Dernier chapitre... Je suis ému ^^" on se retrouve en bas, après la lecture !

La main du Commissaire eut un tressaillement et il resserra sa prise sur le flingue. Cet homme, non ce jeune homme, encore un peu gamin, encore un peu paumé, ce jeune homme face à lui était un criminel. Un tueur. Un bourreau. Une victime, aussi.

Un gamin blessé qui a grandit trop vite. Un gars déséquilibré. Un abandonné. Un exclu.

Les yeux clairs du Tueur le dévisageaient avec peur et appréhension. Rien ne l'empêcherait de tirer. Rien. Mais... Ces yeux. Ces yeux le hantaient. Depuis tellement longtemps.

"On est pareils". Oui.

Le Commissaire faiblit et s'appuya contre le fauteuil le plus proche avant de se laisser tomber dessus, légèrement tremblant. Sans quitter le criminel des yeux ni cesser de le viser.

- Florent.

Le Tueur cligna des yeux et le regarda sans comprendre, totalement paumé ;

- Florent ? C'est qui ça Florent ?

- C'est mon prénom, connard.

Le jeune homme ouvrit la bouche, hébété, puis la referma sans rien dire. Il mit quelques secondes à comprendre ;

- P-Pourquoi tu me le dis ?

Il le regardait avec incompréhension, ce qui le faisait étrangement ressembler a un enfant perdu. Le Commissaire -Florent- inspira profondément en abaissant son arme et murmura, le regard fuyant ;

- Tu viens de me sauver la vie, même si ça me soule de devoir l'admettre. Et celle de Cora.

- Ouai mais... Enfin je m'y attendais pas...

Le Tueur hésita, ne sachant pas quelle attitude adopter. Il finit par se relever et se dandina légèrement, gêné par cette situation qui devenait beaucoup trop étrange pour lui ;

- Euh... Du coup... Je te détache.

- J'aimerais bien.

Le plus jeune hésita encore un instant :

- T'essayes pas de me faire un coup d'pute après, hein ? Je viens quand même de sauver la gamine, toussa toussa...

- Bordel, j'ai l'air en état de me battre contre toi ?!

- On sait jamais. T'es un peu comme un chien teigneux.

Il s'approcha néanmoins de Florent prudemment et lui enleva l'arme des mains avant de défaire ses liens. Une fois cela fait, il se recula et pointa l'arme à feu vers le Commissaire. Ce dernier se massa les poignets endolories avant de murmurer ;

- Comment m'as-tu retrouvé ?

- J'ai des amis doués.

- Comment t'es-tu évadé ?

- Disons que la chieuse qui te sers de lieutenant m'a pas mal aidé.

Le Commissaire eut un sourire amer, ses yeux se reposant sur le corps d'Eléonore. ;

- ...Elle avait pourtant l'air de te détester...

- Elle ne me détestait pas. En fait elle m'exécrait ; c'était assez amusant à voir... ça me fait un peu chier qu'elle soit morte. Elle était...Compétente.

Le brun releva la tête, sans comprendre ;

- Quoi ? Mais pourquoi t'a-t-elle aidé alors ?!

- Eh, couché Médor ! Déjà je lui ai rien fait à la pète-couille, et putain dieu sait qu'elle m'a fait chier.

Devant l'air perplexe et méfiant de Florent -Putain, il connaissait enfin son prénom!- il enchaina :

- Elle savait que je te trouverais, alors elle m'a aidé.

Florent resta un instant interdit puis acquiesça. Éléonore. Il n'arrivait pas à se rendre compte de sa mort. Elle avait toujours été tellement... Forte.

- David.

Le Commissaire redressa la tête vivement vers lui et le regarda étonné ;

- Tu...Tu t'appelles David ?

- O-Ouai.

Le jeune homme détourna le regard, légèrement rouge. Florent fut troublé par cette vision et regarda ailleurs également. Il tenta de se lever mais abandonna bien vite l'idée ; ces jambes étaient bien trop faibles pour le soutenir et il était hors de question qu'il demande de l'aide. Manque de chance pour lui, le criminel avait vu son mouvement du coin de l'œil et pouffa un peu ;

- On sait plus tenir sur ses jambes ? Tu sais que c'est du niveau d'un gamin de dix mois ?

- La ferme !

Jérémy eut un sourire indulgent et s'approcha du Commissaire ;

- Tu as besoin d'aide ?

- Non !

- Quel mauvais caractère, Florent.

Ils se stoppèrent tout deux lorsque le Tueur prononça le prénom et se regardèrent, surpris. Le prénom du Commissaire, prononcé par le Tueur, sonnait étrangement. C'était...doux. Le brun se reprit le premier et toussa, pour se redonner une contenance, avant de dire d'un ton hargneux ;

- Je vais m'en sortir seul.

- Comme tu veux, répondit le criminel sur le même ton.

David croisa les bras et regarda autour de lui. Terrée dans un coin, les yeux écarquillés et tremblante, la petite fille l'observait. Il croisa son regard bleu foncé. Le même que celui du Commissaire. Elle détourna le regard et son teint déjà blanc devint cireux. Le Tueur se demanda un instant si elle allait vomir. Il suivit finalement son regard et comprit.

Eléonore.

David plissa le nez à la vue du cadavre. Il en avait vu d'autres, évidemment, après tout il avait été un tueur en série plutôt prolifique, mais il devait bien avouer que la vue du corps de la rousse le dérangeait. Le crâne explosé, la cervelle grisâtre et le sang répandut au sol.

Elle ne méritait pas ça. Même si elle été con, casse-couille, bien trop loyale au commissaire et fermée d'esprit.

David retira sa veste et la lança sur le corps, cachant la vision du crane éclaté à la petite fille. Dans son dos, il entendit que le Commissaire avait réussit à se lever. Il vit du coin de l'oeil Cora courir vers lui en pleurant, visiblement traumatisée, et se jetter dans ses bras. Le brun manqua de tomber. David s'éloigna légérement et s'adossa au mur. Il attrapa le téléphone prépayé que Raphaël lui avait donné et tenta d'apeller son ami. Sans succés. Le père et la fille s'étreignaient en pleurant de joie, de soulagement et de stress relaché. Il retenta d'appeler. Sans succès. Une boule remonta dans sa gorge et il sentit ses yeux le piquer.

Raphaël été mort.

Il ne se rendit compte qu'il pleurait que lorsqu'il sentit la main du Commissaire essuyer sa joue. Il se rendit alors compte que le brun été devant lui. Sans rien dire, le criminel essuya son autre joue et renifla un peu puis il attrapa le bras du Commissaire et le plaça impérieusement sur ses épaules malgré les protestations du flic ;

- Y a deux étages à descendre, et tu arrives même pas à faire trois pas. J'suis pas venu te chercher pour que tu clamses d'une chute d'escalier.

Florent ne répondit pas et fit signe à Cora de passer derrière. Descendre l'escalier ne fut pas une mince affaire ; le Commissaire, affaiblit par sa détention, trébucha plusieurs fois, manquant de peu d'entrainer le Tueur dans sa chute.

Une fois arrivé sur le palier, les yeux du criminel se posèrent d'eux même sur la porte verte. Le flic suivit son regard et dit avec tact ;

- On fais une pause.

Un grognement lui répondit et il suivit des yeux le criminel. Ce dernier poussa la porte verte, avec une lenteur solennel presque risible et entra.

La chambre n'avait pas changé, si ce n'est qu'une épaisse couche de poussière recouvrait les meubles. Exactement comme dans ses souvenirs. Exactement comme dans la vidéo. Il frissonna. Le jeune homme s'approcha d'une étagère et il observa avec émotion ses bibelots d'enfants. Quelques cartes pokémon, une tour Eiffel miniature, un avion en papier avec marqué son prénom dessus, deux ou trois bricoles supplémentaires. Et une cassette du Roi Lion. Son tout premier film. Sa première cassette, à lui. Offerte par son père pour ses neuf ans.

Il la prit délicatement et souffla dessus. Et éternua en se prenant toute la poussière dans le visage. David grogna légèrement et renifla puis il fit un dernier regard circulaire et murmura un faible "Adieu" avant de sortir de sa chambre d'enfant. Le Commissaire ne fit aucun commentaire sur la cassette dans les mains du Tueur, tout comme Cora bien que son regard perdu en voyant l'image du Disney ne soit pas passer inaperçu.

C'est en silence qu'ils descendirent jusqu'au rez de chaussée et sortir de la maison. Le criminel lâcha le Commissaire qui s'effondra au sol. Il le regarda un instant avant de se tourner vers la petite ;

- Dans la voiture y a une bouteille d'eau et des chips, va les chercher pour ton père.

Il se détourna d'elle et regarda la maison. Tant de souvenirs. Il ferma les yeux et se remémora son enfance. Son frère, si grand et protecteur, arrogant mais aimant, son partenaire de jeux jusqu'a ce qu'il ne se considère comme trop grand pour jouer avec son petit frère. Protecteur mais de loin, toujours avec de bonnes notes et une culture musicale impressionnante... Si parfait comparé au petit frère associal et bagarreur qu'il était. David s'en voulait. Il était son frère. Il aurait dû le comprendre, voir sa détresse, le protéger de leur père...mais il n'avait rien vu. Il ne l'avait pas non plus soutenu lorsqu'il avait commencé à avoir ses pulsions... Mais il était son frère. Et même s'il l'avait déçu... Il était son frère, son premier compagnon de jeu, son complice de farce...

David fit plusieurs pas et appuya sa tête contre la balançoire. Ils étaient tous morts maintenant. Tout ceux de son ancienne vie. Marie et Benoit Duval. Florian Duval. Camille Conge. Raphaël Delaunay. Il ne restait plus que lui...

Le Tueur cinéphile.

Le Tueur à la caméra.

Le monstre.

David.

Il lui sembla entendre une voix enfantine, venir du fond du jardin et il releva les yeux ;

- David, tu viens jouer avec moi ?

Un sourire fugace et nostalgique passa sur son visage, tandis qu'il revoyait le frère de ses souvenirs d'enfance. Ses cheveux ondulés déjà longs, le ballon de foot dans ses mains, un pansement sur le genou gauche et un large sourire auquel une dent manquait.

- David, parles moi encore de ce film s'il te plait. J'ai adoré le livre, et t'entendre en parler est toujours si intéressant !

Raphaël, à l'époque où il se faisait encore nommer Juliette, prit place a côté de Florian. Les cheveux très long couleur miel, un bermuda noir et une chemise verte à carreaux, Raph' souriait joyeusement tout en serrant un livre corné dans ses mains.

Il ferma les yeux. Il n'avait pas été un monstre pour eux. Un frère. Un ami. Le Tueur soupira. Il ne restait plus que lui, à présent. Il ne pouvait vivre dans ses souvenirs. Quand il les rouvrit, les deux illusions avaient disparut.

Il voyait le brun se redresser, buvant l'intégralité de la bouteille d'eau tiède que la petite lui avait apporté.

- Faut y aller maintenant, David.

Le Commissaire tourna la tête vers lui, et le jeune homme souri. La détermination était à nouveau présente, brulante au fond de ses yeux foncés.

- Ok Florent, on se taille d'ici.

Il l'aida à aller jusqu'à la voiture, par précaution. Et aussi parce qu'il voulait l'aider. Il pensa un instant à l'embrasser mais se retint. Il aura tout le temps de le faire plus tard. Car c'est bien ça que cela veut dire. "Faut y aller maintenant, David". C'est un peu comme une promesse, c'est un peu comme une déclaration. C'est un peu comme une acceptation, aussi. Acceptation de tout. Acceptation de sa propre monstruosité, de celle de David, de leur relation, de ses baisers. D'eux.

Florent et Cora. Et lui, David. Le Commissaire, la Fillette et le Tueur.

Le Commissaire, tellement obsédé par le Tueur qu'il a fini par en devenir un.

La Fillette, ayant perdu son innocence en voyant sa famille se faire tuer devant elle.

Le Tueur, rendu instable par les attouchements et sévices subit dans son enfance.

Ils ne restaient plus qu'eux trois.

Eux trois contre le monde.

Wow, cette fiction est fini... 19 chapitres, plus de 45 500 mots et de nombreuses heures à travailler dessus. Je ne sais pas si je dois en sourire ou en pleurer. C'est ma première fiction longue que j'achève, je suis super ému en fait.

J'espère que ce dernier chapitre vous a plût, que vous avez autant aimer lire cette histoire que moi quand je l'ai écrite et merci de m'avoir lu jusqu'au bout.

Bon, bah à une prochaine fois alors ~ Portez vous bien.