Chapitre 10
La goutte de trop
Les minutes s'écoulaient lentement et le tic-tac incessant d'une horloge résonnait dans ma tête. Depuis que j'avais découvert ma nouvelle capacité, Masao n'était pas revenu une seule fois. Je savais qu'il fallait m'apporter mon repas à vingt-heures et qu'il n'était pas encore l'heure, mais le temps devenait long. Dans cette pièce sombre, je voyais des ombres de mouver dans le noir et j'avais l'impression de devenir folle.
-Pitié, qu'on vienne me chercher ... Soupirais-je doucement alors que la douleur dans ma tête se faisait plus forte, intervenant par pics.
Je me surpris à vouloir sentir Itachi près de moi, me sortant des griffes de cet endroit ténébreux. Jamais je n'aurais pensé dire ça un jour mais leur présence me manquait, même si ça ne faisait que quelques heures que j'étais séparée d'eux. Finalement, Itachi et sa froideur n'était pas si désagréable, Deidara racontait les meilleures blagues et Sasori me réconfortait à sa manière ... J'en venais presque à les regretter.
Je m'apprêtais à fermer les yeux, voulant calmer ma douleur quand quelqu'un irruption dans la chambre. J'étais terrifiée, je ne pouvais rien voir, rien faire à part sentir la présence oppressante et des frissons parcouraient mon corps. Le parquet grinça bruyamment et je me rendis compte de la personne s'approchait doucement de moi. Je pressai fortement les yeux, attendant un coup soudain ... Qui ne vint jamais.
-Hinata, c'est moi.
J'ouvris les yeux, surprise par la voix inattendue. Je pensais reconnaître Itachi ou Kisame, mais c'était Sasori. Toute la pression descendit et je me sentais trembler, j'étais tellement soulagée de le sentir ici, à mes côtés que les larmes brouillèrent instantanément ma vue. Le silence était pesant, on entendait seulement les gouttes salées tomber au sol. Puis, contre toute attente, des doigts longs et délicats vinrent se poser contre ma joue et la caresser tendrement. J'étais sous le choc, jamais il n'avait montré pareille affection et je ne savais pas quoi en penser.
-Tout va bien, tu es en sécurité maintenant. Finit-il par dire tout en continuant à toucher mon visage. Sa paume était froide comme la glace pourtant je parvenais à ressentir de la chaleur. Une douce chaleur qui montrait qu'il était en vie, rempli d'émotions et surtout là, avec moi. Après quelques instants, il défit mes liens et m'aida à me relever. Je ne le voyais toujours pas mais maintenant, je savais que j'étais sauvée. Je m'apprêtai à le remercier humblement quand une explosion brisa la fenêtre et tous les murs de la pièce! La puissance me cloua au sol et Sasori était déjà prêt à se battre, prenant trois kunais dans ses mains.
-Qui es-tu? J'entendis Sasori demander d'une voix pleine d'autorité et je compris immédiatement qui se trouve en face de lui.
-Mon identité ne t'intéressera surement pas. Mais tu tiens quelque chose qui m'appartient alors je compte le reprendre. Déclara Masao avec condescendance alors que sa bouche s'étira en un sourire.
Aux dires de Masao, je vus Sasori serrer les poings et me lancer un regard soucieux avant de reporter son attention sur lui. Personne ne bougeait et la tension était palpable. Les deux étaient tels des lions en cage, bouillonnant de force et prêts à se déchaîner. Mais l'impatience de Sasori finit par le gagner et il se rua sur Masao. Celui-ci esquiva rapidement et abattit son sabre dans un bruit sourd, surprenant Sasori. Mes yeux s'agrandirent quand je vus un filet de sang s'échapper de sa bouche, l'avait-il touché gravement?
-C'est tout ce que tu as? S'exclama Masao, en voyant le sang.
Le visage de Sasori resta impassible à cette remarque et il projeta des centaines d'aiguilles dans sa direction. Masao bloqua et para à une vitesse incroyable mais une d'elle réussit à l'atteindre, venant se planter dans son bras. Ses traits se tordirent et il revint à la charge, bondissant sur Sasori de toute sa force. Je vis leurs deux armes s'entrechoquer dans un claquement sourd et Masao avait du mal à repousser Sasori. Puis, les coups se mirent à pleuvoir et bientôt je ne voyais que des formes se mouver rapidement, comme dans une danse infernale. Quelquefois, j'apercevais l'ombre d'un coup et la respiration sifflante de Masao, il était à bout. Sasori, lui, semblait s'amuser et enchaînait les attaques, le frappant à toute volée. Dans une dernière percée,Masao tenta de transpercer le corps de Sasori mais tout ce qu'il reçut fut un coup de pied direct qui le balaya sans pitié.
Son corps s'écrasa lourdement quelques mètres plus loin et un terrible hurlement de douleur se fit entendre. Sasori affichait un sourire diabolique alors qu'il marchait à grand pas vers lui, il était comme un prédateur voulant achever sa proie. Pour être honnête, j'avais envie d'intervenir mais je ne pouvais plus rien pour lui ... De plus, Sasori m'en empêcherait surement. J'assistais, impuissante, à la mort de Masao.
Il se tenait là, allongé au sol, se tordant sous la douleur. Sasori semblait apprécier cette vue alors qu'il posait son pied sur sa tête, l'écrasant sans peine. Ce côté violent me déplaisait et je n'avais qu'une envie, qu'il l'achève au plus vite. Mais j'étais loin du compte et la torture ne faisait que commencer ... Sasori martela sa tête, son torse, ses cuisses et le sang giclait, éclaboussant la cape emblématique de l'Akatsuki. Il écrasait, broyait et pulvérisait complètement son corps. Malgré l'horreur, je ne parvenais pas à détourner le regard et restais là, à contempler la scène. Les cris de souffrance de Masao se transforment rapidement en gémissements et je voyais le sang couler à flots. Après de longues minutes de souffrance, Sasori finit par lui ôter son dernier souffle et ses paupières se fermèrent pour toujours
J'étais sous le choc, je ne reconnaissais pas Sasori. L'homme qui à peine dix minutes avant avait tendrement toucher mon visage et essuyer mes larmes se retrouvait maintenant à contempler sans pitié les restes d'un homme mort. Comment ai-je pu, ne serait-ce qu'un instant, être apaisée en sa présence? Je me dégoûtais.
Toute tremblante, je décidai finalement de m'approcher des et la vue me fit instantanément vomir De la chair. Il y avait de la chair partout et son corps était réduit en morceaux. Mais le pire restait son visage que j'avais bien du mal à regarder ... Il était totalement défiguré. Un haut-le-cœur me prit de nouveau et je ne pouvais m'empêcher de lancer un regard noir à Sasori. Toute cette violence, cette barbarie n'avait pas lieu d'être et je me sentais désemparée.
-Masao-nii! Cria soudainement une voix enfantine en se rapprochant de nous.
Non. Tout mais pas ça! Je tournai la tête rapidement et vit Miwa, la petite sœur de Masao, qui courait vers nous. Mon visage perdit toutes ses couleurs et sans perdre un instant, je courus vers elle pour l'empêcher de voir le corps meurtri de son frère. Inconsciente de tout, elle me fit un grand sourire et je la serrai dans une étreinte d'ours, couvrant ses yeux innocents. Elle ne semblait pas comprendre mon élan d'émotion et se débattait vivement, jusqu'à me faire lâcher. Je poussa un cri d'effroi quand elle se rua vers son frère, elle ne devait pas s'approcher ! Mes sens prirent le dessus et je l'ai poursuivi à une vitesse folle mais cela ne suffisait pas, j'étais faible.
Si mes pieds ne pouvaient pas l'arrêter alors alors ma voix le pourrait; Je me mis donc à crier son nom, sans cesser jusqu'à ce que ma voix ne sortit plus. Puis, je vis une chevelure noire entrer dans mon champ de vision et apparaître à côté de Miwa. Ce n'était autre qu'Itachi, accompagné de Kisame. J'étais soulagée, Itachi ne s'en prendrait surement pas à un enfant et j'espérai qu'il l'éloignerait d'ici mais c'est tout le contraire qui arriva.
-Nee-san! Sauve-moi!
J'étais effondrée sous le désespoir, tout semblait s'écrouler autour de moi à la vue de ce qui se passait devant. Itachi tirait Miwa par ses cheveux et tenait un kunai sur sa gorge pâle. La petite piaillait et se débattait sauvagement mais nos regards finirent par se croiser; Je voyais ce que je ne n'aurai jamais souhaité voir dans son regard: De l'incompréhension, de l'anxiété mais surtout de la terreur. Puis, tout se déroula en une seconde et le sifflement métallique fendit sa gorge. Je la vis hoqueter du sang avant de s'effondrer doucement au sol. Elle était morte.
C'était la goutte de trop. C'était comme si mon cœur se déchirait et je n'arrivais plus à respirer, j'étais hystérique. Les larmes ne coulaient même pas et je serrai les mâchoires fortement pour m'empêcher de crier. Mes émotions étaient totalement bouleversées. Je ressentais une rage indescriptible à l'intérieur de mon âme, une révolte insurmontable. Comment avait-il osé faire ça? Commettre une telle infamie? Tout ce qui m'était arrivé n'était rien en comparaison de ça, c'était la pire chose que j'aurai douté vivre de ma vie.
Je ne bougeais pas, je ne pouvais plus. Je voulais parler et hurler ma haine mais rien ne sortait, comme si j'étais muette. Muette, interdite devant tant d'inhumanité. Poussant le corps de l'enfant comme un sac vulgaire, Itachi se redressa et s'approcha de moi à pas de loup. Je n'avais pas la force de m'éloigner et le regarda simplement venir, n'attendant plus rien que la mort ou tout autre sort plus désirable que de vivre avec eux.
-Hinata, nous devons y aller. Relève-toi. Ordonna-t-il en me fixant avec son sharingan activé.
-Je n'irai pas. Répliquais-je en lui crachant au visage. Je me suis surpris moi-même à faire une telle chose mais j'ai pensé que c'en était fini d'être faible et de supporter toutes ces horreurs. Je devais fuir au plus vite. N'attendant pas une quelconque réponse, je me releva avec peine et sans leur jeter un dernier coup d'œil, je courus vers la forêt. Je devais m'éloigner d'eux et s'il fallait que je les combatte comme je combattrai Konoha, je le ferai.
-Cours Hinata, cours tant que tu le peux. S'écria Itachi d'une voix sarcastique alors que je m'éloignais toujours plus.
Ses paroles ne m'atteignirent pas et je me contentais d'oublier rapidement alors que j'arrivai à l'orée de la forêt. J'étais leur proie, ils étaient mes prédateurs mais il était temps d'inverser la tendance.
A nous deux, l'Akatsuki.