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Le silence des maux
Dominique Weasley — Galant Nott
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Seconde Partie
I.
Galant Nott avait toujours trouvé Dominique Weasley fascinante. Elle n'était pas seulement incroyablement belle; elle était étourdissante, pétillante de vie. Elle riait toujours plus fort que tout le monde et débordait d'un optimisme à tout épreuve — ou presque. Elle ne manquait jamais de dire ce qu'elle pensait haut et fort, et attirait les regards comme le miel les abeilles.
Elle était bruyante, exubérante, envahissante…
Jusqu'au jour où elle ne le fut plus.
Brusquement, elle s'était éteinte; on n'avait jamais plus entendu le son de sa voix et son rire envoûtant n'avait jamais plus raisonné dans le château. Les regards continuaient de la suivre partout où elle allait, bien sûr, mais ils étaient désormais chargés de pitié, plus que d'admiration. Malgré les efforts de ses cousins et cousines, elle s'était lentement renfermée sur elle-même et avait du silence dans lequel elle était irrémédiablement plongée, son seul véritable compagnon.
Impuissant, Galant l'avait regardée s'effacer peu à peu, jusqu'à devenir l'ombre de la jeune fille débordante de vie et d'énergie qu'elle avait été autrefois. Il avait laissé la fille pour laquelle il craquait secrètement depuis des années, sombrer dans une mélancolie qui ne lui ressemblait pas.
Bien sûr qu'il était coupable — tout comme l'était le reste des élèves de l'école. Il était coupable parce qu'il s'était tu. Parce qu'il l'avait abandonnée à son silence et laissée croire qu'elle n'était plus la même.
II.
« Est-ce que tu m'ignores ? » écrivit Galant sur un petit morceau de parchemin avant de pointer discrètement sa baguette sur ce dernier pour l'envoyer à Dominique, assise un peu plus loin, de l'autre côté de la salle de classe du professeur Blackwand.
Du coin de l'œil, il l'observa déplier son message et sourit lorsqu'il la vit rougir avec embarras. Ça voulait dire oui. Loin de s'en offusquer, il préféra s'en amuser et se délectât du fard qui colorait ses joues.
« J'ai eu beaucoup de choses à faire, » reçut-il presqu'aussitôt. Il reprit sa plume et commença à griffonner une réponse lorsque la cloche retentit. Leur professeur de Défense contre les Forces du mal s'interrompit aussitôt dans son passionnant récit autobiographique et rappela à ses élèves qu'il attendait leur devoir pour le vendredi suivant, avant de les laisser sortir.
Galant eut à peine le temps de rassembler ses affaires lorsqu'il vit Dominique quitter la salle avec Roxanne, l'une de ses nombreuses cousines. Il balança négligemment ce qui se trouvait encore sur son pupitre dans son sac de cours et quitta la classe à son tour, sans perdre de temps. Il rattrapa aussitôt les deux jeunes Gryffondor et posa une main sur l'épaule de Dominique qui sursauta légèrement, tout en adressant un sourire à sa cousine;
— Je te l'emprunte, d'accord ?
— Avec plaisir, répondit Roxanne en lui adressant un clin d'œil qui ne manqua pas de faire rougit Dominique.
La jeune sorcière s'éloigna sans demander son reste et Dominique se tourna vers Galant, les lèvres pincées. Lorsqu'elle croisa les bras sur sa poitrine en signe de protestation, il ne put s'empêcher de sourire.
— Tu m'évites, fit-il simplement sans jamais se départir de son sourire amusé.
Dominique haussa les épaules l'air de dire « Et alors ? », mais Galant refusa d'accepter ses explications silencieuses.
— Je me disais qu'on pourrait travailler ensemble sur le devoir pour Blackwand ? Et ne me dis pas que tu viens de le finir, ajouta-t-il en levant les yeux au ciel avec amusement. Je ne t'ai pas cru la dernière fois que tu m'as sorti cette excuse, je ne te croirai pas non plus cette fois.
La jeune fille sembla sur le point de protester, mais Galant se pencha légèrement en avant pour planter son regard dans le sien et elle poussa un long soupir d'exaspération.
— Très bien, grommela-t-elle d'une voix rauque et inégale.
— Parfait. Ce soir ? Après le dîner ?
— Tu n'as pas d'entraînement de Quidditch ou un truc comme ça ?
— L'avantage d'être le capitaine de son équipe, c'est qu'on est libre de choisir quand ont lieu les entraînements, Dominique, rétorqua-t-il avec un sourire en coin.
La jeune fille leva les yeux au ciel, mais demeura silencieuse. Galant secoua la tête, le fantôme d'un rire accroché aux lèvres;
— Ce soir, 19h30, lança-t-il, ses yeux chocolat pétillant malicieusement.
Et, sans lui laisser le temps de répondre quoi que ce soit, le jeune homme fit volte-face et s'éloigna avant qu'elle n'ait le temps de changer d'avis.
III.
Le froid s'infiltra dans les poumons de Galant lorsqu'il inspira une longue bouffée d'air frais et il grimaça douloureusement. Le contraste avec la douche qu'il venait de prendre après deux heures d'entraînement était violent et si ce n'était pas pour Dominique, qui l'attendait à la sortie des vestiaires, il y serait sûrement resté plus longtemps.
— Hé, fit-il en s'approchant de la jeune fille.
Malgré sa cape d'hiver doublée, son bonnet et son épaisse écharpe en laine, elle semblait frigorifiée, mais un sourire timide graciait ses lèvres. Galant la vie jouer nerveusement avec ses mains, les joues roses, et se planta devant elle en souriant, amusé par son comportement.
— Tu voulais me dire quelque chose ?
Dominique lui adressa un regard noir et il ne put s'empêcher d'éclater de rire.
— T'es un véritable goujat, marmonna-t-elle en baissant les yeux sur le bout de ses chaussures, enfouis dans la neige.
Il arqua un sourire amusé et se garda bien de lui faire remarquer qu'au contraire, il se trouvait particulièrement « galant », et attendit qu'elle trouve le courage de se débattre avec ses mots. Il ne voulait pas la presser, jamais — elle devait prendre confiance en elle, se rendre compte toute seule qu'elle n'était pas condamnée au silence et avait une voix. Et après tout, il avait tout le temps devant lui. Il aurait pu passer sa vie à attendre, dans l'espoir de retrouver la Dominique dont il était tombé amoureux, quelques années plus tôt, lorsqu'il l'avait vue plonger dans le lac en éclatant de rire, tête la première, en plein mois de janvier, parce que son cousin James avait laissé sous-entendre qu'elle n'avait pas le cran de le faire.
— On pensait… Avec mes cousins, on pensait prendre un chocolat chaud, lâcha-t-elle enfin, d'une voix dissonante, l'arrachant à ses souvenirs.
Le sourire du jeune homme s'étira et il se pencha légèrement vers elle pour dégager une longue mèche blonde de son visage et la rabattre derrière son oreille.
— Et donc ?
Il dût se mordre l'intérieur de la joue pour s'empêcher de rire lorsqu'elle fronça les sourcils avec agacement au-dessus de ses grands yeux bleus tout en rougissant avec exaspération et embarras. Il aimait cette Dominique-là, dont le tempérament multicolore semblait toujours sur le point de prendre d'assaut ses sentiments.
— Et donc, reprit-elle, tu voudrais te joindre à nous ?
Le sourire de Galant s'élargit davantage encore, jusqu'à venir creuser deux fossettes dans ses joues pâles, et il hocha lentement la tête.
— Oui. J'aimerais beaucoup.
IV.
Amusé, Galant avait passé la bonne partie de l'heure qui venait de s'écouler à observer Dominique du coin de l'œil. Visiblement nerveuse, agacée, et indécise, elle n'avait cessé de soupirer, de lui lancer des regards frustrés quand elle croyait qu'il ne la regardait pas et de griffonner des messages sur un bout de parchemin avant de les raturer furieusement sans jamais les lui envoyer.
Lorsqu'elle referma brutalement son manuel de Métamorphose avant de le rouvrir en rougissant lorsque plusieurs paires d'yeux se tournèrent vers elle, le jeune homme se décida enfin à mettre fin à ses souffrances et laissa retomber sa plume sur son parchemin. Avec une infinie douceur, il posa une main sur le poignet de la jeune fille pour la forcer à lever les yeux vers lui afin qu'elle puisse lire sur ses lèvres sans difficulté.
— Quelque chose ne va pas ? Demanda-t-il sans parvenir à dissimuler toute trace d'amusement dans sa voix.
Elle ouvrit la bouche pour répondre avant d'en décider autrement et de se saisir de sa plume qu'elle trempa plusieurs secondes dans l'encrier devant elle avant de se pencher sur un rouleau de parchemin encore immaculé. L'espace d'une seconde, il voulut la forcer à utiliser sa voix, plutôt que sa plume, mais lorsqu'il la vit se mordiller nerveusement la lèvre en cherchant ses mots, il renonça.
« Est-ce que l'on sort ensemble ? Toi et moi ? Roxanne pense que oui, mais on n'a jamais vraiment parlé de ça et je ne sais pas ce que je dois croire, » lut-il finalement par-dessus son épaule avant qu'elle n'ait le temps de découper son message pour le lui donner.
Galant croisa le regard de la jeune fille et demeura silencieux pendant plusieurs secondes, toute trace d'amusement finalement disparue de son regard chocolat.
— Je ne sais pas, répondit-il en haussant les épaules après un long moment, sans jamais la quitter des yeux. Qu'est-ce que tu en penses ?
Elle se saisit à nouveau de sa plume, mais cette fois, il retint son geste en enroulant délicatement ses doigts autour de son poignet.
— Non, qu'est-ce que tu veux, Dominique ? Réitéra-t-il lentement.
Il la vit hésiter, la panique noyant ses grands yeux bleus, et il entrelaça lentement leurs doigts pour la rassurer — quoi qu'elle réponde, il n'avait pas l'intention de s'enfuir en courant.
— Je… je t'aime beaucoup, avoua-t-elle de sa voix tremblante. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire ou si je suis prête à… si je suis prête pour tout ça, mais… mais je t'aime beaucoup.
Elle baissa les yeux sur leurs doigts entremêlés et Galant sourit, son cœur devenu furieusement bruyant dans sa poitrine soudain trop étroite. De sa main libre, il la força à relever la tête vers lui et planta son regard dans le sien.
— Eh bien il se trouve que moi aussi, je t'aime beaucoup, souffla-t-il simplement.
Il la vit rougir et son sourire s'élargit davantage encore.
— Bien, répéta-t-elle alors, un sourire conquérant à son tour ses lèvres tremblantes.
— Bien, conclut-il avant de se pencher lentement vers la jeune fille et de déposer brièvement ses lèvres à la commissure des siennes.
Le regard pétillant, il s'écarta de la jeune fille et laissa retomber ses mains sur la table devant lui.
— Maintenant que c'est établi, souffla-t-il avec amusement, est-ce que je peux finir mon devoir ?
Dominique rougit furieusement, lui lança un regard noir et balança son poing dans son épaule, les sourcils froncés avec un agacement qui ne parvenait pas à faire de l'ombre au sourire qui avait pris possession de ses lèvres.
— Galant tu parles, marmonna-t-elle. Tu es un véritable goujat.
Note : Bonsoir! Je suis très contente de publier cette brève seconde et dernière partie de ce Two-Shot. J'ai beaucoup aimé l'écrire, même si ça ne casse pas trois pattes à un canard, et j'espère qu'il vous aura plu !
À bientôt,
LittlePlume
RàR anonymes : à Snaps — Bonsoir ! Merci beaucoup d'avoir pris le temps de lire et de reviewer cette histoire ! Je suis très heureuseme que le début t'ait plu, d'autant plus que c'est inédit pour moi d'écrire sur ces personnages ! Enfin bref, merci beaucoup pour tes compliments et tes encouragements. J'espère que la fin ne t'aura pas déçue. À bientôt ;)