ils réellement aidé les Mangemorts, hein ? Je sais qu'ils ont été favorisés plus d'une fois, mais ils étaient en fait autant des victimes que n'importe qui d'autre. »
« Des fois ils les ont aidés, » affirma Terry, croisant ses bras sur son torse. « A ton avis, pourquoi n'y avait il aucun Slytherins avec Neville dans la Salle sur Demande ? »
« Parce que Neville et les autres ne leur faisaient pas confiance, » dit Harry. « N'essaye pas de m'embrouiller, Terry. Je connais toutes les réponses à tes questions, et peut-être même mieux que toi tu ne les connais. Souviens-toi que j'ai traversé la même guerre contre Voldemort, et du même côté que toi. Et pourquoi la mention de son nom te fait toujours sursauter comme s'il allait surgir au coin de la rue ? » dit-t-il avec impatience. « Je pensais que ce n'était que les Slytherins et les lâches qui tremblaient comme ça, » ajouta-t-il sur un ton qui en disait long.
« Nous ne sommes pas lâches ! » s'exclama Michael, le visage devenu rouge.
« Tabasser une Slytherin, à deux contre un ? » demanda Harry. « Je crois que vous l'êtes. Et vous n'avez même pas suivi la correcte procédure d'affrontement en duel non plus, alors ça ne ressemble pas vraiment à un combat loyal. Est-ce que vous lui avez arraché sa baguette ? » Il était devenu doué à lire la culpabilité sur le visage des gens, et il lança un sort de convocation en levant les yeux au ciel. « Accio baguette de Parkinson. » Cette dernière s'échappa de la poche de Michael pour atterrir entre les mains d'Harry. Il la jeta en direction de Parkinson sans même se retourner pour voir si elle l'avait ramassée. « Lâches, » répéta Harry.
« Tu ne peux pas nous élever aux critères de Gryffindor, » protesta Terry, les bras toujours croisés comme s'il pensait que ça lui donnait plus d'autorité. « Nous ne sommes de pas la Maison de la bravoure. »
« Non, vous êtes de celle de l'intelligence. C'est pourquoi je m'attendais un peu plus à ce que vous réfléchissiez avant d'agir bêtement et de punir les Slytherins pour ce que les Mangemorts ont fait. » rétorqua Harry. « De plus, les Gryffindors sont ceux supposés battre les Slytherins. Nous sommes en rivalité depuis toujours. Alors si vous faites les choses que les Gryffindors font, attendez-vous à ce qu'on vous élève aux mêmes critères. »
Harry perçut un ricanement derrière lui. Il se retourna avec méfiance. Il n'avait pas pensé que Michael et Terry ait pu avoir des spectateurs dissimulés depuis le début. Mais ce n'était que Parkinson qui, malgré son état, était encore capable de railler.
« Oh, très bien, » dit Michael en tapant du pied. « Mais nous dirons à tout le monde que tu es maintenant un sympathisant des Slytherins, tu sais… » grogna-t-il avant qu'ils ne s'éloignent tous deux avec rage.
« Tu n'es pas si bon que ça à inventer des insultes ! » lui cria encore Harry dans son dos. Terry lui lança un regard furieux, mais Michael ne se retourna pas. Harry les regarda s'éloigner jusqu'à ce qu'ils aient disparu de sa vue, faisant tourner sa baguette entre ses doigts et sentant l'excitation battre dans ses veines. Puis, il se tourna pour faire face à Parkinson.
Elle se tenait debout, les bras croisés d'une façon bien plus intimidante que Terry avait tenté de l'être, et le visage débarrassé de toutes blessures. Elle avait probablement lancé un sort de guérison pendant qu'il était occupé à gronder Terry et Michael, pensa Harry.
« Si tu as fait ça pour gagner la gratitude des Slytherins, tu devrais te souvenir de toute la souffrance que tu nous as déjà infligé dans le passé, » dit-elle, remuant à peine ses lèvres.
Harry grimaça. « Oh oui, j'ai absolument besoin de la gratitude des Slytherins. Surtout depuis que vous avez une position si importante dans l'école maintenant. »
Il se rendit compte un peu trop tard que ça risquerait de l'énerver, mais au lieu de cela elle eut soudainement l'air préoccupée. Mais, une minute plus tard, elle avait revêtu son visage de pierre et se contenta de fixer Harry jusqu'à ce que ce dernier n'haussa les épaules et se détourna.
« Essaye de te rester loin d'eux, » lui cria-t-il par-dessus l'épaule. « Et, la prochaine fois, utilise un Patronus pour appeler à l'aide. »
« Je ne sais pas comment le faire, » dit Parkinson d'une voix froide et assurée.
« Alors trouve toi quelqu'un pour t'apprendre. »
Harry se précipita vers le château, essayant de ne pas penser à quel point peu de personnes dans l'école, en dehors de ceux qui avaient fait parti de l'Armée de Dumbledore, étaient capable d'en produire un. Même le nouveau professeur de Défense Contre les Forces du Mal, Professeur Meadows, n'était probablement pas capable de le faire. Il était davantage un sorcier chercheur qu'un combattant, et Harry en apprenait beaucoup sur la manière dont les sorts étaient construits mais beaucoup moins sur la manière de les lancer.
Mais ce n'était pas son problème, se dit-il. Il avait sauvé Parkinson une fois, mais il n'y avait aucun moyen que tous les autres Slytherins aient besoin d'être sauvés.
Et même s'ils l'étaient, que quelqu'un d'autre endosse le rôle du fichu héros pour une fois.
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Toutefois, d'autres incidents ne cessèrent de se produire, et il semblait que personne d'autre de soit enclin à être un héros.
Harry remarqua que quelques personnes le regardaient étrangement le lendemain matin au petit-déjeuner, mais il fit de son mieux pour les ignorer. Il savait que Terry et Michael avaient probablement tout raconté à leurs amis, mais ça ne le dérangeait pas. Ces amis pouvaient parler d'Harry autant qu'ils le voulaient. Il ne pensait pas vraiment que quelqu'un oserait lui tendre une embuscade ou essayerait de le rouer de coups, pas alors qu'il pouvait toujours ressentir une sorte de crainte mêlée d'admiration tout autour de lui.
Il ne comprenait pas les regards insistants qui venaient de la table des Slytherins, en revanche. De ce qu'il savait des Slytherins, Parkinson ne leur aurait probablement pas raconté son sauvetage parce que ça l'aurait fait paraître faible.
Mais ils étaient bien là. Insistants. Harry les ignora et se replongea dans ses œufs brouillés, écoutant Hermione d'une seule oreille.
« Ce n'est jamais trop tard pour commencer à étudier, Ron, » dit-elle. Elle étala un parchemin sur la table, dégageant miraculeusement un espace entre les toasts, la confiture, les œufs, les omelettes et une demi-douzaine d'autres mets que les elfes de maison estimaient raisonnable de servir pour le petit-déjeuner. « Ecoute. J'ai établi un programme précis pour tous les jours du trimestre, et même pour les jours de vacances… »
« Les vacances sont supposés être des jours de repos, » l'interrompit Ron, gémissant en dépit de sa bouche pleine de toast. Des miettes se répandirent sur la table. Harry sourit. Après toutes les complications de la nuit dernière, ça lui faisait du bien de se retrouver dans un monde qu'il comprenait et en compagnie de ses meilleurs amis, l'un parlant la bouche pleine et l'autre obsédée par les études. « Tu ne peux pas avoir un programme d'études pendant les vacances. C'est immoral. »
« C'est la série d'examens qui va déterminer tout le reste de notre vie, » dit Hermione. Elle avait développé une nouvelle astuce depuis la guerre qui consistait à baisser sa voix au lieu de l'élever lorsqu'elle voulait faire passer un message. Harry l'avait découverte en train d'étudier des livres de rhétorique pendant l'été et c'était probablement de là qu'elle avait tiré cette technique. Elle se pencha vers Ron, le visage illuminé. « Veux-tu réellement abandonner toutes tes chances de bien faire ? »
Ron attrapa sa main et déposa un baiser dessus. « Je suis au moins sûr d'une chose que je me ferais pour le reste de ma vie, » murmura-t-il. « Alors, je ne m'inquiète pas autant que tu l'aimerais. »
Hermione cligna des yeux et se mit à rougir brusquement en comprenant le sous-entendu. Harry dissimula son sourire en se penchant à nouveau sur ses œufs. Hermione avait récemment la mauvaise habitude de se tourner vers lui, de surprendre son sourire et de lui demander à voix haute qu'est ce qui était si amusant, comme si elle s'attendait à ce qu'il partage sa blague avec toute la table de Gryffindor.
Et, soudainement, Harry entendit un brusque fracas. Il tourna aussitôt la tête.
Malfoy était assis au bout de la table des Slytherins, fixant l'assiette brisée devant lui. Un Hufflepuff de septième année, dont Harry ignorait le nom mais savait préfet pour l'avoir plusieurs fois croisé dans les couloirs, avait apparemment jeté quelque chose dans le plat. Le visage et toute la tenue de Malfoy étaient couverts d'éclaboussures de nourriture.
« Ooh, pardon, » dit le Hufflepuff, les yeux écarquillés et innocents. « Je ne t'avais pas vu. » Il s'arrêta deux secondes et ajouta : « Mais, je n'ai pas à m'excuser, n'est-ce pas ? Parce que comment arrives-tu à distinguer la nourriture au milieu de toute cette crasse qui te recouvre déjà ? »
De nombreux rires jaillirent de la table des Hufflepuff, puis bientôt tous les autres se joignirent aux moqueries, excepté les Slytherins. Harry remarqua toutefois que certains, y compris Hermione, affichaient un air désapprobateur, mais aucun d'entre eux ne se leva pour dénoncer l'injustice.
Malfoy, le visage parfaitement inexpressif, leva une main et essuya son visage du revers de la manche, se débarrassant de la marmelade qui dégoulinait de ses joues. Puis, il se plia en avant pour nettoyer sa robe avec la serviette que venait de lui tendre Parkinson. Harry se demanda pourquoi il n'utilisait pas sa baguette, et puis réalisa que le préfet était toujours planté à côté de la table avec l'air d'attendre quelque chose de Malfoy. Et à la seconde même où Malfoy essayerait de sortir sa baguette, il y avait de forte chance pour que le Hufflepuff prenne ça pour un challenge et que la situation dégénère, pensa Harry.
Dudley avait tyrannisé Harry de la même façon. C'était évident, c'était méchant et c'était stupide.
Et personne n'avait jamais défendu Harry non plus, même lorsqu'un témoin avait clairement pu voir que ce qui était arrivé était la faute de Dudley et non pas celle d'Harry.
Harry était déjà sur ses pieds et en train de traverser la Grande Salle avant qu'il n'ait eût le temps d'y réfléchir. Il lui sembla pourtant bien avoir entendu Ron dire quelque chose du genre : « Malfoy l'a probablement cherché, mec. Pense à tout ce qu'il a déjà fait ! »
Malfoy et le Hufflepuff levèrent tous deux les yeux vers lui lorsqu'il s'approcha. Le préfet semblait légèrement intéressé. Malfoy lui lança quant à lui le même regard fixe que Parkinson la nuit dernière. Harry se dit qu'ils devaient probablement s'entraîner ensemble et se demanda quel Slytherin avait gagné le Concours du Regard le Plus Inexpressif.
« Ce que tu viens juste de faire, » commença Harry, en arrivant près du Hufflepuff qui était aussi grand que beau et qui lui rappela un peu Cédric. Et cela rendait la situation encore pire, pensa Harry, s'accrochant à sa colère plutôt qu'à la tentation d'aller retourner s'asseoir.
« Oui ? » dit le garçon, tout sourire, et manifestement convaincu qu'Harry allait le féliciter.
« C'est vraiment tout ce que tu sais faire ? » demanda Harry d'une voix moqueuse. « Et devant tous les professeurs, en plus ? » Il jeta un coup d'œil à leur table et réalisa alors qu'aucun des professeurs ne leur prêtaient attention. Le bruit d'explosion et les moqueries ne semblaient pas avoir été suffisamment bruyantes pour atteindre leurs oreilles. Ou peut-être avaient-ils choisi de les ignorer, eux aussi, parce qu'ils étaient si contents de voir les Slytherins se faire tourmenter à leur tour. Même Slughorn, l'actuel directeur de Slytherin, ne se souciait que des personnes qui avaient des relations.
Cette idée rendit Harry malade, et il prit une grande inspiration. Il essaya de se rappeler que les professeurs de son école primaire ne s'étaient pas non plus rendus compte qu'il se faisait harceler.
« Tu devrais avoir entendu le genre de chose qu'il m'a dit l'année dernière, » dit le Hufflepuff, devenant rouge. « Tu devrais avoir entendu ce qu'il a dit à ma sœur. »
« Et tu ne t'es jamais dit qu'agir comme ça était peut-être pour lui la seule manière de survivre lorsque des Mangemorts rôdaient dans le coin ? » Harry le regarda avec pitié. « Tu n'as jamais rien fait que tu regrettes l'année dernière ? »
Le Hufflepuff lui jeta un regard froid, ayant maintenant du mal à retrouver sa prestance. « Non. Pas comme ça. »
Harry secoua la tête. « Mais tu ne t'es pas non plus lever pour les défendre à chaque fois que quelqu'un se faisait battre, n'est-ce pas ? Tu détournais le regard et continuait à marcher. Tu étais juste rassuré que ça ne soit pas tombé sur toi. » Il savait tout de ce type de comportement, parce qu'il avait déjà vu d'autres enfants agirent de même lorsque c'était Dudley qui tapait sur Harry. Ca ne les rendait ni bon ni mauvais aux yeux d'Harry, mais c'était en tout cas la preuve qu'ils n'étaient pas purement bons.
Je pourrais me passer de tous ces flashbacks de mon enfance ce matin.
« Comme si toi tu avais défendu qui que ce soit, » ricana-t-il. « Tu n'étais même pas là. »
Quelqu'un se déplaça à la table des Slytherins, juste derrière Harry. Il fit comme si de rien n'était. Il était presque certain que personne n'irait lui jeter un sort par derrière, et c'était la seule chose qui aurait pu le préoccuper en cet instant.
« Non, mais je sais comment c'était, » répondit-il calmement. « Et c'est justement parce que je n'étais pas présent que je peux y penser de façon plus rationnelle. Alors oui, ça fait rager de voir que les Slytherins ont moins souffert des Mangemorts que tous les autres. Mais je sais qu'eux aussi ont souffert. Et si tu penses sincèrement que leur vie aurait été plus facile si Voldemort avait survécu alors… Oh, nom de Merlin, arrête de tiquer ! »
« Tu ne sais rien du tout, » murmura le Hufflepuff, une fois remis de son apparente tentative de s'enfoncer dans le sol juste au cas où le fantôme de Voldemort reviendrait pour le manger. « Et tu n'as jamais rien fait jusqu'à présent, à chaque fois qu'un de nous exécutait sa revanche sur ces saletés. Alors pourquoi intervenir maintenant ? »
Bonne question.
Harry se retourna et jeta un œil aux Slytherins pour la première fois depuis qu'il avait commencé à sermonner le Hufflepuff. Ils lui retournèrent son regard, arborant une expression de marbre, à l'exception de deux d'entre eux. Parkinson plissait les yeux comme si elle essayait de comprendre à quel jeu est-ce qu'il était en train de jouer.
Et Malfoy lançait à présent des regards furieux au Hufflepuff. Harry se demanda si il était maintenant encore plus fâché contre le Hufflepuff que contre lui.
Ridiculous. Je suis celui avec lequel il s'est battu toutes ces années. Harry reporta à nouveau son regard sur le Hufflepuff et haussa les épaules. « Parce que tu l'as fait si ouvertement, » dit-il. « Et parce que j'en avais envie. Dégage. »
Le visage du Hufflepuff devint rouge vif de frustration. « Non, » dit-il tout en croisant les bras sur sa poitrine. Pourquoi est-ce que tout le monde fait ça ? se demanda Harry. S'il pense que ça m'impressionne, il se trompe… « Tu ne peux pas juste te contenter d'arriver comme ça et décider que ça doit s'arrêter. Tu n'en avais rien à faire avant. Laisse-nous tranquille et laisse-nous avoir la revanche que nous voulons. »
« Vous n'êtes clairement pas le genre de personnes que la guerre a endurcis et qui auraient une raison de chercher la vengeance, » dit Harry avec mépris. « Sinon vous seriez plutôt en train d'essayer d'attraper les derniers Mangemorts en cavale. Vous n'êtes qu'une bande de gamins frappant sur d'autres gamins. »
Il perçut davantage de mouvement derrière lui, comme si une bagarre se préparait. Mais si les Slytherins le poignardaient dans le dos juste parce qu'il les avait traités de gamins, alors ils ne valaient pas la peine d'être défendus. Et puis, c'était tellement plus amusant de regarder le Hufflepuff ressembler de plus en plus à l'Oncle Vernon lorsqu'il se mettait en colère. « Est-ce que tu sais qui je suis ? » demanda-t-il furieusement.
« Oui, » répondit Harry. « Quelqu'un qui s'en prend à quelqu'un qui ne t'a rien fait. »
« Tu n'en sais rien de ça ! »
« Mais ça y ressemble, et tu ne m'as pas contredit. » Harry tourna les talons et commença à marcher vers la table des Gryffindors. « N'oublie pas de dire à tous ceux qui auraient la stupide idée de faire quelque chose du même genre qu'ils auront à faire à moi. Non pas parce que je suis soudainement un SYMPATHISANT des Slytherins, mais parce que ce que vous faites est mal, et que quelqu'un doit bien se dévouer pour vous arrêter. »
« Tu prends les Slytherins sous ta protection, alors ? » c'était une jeune fille qui s'était levée de la table de Ravenclaw qui avait parlé. Elle avait de grands yeux et de longs cheveux noirs rebelles. Harry se demanda si elle avait été de ceux à se sentir mal à chaque fois que les Slytherins s'étaient fait torturer et qu'elle était maintenant contente que quelqu'un assume enfin le devoir qu'elle n'avait pas osé prendre.
« Oui, » répondit Harry. « Pourquoi pas ? » Il sourit, songeant à quel point ça allait agacer Malfoy et comment Hermione approuverait avec sérieux pendant que Ron s'écrierait qu'il est devenu fou. « A partir de ce jour, tous les Slytherins de Hogwarts sont sous ma protection personnelle, et quiconque ose s'en prendre à eux aura à faire à moi. »
Les torches accrochées aux murs s'animèrent brusquement et des colonnes de feu blanc s'élancèrent dans les airs. Les flammes s'arquèrent au-dessus d'eux pour venir se rejoindre au milieu du plafond de la Grande Salle. Harry regardait le spectacle complètement bouche bée. Lorsque les piliers de feu entrèrent en collision, une pluie d'étincelle éclata au-dessus d'eux. Sans même réfléchir, Harry leva sa baguette pour jeter un bouclier de protection. Il s'agissait probablement d'une attaque contre les Slytherins, une fois de plus.
Le bout de sa baguette prit feu bien qu'Harry fût certain qu'aucune des étincelles immaculées ne l'avait encore approché. Toutefois, les étincelles crépitèrent soudainement vers lui. Harry essaya de réagir, mais ses doigts étaient comme pétrifiés sur sa baguette et il ressentait une curieuse énergie le parcourir comme s'il était fait de métal et qu'un éclair l'avait frappé.
Le feu le toucha.
Ça ne lui fit pas mal, mais les flammes s'enroulèrent autour de son cou et de ses bras comme des chaines. Elles lui léchèrent le corps, brûlant sa robe et son t-shirt jusqu'au niveau du cœur. A cet endroit, le feu s'appuya si fort contre sa poitrine que ce fût comme se faire heurter pas un soleil solide. Et puis, tout disparu.
Le silence inondait la grande salle. Harry baissa les yeux et remarqua à son grand dam qu'il avait encore une nouvelle cicatrice. Cette dernière, de la forme d'une épée, se situait juste à l'emplacement du cœur.
Juste pour une fois, j'aimerais bien pouvoir aborder une mystérieuse forme de magie qui ne me laisse pas de cicatrice.
Les professeurs s'étaient enfin levés de table. McGonagall avait sa baguette levée vers le plafond et scandait quelque chose. Harry haussa à nouveau les yeux, mais les flammes blanches des torches s'étaient déjà consumées et le sort de McGonagall ne semblait pas produire quoi que ce soit.
Evidemment, Hermione fut à ses côtés en un rien de temps, et lança avec prudence un sort de guérison sur son torse. Harry entendit une sorte de bourdonnement, puis ressentit une douleur piquante qui le fit haleter. Il repoussa la baguette d'Hermione et baissa ses yeux pour constater des dégâts. Toutes traces de brûlure avaient disparu, mais la cicatrice demeurait.
« Qu'est-ce que tu as fait ? » demanda Hermione comme s'il s'agissait de sa faute.
« J'en sais foutrement rien ! » lui répondit-il en chuchotant, ce qui lui valu un regard réprobateur d'Hermione pour son langage.
Ron, qui avait suivi Hermione, tendit le cou pour observer la cicatrice de plus près et dit : « Hum, Harry, ça ressemble pas mal à une marque de serment. »
« Une quoi ? » demanda Harry. Etait-ce le destin qui voulait le faire collectionner toutes ces cicatrices ? Et qu'allait-il faire lorsque tout son corps serait recouvert, où mettrait-il ces fichus cicatrices ? Peut-être qu'il commencerait à les disposer en couches, cicatrices sur cicatrices. Harry imagina son corps suturé tel un patchwork de morceaux de peau.
« Une cicatrice que tu reçois suite à un serment, pour symboliser le lien, » dit Ron, dont le teint devenait verdâtre. « En général, c'est une marque que tu acceptes volontairement et tu as besoin de témoins pour accomplir ce genre de rituel. Mais ta magie est tellement puissante et je crois que les torches ont fait naître des flammes provenant des bouts de chaque table… Je pense que tout le monde dans la Grande Salle a fait office de témoin. »
« Ma magie n'est pas aussi puissante, » commença à protester Harry. Il n'allait pas laisser Ron s'en sortir avec ce genre de discours. Non pas alors qu'il avait uniquement réussi à détruire Voldemort grâce à la baguette de sureau et s'être simplement offert aux Mangemorts pour qu'ils arrêtent de tuer tout le monde.
« Félicitations, Potter. »
Harry tourna la tête si rapidement qu'il s'en tordit presque le cou. Malfoy se tenait juste à côté de lui, arborant son habituel sourire mauvais. Il s'inclina dès lors où Harry posa les yeux sur lui.
« Tu as fait un serment que même les pouvoirs d'Hogwarts ont entendu, » dit-il, les yeux brillants. « La Grande Salle est le cœur du château, et tout le château a toujours été énormément concentré en magie. Et, maintenant, tu as prêté serment de nous protéger. »
« Mais… je n'avais pas l'intention de… » bégaya Harry, avant de s'enfouir la tête dans ses mains. Il pouvait entendre McGonagall interroger tout le monde au loin et Hermione qui claquait de la langue comme le faisait Mrs. Weasley et toutes les personnes à toutes les tables qui commençaient à s'agiter.
Malfoy lui tapota le coude. « Ne t'inquiètes pas, » dit-il d'une voix roucoulante. « Nous sommes tous plutôt impressionnés par ta bravoure et ton dévouement à faire en sorte que personne ne nous fasse du mal dans une école où presque tout le monde est déterminé à nous en faire. Et t'enchainer à un serment qui te feras partir en cendres si tu le brises, rien que ça ! » Il se pencha en avant, si proche de l'oreille d'Harry que personne d'autre n'aurait pu entendre, et ajouta : « Harry. »
Harry gémit tout haut.
Ce genre de chose n'arrivait toujours qu'à lui.
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